Les intérêts des grandes puissances et la souveraineté de la RDC( Télécharger le fichier original )par Ghislain NGURU MUYISA Université officielle de Ruwenzori - Licence 2011 |
II.5.2. Crise socio-politique et économiqueLe caractère régional du conflit et de la crise à laquelle se trouve confrontée cette partie du continent africain place le régime actuel devant un problème très sérieux. Il place la RDC devant d'énormes défis de redéfinition de son identité politique, économique et sécuritaire76(*). Bien entendu, il sévit une crise socio-politique surtout dans la partie Est de la RDC. Les groupes armés pillent comme ils violent le droit de l'homme, ils sèment la terreur et la désolation à la population, et ils occasionnent des nombres importants de déplacés ainsi que des familles séparées. Ils empêchent l'administration de rendre son pouvoir effectif sur l'ensemble du territoire national comme ils redressent la prospérité économique surtout dans la partie Est du pays. C'est ainsi que la situation qui prévaut à l'Est de la RDC tient principalement à la faiblesse de l'Etat congolais et les autorités qui le dirigent. Toutes les autorités de la RDC, en commençant par le chef de l'Etat lui-même, doivent leur pouvoir aux dirigeants des Etats voisins comme le Rwanda et l'Ouganda. Ce qui fait que certains officiers règnent en maître en RDC et jouissent d'une impunité révoltante. Les cas de la création du CNDP par le général déchu LAURENT NKUNDA BATWARE ou par la suite son commandant le général à mandat d'arrêt international pour crime de guerre et crime contre l'humanité, la création du M 23 par le colonel SOULTANI MAKENGA ou encore un peu avant avec la rébellion de JULES MUTEBUSHI illustrent cette situation. De même à l'extrême Nord de la RDC les généraux ougandais continuent à régner en maître des lieux. Ils veillent sur l'exploitation du pétrole et d'autres minerais en Ituri. Malheureusement, cela s'effectue avec la complicité de certains congolais77(*). Ce qui met en cause l'unité nationale du pays. II.5.3. Problématique de l'unité nationaleRemarquons tout d'abord que la notion de l'unité nationale est une notion qui aujourd'hui, se vend bien au marché des idées politiques. Elle est dans l'air du temps et sous-entend bien des engagements de ceux qui nous gouvernent. Dans l'entendement du commun de mortels, cette notion est la cohésion de l'ensemble des composantes Humaines de la société. Elle est donc, par excellence, l'instrument primordial de l'action commune dans la nation. S'unir sous une manière et choisir un destin commun78(*) Certes, le sens commun perçoit l'intérêt de l'unité nationale mais ne peut exactement le définir. Il en est ainsi fondamentalement des politiciens. Ils emploient la notion d'unité nationale, connaissant bien sa réceptivité par l'auditoire, mais ne s'accordent ni sur son identification, ni sur les moyens ou instruments pour la réaliser. Composé de deux termes : « unité » et « nation », la notion d'unité nationale comporte en elle-même les germes de son insaisissabilité. L'unité c'est le caractère de ce qui est un, unique ; c'est-à-dire de ce qui est considéré comme formant un tout dont les diverses parties concourent à constituer un ensemble indivisible. C'est donc la qualité de ce qui est homogène, non composite 79(*)». En revanche, la nation c'est la communauté humaine ayant conscience d'être unie par une identité historique, culturelle, linguistique ou religieuse.80(*) Bref, il n'ya pas de nation, là où il n' ya pas d'unité. Il faut pour cela rapprocher les communautés à travers les liens linguistiques, culturels, économiques solides. Cependant, ce rapprochement doit se consolider par l'enseignement des langues, son encouragement ; et en finissant les relations commerciales et le partenariat intercommunautaire, en favorisant les rencontres de jeunesse à travers des oeuvres nationales