INTRODUCTION GENERALE
1
2
I- CONTEXTE GENERAL DU SUJET
L'évocation de l'intégration de la
sous-régionale Afrique centrale fait à chaque fois allusion aux
coûts du transport élevés, aux tracasseries
policières, aux lenteurs dans le dédouanement et aux longs
délais de livraison des marchandises1. On observe que de
nombreux secteurs souffrent d'un déficit de volontarisme
intégrateur : les politiques en matière d'agriculture,
d'industrie, de l'énergie et des ressources naturelles manquent de
cohésion régionale malgré l'adoption en 2010 du Programme
économique régionale (PER) 2 par les chefs d'Etat de
la CEMAC.
En effet, l'attachement aux limites territoriales de
certains leaders d'opinion, l'absence de volonté politique chez
d'autres, les velléités hégémoniques dans quelques
Etats, l'inobservation des us et coutumes en matière
diplomatique3, sont autant de contradictions qui font admettre avec
Chtourou que : « La pensée économique porte lourdement
l'impact du raisonnement dichotomique en termes d'oppositions»
4
Selon les statuts du traité signé le 16
mars 1994 à N'Djamena entre le Cameroun, le Tchad, la RCA, le Gabon, le
Congo et la Guinée Equatoriale créant la Communauté
économique et monétaire de l'Afrique centrale (CEMAC),
entré en vigueur le 25 juin 1999 à Malabo en Guinée
Equatoriale en son article1, la mission essentielle de la Communauté est
de promouvoir un développement harmonieux des Etats membres dans le
cadre de l'institution de deux Unions : une Union économique et une
Union monétaire. Dans chacun de ces deux
1Cameroon Tribune :
N° 10124/6325 du jeudi 28 juin 2012, p11 : « Corridor
Douala-Ndjamena-Bangui ; on veut améliorer le transit ».
NDOUYOU-MOULIOM (Auteur).
2 Le PER avait
été adopté par les six chefs d'Etat de l'Afrique Centrale
au cours du 10ème Sommet de la CEMAC tenu en janvier 2010 à
Bangui. L'ambition poursuivie par cet outil était de renforcer le
processus d'intégration et de faire de la CEMAC une zone
économique émergente à l'horizon 2025. Le PER repose sur
cinq piliers de croissance, à savoir : l'énergie,
l'agro-industrie, l'économie forestière, l'élevage et la
pêche, les mines et la métallurgie. Lire : « Le Financier
d'Afrique », N°281 du 21 août 2012, p 6.
CEMAC : « Programme économique
régionale 2009-2015 », Volume1, rapport d'étape, janvier
2009
3 Des citoyens de la zone
CEMAC ressortissants du Cameroun sont régulièrement
chassés du territoire des pays voisins tels la Guinée
Equatoriale, le Gabon au mépris de l'appartenance à une
même communauté économique. Tout récemment encore le
21 mars 2012 le Président de la commission de la CEMAC le Camerounais
NTSIMI Antoine a été déclaré persona non grata en
RCA pourtant siège de la CEMAC.
4 CHTOUROU N : «
Essai d'Analyse Economique de l'Etat dans la problématique du
Développement », Thèse de Doctorat, Université de
Nice-Sophia Antipolis, Décembre 1993.
3
domaines, les Etats membres entendent passer d'une
situation de coopération, qui existe déjà entre eux,
à une situation susceptible de parachever le processus
d'intégration économique et
monétaire5.
Au regard du niveau de réalisation de ces
missions et exception faite de l'intégration financière, il est
difficile de dire que cette organisation sous régionale,
émanation de la volonté créatrice des Etats membres se
rapproche de ses objectifs douze ans après sa
création.
Pourtant, dans le contexte de mondialisation qui
caractérise ce 21ème siècle courant, l'intégration
régionale des Pays en voie de développement (PVD), apparait
être « l'unique unité de survie »6. Dit
autrement, il n'est plus possible de penser le développement dans les
seules limites territoriales de l'Etat.
Dans le même ordre d'idées, et reprenant
la célèbre formule de Daniel Bell (1976), « l'Etat
était devenu trop grand pour les petits problèmes et trop petit
pour les grands », les gouvernements de la zone CEMAC affichent une
certaine incapacité à apporter les solutions aux besoins des
populations. Pour faire face à cette léthargie institutionnelle,
de nouveaux acteurs voient le jour dans la gestion des affaires publiques,
donnant lieu à un type nouveau de gouvernance.
La gouvernance-multi-niveaux puisqu'il s'agit d'elle,
a été mise en oeuvre dans un espace d'intégration comme
celui de l'Europe et semble en construction dans le cadre du Projet de
facilitation du transport et du transit en zone CEMAC (PFTT).
La gouvernance multi-niveaux dans le monde en
général, et dans la zone CEMAC en particulier, traduit les
mutations contemporaines des Etats. Elle serait liée à
l'idée selon laquelle, les Etats n'ont plus le monopole de la conduite
des affaires publiques et qu'il existe d'autres acteurs, d'autres instances qui
contribuent à la réalisation des activités à
l'échelle locale, régionale et mondiale.
Dans un article publié en 2009, Vincent
Dubois7 affirme qu'au gouvernement de la société
piloté par les Etats, va succéder une gouvernance à
laquelle participeront de manière variable, un ensemble d'acteur public
et privé situé tant au niveau local et supranational que
national.
5 Site web de la CEMAC
consulté en mars 2012.
6 Bertrand Badie et Marie
Claude Smouts, « Le retournement du monde », Paris, éd.
Presse de science Po-Dalloz, 1999.
7 Vincent Dubois «
L'action publique » 2009, p 1.
4
5
Eu égard à ce qui précède,
nous pouvons comprendre l'intervention de la Banque mondiale dans le
renforcement de l'intégration régionale, par l'octroi des dons et
des crédits en vue du développement économique des sous-
régions.
En guise d'illustration on peut
évoquer:
- le projet pilote dans trois pays d'Amérique
centrale et du Sud destiné à enrayer la dégradation des
forêts et des milieux nationaux, où l'objectif était
d'évaluer l'effet de mesures incitant les éleveurs à
adopter des pratiques agricoles respectueuses de l'environnement comme la
plantation d'arbres et de graminées à croissance
rapide.
- L'Europe du Sud -Est avec l'aide à huit pays
pour bâtir des infrastructures et améliorer les systèmes
d'informations et le régime des douanes, afin de réduire le
coût des échanges et du transport non lié aux droits de
douane et de diminuer la corruption aux postes frontière. L'objectif de
cette opération étant de favoriser l'intégration
économique de ces pays.
- L'Afrique australe où la Banque mondiale a
apporté son appui à la modernisation d'une centrale
hydroélectrique et à la construction des lignes de transport
d'électricité dans le cadre de la création d'un
marché régional de l'électricité dans la
sous-région.8
Si ces exemples d'initiatives régionales
démontrent suffisamment l'implication de la Banque mondiale en
matière de projet intégrateur, ceux-ci motivent davantage
l'Afrique centrale à s'y engager avec le Projet de facilitation du
transport et du transit en zone CEMAC.
Vue de manière globale, le PFTT s'inscrit dans
le cadre de la poursuite des Objectifs du millénaire pour le
développement (ODM), et de la mise en oeuvre des engagements pris
à la conférence d'Almaty au Kazakhstan en faveur des pays sans
littoral marin9.
8 Rapport de l'Independent
Evaluation Group, sur l'évaluation de l'appui de la Banque aux
programmes de
Développement Régionaux (2007)
9 Cheick Sidi Diarra
(Secrétaire général adjoint et Haut Représentant
UN-OHRLLS) et Anders B. Johnson (Secrétaire général Union
interparlementaire) in : « Mobilisation des parlements en faveur du
Programme d'action de Bruxelles pour les pays les moins Avancés
»
(...) La Déclaration et le Programme
d'action : partenariats conçus pour répondre aux besoins
spéciaux des pays en développement sans littoral, qui ont
été adoptés à la Conférence
ministérielle des Nations Unies de 2003 à Almaty, Kazakhstan,
traduisent le ferme engagement pris par la communauté internationale de
répondre aux besoins et problèmes spéciaux des pays en
développement sans littoral comme le préconisait la
Déclaration du Millénaire des Nations Unies.
Singulièrement, le PFTT vise à faire
aboutir le processus d'intégration de la zone CEMAC, en mettant en place
les facilités nécessaires à la création d'un
marché intracommunautaire et son ouverture au marché
extracommunautaire. Autrement dit, l'objectif du projet est entre autre
d'améliorer le niveau des services sur les corridors et de lever les
entraves à la circulation des biens, de réduire les coûts
générés du transport dans les pays de
l'hinterland.
Les six chefs d'Etats de la zone CEMAC ont alors
adopté ce programme, par décision10 au cours d'une
séance du 10 mars 2006 à Bata en Guinée Equatoriale.
Prévu pour être exécuté pendant une durée de
cinq (05) ans, le projet pilote qui a globalement démarré en
2008, s'articule respectivement dans chaque pays autour des activités
suivantes :
Au Cameroun :
- Aménagement et/ou Renforcement des routes des
corridors,
- Amélioration du chemin de fer
Douala-Ngaoundéré,
- Aménagements connexes,
- Actions et mesures de Facilitation du Transport et du
Transit,
- Appui Institutionnels et Gestion du
programme.
Parmi les structures directement impliquées
dans la réalisation des activités du projet, il y a le
Ministère des Travaux publics pour le volet infrastructure, tandis que
pour celui de la facilitation on retrouve le Ministère des transports
avec la participation du Port autonome de douala (PAD), la
société de transport par voie ferroviaire CAMRAIL, la Direction
générale des douanes (DGD), et le Guichet unique des
opérations du commerce extérieur (GUCE).
Dans la composante TCHAD :
Il s'agit de :
- L'entretien du tronçon Bongor- Eré long
de 83km ;
- L'entretien routier sur 180 km :
N'Djamena-Moundou-frontière Cameroun L'étude sur la connaissance
des délais et coût sur le corridor Douala - N'Djamena
;
- La mise en place d'une Société de
Manutention du Tchad (SMT).
En RCA :
- Le renforcement de 69 km de la route
Yaloké-Bossempbélé ;
10 Décision
N°12/06-UEAC-160-CM-14 Portant création d'un Comité de
Coordination et de Suivi de la mise en oeuvre du Programme régional de
facilitation des transports et du transit en zone CEMAC, signé à
Bata le 11 mars 2006 par le Président du Conseil des Ministres Marcelino
OWONO EDU. (
http://www.izf.net/pages/bulletins-officiels-cemac/2277/)
6
- Le renforcement de 90 km du tronçon
Bossemptélé-Baoro ;
- La réalisation d'un prototype de gare
routière à Bouar.
- La construction d'un hangar de déchargement
à Gamboula ;
- L'étude de mise en oeuvre d'un plan de
sécurité routière.
A la CEMAC :
- L'assistance technique à la commission pour le
suivi et la coordination
générale du programme et pour le suivi et
la mise en oeuvre du volet
facilitation ;
- L'assistance technique à la commission pour la
gestion et la mise en oeuvre de
l'union douanière ainsi que l'entrée en
vigueur du programme de commerce et
de transport de la CEMAC ;
- L'assistance technique aux douanes des trois pays
;
- Le renforcement des capacités et fonctionnement
de la coordination du
programme à la CEMAC, aux directions des routes
et transports des trois
pays ;
- L'audit financier et comptable du
programme.
II- INTERET DU SUJET
L'intérêt de la présente
étude est de montrer que le développement de l'Afrique en
général, et celui de la sous région CEMAC en particulier
n'est plus le fait des seuls Etats. Nous sommes en présence d'une remise
en cause de la conception selon laquelle, se sont seules les élites
gouvernementales qui élaborent et mettent en oeuvre les politiques,
programmes et projets facilitant le développement entre les Etats et les
peuples. A l'image des Etats, les regroupements régionaux comme la CEMAC
connaissent l'influence des organisations internationales qui contribuent
largement aux transformations et à l'approfondissement du processus
d'intégration. Dans ce cas, les Etats ne sont plus seuls à
maîtriser l'agenda de leur intégration, tout comme ils ne sont
plus les seuls à connaître l'influence des organisations
internationales en matière de mutation des pratiques sociopolitiques et
d'approfondissement de l'intégration. Comme ce fut le cas en
Amérique latine et ensuite en Afrique où le « Consensus de
Washington » promu par les institutions financières internationales
(IFI), a influencé les Etats dans les transformations politiques,
sociales et économiques, les regroupements régionaux connaissent
également l'influence des
normes et des pratiques proposées par les IFI
en vue de l'amélioration du développement
régional.
A cet effet, notre travail a le mérite de
montrer que les Etats ne sont plus les seuls à élaborer et
à mettre en oeuvre leur développement d'une part, et d'autre
part, qu'ils ne sont plus les seuls à connaître l'apport des
organisations internationales dans le domaine des transformations
sociopolitique et économique. Les regroupements régionaux
à l'instar de la CEMAC sont aussi dans cette double situation de
dépossession du monopole de l'agenda de l'intégration et
d'influence des institutions internationales.
Nous pensons que cette étude qui sanctionne
deux années de formation de master 2 en Relations internationales,
option, Coopération internationale, action humanitaire et
développement durable (CA2D), à l'Institut des relations
internationales du Cameroun (IRIC), en partenariat avec l'Université
Cà Foscari de Venise en Italie, pourra contribuer au plan social
à déconstruire une certaine perception erronée des
populations à l'égard des élites nationales comme seuls
vecteurs du changement. Au plan scientifique qu'elle permette d'offrir au
milieu universitaire une base d'information concernant l'implémentation
d'une politique publique dans un projet intégrateur insuffisamment connu
du grand nombre des citoyens.
Grâce à sa population estimée
à Vingt millions11 d'habitants sur les trente quatre que
compte la zone CEMAC, à son port maritime et son avancée
technologique12 par rapport à d'autres pays de la sous
région, le Cameroun peut être considéré comme la
locomotive du processus d'intégration en Afrique centrale. La signature
des Accords de partenariat économique (APE) intérimaire
intervenue en janvier 2009 entre, le Cameroun et l'Union-européenne et
leur entrée en vigueur nécessitent que son économie
s'arrime aux normes internationales et qu'elle devienne compétitive pour
résister à la concurrence au niveau du marché
européen. Les mutations institutionnelles, l'exigence d'une bonne
gouvernance
11 Les résultats du
dernier recensement de la population organisé en 2003 évaluent
à 20 millions d'habitants la population Camerounaise (source BUCREP
Cameroun).
12 Dans un encart
intitulé « Backbone Tchad-Cameroun l'intégration sous
régionale par les TIC » signé Danna'a Bit Younouss,
publié dans le quotidien Cameroun Tribune, N° 10124/6325 du jeudi
28 juin 2012, l'auteur fait savoir que les gouvernements Tchadien et
camerounais ont signé le 29 décembre 2011 à
Yaoundé, un mémorandum d'entente (...) qui a été
matérialisé par la signature le vendredi 30 décembre 2011,
d'un accord commercial et technique entre le Directeur Général de
Camtel coté Camerounais et celui de la Société des
infrastructures coté Tchad (...), au-delà de son objectif global,
à savoir l'intégration des réseaux de transmission des
deux pays voisins, le BTC devra entre autre sécuriser les communications
électroniques par la création des axes de restauration
mutuels.
8
impulsée par la Banque mondiale dans la mise en
oeuvre du PFTT sont des signes visibles que la zone CEMAC a une
opportunité et les moyens de relever son niveau de développement.
Il faudra néanmoins que les objectifs poursuivis soient atteints pour
mesurer l'efficacité du projet.
Il n'est pas exagéré de souligner qu'au
stade actuel de nos investigations, cette étude est la première
du genre qui porte sur l'analyse de la gouvernance multi-niveaux en Afrique
centrale, relativement au Projet de facilitation du transport et du transit en
zone CEMAC.
III- DELIMITATION DU CADRE DE L'ETUDE
La délimitation du cadre théorique de
l'étude va tenir compte du temps (III-1) de l'espace (III-2) et du sujet
(III-3)
III-1 : LIMITE TEMPORELLE
Cette étude envisage de couvrir les
années 2008 à 2012.Car cette intervalle de temps
représente la période pendant laquelle la mise en oeuvre du
projet a connu des réalisations significatives sur le
terrain.
III-2 : LIMITE DANS L'ESPACE
L'espace géographique de l'étude
concerne trois pays de la sous région à savoir le Cameroun, le
Tchad et la RCA. Nos exemples pourront s'appesantir sur d'autres pays non
concernés ou des regroupements régionaux d'autres continents en
dehors de l'Afrique centrale pour aider à étayer nos propos.
Cependant le Cameroun pourra davantage retenir notre attention en raison de
l'importance des données nécessaires à notre recherche
qu'on y trouve, de part sa position géographique (présence d'une
cote maritime) par rapport aux deux autres pays concernés par le
projet.
III-3 : LIMITES DANS LE SUJET
La présente étude n'a pas pour soucis
majeur de faire une analyse des politiques publiques de gouvernance jusqu'ici
appliquées dans les Etats de la sous région, bien que
s'inscrivant dans ce cadre d'analyse des stratégies publiques de gestion
des Etats. Il sera beaucoup plus question de s'intéresser à une
approche stratégique de gouvernance multi-niveaux avec comme socle le
PFTT en implémentation dans la zone CEMAC.
9
Elle ne fera donc pas des développements sur des
questions de :
- gouvernance locale ;
- gouvernance globale (mondialisation) ;
- gouvernance de la CEMAC (institution) ;
- des relations inter-états entre pays de la zone
CEMAC bien que ces aspects présentent
des liens avec l'objet de notre étude notamment la
problématique de l'intégration de
l'Afrique centrale.
IV- CLARIFICATION CONCEPTUELLE
Dans les présents travaux, les concepts
ci-dessous s'entendent de la manière suivante:
a) Gouvernance.
La gouvernance est une notion parfois
controversée car définie et entendue de manière diverse et
parfois contradictoire. Cependant, malgré la multiplicité des
usages du mot, il semble recouvrir des thèmes proches de « bien
gouverner ».
Selon Marie Claude Smouts, Dario Batistella, Pascal
Vennesson, le concept de gouvernance a été emprunté au
langage des gestionnaires des grandes firmes à qui ce terme servaient
à questionner les dirigeants sur la façon dont leur gestion
pouvait assurer un équilibre entre les intérêts des
actionnaires et ceux de l'ensemble des autres parties prenantes liées
à la firme. A la fin des années 1980 la notion de gouvernance a
été transposée au niveau macro-économique par la
Banque mondiale assortie d'un adjectif : « bonne » ; la bonne
gouvernance est devenue synonyme de bonne administration publique. Elle suppose
d'assurer la sécurité des citoyens et de garantir le respect de
la loi, notamment un système judicaire indépendant, de
gérer de façon correcte et équitable les dépenses
publiques en prohibant la corruption et en évitant l'inflation, de
mettre en place des règles publiques obligeants les dirigeants à
rendre comptent de leurs actions devant la population, d'assurer que
l'information soit libre et facilement accessible à tous les
citoyens13
L'idée de gouvernance (multi-niveaux) nourrit
une dénonciation du modèle de politique traditionnel de
gouvernement confiant aux seules autorités politiques la
responsabilité de la gestion des affaires publiques au profit d'une
approche pluraliste et
13 Marie-Claude Smouts, Dario
Batistella, Pascal Vennesson « Dictionnaire des relations internationales
», Paris Dalloz 2è édition, 2003, pp 250 à
251.
10
11
interactive du pouvoir. Ce fédéralisme
coopératif (Kooiman) influence l'évolution de la coproduction de
l'action publique, les partenariats public/privé et les relations
décentralisées, débouchant sur un pilotage «
multi-niveaux » des politiques publiques14.
B) Gouvernance multi-niveaux
La gouvernance multi-niveaux est un concept
développé par les auteurs des sciences politiques. Chez la
plupart de ceux qui, dans le secteur public ou privé, emploient ce mot,
il désigne avant tout un mouvement de « décentrement
» de la réflexion, de la prise de décision, et de
l'évaluation, avec une multiplication des lieux et acteurs
impliqués dans la décision ou la co-construction d'un projet.
Elle fait appel à la mise en place de nouveaux modes de pilotage ou de
régulation plus souples et éthiques, fondés sur un
partenariat ouvert et éclairé entre différents acteurs et
parties prenantes, tant aux échelles locales, régionales que
globales.
La gouvernance multi-niveau selon Patrick Legales
cité dans : « Dictionnaire de la science politique et des
institutions politiques », peut se définir comme un processus de
coordination d'acteurs publics et privés, de groupes sociaux,
d'institutions destiné à atteindre des buts propres
discutés et définis collectivement dans des environnements
fragmentés incertains, abolissant la distinction public/privé
dans la logique d'une relation horizontale et non plus hiérarchique ou
verticale entre les décideurs15.
C) Coopération
La coopération est une forme d'organisation
collective qui encadre parfois des relations diverses. Elle peut exister
:
- sous des formes spontanées, souvent
individuelles, en particulier avec les systèmes d'échanges locaux
(SEL)
- sous des formes organisées par des structures
(économie sociale), par des comportements (économie solidaire).
Dans un système basé sur la coopération, les
différents acteurs travaillent dans un esprit d'intérêt
général de tous les acteurs. Cela suppose un certain degré
de confiance et de compréhension. La coopération est antagoniste
à la concurrence.
D) Intégration
14 David Alcaud, Laurent
Bouvet, Jean-Gabriel Contamin, Xavier Crettiez, Stéphanie Morel et
Muriel Rouyer : « Dictionnaire de sciences politiques », Paris,
Dalloz 2éd, p165.
15 Guy Hermet, Bertrand
Badie, Pierre Birnbaum, Phillipe Braud : « Dictionnaire de la science
politique et des institutions politiques », Paris, Armand Collin,
6è édition, 2005, p 138.
Le mot intégration est utilisé aussi
bien dans le domaine économique que social. En science politique ce mot
selon le Pr. Ernst Haas, renvoie à un processus dans lequel les
élites transfèrent « leurs loyautés, attentes et
activités politiques vers un nouveau centre dont les institutions
possèdent et revendiquent des compétences supérieures
à celles des Etas nationaux préexistants
».16
e) Développement
Le terme développement est apparu
récemment dans l'univers économique, après un
détour par le darwinisme social (inspiré de la thèse
évolutionniste du biologiste Charles Darwin). Il a fallu attendre 1968
pour que les premiers dictionnaires d'économie de langue
française en fassent mention17. Le mot «
développement » signifie alors « niveau de vie
élevé et accès au bien-être pour tous
»18 et désigne l'accroissement quantitatif de la
richesse d'un pays, ce qui fait du produit intérieur brut son
étalon de mesure.
Dans l'entre-deux guerres, la notion de
développement prend pourtant un sens plus politique et social
qu'économique, alors que les peuples « développés
», plus précisément « civilisés », sont
investis, par le Pacte de la Société des Nations empreint de la
philosophie du président américain Wilson Woodrow, d'une mission
sacrée de civilisation à titre de « tuteurs » des pays
qui le sont moins. Avec la grande dépression des économies
occidentales en 1929, la notion de développement prend également
une connotation socio-économique, les pays « civilisés
» devant chercher à « remédier à l'extrême
indigence des populations indigènes ». Transports et distribution
défaillants, problèmes d'hygiène sérieux, ignorance
profonde des femmes en ce qui concerne les soins aux enfants, croyance en la
superstition, obscurantisme sont autant de tares qui minaient
déjà le développement des pays pauvres, comme le rapporte
un mémorandum de1938 de la SDN, Société des Nations
(Latouche, 1988, p. 45).
