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Le discours comme enjeu du marketing religieux. Analyse du discours de l'archevêque de Kinshasa

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par John NSHOLE Mely-IBAA
Institut facultaire des sciences de l'information et de la communication ( IFASIC ) Kinshasa - Licence 2009
  

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Conclusion partielle

Le chapitre que nous venons d'évoquer ci-haut s'est donné comme mission principale de faire une description de l'Archevêque de Kinshasa en éclairant son organisation, son fonctionnement et ses structures de base.

Notre recherche s'est orientée également vers l'organisation des services de la communication pastorale, non plus comme simple publication des informations ou pour la propagation de l'Evangile, mais surtout dans une perspective de communication institutionnelle globale et stratégique.

Le constat et les résultats de cette analyse de l'exercice de la communication dans le sens des exigences du marketing religieux, permet de baliser le chemin en vue d'une analyse critique froide du discours cible de l'Archevêque de Kinshasa. Particulièrement de s'assurer si ce discours s'est affiché indispensable pour le marketing religieux de l'église catholique de Kinshasa. Telle sera l'orientation que prendra notre analyse du discours à partir d'un protocole méthodologique propre.

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CHAPITRE TROISIÈME : ANALYSE CRITIQUE DU CONTENU DU DISCOURS
D'INTRONISATION DE L'ARCHEVÊQUE DE KINSHASA

3.1. Introduction

Au terme de notre étude sur le discours comme enjeu du marketing religieux, notre troisième chapitre s'intéresse à l'analyse critique du discours-phare dont il est question pour cette recherche.

Section 1 : Approche méthodologique

Nous allons nous référer à deux analyses : du contenu et pragmatique qui vont cimenter le protocole méthodologique approprié de cette étude.

1. Analyses de contenus et Pragmatique - ANALYSE DE CONTENU

C'est une technique de recherche qui permet la description objective, systématique et quantitative du contenu du discours pastoral de l'Archevêque de Kinshasa. Nous relèverons les différents usages applicables à celle-ci.

En effet, ces usages suivent donc le modèle de communication classique : l'émetteur ; le processus d'encodage, le canal ; le récepteur.

A côté de ces facteurs classiques de la communication, notre étude devra en outre ressortir les trois domaines liés aux usages du message, ses antécédents et ses conséquences.

i. les caractéristiques du message : constituent les réponses à plusieurs questions
fondamentales :

a. le quoi ? : vise à chercher à connaître les variations dans le temps
d'un contenu ; les relations entre les valeurs connues (idéologiques, cachées) et le contenu manifeste du texte ; confronter les normes ou les critères d'évaluation connu du message pastoral étudié. Il sera question de confronter les fonctions de communication émise lors de ce discours avec

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l'objectivité dévolue à tout discours de prise officielle des fonctions (qui est censé être programmatique).

b) Le comment ?: va permettre de relever la forme et le style de ce message.

c) À qui ?: cette question vise à mettre en exergue les récepteurs de ce message. L'idée de base ici est qu'un « texte peut refléter intentionnellement les attitudes, les comportements ou encore la culture du récepteur.

ii. Les antécédents du message : permettent de sous-entendre la question « pourquoi a-
t-on écrit ? ». cela exhume les intentions avouées ou non- avouées de l'auteur de ce discours, l'Archevêque de Kinshasa, Monseigneur Laurent MONSENGWO Pasinya.

iii. Les conséquences du message : l'analyse répond à la question : « quels sont les
effets de cette communication ? ». A ce propos, il importe de se rappeler que ces effets prévus ne sont pas toujours ou en définitive ceux auxquels on s'attend.

Cette recherche prendra en outre un volet purement pratique au niveau des différentes étapes de cette analyse du contenu : la préanalyse, la catégorisation, le codage et comptage, l'interprétation.

1. La préanalyse

En se référant à Okomba, nous dirons que la préanalyse est « l'analyse flottante parce qu'à ce niveau, le chercheur sait ce qu'il a à faire en terme d'orientation. Il sait où il veut aboutir, ce qu'il ne sait pas pourtant, c'est ce que doit constituer le matériau de sa recherche »64.

Cependant, la préanalyse aboutit à la constitution du corpus de la recherche. Celle-ci consiste à une certaine réorganisation des documents spécifiques sur lequel va s'appuyer l'analyse et qui va permettre de répondre à la question de la recherche au niveau de la problématique.

