CONCLUSION
« Utilisation des instruments de la politique
économique dans la lutte pour la réduction du niveau de
chômage en République Démocratique du Congo »,
tel est le thème sur lequel a porté notre étude. Les
instruments qui étaient pris en compte sont la politique
budgétaire et la politique monétaire. La période
d'étude comprend vingt ans, soit de 1990 à 2009.
La préoccupation qui nous a conduit dans cette
étude était de savoir si dans leur mise en oeuvre, les
politiques économiques ici considérées ont servi à
réduire le niveau de chômage dans le pays. A titre
d'hypothèse, nous avions avancé une réponse selon laquelle
dans leurs conduites, ces politiques n'auraient pas servi à
réduire le taux de chômage dans le pays.
L'objectif poursuivi dans cette étude était
d'abord de cerner et de démontrer pourquoi les politiques
économiques appliquées et mises en place en République
Démocratique du Congo ne permettent pas au pays d'atteindre le
plein-emploi. Ensuite, nous avons visé proposer des pistes de solution
qui pourront aider à concevoir des mesures pouvant conduire à une
réduction de ce niveau élevé de chômage dans le
pays.
Le présent travail porte sur trois chapitres. Dans le
premier chapitre nous avons présenté quelques théories en
rapport avec la politique économique et le chômage. Le
deuxième chapitre présente l'approche méthodologique.
Enfin le troisième chapitre porte sur la présentation, le
traitement et l'analyse des données ainsi que l'interprétation
des résultats
Pour mener à bien notre analyse, nous avions fait
usage de la méthode économétrique en faisant usage du
logiciel Eviews 5 qui nous a aidé à construire nos modèles
et à faire les différents tests d'hypothèses. La
récolte des données a été rendue par la technique
documentaire. Ainsi du côté de la politique budgétaire nous
avons étudié l'incidence des dépenses publiques en
capital et les dépenses de transfert sur le taux de chômage en
R.D. Congo.
Dans la sphère monétaire, il a été
question de voir les effets du taux de change sur la même variable
endogène qui est le taux de chômage.
La mise en pratique de la méthodologie telle que
décrite ci-haut nous a conduit aux résultats
ci-après :
En ce qui concerne la politique budgétaire nous avons
construit notre modèle de la manière suivante : LTCHM =
4.477644224 - 0.03050364185*DPB, TCHM étant le taux de chômage et
LDPB les dépenses publiques en capital.
Après test et vérifications, nous avons
trouvé que le coefficient de détermination (R2) est
égal à 24,49%, ce qui signifie que les dépenses publiques
expliquent l'augmentation du taux de chômage à la hauteur de
24,49%. Le test de normalité de Jarqre Bera a donné une
probabilité égale à 0,491987 supérieure à
0,05 ; ce qui signifie qu'il y a normalité des résidus. Le
test de signification de Fisher nous a donné une probabilité
inférieure à 0,05. Ce qui signifie tout simplement que le
modèle est significatif. Le test de Student enfin nous a donné
une probabilité de 0,0265, ce qui revient à dire que les
coefficients du modèle sont significatifs.
Par rapport à la politique monétaire, nous avons
construit le modèle qui suit :
TCHM = 33.78817232 + 0.03211716979*TCHE + [AR(1)=0.2217746412]
où TCHM est le de chômage, TCHE le taux de change et AR(1) le
taux de chômage décalé. Coefficient de détermination
R2 85,0435% ; le taux de change et le taux de chômage
décalé expliquent le taux de chômage en concurrence de
85,0435%.
En ce qui concerne la Signification du modèle, la
probabilité de Fisher est de 0,00346, inférieur à 0,05. Ce
qui signifie que le modèle est significatif. Le test de normalité
de Jarque Bera a donné la probabilité de 0,905249
supérieure à 0,05. D'où le modèle n'est pas
biaisé. Le test significativité des
paramètres de Student a donné une probabilité de 0,0290
inférieur à 0,05. Ce qui nous a permis de conclure que le
paramètre est significatif.
De ces résultats, nous avons remarqué qu'en
République Démocratique du Congo, la politique de transferts
entreprise par le gouvernement n'a pas entrainé la variation à la
hausse du taux de chômage pendant la période allant de 1990
à 2009. Cependant le constat est tel que toute diminution des
dépenses publiques en capital de l'ordre de 0,03% entraine une
augmentation du taux de chômage de 1% et que toute
dépréciation de la monnaie nationale de 0,03% suite à
l'augmentation du taux de change à la même proportion entraine une
augmentation de taux de chômage de 1%.
Nous avons alors remarqué que pendant cette
période, la politique budgétaire et la politique de change
conduites par le gouvernement congolais n'ont pas été des
instruments de relance économique vu le niveau excessif du chômage
dans le pays.
Elles n'ont pas permis dans leur conduite de diminuer le
niveau de chômage, elles ont par contre été parmi les
principales causes de la montée de chômage de masse au pays.
Ceci s'explique par la mauvaise structure des budgets du
gouvernement, par le non respect de la règle de l'orthodoxie
budgétaire qui a conduit à des dépassements
budgétaires et aux endettements ainsi que par les faiblesses des
politiques monétaires qui n'ont pas répondu aux
réalités des marchés congolais.
De ce qui précède, nous avons conclu donc que
notre hypothèse est confirmée. C'est ainsi que nous avons,
à titre de suggestions, proposé ce qui suit :
· Dans la situation actuelle où l'économie
congolaise accuse d'un côté un taux élevé de
chômage et de l'autre côté une faiblesse dans la conception
et la conduite de ses politiques économiques, nous demandons au
gouvernement congolais de pouvoir concevoir des vraies politiques de relance
à travers une bonne conduite des politiques budgétaires et
monétaires. Ces dernières, si elles sont bien
exécutées, auront sans doute des répercutions positives
sur l'économie toute entière qui se verra relancée, ce qui
permettra l'utilisation de plus de la main d'oeuvre ;
· Une promotion des investissements du secteur
privé aux côtés de ceux de l'Etat à travers des
mécanismes d'incitation pour multiplier le nombre d'emplois. Il ne
s'agit pas ici de créer des emplois « à coups de baguette
magique » mais de libérer le potentiel d'emploi de
l'économie congolaise, notamment en réduisant les
démarches et la bureaucratie inutile et coûteuse qui entourent la
création d'une entreprise au Congo-Kinshasa. Or, ce sont les entreprises
qui créent des emplois et résorbent le chômage. Quand elles
sont nombreuses et offrent des emplois, moins de gens sont au chômage.
Malheureusement, les barrières à la création d'entreprises
sont si élevées en République démocratique du Congo
que les entreprises ne se créent pas. Et, par répercussion,
l'emploi non plus : c'est le chômage garanti, et la pauvreté qui
va avec.
· Orienter les composantes majeures de la structure de la
production nationale. Celle-ci devant être portée notamment par
des secteurs à forte intensité en main-d'oeuvre. Les entreprises
nécessitant une main d'oeuvre peu onéreuse sont un exemple, mais
on revient au premier problème : faciliter la création
d'entreprises. Autre secteur : l'agriculture. Qui par sa nature un
véritable grenier des emplois.
· Mettre en place un système de formation qui
puisse garantir un emploi pour tous en faisant acquérir aux apprenants
des qualifications qui répondent aux réalités du
marché congolais de l'emploi.
|