À la fin de la deuxième guerre mondiale
et plus précisément en juillet 1944, les Alliés vainqueurs
de l'Allemagne nazie en 1942 à l'issue de la bataille de Stalingrad,
vont conclure les accords de Bretton Woods qui scellent la création,
dans cette petite ville du New Jersey, du FMI (Fonds monétaire
international), et de la Banque mondiale (Banque internationale pour la
reconstruction et le développement, BIRD). Le 26 juin 1945, la signature
de la Charte des Nations unies à San Francisco par 52 pays
développés (pas un seul pays du Tiers monde!)
16 Ernst Haas cité par
Christian Lequesne : « La commission européenne entre autonomie et
dépendance », Revue Française de science politique,
Vol.46 nO 3, 1996, p 392.
17 Latouche, 1988, p. 49.
18 Latouche, 1988, p .54.
12
porte en elle la grande idée du
développement, les conditions de stabilité, de bien être,
l'amitié et la coopération entre les nations, le respect du
principe de l'égalité des droits des peuples et de leur droit
à disposer d'eux mêmes. Réaliser la coopération
internationale passe, on l'aura compris, par la création des agences
spécialisées des Nations Unies19 (PNUD, ONUDI, UNESCO,
UNICEF (ou FISE), FAO, OMS, OACI.)20
F) PFTT
L'abréviation PFTT signifie « Projet de
facilitation du transport et du Transit en zone CEMAC ».
G) Zone CEMAC
C'est un espace géographique qui regroupe six
pays d'Afrique centrale (Cameroun, Tchad, RCA, Quinée-Equatoriale,
Gabon, Congo) réunis au sein de la Communauté Economique
Monétaire de l'Afrique Centrale.
H) Banque mondiale
La Banque mondiale est une institution
financière internationale. Sa fonction majeure est l'appui financier aux
Etats et institutions qui la sollicitent. Elle comprend cinq organes qui
forment le groupe Banque mondiale. Il s'agit de la Banque Internationale pour
la Reconstruction et le Développement (BIRD) ; l'Association
Internationale de Développement (IDA) ; la Société
Financière Internationale (SFI); l'Agence Multilatérale de
Garantie des Investissements (AMGI); le Centre International pour le
Règlement des Différends relatifs aux Investissements
(CIRDI).21
19 Lavagnon. A Ika : Revue :
Perspectives Afrique. Vol.1 N° 2, 2005. « La gestion des
projets d'aide au développement, historique, bilan et perspectives
», p 133.
20 PNUD (Programmes des
nations unies pour le développement), ONUDI (Organisation des nations
unies pour le développement industriel), UNESCO (United nations
educational, scientific and cultural organisation), UNICEF ou FISE (United
nations international children's emergency fund ou Fonds des nations unies de
secours d'urgence à l'enfance), FAO (Food and agriculture organisation),
OMS (Organisation mondiale de la santé), OACI (Organisation de
l'aviation civile internationale)
21 http://web.worldbank.org/
consulté le 29 mai 2012
13
V- REVUE CRITIQUE DE LA LITTERATURE
Les ouvrages qui traitent de la gouvernance
multi-niveaux n'abondent pas dans les centres de documentations que nous avons
visités au cours de notre étude. La nouveauté du concept
peut justifier cette rareté.
Toute fois, concernant le projet sur lequel notre
recherche se penche, il existe environ deux rapports sur la gouvernance
rédigés par un expert recruté à cet effet qui
pourront nous servir d'éléments d'analyses.
Par ailleurs, grâce aux travaux de quelques
auteurs dans le domaine des sciences sociales, nous avons pu nous rendre compte
de ce que ceux-ci pensent de la gouvernance en général et de la
gouvernance multi-niveaux en particulier :
1. S'exprimant sur le sujet dans son article : «
Gouvernance, une mutation du pouvoir ? »,22 Philippes Moreau
Defarges pense que, la dynamique de la gouvernance est d'abord celle d'une
dévaluation du rôle de l'Etat face à l'accomplissement du
bonheur individuel. Le point marquant de la pensée de Moreau que
nous soulignons est celui qui fait constater que tous les discours sur le
développement recherchent d'abord un développement personnel,
même si on y parvient au détriment de l'Etat c'est-à-dire
en réduisant sa capacité à agir entant que puissance
publique.
2. Dans : « La politique internationale.
théories et enjeux contemporain »,23
De Senarclens Pierre et Ariffin Yohann montrent que,
la gouvernance occulte les conflits d'intérêt, les
contradictions et l'hégémonie ; elle occulte de plus le fait que
la politique soit d'abord une culture et une histoire. Elle met l'accent sur
les modes efficients de « gestions » de la
société. Ces auteurs se rangent du coté de ceux qui
estiment que la gouvernance est venue reformer l'Etat, mais ils ont la
faiblesse de voire dans la gouvernance un moyen parfait de gestion des affaires
de la cité. Cette approche s'éloigne un peu de la conception que
Marie-Claude Smouts a de la gouvernance.
3. Marie-Claude Smouts dans un article
intitulé : « Du bon usage de la gouvernance en relations
internationales »,24 affirme : « Le concept de
gouvernance est lié à ce
22 Philipe Moreau Defarges
: « Gouvernance, une mutation du pouvoir ? », Revue le
Débat, nO 155, mai-août 2001, pp165-172.
23 Pierre De Senarclens et
Yohann Ariffin : « La politique internationale. Théories et
enjeux contemporains » 5è édition, Armand Colin, 2006,
pp 184-188
14
que les grands organismes de financement en on
fait ; un outil idéologique pour une politique de l'Etat au minimum
». L'inquiétude de cet auteur sur l'usage de la gouvernance
est notre. Car comme le souligne l'auteur, d'autres analystes pensent que
l'usage de la gouvernance au sein des IFI est porteur d'une philosophie
idéologique très souvent dominante sur les Etats.
4. Tino Raphael Toupane (2009), dans un article
signé : « La gouvernance : évolution, approche
théorique et critique du concept », conclut en ces termes : «
il n'est pas étonnant de constater que le concept de gouvernance est
au centre de la réflexion théorique, sur les politiques
économiques des pays de l'OCDE, de la Banque mondiale, du Fonds
monétaire international (FMI) ou de la Banque Africaine de
développement (BAD), il est encore moins étonnant de relever que
le contenu théorique qu'elles déclinent à la gouvernance
traduit une vision du monde, leur vision du monde... », Cet analyste
s'accorde avec Marie-Claude Smouts sur les enjeux idéologiques de la
gouvernance.
5. Guy Hermet, Bertrand Badie, Pierre Birnbaum et
Philippe Braud, pensent de leur coté que, la gouvernance multi-niveaux
(multi-level governance) met l'accent sur le fait que les décisions dans
les organisations ne se prennent pas seulement sur une base de logiques
purement internes. Elles intègrent ce que les économistes
appellent les « coûts de transaction », c'est - à- dire
les règles et modes de comportement externes qui influencent les
rapports de l'organisation avec son environnement. En d'autres termes, avec
la gouvernance multi-niveaux on entend prendre en compte l'ensemble des
régulations formelles et informelles qui contraignent la liberté
de choix et le calcul rationnel du
décideur25.
On peut noter une idée forte de la
pensée des ces auteurs en ce qu'elle s'inscrit dans le
décentrement du centre de décision et en même temps
souligne l'influence externe que subit l'Etat.
6. David Alcaud, Laurent Bouvet, Jean-Gabriel
Contamin, Xavier Crettiez, Stéphanie Morel et Muriel Rouyer, soutiennent
pour leur part que, la gouvernance multi-niveaux se nourrit de plusieurs
facteurs : le discours démocratique consistant à rapprocher le
pouvoir du citoyen, processus que favorise la décentralisation ;
la
24 Marie-Claude Smouts
« Du bon usage de la gouvernance en relations internationales »,
Revue internationales des sciences sociales, n° 155, mars
1998.
25 Guy Hermet, Bertrand
Badie, Pierre Birnbaum et Philippe Braud : « Dictionnaire de la science
politique et des institutions politiques » 6è éd. Armand
Colin 2005, pp 139.
15
volonté d'associer étroitement les
acteurs territoriaux à la définition et la mise en oeuvre des
politiques publiques pertinentes.26
Nous pensons que ces auteurs ont le mérite de
reconnaitre à la gouvernance multi-niveaux la dimension du co-pilotage
des politiques publiques, mais ils ont la faiblesse de la concevoir plus sous
l'angle des rapports entre autorités décentralisées et
pouvoir central et de voire en elle un outil parfait de gestion
publique.
7. Concernant le processus de l'intégration de
la zone CEMAC, une étude de la Commission économique pour
l'Afrique menée par le Bureau sous régional pour l'Afrique
centrale en 2007, sous la supervision générale de son
président Mamadou Hachim Koumaré, conclut en recommandant aux
pays de la zone CEMAC de renforcer les infrastructures de transport et de
communication et en même temps de prévoir des mesures de
facilitation du commerce, y compris la sécurisation des routes et la
réduction du nombre de postes de contrôle sur les voies de
communication entre les différentes capitales. Le cadre de la
coopération devant être exploité pour la mobilisation des
ressources nécessaires aux investissements en
infrastructures.27
8. Analysant l'efficacité de l'aide au
développement Lavagnon A. IKA dans : « La gestion des projets
d'aide au développement : historique, bilan et perspective »,
démontre que le développement international fait l'objet de
recherche depuis une cinquantaine d'années. La plupart des auteurs
s'accordent sur l'échec global des projets d'aide au
développement, même si des résultats sont parfois
encourageants. Le taux d'échec très élevé de ces
projets force à la réflexion. Sans pour autant opposer à
l'optimisme exagéré du passé, un pessimisme de
circonstance, cet article propose de réconcilier l'avenir de la gestion
des projets de développement avec le présent, en gardant à
l'esprit les défis du 21ème siècle auxquels les peuples de
l'opulence et ceux de la pauvreté devront faire face ensemble. Il
appelle à une meilleure gestion des projets de développement
à l'intérieur d'un cadre conceptuel qui permet d'en
évaluer le succès.
26 David Alcaud, Laurent
Bouvet, Jean-Gabriel Contamin, Xavier Crettiez, Stéphanie Morel et
Muriel Rouyer, « Dictionnaire de science politique » Paris 2, SIREY,
2010, p 165.
27 Commission Economique
pour l'Afrique Centrale : « Convergence économique en Afrique
Centrale », octobre 2007, p 66.
16
9. René Dumont et Marie-France Mottin dans :
« L'Afrique étranglée », se penchant
sur la problématique du développement de
l'Afrique affirment sans ambages l'échec du modèle de la
civilisation occidentale et regrette que ce soit ce dernier qui soit à
nouveau proposer à l'Afrique , ils déclarent :« Nous avons
bâti une civilisation du gaspillage totalement aberrante sur
l'hypothèse-trop tardivement reconnue absurde - de ressources
illimitées d'énergie, à des prix que l'on prévoyait
sans cesse plus réduits. Ce drame devient absolument inacceptable
à partir du moment où ce même modèle de
développement, abusivement dénommé
`'civilisation», nous le propulsons dans les pays
dominés par nous... ». Dans la
même lancé, ces auteurs s'inscrivent en
faux vis-à-vis de l'universalité de la pensée occidentale
de développement : « S'efforcer de répandre ce
système est donc effroyable imposture ; et pourtant « nous » y
sommes largement parvenus. Nous avons persuadé la grande majorité
des dirigeants africains que notre progrès était le seul
désirable pour eux, le seul valable pour l'Afrique, sans jamais
demandé l'avis des principaux intéressés, les paysans ;
sans prendre soin d'étudier le milieu économique, historique,
sociologique, politique... » 28
Eu égard à ce qui précède
et concernant le cadre conceptuel de la notion de
gouvernance multi-niveaux, la faiblesse des ouvrages
consultés tient au fait que certains auteurs n'ont pas à
l'époque29 de leur analyse, pris en compte la dimension
multi-niveaux du concept de gouvernance dans la mise en oeuvre des
stratégies publiques de développement. Cependant certains ont le
mérite en abordant la question de la gestion de la chose publique de
mettre en exergue les avantages de la bonne gouvernance lorsque cette
dernière épouse un cadre de gouvernance dit
multi-niveaux.
VI- PROBLEMATIQUE ET/OU OBJECTIF DE LA RECHERCHE
Plusieurs réflexions menées sur le
processus de développement régional de l'Afrique centrale ont
fait le constat de l'échec des politiques publiques mises en oeuvre
jusqu'ici. Pour Béatrice HIBOU, l`histoire de l'UDEAC est celle de 30
ans d`échecs :
28 René Dumont,
Marie-France Mottin : « L'Afrique étranglée »
éd. Du Seuil, 1980 et 1982, pp32-35.
29 La plus part des articles
et ouvrages sur la gouvernance ne sont pas très récents et donc
ne ressortent pas les avancées du concept, (auteur)
17
- échec de l'harmonisation des investissements
et de la répartition des coproductions,
- échec de la mise en oeuvre d'un
véritable tarif extérieur commun et d`une politique commerciale
et fiscale commune,
- échec de l'accroissement des échanges
communautaires etc.30
De même, les institutions financières
internationales telles que la Banque mondiale pensent que « le retard de
développement » de l'Afrique est dû à la mauvaise
gouvernance31.
Dans cette perspective, la question principale que
nous voulons dégager est celle de savoir si, la gouvernance
multi-niveaux élaborée dans le cadre du Projet de facilitation du
transport et du transit en zone CEMAC favorise l'intégration et/ou le
développement de la sous-région ? En d'autres termes, les
interactions public-privé mettant en scène des acteurs au niveau
international, sous régional et national permettront-elles de faire
aboutir l'expansion économique des pays de la zone CEMAC ? Si non
qu'elles sont les mesures correctives envisageables?
VII- HYPOTHESE DE RECHERCHE
Notre hypothèse de recherche consiste à
démontrer que la gouvernance multi-niveaux en construction dans le cadre
du Projet de facilitation du transport et du transit en zone CEMAC contribue
positivement au processus d'intégration et/ ou de développement
de l'Afrique centrale.
Aucune oeuvre humaine n'étant parfaite, les
insuffisances qu'on pourrait relever au cours de l'étude aussi bien dans
l'émergence du projet que sa mise en oeuvre feront l'objet des
suggestions en dernière analyse de ce travail.
VIII- CADRE THEORIQUE DE L'ETUDE
En partant du paradigme selon lequel une
théorie est un ensemble d'idée générale sur un
sujet donné, il est important d'un point de vue
épistémologique de cette analyse d'opérer un distinguo
entre deux types d'approches en théorie. Il s'agit entre autre de
l'approche
30 Beatrice HIBOU,
thèse de doctorat : « Contradictions de l'intégration
régionale en Afrique centrale » 2010, pp 66
31 Rapport de la Banque
mondiale sur l'Afrique publié en 1989 encore appelé rapport Berg,
lequel prône la bonne gouvernance comme condition nécessaire pour
le développement de l'Afrique.
18
19
explicative ou causale, qui vise à
découvrir les causes extérieures, et l'approche
compréhensive ou interprétative, selon laquelle l'on ne peut pas
connaitre les vrais raisons qui poussent quelqu'un à agir, on ne peut
que les interpréter ou les comprendre.
Dans la présente étude le cadre
théorique de la gouvernance, mieux encore de la gouvernance
multi-niveaux va se faire sous une approche explicative mettant en exergue les
causes des actions des différents acteurs pour lesquels nous cherchons
une meilleur compréhension du jeu et des enjeux en
présence.
En effet, le terme gouvernance apparait dans le
lexique de la politique internationale vers la fin des années 1980.Cette
période correspond en Afrique centrale a une époque où les
Programmes d'ajustements structurels (PAS), sont expérimentés
notamment au Cameroun, au Gabon bref dans la majeur partie des pays dits sous
développés et endettés.
Le terme gouvernance a également
été utilisé dans le domaine de la sociologie par
Selznick32 . Il retient l'attention de la Banque mondiale toujours
dans les années 1980 qui va en faire une conditionnalité d'aide
aux Pays pauvres et très endettés (PPTE). La BM qui avait
déjà adjoint l'adjectif « bonne » à gouvernance
dans les années 1980, va à partir de 1995 sous la
présidence de James Wolfensohn33
élargir à nouveau son interprétation de la bonne
gouvernance pour inclure dans ses programmes de développement : la lutte
contre la corruption et une délégation accrue de
compétences aux ONG.
En 1992, James Rosenau et Ernst-Otto font paraitre un
ouvrage intitulé : « Governance without Governance » ;
celui-ci va constituer une première tentative de conceptualisation de la
gouvernance, voire de la gouvernance multi-niveaux dans lequel les auteurs
affirment que : « les gouvernements n'ont pas le monopole des
activités traversant les frontières, qu'il existe d'autres
institutions et acteurs contribuant au maintien de l'ordre international et
participant à la régulation économique et sociale
». Ils soulignent également que : « les
mécanismes de contrôle des affaires publiques impliquent au niveau
local, national, régional et international
32 Selznick : «
Law, Society and Industrial Justice » 1969, (le terme renvoyait aux
procédures légales confinées au domaine public, et pouvait
être étendu au secteur privé concernant le droit du travail
dans le but de protéger les employés)
33 James Wolfensohn,
né à Sydney (Australie) le 1er décembre 1933, fut le
9ème président de la Banque mondiale ; En 1996, il a lancé
avec la collaboration du Fonds monétaire international, le premier
programme visant à alléger la dette des pays les plus pauvres du
monde, l'initiative en faveur des pays pauvres très endettés
(PPTE), afin que ceux-ci puissent mieux répondre à leurs besoins.
Puis, en 1999, les résultats de cette première initiative ont
abouti à la décision officielle de doubler le montant de cet
allègement lors des assemblées annuelles du FMI et de la Banque
mondiale, et permis davantage de pays d'en
bénéficier.
un ensemble complexe de structures
bureaucratiques, de pouvoirs politiques plus ou moins
hiérarchisés (...) ».
Cette vision sera perceptible en Afrique dans les
années 1990, grâce aux enseignements tirés de
l'échec des Programmes d'ajustements structurels des années 1980,
conjuguées aux innovations dans le domaine des théories
économiques, institutionnelles, politiques et sociales qui ont
débouché sur une nouvelle perspective caractérisée
par une compréhension plus large et plus intégrée du
développement. L'avènement de la bonne gouvernance en Afrique
dans les années 1992, dont le cadre d'analyse a pris en compte
l'interdisciplinarité et la spécificité de chaque pays
dans la conduite des politiques publiques en matière de
développement a marquée une évolution.
Aujourd'hui, les pays de la zone CEMAC semblent
s'inscrire avec le PFTT dans la dynamique de la gouvernance multi-niveaux
à l'instar de l'Europe où le concept de « gouvernance
à multiples niveaux » (multi-level governance), permet la mise en
oeuvre des décisions communautaires à travers un jeu de
transaction complexe entre les autorités de Bruxelles, les Etats, les
différents niveaux de pouvoirs locaux et
régionaux34.
La gouvernance multi-niveaux possède quatre
propriétés : elle n'est pas un système de règle
ni une activité, mais un processus ; elle n'est pas formalisée
mais repose sur des interactions continues, elle n'est pas fondée sur la
domination mais sur l'accommodement ; elle implique à la fois des
acteurs publics et des acteurs privés35.
IX- METHODE ET TECHNIQUE DE COLLECTE DES DONNEES
La question de la méthode a toujours
suscité un débat dans le domaine des sciences sociales. Certains
auteurs distinguent la méthode, des
méthodes36.
Au sens philosophique, la méthode serait
constituée de l'ensemble des opérations intellectuelles par
lesquelles une discipline cherche à atteindre les vérités
qu'elle poursuit, les démontre, les
vérifie37.
34 Marie-Claude Smouts,
Dario Batistella, Pascal Vennesson : « Dictionnaire des relations
internationales », Paris, Dalloz, 2è édition, 2003,
p251.
35Marie-Claude Smouts,
Dario Batistella, Pascal Vennesson : « Dictionnaire des relations
internationales », Paris, Dalloz 2è éd, 2003,
p251.
36 Madeleine Grawitz : «
Méthodes des sciences sociales », Dalloz, 11ème
éd., p 351.
37 Madeleine Grawitz : «
Méthodes des sciences sociales », Paris, Dalloz,
11ème éd, 1999, p 351
Pour sa part, Schopenhauer pense que : « (...) la
tache n'est point de contempler ce que nul n'a encore contemplé, mais de
méditer comme personne n'a encore médité sur ce que tout
le monde a devant les yeux ».
Marcel Merle quant à lui estime que : « la
recherche passe (...) par des matériaux que le spécialiste doit
collecter et assembler avant de les exploiter ».38
Dans le cadre de cette étude, nous utiliserons
la méthode systémique qui consiste à la prise en compte
d'un large ensemble d'activités devant permettre in fine de
vérifier notre question de recherche. En guise de technique nous allons
nous appuyer sur l'approche quantitative et qualitative enfin d'analyser les
données collectées.
Afin de produire un livrable complet de la recherche,
nous examinerons dans une première partie les différents acteurs
et leurs rôles dans l'exécution du projet. Dans une
deuxième partie, nous aborderons les insuffisances ou limites de la
stratégie de la mise en oeuvre et enfin, une conclusion
générale mettra un terme à nos travaux.
20
38 Marcel Merle : «
Sociologie des relations internationales ». Paris, Dalloz 3è
éd, 1962, p 94
PREMIERE PARTIE :
PRESENTATION DES DIFFERENTS ACTEURS ET LEURS
ROLES
DANS L'ELABORATION ET LA MISE EN OEUVRE DU
PROJET
21
22
L'Afrique centrale compte parmi les regroupements
régionaux les plus touchés par la pauvreté dans le monde,
malgré l'existence des richesses naturelles qu'on reconnait à
tout son sol et son sous-sol. Cette situation a connue un accroissement au
lendemain des indépendances de la majorité d'Etats anciennement
sous colonisation occidentale. Depuis lors, les efforts fournis par les
gouvernements ne parviennent pas à diminuer considérablement le
fléau. La situation est aggravée par les maux tels que la
corruption, les guerres civiles, la male gouvernance et les ravages
causés par certaines pandémies telles que le VIII SIDA et le
paludisme.
Face à la misère ambiante des citoyens
originaires de la zone CEMAC par comparaison à ceux de
l'Union-européenne, et l'incapacité des Etats, de l'institution
sous régionale (Commission de la CEMAC), à apporter des
améliorations aux conditions de vie des couches sociales
défavorisées, la Banque mondiale dans sa mission de paix et
développement s'est engagée à fournir un appui
multisectoriel aux Etats à fin de réduire à défaut
d'éradiquer la misère des populations.
En effet, il ne fait pas trop de souligner au passage
que la Banque mondiale se compose de cinq institutions à savoir : la
Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD),
qui accorde des prêts aux pays à revenu intermédiaire et
aux Pays pauvres solvables (PPS) ; l'Association internationale de
développement (IDA) qui octroie des prêts ou des crédits
sans intérêt et des dons aux pays les plus pauvres de la
planète ; la Société financière internationale
(SFI) qui finance des prêts, des fonds propres et des services-conseils
pour stimuler l'investissement privé dans les pays en
développement ; l'Agence multilatérale de garantie des
investissements (AMGI) quant à elle offre aux investisseurs des
garanties contre les pertes associées aux risques non commerciaux dans
les pays en développement ; le Centre international pour le
règlement des différends relatifs aux investissements (CIRDI)
dont la vocation est d'offrir des mécanismes internationaux de
conciliation et d'arbitrage des différends liés aux
investissements 39.
Ainsi, la recherche des solutions pour le
développement économique d'une Afrique centrale fragilisée
à cause de sa pauvreté, elle-même causée par des
fléaux sociaux ci-dessus cités s'avère complexe. Il
devient alors déterminant que chaque acteur, chaque institution qui en
fait une préoccupation de lutte puisse mettre sur pied des
stratégies adéquates capables de produire des résultats
satisfaisants.