64 OKOMBA, W., Op. cit., p. 10.

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Il est recommandé que les séries des documents qui feront partie du corpus soient complètes, qu'elles soient adaptées à l'objet de la recherche ; et qu'elles soient homogènes.

2. La catégorisation

C'est le traitement qu'on va appliquer au corpus afin de dégager les significations pertinentes. Okomba relève cinq exigences au stade de la catégorisation, à savoir :

a) Les catégories doivent répondre à la question de la recherche ou l'objectif de l'étude.

b) Les catégories doivent être objectives, c'est-à-dire rigoureusement construites avec toutes les règles possibles. Elles doivent permettre à d'autres chercheurs dans les mêmes conditions que nous de parvenir à construire les mêmes catégories.

c) Les catégories doivent être exhaustives : tous les éléments du corpus doivent pouvoir être classés quelque part.

d) S'en tenir à l'exclusivité complète : un élément ne peut être classé dans une et une seul catégorie.

e) Chaque catégorie doit respecter un seul principe de classification pour chaque élément (typologie).

D'où la formulation d'éléments qui aident à faire la catégorisation : la substance du sujet (la matière traitée), la forme d'expression (le ton utilisé : fort, modéré), l'intensité du sujet traité.

3. Le codage et comptage

C'est le recours à trois unités qui permettent de capturer le contenu. Ces unités

sont :

- L'unité d'enregistrement qui est la plus petite de l'analyse de contenu que le chercheur va utiliser et examiner. Elle n'est pas constante. C'est-à-dire

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qu'elle varie selon l'objet de la recherche. Pour notre étude, l'unité d'enregistrement est le mot et le thème.

- L'unité de contexte : c'est la plus grande unité dans laquelle s'insère l'unité d'enregistrement. Nous nous référerons pour notre cas au paragraphe (§).

- L'unité de numérotation est l'unité que l'on utilise pour compter les unités d'enregistrement. D'habitude, on confond l'unité de numérotation à l'unité d'enregistrement parce que celui-ci implique nécessairement celui-là.

4. L'interprétation

Il est question à cette étape de l'analyse du contenu de dégager les conséquences de l'analyse. Il s'agit d'évaluer les résultats grâce à une opération logique et en tirer les conclusions. Il y a une notion d'inférence qui est fondamentale, c'est une conséquence que l'on tire de l'analyse de contenu en prenant en considération d'autres critères.

Pour notre étude, notre préoccupation portera sur la comparaison entre l'objet de la recherche (contenu) et d'autres contenus.

L'analyse globale de ce discours nous conduit à relever dans ce message d'autres éléments significatifs nous permettant de vérifier de quelle manière le discours de l'Archevêque de Kinshasa assure sa promotion et/ ou celle de l'Eglise catholique toute entière.

Au delà des étapes traditionnelles de l'analyse du contenu de discours, nous allons nous appuyer sur des recherches des deux auteurs, Uli Windisch et Catherine Kerbrat-Orecchioni, qui ont mis en valeur certains éléments marquant la subjectivité de l'auteur d'un discours.

Pratiquement cela va se réaliser de la manière suivante :

Tout d'abord, nous allons mettre en exergue les personnes : les pronoms personnels, les adjectifs possessifs, les pronoms possessifs, les pronoms et adjectifs démonstratifs, etc.

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Ensuite, les adverbes du type ici/ maintenant comme les adverbes de lieu, de temps et certains compléments circonstanciels. Les temps verbaux seront également épinglés : le présent, le passé composé, le futur (le futur antérieur), l'imparfait, le plus-ce-que parfait.

En dernier lieu, notre attention sera orientée vers les subjectivèmes axiologiques, les modalisateurs -d'approximation et de certitude- et les déictiques.

Cela dit, par rapport à Catherine Kerbrat-Orecchioni, notre recherche entend relever dans ce discours de référence :

-les déictiques, les subjectivèmes, alors que Uli Windisch fait appel à des marques discrètes ? On peut centrer notre travail sur le lexique en mettant en évidence si possible, les termes injurieux, dévalorisants, péjorés (vitupérants) ; les verbes déclaratifs ; les verbes de jugement ; les diverses formes de négation ; les propos non assumés, les restrictifs.

Uli Windisch nous invite aussi à nous intéresser de manière particulière aux marques graphiques : les guillemets, les tirets, les parenthèses, les points d'exclamation, les points d'interrogation, les points de suspension, les virgules, les majuscules, les parties du discours « en gras », etc.

