2.1.3- La jeunesse et le volontariat au plan
régional (CEDEAO)
La Communauté Economique des Etats de l'Afrique de
l'Ouest (CEDEAO) a entrepris de mettre en place un Programme de Volontariat
transversal à tous les secteurs d'activités de la Commission et
ses institutions soeurs. La politique de la CEDEAO en matière de la
Jeunesse fait obligation aux jeunes de servir leur pays à travers le
service civil national, le service au sein de la communauté et le
volontariat. Les volontaires de la CEDEAO sont un groupe d'hommes et de femmes
jeunes (de 18 à 35 ans) des pays de la CEDEAO, ayant la capacité
de s'adapter à différents milieux sociaux, circonstances
politiques et culturelles. Ces volontaires sont déployés dans des
organisations communautaires de base, des organisations non-gouvernementales
(ONG) nationales et internationales, des agences spécialisées
actives dans le champ socioéconomique, culturel, politique et
humanitaire. Ils aident à la consolidation de la paix, le recouvrement,
la réconciliation nationale et réhabilitation des
communautés affectées par des crises. Il est attendu des membres
de ce corps de volontaires de renforcer les capacités des organisations
locales en les assistant dans le développement et la mise en oeuvre de
programmes et projets. Cette initiative complète les programmes de
construction de la paix existants et les corps nationaux de volontaires des
pays membres de la CEDEAO et aide à répondre aux causes
structurelles de vulnérabilité, instabilité et
éruption de violence dans la région. Le programme de volontariat
de la CEDEAO est piloté par le
14
Centre de Développement de la Jeunesse et des Sports
(CDJS) dont le siège est à Ouagadougou au Burkina-Faso.
2.1.4- La jeunesse et le volontariat au plan national
(Bénin)
Les différents types de volontariat pratiqués au
Bénin peuvent être regroupés en trois catégories. Il
s'agit du volontariat informel, le volontariat non formel et le volontariat
formel.
? Le volontariat informel : le Bénin
est un Etat composé de plusieurs ethnies qui ont le sens profond de la
solidarité. Elle se traduit dans les communautés traditionnelles
béninoises, par les activités volontaristes et
bénévoles d'intérêt public. Ses actions sont
spontanées, ponctuelles, bénévoles et le plus souvent non
coordonnées par une structure jouissant de la capacité juridique
(actions de solidarité et d'entraide mutuelles ou activités
d'association de fait). Il s'agit souvent de travaux d'entretien de piste
rurale, de construction ou de réfection d'ouvrage communautaire,
d'assistance à un membre de communauté affecté et de
veilles sécuritaires qui peuvent se terminer autour d'un partage de
repas ou de boisson.
Avec les indépendances et la monétisation
renforcée de la société, on a assisté au
développement de l'individualisme et à un relâchement des
solidarités communautaires. Le volontariat comme principal mode de
mobilisation sociale des communautés s'est alors affaibli
considérablement « au point où les programmes qui
prônent la responsabilité effective des populations dans la prise
en main de leur propre destin ont parfois du mal à prendre dans
certaines localités »13
? Le volontariat non formel est mis en oeuvre
au Bénin par le biais des organisations de la Société
Civile (associations, mouvements, ONG, etc.). Ces structures à
caractère collectif, légalement constituées où des
individus investis de missions précises dans leur localité
s'organisent en comités locaux de sécurité, de gestion de
l'environnement, de Brigades anti-feu ou phytosanitaires, de secouristes, de
matrones accoucheuses ou aides-soignantes, etc.14
L'expérience du Centre Panafricain et de la Prospective Sociale (CPPS)
à travers son Programme des Volontaires Béninois pour le
Développement (PVBD) initié par le professeur Albert TEVOEDJRE
reste mémorable pour sa vocation professionnelle et missionnaire.