39 http://web.worldbank.org/
consulté le 29 mai 2012.
23
Sans doute, les différentes parties prenantes
dans le PFTT en général et la Banque mondiale en particulier,
regorgent des domaines de spécialisation très diversifiés
qui peuvent aider dans le cadre d'un décentrement du pouvoir de prise de
décision suscité par une gouvernance multi-niveaux, à
accélérer le processus d'intégration économique de
l'Afrique centrale.
Dans cette optique, il y a nécessité du
point de la cohérence ou de la compréhension de notre
étude, de mettre en exergue le rôle de la Banque mondiale dans
l'émergence du projet (chapitre 1), et d'examiner par la suite le
rôle des différents acteurs dans sa mise en oeuvre (chapitre
2).
24
CHAPITRE 1 : LA BANQUE MONDIALE ET SON EXPERTISE DANS L'EMERGENCE DU
PROJET
|
25
Dans le souci d'atteindre les objectifs
économiques poursuivis par le PFTT en zone CEMAC, des acteurs
multilatéraux, régionaux, nationaux ainsi que ceux du secteur
privé contribuent tous à la réalisation des
activités relevant de la mise en oeuvre du projet. C'est ainsi que la
Banque mondiale pour sa part s'illustre dans l'élaboration des
procédures applicables (section1), de même qu'elle apporte son
soutien dans le financement du projet (sections 2).
SECTION 1 : LA BANQUE MONDIALE ET LA REDACTION DES
PROCEDURES
Pour parvenir à la mise en oeuvre des actions
concrètes qui relèvent du projet, la Banque mondiale a
élaboré des procédures standards qui permettent d'encadrer
le processus de contractualisation. En d'autres termes, la Banque a mis sur
pied des outils qui concourent à la passation des marchés de
fourniture, de travaux ou au recrutement des consultants. Il s'agit
principalement du Dossier d'appel d'offres40 (I), et la Demande de
proposition(II).
I- LE DOSSIER D'APPEL D'OFFRES
Le Dossier d'appel d'offres (DAO), peut s'entendre
comme un manuel de procédure, un outil standard élaboré
par la Banque mondiale qui sert à la préparation de la commande
publique bénéficiant de son financement. Le DAO intervient
surtout dans la phase de passation des marchés. Il aboutit lorsqu'il est
validé par les instances compétentes à la signature d'un
contrat de prestation entre le Maitre d'ouvrage et le fournisseur.
Le DAO utilisé dans le cadre du PFTT
émane donc essentiellement des aspirations de la Banque mondiale et est
obligatoire dans la phase de préparation devant aboutir à la
passation des marchés de fournitures, et de travaux autre que ceux de
consultant. Il s'agit en d'autres termes d'un ensemble de dispositions
générales relatives à la procédure de formulation
des engagements à naitre entre l'acheteur et le fournisseur dans le
cadre de l'exécution d'un marché de fourniture ou de
travaux.
A l'observation il se dégage s'agissant du
projet objet de notre étude que, lorsqu'un Ingénieur de projet
(IP) ou un Point focal (Pf) à terminé la mise en forme du DAO
puisqu'il
40 Le DAO est national
lorsque le montant du Marché est inferieur à cinquante millions
de dollars, et international lorsqu'il est supérieur à ce montant
.Plan de Passation des Marchés (PPM) cellule BAD/BM MINTP :
26
travaille sur la base du model type du bailleur,
celui-ci est présenté au Maitre d'ouvrage notamment le Ministre
des travaux public dans le cas d'espèce qui le transmet à
l'examen de la Commission spéciale de passation des marchés
(CSPM).
De toute évidence, il se trouve que le DAO
constitue un moyen technique dans la procédure du bailleur de fonds
auquel les emprunteurs et sous traitants sont astreint à son usage.
Notons que le DAO intervient presque toujours à l'issue de la
publication d'un Avis d'appel d'offres qui peut être national restreint
ou international. Il importe donc de s'appesantir un temps soit peu sur son
contenu (A), afin de mesurer sa portée juridique entre les parties et
les tiers (B).
A : APERÇU DU DOSSIER D'APPEL D'OFFRES
Comme nous l'avons souligné ci-haut, le DAO
utilisé dans le Programme de facilitation du transport et du transit en
zone CEMAC est l'émanation des procédures de la Banque mondiale.
Celui-ci comporte trois parties essentielles a) Les procédures d'appel
d'offres, (b) les conditions d'approvisionnement des fournitures, (c) le
Marché.
(a) La procédure d'appel d'offres
Dans la partie relative à la procédure
d'appel d'offres on retrouve :
- les instructions aux soumissionnaires ;
- les données particulières de l'appel
d'offres ;
- les critères d'évaluation et de
qualification ;
- les formulaires de soumission ;
- les pays éligibles.
Parmi les éléments qui
précèdent, deux d'entre eux revêtent à nos yeux une
certaine
importance dans la gestation du contrat à naitre
entre le Maitre d'ouvrage et le fournisseur. Il
s'agit : (1) des instructions aux soumissionnaires, (2)
de l'évaluation et l'attribution du
marché que nous examinons en
détail.
1) Les Instructions aux Soumissionnaires
Les instructions aux soumissionnaires (IS) traitent
des cas de fraude et de corruption. Cela ne peut nous laisser
indifférent dans le contexte sous régional où il est de
notoriété publique que : « C'est la corruption qui, pour une
large part compromet nos efforts. C'est elle
27
qui pervertit la morale publique (...)41
». Il est donc nécessaire de souligner les précautions
prises par la Banque mondiale pour éviter que les fonds destinés
aux projets de développement ne soient pas détournés au
profit des individus pendant la mise en oeuvre du projet. C'est
évidemment l'exigence de la transparence, de l'ouverture, de la
publicité, de l'équité, de l'obligation de rendre compte
tout au long du processus contractuel entre l'emprunteur client, ses
fournisseurs et le public qui est le bénéficiaire.
En effet, La Banque exige que les Emprunteurs y
compris les bénéficiaires de ses prêts, ainsi que les
soumissionnaires, fournisseurs, entreprises, et consultants dans le cadre des
marchés financés par ses prêts, respectent les
règles d'éthique professionnelle les plus strictes durant la
passation et l'exécution des marchés.
En vertu du principe du respect des règles
professionnelles, les bailleurs de fonds en général et la Banque
mondiale en particulier, définissent les expressions ci-dessous de la
façon suivante :
- Corruption : Est coupable de corruption quiconque
offre, donne, sollicite ou accepte un quelconque avantage en vue d'influencer
l'action d'un agent public au cours de l'attribution ou de l'exécution
d'un marché.
- Manoeuvres frauduleuses : Se livre à des
manoeuvres frauduleuses quiconque déforme ou dénature des faits
afin d'influencer l'attribution ou l'exécution d'un marché
;
- pratiques collusoires : Les pratiques collusioires
désignent toute forme d'entente entre deux
ou plusieurs
soumissionnaires que l'emprunteur en ait connaissance ou non visant à
maintenir artificiellement les prix des offres à des niveaux ne
correspondant pas à ceux qui résulteraient du jeu de la
concurrence.
- pratiques coercitives : Par pratiques coercitives,
la Banque entend toute forme d'atteinte aux personnes ou à leurs biens
ou de menaces à leur encontre afin d'influencer leur action au cours de
l'attribution ou de l'exécution d'un
marché.42
41 Communication
spéciale du Président Camerounais Paul BIYA à l'occasion
du Conseil Ministériel du 12 septembre 2007, citée par la CONAC
dans son rapport sur l'état de la lutte contre la corruption au
Cameroun, 2011.
42 Banque mondiale : «
Directives de Passation des Marchés de fournitures, de travaux et de
service autres que les services de consultants », instructions aux
soumissionnaires, janvier 2011.
28
2) L'évaluation et l'attribution du marché
à un soumissionnaire
La Banque mondiale a prévu que
l'évaluation et l'attribution du marché à un
soumissionnaire se déroule en toute confidentialité : «
Aucune information relative à l'examen, à l'évaluation,
à la comparaison des offres, et à la vérification de la
qualification des soumissionnaires, et à la recommandation d'attribution
du marché ne sera donnée aux soumissionnaires ni à toute
autre personne non concernée par ladite procédure tant que
l'attribution du marché n'aura pas été rendue publique.
Toute tentative faite par un soumissionnaire pour influencer l'acheteur lors de
l'examen, de l'évaluation, de la comparaison des offres et de la
vérification de la qualification des candidats ou lors de la
décision d'attribution peut entraîner le rejet de son offre.
(...). Si un soumissionnaire souhaite entrer en contact avec l'acheteur pour
des motifs ayant trait à son offre, il devra le faire par écrit.
»43. De même si la commission d'analyse voudrait que le
soumissionnaire lui fournisse des informations supplémentaires devant
lui permettre de mieux analyser son offre, celle-ci peut le saisir en lui
adressant une demande d'éclaircissement.
En effet, il est utile de souligner que
conformément aux stipulations des IS44, la Sous-commission
(SCA) d'analyse se penche sur :
1 - L'examen préliminaire des offres,
qui a pour objectif :
ü de vérifier la présence et
l'authenticité des pièces exigibles,
ü de contrôler le pays de provenance de
l'offre,
ü de vérifier la validité de la
garantie,
ü d'évaluer la conformité pour
l'essentiel.
2 - L'examen détaillé des offres,
qui consiste pour la SCA à s'assurer que :
(i) l'Offre technique, contient :
ü l'autorisation du fabriquant de
l'article,
ü Les références ou
l'expérience professionnelle du soumissionnaire dans la fourniture des
articles similaires à ceux du marché,
ü L'engagement à effectuer un service
après vente,
ü Les spécifications techniques, les
services connexes,
ü vérifier les omissions, corriger les
erreurs pouvant avantager ou désavantager un
soumissionnaire.
43 Banque mondiale : «
Directives de Passation des Marchés de fournitures, de travaux et de
service autres que les services de consultants », instructions aux
soumissionnaires, janvier 2011
44 IS 33 sur l'examen des
offres et IS 40.1 sur l'attribution du marché.
(ii)
29
l'offre administrative ; vérifier qu'elle comporte
:
y' Une attestation de non exclusion des marchés
délivrée par l'autorité
compétente et datant de moins de trois
mois,
y' Une attestation de non faillite
délivrée par le Tribunal de Première Instance
datant de moins de trois mois.
y' Une copie de la quittance d'achat du DAO,
y' Un registre de commerce,
y' Une patente en cours de validité,
y' Un plan de localisation,
y' Une carte de contribuable,
y' Une attestation d'employeur délivrée
par l'autorité compétente.
Il est constant dans les directives que, l'absence
d'une pièce administrative n'entraine
pas le rejet de l'offre du soumissionnaire, mais
celui-ci doit la présenter ultérieurement à la
signature du contrat si le marché lui est
attribué.
(iii) l'offre financière doit fournir
:
y' Une garantie de l'offre45 valable selon les
délais prescrits par le DAO,
y' Le bordereau de prix (il existe en trois
modèles : un qui concerne la
marchandise achetée dans le pays de l'acheteur, le
second pour la marchandise
à importer, le dernier pour la marchandise
déjà importée).
y' Une lettre de soumission,
y' Un rapport financier (il doit ressortir le chiffre
d'affaire) visé par un expert
comptable lorsque la capacité financière
est retenue comme l'un des sous
critères de sélection.
(b) Les conditions d'approvisionnement des
fournitures
Quant aux conditions d'approvisionnement des
fournitures les articulations du DAO y
relatives prévoient:
- les bordereaux de quantités,
- le calendrier de livraison,
- les spécifications techniques,
- le(s) plan(s),
45 Nous avons noté que
la garantie de l'offre est une caution financière délivrée
par une banque et d'une valeur de 0,02 % du montant total du
marché.
30
- l'Inspection et Essais.
(c) Les aspects liés à la gestion du
marché
Les aspects relatifs à la gestion du
Marché ou contrat préconisés dans le DAO se fondent sur
:
- le Cahier des clauses administratives
générales (CCAG) ;
- le Cahier des clauses administratives
particulières (CCAP) ; - les formulaires du Marché.
Le CCAG a pour rôle de donner une
définition d'un certain nombre de notions (fraude, corruption etc.), de
préciser les normes régissant le marché (droit applicable,
assurance, droit d'auteur, transport, force majeur...), tandis que le CCAP
précise le CCAG et ses dispositions prévalent lorsqu'il y a des
contradictions.
En général, les Cahiers de clauses
administratives générales et de Clauses administratives
particulières déroulent un certain nombre de mesures applicables
dans la réalisation du marché qui confèrent une valeur
juridique au DAO dont on peut examiner la portée et les
effets.
B : LA PORTEE JURIDIQUE DU DOSSIER D'APPEL D'OFFRES
La valeur juridique d'un Dossier d'appel d'offres est
consacrée dès la signature de l'accord de marché (a) et se
manifeste par les effets qu'il produit conformément aux lois du Pays
dont la législation est applicable dans l'exécution de la
prestation (b).
(a) L'accord de marché ou contrat
Le CCAG définit le marché comme l'accord
signé par l'acheteur et le fournisseur, ainsi que les documents
contractuels visés dans ledit formulaire, y compris toutes les
pièces jointes, annexes et tous les documents qui y ont
été inclus par voie de référence. L'accord de
marché précise la date, le jour, l'année de signature, le
nom légal complet de l'acheteur, son adresse d'une part, et d'autre par
le nom légal complet du fournisseur, son adresse ainsi que ce qu'il est
convenu entre les parties. Les documents faisant partie intégrante du
marché sont constitués de l'accord de marché ; la
notification d'attribution du marché adressée au
31
fournisseur par l'acheteur ; l'offre et les bordereaux
des prix présentés par le fournisseur ; le Cahier des clauses
administratives particulières ; le Cahier des clauses administratives
générales ; le bordereau des quantités, le calendrier de
livraison et les spécifications techniques y compris tout document
supplémentaire éventuel.
(b) Les effets contractuels du dossier d'appel
d'offres
Les effets nés de la signature de l'accord de
marché émanant du DAO sont multiples et concernent notamment les
cas de résiliation du marché pour motif de corruption, de
collusion ou de la commission de toute autre infraction visée par les
dispositions du CCAG ou du CCAP. Il s'agit en outre en termes d'effets
inhérents à la signature du contrat, de l'obligation de
l'acheteur de payer au bénéfice du fournisseur en contre partie
des fournitures et services connexes, des rectifications apportées
à leurs défauts et insuffisances, le prix du marché, ou
tout autre montant dû au titre du marché et ce, aux
échéances et de la façon prescrite par le
marché.
Citons dans le même ordre d'idées les
effets liés aux pénalités. En somme, le CCAG
prévoit que sous réserve d'un cas de force majeur, si le
fournisseur ne livre pas l'une quelconque ou l'ensemble des fournitures ou ne
rend pas les services prévus dans les délais
spécifiés dans le marché, l'acheteur, sans
préjudice des autres recours qu'il détient au titre du
marché pourra déduire du prix du marché, à titre de
pénalités, une somme équivalant au pourcentage
stipulé dans le CCAP applicable au prix de livraison des fournitures
livrés en retard ou des services connexes non réalisés,
pour chaque semaine ou fraction de semaine de retard, jusqu'à la
livraison ou la prestation est effective, et à concurrence d'un montant
maximum correspondant au pourcentage du prix du marché indiqué
dans le CCAP. En revanche, l'acheteur paiera au fournisseur des
intérêts au delà de soixante jours après la
liquidation de la facture46.
Le contrat produit également des effets
vis-à-vis des tiers. Il s'agit par exemple de la disposition contenue
dans le CCAG relative à la cession qui stipule que : « en moins
d'en avoir reçu par écrit le consentement préalable de
l'autre partie, ni l'acheteur ni le fournisseur ne cédera, en
totalité ou en partie, ses obligations contractuelles au titre du
marché ».
46 Clause 15.5 du
CCAG.
32
On se rend bien compte à l'analyse que la BM
mobilise une expertise étendue dans la conduite des engagements
contractuels permettant ainsi de garantir l'exécution efficace et
efficiente du Projet de facilitation du transport et du transit en zone CEMAC.
Il n'en n'est pas le contraire s'agissant de la Demande de proposition (DP) en
vue de la sélection des consultants lorsqu'il est question de
réaliser des prestations intellectuelles.
II - LA DEMANDE DE PROPOSITION
La Demande de proposition (DP) est une phase
précontractuelle. Elle est précédée par une phase
de pré-qualification qu'il convient de rappeler la finalité (A),
avant de décliner les grandes articulations qui l'entourent
(B).
A - LA PRE-QUALIFICATION
Lorsqu'on parle de pré-qualification des
consultants, il s'agit d'une étape qui permet au Maître d'ouvrage
de procéder à l'évaluation des candidatures de ceux des
consultants qui ont répondu à un Avis de sollicitation à
manifestation d'intérêt (ASMI).
La finalité de l'évaluation des
candidatures à la suite de l'ASMI est de dresser une liste restreinte
constituée de six cabinets jugés pré-qualifiés
lesquels seront invités à faire une proposition technique et une
offre financière au Maitre d'ouvrage dans le cadre de l'étude
à réaliser. Cette phase est d'autant plus importante que c'est le
premier de la liste qui reçoit l'invitation du Maitre d'ouvrage à
faire ses propositions. Toute fois il convient de préciser que ce n'est
que lorsque le mode de Sélection est celle fondée sur la
Qualification du consultant (QC) qu'on invite d'abord le premier sur la liste
restreinte, si par contre le mode de Sélection est fondé sur la
qualification du consultant et le coût (SFQC), dans ce cas tous les
candidats de la liste restreinte seront invités à soumettre leurs
offres technique et financière.
Dans le cadre des marchés financés par
la BM, nous avons constaté en ce qui concerne le PFTT que, certains
cabinets par méconnaissance de la valeur de l'ASMI, ne fournissent pas
à cette phase tous les éléments nécessaires pour
s'assurer un bon classement sur la liste. Ainsi donc il arrive que des cabinets
ayant une renommé et une reconnaissance établie au vue de leurs
références ne soient pas ceux qui finalement sont retenus pour
réaliser des prestations, du fait de la position qu'ils occupent dans le
classement.
33
En effet, lorsque le mode de sélection est
fondée sur la Qualification du Consultant (QC), c'est le premier sur la
liste restreinte qui est invité à faire une proposition technique
et ou financière et ce n'est que lorsqu'il n'y a pas accord entre ce
dernier et le Maître d'ouvrage pour raison soit, de l'insuffisance de
l'enveloppe par rapport à l'offre financière du consultant, ou
d'une mésentente sur l'approche méthodologique du consultant
qu'il est envisagé de passer au second sur la liste. Ce qu'il faut
retenir à ce niveau est que, la pré-qualification est très
déterminante dans le processus de sélection d'un consultant
s'agissant des projets financés par les bailleurs multilatéraux
tels que la BAD ou la BM en fonction du mode de sélection retenue pour
la prestation.
B - VUE D'ENSEMBLE DE LA DEMANDE DE PROPOSITION
La Demande de Proposition (DP), comme indiqué
dans les directives : « Sélection et emploi de consultants par les
emprunteurs de la Banque mondiale » est utilisée chaque fois qu'il
s'agit de sélectionner un consultant47. La sélection
peut se faire à travers différents modes à savoir : la
sélection fondée sur la qualité technique et le coût
(sélection qualité-coût), la sélection fondée
sur la qualité technique, la sélection dans le cadre d'un budget
déterminé, la sélection à moindre coût, la
sélection fondée sur les qualifications des consultants et la
sélection par entente directe.
De manière générale et sur la
base de nos investigations, la sélection d'un consultant passe par
l'emploi d'un outil standard au même titre que le DAO appelé
Demande de proposition (i) la quelle fait l'objet d'une évaluation
(ii).
(i) Contenu de la Demande de proposition.
Elle comprend :
- une lettre d'invitation,
- une note d'information aux consultants, - les termes de
références (TDR)
47 Désigne une
vaste gamme d'entités publiques et privées : notamment bureaux
d'études, firmes d'ingénierie, Maître d'ouvrage
délégués, coordinateurs d'entreprises de travaux, cabinets
d'organisation, agents spécialistes de la passation des marchés,
sociétés d'inspection technique, cabinets d'audit, institutions
des Nations Unies et autres organisations multinationales, banques d'affaires,
universités, instituts de recherche, organismes publics, organisations
non gouvernementales (ONG), consultants individuels : Banque mondiale : «
Directives consultants »,Washington, janvier 2011
34
- un contrat type.
Si l'on s'intéresse un temps soit peu sur la
consistance des éléments ci-dessus énumérés,
l'on s'aperçoit que :
La lettre d'invitation indique pour l'essentiel le
lieu et la date, le nom et l'adresse du consultant, le nom de l'emprunteur, le
nom du projet. Elle reprend la liste des consultants qui figurent dans la liste
restreinte. Elle précise la méthode par laquelle le consultant a
été sélectionné. Il faut noter que la lettre
d'invitation est un document personnel qui ne peut être
transféré à une autre société ou une autre
personne. La lettre d'invitation s'achève en demandant au consultant
d'avoir l'obligeance d'en accuser réception et que le soumissionnaire
dise qu'il soumettra sa proposition seul ou en association.
La note d'information, elle renseigne le consultant sur
:
- Le nom du client,
- Le mode de sélection,
- Le nom de la mission,
La note d'information outre le rappel des dispositions
relatives à la corruption, aux manoeuvres collusives, aux manoeuvres
coercitives informe le consultant sur toutes les dispositions relatives aux
:
- Conflits d'intérêts : «
Les règlements de la Banque exigent des consultants qu'ils fournissent
des conseils professionnels objectifs et impartiaux, qu'en toutes circonstances
ils défendent avant tout les intérêts de leur client, sans
faire entrer en ligne de compte l'éventualité d'une mission
ultérieure, et qu'ils évitent scrupuleusement toute
possibilité de conflit avec d'autres activités ou avec les
intérêts de leur société. »
- Activités incompatibles : «
Aucune entreprise engagée par le client pour fournir des biens, des
services ou réaliser des travaux autres que des services de consultant
pour un projet, ni aucune entreprise qui lui est affiliée, n'est admise
à fournir des services de conseil pour ces mêmes biens, services
ou projets. De la même manière, aucun bureau d'études
engagé pour fournir des services de conseil en vue de la
préparation ou de l'exécution d'un projet, ni aucune entreprise
qui lui est affiliée, n'est admis ultérieurement à fournir
des biens, réaliser des travaux, ou assurer des services autres que des
services de conseil résultant de ces services ou directement liés
à leur élaboration ou exécution »
- Missions incompatibles : « Le
consultant (y compris son personnel et sous-traitants) ni aucune entreprise qui
lui est affiliée ne peuvent être engagés pour une mission
qui, par
35
sa nature, risque de s'avérer incompatible avec
une autre de leurs missions exécutées pour le même client
ou pour un autre ».
- Relations incompatibles : « Un
consultant ( y compris son personnel et ses sous-traitants), qui a des
relations d'affaires ou personnelles avec un membre des services du client
participant directement ou indirectement, à l'élaboration des
Termes de référence de la mission, la sélection en vue de
cette mission, ou la surveillance du contrat, ne peut se voir attribuer le
contrat à moins que le conflit découlant de cette relation n'ait
été résolu à la satisfaction de la Banque au cours
du processus de sélection et de l'exécution du contrat
»
- Concurrences déloyales : « Si
un consultant figurant sur la liste restreinte est avantagé du fait
d'avoir offert dans le passé des services de conseil liés
à la mission, le client joindra à sa DP toutes les informations
qui pourraient donner audit consultant un avantage par rapport aux concurrents.
