D. L'Adoption
Le père Lambert fait allusion à l'adoption et
écrit en ces termes :
« Nous distinguons chez le
néo-calédonien deux sortes d'adoption : l'une réelle
et l'autre que nous pouvons appeler d'honneur et de politesse. Cette
dernière, qui est très usitée, quand un chef ou tout
autre adopte l'enfant d'un proche ou d'un ami, sans que l'enfant cesse
d'être avec ses parents et sous leur autorité. L'adoption que nous
appelons réelle est de fait très sérieuse. On peut adopter
un enfant qui a encore ses père et mère, un orphelin, un captif
pris à la guerre. L'enfant adopté passe alors dans la famille de
l'adoptant, où il prend tous les droits, en contractant tous les devoirs
d'un véritable fils. »
Ce que l'auteur appelle « adoption de
politesse », même si l'adopté n'est pas dans la famille
adoptante, les rituels autour de ce nouveau membre de la famille ne se feront
sans la présence de ses nouveaux parents symboliques. Souvent, de nos
jours, l'oncle maternel ne vit pas auprès de son neveu mais cela ne
l'empêche pas de jouer pleinement son rôle et d'accomplir ses
devoirs « coutumiers ».
Souvent un homme marié, n'ayant pas de descendant,
adopte un enfant mâle de sa soeur afin qu'il perpétue son clan. Un
rituel est organisé, puisque cet évènement s'accompagne
du don du nom donc d'un changement d'identité. Si l'adoption, en
général, reste dans le cercle familial, l'adopté peut
être issu d'un autre clan. Exceptionnellement, il peut être un
« étranger » sans lien de parenté apparent.
Pour que « l'adoption » soit complètement
scellée et consommée par les familles, l'évènement
est souvent rappeler de manière solennelle dans les réunions
claniques.
Pourtant aujourd'hui « l'adoption » est
sujette à des frictions surtout quand elle met en jeu du foncier, elle
est souvent utilisée comme prétexte à une remise en cause
d'une légitimité. Est-ce le fait des bouleversements auxquels les
sociétés insulaires ont subit dû à la
colonisation ?
Cependant l'altérité à l'intérieur
du clan n'a pas de sens, ou du moins, ne peut être compréhensible
sans aborder en profondeur ses relations extrinsèques que sont les
relations inter claniques donc matrimoniales. Dans cette dimension sociale le
clan maternel est la pierre angulaire de l'identité chez le
Kanak.
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