SCHMITZ ANTHONY
UNIVERSITE
DE
POITIERS
Faculté des Sciences
du Sport de Poitiers
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Le développement de la force explosive
des membres inférieurs
pour les joueurs
de rugby à 15
Jury : Olivier Bernard et Francis Trilles
Maître de stage : François
Pharamin
Structures d'accueil : - Lycée Louis
Armand
- Stade Poitevin Rugby
Licence Entrainement Sportif Année
2010-2011
1
2
Remerciements
En préambule à ce mémoire, je souhaitais
adresser mes remerciements les plus sincères aux personnes qui m'ont
apporté leur aide et qui ont contribué à
l'élaboration de ce mémoire.
Je tiens à remercier sincèrement Monsieur Oliver
Bernard, enseignant à la Faculté des Sciences du Sport de
POITIERS pour sa disponibilité, son accompagnement, son investissement
ainsi que le temps qu'il a bien voulu me consacrer pour la réalisation
de mon mémoire.
Je remercie également Monsieur François
Pharamin, enseignant à la faculté des Sciences du Sport de
POITIERS pour m'avoir permis d'effectuer une partie de mon stage au sein d'un
groupe de rugbymen expérimentés et de me laisser proposer le
contenu que je souhaitais.
J'exprime ma gratitude à Monsieur Stéphane
Barbier, Professeur d'EPS au Lycée Louis Armand de POITIERS, qui m'a
permis d'effectuer l'autre partie de mon stage au sein de l'association
sportive du lycée ainsi que pour m'avoir prodigué de nombreux
conseils quant à la méthodologie de mon intervention et le
prêt d'ouvrages qui m'ont permis de réaliser ma revue de
littérature.
Je souhaite également remercier Monsieur Antoine Praud,
joueur de rugby de l'équipe sénior du Stade Poitevin Rugby et
dirigeant du centre de perfectionnement de ce même club pour m'avoir
permis de prendre en main entièrement le groupe dont il s'occupe
habituellement, et ce pendant toute la durée de mon stage, ainsi que
pour le prêt de matériel de préparation physique que je
n'avais pas en ma possession.
Je n'oublie pas de remercier l'équipe enseignante de la
Faculté des Sciences du Sport de POITIERS qui a su se montrer disponible
lorsque je leur demander des conseils pour la réalisation de ce
document.
Je voudrais aussi remercier les individus ayant eu la
gentillesse de participer à mon étude et d'avoir
été investi durant les séances que je leur proposais.
3
Sommaire
Table des matières
Sommaire 3
Introduction 4
Revue de littérature 7
Introduction 7
Synthèse 9
Analyse de la tâche du rugby 9
Processus d'amélioration des composantes de la force
explosive 11
Facteurs à prendre en compte pour améliorer
l'explosivité chez le jeune 17
Conclusion 19
Méthodologie 21
La population étudiée 21
Le protocole 21
Le matériel utilisé 22
Les paramètres mesurés 23
La batterie de tests mise en place 23
La planification des cycles de préparation physique 24
Résultats 27
Les qualités contractiles 27
Les tests de course 28
Discussion 30
La puissance 30
L'accélération 31
Les corrélations 31
Les limites 32
Conclusion 33
Bibliographie 34
Annexes 36
Annexe 1: principe de la charge montante: 36
Annexe 2: la méthode des efforts maximaux: 37
Annexe 3: le principe du contraste de charges: 37
4
Introduction
En s'intéressant aux différentes qualités
physiques nécessaires aux rugbymen de haut-niveau, nous avons pu
remarquer que le style de jeu au rugby est en constante évolution depuis
les années 1990. Cela est en grande partie dû à la
médiatisation de ce sport et l'arrivée du professionnalisme en
1995. Nous avons pu constater que les données anthropométriques
des joueurs ont également suivi une constante évolution, comme le
poids des joueurs qui a augmenté de 4 à 12% selon les postes de
jeu et la taille qui a augmenté de 3% environ (Maso et coll., 1999). Ces
nombreux changements ont donc provoqué un changement radical dans les
qualités physiques nécessaires à la pratique du rugby de
haut-niveau. Notamment, nous avons pu voir que les qualités de
mobilité et de capacité à répéter des
actions intensives et de courte durée sont devenues la priorité
des joueurs actuels, indépendamment du poste occupé (Cometti,
2007). D'autre part, bien que le nombre d'enchainements dans un match ait
sensiblement augmenté, la durée des actions dans ces
enchainements n'a pas pour autant diminué (Girardi, 2002). Cela nous
fait donc nous interroger sur les nouvelles qualités musculaires que les
joueurs doivent développer prioritairement afin d'être les plus
performants possibles. Millereau (2007), nous démontre que les
qualités d'adresse, d'endurance et de puissance sont des qualités
essentielles dans le rugby moderne. C'est principalement la dernière qui
nous intéresse dans cette étude, à travers ses deux
composantes qui sont la force et la vitesse. Nous allons nous pencher plus
particulièrement sur cette dernière composante qui doit
être au centre de la préparation physique du rugbyman. Millereau
(2007) décompose cette composante en vitesse de pointe, vitesse
gestuelle et explosivité. Dans le cadre de cette étude, nous nous
intéresserons uniquement aux qualités d'explosivité ou de
force explosive des rugbymen.
Nous avons donc pour objectif de décrire
précisément ce qu'est l'explosivité et les
différentes formes sous lesquelles elle peut se présenter selon
le profil des individus. Tout d'abord, nous pouvons commencer par distinguer
deux formes d'explosivités qui peuvent être présentes dans
le rugby moderne. En effet, selon la spécificité des postes, nous
verrons apparaitre deux profils différents entre les avants et les
arrières. Les avants ont généralement pour mission de
produire de très grosses accélérations à partir
d'une vitesse nulle, en sortie de mêlée ou après une
touche, ce que nous pouvons assimiler à un profil dit puissant-fort
(Girardi, 2002). En revanche, pour les arrières, ils ont surtout pour
consignes de produire de grosses accélérations à partir
d'une vitesse non-nulle lors de débordements de lignes adverses ou
encore lors d'une prise d'intervalle. Dans ce registre, nous demanderons
plutôt aux joueurs de développer un profil dit puissant-vite
(Girardi, 2002). Les termes de puissance-force et de puissance-vitesse sont des
déclinaisons du terme puissance, qui est le produit de la force par la
vitesse. Ce que nous pouvons dire des termes de puissance-force et de
puissance-vitesse, c'est qu'ils sont directement interprétables à
partir d'une courbe force-vitesse
5
(voir figure 1). En effet, nous pouvons dire d'un joueur qu'il
est puissant-fort si l'allure de sa courbe force-vitesse a une tendance
à montrer un niveau de force élevé et un niveau de vitesse
faible. En revanche, plus la courbe sera à l'avantage de la vitesse par
rapport à la force, plus le profil du joueur sera dit puissant-vite
(Girardi, 2002). Cette différence de profil est à prendre en
compte dans le cadre de la préparation physique qu'il convient d'adapter
au mieux aux caractéristiques attendues du rugbyman.
Figure 1: Courbes Force-vitesse et Puissance-vitesse
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Miller et coll. (1997) décrivent l'explosivité
comme la capacité du système à produire un maximum de
force dans un laps de temps le plus petit possible. Autrement dit, cette
expression de l'explosivité peut s'apprécier au travers d'une
courbe force-temps (voir Figure 2). Cette courbe nous indique quelle est la
quantité de force que le sujet est capable de produire ou quelle est la
force maximale de cet individu mais aussi la durée pendant laquelle il
exprime sa force. Lorsque l'on demande à un sujet d'être explosif,
on s'intéresse prioritairement à la phase de temps d'obtention du
pic de force, c'est-à-dire en combien de temps le sujet est capable
d'atteindre sa force maximale. Cette information est très
intéressante lorsque l'on sait que ce qui est déterminant
actuellement au rugby n'est plus tant la force maximale du sujet mais
plutôt sa capacité à produire celle-ci le plus rapidement
possible. Ceci s'explique par le fait que la durée des actions est de
plus en plus courte dans le rugby de haut-niveau et que ces actions sont de
plus en plus intenses (Cometti, 2007).
Ainsi, le but principal de ce mémoire est de prouver
l'efficacité de la méthode par contrastes de charge sur le
développement de la force explosive des membres inférieurs ainsi
que son éventuel transfert sur des actions de type sprints sur courtes
distances.
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Figure 2: Courbe Force-temps
Pic de force
Temps d'obtention du pic de force
6
7
Revue de littérature
INTRODUCTION
Depuis les années 1990, nous avons pu constater une
évolution conséquente du jeu et des données
anthropométriques des rugbymen (Maso et coll., 1999). En effet, l'auteur
nous montre que la masse moyenne des joueurs de rugby a subi une augmentation
de 4% à 12% environ. De plus, la taille moyenne des joueurs a suivi une
évolution parallèle à celle de la masse avec une
augmentation allant jusqu'à 3% (Maso et coll., 1999). L'apparition de
qualités physiques qui étaient peu développées au
début des années 90 a suivi l'évolution de la masse et de
la taille des joueurs. En effet, le rugby moderne impose aux joueurs
d'être de plus en plus mobiles car les enchainements d'actions sont de
plus en plus nombreux et sont généralement de courte durée
mais aussi très intenses (Cometti, 2007). En revanche, il ne faut pas
confondre le nombre d'enchainements et le nombre d'actions dans un match.
Girardi (2002), nous montre que le nombre d'actions dans un match a
diminué alors que la durée de celles-ci a considérablement
augmenté (Millereau, 2007). Cazorla et coll. (2004) quantifient
précisément l'évolution des durées des actions et
du nombre de séquences de jeu en pourcentage du temps total de jeu.