Le client fournira ces informations à tous les consultants retenus sur
la liste restreinte »48
Les termes de référence indiquent au
préalable le nom49 du Projet. Généralement on y
retrouve :
a) le contexte général,
b- les objectifs,
c- le champ d'application des services fournis par le
Client.
a) Le contexte général
Le chapitre réservé au contexte
général dans les TDR permet de dresser un historique sur
l'origine des fonds qui aident à financer le projet. Il renseigne sur la
situation géographique ainsi que les
bénéficiaires.
b) Les objectifs
Les objectifs énoncés dans les TDR
permettent de renseigner le consultant sur le but que le projet souhaite
atteindre. L'acheteur fixe également au consultant les résultats
auxquels doivent aboutir ses travaux (rapport sur l'état de lieu de
l'existant, rapport de l'avant projet
48 Banque mondiale : «
Demande de Proposition Type Sélection de consultants », Washington,
éd. mai 2004.
49 Exemple : Termes de
Références pour la réalisation d'une étude
technique relative à la construction d'un centre de formation avec prise
en compte des aspects environnementaux et sociaux.
36
définitif incluant un mémoire, un
dossier technique, les spécifications techniques
détaillées etc.).
c) Le champ d'application des services
Il permet de renseigner le consultant sur le site du
projet afin de lui permettre de se faire une vision de son environnement. Le
client indique à ce niveau un descriptif des attentes qu'il a
vis-à-vis de l'étude du consultant. Il est demandé au
consultant de ressortir toutes les contraintes qui pourraient être
rencontrées dans la réalisation du projet à ce
niveau.
Le contrat est le document qui attribue un
marché à un consultant, tout comme le Dossier d'appel d'offres,
il entraine entre les parties des droits et des obligations. De manière
globale l'aboutissement de la signature du contrat entre d'une part le Maitre
d'ouvrage et d'autre part le consultant sectionné devrait respecter les
règles définies dans les Directives, « Sélection et
Emploi des Consultants par les emprunteurs de la Banque mondiale
».
d) (ii) L'évaluation de la Demande de
proposition
L'évaluation de la DP dépend du type de
sélection. On distingue en la matière la sélection
fondée sur la qualité technique et le coût, la
sélection fondée sur la qualité technique, la
sélection dans le cadre d'un budget déterminé, la
sélection à moindre coût, la sélection fondée
sur les qualifications des consultants et la sélection par entente
directe.
En général et au vu des constats issus
de l'exploitation des données de notre recherche, l'évaluation de
la Demande de proposition est le fait de la Commission spéciale de
passation des marchés qui procède à l'ouverture des offres
reçues dans les délais impartis en présence du
représentant de chaque soumissionnaire. Elle vérifie ensuite la
recevabilité des offres ; si aucune irrégularité n'est
constatée elle les déclare recevable en la forme. Les travaux de
la CSPM sont consignés dans un Procès verbal (PV). La CSPM
désigne également une Sous commission d'analyse (SCA) des offres
qui a la charge de procéder à leur examen approfondi.
Dans son analyse, la SCA se fonde sur l'examen des
propositions techniques, des propositions financières et
administratives. En fonction du type de sélection le critère qui
prévaut est retenu pour opérer un choix parmi les consultants de
la liste restreinte.
Ce qu'il convient de noter est que, la Sous-commission
d'analyse est composée d'au moins trois personnes et il est
recommandé qu'il y soit désigné le spécialiste qui
a élaboré les termes de références.
37
De manière constante et sous réserve du
type de sélection, le rapport d'évaluation de
l'offre technique et financière pour le
recrutement d'un consultant comprend cinq sections :
- La section (I), fait un bref résumé des
conclusions de l'évaluation technique.
- La section (II), présente le rapport
d'évaluation technique composé de divers
formulaires.
- La section (III), donne un bref résumé
des conclusions de l'évaluation financière.
- La section (IV), porte sur le rapport
d'évaluation financière, composé de divers
formulaires.
- La section (V), comporte les annexes :
Annexe I. Évaluations individuelles.
Annexe II. Contrôle des données.
Annexe III. Procès-verbal de la séance
d'ouverture des propositions financières.
Annexe IV. Exemplaire de la Demande de
propositions.
Annexe V. Annexes diverses, selon les besoins.
Il convient par ailleurs de faire ressortir la nature
des relations entre le consultant et le Maître d'ouvrage au-delà
de l'aspect financier qui est souvent vite perçu par le public une fois
que le contrat est signé entre le Maître d'ouvrage et ce
dernier.
En effet, nous avons constaté que dans le cadre
de la réalisation de certaines prestations du projet, le consultant est
perçu sous le prisme d'un opérateur économique qui a
réalisé une affaire financièrement rentable. Sans vouloir
nier le l'apport ou le gain qu'un tel contrat peut procurer à un
consultant, ce qu'il conviendrait d' avoir présent à l'esprit
serait que, le consultant est un expert au service du Maître d'ouvrage
qui s'engage pour aider ce dernier à atteindre le résultat qu'il
s'est fixé dans le cadre de son projet. Vu dans ce sens, le Maître
d'ouvrage se doit de mettre à sa disposition les moyens matériels
et financiers nécessaires à l'accomplissement de sa mission. Nous
relevons cet aspect parce qu'il nous a été donné de
constater au cours de nos investigations que, les personnels qui accompagnent
la réalisation des activités pour le compte du Maitre d'ouvrage,
l'équipe projet pour la nommer ne voit pas toujours le consultant comme
un collaborateur, mais comme un prestataire dont il faut se méfier.
C'est ainsi par exemple qu'au niveau des SCA, les critères de
sélection touchent parfois le matériel de la mission au risque de
défavoriser celui-qui n'a pas apporté la preuve de le
détenir, alors même que c'est au Maître d'ouvrage de lui en
fournir.
38
SECTION 2 : LES SOURCES DE FINANCEMENT DU PROJET
Les sources de financement du projet sont diverses. On
y trouve en dehors de la Banque mondiale et la Banque africaine de
développement (BAD), la contribution de la CEMAC, des Etats et du
secteur privé en guise de fonds de contrepartie qui servent à
régler les questions liées à l'indemnisation des
populations touchées par les travaux, ou à payer les taxes
financières générées dans le cadre des
marchés conclus.
Malgré cette diversité de sources de
financement, notre étude se penche particulièrement sur l'apport
en crédit et en don de la Banque mondiale (I), avant d'analyser les
enjeux qui peuvent sous-tendre un tel financement (II).
I- L'APPORT FINANCIER DE LA BANQUE MONDIALE
Parlant du financement consenti par la Banque mondiale
dans les trois pays sous formes de prêts remboursables ou de don non
remboursable (A), il convient de relever au passage les conditionnalités
y afférentes (B).
A - L'APPORT A CHAQUE ETAT
Pour accompagner les pays de la zone CEMAC à
réaliser son intégration, la Banque mondiale a conclut plusieurs
accords de crédits avec les Etats pilotes du projet.
Au Cameroun on peut citer :
- L'accord de crédit n° 4337-CM d'un
montant de 97.200.000 DTS soit environ 73,5 milliards de FCFA signé le
15 Novembre 2007 à Yaoundé entre le Gouvernement de la
République du Cameroun et l'IDA destiné à financer une
partie du Projet.
- L'accord de crédit n° 4987-CM
(2nd financement additionnel), d'un montant de 70 700 000 DTS soit
environ 51,9 milliards de FCFA signé le 27 Octobre 2011 à Maroua
entre le Gouvernement de la République du Cameroun et l'IDA.
En Centrafrique nous avons :
- L'accord de don H 314 signé le 14 septembre
2007 pour un montant de 16 000 000 DTS, soit environ 24 millions USD et
entré en vigueur le 04 septembre 2007.
39
- L'accord de don H522 CF signé le 11
décembre 2009 pour un montant de 42 800 000 DTS, soit environ 67
millions de dollars équivalents à 31,5 milliards de FCFA
entré en vigueur le 05 février 2010.
Au Tchad,
- la Banque mondiale a fait un don d'un montant de 30
millions $US en 2007.50
Ce qu'il convient de noter est que la Banque mondiale
supporte plus de 28% du taux global de financement du projet qui
s'élève à 409,32millions d'UC.
Le tableau ci-dessous donne une illustration du taux
de financement de l'ensemble du
projet.
Tableau1 : illustration des sources de financement du
projet51.
Source
|
Devises
|
Monnaie locale
|
Total en Millions d'UC
|
%
|
Prêt FAD
|
43,10
|
4,90
|
48,00
|
11,73 %
|
DON FAD
|
53,50
|
7,30
|
60,80
|
14,85%
|
IDA
|
94,09
|
21,03
|
115,12
|
28,12%
|
CEMAC
|
-
|
1,62
|
1,62
|
0,39%
|
Cameroun
|
-
|
8,08
|
8,08
|
1,97%
|
Centrafrique
|
-
|
3,49
|
3,49
|
0,85%
|
Tchad
|
-
|
2,95
|
2,95
|
0,72%
|
CEMAC
|
-
|
1,62
|
1,62
|
0,39 %
|
Privé
|
-
|
4,12
|
4,12
|
1,01%
|
TOTAL
|
323,52
|
85,80
|
409,32
|
100%
|
50 Rapport
N°118/CEMAC/C/DIDD du 28/03/202, p 10.
51 Rapport
d'évaluation du Programme BAD, cité dans le troisième
Rapport annuel de la CEMAC relatif à la mise en oeuvre du
PFTT.
40
B : LES CONDITIONALITES DE L'ACCORD DES PRETS ET DONS
DE LA BANQUE MONDIALE
Les conditionnalités en vue de l'accord des
prêts et dons par la Banque mondiale consistent essentiellement à
l'ouverture des comptes et leur approvisionnement en fonds de contrepartie
d'une part, et d'autre part en un ensemble de mesures que les gouvernements
doivent prendre avant l'entrée en vigueur des accords de prêts ou
de dons c'est notamment l'engagement des Etats aux respects des droits de
l'homme et la pratique de la bonne gouvernance.
Selon le troisième rapport de la Commission de
la CEMAC relatif à la mise en oeuvre du projet, les Etats ont satisfait
ces conditions, mais il reste d'autres conditions non encore satisfaites
étant donné qu'elles sont subordonnées à
l'aboutissement définitives des activités en cours
d'exécution. C'est le cas de l'application au niveau national du nouveau
régime de transit communautaire et le mécanisme de cautionnement
unique52 qui fixe les modalités du transit et le
fonctionnement de la garantie, précise les formalités à
accomplir en autorisant certaines simplifications (expéditeurs
agrées, destinataires agrées) et présente les
différends formulaires à utiliser pour le transit communautaire
et dont l'entrée en vigueur est conditionné par l'aboutissement
du programme d'interconnexion (internet) par fibre optique entre les Etats de
la sous-région CEMAC.
L'exploitation des données du tableau ci-dessus
relatif au fonds de contrepartie des Etats et de la CEMAC qui en
réalité sont destinés soit aux paiement des dommages
causés aux populations par l'expropriation soit, pour supporter les
taxes qui grèvent la réalisation de certaines prestations aussi
bien en ce qui concerne les études que les la fourniture du
matériel, fait constater que dans le cadre de la contrepartie
financière du projet, les contributions des trois gouvernements
s'élèvent à 14,52 millions d'UC. Le secteur privé
du transport environ 4,12 millions d'UC ce qui représente pour
l'ensemble de ces deux entités en valeur relative moins de 5% de
contribution en guise de financement du projet. Bien plus ces fonds ont
souffert d'un " grand retard» pour leur
mobilisation53.
Pourtant, pour un montant total du coût du
projet estimé en environ 409,32 millions (UC), les pays
bénéficiaires n'apportent que 16,12 millions d'UC soit moins de
5% du coût total du projet. Quand on considère qu'il s'agit
là de la contribution des Etats de la CEMAC,
52 Règlement
N°07/10-UEAC-205-CM-21du 28/10/2010 Portant adoption de la
Règlementation sur le Régime de Transit Communautaire et le
Mécanisme de cautionnement unique.
53 Rapport
N°118/CEMAC/C/DIDD du 28/03/202, p 12
41
et du privé on ne résiste pas à
la tentation de s'interroger sur la capacité réelle des pays de
la zone CEMAC à réaliser leur croissance sans recourir aux
emprunts.
L'émergence soutenable d'un pays ou même
d'une Communauté économique est-elle possible lorsqu'elle est
repose en grande partie sur les dettes ?
II- CAUSES ET CONSEQUENCES DU FAIBLE TAUX DE FINANCEMENT
PAR LES ETATS
La porosité de l'assiette financière des
Etats de la sous région Afrique centrale à laquelle il faut
ajouter celle de la Commission de la CEMAC est la résultante d'un
certain nombre de cause (A), dont les conséquences peuvent compromettre
significativement l'avenir des Etats concernés (B).
A- LES CAUSES
Le faible taux (5%) du financement du Projet par les
Etats, la CEMAC et les acteurs du secteur privé révèle
d'une manière ou d'une autre l'incapacité surtout des
institutions en charge de la gestion des affaires publiques à
répondre aux besoins des populations. Cet état des choses est
caractéristique du recule des gouvernements ce qui pourrait justifier
l'intervention de la Banque mondiale et même du secteur privé dans
la gestion, l'élaboration et la mise en oeuvre des politiques et
programme de développement public.
En effet, en leurs qualités d'acteurs par
excellence des relations internationales pouvant engager la
responsabilité internationale, les Etats auraient pu rester les seuls
maitres du jeu de la coopération au développement. Mais les
difficultés qu'éprouvent les institutions en charge de la gestion
des affaires publiques à diminuer de manière substantielle le
chômage des jeunes et la pauvreté au sein des ménages
amènent à l'analyse à comprendre pourquoi Daniel Bell
affirme que, « l'Etat était devenu trop grand pour les petits
problèmes et trop petit pour les grands ».
Par ailleurs, les maux tels que la corruption, les
détournements de deniers publics, bref la male gouvernance sont à
l'origine de la main tendue à l'extérieur. L'absence d'un budget
considérable destiné à l'investissement public c'est
autant de raison qui expliquent la ruée vers l'emprunt extérieur
pour le financement de la quasi-totalité des projets dits structurants
au niveau des pays de la zone CEMAC.
Citons à titre illustratif le cas du Cameroun
où pour le seul mois de mars 2012 ces crédits ont
été contractés:
42
- Le décret N°2012/153 du 23 mars 2012
portant ratification de l'accord de prêt N°2100150025494, d'un
montant de 44,93 millions d'unités de compte (UC), soit environ 32,89
milliards de francs CFA, conclu le 18 janvier 2012 entre la République
du Cameroun et le Fonds Africain de Développement (FAD), pour le
financement partiel du projet d'aménagement hydro-électrique de
Lom-Pongar.
- Le décret N°2012/154 du 23 mars 2012
portant ratification de l'accord de prêt N°134/CAM-12/1-INFRA, d'un
montant de 20 milliards de francs CFA, conclu le 18 janvier 2012 entre la
République du Cameroun et la Banque de Développement des Etats de
l'Afrique Centrale, pour le financement partiel du projet d'aménagement
hydro-électrique de Lom-Pangar.
- Le décret N°2012/152 du 22 mars 2012
habilitant le Ministre de l'Economie, de la Planification et de
l'Aménagement du Territoire à signer avec la Banque Islamique de
Développement (BID), un accord de prêt d'un montant de 11 390 000
euros, soit environ 7 411 414 550 FCFA, pour le financement du projet de
développement intégré du coton et des cultures
vivrières au Cameroun.
- Le décret N°2012/070 du 8 mars 2012,
portant ratification de l'accord de prêt d'un montant de 4,490 millions
de dinars islamiques, équivalent approximativement à 7 millions
de dollars US soit environ 3,5 milliards de FCFA, conclu le 8 décembre
2011 entre la République du Cameroun et la Banque Islamique de
Développement (BID), pour le financement partiel du projet d'appui
à la prévention et au contrôle du paludisme au
Cameroun.
- Le décret N°2012/069 du 07 mars 2012
habilitant le Ministre de l'Economie, de la Planification et de
l'Aménagement du territoire, à signer avec la DEXIA Banque
Belgique S.A., une convention de crédit d'un montant de 12 millions
d'euros, soit environ 7,7 milliards de FCFA., pour le financement de la tranche
IV du projet de réhabilitation, de renforcement et d'extension des
systèmes d'approvisionnement en eau potable dans huit (08) Villes du
Cameroun.54.
En tout état de cause, la dépendance au
financement extérieur ou même à l'aide au
développement, de l'avis de certains experts n'est pas une chose
mauvaise en soi pour autant que les projets atteignent leurs objectifs.
Cependant, elle pose le problème de la responsabilité et de la
capacité des pays africains à prendre leur destinée en
main. Le financement des projets de développement joue un rôle
dans la représentation sociale en ce ci qu' il est souvent perçu
comme un signe d'approbation des bailleurs pour l'action gouvernementale des
Etats bénéficiaires; ainsi il peut renforcer la
légitimité politique des gouvernements. L'ancien
président
54 Source :
http:// www
.prc.cm/actes du chef de l'Etat consulté en
juillet 2012.
43
du Zaïre, Mobutu, l'aura si bien compris qu'il
demandait de l'aide aux États-Unis, comme il le faisait avec la France
et la Belgique, alors même qu'il n'en avait pas besoin (Lancaster,
1999).
B - LES CONSEQUENCES ET LES PERSPECTIVES
Compte tenu de la situation de dépendance
à l'emprunt externe qui pèse sur les Etats de la CEMAC, on est
enclin à remettre en cause tout au moins pour ce qui concerne la Banque
mondiale avec le PFTT, l'idée selon laquelle dans la gouvernance
multi-niveaux il n'y a point de rapport de domination tel que l'avait
exprimée Marie-Claude Smouts, Dario Batistella, Pascal
Vennesson55. Cette remise en cause qui n'est pas la négation
du principe énoncé d'une absence de domination, mais sa remise en
cause en pratique pour relever simplement que l'exemple que nous offre la mise
en oeuvre du PFTT avec la Banque mondiale a l'initiative de
l'élaboration des procédures applicables ; l'octroi des moyens
nécessaires pour le financement ; le suivi de l'exécution des
directives en vigueur, cache mal une inégalité dans les rapports
entre cette institution et les pays bénéficières. Toute
chose qui ne rentre pas dans la vision de la gouvernance multi-niveaux et donne
raison à Marie Claude dans : « Du bon usage de la gouvernance
» lorsqu'elle soutient que, le concept de gouvernance est lié
à ce que les grands organismes de financement en on fait ; un outil
idéologique pour une politique de l'Etat au minimum.
L'incapacité des gouvernements de la sous
région à initier et financer les projets sans tendre la main
à l'aide ou l'emprunt extérieur perpétue l'idée
selon laquelle les Africains sont les éternels
assistés.
De même, la dette des Pays Africains est devenue
un véritable caillou dans la chaussure qui gène la marche vers
l'émergence. En 2002, la dette extérieure de l'Afrique
subsaharienne s'élevait à 204 milliards de dollars ; elle a donc
été multipliée par 3,4 depuis 1980. Toujours en 2002,
l'Afrique subsaharienne s'est saignée aux quatre veines pour rembourser
la somme de 13,4 milliards de dollars au titre du service de la dette (capital
+ intérêts). Si on considère la période entre 1980
et 2002, c'est plus de 250 milliards de dollars qui ont été
remboursés, soit quatre fois la dette de 1980. Ainsi, pour 1 dollar
dû en 1980, l'Afrique en a remboursé quatre mais elle en doit
encore quatre. Entre 1998 et 2002, les pouvoirs publics d'Afrique subsaharienne
ont reçu en prêts 34.826 millions de dollars tandis
55 Marie-Claude Smouts, Dario
Batistella, Pascal Vennesson « Dictionnaire des relations internationales
», Paris Dalloz, 2è éd, 2003, p251.
44
qu'ils ont remboursé 49.273 millions de
dollars. Bref, ils ont transféré en faveur des créanciers
du Nord, plus de 15.000 millions de dollars (transfert net négatif sur
la dette publique).Chaque année, l'Afrique subsaharienne paie au titre
du service de la dette plus que l'addition des budgets de santé et
d'éducation de toute la région.56
Des inquiétudes profondes persistent quant
à la volonté et la capacité des dirigeants Africains
à laisser aux générations futures des Etats
économiquement émergents, socialement en paix et politiquement
gouvernables.
Si l'on considère l'analyse faite par Eric
TOUSSAINT, pour rembourser sa dette extérieure entièrement
libellée en devises fortes, l'Afrique subsaharienne doit utiliser une
partie considérable de ses revenus d'exportation. Aussi le rapport entre
le montant de la dette et les recettes annuelles d'exportation constitue-t-il
un indicateur pertinent de la gravité de la situation. La dette
représentait en 2000, environ 250% des revenus d'exportation du
sous-continent (Afrique du Sud mise à part).
Tableau 2. : Quelques pays dont la dette
représentait plus de 300% des revenus d'exportation en 1999 (World Bank
DGF 2001).
Cameroun
|
418 %
|
République Centrafricaine
|
592 %
|
TCHAD
|
362 %
|
Ethiopie
|
588 %
|
Guinée
|
428 %
|
Guinée Bissau
|
1 604 %
|
Mali
|
430 %
|
Eu égard à ce qui précède,
il y a urgence de penser le développement de l'Afrique autrement. Il est
déterminant d'aller vers une vision du développement local qui
privilégie le choix des solutions propres avec des ressources locales.
C'est véritablement dans une approche interculturelle de
l'écodéveloppement que l'Afrique centrale doit se s'orienter pour
non pas rattraper l'écart de croissance qui le sépare des pays
dits développés, mais bâtir sa vision de
croissance.
56 Eric TOUSSAINT : «
Endettement de l'Afrique subsaharienne au début du XXIe siècle.
L'Afrique : créancière ou débitrice ? »
45
En effet, vouloir penser l'intégration de
l'Afrique au moyen des politiques publiques régionales demeure une
heureuse initiative. Mais pour qu'elle soit efficace c'est- à-dire pour
qu'elle réponde aux besoins des populations il est nécessaire
qu'elle puise sa source dans les piliers fondamentaux du développement
tel que perçu de l'Afrique : la solidarité sociale,
l'efficacité économique, la responsabilité
écologique, la responsabilité interculturelle. Ces
éléments qui caractérisent le développement durable
doivent au niveau de l'Afrique ouvrir la voie à
l'écodéveloppement. Dans ce sens (Ignacy Sachs, 1980),
conçoit l'écodéveloppement comme « un
développement des populations par elles mêmes, utilisant au mieux
les ressources naturelles, s'adaptant à un environnement qu'elles
transforment sans le détruire ».
CHAPITRE 2 : LES ACTEURS DE LA MISE EN OEUVRE
DU
PROJET
46
47
Dans sa conception de la gouvernance nous ajouterons
de la gouvernance multi-niveaux, Patrick Le Galès57 pense
qu'il s'agit d'une méthode de régulation, un processus de
coordination d'acteurs, de groupes sociaux, d'institutions, qui
coopèrent pour atteindre des buts propres discutés et
définis collectivement dans des environnements fragmentés et
incertains. Cette vision est proche ou vraisemblable à ce qu'on observe
dans la zone CEMAC dans le cadre du Projet de facilitation du transport et du
transit, puisque divers acteurs institutionnels (sections1), et des acteurs du
secteur privé (section 2) coopèrent pour l'émergence d'une
zone CEMAC économiquement intégrée.
SECTION 1 : LES ACTEURS INTER-ETATIQUES ET
ETATIQUES
Dans le cadre de la réalisation de l'ensemble
des activités inscrites dans le plan d'action du projet, la CEMAC occupe
une place en tant qu'acteur (I), de même que les gouvernements des trois
pays bénéficiaires (II).
