4.2- ANALYSE ET APPRECIATION DES RESULTATS
L'appréciation des impacts du volontariat sur le
traitement social du chômage des jeunes diplômés sans emploi
telle que perçue par les jeunes victimes interrogés se
présente comme suit :
Au regard des résultats obtenus, il ressort que la
majorité des jeunes sont des jeunes majeurs (15 à 24 ans) avec un
taux de 61% contre 39% pour les jeunes adultes (25 à 35 ans. Cette
situation révèle des problèmes remarquables liés
à l'insertion professionnelle des jeunes majeurs et adultes. Dans la
hiérarchisation de leurs intérêts ou motivations, beaucoup
de jeunes sont
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engagés dans le volontariat soit dans l'espoir
d'acquérir un emploi durable pour devenir
indépendants vis-à-vis de leurs parents et pour
exprimer leur patriotisme à l'égard de la nation.
Mais, des satisfactions enregistrées, nous constatons
qu'ils sont pour la plupart fiers de participer à la construction
nationale, mais très déçus de retomber dans leur situation
antérieure de diplômés sans emploi. Ainsi, avons-nous
enregistré environ 80% de déception dans le rang des anciens
volontaires. Comme conséquence directe résultante de cette
situation, nous avons la dépendance permanente des jeunes volontaires de
leurs parents et leur exposition aux effets pervers du chômage et du sous
emploi. Si avant l'engagement dans le volontariat, 92% déclaraient
être toujours dépendants vis-à-vis de leurs parents ou
tuteurs contre 8% qui sont devenus autonomes après leurs services de
volontariat, ce mode de traitement social du chômage semble donc n'avoir
qu'un effet de feu de paille car encore 84% des anciens volontaires soufrent
à nouveau du chômage après avoir touché pendant un
(01) an ou plus des indemnités de services civiques (40.000f à
70.000f par mois). A cet égard, il est aisé de comprendre les
frustrations et les désespoirs des jeunes qui se demandent pourquoi
aller à l'école, si elle ne prépare pas à la vie
active et à quoi servent les diplômes s'ils ne peuvent permettre
d'accéder à l'emploi. Pour éviter que ces jeunes ne
deviennent un problème pour la société béninoise,
le système éducatif doit être reformé. La
solidarité africaine doit se faire plus active.
Au nombre des suggestions faites par les anciens jeunes
volontaires interviewés sur les moyens d'amélioration de leurs
conditions de vie et de garanties sûres pour les futurs aspirants au
volontariat de l'OBSVJ, nous retenons que la priorité est
accordée à la prise en charge des jeunes volontaires
démobilisés en leur faveur par l'institution du Revenu de
Solidarité Active pour les Jeunes (RSAJ), l'augmentation des primes
d'indemnités de volontariat et la formation à l'entrepreneuriat
des jeunes volontaires pour encourager et faire cultiver chez ces jeunes
l'auto-emploi afin qu'ils n'attendent pas tout de l'Etat.
En définitive, nous observons que les résultats
obtenus confirment l'idée selon laquelle le volontariat constitue un
moyen qui permet non seulement de rendre actifs les jeunes mais
également consiste en une source de déception et de frustration
des jeunes qui sont livrés à eux-mêmes à la fin de
leur contrat. Pour ce faire, nous pouvons affirmer que notre
hypothèse de recherche est validée. Nous voulons
ainsi dire que La lutte contre le chômage par le moyen du
volontariat est source de satisfaction temporelle d'intérêts
réels, mais aussi de déception en fin de service pour des jeunes
diplômés sans emploi.
4.3- PERSPECTIVES ET SUGGESTIONS
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Si aujourd'hui nul ne conteste au volontariat ses valeurs
éducatives et formatrices, force est cependant de constater que les
fruits ne tiennent pas encore la promesse des fleurs. Car, malgré le
niveau de qualification professionnelle des jeunes diplômés sans
emploi et l'engagement de l'Etat béninois à lutter contre les
effets pervers du chômage, le volontariat formel tel qu'il est
organisé au Bénin, ne répond pas encore aux attentes
prioritaires des jeunes. La nécessité d'améliorer ses
modes d'opérationnalisation et de prise d'initiatives nouvelles
s'impose.
4.3.1- Les limites du volontariat formel dans la lutte
contre les effets du chômage et du sous emploi au Bénin
Au Bénin, nous avons constaté que les jeunes qui
s'engagent dans les services de volontariat, en sortent frustrés car
leurs besoins sociaux c'est-à-dire les besoins qui naissent du
désir de l'individu de s'établir parmi ses semblables, de
réaliser le sentiment de son « appartenance »
socioprofessionnelle, n'ont pas été satisfaits mais encore
différés.
En effet, les motivations premières des jeunes
diplômés sans emploi qui veulent faire du volontariat sont la
recherche d'un emploi durable et le désir d'être utile à la
société. Dans cet ordre d'idée, le volontariat devrait
leur permettre de retrouver le plaisir d'entreprendre, de prendre part à
des réflexions et des actions, d'intégrer des réseaux
sociaux, etc. Mais, on constate que le volontariat dans notre pays ne fournit
pas les outils nécessaires pour rendre autonomes ces jeunes après
leur service. Ils ne bénéficiaient pas de prime de
démobilisation, ni de prime de sevrage.
Cependant, les deux principaux types de volontariat sous
tutelle de l'Etat au Bénin appelé Service Militaire
d'Intérêt National (SMIN) et stages de pré insertion
professionnelle de l'ANPE souffrent de nombreux maux comme la non
reconnaissance sur le marché des certificats de services
délivrés aux jeunes ; l'attitude de laisser pour compte
adoptée par le gouvernement à l'endroit des jeunes
démobilisés du SMIN ; le non suivi des jeunes
démobilisés par rapport à leur insertion professionnelle,
etc. Malgré toutes ces limites, les jeunes diplômés sans
emploi n'ayant pas trouvé mieux ailleurs, sont toujours prêts
à prendre part au recrutement organisé par l'ANPE et le
Ministère de la Défense Nationale pour le SMIN afin de
bénéficier d'un revenu de subsistance pouvant de façon
temporelle leur assurer l'indépendance tant désirée
vis-à-vis des parents ou tuteurs.
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