Cette transformation du jeu est en grande partie due à la
médiatisation du rugby qui veut montrer un aspect de celui-ci
s'apparentant de plus en plus à un sport-spectacle en exigeant une
continuité du jeu, un mouvement permanent, et un jeu plus lisible par
les spectateurs (Girardi, 2002). Nous pouvons constater cela sur les phases de
touches jouées rapidement, les placages ou le nombre de remplacements
autorisé qui a augmenté afin de garder des joueurs mobiles sur le
terrain.
Les analyses plus récentes de la tâche et du jeu
au rugby moderne mettent en évidence l'importance de l'endurance,
l'adresse et la puissance dans le rugby moderne. C'est surtout cette
dernière qualité qui devra être développée au
travers de l'amélioration de ses trois composantes qui sont la masse
maigre ou musculaire, la force et la vitesse (Millereau, 2007). Cependant, la
priorité est différente selon la composante. La vitesse devra
donc être au centre de la préparation physique du rugbyman. Nous
pouvons décliner la notion de vitesse en beaucoup de composantes comme
la vitesse de pointe, la vitesse gestuelle ou encore l'explosivité. Dans
le cadre de ce travail, nous nous intéresserons exclusivement à
cette dernière notion qu'est l'explosivité (Millereau, 2007) et
qui, selon Miller (2006), est la capacité d'un athlète à
faire varier sa propre quantité de mouvement le plus brièvement
possible. L'explosivité semble être une qualité physique
incontournable pour le rugbyman moderne. Le développement de
l'explosivité, par le biais de la musculation, doit permettre au
rugbyman de progresser dans des actions de type «
accélération maximale », de sauter « le plus haut et le
plus rapidement possible » (Cometti, 2007), ou encore de prendre
l'avantage sur un ou des adversaires directs en étant capable de passer
à travers le rideau défensif adverse.
8
Il convient donc de décrire plus
précisément ce qu'est l'explosivité au rugby et en quoi
elle peut se présenter sous des formes diverses selon les individus.
Pour cela, nous pouvons commencer par distinguer deux formes
d'explosivité spécifiques aux rugbymen. Il s'agit maintenant de
prendre en compte la spécificité des postes et leurs besoins
particuliers. En effet, pour un avant, produire une accélération
est souvent synonyme d'une mise en mouvement à partir d'une vitesse
nulle lorsque celui-ci doit courir à l'issue d'une phase de
mêlée, d'un regroupement, ou encore d'une touche. Dans ce
registre, nous demanderons à ces joueurs d'avoir un profil
puissance-force élevé (Girardi, 2002). Les termes de
puissance-force et de puissance-vitesse sont des déclinaisons du terme
puissance, qui est le produit de la force par la vitesse. Pour les
arrières, l'accélération s'exprime souvent à partir
d'une vitesse non-nulle lors d'une prise d'intervalle, d'un contournement d'une
ligne de défense adverse, ou d'une course de soutien. Dans ce cas
précis, le profil attendu de ces joueurs sera plutôt un profil
puissance-vitesse élevé (Girardi, 2002). Cette différence
est à prendre en compte dans le cadre de la préparation physique
qu'il convient d'adapter au mieux aux caractéristiques du rugbyman.
L'objectif de ce mémoire d'expertise va être de
s'intéresser aux différents processus de développement de
la force explosive des membres inférieurs et de les transférer
dans l'activité rugby. Pour cela, nous allons dans un premier temps
effectuer une analyse précise du jeu et de la tâche au rugby, puis
dans un deuxième temps nous considérerons les différentes
composantes à améliorer pour développer
l'explosivité, et dans un dernier temps, nous tenterons de
définir les exigences particulières qui sont requises pour
améliorer cette qualité chez des jeunes rugbymen.
9
SYNTHESE
A. Analyse de la tâche du rugby
I. Définitions
Le rugby est un « sport collectif de combat » dans
la définition donnée par Villepreux et coll. (2007). En effet, le
rugby se caractérise par un affrontement collectif régulé
par des règles. Cette définition est plutôt une
définition de terrain. C'est pourtant une des définitions qui
correspond le mieux aux exigences du rugby.
II. Évolution morphologique des joueurs
Les statistiques nous montrent que les exigences de jeu du
rugby moderne sont bien différentes du rugby d' il y a 30 ans (Maso et
coll., 1999). Maso et coll. vérifient cela en comparant les
caractéristiques anthropométriques et morphologiques des joueurs
en 1988, avec les caractéristiques anthropométriques et
morphologiques des joueurs en 1998, soit 10 ans plus tard. Il
s'intéresse également à savoir si ces
caractéristiques ont une influence sur la performance dans ce sport.
L'étude qu'ils mettent en place trois ans plus tard confirmera leur
hypothèse (Maso et coll., 2002). La première chose qui est
étudiée par les auteurs est l'évolution de la masse au
cours de ces 10 années. Maso et coll. (1999) observent une augmentation
linéaire de la masse corporelle des joueurs indépendamment du
poste occupé (en moyenne +7%). La deuxième chose qui est
étudiée est l'évolution de la taille des joueurs entre
1988 et 1998. Les résultats présentés dans cette
étude nous montrent que l'augmentation de la masse corporelle (+7%) est
directement corrélée à l'augmentation de la taille des
joueurs (+2,5%). Maso et coll. (2002) démontrent bien que les
qualités morphologiques et anthropométriques du rugby actuel ne
cessent d'augmenter et ils expliquent cela par le fait que les
présélections rugbystiques se font d'avantage sur les attributs
physiques que sur les qualités techniques. La masse corporelle se
décompose en deux parties: la masse grasse et la masse maigre. La masse
grasse chez les avants (16,9%) est significativement plus importante que chez
les arrières (12,8%) (Maso et coll., 2002). Les indices de taille et de
masse maigre apparaissent donc comme des facteurs déterminants de la
performance dans le rugby de haut-niveau. Effectivement, plus ces indices de
taille et de masse maigre seront importants, plus le joueur semble
prédisposé à être performant dans des situations
telles que sauter pour attraper le ballon en l'air, courir le plus vite
possible, sauter en touche ou encore pousser en mêlée.
III. Exigences physiologiques nécessaires à
la pratique du rugby
Les exigences physiologiques du rugby moderne ont
également subi une évolution du fait que les efforts
mesurés pendant les matchs ont également évolués.
En effet, le rugby moderne, majoritairement du à la
médiatisation, est devenu un jeu de mouvements et d'enchaînements
(Maso et coll., 2002). Pour optimiser ce type de jeu, les auteurs affirment que
l'augmentation de la masse maigre est un objectif prioritaire à prendre
en compte dans la
10
préparation physique du rugbyman. Maso et coll. (2002)
observent que le nombre d'enchaînements a diminué de presque 50%
(135 en 20 minutes de jeu dans les années 70 contre 62 en 35minutes de
jeu dans les années 2000) alors que la durée de ceux-ci s'est
multipliée par trois en près de trente ans (évoluée
de 10 secondes à 35 secondes actuellement). Cela est en accord avec les
analyses de Cometti (2007). Celui-ci dénombre un très grand
pourcentage de temps de récupération entre les actions (86,6%),
ce qui explique l'investissement au niveau musculaire demandé lors de
ces efforts. Villepreux et coll. (2007) confirment aussi cette évolution
concernant les exigences physiques du rugby moderne en affirmant que la
durée des séquences de jeu durent en moyenne plus de quarante
secondes actuellement. Hot et coll. (2004) se sont aussi
intéressés aux exigences physiques et physiologiques qui sont
requises pour le rugby moderne. Ils déterminent l'effort du rugby comme
une succession d'actions brèves mais très intenses, comme le
montre la fréquence cardiaque mesurée sur des rugbymans lors d'un
match (175 bts/min pour les avants et 150 bts/minutes pour les
arrières). Releave et coll. (2008) démontrent aussi, par le biais
d'analyses statistiques, que les efforts au rugby sont de type explosif
intermittent avec un temps de travail court (entre 5 et 15 secondes) et une
durée de récupération longue (environ 40 secondes) dont le
ratio moyen entre ces deux valeurs est d'environ 1/1,8. On retrouve ce type de
travail dans les phases de lutte, de sprint, de soutien, de placage, etc. Les
métabolismes anaérobies sont donc fortement sollicités
pour des actions de type explosive (Girardi, 2002).
IV. Capacités physiques nécessaires à
la pratique du rugby
Nous pouvons aussi nous intéresser aux capacités
physiques à développer pour être plus performant dans ce
sport. Pour gagner un match, il suffit certaines fois d'être plus fort,
plus rapide, plus puissant que ses adversaires (Villepreux et coll., 2007). Il
s'agit donc de développer des qualités de force, de vitesse et de
puissance. Cometti (2007) confirme cette approche. Il nous dit que la
préparation physique doit permettre au rugbyman d'améliorer ses
capacités à aller plus vite, autrement dit de développer
un profil puissance-vitesse important, ce qui concerne d'avantage les
arrières (Girardi, 2002). Mais aussi démarrer plus vite ou encore
sauter plus haut, ce qui renvoie à la notion de puissance-force
(Girardi, 2002) et concerne plutôt les avants. La recherche de joueurs
grands, lourds et peu mobiles a été peu à peu
abandonnée pour laisser place à des joueurs étant de plus
en plus rapides, explosifs et puissants, capables de changer de direction de
course à tout moment (Cazorla et coll., 2004). Le but d'une
préparation physique au rugby sera donc de développer des
qualités de vitesse, d'explosivité, de puissance mais aussi de
force (Cazorla et coll., 2004). La distinction que nous pouvons faire entre la
puissance et l'explosivité est dans la mesure de la vitesse
d'exécution. En effet, le travail d'explosivité doit être
effectué à « vitesse maximale » alors que le travail de
puissance doit toujours se faire à « vitesse et force optimale
». En effet, la puissance maximale sera atteinte lorsque le sujet
développera une force et une vitesse non pas maximale, mais dont le
produit des deux est le plus important possible. Le mieux serait bien sûr
de
11
pouvoir produire une force maximale ainsi qu'une vitesse
maximale. Cependant, d'après le profil force-vitesse (voir Figure 1),
nous pouvons voir que lorsque la force augmente, la vitesse diminue. A
l'inverse, lorsque la vitesse augmente, la force exprimée à cette
vitesse diminue. L'explosivité peut être considérée
comme l'aboutissement d'un travail de puissance. Or, l'ensemble de ces
qualités ne sont pas développables de la même
manière selon les groupes musculaires à travailler mais aussi
selon le type d'explosivité recherché (puissance-force ou
puissance-vitesse). En effet, pour la préparation physique du haut du
corps, les qualités à développer prioritairement seront la
force et la puissance-force, alors que pour les membres inférieurs, les
qualités physiques à développer prioritairement seront la
force, comme point de départ, puis l'explosivité en
puissance-force ou en puissance-vitesse comme finalité selon le poste
occupé sur le terrain (Cometti, 2007).