I - LA COMISSION DE LA COMMUNAUTE ECONOMIQUE
ET
MONETAIRE DES ETATS DE L'AFRIQUE CENTRALE
Dans sa position d'acteur supranational, la Commission
de la CEMAC à l'instar de ce qui s'est passé dans les
années 2001 avec l'Union- européenne où Bruxelles
était devenue le centre de l'Europe exerce un rôle de coordination
(A), en vue de la bonne marche du projet aussi bien au Cameroun, au Tchad qu'en
République Centrafricaine où elle a son siège.
Cependant son statut de bénéficiaire
direct des financements dans le cadre de l'appui institutionnel amène
à analyser les effets de l'influence externe à la quelle
l'institution supranationale pourrait être confrontée elle aussi
au même titre que les Etats (B).
A- LE ROLE DE LA CEMAC DANS LA MISE EN OEUVRE DU
PROJET
Pour suivre et coordonner les actions de mise en
oeuvre du PFTT au niveau régional, la Commission de la CEMAC s'est
dotée d'une structure de coordination générale. Celle-ci
est chargée de la supervision de l'exécution du projet au sein
des Etats pilotes à savoir, le Cameroun, le Tchad et la
République centrafricaine. Outre la coordination générale,
la
57 Patrick Le gales est
cité par David Alcaud, Laurent Bouvet, Jean-Gabriel Contamin , Xavier
Crettiez, Stéphanie Morel et Muriel Rouyer dans « Dictionnaire de
sciences politiques », Paris, Dalloz 2è édition, p
162.
48
49
Direction du transport et
télécommunications (DTT-CEMAC) puisqu'il s'agit d'elle, avec
l'appui de l'assistance technique du cabinet Egis international est l'organe
d'exécution des activités liées à la facilitation
du transport et du transit routiers, la sensibilisation générale
et le suivi-évaluation du Programme. Il convient de souligner dans le
même ordre d'idées, l'existence d'un Comité de coordination
et de suivi de l'exécution qui avait été mis en place au
cours de la rencontre des chefs d'Etats réunis au Tchad en
200658.
Par ailleurs, rappelons qu'un Comité technique
mixte (CTM), placé sous la coordination de la Commission de la CEMAC a
été crée en 2007, dans le cadre du financement FAD, avec
l'appui des trois pays pour assurer une bonne coordination du suivi des
activités. Ses principales missions sont de coordonner la mise en oeuvre
du projet, de résoudre les problèmes qui surviendraient et
d'assurer une exécution harmonieuse dans les trois pays.
Ledit Comité qui parait être suffisamment
représentatif au plan géographique se compose de la
manière suivante :
- Deux représentants de la CEMAC,
- Les Directeurs des routes des trois pays ou leurs
représentants,
- Les Directeurs du transport terrestres des trois pays
ou leurs représentants,
- Les trois chargés de projets au niveau des trois
pays,
- Les représentants des bailleurs de fonds
(observateurs).
S'agissant de la gestion au plan régional, il
existe une structure en charge de gérer le projet et qui est
composée d'un coordonnateur de projet ayant une assistance technique
dont un économiste du transport, un ingénieur de génie
civil. Le personnel d'appui dont le secrétaire, les commis, les
chauffeurs.
Parlant du niveau d'avancement du projet, l'organe de
coordination de la CEMAC estime que d'une manière
générale, l'exécution des travaux routiers dans les trois
pays concernés a atteint un taux d'exécution de 77,2%, tandis que
dans le volet facilitation ce taux d'avancement est d'environ 20%59
au 31 décembre 2011.
58 Commission de la CEMAC
: Rapport annuel N°118 /CEMAC/C/DIDD, du 28mars 2012, p 14, relatif
à la mise en oeuvre du Programme de facilitation des transports et du
transit en zone CEMAC
59 Commission de la CEMAC : Rapport annuel
N°118 /CEMAC/C/DIDD, du 28 mars 2012, relatif à la mise en oeuvre
du Programme de facilitation du transport et du transit en zone
CEMAC.
B - LE RECUL DE LA CEMAC DANS LA DETERMINATION DE
L'AGENDA DE L'INTEGRATION
En considérant la CEMAC comme une institution
sous régionale, on devrait s'attendre à ce qu'elle soit le cadre
où s'élucide la question de l'agenda d'intégration sous
régionale, qu'elle face surgir une convergence des politiques
économiques60 en vue du développement des pays
membres.
Pourtant à l'observation l'appui
institutionnel61 que la CEMAC reçoit dans le cadre du
financement du projet au coeur de nos travaux, permet de se rendre compte que
l'institution sous régionale n'est pas en avance sur la question de
l'intégration par rapport aux Etats, d'où l'émergence des
autres acteurs qui participent à la construction du processus de
l'intégration de l'Afrique centrale et l'influence qu'elle subit de
l'extérieur.
De ce qui précède, nous comprenons le
point de vue de certains auteurs chantre de la gouvernance multi-niveaux
à l'instar de Pierre De Senarclens et Yohann Ariffin dans : « La
politique internationale. Normes et institutions internationales » selon
lequel : « La gouvernance sans gouvernance », se positionne dans ce
recul des institutions « les administrations publiques62
s'avérant incapables d'assumer efficacement certaines fonctions,
celles-ci sont prises en charge dans le cadre d'arrangements divers où
les Etats doivent composer avec une multiplicité d'acteurs
économiques et sociaux ».
Par voie de conséquence, la CEMAC connaitrait
elle aussi et au même titre que les Etats, l'influence des bailleurs de
fonds qui contribuent à la détermination de l'agenda de
l'intégration économique de la sous région
CEMAC.
60 Dans sa publication
« Convergence économique en Afrique Centrale » d'octobre 2007,
la Commission économique en Afrique Centrale des Nations - unies fait un
constat global selon lequel les cycles et les chocs des pays de l'Afrique
centrale ne convergent pas de façon systématique, en dépit
de la similitude de leurs structures productives. Il poursuit en disant que le
PIB réel, qui est l'indicateur fondamental du cycle économique,
se caractérise par des fluctuations en moyenne asynchronisées,
même si quelques corrélations bilatérales entre pays de la
CEMAC sont positives et significatives.
61 Il s'agit de
l'assistance technique à la C/CEMAC pour la gestion et la mise en oeuvre
de l'union douanière ainsi que l'entrée en vigueur du Programme
de commerce et de transport de la CEMAC. Le renforcement des capacités
et fonctionnement de la coordination du programme à la
CEMAC...
62 La CEMAC ici pourrait
être considérée comme le prolongement des Etats et donc de
l'administration.
50
II- LE ROLE DES ETATS DANS LE PROJET
La contribution des Etats dans l'exécution du
projet est strictement nationale. Cela signifie que ces derniers
exécutent les activités de leur composante dans les limites
territoriales de leur pays respectifs.
Ainsi pour parvenir à la création d'un
marché communautaire et lever les entraves à la circulation des
biens et des services, chaque Etat procède à la mise en place des
organes d'exécution du projet (A), en même temps qu'il assure la
coordination et le suivi au niveau national (B).
A- LA CREATION DES ORGANES D'EXECUTION ET DE GESTION
DU
PROJET
L'organisation des structures de gestion du projet au
niveau des Etats reflète le caractère multi-niveaux de la
gouvernance du projet, et en ce sens, celles-ci accueillent dans leur
composition plusieurs organes.
· Au Cameroun : On retrouve la Cellule
d'exécution et du suivi des projets BAD/BM
logée au sein de la Direction des investissements
et de la protection de l'environnement
routiers (DIPER) du Ministère des travaux
public.
Elle comprend :
- Un chef de Cellule (coordonateur du
projet)
- Un coordonateur adjoint
- Un responsable administratif et financier,
- Un agent comptable,
- Un service en passation des marchés,
- Un Auditeur interne
- Des ingénieurs de projet, des Points
Focaux,
- Un secrétariat,
- Une équipe d'agent de liaison.
Il convient de signaler que la Cellule est
assistée dans sa phase contractuelle par une
Commission crée par Arrêté n°
101/CAB/PM du 26 juin 2008 du Premier Ministre qui se
compose de la manière suivante :
- un président issu du MINTP ;
- un représentant de l'autorité
chargée des marchés publics ;
- un représentant du Ministère
chargé des Travaux Publics ;
51
- un représentant du Ministère
chargé du transport ;
- un représentant du Ministère
chargé des Investissements Publics ;
- un représentant du Ministère
chargé des Finances ;
- un représentant de la Cellule BAD-BM/MINTP
;
- un secrétaire
· En République Centrafricaine : On a la
Cellule d'exécution et du suivi des projets BAD/BM logée au sein
de la Direction Générale des Etudes, de la Planification et du
Contrôle du Ministère de l'Equipement et du Désenclavement
avec un effectif semblable à celui du Cameroun. C'est elle qui s'occupe
au quotidien de la gestion des ressources (financières,
matérielles, humaines) et du suivi de l'exécution du
projet.
· Au niveau du Tchad : La Cellule
d'exécution est placée au sein de la Direction
Générale des Routes avec un effectif qui
comprenant :
- un coordonnateur,
- un comptable,
- une secrétaire,
- un personnel de liaison.
B - LA COORDINATION ET LE SUIVI DU PROJET PAR LES
ETATS
La coordination du PFTT au niveau des Etats
dépend de l'organisation que chaque gouvernement se fixe.
Au Cameroun par exemple où le projet semble
plus important en terme d'activités à réaliser, il a
été mis en place un Comité National de Pilotage
(CNP).
Le CNP créé par Arrêté
n° 121/CAB/PM du 14 septembre 2005 du Premier Ministre, est la structure
de coordination du projet ainsi que sa mise en oeuvre. A ce titre il s'occupe
de la mise à jour des informations sur l'exécution du programme
routier et du Projet de facilitation du transport et du transit, ainsi que de
l'évaluation périodique de son niveau d'avancement.
Il convient de souligner qu'au sein du CNP,
siège comme commissaire, les acteurs du secteur privé à
l'instar du Bureau de gestion du fret terrestre (BGFT), véritable acteur
dans la gestion et la régulation du fret terrestre au
Cameroun.
De même sont représentés dans ce
CNP, plusieurs départements ministériels parmi lesquels : Le
Ministère des forces Armées et de la Défense avec la
participation de la gendarmerie, le Ministère des finances, le Premier
ministère, le Ministère des transports
52
lequel assure la vice- présidence du
Comité, tandis que le Ministère des Travaux publics par son
secrétariat d'Etat le préside pour ne citer que ceux-
là.
A l'image des autres pays pilotes du programme, cette
structure est l'organe de gestion et du suivi de l'exécution du projet
au plan national. Ses décisions sont applicables uniquement à la
composante Cameroun tout en recherchant la cohésion avec ce qui se passe
dans les autres pays de la sous région.
Il est important de souligner qu'en dehors de la CEMAC
et des Etats, la Banque mondiale assure elle aussi le suivi et
l'évaluation du projet.
En effet, le suivi du projet par la Banque consiste
à la délivrance des avis de non objection qui conditionnent
certaines activités. C'est par exemple le cas de la réalisation
d'une activité soumise à un control a priori de la Banque. Dans
ce cas les TDR par exemples doivent être préalablement
validés par un expert de la Banque. Ou alors la validation d'une liste
restreinte dans le cas de la sélection d'un consultant s'agissant d'une
prestation intellectuelle nécessitant la non objection a priori du
bailleur.
L'accord de non objection est une sorte de quitus, une
main levée ou simplement une autorisation que la Banque donne au
gestionnaire de procéder à l'utilisation des sommes
allouées à la réalisation de l'activité. Celle-ci
présente un intérêt dans le coaching du projet. Ceci est
remarquable d'une part parce qu'elle permet d'assurer le contrôle de la
bonne utilisation des ressources destiné au projet, ensuite elle valide
les activités et par ricochets les dépenses en même temps
qu'elle donne l'assurance à l'ingénieur du projet ou au Point
focal de mener avec plus d'assurance l'activité.
A travers l'obligation d'obtenir la non
objection, les experts de la Banque ont la possibilité de recadrer
les activités qui ne sont pas en cohérence avec la
mission.
En ce qui concerne les missions de contrôle
effectué par les experts de la Banque, il faut admettre que ces derniers
produisent à la fin de leur mission un rapport appelé « aide
mémoire » adressé aux autorités compétentes
afin de leur faire connaitre non seulement le niveau de réalisation des
activités, mais également attirer leur attention sur les risques
potentiels qui peuvent si elles ne sont pas jugulées nuire la bonne
exécution du projet.
De ce qui précède, l'on peut dire de
l'organisation et de la gestion du programme et concrètement sur la
phase de mise en oeuvre qui s'effectue dans un environnement marqué par
la construction d'une gouvernance multi-niveaux que, nos violons s'accordent
avec Guy Hermet, Bertrand Badie, Pierre Birnbaum et Philippe Braud pour qui,
les décisions dans la conduite du projet ne se prennent pas seulement
sur une base de logiques purement internes ; elles tiennent compte de la
présence des acteurs d'horizons diversifiés.
53
Nous voyons à l'analyse que l'un des objectifs
de l'introduction de la notion de la bonne gouvernance, autrement dit
l'avènement de la notion de gouvernance multi-niveaux
prônée par la Banque mondiale et les pays membres de l'OCDE qui
recommandent une gestion plus transparente des affaires publiques, le respect
des droits de l'homme, la démocratie, la décentralisation comme
stratégie de développement trouve un champ d'application dans le
projet en cours de réalisation dans la zone CEMAC.
SECTION 2 : LE ROLE DU SECTEUR PRIVE
Le secteur privé dans son acception courante
fait penser ipso facto à un pend d'activités économiques
exercé ou détenu en totalité ou en partie par des
opérateurs autres que l'Etat. Il est donc judicieux de préciser
le sens de la notion de secteur privé d'abord dans sa
compréhension la plus large possible (I), et ensuite, dans le cadre
spécifique du PFTT en zone CEMAC (II).
I -LA NOTION DE PARTICIPATION DU SECTEUR PRIVE
La notion de participation du secteur privé,
par opposition au secteur public, pose sur la table de discussion deux notions
distinctes dans le discours des acteurs de la coopération pour
développement économique. L'évolution de la notion de
participation du secteur privé s'est accrue considérablement au
plan mondial notamment avec l'avènement dans les années 1961 des
pays membres de l'Organisation de développement
économique63 (OCDE).
En effet, ces pays voient dans la participation du
peuple à la gestion des affaires publiques, une stratégie
essentielle en vue du développement (A). Aussi, en ce qui concerne le
PFTT, la participation du secteur privé s'inscrit bien dans cette vision
même si son degré d'implication reste faible (B).
63 En vertu de l'article 1er de
la convention signée le 14 décembre1960, à Paris et
entrée en vigueur le 30 septembre 1961, l'Organisation de
Coopération et de Développement Economique (OCDE) comprend les
pays suivants : l'Allemagne, l'Autriche, la Belgique, le Canada, le Danemark,
l'Espagne, la Suisse, les USA, la Grèce, l'Irlande, l'Islande, l'Italie,
la Norvège, les Pays-Bas, le Portugal, la Suède, la Turquie, le
Royaume-Uni.
54
55
A- LA NOTION DE PARTICIPATION DU SECTEUR PRIVE POUR LES
PAYS
DE L'OCDE
Les pays membres de l'OCDE pensent que la
participation du secteur privé, en d'autres termes, la participation des
Organisations de la société civile (OSC)64 à
divers degrés à la gestion des affaires de l'Etat, est
essentielle pour plusieurs raisons. Et parmi les principales raisons, on note
que le développement participatif permet de renforcer la
société civile et l'économie en conférant aux
groupes d'individus, aux communautés et aux organisations la
faculté de négocier avec les institutions et les administrations
et ainsi peser
64« (...) la «Société
civile» est une expression qui est devenue de plus en plus à la
mode, ces dernières années. Notons que tous ceux qui en parlent
ne définissent pas le concept de la même manière. Ce qui,
justement, ne facilite pas l'utilisation ou la compréhension du concept
de «Société civile». (...)
De manière globale, la Société
civile peut se définir à travers deux façades: D'un
côté, la société civile est considérée
comme "un domaine au sein de la société, qui est apparu entre les
sphères étatique, économique et privée - ou encore:
entre Etat, marché et famille. Ce domaine est considéré
comme un espace public composé, de nos jours, par un grand nombre de
groupements plus ou moins indépendants de l'Etat, plus ou moins bien
organisés, dotés de différentes formes d'organisation
telles que les groupes d'initiative, les clubs ou les associations." Il est
important de comprendre que la Société civile dont on parle
toujours, ne forme aucunement un groupement homogène qui pourrait
être représenté par une seule voix. Par ailleurs, il ne
s'agit pas non plus d'une masse de citoyens isolés, qui
représenteraient leurs intérêts de manière
individuelle. Les personnes se regroupent plutôt librement suivant leurs
centres d`intérêt ou leur orientation personnelle et
professionnelle, au sein de clubs, d'associations et/ou de mouvements sociaux,
pour faire des échanges et agir ensemble en vue d'objectifs communs. La
condition pour qu'une société civile organisée existe, est
la garantie de libertés individuelles et collectives aux individus (le
droit de se réunir et le droit de s'associer, par exemple). C'est la
seule possibilité de représenter leurs intérêts.
L'espace social où cela se passe se nomme la société
civile, dont nous parlons justement. En règle générale,
les organisations de la société civile sont indépendantes,
aussi bien des sources étatiques que des organisations
économiques. Contrairement aux organisations économiques, elles
ne poursuivent aucun objectif visant un quelconque profit. Elles agissent
au-delà des sphères privées individuelle et familiale, et
cherchent à attirer l'attention de la société et
créer un impact social dans la vie publique.
Une telle société civile naît,
lorsque "les décisions sont confiées entre les mains de ceux qui
sont directement concernés«. Les objectifs qui y sont
articulés concernent toujours la «res publica » (chose
publique). Ainsi, les acteurs de la société civile sont toujours
impliqués dans la politique, sans pour autant viser des fonctions
étatiques : ils préfèrent garder une position
indépendante. De même, les groupes qui poursuivent des objectifs
exclusivement privés (familles, entreprises, etc.) n'appartiennent pas
à la société civile, tout comme les partis politiques, les
parlements ou les administrations étatiques. (Arenhövel,
2000)
De l'autre côté,
«société civile» signifie "le développement de
sociétés", autrement caractérisée par le terme de
démocratisation. Dans le même contexte, le concept de
«société de citoyens» est souvent utilisé dans
le même sens. Souvent, le terme de «Société civile
» sert d'appel politique exigeant 'plus de démocratie'.
Auteurs: Nina Cvetek & Friedel Daiber : «
Qu'est ce qu'une société civile ? », Antananarivo, octobre
2009.
sur l'action du gouvernement et de contrôler le
pouvoir de l'Etat. Ils entendent par participation du peuple, un processus qui
consiste pour les individus à jouer un rôle actif et
déterminant dans l'élaboration des décisions qui doivent
influer sur la vie.
L'avantage de s'intéresser à la notion
de la participation du secteur privé dans la gestion des affaires
publiques devient nécessaire lorsqu'on se situe dans l'analyse de
l'impact économique de la gouvernance multi-niveaux dans la sous
région. On se rend compte que finalement les Etats et les organisations
intergouvernementales ne constituent pas pour reprendre une expression
chère à De Senarclens Pierre et Ariffin Yohann « les seuls
promoteurs ou supports de l'ordre international » tant il est vrai que les
actions posées par la société civile de l'un ou l'autre
Etat peuvent impacter la vie économique voire politique dans l'autre
Etat voisin.
B - LE SECTEUR PRIVE DANS LE PROJET : UNE FAIBLE
IMPLICATION
Il faut entendre par secteur privé ou la
participation du secteur privé dans la mise en oeuvre du Projet de
facilitation du transport et du transit en zone CEMAC, l'ensemble des
organisations autre que les Etats ayant un statut juridique et une
personnalité morale qui interviennent dans réalisation et la
coordination du projet.
Au Cameroun, la participation du secteur privé
se manifeste par l'action des ONG de défense des droits humains, de
protection de l'environnement qui encadrent les populations afin que ceux-ci
reçoivent une indemnité pour les dommages qu'elles ont subi du
fait des travaux d'une part, et que d'autre part, l'Etat respecte les
engagements subséquents vis-à-vis de la nature, de
l'environnement et des populations installées sur le site du
projet.
Les ONG spécialisées dans la protection
de l'environnement restent vigilantes pour que les autorités
procèdent au reboisement des espaces qui ont été
affectés par le tracé des routes, l'aménagement des
carrières ou la construction des bases vie des sociétés de
maitrise d'oeuvre. La règlementation Camerounaise relative à la
protection de l'environnement prévoit que pour un arbre coupé, il
faut en planter trois65.
· 65 Loi n°96/12
du 05 août 1996 portant loi cadre relative à la gestion de
l'environnement.
Cette loi fixe le cadre juridique
général de gestion de l'environnement au Cameroun et des
évaluations environnementales. L'article 9 stipule que la gestion de
l'environnement et des ressources naturelles s'inspire, dans le cadre des lois
et règlements en vigueur, de plusieurs principes dont le principe
pollueur-payeur, le principe de responsabilité et le principe de
participation.
· Loi 64-LF-23 du 13 Novembre 1964, portant
protection de la santé publique
56
En dehors des retombés économiques que
chaque sous ensemble de la société civile peut tirer comme
avantage, du fait de la réalisation du projet, comme c'est le cas du
transfert de propriété des bases vie des entreprises aux
Collectivités territoriales décentralisées (CTD), la
participation de la société civile reste faible dans son
ensemble, s'agissant de son
Cette loi fixe les règles de salubrité
des centres urbains et lieux habités des immeubles et de leurs
dépendances, des lieux publics et privés... En son article 2,
elle précise que les travaux d'assainissement tels que la
création des égouts, le drainage... peuvent faire l'objet d'une
déclaration d'utilité publique entrainant l'application des
textes en la matière.
· Loi n°92/007 du 14 août 1992, portant
code du travail.
Cette loi régit les rapports de travail entre
les travailleurs et les employeurs ainsi qu'entre ces derniers et les apprentis
placés sous leur autorité. Selon l'Article 2 (1), le droit au
travail est reconnu à chaque citoyen comme un droit fondamental. L'Etat
doit tout mettre en oeuvre pour l'aider à trouver un emploi et à
le conserver lorsqu'il l'a obtenu.
· Loi n°94/01 du 20 janvier 1994 portant
régime des forêts, de la faune et de la pêche.
Elle consacre de manière
générale la protection de la nature et de la biodiversité.
Dans son article 16 (2), elle souligne que tout projet de développement
susceptible de perturbation du milieu forestier et aquatique est
subordonné à une étude préalable d'impact sur
l'environnement.
Les articles 21 à 60 portent sur la protection
des milieux récepteurs qui doivent être préservés de
toute forme de dégradation ou de contamination par des déchets de
toute nature produits. En général tout producteur de
déchets devrait assurer son élimination de manière
écologiquement rationnelle sans porter atteinte à
l'environnement, et assurer l'information du public sur les effets sur
l'environnement et la santé publique des opérations de
production, de détention, d'élimination ou de recyclage de ces
déchets.
· Loi n°86/016 du 06 Décembre 1986
portant réorganisation générale de la protection
civile
Selon l'article 1 de cette loi, « la protection
civile consiste à assurer en permanence la protection des personnes, des
biens et de l'environnement contre les risques d'accidents graves, de
calamités ou de catastrophes, ainsi que contre les effets de ces
sinistres. La protection civile comporte les mesures de prévention, de
protection et d'organisation des secours » en cas de sinistre.
· Loi n°98/005 du 14 avril 1998 portant
régime de l'eau.
