L'avenir du réseau Al- Qaà¯da après la mort de Ben Laden( Télécharger le fichier original )par Fidèle ETOYI Université de Lubumbashi RDC - Licence en relations internationales 2012 |
§3. Objectifs· Le grand califat, un mythe fédérateur Al-Qaïda reprend le mythe du grand califat pour développer ses réseaux à un niveau international. Le temps des quatre califes qui succédèrent au Prophète, entre 632 et 661, avait vu le message de l'islam se répandre rapidement à travers le Proche-Orient et le Maghreb, par la conquête et la conversion. Depuis, cette période est renversée par de nombreux mouvements islamistes comme le seul moment de l'histoire islamique où une véritable société musulmane a existé.75(*) Dans ses dernières déclarations, Ben Laden appelle à la restauration de cette période mythique pour redonner vie à la notion d'oumma, la communauté des croyants. Le but est de toucher l'ensemble du monde musulman. L'autre objectif est de mobiliser cet ensemble contre les Etats-Unis, sans tomber dans le piège du nationalisme comme l'Iran l'a fait durant les années 1980 en instaurant l'islamisme dans un seul pays. Cette position confirme une évolution certaine des chefs d'Al-Qaïda du wahhabisme vers le salafisme. Ben Laden a tourné le dos à sa période "saoudienne" au début des années 1990 et le concept du califat, refusé au XVIIIe siècle par Mohammed Ibn Abdel-Wahhab, occupe une place importante dans le discours salafiste.76(*) Si Al-Qaïda est une mouvance clairement internationaliste, elle ne développe aucun programme sur ce que serait une société entièrement islamique · Libérer les lieux saints L'antiaméricanisme d'Al-Qaïda voit le jour au début des années 1990. Ben Laden reproche à ses anciens protecteurs saoudiens d'avoir permis aux Américains de fouler le sol sacré de l'Arabie saoudite et d'y faire stationner leurs troupes depuis la guerre du Golfe (1990-1991). Le leader d'Al-Qaïda, jusque-là hostile à Saddam Hussein et à sa politique laïque et hégémonique, change d'attitude à l'égard du chef d'Etat irakien et mène campagne contre le Satan américain.77(*) Le 23 août 1996, Ben Laden, hôte des talibans, lance depuis l'Afghanistan une "Déclaration de guerre aux Américains qui occupent les deux lieux saints [La Mecque et Médine]". Dans une fatwa du 23 février 1998, Al-Qaïda élargit le domaine de la lutte en appelant à "tuer les Américains partout dans le monde". Rédigée par le Front islamique mondial pour le Djihad contre les juifs et les croisés, et signée par Ben Laden et Al-Zawahri (l'idéologue d'Al-Qaïda), la fatwa est publiée quelques mois avant les deux attentats contre les ambassades américaines de Tanzanie et du Kenya en août 1998. Al-Qaïda a ensuite systématiquement visé des cibles américaines (le destroyer USS Cole en 2000, le World Trade Center en 2001), avant de s'en prendre aux ressortissants des pays proches des Américains : l'attentat de Djerba, le 11 avril 2002, visait des touristes allemands en Tunisie, celui de Karachi, le 14 juin 2002, des Français et celui de Bali, le 12 octobre 2002, des touristes australiens notamment. Les revendications de Ben Laden portent aussi sur la libération de Jérusalem et sur l'élargissement du cheikh Omar Abdel Rahman, emprisonné aux Etats-Unis pour le premier attentat contre le World Trade Center en 1993.78(*) · La fabrication de bombes "sales" et le contrôle des pipe-lines L'un des objectifs d'Al-Qaïda est l'acquisition d'armes dissuasives telles que l'arme nucléaire. De sérieuses sources avancent qu'Al-Qaïda aurait tenté, ces dix dernières années, de se procurer des bombes "perdues" ou "égarées" lors de la chute de l'empire soviétique. Toutefois, le scénario le plus redouté par les Occidentaux n'est pas la possession ou la fabrication de telles armes : ce travail réclame des moyens financiers considérables et nécessite des compétences, des équipes et des infrastructures qu'Al-Qaïda n'a pas. En revanche, Al-Qaïda est soupçonnée de vouloir mettre au points des bombes "sales", engins classiques remplis de déchets radioactifs qu'elle se procurerait au Pakistan ou en Afrique du Sud. En 2002, de l'uranium aurait même été découvert dans une ancienne base d'Al-Qaïda en Afghanistan : la quantité était suffisante pour fabriquer une bombe "sale". 79(*)L'autre priorité d'Al-Qaïda est la maîtrise des ressources énergétiques comme le contrôle des pipe-lines et gazoducs en Afghanistan, passage obligé de la distribution des ressources d'Asie centrale. Elle étend également ses réseaux à l'intérieur d'Etats Producteurs de pétrole en Afrique (Soudan), au Proche-Orient (Iran, Irak, Arabie saoudite...), dans le Caucase (Tchétchénie, Azerbaïdjan) et en Asie centrale. Le fossé grandissant entre les Etats-Unis et l'Arabie saoudite sert très exactement ce dessein, le gisement saoudien étant l'un des plus riches du monde.80(*) * 75 LABEVIERE,R. op.cit., P25 * 76 RODIER,A., op.cit. P.27 * 77 « Al-Qaïda » in www.lemondediplomatic.fr, consulté le 30/06/2012 * 78 DASQUIE,G., « Al-Qaida vaincra », Paris, Éd. Privé, 2005, P.20 * 79 DASQUIE,G., art.cit,P.21 * 80 PIERRE-HENRI, B., , « Proche-Orient, Une guerre mondiale », Ed. Carnot, 2004 P.25, |
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