B. Processus d'amélioration des composantes de
la force explosive
L'explosivité est une qualité physique
conditionnée par de multiples facteurs. En effet, pour développer
la force explosive dans sa globalité, il n'est pas suffisant
d'améliorer uniquement une seule composante musculaire pour que
l'efficacité soit maximale. De plus, sur un profil force-vitesse (voir
Figure 1), nous pouvons déterminer deux profils différents qui
sont la puissance-force et la puissance-vitesse, en fonction de l'allure de la
courbe. Effectivement, plus la courbe aura tendance à montrer un niveau
de force élevé et un niveau de vitesse faible, plus le profil
sera dit « puissant-fort ». En revanche, plus la courbe sera à
l'avantage de la vitesse par rapport à la force, plus le profil sera dit
« puissant-vite ». Il sera donc intéressant d'en tenir compte
lors de la mise en situation sur le terrain.
1.La force maximale
Cazorla et coll. (2008), nous montrent par le biais d'une
expérience qu'ils ont réalisé, qu'il existe une
corrélation entre la performance à un test avec crochet et la
force maximale, déterminée par la masse maigre des sujets et la
coordination intra et intermusculaire. Miller et coll. (1997) confirment cette
hypothèse. En effet, les auteurs définissent l'explosivité
comme « la capacité du système neuromusculaire à
augmenter le plus rapidement possible le niveau des forces qu'il exprime
». Cela met bien en évidence que la force est une qualité au
centre du processus de développement de l'explosivité. Cometti
(2009), nous montre également que la force maximale joue un rôle
déterminant dans la production d'une force explosive. En effet, le fait
de soulever une charge lourde préalablement à un test de saut
permet d'augmenter considérablement la performance de ce saut, si
toutefois le phénomène de « fatigue musculaire » n'est
pas présent (Cometti, 2009). Les ponts d'union acto-myosine sont les
déterminants de la force. La force est directement dépendante du
nombre de ponts d'union acto-myosine (Goubel et Lensel- Corbeil, 2003). Plus le
nombre de ponts d'union créés en parallèle est grand, plus
la force générée par les muscles concernés est
importante.
12
Aussi est-il indispensable pour un muscle d'être capable
de créer un maximum de ces ponts d'union, autrement dit de force, afin
de pouvoir vaincre les forces externes en présence aussi facilement que
possible, ce qui favorisera une plus grande expression de la vitesse de
raccourcissement du muscle. Afin d'augmenter le nombre de ponts d'union
actomyosine dans un muscle, il faut cependant que la longueur de
raccourcissement du muscle soit optimale (modèle de Huxley-Simmons). Ce
que nous pouvons retenir de cette idée, c'est que dans le cas d'une
application plus pratique, il est fortement recommandé de
connaître les rapports entre étirement et raccourcissement des
muscles qui seront les plus favorables à la création de ponts
d'union acto-myosine. En effet, cela pourra permettre aux athlètes
d'optimiser leur production de force. De plus, nous pouvons voir que
l'activité enzymatique d'hydrolyse de l'ATP joue un rôle essentiel
dans la production de force et dans le temps d'obtention de la force maximale.
Cette activité enzymatique va avoir beaucoup d'importance lors du cycle
attachement-détachement de la myosine et de l'actine. C'est en effet
cette activité qui va permettre de « remplir » la tête
de myosine d'énergie chimique via l'ATP qui pourra se transférer
en énergie mécanique en se liant à l'actine par la suite
(Goubel et Lensel-Corbeil, 2003).
Principes fondamentaux pour le développement de la
force maximale
Pour développer la force maximale de façon
optimale, il sera nécessaire de respecter certains principes. La charge
à soulever est un des facteurs à respecter. Effectivement, les
auteurs sont en accord pour affirmer qu'il est indispensable de soulever une
charge très proche de la charge maximale connue du sujet (1RM) pour que
les résultats soient les plus marqués possibles (Cometti, 1988),
dont le but principal est de développer un maximum les facteurs
neuro-musculaires du sujet. Miller et coll. (1997) proposent des
méthodes anisométriques comme la méthode des efforts
maximaux selon Zatsiorski (charge entre 85 et 95% du 1RM), la méthode
excentrique (charge entre 120 et 140% du 1RM), ou encore une méthode
isométrique (charge entre 80 et 100% de la Force Maximale
Isométrique). Nous pouvons aussi voir les méthodes de
développement de la force maximale par hypertrophie musculaire
(méthode du 10X10 par exemple) ou les méthodes par contrastes
(alternance entre charge lourde et charge légère) (Cometti,
1988). Le nombre de répétitions pour chacune des méthodes
devra être faible sauf dans le cas des méthodes de
développement de la masse musculaire (hypertrophie), alors que le nombre
de séries pourra être grand. La récupération devra
être en revanche suffisamment longue pour permettre aux muscles de
récupérer entièrement ou partiellement.
2.Le système neuromusculaire
Selon la définition de Miller et coll. (1997),
l'explosivité dépend donc directement de la courbe force-temps
(voir Figure 2). Effectivement, le profil le plus explosif que l'on puisse
déterminer à partir d'une courbe force-temps, c'est lorsque le
niveau des forces internes est maximal et la durée de l'impulsion est
très courte (Miller, 2006). Il s'agit donc d'obtenir le plus
rapidement
13
possible un niveau de force très élevé,
c'est-à-dire d'avoir une vitesse d'installation du pic de force la plus
grande possible (Miller et coll., 1997). Pour augmenter la vitesse
d'installation du pic de force, Duchateau (1997) nous explique qu'un
entrainement de type explosif et plus précisément de type
pliométrique à base de sauts et de bondissements variés
serait très efficace dans le but d'améliorer ses qualités
de force explosive. En revanche, l'accroissement en force maximale resterait
très limité. L'objectif d'un travail d'explosivité est de
pouvoir augmenter la vitesse de contraction du muscle, directement
corrélée à la force qu'il génère dans un
temps minimum. Afin d'augmenter la vitesse d'installation de la force maximale,
il est possible d'intervenir sur plusieurs facteurs. Aagaard et coll. (2002),
nous montre l'importance du développement du système nerveux dans
une production de force maximale ou explosive. En effet, l'electromyographie
effectuée sur plusieurs sujets qui se sont entrainés en force
durant six mois et dont la force musculaire était différente en
fin de cycle d'entrainement a permis de mettre en corrélation la
qualité des voies neurales efférentes et une production de force
maximale la plus grande possible. De plus, le système nerveux
possède une capacité d'inhibition de l'action des organes
tendineux de Golgi, ce qui va jouer un rôle déterminant dans la
coordination intramusculaire. Les organes tendineux de Golgi sont des
récepteurs situés aux jonctions entre le muscle et le tendon. De
par leur localisation, ils assurent un rôle majoritairement protecteur de
l'organisme face à des tensions trop élevées. Ils agissent
via un mécanisme réflexe qui, lors d'une contraction intense
entrainant des tensions maximales dans le muscle, va inhiber l'action des
motoneurones des muscles concernés dans l'effort. Cette inhibition est
appelée inhibition homonyme selon Duchateau (1997). Lors d'efforts
sous-maximaux, le réflexe provoqué par la tension du muscle
serait quasiment nul. De ce fait, un entrainement ayant pour objectif un
développement de la force maximale permettrait d'augmenter le seuil de
déclenchement du mécanisme réflexe. En effet, via
l'augmentation de la force maximale, le muscle devient capable de supporter des
tensions plus importantes. Dans la même logique, un autre facteur
limitant de la force explosive est la synergie entre les différents
muscles impliqués dans un mouvement. En effet, selon la position
articulaire et la vitesse pour laquelle est effectuée un mouvement, les
muscles mis en jeu seront dans la plupart des cas identiques mais seront
utiliser dans des proportions différentes. Ainsi, l'angle articulaire et
la vitesse jouent un rôle essentiel dans le contrôle du mouvement
ce qui induit de ce fait des sollicitations musculaires différentes
selon le rôle joué par le muscle (Duchateau, 1997). Nous pouvons
également nous intéresser au recrutement spatio-temporel des
unités motrices qui est déterminant dans l'acquisition d'une
force maximale explosive. Duchateau (1997) affirme l'existence d'adaptations
neuromusculaires en fonction de la vitesse d'exécution du mouvement. En
effet, il observe des différences significatives du niveau de force
développé entre une personne effectuant un mouvement lent
(180°/sec) et la même personne effectuant un mouvement plus rapide
(300°/sec). Ceci peut s'expliquer en grande partie par
l'amélioration du recrutement plus précoce et plus synchrone dans
le temps des unités motrices ainsi qu'à leur
14
fréquence de décharge. Cometti (2009), nous
montre que l'utilisation d'une charge très lourde, supérieure
à 80% de la 1RM du sujet permet un recrutement optimal des unités
motrices. Le travail musculaire avec des charges lourdes,
procédés à charges maximales, favorisent un recrutement
optimal des unités motrices tant dans la quantité que dans la
qualité (Miller et coll., 1997). Par contre, Liu et coll. (2003)
observent qu'un entrainement de type « amélioration de la force
maximale », donc à faible vitesse d'exécution uniquement est
nuisible à l'amélioration de la force explosive. En effet, un
entrainement de ce genre favorise la transformation d'isoformes dits rapides
vers des isoformes dits moyens ou intermédiaires. Ces propos sont aussi
soutenus par Duchateau (1997). Liu et coll. (2003) analysent une diminution des
chaines lourdes de myosine (MHC) de type MHC IIb en même temps qu'une
augmentation des MHC IIa. Autrement dit, cela suggère que pour qu'un
muscle ne perde pas ses qualités de force explosive, la vitesse
d'exécution doit toujours être maximale, afin que les isoformes de
type MHC IIb ne se retrouvent pas transformer en isoformes de types MHC IIa,
perdant ainsi toute sa qualité d'explosivité. Par contre,
l'utilisation d'une charge faible mais à très haute vitesse
d'exécution permet d'abaisser le seuil de recrutement des unités
motrices rapides, qui doivent elles-mêmes être majoritaires lorsque
l'objectif est de développer une force explosive (Miller et coll.,
1997).