Cette loi définit le régime de l'eau et
les dispositions générales relatives à la sauvegarde des
principes de gestion de l'environnement et de protection de la santé
publique. L'article 4 interdit les actes qui pourraient soit altérer la
qualité des eaux de surface, souterraines ou de la mer, soit porter
atteinte à la santé publique ainsi qu'à la faune et
à la flore aquatique ou sous-marine, soit mettre en cause le
développement économique et touristique des régions. Aux
termes de l'article 6, toute personne physique ou morale propriétaire
d'installations susceptibles d'entrainer la pollution des eaux, doit prendre
toutes mesures nécessaires pour limiter ou en supprimer les effets. Il
stipule également que toute personne qui produit ou détient des
déchets doit en assurer elle-même l'élimination ou le
recyclage, ou les faire éliminer ou recycler dans des installations
agréées et est tenue d'informer le public sur les effets de la
production, la détention, l'élimination ou le recyclage des
déchets sur l'eau, l'environnement et la santé publique ainsi que
sur les mesures de prévention ou de compensation.
57
implication à la mise en oeuvre du projet
même si on note par ailleurs des actions de la société
civile économique qui sont à prendre en compte dans la
stratégie de la gouvernance multi-niveaux. Les cas de CAMRAIL au
Cameroun et des Cabinets d'observateurs indépendants peuvent nous en
dire plus.
II - LE ROLE DEVOLU A CAMRAIL ET AUX OBSERVATEURS
INDEPENDANTS
Les acteurs du secteur privé au Cameroun ne
sont pas de simples figurants dans la réalisation du Programme. Leur
participation est nettement visible avec des opérateurs du privé
notamment, la société de transport par voie ferroviaire CAMRAIL
qui exerce les activités de cette composante (A), et à travers la
présence des observateurs indépendants dans la chaine de
passation des marchés (B).
A- LA PARTICIPATION DE CAMRAIL DANS L'EXECUTION DU
PROJET
Le Cameroun est doté d'un réseau
ferroviaire assez long. Il relie quatre régions en l'occurrence la
région du littoral capitale économique, la région de l'Est
limitrophe de la RCA, la région du Nord proche du Tchad. La
société CAMRAIL est issue de la mise en concession des chemins de
fer du Cameroun, initiée par le Gouvernement dans le cadre de son
programme de relance économique. CAMRAIL assure le transport des
personnes et des marchandises sur un réseau ferré long de 1000
km.
Dans le cadre de la mise en oeuvre du PFTT, CAMRAIL
exécute les activités du projet au même titre que les
administrations publiques qui sont concernées. A ce titre, il est
attendu que CAMRAIL procède à l'amélioration des
conditions de voyages par l'achat de nouveaux wagons, le
réaménagement du chemin de fer en vue de faciliter le transport
par voie ferrée.
Selon le dernier rapport de la mission de
contrôle de la Banque mondiale (Mdc), la composante ferroviaire
exécutée par CAMRAIL continue d'avoir une exécution
globalement satisfaisante, même si le rapport souligne le risque de ne
pas atteindre tous les objectifs de développement, en raison des retards
qui perdurent dans la mise en oeuvre du marché des travaux des
voies.
58
B - LA PARTICIPATION DES OBSERVATEURS INDEPENDANTS DANS
LA PASSATION DES MARCHES
Conformément aux procédures
élaborées par la Banque mondiale ainsi que la
règlementation nationale en matière de passation des
marchés66, il est prescrit que les commissions d'attribution
des marchés procèdent à l'évaluation des offres en
présence des observateurs indépendants.
En effet, l'Observateur indépendant (OI), est
manifestement un membre d'une organisation de la société civile
économique, très souvent un cabinet d'expertise qui est requis
conformément à la réglementation du bailleur et
l'emprunteur, pour assister aux séances de réception et
d'évaluation des offres entant qu'observateur.
Le rôle de la participation de l'OI est de
s'assurer que la sélection ou l'attribution du marché respecte
les règles de transparence et d'équité, afin qu'aucun
candidat ne soit injustement écarté ou défavorisé.
L'observateur indépendant est le garant de la transparence dans le
processus de sélection des prestataires du projet.
S'agissant du cas spécifique du Cameroun, le
rapport sur la gouvernance du projet indique qu'il n'a pas été
jusqu'à ce jour enregistré une plainte de la part d'un
soumissionnaire s'estimant lésé du fait des pratiques
anormales67.
Toutefois, c'est le lieu dire sur la base de nos
investigations au cours de cette étude que, quelques dysfonctionnements
existent dans la phase de passation des marchés en ce qui concerne la
composante Cameroun. Ceux-ci proviennent essentiellement sur :
- la maitrise approximative des procédures
applicables par la majorité des personnes désignées au
sein des sous commissions d'analyse,
- la faible coordination et du suivi des
activités des sous commissions,
- les lenteurs dans l'exécution des contrats
entrainant par le fait même la sous consommation des
crédits.
Pourtant, aux termes de l' article 27 du décret
portant création, organisation et fonctionnement des commissions de
passation des marchés publics au Cameroun, les présidents et les
membres des sous-commissions d'analyse doivent être de bonne
moralité,
66 Décret
N°2012/074 du 08 mars 2012, portant création, organisation et
fonctionnement des Commissions de passation des marchés
publics.
67 Rapport sur la gouvernance
du projet ». Éd. de juillet - décembre 2010, p
47
59
avoir une bonne maitrise des procédures et de
la règlementation des Marchés publics et disposer des
compétences techniques avérées dans le domaine
concerné (...) »68.
Il faut également noter que la gestion de la
passation des marchés et le suivi des contrats connait des insuffisances
même au niveau des Unités de gestion dans tous les trois
pays.
Les rapports d'audit interne ainsi que les
observations des missions de contrôles font tous état des retards
dans l'exécution du projet. Notre étude pense que ceux - ci sont
en partie causés par les lenteurs au niveau des sous commissions
d'analyse qui ne rendent pas à temps leur rapport d'évaluation en
l'absence d'une coordination de proximité de la part des responsables en
charge du suivi de l'exécution du projet.
Eu égard aux développements qui
précèdent et notamment le rôle joué par la
pluralité d'acteur dans l'implémentation d'une politique publique
orientée vers l'intégration de l'Afrique centrale, on peut penser
que bien que cette orchestration d'interaction s'opère dans un cadre pas
nécessairement formalisé, confirmant bien la marche vers une
gouvernance multi-niveaux dans la zone CEMAC, il y a tout de même lieu de
penser avec Marie Claude S. et Tino Raphael Toupane que, l'intervention de le
la Banque mondiale dans le processus d'intégration de la zone CEMAC est
porteuse d'un transfert idéologique qui influence le comportement
à la fois des Etats et de la CEMAC.
Cette intrusion dans les affaires privées des
Etats peut devenir compréhensible dès lors qu'on aperçoit
des insuffisances dans la mise en oeuvre du projet.
68 Décret
N°2012/074 du 08 mars 2012 portant création, organisation et
fonctionnement des commissions des passations des Marchés Publics.
Article 27.
DEUXIEME PARTIE.
LES INSUFFISANCES DANS LA MISE EN
OEUVRE ET LES
MESURES CORRECTIVES POUR UNE AMELIORATION DE
L'EXECUTION DU
PROJET
60
En abordant cette deuxième partie
consacrée aux insuffisances qui pourraient freiner le processus de
construction de l'intégration sous régionale, on peut
d'emblée dire que d'un point de vue général, l'Afrique
centrale à mal à sa gouvernance ; à son désordre
économique qui ne permet pas d'établir des politiques
convergentes. C'est dans ce contexte que Sadikou ALAO69 affirmait
mutatis mutandis : « les efforts à fournir par les
dirigeants africains en vue de la bonne exécution des marchés
publics concernent (...) la gouvernance ». A cette affirmation qui semble
à toute évidence vraie, nous ajoutons la capacité à
négocier les accords de financement avec les bailleurs de fonds
multilatéraux et l'usage des bonnes pratiques professionnelles dans la
gestion des projets lorsque les financements sont disponibles.
En effet, l'expertise de la Banque mondiale dans le
domaine des projets, et les compétences qu'on reconnait aux agents
publics affectés dans les structures de gestion n'ont pas suffit
à garantir une exécution satisfaisante des activités. Nous
soulignons tout de même des pratiques jugées bonnes, notamment la
prise en compte des résultats issus des études d'impacts
environnementaux et sociaux dans les sites touchés par les
travaux.
Nonobstant ce qui précède, il demeure
possible de relever des tares dans le processus d'exécution du projet
(Chapitre 3), auxquelles il est déterminant de suggérer un
ensemble de mesures correctives pouvant permettre l'amélioration
qualitative et quantitative des objectifs de développements poursuivis
(chapitre 4).
61
69 Sadikou ALAO,
cité dans « Actes de la table ronde préparatoire n°3 :
La bonne gouvernance : Objet et condition du financement » où il
déclare s'agissant de la passation des marchés publiques : «
(....) les carences sont aussi bien relatives aux besoins de transparence
à proprement parler qu'à la bonne gouvernance au sens stricte du
terme... »
CHAPITRE 3 : LES INSUFFISANCES DE LA STRATEGIE
DE MISE EN OEUVRE DU PROJET
62
63
64
65
La complexité de la question du
développement est si grande qu'il ne suffit pas d'élaborer une
stratégie politico-économique (gouvernance-multi-niveaux), pour
s'assurer le succès de sa mise en oeuvre ou même son
efficacité à résoudre les problèmes liés au
développement.
Le contexte historique de l'Afrique qui a
enduré un siècle de traite négrière dont l'histoire
reste à écrire et les conséquences à mesurer
(Noël, 1997), la colonisation dont les objectifs furent d'exploiter les
richesses des pays colonisés, de trouver les débouchés
pour les produits manufacturés, a fait que les soleils des
indépendances tombés sur l'Afrique comme une nuée de
sauterelles pour reprendre l'expression d'Ahmadou Kourouma (1968), n'ont pas
tenu leur promesse malgré le retour de l'autonomie
politique.
Le contexte institutionnel et culturel est aussi
à prendre en compte pour comprendre pourquoi, les politiques qui
s'appliquent et connaissent un succès en occident peinent à
inverser la tendance de la pauvreté en Afrique.
En effet, loin de nous constituer avocat
défenseur des dirigeants Africains au sujet de la misère sous
laquelle vivent les populations alors même que l'Afrique regorge les deux
tiers de la richesse mondiale ; loin de se faire disciple du
cartiérisme70 ; loin de vouloir pointer un doigt accusateur
sur le peuple Africain dans la logique du titre de l'ouvrage
célèbre de Kabou (1991) : « Et si l'Afrique refusait le
développement? », il serait peut être important de
chercher à découvrir, à comprendre avant toute prise de
position, s'il existe une conception Africaine du développement et
ensuite, faire la comparaison entre le modèle occidental de
développement qui lui est très souvent proposé et celui
propre à l' Afrique et ne choisir à la fin que celui qui
correspond à ses aspirations de croissance.
Pour ce qui concerne la zone CEMAC en
général et le PFTT en particulier, il demeure important de
souligner que les initiatives de développement ne font pas l'objet d'un
refus de la part des gouvernements ou même des populations, mais ceux-ci
connaissent plutôt des insuffisances notoires liées au
caractère non participatif des procédures applicables (section1),
ce qui pourrait justifier en partie la sous consommation des financements
disponibles (section2).
70 Discours selon lequel
seuls les dirigeants du Tiers-Monde seraient responsables de la misère
de leurs peuples.
SECTION 1 : LE CARACTERE NON PARTICIPATIF DE LA
REDACTION DES PROCEDURES APPLICABLES
L'élaboration des procédures applicables
dans les projets financés par la Banque mondiale demeure
unilatérale (I), et oblige les emprunteurs à s'engager dans une
sorte de contrat d'adhésion (II).
I - L'UNILATERALISME DE LA BANQUE MONDIALE
L'unilatéralisme de la Banque mondiale est
manifeste du point de vue de la conception de ses procédures (A), et
même en ce qui concerne leur adoption (B).
B- LA CONCEPTION ET LA REDACTION DES PROCEDURES
APPLICABLES
AU PROJET
Les crédits et dons octroyés par la
Banque mondiale pour le financement des projets dans les pays en voie de
développement poursuivent en général des objectifs qui
ressortent des raisons avouées et inavouées définis en
amont par le bailleur de fonds. Il s'agit très souvent de l' exigence de
la bonne gouvernance, de l'instauration d'un Etat de droit garantissant la
sécurité des citoyens et le respect des lois, une bonne
administration qui exige une gestion correcte et équitable des
dépenses publiques, la responsabilité et l'imputabilité
qui imposent que les dirigeants rendent compte de leurs actions devant la
population et en fin, la transparence qui permet à chaque citoyen de
disposer et d'accéder à l'information71.
Si on peut admettre l'importance de ces mesures dans
la réussite des projets macroéconomique et l'amélioration
significative des conditions de vie des citoyens, il ne demeure pas moins vrai
que la conception des procédures qui sous-tend cette idéologie
est exclusivement à l'initiative du bailleur de fonds.
En effet, les responsables de l'administration
centrale de l'institution financière depuis Washington,
conçoivent un certain nombre d'outils standards (directives), dont
l'usage est rendu obligatoire dans le cadre de la passation des marchés
et la réalisation des études. Bien ficelés, ces
instruments de procédure déterminent les contrats de fourniture
et de travaux ainsi que le recrutement de consultant pour les études et
ne font malheureusement pas partie des points de négociations au moment
des pourparlers de demande de financement. Au contraire : « (...) les pays
récipiendaires et leur société civile ne sont point
impliqués dans l'élaboration des conditions de l'aide (Hermes et
Lensink, 2001) ». Lancaster(1999), pense dans ce
71 Marie Claude Smouts :
« Du bon usage de la gouvernance en relation internationales »,
p.88
contexte que la question importante à laquelle
une réponse diligente doit être apportée de la part des
donateurs et des bénéficiaires est de savoir quand les premiers
devraient pousser à réaliser les projets et programmes et, quand
les derniers devraient le faire.
En tout cas, il n'a pas été possible de
nous rendre compte en regardant dans l'histoire contractuelle du partenaire
financier du projet objet de cette investigation que la rédaction des
procédures applicables dans le cadre des prêts devant financer les
projets élaborés par les gouvernements aient fait l'objet d'une
concertation entre le partenaire financier et les Etats ou, le groupe d'Etat
emprunteur. Pourrait-il en être autrement dans la mesure où un des
objectifs de la Banque mondiale ainsi que les autres agences de
coopération pour le développement international est de limiter
les prérogatives des Etats (Marie Claude Smouts), et de renforcer le
rôle des acteurs de la société civile.
Le regret que notre analyse exprime dans la
démarche des bailleurs de fonds est relatif à la tendance qui
consiste à vouloir réduire la marge de manoeuvre de l'Etat avec
qui ils ont bel et bien passé un contrat de crédit. Car comme le
souligne Annick Osmont : « il y a bien un contrat ici, mais celui-ci est
établit de manière extra- territoriale, entre un gouvernement
agissant dans le meilleur des cas de manière technocratique, et un
organisme multilatéral agissant au nom d'une logique de
développement exogène » 72.
C- L'ADOPTION DES PROCEDURES APPLICABLES AU PROJET
L'adoption des procédures de la Banque mondiale
est réservée à la compétence de son Conseil
d'administration. C'est ainsi que les directives pour la passation des
marchés relatifs au projet financé par le FIDA ont
été adoptées au cours de son 100ième
Conseil d'administration tenue en septembre 2010. Si cette adoption s'est faite
en présence des représentants des pays membres du conseil
d'administration, il n'est pas certain que tous les pays potentiels emprunteurs
eussent été représentés.
Dans l'une des dispositions des directives il est dit
que: « Pour les fournitures, les travaux, les services (autres que les
services de consultants) qui ne sont pas financés intégralement
ou partiellement par la Banque, mais qui sont inclus dans le cadre du projet
auquel est relatif l'accord de prêt, l'emprunteur peut suivre d'autres
règles et procédures. Dans ce cas, la Banque doit pouvoir
s'assurer que les procédures adoptées permettront
à
72 Annick Osmont : « La
"governance». Concept mou, Politique ferme », in Gouvernances. Les
Annales de la recherche urbaine n°80-81, déc. . 1998,p
25.
66
l'emprunteur d'exécuter le projet avec la
diligence et l'efficacité voulues et que les fournitures, les travaux
les services (autres que les services de consultants) à fournir seront
de qualité satisfaisante et compatibles avec le reste du projet ;
pourront être livrés ou achevés dans les délais
voulus ; et sont proposés à un prix qui ne compromet pas la
viabilité économique et financière du projet
»73.
On observe donc que la BM même en admettant
l'application partielle d'autres procédures pour un projet auquel il est
intervenant, exige d'avoir un droit de regard et de suivi sur les
activités qui ne relèvent pas de son financement. Au-delà
du souci d'efficacité, on peut y voire une velléité
d'hégémonie.
La disposition ci-dessus soulève la
problématique relative à la considération que le bailleur
de fonds accorde aux Etats emprunteurs. Pour notre part, l'analyse à
laquelle nous force la réflexion pense que les institutions de
financement ainsi que les personnes qui les incarnent n'accordent pas assez de
considération aux Etats emprunteurs quant à leur sérieux
ou même leur capacité à conduire à terme les projets
de développement. Cette situation en définitive donne raison
à René Dumont et Marie France Mottin quand ils dénoncent
le paternalisme occidental vis-à-vis de l'Afrique : « Toutes nos
approches européennes du « sous-développement »
reflètent un certain paternalisme, un certain mépris de
l'Africain (...). Nous l'avons trop facilement persuadé qu'il
était incapable d'élaborer son modèle de
développement adapté à son milieu, sa situation
économique, ses traditions, ses valeurs. Au lieu de cela, le voici qui
se précipite, parfois pour oublier ses angoisses dans nos avions qui lui
permettent de parcourir le monde ; dans nos autos, qui lui donnent l'illusion
d'une puissance quasi illimitée. Le voici engagé sans y avoir
réfléchi dans « notre » développement...
»74.
On voudrait bien croire à l'incapacité
des gouvernements de la CEMAC à conduire efficacement les projets, mais
on ne peut nier que : « Dans toute aventure humaine, malgré les
calculs et les dispositifs, malgré les précautions prises,
demeure un taux incompressible d'erreurs et d'échecs ; l'aventure du
développement ne pouvait, pas plus qu'une autre, éviter tous les
échecs. » (Solages).
La réalité du sous- développement
est têtue ( Salmon, 2002) et les défis du 21ème
siècle auxquels les peuples de l'opulence et de la pauvreté
devront faire face sont multiples : la question démographique, le gap
riches - pauvres et l'écart pays riches - pays pauvres, les revers d'une
mondialisation à deux vitesses, les problèmes de l'eau, de
l'énergie, de la santé,
73 Directives passation des
marchés, de fournitures de travaux et de services (autres que ceux du
consultants), janvier 2011.
74 René Dumont, Marie-France Mottin :
« L'Afrique étranglée » éd. Du Seuil, 1980 et
1982, pp36-37.
67
d'écologie, du développement
imprévisible des technologies et de l'urbanisation à
outrance75, tout cela nécessite une approche à la fois
sectorielle et holistique du développement en Afrique.
II - LE PRINCIPE DE L'ADHESION OBLIGATOIRE AUX ACCORDS
DE
FINANCEMENT
Pour comprendre le principe d'adhésion
obligatoire aux accords de financement octroyés par les partenaires
financiers, il convient d'abord d'expliciter la notion même de contrat
d'adhésion (A), afin de mesurer l'impact que ceux-ci peuvent avoir sur
l'exécution harmonieuse du projet (B).
A- LA NOTION DE CONTRAT D'ADHESION
Dans la conception classique libérale, le
contrat est censé être de deux parties égales en droit, et
qui discutent librement du contenu de leur accord : c'est le contrat de
gré-à gré. Or la pratique moderne montre que le contrat
d'adhésion est l'aeuvre exclusive de l'une des parties
généralement plus puissante économiquement que l'autre.
Cette dernière peut seulement adhérer ou non à un ensemble
de clauses comme ce qui se passe avec les emprunteurs de la Banque mondiale et
les autres agences de coopération au développement
international.
Un contrat d'adhésion est un contrat dont le
contenu contractuel a été fixé, totalement ou
partiellement, de façon abstraite et général avant la
période contractuelle.
Dans un contrat d'adhésion du type qui semble
en vigueur au PFTT, les clauses sont rédigées à l'avance.
L'accord des contractants n'est plus que la condition d'application des
clauses. Georges Berlioz dans son ouvrage : « Contrat d'adhésion
», considère les contrats bancaires comme le domaine
d'élection des contrats d'adhésion. Selon cet auteur, ceux-ci
sont établis sur les formules préétablies par la Banque,
à des conditions que cette dernière, sauf dans les cas
d'opérations extrêmement importantes, n'accepte pas de
discuter.
En effet, au regard de ce qui précède,
on pense que les gouvernements de la CEMAC n'ont pas eu l'opportunité de
discuter de tous les aspects qui entrent dans l'accord de financement
signé avec la Banque mondiale. La pratique des contrats
d'adhésion étant
75 Lavagnon A.IKA : «
La gestion des projets d'aide au développement : historique, bilan et
perspective », 2005, p 131.
68
courante dans les établissements bancaires, la
Banque mondiale quoi qu'elle face, est et demeure une institution bancaire et
en tant que telle exerce des pratiques propre aux banques, qui malheureusement
ne s'accommodent pas de l'exigence d'une stratégie de gouvernance
multi-niveaux, relativement au souci d'égalité entre acteurs
souhaité par Marie Claude Smouts dans « Du bon usage de la
gouvernance ».
B - LES CONSEQUENCES SUR LES PROJETS DE
DEVELOPPEMENT
Les conséquences inhérentes à
l'unilatéralisme dans l'élaboration des procédures ainsi
que le principe de l'adhésion obligatoire aux accords de financement
sont diverses et variées.
Il s'agit par exemple de la cohabitation des normes
juridiques, mieux encore de la juxtaposition des procédures juridiques
d'une part, celles de l'Etat emprunteur, et d'autre part, celles du bailleur de
fonds pour gérer un même projet. De ce fait on observe dans la
pratique que les Unités d'exécution appliquent très
souvent et par mimétisme les directives de la Banque mondiale. Une fois
confrontée à une difficulté de compréhension d'une
disposition de ces dernières, l'interprétation qui est
donnée relève de la pratique nationale.
Un autre aspect remarquable est la rédaction
des notes administratives. Il n'est pas rare de constater que la
présentation d'un certain modèle type de rapport ou de
procès-verbal ne correspond pas toujours aux techniques de
rédaction administrative pratiquées dans l'administration des
gouvernements bénéficiaires du financement. Cet état de
chose conduit inéluctablement à la production des documents de
qualité discutable, empêchant ainsi les agents d'exprimer
librement leur connaissance dans le rendu des rapports en raison de l'exigence
du respect des modèles types, et les spécialistes des
procédures du bailleur au sein du projet veillent à ceux que
ceux-ci soient respectés.
Il convient dans le même ordre d'idées de
signaler que, la maitrise approximative des procédures du bailleur de
fonds porte un risque sérieux dans la bonne exécution du projet.
Si l'on se réfère à l'exemple du Cameroun, la
majorité des personnes désignées membre de la Sous -
commission d'analyse (SCA) n'ont pas suffisamment connaissance des
procédures contractuelles de la Banque mondiale. Le renvoi
régulier des rapports des SCA le démontre
suffisamment.
Eu égard à ce qui précède,
on peut penser qu'il s'agit là en partie des sources, mieux encore des
manquements qui induisent la sous- consommation des financements.