Aussi, cet auteur insiste-t-il sur les stratégies discursives dont le plus importantes vont de la « citation d'une autorité légitimée, à la citation d'une autorité illégitimée » dans ce cas du discours rapporté direct ou la citation. Pour le discours rapporté indirect, il convient de prêter attention à la reformulation des propos adverses. Et enfin, ré-qualifier les différentes formes de négation et de réfutation.

- Les différentes formes de négation et de réfutation :

c. La rectification : on cherche à rectifier un contenu précédemment asserté par un
rival.

d. La réfutation propositionnelle : on cherche à réfuter un énoncé adverse ; elle
s'accompagne d'une justification ou d'une explication.

e.

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La réfutation prépositionnelle porte sur les présupposés de l'énoncé contesté. Ici,
l'auteur ne désire même pas pénétrer les arguments de l'adversaire ; il conteste les fondements mêmes du discours adverse. Tout se passe comme si le locuteur voulait éviter d'entrer dans le jeu de l'adversaire, l'expression « de toute façon » (quelque...que) en témoigne.

f. Le démasquage : le but est de porter le non-dit de l'adversaire au su du public. On
veut rétablir la vérité qu'on affirme, vérité occultée par le discours adverse.

g. Le masquage consiste à chercher à supprimer, taire, voire masquer les aspects de
son idéologie qui ne correspondent pas à la sensibilité du moment.

h. La concession, c'est l'adhésion apparente et initiale à quelques énoncés adverses,
puis manipulation. Le but à ce niveau est de ravir le public rival, en faisant semblant de défendre ses arguments. On fait dire, en conclusion, le contraire aux énoncés adverses. Il est possible de recourir à deux formes de concessions : la concession très brève, mais portant sur un contenu essentiel du discours adverse ; et ensuite, des véritables assauts contre tous les arrangements de l'adversaire. Ces assauts sont un élément fondamental car la concession n'est qu'une stratégie.

i. Ironie et simulation : le but de ces deux figures est de ridiculiser la personne du rival
et son discours. On ne cherche pas à contre-argumenter. On fait donc apparaître les autres stupides, ridicules et on se montre soi-même intelligent. Ceci s'appelle coup double. C'est une constante dans le discours conflictuel.

En effet, il sied de retenir que la transformation ironique s'opère à différents niveaux :

- Sens général du discours de l'autre ;

- Sens de certains mots-clés ;

- Forme du discours ;

- Transcription de certains phénomènes d'intonation. Par exemple, dans le champ politique, dans une perspective électorale, on peut dire d'un candidat qu'il est « un génie politique !», « la force tranquille ! ». Tel est le cas du Président Kabila Joseph lors des élections générales en 2006.

En général, il y a des marques graphiques : «... », !,... qui font appel à la simulation du discours adverses dans le but avoué de l'intégrer. Mais il faut une connaissance du

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contexte et de la situation extralinguistiques. On fait comme si on était d'accord avec l'adversaire, mais ce n'set que pour mieux le rejeter, en faisant rire.

j. La représentation fantasmatique, c'est la conclusion par une sorte de condensé
péjoratif (transformation en un autre monstrueux). C'est-à-dire on reconstruit l'image de l'Autre qui n'a plus rien avoir avec son discours. Le locuteur véhicule de l'adversaire l'image qu'on veut de lui.

k. La stratégie de la guerre invisible : la cible de l'attaque, l'adversaire n'apparaît
jamais explicitement. Le discours prend une forme didactique et se présente comme purement informatif. Il faut là encore une connaissance du contexte et de la situation extralinguistique.

- ANALYSE PRAGMATIQUE

Cette analyse voit ses débuts avec John L. Austin (1970). Il s'opposait à la vériconditionnalité du descriptivisme, qui consiste à considérer un énoncé dans le rôle de déscription de l'état de chose sous le prisme du critère du vrai et du faux. Il distingue alors deux types d'énonciation :

- Les énonciations constatives

- Les énonciations performatives.

Selon Lukunku65, une énonciation est constative si elle ne tend qu'à décrire un événement. Elle est performative si elle décrit une action du locuteur et surtout si l'énonciation accomplit par elle-même cette action. C'est le cas de promettre, léguer, baptiser, ordonner (prêtre) à, aimer, haïr...