Principes fondamentaux pour améliorer les
capacités du système neuromusculaire
Pour diminuer le temps d'obtention du pic de force du muscle,
il est également nécessaire de respecter certaines conditions. Il
s'agit d'utiliser des méthodes qui permettent soit d'améliorer le
cycle étirement-raccourcissement du muscle (méthodes
pliométriques selon Cometti (2001)), soit « d'emmagasiner » de
l'énergie que l'on réutilisera par la suite (méthode des
contrastes de charges selon Cometti (2009)). Pour ces méthodes, la
récupération devra être complète, le nombre de
répétitions faible et le nombre de séries faible
également car ce sont toutes les deux des méthodes qui
sollicitent intensément les muscles (Miller, 1997). Cet auteur nous
montre également l'efficacité de la méthode
stato-dynamique dans un processus d'entrainement visant à
l'amélioration du temps d'obtention du pic de force.
3.La typologie des fibres musculaires
Il existe trois types de fibres reconnues qui sont les fibres
de type I, les fibres de type IIa et les fibres de type IIb ou IIx. Ces
dernières sont des fibres dites « rapides » car elles sont
majoritairement utilisées pour des efforts de courte durée et/ou
d'intensité élevée (Miller et coll., 1997). De plus, les
isoformes de chaînes lourdes de myosine que l'on peut trouver
majoritairement dans les fibres de type II sont des isoformes de type MLC3f. Le
but serait alors de pouvoir associer autant que possible les isoformes de
chaines lourdes de myosine de type II (MHCII) avec des isoformes de
chaînes légères de type MLC3f (Goubel et Lensel-Corbeil,
2003). Pour favoriser l'expression des fibres de type II, les
procédés à charges maximales sont un excellent moyen car
ils permettent une hypertrophie de ce type de fibres, bien
qu'inévitablement ces procédés agissent aussi
15
sur la taille des fibres de type I (principe d'utilisation des
fibres musculaires d'Henneman) (Miller et coll., 1997). Ceux-ci nous disent
également que les procédés à puissance maximale,
c'est-à-dire lorsque la vitesse et la force sont optimales, favorisent
également le développement des fibres de type II. Ils expliquent
ce phénomène par le fait que la force
générée par le système neuromusculaire
dépasse presque immédiatement les forces externes
résistantes, ce qui a pour effet d'augmenter la vitesse
d'exécution du mouvement. Miller (2006) explique aussi que plus la
vitesse de raccourcissement du muscle est élevée, plus le nombre
de fibres II recruté sera important. Aagaard et Andersen (1998)
confirment cette hypothèse. Liu et coll. (2003) sont également en
accord avec ces résultats puisqu'ils considèrent qu'un
entrainement visant le développement de la force maximale induit une
transformation des MCH IIb vers les MHC IIa.
Principes fondamentaux pour favoriser l'expression des
fibres IIb
Les auteurs nous montrent que pour augmenter l'utilisation des
fibres de type IIb par notre corps, il est préférable d'utiliser
des charges dites légères (entre 30 et 50% du 1RM) (Miller,
1997). En effet, cette charge légère permettra au sujet de
développer une vitesse d'exécution beaucoup plus importante que
s'il devait soulever une charge lourde (courbe charge-vitesse ou
force-vitesse). Les fibres IIb étant utilisées majoritairement
pour les mouvements rapides et intenses, nous pouvons considérer que
c'est ce type de sollicitations qui permettra de développer au mieux
cette qualité. Les procédés à vitesse maximale sont
donc recommandés.
4. La raideur de la Composante Elastique Série
(CES)
Il est également possible de s'intéresser au
développement de la raideur du muscle dans le but d'augmenter
l'explosivité de celui-ci. En effet, un muscle plus raide provoque une
amélioration de l'explosivité par une augmentation de la
rigidité de la composante élastique série (CES) (Millet et
Le Gallais, 2007). Ces deux auteurs nous disent que l'augmentation de la
raideur de la CES aurait pour effet d'optimiser la transmission d'une force et
de restituer plus rapidement l'énergie potentielle emmagasiner lors du
cycle étirement-raccourcissement d'un muscle. La raideur musculaire peut
se traduire en terme de rapport entre la force maximale appliquée sur un
ressort (ici la CES) et la compression maximale de celui-ci (Millet et Le
Gallais, 2007). Cette raideur aura pour incidence de diminuer la durée
entre le cycle étirement et le cycle de raccourcissement du muscle,
comme le démontre très bien le modèle de Hill (Millet et
Le Gallais, 2007). La composante élastique série est
divisée en deux parties d'après le modèle de Shorten, une
active qui serait localisée au niveau des ponts d'union acto-myosine,
l'autre passive qui correspond à la CES du modèle de Hill (Goubel
et Lensel-Corbeil, 2003). La partie qui nous intéresse le plus ici est
la partie passive. En effet, cette composante se retrouve majoritairement dans
les tendons des muscles et de ce fait, pour diminuer le temps de la phase de
montée de force, il faut chercher à la rendre la plus raide
possible (Goubel et Lensel-Corbeil, 2003). Bojsen-Moller et coll. (2005), ont
pu montrer que la CES et plus
16
précisément le complexe aponévrose-tendon
qui la compose est un déterminant de la performance en saut,
équivalent à la production d'une impulsion.
Principes fondamentaux pour augmenter la raideur de la
CES
Il s'agira dans ce cas de privilégier les
méthodes mettant en jeu le cycle étirement-raccourcissement du
muscle. La méthode la plus utilisée est la méthode
pliométrique proposée entre autres par Cometti (2001). Miller et
coll. (1997) sont en accord avec les propos de cet auteur et préconisent
également l'utilisation de cette méthode pour le
développement de la raideur de la CES ou encore la méthode
stato-dynamique qui permet également de solliciter la CES par la mise en
tension préalable au renvoi.
5. Le réflexe agoniste-antagoniste
Un développement de la force maximale serait aussi
susceptible d'agir sur les mécanismes réflexes liés
à la musculature agoniste et antagoniste. Pour des personnes peu
entrainées, lors d'un effort intense, nous pouvons voir que lorsque le
muscle agoniste est mis en jeu, le muscle antagoniste participe au même
moment. C'est un facteur limitant de la force étant donné que,
par définition, les muscles agonistes et antagonistes ont des effets
attendus opposés. Duchateau (1997) suppose que le renforcement
musculaire via l'augmentation de la force permettrait d'inhiber encore plus les
afférences des muscles antagonistes, ce qui favoriserait l'expression
des muscles agonistes en supprimant les contractions parasites. De plus
Häkkinen et coll. (1998), ont démontré lors d'une
étude qu'un entrainement en force agit sur plusieurs facteurs. Les
facteurs qu'ils ont étudié étaient la force, la section
transversale du muscle et l'electromyographie (EMG) des muscles agonistes et
antagonistes concernés. Nous avons donc pu constater que ces trois
facteurs ont évolué dans le sens où la force et la section
transversale du muscle ont augmenté similairement, l'EMG des muscles
agonistes augmente également (de 4 à 7%) via
l'amélioration de la force maximale alors que la participation des
muscles antagonistes semble diminuer (de 4 à 6%). Cela confirme bien les
affirmations de Duchateau (1997) sur le fait qu'un entrainement en force
favorise le développement d'une inhibition des muscles antagonistes.
Principes fondamentaux pour augmenter le mécanisme
réflexe d'inhibition
Afin d'augmenter l'efficacité du réflexe
d'inhibition du muscle antagoniste, un entrainement visant à augmenter
la force maximale via un procédé à charges maximales
apparaît très efficace. En effet, Duchateau (1997) a montré
que ces procédés vont augmenter la capacité du
système à inhiber la production de force des muscles antagonistes
comme le confirment Häkkinen et coll. (1998). Pour augmenter
l'efficacité de ce réflexe, nous pouvons donc clairement affirmer
qu'un entrainement en force à charges maximales (méthode des
efforts maximaux de Zatsiorski) serait le plus approprié. Ce type
d'entrainement favorise également l'amélioration du
contrôle moteur par le sujet. En effet, Duchateau (1997) nous montre que
sur des sujets non-entrainés, la
17
musculature antagoniste peut influencer le contrôle du
mouvement car celle-ci provoque des contractions parasites ce qui limite la
performance du muscle agonsite. De plus, l'auteur affirme qu'un processus de
renforcement musculaire permettrait système d'augmenter le
réflexe d'inhibition du muscle antagoniste,laissant ainsi la
possibilité au muscle agoniste d'exprimer tout son potentiel (Duchateau,
1997).