13 Document Stratégique de la Réduction
de la Pauvreté, (2002). p61
14 Promotion du volontariat pour la Gestion
décentralisée de l'environnement au Bénin du PNUD/PVNU,
(2009)
15
? Le volontariat formel se déploie au
Bénin par l'intervention directe ou indirecte de
l'Etat, par l'action de ses structures
déconcentrées ou décentralisées et des partenaires
internationaux. Sans être volontaires, les contractuels de l'Etat, les
agents communautaires, les appelés au service militaire
d'intérêt national, les stagiaires déployés de
l'ANPE s'investissent volontiers dans des services civils ou militaires
d'intérêt national sans contrepartie équivalentes du
travail fourni. Le SMIN rendu obligatoire s'est mué en un engagement
volontaire et très sélectif pour de nombreux jeunes
diplômés rejetés du fait des limites d'offres de l'Etat.
Après deux décennies de suspension, le SMIN s'est imposé
depuis 2007, année de sa relance comme le modèle de volontariat
le plus visible actuellement sous tutelle de l'Etat. En effet le SMIN vise
à consolider chez les jeunes filles et les jeunes gens la fibre
patriotique, le dévouement pour la Nation et la satisfaction du travail
bien fait. De par son impact sur les jeunes en matière de qualité
de travail, de respect du bien public et d'amour de la patrie, il
intègre des potentialités susceptibles de contribuer à la
réalisation des objectifs du développement local, le renforcement
des capacités de la société civile et l'appui à la
réforme administrative et institutionnelle.
Face à l'exacerbation des problèmes de
chômage des jeunes et partant du constat que depuis 1968, année
d'accueil des premiers volontaires américains du Corps de la Paix, le
Bénin a toujours bénéficié des services de jeunes
volontaires étrangers, le gouvernement en 2010 a décidé de
la création d'un Corps National des Jeunes Volontaires pour le
Développement (CNJVD) et de l'Office Béninois des Services de
Volontariat des Jeunes (OBSVJ) pour sa gestion.
Aussi, le décret n° 2010-666 du 31 décembre
2010 portant institution du Corps National des
Jeunes Volontaires pour le Développement (CNJVD) en
République du Bénin a-t-il été pris ainsi que le
décret n°667 du 31 décembre 2010 portant création,
attributions, organisation et fonctionnement de l'Office Béninois des
Services de Volontariat des Jeunes. Ce dernier décret, dispose en son
article 6 que « l'OBSVJ mobilise les membres du CNJVD par deux (02)
programmes : le programme de volontariat bénévole et le programme
de volontariat d'expertise professionnelle.
Le volontariat bénévole
consiste pour tout jeune volontaire pour le
développement à accomplir gratuitement à la demande des
autorités compétentes une mission de service
d'intérêt public, en fonction de ses capacités et des
moyens mis à sa disposition, pendant quinze (15) jours au plus à
chaque appel.
Le volontariat d'expertise professionnelle
consiste en un engagement contractuel, librement consenti par
le jeune diplômé sans emploi pour accomplir pendant une
période de deux (2) ans au
16
plus, une mission de service d'intérêt public
soutenue par une allocation financière forfaitaire de
subsistance.15 ». Cet office est placé sous la
tutelle du Ministère de la Jeunesse, des sports et des Loisirs et compte
démarrer ses activités au cours de cette année 2012. Cette
initiative s'inscrit également dans le respect des droits prescrits aux
jeunes par la Charte Africaine de la Jeunesse, qui stipule en son article 11,
alinéa h) que les Etats Parties à la présente
Charte prennent les mesures suivantes en vue de promouvoir la participation
active de la jeunesse aux activités de la société. Ils
s'engagent à : « Mettre en place des politiques et des
programmes de volontariat destinés aux jeunes aux niveaux local,
national, régional et international en tant que forum important de la
participation des jeunes à la gouvernance et au développement du
continent et comme outil de formation par les pairs16»
Au regard des déceptions constatées chez les
jeunes en fin de leur SMIN et des angoisses que vivent les sortants du
volontariat, il importe que des réflexions soient menées pour
mieux comprendre les comportements situationnels des jeunes
diplômés en quête d'emploi pour une amélioration
constante des politiques, programmes et projets d'insertion professionnelle et
économique.
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