Enracinements polynésiens d'hier et d'aujourd'hui dans l'archipel de Nouvelle Calédonie( Télécharger le fichier original )par Tomasi TAUTU'U Université de Nouvelle Calédonie - Master 2 arts, lettres et civilisations option francophonie 2012 |
B. A MaréLa tradition orale de Maré y fait allusion à partir de laquelle Pierre GOPE, dramaturge Kanak, s'est inspiré pour écrire une de ses pièces de Théâtre. L'histoire raconte le contact de l'île de Maré avec des gens fuyant leur île dévastée par un volcan. Il me semble que ces gens sont venus des îles du Vanuatu actuel. L'île de Ambrym et celle de Tanna sont marquées par des volcans en activité.211(*) Ces îles ont été peuplées en partie par des Polynésiens. L'introduction de l'igname selon Pierre GOPE a été faite par ces migrants venus de l'Est de l'île. Mais l'île de Maré est connue pour avoir été évangélisée par des Polynésiens protestants. En 1840, le « Camden » commandé par le capitaine KENT introduit pour la première fois le Révérend T. HEATH, et des missionnaires protestants de la London Missionary Society (LMS) qui avaient la particularité d'être des « Polynésiens », au sud de la Grande Terre. Le 8 avril 1841, le même bateau passa aux Loyauté, dont l'intention de laisser à Maré deux catéchistes originaires des Samoa TATAIO et TANIELA, ils débarquèrent à Rô près de Nécé au nord et trouvèrent les indigènes défiants et avaient de la peine à prendre contact avec eux. Cependant à leur grande surprise, ils virent deux pirogues venant vers eux, à force de rames, sans la moindre appréhension. Ils en découvrirent bientôt la raison : les pirogues étaient dirigées par un originaire des îles Tonga TAUFA originaire des îles HERVEY, qui leur dit que lui-même et six autres de ses compatriotes vivaient à Maré depuis qu'ils y avaient été poussé par le vent, « il y avait longtemps212(*) ». Les missionnaires auxquels les dialectes étaient familiers, purent se faire comprendre de lui. Les originaires de Tonga les présentèrent « au chef » qui était en réalité le chef du district occidental de GUAMA : YEIW père de NAISSELINE ; Les missionnaires, tout heureux confièrent les deux catéchistes de Samoa au soin du chef.213(*) Pour SHINEBERG : « Ces moniteurs polynésiens furent autorisés à survivre, il est évident que, tout au mieux, ils étaient simplement tolérés et n'avaient aucune influence appréciable. »214(*) Ce que l'on peut dire, c'est que les catéchistes polynésiens ont pu s'intégrer au sein des populations kanakes, grâce à la présence de groupes polynésiens déjà en place : exemple Maré, Lifou, Ouvéa, île des Pins puis Balade et la côte Est puis le sud. Joël Dauphiné rajoute que les présents de ces catéchistes étaient appréciés par les autochtones215(*). * 211 - Pierre GOPE, Pouvoirs et politiques en Océanie in théâtre et politique, p 242, à propos de la pièce intitulée : « Wamirat ». * 212 Raymond H. LEENHARDT, Au vent de la Grande Terre- les îles Loyautés de 1840 à 1895, op.cit., p 20 ; Cet auteur précise la date de leur arrivée c'est-à-dire 1836.On peut ainsi faire un lien avec une version de l'histoire de l'arrivée des tongiens à Lifou p 75 Chapitre III. * 213D. SHINEBERG, Ils étaient venus chercher du santal, p 91. Cf. notamment le témoignage du Révérend A.W MUURRAY * 214 Ibid. p.92. * 215 Joël DAUPHINE, christianisation et politique en Nouvelle Calédonie au XIXème siècle, CDPNC, 1999, p7. |
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