C. Facteurs à prendre en compte pour
améliorer l'explosivité chez le jeune
Dupont et Bosquet, 2007 affirment que la musculation
pratiquée dans de bonnes conditions ne peut pas être dangereuse
pour le jeune. Il est en revanche très important de savoir adapter le
matériel et de leur apprendre les gestes et les postures de base afin de
respecter au mieux le corps du sujet (Dupont et Bosquet, 2007). Autrement dit,
il est possible d'utiliser des appareils avec charge guidée qui permet
de solliciter le muscle dans la bonne position et de manière
sécurisée, ou encore préconiser l'aide de partenaires. Les
capacités aérobies sont déjà très
développées chez le jeune, il est donc plus intéressant de
laisser place le plus souvent possible à d'autres formes de
développement des qualités physiques comme la force, la puissance
ou encore la vitesse (Cometti, 2007). L'auteur nous dit aussi que pour des
jeunes n'ayant pas encore atteint la période pubertaire,
l'entraînement ne devrait pas se tourner vers le développement des
qualités physiques énoncées précédemment,
mais essentiellement sur le plan tactico-technique du joueur. Cette affirmation
entre en contradiction avec celle de Dupont et Bosquet (2007). Effectivement,
les réponses à ce sujet sont encore très contredites. Les
jeunes peuvent effectivement, dès leurs débuts en
préparation physique, développer les qualités de
coordination et de vitesse maximale par exemple qui sollicitent les
articulations et les muscles de manière trop intense. En revanche,
après la puberté, Cometti (2007) n'est pas contre l'utilisation
progressive de méthodes de musculation avec charges additionnelles en
commençant par des sollicitations musculaires très
légères et en augmentant l'intensité au fil des
années. L'entraînement en force peut être efficace chez le
jeune prépubère uniquement si l'intensité des exercices
est adaptée à ses possibilités (Dupont et Bosquet, 2007),
c'est-à-dire avec l'utilisation de charges additionnelles
légères, un nombre de séries limité ainsi qu'un
travail plus qualitatif que quantitatif. En effet, l'augmentation de la force
chez ce type de public sera en grande partie liée aux adaptations
nerveuses car le phénomène d'hypertrophie n'est pas encore
possible à cause d'une concentration en testostérone trop faible.
La méthode stato-dynamique est une méthode pouvant être
employée pour les jeunes car elle comprend une phase statique qui oblige
le sujet à adapter son placement corporel et une phase dynamique avec
charge moyenne qui permet au jeune de solliciter ses muscles de manière
sécuritaire et qualitative (Cometti, 1988). De plus, l'auteur nous
propose une gradation dans la difficulté qui peut facilement s'adapter
à un public jeune. En effet, lors d'un exercice de type « chaise
», le fait d'exécuter la phase stationnaire en appui dorsal contre
un mur diminue la sollicitation des membres inférieurs, tout en
permettant au jeune d'apprendre le bon
18
placement de son dos. Cometti (1988) nous dit également
que l'isométrie est une des méthodes les plus efficaces pour le
jeune car elle permet de se familiariser avec le port de charges. Cependant,
l'association d'une phase statique immédiatement suivie d'une phase
dynamique explosive va jouer essentiellement sur les facteurs nerveux et
structuraux du jeune (Cometti, 1988). La méthode pliométrique
comprend également une gradation dans la difficulté qui permet
une bonne adaptation pour les sujets jeunes ou débutants, même
s'il est communément admis que celle-ci provoque une sollicitation
osseuse, musculaire et articulaire plus élevée que les autres
méthodes. Cometti (2007) affirme qu'il est possible de commencer un
travail de pliométrie par des séries de sprints sur de courtes
distances puis, lorsque la technique est suffisamment bien
maîtrisée, passer sur du travail de bondissements horizontaux qui
est plus sollicitant que le travail de sprints mais aussi plus technique car
cela exige d'avoir de bons placements lors des sauts. En poursuivant sur les
sauts, la difficulté suivante réside dans la hauteur du saut. En
effet, plus la hauteur de saut va être importante, plus la sollicitation
sera importante. Enfin, lorsque les muscles sont suffisamment
développés, les jeunes peuvent passer sur un travail de
pliométrie avec charges qui sera très traumatisant mais aussi
extrêmement efficace (Cometti, 2007). Enfin, la méthode par
contraste de charge paraît également être adaptée au
développement des qualités de force et d'explosivité chez
le jeune dans la mesure où elle favorise dans un premier temps le
développement des facteurs nerveux puis dans un deuxième temps
favorise l'expression de la vitesse d'exécution (Cometti, 2009). La
force étant un des deux paramètres de la puissance, il apparaitra
donc important de bien développer cette qualité avant d'entamer
un programme de développement de l'explosivité surtout chez des
jeunes n'ayant pas une force maximale initiale très
élevée.
19
CONCLUSION
L'analyse du rugby moderne nous montre donc l'importance de
développer l'explosivité des membres inférieurs (Cazorla
et coll., 2004) afin d'être capable de créer la plus grande
accélération possible, ce qui peut être déterminant
lors des phases où le joueur doit vaincre son ou ses adversaires
directs. L'explosivité se traduit par la capacité d'un muscle ou
d'un groupe musculaire à produire un maximum de force en un minimum de
temps, autrement dit d'engendrer la plus grande quantité de mouvement
possible (Miller, 2006). Cette quantité de mouvement se traduit par le
produit d'une mise en accélération segmentaire la plus grande
possible et de la masse du sujet. Le but de cette recherche était de
faire le point sur les différents facteurs de développement de
cette force explosive et les principales adaptations possibles
transférables au rugby et plus particulièrement aux jeunes
rugbymen.
Nous avons donc pu constater qu'il existe quatre facteurs
principaux qui limitent le développement de l'explosivité. Parmi
ces facteurs, nous pouvons laisser une place très importante à
l'amélioration de la force maximale. En effet, une augmentation de la
force maximale permettrait de réduire le temps d'obtention du pic de
force pour les charges sous-maximales, d'après la relation
charge-vitesse, ce qui est l'une des premières caractéristiques
de la force explosive. Autrement dit, plus la force du sujet est grande, plus
la capacité de celui-ci à vaincre les forces extérieures
sera grande. De plus, le travail de force maximale permet un recrutement
spatio-temporel optimal des unités motrices rapides (Miller et coll.,
1997). Ce développement de la force maximale n'est intéressant
que s'il n'altère pas les qualités de vitesse et d'activation
nerveuse du sujet. Autrement dit, ce type d'entrainement doit absolument
être exécuter à vitesse maximale et à charges
maximales. Même si la vitesse d'exécution du mouvement est faible,
il s'agit pour l'individu d'essayer d'être le plus rapide possible. Il
est également important de rendre compte de la transformation et de
l'utilisation des fibres rapides. En effet, plus le muscle est composé
de fibres rapides, plus celui-ci sera pré-disposé à
pouvoir produire une force explosive. Ces fibres vont permettre au muscle
d'avoir une vitesse de raccourcissement la plus brève possible ainsi
qu'une force développée supérieure à celle qu'il
est possible de produire avec un muscle composé principalement de fibres
lentes. Il est possible, par l'entraînement de modifier la composition
d'un muscle en type de fibres spécialisées. En effet, un
entrainement en vitesse, avec des charges pouvant être mobilisées
rapidement, permet au muscle de solliciter majoritairement des fibres IIb
(fibres rapides). L'explosivité fait aussi appel à la raideur de
la composante élastique série (CES). Celle-ci doit être
rendue la plus raide possible afin de favoriser la transmission de la force. De
plus, augmenter la raideur de la CES permet de réduire la durée
du cycle étirement-raccourcissement, ce qui permet de réduire par
la même occasion la durée de l'impulsion (Millet et Le Gallais,
2007). Un autre déterminant de la force explosive est la coordination
intra et intermusculaire. En effet, sans
20
coordination, il est impossible de produire une force
explosive optimale. De plus, nous avons vu que les organes tendineux de Golgi
jouaient un rôle protecteur de l'organisme face à des tensions
musculaires trop importantes. Le but d'un entrainement en force va être
également d'inhiber les récepteurs de Golgi placés aux
jonctions des muscles et des tendons afin de pouvoir produire plus de force et
d'augmenter la vitesse de contraction de chaque muscle pour chaque niveau de
force (Duchateau, 1997). Il faut également s'intéresser à
la synergie musculaire. En effet, le niveau d'activation des muscles est
différent selon la position articulaire lors du mouvement. De ce fait ,
il est important de considérer le travail de l'explosivité dans
la position articulaire similaire à celle de compétition.
Pour développer l'explosivité chez les jeunes
rugbymen, nous avons vu qu'il serait intéressant de travailler avec une
méthode adaptée à leurs capacités. Il est possible
d'utiliser une méthode isométrique, telle que la méthode
stato-dynamique, ou encore une méthode pliométrique telle que les
rebonds horizontaux ou verticaux. La méthode par contraste de charge
permet également au jeune rugbyman de développer sa force
maximale tout en développant en même temps la force explosive
(Cometti, 2009) mais seulement si l'intensité de l'exercice est
suffisante et adaptée (Dupont et Bosquet, 2007).
Pour conclure, nous pouvons dire que le développement
de la force explosive est un processus complexe qui est influencé par
beaucoup de facteurs qui peuvent être améliorés par
l'entrainement. Il serait également intéressant de voir si un
processus d'entrainement combinant la méthode pliométrique et la
méthode stato-dynamique permettrait d'obtenir de meilleurs
résultats.
21
Méthodologie
La population étudiée:
Cette étude a été effectuée
auprès de quatre adolescents d'un lycée dans le cadre de leur
créneau d'association sportive, où ils souhaitaient pratiquer la
musculation. Les sujets sont âgés de 15 à17 ans et viennent
de milieux sportifs très différents. Pour deux d'entre eux, c'est
la première année qu'ils pratiquent la musculation avec charges
additionnelles. Les deux autres font partie du centre de perfectionnement du
Stade Poitevin Rugby et disposent de deux créneaux de musculation avec
ou sans charges additionnelles de 2h par semaine. Néanmoins, aucun
individu n'a déjà travaillé selon un protocole de
développement de la force explosive des membres inférieurs. Le
tableau 1 illustre les données anthropométriques relevées
chez les sujets. Tous les sujets ont reçu le même nombre de
séances spécifiques au développement de
l'explosivité.