69
SECTION 2 : LA SOUS CONSOMMATION DES CREDITS DU
PROJET
Un des constats majeur qui ressort des missions de
contrôle effectuées par les équipes de supervision de la
Banque mondiale, ainsi que la commission de coordination sous régionale
de l'exécution du projet concerne les retards accusés dans la
réalisation des activités. Ces retards pourraient dans une
certaine mesure justifier la sous- consommation des crédits que certains
analystes mettent au compte de la densité des procédures (I) : ce
sont les causes exogènes, de même que les faiblesses liées
au cadre institutionnel et la qualité de la gouvernance dans les pays de
la CEMAC ne sont pas à exclure des maux qui freineraient
l'évolution satisfaisante du projet (II) : ce sont les causes
endogènes.
I - LES CAUSES EXOGENES
Parmi les causes exogènes qui entraînent
la sous consommation des crédits, on peut citer en premier la
densité des procédures (A), ce à quoi il faut ajouter le
démarrage tardif des séminaires de renforcement des
capacités du personnel qui aurait permis leur appropriation en temps
utile (B).
A- LA DENSITE DES DOCUMENTS CONTRACTUELS
La Banque mondiale publie une panoplie de documents
contractuels (les directives, les documents types) pour la passation des
marchés de fournitures ou de travaux d'une part, et pour l'emploi des
consultants d'autre part qui donnent aux responsables de projets et aux
services financiers, toute la démarche à suivre pour la passation
des marchés ou le recrutement de consultant et même les conditions
de paiement des prestations. Elle tient au respect de ces normes
destinées à garantir la transparence ainsi qu'une égale
opportunité de tous les soumissionnaires, de tous les fabricants
satisfaisant aux critères d'origine, de conformité et de
capacité financière ou de spécification technique selon le
cas.
Dans un contexte Africain où la lecture n'est
pas la chose la mieux partagée76, la densité de ces
documents contractuels ne va pas toujours dans le sens de faciliter leur
compréhension ou même leur appropriation par le personnel. Si l'on
s'intéresse un temps soit
76 Un adage bien connu au
Cameroun dit : « Si tu veux cacher quelque chose à un Camerounais,
consigne le dans un livre ».
70
peu aux directives 2011 qui régissent la
passation des marchés de travaux et fournitures autres que les services
d'un consultant, on se rend compte que celles-ci abordent :
- à l'introduction les questions relatives aux
considérations générales, le champ d'application, les
conflits d'intérêts, les critères
d'éligibilités, la passation anticipé des marchés
et le financement rétroactif, les groupements d'entreprises, le
contrôle effectué par la Banque, la passation non conforme aux
directives, les mentions de la Banque, la fraude et la corruption,
- Une partie qui dresse une panoplie d'instruction sur
le Dossier d'appel d'offres ouvert international (AOI), concerne la nature des
différents marchés, la soumission en deux étapes, la
pré-qualification des candidats, l'utilisation des noms de marques....
;
- Une autre partie relative à l'ouverture des
plis détaille entre autre, l'évaluation et l'attribution des
marchés, les procédures modifiées d'AOI,
l'éclaircissement et modification à apporter aux offres,
l'évaluation et la comparaison des offres, la préférence
en faveur du pays de l'emprunteur, la vérification a posteriori, le
débriefing par l'emprunteur etc ;
- les autres méthodes de passation de
marchés qui traitent de l'appel d'offres international restreint,
l'appel d'offres national, la consultation des fournisseurs, les accords
cadres, l'entente directe...
En effet, l'environnement socioprofessionnel de
l'Afrique centrale ou s'exécute le projet voudrait qu'on tienne compte
d'abord de la tranche d'âge d'agent public qui est très souvent
choisie, soit disant en raison de leur compétence pour travailler dans
les projets. Il s'agit généralement des personnes qui totalisent
une longue ancienneté dans l'administration et qui ont des
responsabilités professionnelles, familiales et politiques
considérables. Ces responsabilités ne leur permettent pas
toujours de se donner suffisamment à la tache contrairement aux agents
publics plus jeunes, disponibles, mais qui n'ont pas l'opportunité
d'accéder aux postes de responsabilité en raison des avantages
importants qui sont offerts aux titulaires desdits postes malgré leur
disponibilité et leur volonté à donner le meilleur qu'ils
peuvent.
En l'absence d'une coordination efficace, une
procédure dense devient rébarbative pour celui qui ne dispose pas
assez de temps (Ingénieurs de projet, Point focaux), de telle sorte que
le rendement à la fin n'est pas toujours satisfaisant comme on peut le
voire au niveau du PFTT.
71
B - LE RENFORCEMENT TARDIF DES CAPACITES DU PERSONNELS
DES EQUIPES DE PROJET
Il nous a été donné de constater
au cours de nos investigations sur la mise en oeuvre du PFTT que, la question
du renforcement des capacités n'a pas été un
préalable ou une conditionnalité du démarrage du projet.
On comprend donc pourquoi il est prévu que l'emprunteur procède
au recrutement d'un spécialiste en passation des marchés au tout
début du projet, comme si sa seule présence parmi la
majorité du personnel ne maitrisant pas les procédures suffirait
à baliser le chemin du succès.
Quand on connait le coût de
rémunération d'un spécialiste recruté dans le cadre
du contrat à durée déterminé (CDD), dans un projet,
on voudrait croire qu'une formation de mise à niveau des agents publics
serait moins couteuse à l'emprunteur et pourrait contribuer à
réaliser des économies sur l'enveloppe du financement. En leur
qualité d'agent permanent dans l'administration, les connaissances
acquises pourraient encore profiter à l'Etat dans d'autres projets
à l'avenir plus tôt que de s'attacher les services d'un
spécialiste temporaire qui coûte très souvent quatre ou
cinq fois plus cher que la rémunération du
fonctionnaire.
Au lieu donc de commencer par le renforcement des
capacités, les bailleurs de fonds ont prescrit pour le démarrage
du projet le recrutement d'un spécialiste en passation des
marchés financés par le partenaire financier. Ce n'est qu'en
cours de projet et dans le cadre du budget alloué au plan de formation
que les personnels affectés dans les équipes projet ont pu
accéder aux stages, ateliers et séminaires de renforcement des
capacités.
En tenant compte des retards dans le démarrage
des activités pour des raisons de satisfaction des
conditionnalités du bailleur, il se trouve qu'une période assez
importante s'est écoulée après le lancement du projet,
sans que personne n'ait bénéficié d'un renforcement de
capacité. Comme le souligne certains auteurs sur la problématique
du développement en Afrique, les problèmes de gestion des projets
(...) dans les pays en développement sont nombreux, qui expliquent le
taux d'échec élevé des projets de développement
(Rondinelli, 1976; Youker, 1992 et 1999). La conception de ces projets pose
d'énormes difficultés et fait l'objet de
critique77.
Nonobstant ces critiques que l'on formule à
l'endroit des bailleurs de fonds pour le rôle joué dans
l'émergence du projet et l'élaboration des procédures, il
ne faut pas perdre de vue les nombreux obstacles à caractère
endogène auxquels est confrontée la mise en oeuvre du
77 Lavagnon A.IKA : « La gestion des
projets d'aide au développement : historique, bilan et perspective
», 2005. Revue : Perspective Afrique Vol. 1, no. 2, 2005,
143.
72
projet de développement en Afrique en
général, et celui qui porte sur la facilitation du transport et
du transit en zone CEMAC en particulier.
II - LES CAUSES ENDOGENES : LE CADRE INSTITUTIONNEL ET
LA
QUALITE DE LA GOUVERNANCE
L'analyse des causes endogènes de sous
consommation des crédits de financement mis à disposition dans le
cadre du PFTT, ne peut ignorer les faiblesses qui seraient dues à
l'environnement institutionnel dans lequel il se déploie (A), et
même à la qualité de la gouvernance pratiquée dans
les pays de la sous région CEMAC (B).
A- LE CADRE INSTITUTIONNEL
Les pays de l'Afrique subsaharienne en
général, et ceux de la zone CEMAC en particulier totalisent en
moyenne cinquante années d'indépendance. Cet âge peut
paraitre relativement jeune si on le compare à celui des pays
occidentaux qui comptent des siècles de civilisation.
De ce point de vue, on peut admettre comme le souligne
Lavagnon A.IKA, que les institutions sont vulnérables au
clientélisme, à la gabegie, à la corruption, au clanisme
et au népotisme. Le secteur privé est peu développé
compte tenu de l'absence de la thésaurisation et de la faiblesse des
capacités de capitalisation.
Cependant ces tares décriées
relèvent d'une époque certes récente en Afrique, mais de
en plus dépassée. De nos jours, il n'est plus courant de
rencontrer de tels agissements en ce qui concerne particulièrement la
mise en oeuvre du PFTT en raison des influences comportementales issues du
transfert des pratiques du bailleur à l'emprunteur. On note par contre
dans la gestion du projet des difficultés relatives à une
concentration du pouvoir au niveau des Maitres d'ouvrages et un
bicéphalisme managérial qui s'observe dans le fonctionnement des
Cellules de suivi de l'exécution du projet avec tantôt une
approche fonctionnelle du type autonome, tantôt une approche
fonctionnelle du type centralisé, ce qui ne semble pas favoriser la
réalisation efficace et efficiente du projet. Il se pose donc un
problème à prendre au sérieux relatif au cadre organique
et fonctionnel du projet.
Dans ce sens Lavagnon A.IKA dans : « La gestion
des projets d'aide au développement : historique, bilan et perspective
», en se référant aux évaluations menées par
la Banque mondiale, fait retenir avec Youker (1999), les problèmes
ci-après que nous
73
réaffirmons la pertinence s'agissant du Projet de
facilitation du transport et du transit en zone
CEMAC. Il s'agit entre autre :
- du manque de consensus sur les objectifs entre les
parties prenantes et l'équipe de
gestion de projet;
- d'une détermination insuffisante des parties
prenantes;
- de l'absence de planification opérationnelle
détaillée lot par lot;
- d'un flou dans la chaîne d'autorité, les
coordonnateurs de projets n'étant pas assez
autonomes des institutions et de la hiérarchie
institutionnelle locale;
- de la rareté des ressources humaines et
matérielles;
- du faible niveau de « feedback » et l'absence
de mécanismes de contrôle et de
détection des problèmes;
- d'une analyse des risques insuffisante et l'absence de
mesures de contingence;
- d'une bureaucratie administrative nationale tatillonne
et des processus de gestion de
projet codifiés par le bailleur de fonds qui
ralentissent l'exécution des tâches.
Par ailleurs, l'analyse du modèle
opérationnel de la gouvernance est aussi importante
pour comprendre, si les pratiques démocratiques en
vigueur dans les pays impliqués au projet
favorisent l'atteinte des objectifs poursuivis dans la
zone CEMAC.
B- LA QUALITE DE LA GOUVERNANCE AU SEIN DES PAYS
BENEFICIAIRES
Pour les pays membre de l'OCDE, il est de plus en plus
manifeste que l'adoption des systèmes politiques ouverts,
démocratiques, le respect des droits de l'homme déterminent de
manière vitale les possibilités de parvenir à un
développement économique et social durable.
C'est pourquoi la Banque mondiale exige que les pays
demandeurs de financement améliorent leur qualité de gouvernance
en adoptant des lois qui permettent de rendre une justice équitable, en
ayant des pratiques managériales qui soient transparentes avec un
accès facile à l'information, et que les droits de l'homme soient
respectés.
Au regard de ces exigences qui pour la Banque mondiale
et l'ensemble des pays membres de l'OCDE, revêtent une importance pour
parvenir à une croissance économique soutenable, il est difficile
de comprendre comment les pays de la sous région CEMAC parviennent
à obtenir des financements alors même que la réunion de ces
exigences n'est pas certaine si on se réfère à des
évènements d'atteinte aux droits de l'homme, au non respect des
principes démocratiques visibles dans ces pays.
En effet, au Tchad comme en RCA, et au Cameroun, il
subsiste soit, l'instabilité politique, soit des atteintes aux
libertés publiques ce qui ne garantit pas les conditions d'une bonne
gouvernance. Les journalistes continuent d'être emprisonnés pour
leur opinion et au pire des cas assassinés78. La notion de la
démocratie79 sort de son champ de compréhension
universelle et s'africanise avec des gouvernements qui durent des
décennies au pouvoir80 , alors qu'un critère majeur de
la démocratie est l'alternance. La justice est soupçonnée
d'être corrompue et de subir l'influence du politique ce qui la
décrédibilise au niveau des populations qui de plus en plus
recourent à une justice dite populaire.
Quoi qu'il en soit, il est urgent dans la poursuite de
l'objectif de réaliser l'intégration de la zone CEMAC,
d'éviter de s'enliser dans un pessimisme qui serait alimenté par
les lacunes ci-dessus citées. Il est plutôt convenable de rester
optimiste et de retenir avec Lavagnon A.Ika (2005), que : « La bonne
gestion de projet est prometteuse pour les pays en développement comme
d'ailleurs Stuckenbruck et Zomoroodian (1987) vont en vanter les mérites
et les avantages, même s'ils reconnaissent que la gestion de projet n'est
pas une panacée ».
La gouvernance multi-niveaux en construction dans la
zone CEMAC ne pouvait pas échapper aux imperfections qui sont
caractérielles de l'aeuvre humaine. Cependant des efforts doivent
être faits pour améliorer qualitativement les actions à
mener en vue de parvenir à l'atteinte des objectifs visés par le
projet, en occurrence, une Afrique centrale économiquement
intégrée.
74
78 BIBI NGOTA directeur de
publication d'un organe de presse est décédé pendant sa
détention préventive à la prison centrale de kondengui. Le
directeur de rédaction du quotidien « Le Jour » quant à
lui a été retrouvé assassiné à son
domicile.
79 Abraham Lincoln
définit la démocratie comme le pouvoir du peuple par le peuple et
pour le peuple.
80 Le président Paul
Biya du Cameroun a atteint trente ans à la tête de l'Etat le O6
novembre 2012.
75
CHAPAPITRE 4 : LES MESURES CORRECTIVES
AUX
INSUFFISANCES DE LA STRATEGIE DE MISE EN OEUVRE
DU PROJET
76
La Conférence des nations unies sur
l'environnement et le développement durable (CNUCED), tenue à Rio
de Janeiro en 1992 a défini les principes fondamentaux et le programme
d'action permettant d'assurer un développement durable81. On
peut évoquer à titre illustratif la bonne gouvernance et mieux
encore la bonne gouvernance multi-niveaux comme élément capital
au développement par l'adoption des politiques environnementales,
sociales et économiques bien conçues.
Concernant le PFTT, nous voulons être
persuadé dans notre analyse que la recherche des solutions devant
permettre de remédier aux difficultés relevées dans la
stratégie de mise en oeuvre passent globalement par une approche
intégrée du projet prenant en considération tous les
risques, et, associant toutes les parties y compris le contexte culturel,
interculturel et l'environnement institutionnel du projet.
En nous intéressant spécifiquement aux
faiblesses qui ont été mis en exergue dans cette étude, on
peut envisager des alternatives à deux niveaux : du point de vue de la
participation à l'élaboration des procédures applicables
(section I), et relativement à l'optimisation des mesures incitatives
à la consommation des crédits (MICD), en d'autres termes la
simplification des procédures du bailleur (section II).
SECTION 1: LA PARTICIPATION A L'ELABORATION DES
PROCEDURES
Comme le souligne Lavagnon A.IKA, le propre d'une
théorie du développement économique, c'est d'apporter des
réponses à des questions sur le développement, dans une
perspective historique. Dans ce sens on peut penser qu'au lieu de s'enfermer
dans une démarche unilatérale d'élaboration des
procédures qui ne rend pas facilite l'atteinte des objectifs du projet,
il est plutôt déterminant pour une action efficace d'envisager
dans l'avenir des concertations multilatérales en vue de la
participation des pays emprunteurs à l'élaboration des
procédures applicables à défaut d'appliquer celles qui
existent déjà chez l'emprunteur (I), et de trouver ensuite des
mécanismes qui simplifient et motivent leur appropriation par le
personnels des équipes projet (II).
81 Rapport de la
conférence des Nations Unies sur l'environnement et le
développement, Rio de Janeiro du 3 au 14 juin 1992.
77
I- L'ORGANISATION DES CONCERTATIONS MULTILATERALES SUR
L'ELABORATION DES PROCEDURES APPLICABLES AU MOMENT DE L'EMERGENCE DU PROJET
La tenue des concertations multilatérales en
vue de l'élaboration des procédures applicables lors de
l'émergence du projet peut se faire au niveau international par la
participation des représentants diplomatiques des pays demandeurs au
sein des instances d'élaboration et d'adoption des procédures
(A), et au niveau national par la convocation des réunions d'information
(B).
A- LA PARTICIPATION DES REPRESENTATIONS DIPLOMATIQUES
DANS L'ELABORATION DES PROCEDURES
Les missions et représentations diplomatiques
des pays qui sont installées à Washington, siège des
institutions financières telle que la Banque mondiale doivent pouvoir
être invitées aux travaux visant l'élaboration des
procédures applicables dans le cadre des marchés financés
par la Banque notamment l'IDA, qui accorde des crédits aux pays envoies
de développement. La participation des pays cibles à ces
réunions de haut niveau peut contribuer à prendre en compte des
paramètres culturels, sociologiques et même institutionnels qui ne
sont pas facilement perceptibles dans la démarche actuelle
d'édiction des procédures par les experts de la Banque au
siège.
On peut comprendre que la Banque mondiale comme toute
institution bancaire pratique des contrats d'adhésion, mais en raison du
caractère international et de l'objectif de développement qui
transparait dans les contraintes de développement que le pays
emprunteurs voudraient lever par la réalisation du projet objet du
financement, une démarche concertée privilégiant
l'atteinte des objectifs est nécessaire et doit aller jusqu'à
l'organisation des réunions d'explication en vue du lancement du
projet.
B- L'ORGANISATION DES REUNIONS DE LANCEMENT (KICK OFF
MEETING)
L'organisation des réunions
préparatoires au lancement du projet peuvent aider les gouvernements
ainsi que toutes les parties prenantes à mieux comprendre
l'environnement d'exécution de celui-ci. Cette démarche à
l'avantage de ne pas laisser l'administration sous le seul éclairage du
spécialiste en passation des marchés recruté à cet
effet, dans la mesure où au
78
démarrage du projet, un rapport de totale
confiance n'est pas encore effectif avec ce dernier du fait de sa non
appartenance habituel au service.
Les réunions de lancement orientées vers
l'explication des procédures du bailleur en présence du maitre
d'ouvrage et de toute l'équipe du suivi de l'exécution peuvent
donner l'occasion d'attirer l'attention de chaque intervenant sur les risques
d'échec éventuel du projet, les responsabilité des uns et
des autres sur la marche de celui-ci, ainsi que toute autre information utile
en relation avec à la chaine de passation des marchés sur
laquelle repose en partie les causes de sous consommation de
crédit.
II - LA SIMPLIFICATION DES PROCEDURES CONTRACTUELLES
La simplification des procédures applicables
dans le cadre du financement des initiatives de développement en faveur
des pays Africains par les Agences de coopération au
développement (ACD) en général, et la Banque mondiale en
particulier en ce qui concerne le PFTT sous-entends, l'application des
procédures nationales (A), et la reconnaissance d'une valeur
intrinsèque aux peuples et dirigeants Africains de la zone CEMAC (
B).
A- LA SIMPLIFICATION DES DIRECTIVES PAR L'APPLICATION
DES PROCEDURES NATIONALES
Les législateurs des trois pays
bénéficiaires du financement ont chacun en ce qui le concerne
pris des actes (loi, décret) organisant la gestion de la commande
publique dans leur Etat.
Au Tchad on a par exemple : le décret
N°503/PM/SGG/2003 du 05 /12/2003,
En RCA la loi : N°08/17 du 06 juin 2008 portant
Code de marchés publics et délégations de service
public.
Au Cameroun : le décret n°2004/275 du 24
septembre 2004 portant code des marchés publics complété
par le décret N°2012/074 portant création, organisation et
fonctionnement des commissions de passation des marchés
publics.
L'argument majeur qui plaide en faveur de la
simplification des procédures édictées dans les directives
des bailleurs de fonds au profit de la législation nationale est d'ordre
pratique, et se base sur le fait que, les normes régissant la commande
publique de tous ces pays s'appliquent également aux financements
extérieurs sauf pour des clauses qui sont contradictoires. Ce principe
de droit qui consacre la prégnance du droit international sur
le
79
droit interne est manifeste dans les textes normatifs
en matière de gestion de la commande publique dans tous les Etats partie
prenante au projet.
Aussi, les dispositions du code des marchés du
Cameroun et même ceux des autres Etats stipulent que, le code des
marchés publics s'applique à tout marché public
financé ou cofinancé par le budget de l'Etat, sur fonds d'aide
extérieur, bilatérale ou multilatérale, sur emprunt
avalisé par l'Etat, par le budget d'un établissement public ou
d'une entreprise publique ou para publique ou d'une collectivité
territoriale décentralisée. Il ressort dans les autres
dispositions de ce texte que, ce n'est qu'en cas de contradiction que les
dispositions du traité ou de l'accord de financement s'appliquent.
Malheureusement, on constate que les réglementations nationales sont
reconnues et acceptées en théorie même dans les directives
du bailleur, mais dans la pratique, il est chaque fois fait
référence aux procédures du partenaire financier
même quand il n'y a pas manifestement de contradiction ce qui donne
l'impression qu'il est mis en exergue les procédures du bailleur au
détriment de la règlementation nationale.
B- LA RECONNAISSANCE DES POTENTIALITES DES AFRICAINS A
SE
DEVELOPPER
En parlant de la reconnaissance des
potentialités des dirigeants Africains et leur peuple à conduire
le changement, en d'autres termes à se développer, il est
question d'insister sur le fait que les bailleurs de fonds ne doivent pas avoir
une attitude qui laisse croire que les lois des pays
bénéficiaires du financement sont mauvaises et que seules les
leurs sont exempt de critiques ou d'insuffisances.
Même dans le contexte de corruption
généralisé de nos Etats, il n'en demeure pas moins vrai
qu'il existe au sein de ceux-ci, des instruments juridiques performants pour
assurer la transparennce et la bonne gestion des biens publics. C'est
plutôt leur applicabilité qui demeure un grand souci. Adopter
comme prioritaire l'application des procédures et pratiques du bailleur
de fonds au détriment de la procédure nationale ne constitue rien
d'autre comme le pense Marie Claude Smout, qu'un transfert idéologique
qui viserait à influencer la capacité Africaine à imaginer
les solutions à ses problèmes de développement. Car les
directives de passations des marchés, les modèles types de
rapport de contrat dictés par les bailleurs de fonds apparaissent comme
des médicaments pré- prescrits avant de procéder à
un diagnostic du patient. C'est l'une des raisons pour la quelle face aux
difficultés (maitrise des procédures,
80
retard dans le calendrier des activités),
auxquelles sont confrontés les personnels en charge de
l'exécution du projet, des mesures incitatives devraient être
envisagées.
SECTION 2 : L'ADOPTION DES MESURES INCITATIVES A
LA
CONSOMMATION DES CREDITS
Afin de parvenir à une utilisation optimale des
ressources du financement du projet, les Maîtres d'ouvrages peuvent en ce
qui les concerne prendre plusieurs mesures incitatives en direction des agents
et des entrepreneurs pour accroitre la consommation des
financements.
Parmi ces mesures on évoque la signature des
contrats de performance avec le personnel de l'équipe de projet (I), et
la professionnalisation de la gestion du projet par l'utilisation des outils
consécutifs, autrement dit, le déploiement d'un personnel bien
formé en matière d'exécution des projets financés
par les bailleurs internationaux (II).