communs ; en rehaussant le niveau de vie et en décloisonnant les communautés, les villes et les villages. C'est dans ce sens que, les identités sociales, culturelles, linguistiques et économiques créeront et contribueront à renforcer « l'unité nationale 81(*)» En tout état de cause, l'unité nationale se bute à quelques défis comme le soutiennent les analystes, et les stratèges qui ne cessent d'en parler sur les risques d'implosion du pays. Ils réactivent leur théorie de l'Etat en échec ou ingouvernable ou remettent à jour d'ancien plan du pentagone prévoyant l'éclatement du Congo en quatre zones distinctes, appelés à devenir des sortes de protectorat des pays voisins83(*). A ce niveau, ils ont sous estimé un facteur essentiel dont le nationalisme congolais. Malgré la guerre qui la déchire le Congo n'est pas un éléphant mort que ses voisins pourraient dépecer de leur guise. Il n'est pas ce « trou noir », le « coeur de ténèbres » que l'on évoque si volontiers. En réalité, pour les congolais, la portion du pays est une perspective impassable le souci de défendre l'intégrité nationale est unanimement partagée. Les seuls à rêver d'une implosion du Congo, d'un morcellement dans lequel ils trouveraient leur compte, sont les pays voisins et ce projet là lui-même n'est pas formulé à haute voix. A KAMPALA, le président MUSEVENI assure qu'il ne désire rien d'autre qu'un pouvoir stable à KINSHASA. Tandis que le Rwanda, dans toutes leurs intentions publiques, déclarent souhaiter le départ de KABILA PERE à l'époque, et n'entendent pas pour autant diviser le pays ou assurer le contrôle du Kivu. En d'autres termes, il convient de constater que les congolais toutes régions d'origine et tribus confondues, expriment des désirs convergents. Il s'agit de « vivre dans un Etat de droit, avoir le loisir de choisir leurs dirigeants suivant des procédures démocratiques, bénéficier d'une certaine décentralisation, instaurer le fédéralisme afin d'empêcher que la capitale ou quelconque pouvoir prédateur, national ou étranger, ne soient en mesure de « pomper » des richesses naturelles que les habitants des diverses régions souhaitent désormais utiliser pour leur propre développement »84(*). A titre illustratif, le Kivu est en sécession de fait. Outre le régime KABILA, l'unité même du pays peut être remise en doute. Le Kivu n'a jamais vraiment cessé d'être en guerre. Après avoir échappé à l'éclatement sous MOBUTU »l'ex-Zaïre », risque la partition sous son tombeur85(*). Il reste donc à savoir, si l'immense Congo, éternellement écarté par les tensions autonomes de ses frontières, survivra à cette nouvelle épreuve ou si la lutte pour l'hégémonie régionale qui se déroule sur le champ de bataille congolais débouchera sur la balkanisation du pays. En somme, La RDC se trouve dans un dépeçage de facto. Les intervations récurrentes de ses voisins et l'absence de solution Africaine ou international dans le conflit qui déchire le pays menacent ce gigantesque pays de dépeçage, estiment les experts86(*). Elles affectent même la fondation du système institutionnel comme la démocratie dans ce pays. * 76 VALENTIN KAYILA, Congo : la démocratie du plus fort , Ed. CREDK, Bruxelles, 2000, p. 78 * 77 http: // WWW. mémoire online.com/051101347110 politique extérieure -de-la RDC-face-au-pacte-sur-la-sécurité-la-stabilité-et-devel- htm , consulté , lundi, 21/08/2012 à 15h00 * 78 httn //WWW mail-archive comm./m-net com/ mso 026 13 html. Consulté, mercredi, 04/08/2012à 14h :30'. * 79 COLLECTE BRAECKMAN , L'enjeu congolais. L'Afrique centrale après MOBUTU, Ed Fayard, France, 1999, p. 409 * 80 idem * 8182 ibidem * 83 MAYOYO BITUMBA TIPO-TIPO , la deuxième guerre occidentale contre le Congo, Ed.l'harmattan , Paris, 2006, p. 340 * 84 MAYOYO BITUMBA TIP TIPO, op cit , p.409 * 85 idem , p. 410 * 86 Ibidem, p 340 |
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