Tableau 1: caractéristiques anthropométriques
indivudelles
Sujet
|
Taille (cm)
|
Masse (kg)
|
Age (années)
|
1
|
181
|
78,4
|
17
|
2
|
179
|
64,3
|
17
|
3
|
177
|
83,4
|
15
|
4
|
178
|
69,5
|
17
|
Moyenne
|
178,75
|
73,9
|
16,5
|
Ecart type
|
1,71
|
8,6
|
1
|
Le protocole:
L'étude a été menée lors d'un
créneau de l'association sportive du lycée Louis Armand de
POITIERS à raison d'une heure par semaine. Mon intervention
auprès de ces individus a été découpé en
quatre cycles.
· La phase initiale:
La première partie de cette intervention a
été consacré à un renforcement musculaire
généralisé des membres inférieurs. En effet, les
sujets de cette étude étant principalement des débutants
en terme de musculation avec charges additionnelles, il été
primordial d'entamer ce cycle par des séances d'habituation à ce
type d'exercices et de sollicitations à raison de 4 semaines
d'entrainement.
Ainsi, le but principal de la phase initiale était
d'améliorer les points faibles de chacun au niveau de la coordination
inter-segmentaire et des placements à adopter lors des soulevés
de charges afin de limiter les risques de blessures. De plus, il s'agissait de
les habituer aux sollicitations qu'induisent la mobilisation de charges autres
que celle du poids de corps. C'est pourquoi les
22
premières séances étaient
composées majoritairement d'exercices de 1/2 Squat avec une charge
additionnelle modérée qui était associée à
une phase statique préalable. Nous étions donc sur une
mobilisation de type stato-dynamique.
· La phase de développement de la force maximale:
Dans un deuxième temps, afin de rendre le travail de
la force explosive la plus efficace possible, six semaines ont
été consacré au développement de la force maximale
des membres inférieurs. Les individus étaient
évalués au début et à la fin de cette phase de
renforcement musculaire.
· La phase de tests pré-entraînement:
Il s'agissait ici de mesurer les qualités contractiles
des membres inférieurs à travers différents tests.
· La phase de préparation physique liée au
développement de la force explosive:
Durant six semaines, les individus ont suivi une phase de
musculation en salle avec charges additionnelles à raison d'une heure
par semaine. Uniquement les membres inférieurs des sujets
été sollicités durant ce créneau horaire.
Cependant, deux groupes de travail ont été distingué. Le
premier groupe travaillait selon un protocole de développement de
l'explosivité orienté sur la puissance-force alors que le
deuxième groupe travaillait selon un protocole différent
orienté sur l'amélioration de la puisssance-vitesse.
· La phase de tests post-entrainement:
Cette dernière phase est apparue juste après la
phase de préparation physique consacrée au développement
de l'explosivité des membres inférieurs. Les tests mis en place
été similaires aux tests utilisés lors de la phase de
tests pré-entraînement. Il s'agissait ici de montrer l'impact du
programme de préparation physique proposé aux individus sur
l'amélioration de leurs qualités contractiles. Les tests ont de
plus été effectué le même jour de la semaine et dans
la même plage horaire.
Le matériel utilisé:
Les données anthropométriques étaient
recueillies grâce à un pèse-personne numérique et un
mètre-ruban classique.
Les mesures de puissance des membres inférieurs ont
été effectué à l'aide d'un dynamomètre
inertiel accélérométrique : le myotest®. Ces valeurs
sont donc déduites de l'accélération (cm.s-2)
et de la masse déplacée (masse du sujet en Kg).
23
Enfin, les mesures de temps ont été
effectué grâce à un chronomètre manuel et les
distances de courses mesurées avec un décamètre.
Les paramètres mesurés:
· Données anthropométriques:
Comme nous le montre le tableau 1, les données
recueillies nous servent à quantifier la masse corporelle et la taille
des sujets qui sont actuellement en pleine période de croissance. Les
mesures ont été effectué au même moment de la
journée, dans les mêmes conditions environnementales et par le
même individu.
· Qualités contractiles des sujets:
Le but de ces mesures est de pouvoir quantifier de
manière efficace à l'aide le l'accéléromètre
inertiel Myotest®, l'évolution de la puissance musculaire des
membres inférieurs entre la phase de tests pré-entraînement
et la phase de tests post-entraînement. Des mesures de temps ont
également été effectué grâce à un
chronomètre manuel afin de pouvoir étudier une probable
corrélation entre la puissance musculaire des membres inférieurs
et un transfert sur un test de type course en sprint. Deux temps ont
été relevés: le premier mesurait le temps entre le
départ et la ligne des 20 mètres et le second mesurait le temps
entre la ligne des 40 mètres et celle des 60 mètres.
La batterie de tests mise en place:
Un échauffement standardisé
précédait les tests pré et post entrainement. Il
était composé d'une course à vitesse modérée
et progressive d'une durée minimale de 10 minutes suivie de plusieurs
éducatifs de course de type montées de genoux, talons-fesses, pas
chassés et sauts horizontaux d'une durée minimale de 5 minutes
afin d'augmenter la température musculaire et de solliciter
progressivement les groupes musculaires. Les tests de détente verticale
étaient composés d'une série de trois sauts verticaux.
Pendant toute la durée des tests, les individus
non-évalués avaient pour consigne de maintenir une
température musculaire suffisante afin de limiter les risques de
blessures et une contre-performance. Trois tests dont les sollicitations
diffèrent sont instaurés.
· Squat Jump avec charge additionnelle de 50 kilos:
Ce test mesure la détente et la puissance
non-pliométrique des membres inférieurs du sujet. Il est donc
possible d'évaluer efficacement l'explosivité des membres
inférieurs. Le sujet doit partir d'une position jambes fléchies
à un angle de 90° pendant laquelle il effectuera un maintien
24
isométrique suivi immédiatement d'un saut
vertical. Une corde a été mise en place pour que les individus
reviennent à chaque fois dans la même position de départ.
Il s'agit d'apprécier la hauteur d'élévation du centre de
gravité à travers la mesure de la puissance. La surcharge nous
permet de mesurer la puissance-force du sujet.
· Le Squat Jump sans charge additionnelle:
Ce test mesure également la détente verticale
et la puissance des membres inférieurs du sujet. Il se déroule
selon le même protocole que le Squat Jump avec charge additionnelle sauf
que le sujet n'a que son propre poids de corps à soulever. Une corde est
toujours placée pour que le sujet revienne toujours dans la même
position initiale. Il s'agit ici d'apprécier la hauteur
d'élévation du centre de gravité à travers la
mesure de la puissance concentrique des sujets. Le Squat Jump sans surcharge
permet de mesurer la puissance-vitesse des sujets.
· Le test de vitesse sur 0-20 mètres:
Pour ce test, il était demandé aux sujets de
courir le plus vite possible sur une distance de 20 mètres. Le
départ se faisait départ arrêté avec
starting-blocks. Cette évaluation nous permet d'obtenir un temps que
nous allons pouvoir mettre en corrélation avec les valeurs de puissance
obtenues sur les tests de détente verticale. Ce test permet de mesurer
indirectement l'accélération moyenne des sujets en faisant la
dérivée de la vitesse, obtenue elle-même en faisant le
rapport de la distance sur le temps. Ce test est représentatif de la
puissance anaérobie alactique des sujets.
· Le test de vitesse sur 40-60 mètres:
Le test présenté ici est la dans la
continuité du test de vitesse sur 0-20 mètres car les sujets
avaient pour consigne d'effectuer une course de 60 mètres le plus
rapidement possible. Le départ de ce test est donc à la ligne de
départ du test sur 0-20 mètres. La mesure se fait à partir
d'une vitesse non-nulle, à partir de la ligne des 40 mètres. Le
temps obtenu sur ce test permet donc également de calculer indirectement
l'accélération moyenne des sujets en faisant la
dérivée de la vitesse, sur une course à départ
lancé. Ce test est également représentatif de la puissance
anaérobie alactique des sujets car on peut considérer qu'un
effort de courte durée compris entre 3 et 6 secondes est majoritairement
soumis à ce métabolisme.
La planification des cycles de préparation
physique:
· Macrocycle:
Comme nous l'avons présenté
précédemment, le but de cette étude est de montrer
l'impact d'une préparation physique orientée sur le
développement de la force explosive des membres inférieurs
à travers deux processus qui sont la puissance-force et la
puissance-vitesse. Ce
macrocycle est composé de trois mésocycles dont
la durée totale est de 16 semaines, comme nous le montre la Figure 3. Le
premier mésocycle dure quatre semaines et le principal objectif est
d'améliorer la coordination inter-segmentaire des sujets ainsi que de
les habituer à travailler avec des charges additionnelles. Le second
mésocycle dure six semaines. Le but sur ces six semaines est d'amener
les sujets à augmenter leur force maximale des membres inférieurs
à travers le principe de la charge montante (voir annexe 1) car les
sujets sont novices en développement de la force maximale, puis par la
méthode des procédés à charges maximales (voir
annexe 2). Le programme de préparation physique des sujets est devenu
individualisé. Un test de 1 RM a ponctué ce mésocycle.
Enfin, le dernier mésocycle était celui de l'amélioration
de la force explosive à travers la méthode des contrastes de
charge. Il a débuté par une phase de tests et s'est
terminé de la même manière. Lors de ce dernier
mésocycle, les deux groupes de travail ont été
créés afin de pouvoir noter les différences que nous
pourrions observer entre les deux processus d'entrainement.
Figure 3: planification du macrocycle de développement
de la force explosive
· 
25
Les séances:
Toutes les séances débutent par un phase
d'échauffement de 20 minutes minimum, avec dans un premier temps une
course à vitesse modérée et à intensité
progressive, puis dans un deuxième temps une mobilisation articulaire de
l'ensemble du corps puis des éducatifs de course de type montées
de genoux, talons-fesses, sauts horizontaux et pas chassés, pour finir
avec une ou plusieurs séries de Squat Jump avec leur poids de corps pour
s'habituer au mouvement.