I- LA SIGNATURE DES CONTRATS DE PERFORMANCE
En évoquant l'importance de la signature des
contrats de performance en vue de l'amélioration quantitative de la
consommation des ressources qui constituent un indicateur d'appréciation
du niveau d'avancement et de satisfaction de l'exécution du projet, il
nous semble utile dans un premier temps de clarifier la notion même de
contrat de performance (A), et ensuite, identifier d'autres indicateurs qui
pourraient favoriser l'amélioration qualitative de l'exécution du
projet notamment, les services et ou personnels qui pourraient être
concernés par la signature desdits contrats (B).
A- LA NOTION DE CONTRAT DE PERFORMANCE
Par contrat de performance (CP), nous entendons une
situation contractuelle dans laquelle un personnel recruté et
rémunéré pour une activité est à nouveau
invité à passer un autre engagement du type gagnant- gagnant avec
son employeur, moyennant une prime financière, une récompense
professionnelle (lettre de félicitation, admission en stage,
médaille), lorsque ce dernier a atteint les objectifs qui lui sont
assignés dans les délais de référence.
81
Le contrat de performance suppose donc la
détermination claire et nette des activités, des objectifs d'une
part, et, d'autre part, des indicateurs qui permettent d'apprécier que
les objectifs ont été réalisés ou non. Il permet de
mettre chaque agent devant ses responsabilités. Le contrat de
performance en plus de l'efficacité qui est recherchée cultive
des bonnes pratiques chez l'agent. Il y a dans le CP une dimension
d'éthique professionnelle qui doit guider l'agent à accomplir son
travail dans le strict respect de la règlementation en vigueur. Les CP
ont été expérimentés dans plusieurs projets y
compris dans l'administration. Au Cameroun dans le cadre du plan de
modernisation de l'administration des Douanes, les contrats de performances ont
été signés avec les agents et certains opérateurs
du secteur privé. Ils ont permis en très peu de temps de
réduire les délais de traitement des dossiers, de réduire
les cas de corruption et d'améliorer sensiblement les
recettes82.
De ce qui précède, il y a lieu de penser
qu'une stratégie d'exécution du projet basée sur les
contrats de performance avec les agents, les consultants et les fournisseurs
est possible et peut permettre in fine d'atteindre efficacement les objectifs.
Mais il faudra compter avec un personnel bien formé maitrisant les
procédures de passation des marchés et les outils de gestion des
contrats.
B - SERVICE ET PERSONNEL POUVANT ETRE CONCERNES PAR LA
SIGNATURE DES CONTRATS DE PERFORMANCE
Le mode de fonctionnement des unités
d'exécution et de suivi du projet est presque le même au niveau
des trois Etats bénéficiaires du financement de la Banque
mondiale. En tous cas, et quel qu'en soit l'organisation interne dans chaque
pays, on retrouve prioritairement un service de la passation des marchés
et du suivi des contrats, les ingénieurs de projets auxquels il faut
adjoindre les points focaux des administrations.
Le service de la passation des marchés est un
service transversal entre les différents services que l'on peut
retrouver dans l'organisation et le fonctionnement des cellules de gestion du
projet. Pour cette raison, le service de la passation des marchés
constitue un maillon essentiel dans le processus de réalisation efficace
du projet.
La signature d'un contrat de performance avec ledit
service peut impacter positivement le degré d'avancement du
projet.
82 Thomas Cantens, Gaël Raballand, Nicholas
Strychacz et Tchapa Tchouawou : Réforme des douanes africaines : Les
résultats des contrats de performance au Cameroun, Janvier
2011.
82
Quant au personnel, les Ingénieurs de projets,
les Points focaux ainsi que les fournisseurs, les consultants sont dans la plus
part des cas, ceux qui déclenchent le démarrage des
activités. Les inciter à la célérité dans le
traitement des dossiers qui leur sont confiés au moyen de contrat de
performance ou la contrepartie peut être une prime financière, un
bonus, une lettre de félicitation, une promotion, une admission à
un stage professionnel, sont autant de mesures à entreprendre pour
éviter que les fonds qui ont été mobilisés pour un
objectif précis de développement se perdent et dissuade par
ricochet le bailleur de fonds à consentir d'autres crédits dans
l'avenir. C'est aussi pour cela que, le professionnalisme doit être
érigé en règle au sein des unités en charge de la
gestion du projet de facilitation du transport et du transit en zone
CEMAC.
II - LA PROFESSIONNALISATION DE LA GESTION DU PROJET
La professionnalisation de la gestion du Projet doit
aider à accélérer le processus d'intégration de la
zone CEMAC en favorisant l'amélioration qualitative des
résultats. Aussi elle nécessite globalement un bon management de
toutes les ressources et spécifiquement la maitrise des grands principes
de la passation des marchés (A), et la connaissance des techniques et
outils de gestion des contrats de travaux, de consultants ou de fourniture (B),
que la majorité des intervenants dans le projet en examen ne donne pas
l'impression d'avoir suffisamment la compétence.
A- MAITRISE DES GRANDS PRINCIPES DE LA PASSATION DES
MARCHES
Parmi les grands principes directeurs de la passation
des marchés qu'il convient de mettre en exergue afin de parvenir
à une exécution efficace et efficiente du projet, on peut retenir
ceux qui ressortent de la documentation contractuelle, et ceux qui sont
tirés de l'expérience des praticiens, spécialistes de
l'exécution des marchés financés par les bailleurs de
fonds.
Concernant les principes issus des textes qui fondent
le cadre légal (documents de procédure), il n'est pas inutile
d'admettre et garder présent à l'esprit que :
- La mobilisation des ressources financières et
humaines est capitale, car il n'y a pas de marché sans argent ou de
projet sans personnel ;
83
- La planification de toutes les activités avec
l'élaboration d'une matrice de responsabilité et de
compétence est indispensable pour un meilleur suivi de
l'exécution des taches ;
- Le respect du cadre légal (documents
contractuels ...) est fondamental et l'inobservation entraine
inéluctablement un dysfonctionnement qui peut rendre non conforme la
passation d'un marché ;
- La transparence, crédibilise le processus de
passation de marché tandis que, la publicité permet une
participation large du secteur privé ;
- L'obligation de rendre compte est nécessaire
non seulement pour s'assurer que les procédures sont respectées,
mais également permettre à l'autorité compétente de
solutionner les difficultés qui se seraient posées ou, qui
freinent l'avancement du projet ;
Quant aux leçons tirées de
l'expérience des spécialistes du domaine de la passation des
marchés que nous avons rencontré au cours de nos entretiens, il
en ressort ce qui suit :
- Les délais de passation des marchés ne
sont pas compressibles. Cela suppose qu'aucune urgence, aucune décision
politique ne doit modifier les termes d'un contrat déjà
entré en vigueur au risque d'enfreindre les règles
établies. Pour cette raison, celui qui est en charge de
l'exécution du projet doit entreprendre ses activités dans le
temps utile qui lui évite des situations d'urgence.
- La complicité du maitre d'ouvrage ou son
représentant avec l'entrepreneur, le fournisseur, le consultant, ou
l'ignorance du dispositif légal sont des fautes à éviter
;
- La détermination des critères clairs,
objectifs, équitables et rigoureux permet la sélection des
consultants qualifiés, de fournisseurs sérieux qui aident
à l'exécution rapide et apportent des livrables satisfaisants au
projet. Car la passation des marchés est un outil pour acheter un
résultat et non pour payer les services.
Il est tout aussi important d'insister sur la
nécessité de bien maitriser la gestion des contrats pour
réussir la réalisation du projet sans arriver au contentieux avec
les tiers.
B - ESQUISSE D'OUTILS DE GESTION DES CONTRATS
Analysant la problématique de la gestion des
contrats, Lavagnon A.IKA reprenant (Muriithi et Crawford, 2003) laisse entendre
que : « La littérature est (...) muette sur la façon
d'adopter les outils et techniques de gestion de projet importés. Il est
temps de remédier à cette question. Quels sont les concepts,
outils et techniques de gestion de projet disponibles
84
pour les gestionnaires africains des projets d'aide?
Quel est leur degré d'application actuelle? Quelle est la force de la
relation entre l'utilisation de ces outils et techniques de gestion de projet
et le succès des projets (...) ?
En effet, ce triple questionnement soulève la
difficulté ou l'absence d'objectivité et de certitude qu'il y
aurait à penser qu' appliquer les techniques qui ont fonctionné
ailleurs en Europe donnera à coup sûr des résultats
efficaces dans le contexte Africain tant les particularités
existent.
Néanmoins en guise de suggestion, les
spécialistes de la gestion des projets ainsi que certains chercheurs
dans le domaine du développement, ont proposé des outils et
techniques qui permettent de bien suivre l'exécution des
contrats.
Les principaux outils et techniques usuels sont
:
- Un ordonnancement logique des tâches,
- Une affectation des responsabilités
- Un diagramme de Gantt83 ,
- la courbe en S ;
- Une matrice RACI84 (R=Responsabilité,
A=Autorité, C=Consulté, I=Informé)
Illustration de la matrice RACI : Tableau 3 et 4
ci-dessous.
Tableau 3.
MATRICE DES RESPONSABILITES
|
Exemple de taches
|
Entreprise
|
Maitre d'ouvrage
|
Représentant Maitre d'ouvrage
|
Maitre d'oeuvre
|
Notification des marchés
|
|
|
|
|
Préparation des marchés
|
|
|
|
|
Formulation du contrat
|
|
|
|
|
Réunion de démarrage
|
|
|
|
|
Elaboration du dossier d'exécution
|
|
|
|
|
83 Les étapes sont inspirées de Genest,
B.-A., Nguyen, T. H. : Principes et techniques de la gestion de projets, Laval,
Sigma Delta, 2002.
84 Institut
supérieur Africain pour le développement de l'entreprise (ISADE),
« Actes du séminaire international sur la passation des
marchés : gestion et suivi des contrats », Dakar, novembre
2012.
85
Tableau 4.
MATRICE DES COMPETENCES
|
A
C T
I
V
I T E S
|
RACI
|
EXPERTS CLES
|
Chef projet
|
Expert 1
|
Expert 2
|
Expert 3
|
Expert 4
|
DEFINIR
|
A
|
R
|
I
|
I
|
I
|
CONCEVOIR
|
I
|
A
|
R
|
C
|
C
|
ELABORER
|
I
|
A
|
R
|
C
|
C
|
TESTER
|
A
|
I
|
I
|
R
|
I
|
La matrice de responsabilité RACI est un outil
simple qui permet de lister l'ensemble d'acteur d'un projet et leur niveau
d'implication. Elle évite les situations de confusion des taches au
cours de la période de réalisation de
l'activité.
La matrice de compétence RACI quant à
elle, permet de faire une gestion optimale des potentialités de tous les
intervenants dans la mise en oeuvre de l'action.
En tout état de cause, bien que convaincu qu'il
n'existe pas une formule magique dont l'application seule suffirait à
réussir la gestion d'un projet à l'instar du PFTT, une
démarche qui tienne compte des exigences professionnelles peut
contribuer efficacement à l'atteinte des objectifs escomptés.
C'est dans ce sens que Lavagnon A. Ika souligne que la gestion des parties
prenantes est une préoccupation majeure en gestion de projet. Elle l'est
encore plus en gestion des projets de développement, compte tenu de la
nature même des objectifs de développement, de leur
délicatesse et de la multitude des parties prenantes. Comme on peut le
voir avec Diallo et Thuillier (2004), les principales parties prenantes,
à l'exception des sous-traitants, des bureaux d'études et experts
sont au nombre de sept :
1. Le coordonnateur de projet lui-même, souvent
un fonctionnaire, responsable du volet opérationnel du
projet;
2. Un chargé de projet (task manager)
basé au siège de l'institution multilatérale qui finance,
superviseur responsable de la bonne exécution du projet et du respect
des procédures de l'agence par la cellule nationale de gestion de
projet;
3. Un supérieur hiérarchique, souvent
un haut fonctionnaire ou le ministre à qui le coordonnateur rend compte
localement;
4. L'équipe de projet, laquelle est sous la
férule du coordonnateur;
5.
86
Le comité de pilotage qui constitue une
interface avec l'ensemble de l'appareil institutionnel local concerné de
près ou de loin par les projets;
6. Les bénéficiaires ou
clients;
7. Le public en général.
La description ci-dessus reflète bien
l'architecture du PFTT dans chaque pays pilote. Pourtant, il pouvait en
être autrement pour plus d'efficacité en conférant aux
cellules d'exécution et du suivi une autonomie de gestion dont le
coordonnateur, en d'autres termes, le chef cellule du suivi de
l'exécution serait Maitre d'ouvrage délégué, et par
conséquent comptable des résultats de la mise en oeuvre du
projet.
87
88
Au terme de cette étude où il
était question de montrer que la gouvernance multi-niveaux
élaborée dans le cadre du Projet de facilitation du transport et
du transit en zone CEMAC contribue significativement à la
réalisation rapide de l'intégration régionale, il est
important au moment de conclure notre analyse d'en rappeler les principales
articulations.
L'un des constats de départ était que
les pays de l'Afrique centrale douze ans après l'entrée en
vigueur du traité instituant la CEMAC, ne parviennent pas à
s'intégrer économiquement pour diverses raisons, dont on peut
évoquer entre autre, l' absence de convergence des politiques publiques
en matière de développement, l'existence des tracasseries de
toutes sortes le long du corridor du transit, le marché
intracommunautaire peu développé, le manque de
compétitivité des produits au niveau mondial etc.
De ce constat et à l'avantage de l'adoption du
PFTT en 2006, par les chefs d'Etat de la zone CEMAC, sa mise en oeuvre
effective en 2008, avec la disponibilité des premiers financements, nous
avons posé le problème de l'intégration sous
régionale en termes de gouvernance multi- niveaux , en mettant en
exergue l'implication des acteurs multilatéraux, bilatéraux et le
secteur privé qui tiennent une part importante dans l'agenda des
mutations socio- économiques (décentrement du pouvoir de
décision au plan horizontal), autrefois défini exclusivement par
les acteurs nationaux ou supra- nationaux dans un contexte qui reflétait
deux stratégies de gestion des affaire publiques ( la centralisation et
la concentration du pouvoir fortement hiérarchisé au plan
vertical).
Pour aborder la problématique et fournir une
réponse à la question de recherche, nous avons fait recours
à la méthode systémique qui nous a permis de prendre en
compte tous les éléments favorisant une bonne analyse du sujet.
Celle-ci a été soutenue par une technique qualitative de collecte
de données qui a facilité l'interprétation de l'expertise
fournie par la Banque mondiale d'une part, et d'autre part, une technique
quantitative de collecte des données qui nous a permis d'examiner
l'exécution concrète du projet grâce aux sondages
d'opinions, aux entretiens directifs auprès des acteurs du projet,
l'expérience d'autres praticiens des projets de développement
financés par des fonds autres que ceux du budget d'investissement public
des Etats.
L'analyse de ces éléments, mieux encore
l'exploitation de notre base de données a abouti aux principaux
résultats suivants :
- La gouvernance multi- niveaux en construction dans
le cadre du Projet de facilitation du transport et du transit en zone CEMAC,
est un levier accélérateur de l'intégration de la zone, si
tous les objectifs du développement sont atteints à la fin du
projet par les différents acteurs en charge du suivi de
89
son exécution (aménagement de
l'infrastructure routière, aménagements des voix du chemin de
fer, amélioration des conditions des voyageurs, réalisation de
l'union douanière, entrée en vigueur des textes communautaires
régissant le transit des marchandises) ;
- Avec l'implémentation de cette
stratégie régionale de développement qui est manifestement
novatrice (de gouvernance à gouvernance multi-niveaux), salutaire pour
l'Afrique centrale, nous somme en présence de la remise en cause de la
conception selon laquelle, se sont seules les élites gouvernementales
qui élaborent et mettent en oeuvre les programmes et politiques de
développement ;
- Nous retenons qu'au centre de cette stratégie
s'exerce une double influence par les partenaires financiers sur les Etats d'un
coté, et de l'autre la Commission de CEMAC. Une dépossession de
leur monopole sur la maitrise de l'agenda de l'intégration, ce qui donne
lieu à l'émergence d'autres acteurs privés qui jouent un
rôle déterminant dans les mutations socio-économiques de la
sous-région. Un transfert idéologique du bailleur de fonds vers
les gouvernements et les citoyens des Etats impliqués au projet,
élaboré en amont et devenu effectif en par l'application des
procédures élaborées par ses soins.
En fin, pour tenir compte des améliorations
importantes au plan économique que ce projet devrait apporter aux pays
de la zone CEMAC ( la chute des prix générés par les
coûts du transport élevé des produits alimentaires dans les
pays de l'hinterland, la réduction du coût d'entretien des moyens
de transports grâce à l'amélioration de l'infrastructure
routière, la facilitation des échanges intra et extra
communautaire, l'éradication des pratiques anormales par les
différents intervenant de la chaîne logistique du transit des
marchandises...), les insuffisances qui ralentissent encore la mise en oeuvre
de ce projet (faible coordination des unités de suivi de
l'exécution, maitrise approximative des procédures du bailleur de
fonds en matière de passation des marchés par les membres des
sous commissions d'analyse, manque de professionnalisme chez certains agents
des unités de gestion du projet...) devraient être
surmontées par la prise en compte des pistes de solutions contenues dans
cette analyse, sans prétention d'avoir épuisé son
diagnostic ou même les recettes thérapeutiques à lui
administrer.
Pour autant, on n'aura pas après la
réalisation totale du Projet, bouclé la boucle du
développement de l'Afrique centrale, si on ne se tourne pas
résolument vers nos valeurs culturelles pour y penser notre
développement. Noël, disait dans ce sens : « la culture
est la
90
clé du développement »,
c'est peut être en se réappropriant notre « culture
»85 que l'Afrique va définitivement s'engager vers une
croissance économique durable et soutenable.
Essoh Elamé (2008), semble être de cet
avis quand il déclare : « C'est à travers une perspective
interculturelle du développement (...) qu'on pourra en finir avec le
mythe du développement à sens unique, en reconnaissant les
bienfaits des techniques et savoir faire locaux, et en respectant
l'organisation socioculturelle locale à travers une approche holistique
reposant sur une participation de la population dans l'élaboration et
l'exécution de la planification ».
85 « Sur une base économique et
intellectuelle si fragile, l'arrivée de l'homme blanc, caravanier,
trafiquant, explorateur, puis missionnaire et soldat, provoqua l'effondrement
des valeurs (des traditions et des religions) africaines, qui reliaient l'homme
à la terre - respectée - , à ses ancêtres , à
sa famille étendues à son clan. (...)
L'homme blanc apprend aux Africains à lire et
à écrire, organise une société urbaine,
jusque-là peu
connue. Il opprime et exploite l'homme noir. Et
cependant tout ce qu'il apporte est aussitôt reconnu comme «
supérieur » sans la moindre discussion, puisqu'il est le maitre.
L'africain apprend les langues de l'Europe cherche à raisonner comme
Descartes ou Bacon, se sert des biens de consommation européenne...
».
René Dumont, Marie-France Mottin : «
L'Afrique étranglée » éd. Du Seuil, 1980 et 1982,
p36.
91
RESSOURCES BIBLIOGRAPHIQUES
1-LIVRES
1. Badie Bertrand et Smouts Marie Claude : « Le
retournement du monde. Sociologie de la scène internationale »,
3 éd. Les Presses de sciences Po et Dalloz 3, 1993.
2. Smouts Marie-Claude : « Du bon usage de la
gouvernance en relation internationales », Revue internationales des
sciences sociales, UNESCO/ERES, N° 155, mars 1998.
3. Pagden Anthony : « La genèse de la
gouvernance et l'ordre mondial cosmopolitique selon les lumières
», Revue internationales des sciences sociales, UNESCO/ERES, N°
155, mars 1998.
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politique », Paris, Sirey, 2010.
5. Pierre De Senarclens et Yohan Ariffin : « La
politique internationale. Théories et enjeux contemporains
»,5èd. Armand Colin, pp 184-188.
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Braud : « Dictionnaire de la science politique et des institutions
politiques », 6 éd. Armand Colin 2005, pp 138-140.
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politiques publiques », 2 éd. Sciences Po, les Presses, 2006, pp
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des relations internationales »,2 éd. Dalloz, 2006, pp
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10. David Alcaud, Laurent Bouvet, Jean-Gabriel Contamin,
Xavier Crettiez, Stéphanie Morel et Muriel Rouyer : « Dictionnaire
de science politique », Paris 2, Sirey, 2010, p 165.
11. Lavagnon A. Ika : « La gestion des projets
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12. Marcel Merle, «Sociologie des relations
internationales », Paris, Dalloz, 3éd.1962, p 94.
13. Moffa : « L'Afrique à la
périphérie de l'histoire », Paris, l'harmattan,
1995.
14. René Dumont, Marie-France Mottin : «
L'Afrique étranglée » éd. Du Seuil, 1980 et
1982.
15. Anne- Cécile Robert : « L'Afrique au
secours de l'occident », Paris, les éditions de l'atelier,
2006.
16. Pierre-Noël Giraud, Denis Loyer : «
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17. Annick Osmont : « La
`'governance».Concept mou, politique ferme », in Gouvernances.
Les annales de la recherche urbaine N°80-81, 1998, p 25.
92
2-RAPPORTS, ARTICLES ET JOURNAUX
18. CEMAC, « Rapport N° 118/CEMAC/C/DIDD du 28
mars 2012, p 12.
19. CNUCED : « Rapport de la conférence des
Nations Unies sur l'environnement et le développement », Rio de
Janeiro du 3 au 14 juin 1992.
20. Tino Raphael Toupane : «La gouvernance :
évolution, approches théoriques et critiques du concept »,
2009.
21. Philippe Moreau De Farges, « Gouvernance, une
mutation du pouvoir ? », Le Débat, N° 115, mai-aout
2001.
22. Béatrice HIBOU : « Contradiction de
l'intégration en Afrique centrale », 2010, p 66.
23. CEMAC, « Programme économique
régionale 2009-2015 », Volume1, rapport d'étape, janvier
2009.
24. Eric TOUSSAINT, « Endettement de l'Afrique
subsaharienne au début d XXIe siècle. L'Afrique :
créancière ou débitrice ? »
25. Beatrice HIBOU : « Contradictions de
l'intégration régionale en Afrique centrale », 2010, pp
66
26. OCDE, « Le développement participatif et
la bonne gestion des affaires publiques ». Lignes directrices sur la
coopération pour le développement »,1995.
27. Banque mondiale, « Directives pour la passation
des marchés de fournitures, de travaux, (autres que les services de
consultant) », janvier 2011.
28. Banque mondiale, « Demande de proposition type
sélection de consultants », Washington, éd. mai
2004.
29. Thomas Cantens, Gaël Raballand, Nicholas
Strychacz et Tchapa Tchouawou, « Reforme des douanes africaines : les
résultats des contrats de performance au Cameroun », janvier
2011.
30. Cameroon tribune : « Corridor
Douala-N'djamena-Bangui ; on veut améliorer le transit », N°
10124, juin 2012, p11.
31. Le Financier d'Afrique, N°281, aout 2012, p
6.
32. Nina Cvetek, Friedel Daiber en partenariat avec la
Friedrich-Ebert-Stiftung : « Qu'est ce que la société civile
? », Antananarivo, octobre 2009.
3-TEXTES NORMATIFS
33. Décret N° 2004/275 du 24 septembre 2004
portant code des marchés au Cameroun.
34. Décret N°503/PM/SGG/2003 du 05
décembre 2003 portant au code des marchés au en République
du Tchad.
35. Loi N° 08/017 du 06 juin 2008 portant code des
marchés et de délégation de service public en
RCA.
36.
93
Décret N° 2012/074 du 08 mars 2012,
portant création, organisation et fonctionnement
des commissions de
passation des marchés au Cameroun.
37. CEMAC : « Règlement
N°07/10-UEAC-205-CM-21/du/10/2010, portant adoption de la
règlementation sur le régime de transit communautaire et le
mécanisme de cautionnement unique ».