En fait, c'est le contexte d'énonciation qui permet aussi de distinguer les constatives des performatives.

Austin estime en effet que tout énoncé est un acte de langage. D'où la définition de la pragmatique linguistique « comme étant l étude de l'usage des énoncés que font les locuteurs. Elle vise à déterminer ce que l'on peut faire en se servant de la parole.

65 LUKUNKU, M., V., Notes d'Analyse du langage, Kinshasa, Cedesurk-IFASIC, 1eres licences, 2008, pp.55-68.

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Toutefois, il faut admettre à la suite de Lokunku, une tripartition originale de l'acte de langage en :

- L'acte locutoire ou le fait de dire quelque chose ;

- L'acte illocutoire ou l'acte effectué en disant quelque ou valeur de ce qu'on fait en disant quelque chose ;

- L'acte perlocutoire ou obtention de certains effets par la parole.

Chaque acte de langage comprend à son tour trois degrés : phonétique (production des sons particuliers des phones), phatique (production des messages dans un code linguistique donné) et rhétique (production d'un énoncé ayant un sens, une référence plus ou moins déterminée.

Cependant, notre étude va relever dans ce discours de l'Archevêque de Kinshasa, les actes de langage selon la classification de Searle. Celui-ci définit une taxonomie comprenant cinq classes générales : les assertifs, les directifs, les promissifs, les expressifs et les déclaratifs.

En fait, John Searle (1972) propose d'analyser les actes de langage par rapport aux dimensions de variation significative : le but illocutoire, la direction d'ajustement entre les mots et le monde, l'état psychologique exprimé

- Le but illocutoire est l'intention qu'a le locuteur d'accomplir par sa énonciation, telle ou telle acte illocutionnaire.

- La direction d'ajustement entre les mots et le monde : il y a un double mouvement qui s'y produit : l'illocution qui rend les mots conformes au monde (les croyances : assertions, l'affirmation, les postulations, etc.) ; et il y a d'autre part, l'illocution rendant le monde conforme aux mots (l'intentionnalité : promettre, menacer, prêter serment, s'engager, etc.)

- L'état psychologique exprimé : le locuteur exprime à ce niveau une certaine attitude à l'égard du contenu proportionnel de son énoncé. Lukunku affirme que cet état psychologique correspond à la condition de sincérité de l'acte (ordre, requête, commandement, demande, prière, supplication).

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John Searle classifie les actes illocutionnaires en :

1) Assertifs

-But : engager la responsabilité du locuteur (à des degrés divers) sur l'existence d'un état de chose, sur la vérité de la proposition exprimée.

-Direction : des mots au monde

-État exprimé : la croyance que (p) est vraie.

2) Directifs

-But : tenter (à des degrés variés), de la part du locuteur de faire quelque chose par l'auditeur.

-Direction : du monde aux mots

-Etat exprimé : la volonté que l'auditeur accomplisse une action définie par le contenu professionnel.

3) Promissifs

-But : obliger le locuteur (toujours à des degrés variés à adopter une certaine conduite future.

-Direction : va du monde aux mots

-Etat exprimé : l'intention de la part du locuteur d'effectuer l'acte décrit par le contenu proportionnel.

4) Expressifs

-But : exprimer un état psychologique dans les conditions de sincérité à propos d'un état de chose spécifié par le contenu proportionnel.

-Direction : presque la vérité est présupposée.

-Etat exprimé : les divers états psychologique que l'on exprime en accomplissant les actes illocutoires de cette classe (remercier, féliciter, s'excuser, déplorer, se plaindre, etc.).

5) Déclaratifs

-But : mettre en correspondance le contenu proportionnel avec la réalité l'accomplissement réussi garantissant que le contenu proportionnel correspond au monde.

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-Direction : tentative de rendre conforme au monde.

-Etat exprimé : il y a l'intention du locuteur de rendre par l'énonciation la transformation immédiate. C'est-à-dire la responsabilité partagée par et le locuteur et l'interlocuteur quant à la réalisation de l'état de chose. Par exemple : baptiser, bénir, déclarer, marier.

Actuellement nous allons procéder à l'application de cette méthodologie sur notre cadre de référence, le discours de l'Archevêque de Kinshasa lors de sa prise de possession canonique.

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"Il existe une chose plus puissante que toutes les armées du monde, c'est une idée dont l'heure est venue"   Victor Hugo