26
Ensuite, 30 minutes par séance étaient
consacrées au développement des qualités contractiles des
membres inférieurs avec des sollicitations de type charges maximales
pour le développement de la force maximale (voir annexes 1 et 2) puis
des sollicitations de type lourd-léger (voir annexe 3).
· Statistiques:
Afin d'étudier l'effet du protocole d'entrainement
proposé sur les résultats des tests de Squat Jump avec charge
additionnelle, Squat Jump sans charge additionnelle, et de course en sprint sur
020 mètres et 40-60 mètres, nous avons choisi d'utiliser une
analyse de variance de type ANOVA.
De plus, nous souhaitions montrer qu'il existe une relation
entre les performances au Squat Jump avec charge additionnelle et le test de
course sur 0-20 mètres et une autre relation entre le Squat Jump sans
charge additionnelle et le test de course sur 40-60 mètres. Pour ce
faire nous avons utiliser des fonctions de corrélation.
Pour traiter toutes ces données, nous avons
utilisé le logiciel STATISTICA et le seuil de significativité a
été fixé à P < 0,05.
27
Résultats
Les qualités contractiles:
Figure 4: Évolution de la puissance moyenne des membres
inférieurs des sujets lors du test de détente verticale avec
charge additionnelle et sans charge additionnelle entre le pré test et
le
post test.
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Puis sance avec charge
|
Puiss ance sans charge
|
s) san
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6000
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Pré test
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aatP
P - V 1 P - F 1
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- V 1 P - V 2 P - F 1 P - F 2
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P - V 2 P - F 2
|
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Pré test
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Post test
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|
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|
Remarque: pour toutes les figures
présentent dans ce document, P-F 1 représente le premier sujet du
groupe puissance-force, P-F 2 est donc le second de ce même groupe. P-V 1
et P-V 2 sont respectivement le premier et le second sujet du groupe
puissance-vitesse.
28
Les tests de course:
Figure 5: Évolution des durées aux tests de course
sur 0-20 mètres et 40-60 mètres entre la phase de pré test
et la phase de post test.
|
Temps s ur 0-20 mètres
|
Temps s ur 40-60 mètres
|
Temps (secondes)
|
4
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3
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P - V 1 P - V 2 P - F 1
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|
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|
|
Pré test
|
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P - V 2 P - V 1
|
|
|
|
P - F 1 P - F 2
|
|
|
|
P - F 2
|
|
Pré test
|
|
|
|
|
Post test
|
|
|
|
Post test
|
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|
|
|
|
|
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|
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|
|
|
|
|
|
|
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|
|
Figure 6: Évolution de l'accélération sur
le test de 0-20 mètres et sur le test de 40-60 mètres entre la
phase de pré test et la phase de post test.
Accélération sur 0-20 mètres
Accélération sur 40-60
mètres

P - V 1 P - F 1 P - V 2 P - F 2
6
4
3,5
5
3
Accélération (m/s2)
Accélération (m/s2)
4
2,5
2
3
1,5
2
1
0,5
1
0
0
P - V 1 P - F 1 P - V 2 P - F 2
29
Corrélations entre les tests de détente
verticale avec et sans charge additionnelle et les tests de course sur 0-20
mètres et sur 40-60 mètres:
D'après l'analyse des résultats, nous voyons
apparaître des corrélations entre les différents tests
proposés aux sujets. En effet, il existe une forte corrélation
entre le test de puissance avec charge et le test de course avec départ
lancé sur 20 mètres (r = 0,78) pour le groupe puissance-vitesse.
De plus, il existe également une forte corrélation entre le test
de puissance sans charge et le test de course avec départ
arrêté sur 20 mètres (r = 0,63) pour le groupe
puissance-force.
En revanche, les résultats nous montrent aussi que la
corrélation qui a été faite entre le test de puissance
sans charge et le test de course départ lancé sur 20
mètres est très faiblement négative (-0, 36) pour le
groupe puissance-vitesse. Il en est de même pour le groupe
puissance-force lorsque l'on met en corrélation le test de course sur
0-20 mètres avec départ arrêté et le test de
puissance avec charge additionnelle (-0,2).
30
Discussion
Le but de ce mémoire était de montrer
l'efficacité d'un entrainement sur la base de la méthode par
contraste de charge sur le développement de la force explosive des
membres inférieurs selon le protocole d'amélioration de la
puissance-force ou le protocole d'amélioration de la puissance-vitesse.
Il s'agissait donc ici de savoir si le programme de préparation physique
proposé permettait ou non d'améliorer les qualités
contractiles nécessaires à la production d'une force explosive
mais également de savoir si un transfert était directement
possible sur des actions de type sprints sur courtes distances qui
caractérisent la majorité des actions des rugbymen de haut-niveau
actuellement.
Nous pouvons apprécier au travers des résultats
une amélioration significative (p < 0,05) de l'ensemble des sujets en
terme de puissance développée lors des tests de détente
verticale ainsi qu'une diminution du temps mis pour parcourir 20 mètres
le plus rapidement possible, autrement dit une augmentation significative de
l'accélération sur une distance de 20 mètres.
Nous pouvons voir que les résultats obtenus confirment
une amélioration significative des qualités contractiles pour les
tests de détente verticale ainsi que pour les tests de course.
1. La puissance des membres inférieurs:
Au travers des résultats que nous a permis d'obtenir
l'accéléromètre Myotest®, nous pouvons observer une
amélioration significative de la performance en terme de puissance des
membres inférieurs entre la phase de pré test et la phase de post
test pour les deux groupes.
31
En s'intéressant au groupe puissance-force, nous
pouvons voir que la performance au test de Squat Jump avec charge additionnelle
a augmenté de 8,14%. De plus, pour le groupe puissance-vitesse la
performance au test de Squat Jump sans charge additionnelle a augmenté
de la même manière que le groupe puissance-force au test de Squat
Jump avec charge additionnelle (+ 5,62%).
Cependant, les performances des deux groupes à l'autre
test de détente verticale nous permettent également de voir
qu'une tendance à l'amélioration est visible même si pour
autant elle n'est pas significative pour le seuil de tolérance
fixé dans cette étude. Il serait peut-être
intéressant de voir si un entrainement de ce type sur une plus longue
durée protocolaire aurait permis d'obtenir des résultats
significatifs pour un seuil de tolérance de P < 0,05 en terme de
puissance développée sur le second test de détente
verticale. Autrement dit, les sujets seraient-ils capables d'améliorer
à la fois leur puissance-force et leur puissance-vitesse via le
protocole que nous avons mis en place si la durée de celui-ci
augmente?
2. L'accélération sur 20
mètres:
Les résultats de ce test nous montrent que la
performance des sujets du groupe puissance-force a significativement
augmenté pour le temps mesuré entre la ligne de départ et
la ligne des 20 mètres. Autrement dit, nous pouvons affirmer que ce
groupe s'est amélioré en terme d'accélération
à partir d'une vitesse nulle.
D'autre part, la performance des sujets du groupe
puissance-vitesse a considérablement augmenté sur la distance
comprise entre la ligne des 40 mètres et la ligne des 60 mètres.
Il est donc clairement possible d'extrapoler ce résultat a une
augmentation de l'accélération à partir d'une vitesse
non-nulle.
Comme les tests précédents où l'on
mesurait la puissance des membres inférieurs sur les tests de Squat Jump
avec et sans charge additionnelle, nous pouvons observer une
amélioration de la performance des deux groupes sur l'autre mesure de
temps. Cependant, pour le seuil de significativité fixé lors de
cette étude, nous ne pouvons considérer cette augmentation de la
performance comme étant valide.
Or, si la durée du protocole avait été
plus grande, nous aurions sans doute pu observer une augmentation plus
importante de la performance sur l'autre mesure.
3. Les corrélations entre les tests:
Les données de la littérature ont tendance
à montrer qu'il existe une forte corrélation entre les
performances au test de puissance avec charge et les performances au test de
course avec départ
32
arrêté qui serait plus spécifique aux
actions des joueurs avants (Girardi, 2002). De plus, il est communément
admis que les performances au test de puissance sans charge et au test de
course avec départ lancé sur 40-60 mètres sont fortement
corrélés, ce qui serait plus spécifique aux joueurs des
lignes arrières (Girardi, 2002). Or, dans notre analyse de
résultats, les corrélations observées sont totalement
à l'inverse des corrélations attendues par Girardi (2002). En
effet, le groupe puissance-force augmente d'avantage ses performances sur le
test de course avec départ lancé (+ 12,02%) tandis que le groupe
puissance-vitesse améliore plus ses performances sur le test de course
départ arrêté (+ 9,38%). Cependant, les résultats en
terme de puissance avec et sans charge additionnelle reste bien dans la logique
des résultats attendus. Le groupe puissance-force a augmenté
significativement plus ses performances au test de Squat Jump avec charge (+
8,14%) que le groupe puissance-vitesse tandis que le groupe puissance-vitesse a
augmenté significativement plus ses performances au test de Squat Jump
sans charge que le groupe puissance-force (+ 5,62%). Cela nous montre que les
résultats attendus en terme d'amélioration de la puissance-force
ou de la puissance-vitesse selon le protocole mis en place ont
été obtenus, mais qu'en revanche les corrélations
attendues ne sont pas en accord avec les textes de la littérature.
4. Limites de cette étude:
Les résultats que nous avons pu observer lors de cette
étude présentent quelques limites non-négligeables.
Premièrement, le groupe de travail initial ne comporte
que très peu de sujets qui est fixé à quatre. Cela peut
s'expliquer par le fait que les lycéens ont un emploi du temps
très chargé avec des horaires de cours variables. De ce fait, les
individus m'ayant dit clairement qu'ils comptaient participer activement aux
séances que je proposais ont été dans l'obligation de
refuser mon offre qui est vite devenue trop contraignante pour eux. Le nombre
total d'individus concernés au début était de 11
personnes.
Deuxièmement, le groupe de joueurs présents au
centre de perfectionnement devaient être également les sujets de
mon intervention en terme de travail sur le développement de la force
explosive des membres inférieurs. Or, d'un point de vue
méthodologique cela n'a pas pu être réalisable. En effet,
l'entraineur de ces mêmes joueurs proposait un contenu de
préparation physique le même jour sur les membres
inférieurs.
Troisièmement, il aurait été
préférable que je commence mon intervention auprès des
sujets du lycée dès le début de l'année scolaire.
En effet, cela m'aurait permis d'avoir une durée d'intervention beaucoup
plus importante et peut-être aurais-je pu voir apparaître des
résultats notables sur les tests que je proposais dont le seuil
fixé par cette étude ne nous a pas permis de valider.
Ensuite, un groupe contrôle aurait pu être
instauré si le nombre total de sujets disponibles n'avait pas
été si faible. Celui-ci aurait certainement lever le doute sur
l'hypothèse que l'augmentation de la performance des sujets sur les
différents tests proposés est peut-être due à une
habituation des individus aux exercices.
Enfin, le groupe qui a suivi le protocole était un
groupe débutant la musculation avec charges additionnelles. Cela
à pu biaiser quelque peu les résultats.
33
Conclusion
Cette étude pour laquelle nous nous sommes
intéressés à un groupe de lycéens âgés
de 15 à 17 ans était portée sur le développement de
la qualité contractile dite de force explosive des membres
inférieurs. Pour cela, nous avons mis en place un protocole de travail
de 16 semaines découpées en quatre cycles en utilisant la
méthode par contraste de charges et basé pour un groupe sur le
développement de la puissance-force et pour l'autre groupe sur
l'amélioration de la puissance-vitesse. Aussi, nous souhaitions mettre
en corrélation les performances aux tests de détente verticale
avec les performances au test de course.
Il a été démontré qu'un programme
de préparation physique basé sur le développement de la
force explosive des membres inférieurs a permis d'améliorer les
valeurs de puissance pour les deux groupes ainsi qu'une amélioration des
temps de course en phase post-entrainement. De plus, nous avons pu mettre en
corrélation la performance au test de détente verticale avec
charge additionnelle et le test de course avec départ lancé pour
le groupe puissance-force. Nous avons également pu mettre en
corrélation le test de course avec départ arrêté et
le test de détente verticale sans charge additionnelle.
Nous pouvons donc clairement affirmer que ce type de
programme de préparation physique utilisant la méthode par
contrastes de charge selon un protocole d'amélioration de la
puissance-force ou de la puissance-vitesse est un bon moyen de
développer la force explosive des membres inférieurs pour une
population jeune. De plus, ce cycle a permis de développer
l'accélération des sujets sur de courtes distances, ce qui est
une qualité essentielle pour le rugby de haut-niveau
actuellement. En effet, nous avons vu que des qualités
d'accélération étaient nécessaires au rugbyman pour
franchir une ligne de défense ou bien pour prendre de vitesse un ou
plusieurs adversaires directs.
Il serait intéressant de voir si un protocole
basé sur le développement de la force explosive à travers
les protocoles d'amélioration de la puissance-force et de la
puissance-vitesse serait d'avantage efficace en utilisant les méthodes
pliométriques et stato-dynamiques.
34
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36
Annexes
Annexe 1: principe de la charge montante:
Comme nous le montre Cometti (1988), le principe de la charge
montante est considéré comme efficace auprès de jeunes
adolescents débutants dans le registre du développement de la
force maximale. Nous sommes en présence d'un type d'effort uniquement
concentrique volontaire. La vitesse d'exécution doit toujours être
maximale afin de ne pas perdre de trop les qualités contractiles de
vitesse maximale. Il nous dit également que cette méthode devient
rapidement une limite pour des personnes déjà entrainées
car elle ne présente que très peu d'intérêts
physiologiques. Cependant, il nous a été possible d'instaurer
cette méthode de travail lors de cette intervention auprès des
lycéens car ils été tous débutants.
Exemple classique d'illustration de cette méthode:
1*8 à 70%, 1*6 à 75%, 1*5 à 80%, 1*4 à 85%,
1*3 à 87%, 1*1 à 90%, puis 1*1 à 95%.
Cependant, nous pouvons constater que cette illustration
présente un intérêt particulier dans le
développement de la masse musculaire car elle se rapproche beaucoup de
la méthode des efforts répétés de Zatsiorski
où il s'agit de soulever une charge relativement lourde avec un nombre
de répétitions important. Or, le but de ce cycle était le
développement de la force maximale des sujets, indépendamment de
leur masse musculaire. C'est pourquoi nous avons décidé d'adapter
quelque peu cette méthode afin de la rapprocher des efforts maximaux de
Zatsiorski (voir Annexe 2).
Exemple de cette méthode adaptée aux
efforts maximaux: 1*10 à 50% (échauffement), 1*5 à
75% (échauffement), 2*2 à 85%, 2*2 à 90%, 2*2 à 95%
(avec aide d'un partenaire).
37
Annexe 2: la méthode des efforts maximaux:
Cette méthode a été
présenté pour la première fois par Zatsiorski. C'est une
méthode concentrique volontaire qui doit être effectuée
à vitesse maximale bien que les charges additionnelles soient
élevées. Il faut en effet toujours préserver les
qualités contractiles de vitesse maximale. Cometti (1988), nous explique
brièvement ce qu'est cette méthode. Le but de celle-ci est
d'obtenir un développement rapide de la force maximale. Pour cela,
Zatsiorski nous conseille d'effectuer peu de répétitions dans les
séries. Miller et coll. (1997) estiment ce nombre de
répétitions entre 3 et 6 selon la charge utilisée. En
revanche, pour que cela soit efficace dans le cadre du développement
attendu, il est nécessaire voire primordial de travailler avec des
charges très lourdes, se rapprochant le plus possible de la charge
maximale qu'est capable de soulever le sujet sur une seule
répétition (1 RM). Pour des experts, il sera donc judicieux de
travailler sur 3 répétitions maximum, avec des charges comprises
entre 90% et 100% de la 1RM.
Exemple d'illustration de cette méthode selon
Cometti (1988): 5*3 à 90% ou 5*2 à 95%.
Etant donné que l'intervention se déroulait
auprès d'adolescents débutants en terme de musculation avec
charges additionnelles, nous avons entrepris d'adapter légèrement
cette méthode afin de la rendre plus accessible à ce public. La
méthode consistait donc à une adaptation des efforts maximaux
avec le principe de la charge montante qui reste moins traumatisante pour
ceux-ci.
Exemple de cette méthode adaptée au
principe de la charge montante: 1*10 à 50% (échauffement),
1*5 à 75% (échauffement), 3*2 à 90%, puis 3*2 à 95%
(avec aide d'un partenaire).
Annexe 3: le principe du contraste de charges:
Cette méthode, aussi appelée méthode
bulgare du fait de ses origines, est très utile dans le cadre du
développement de la force explosive comme nous le montre Miller et coll.
(1997). Il s'agit dans ce cas de mobiliser successivement et sans temps de
récupération une charge lourde puis une charge
légère. D'un point de vue physiologique, cela permet de recruter
un maximum d'unités motrices lors de la mobilisation de la charge
lourde, qui seront elles-mêmes réutilisées lors de la
mobilisation de la charge légère. Miller estime
l'intensité de la charge aux alentours de 80% de la 1RM pour la charge
lourde et environ 40 % de la 1RM pour la charge légère. Il
convient bien sûr d'adapter les charges au public concerné ainsi
qu'aux différents objectifs à atteindre. En effet, afin de
développer majoritairement la puissance-force, les charges
additionnelles peuvent être sensiblement plus élevées que
dans pour un objectif d'amélioration de la puissance-vitesse. De plus,
Cometti (2009) nous indique que ce qui est important dans cette méthode
est surtout le contraste entre charge lourde et charge légère.
Autrement dit, plus la différence entre la charge lourde et la charge
légère sera grande, plus les résultats obtenus seront
grands. En revanche, dans le cadre du développement de la
puissance-force, il est possible d'utiliser des charges quasi maximales
38
d'environ 90% à 95% de la 1RM pour la charge lourde et
d'environ 40% à 50% de la 1RM pour les charges légères.
Cela permet également de conserver un niveau de force maximale assez
élevé pendant ce cycle. D'autre part, pour améliorer
d'avantage le registre puissance-vitesse, les charges additionnelles
utilisées peuvent varier de 70% à 80% de la 1RM pour les charges
lourdes alors que les charges légères devront être de
l'ordre de 30% de la 1RM jusqu'au poids de corps.
Exemple illustrant cette méthode selon Cometti
(1988): 2*2 à 80% puis 2*2 à 40%, 2*2 à 80% puis 2*2
à 40%, etc.
Nous venons de décrire les avantages qui existent
à adapter cette méthode aux différents objectifs à
atteindre (puissance-force ou puissance-vitesse). Il est donc possible de
travailler avec des charges additionnelles plus lourdes pour le travail de
puissance-force et de travailler avec des charges moins lourdes que celles
proposées par Cometti (1988) pour l'amélioration de la
puissance-vitesse.
Exemple de séance adaptée aux
différents objectifs:
· Puissance-force: 2*2 à 90% puis 2*2 à 50%,
2*2 à 95% puis 2*2 à 50%, 2*2 à 100% (avec aide pour la
phase concentrique) puis 2*2 à 60%.
o Le contraste entre les deux charges n'a pas
été inférieur à 40% afin de garantir
l'efficacité de cette méthode en préservant le principe
énoncé par Cometti (2009).
· Puissance-vitesse: 2*2 à 70% puis 2*2 à
30%, 2*2 à 70% puis 2*2 à 30%.
o La charge lourde a toujours été
supérieure ou égale à 70% de la 1RM du sujet car cela
aurait été succeptible de faire chuter le niveau de force
maximale.
|