Apéritif et sociabilité. Etude de la consommation ritualisée et traditionnelle de l'alcool( Télécharger le fichier original )par Anaà¯s Gayot Université d'Aix-en-Provence - Master 1 d'anthropologie sociale et culturelle 2007 |
II - Les fonctions sociales et culturelles de la coutumeBien que le système de pensée mondial tend à s'uniformiser depuis les grandes vagues de colonisations, chaque société continue à fonctionner selon ses propres règles. Des règles qui évoluent certes, mais qui sont définies par une forme de logique ancestrale. Aussi, face à l'histoire ancienne et tumultueuse des modes d'absorption d'alcool, chaque catégorie de personne a su adopter des comportements, en matière d'alcoolisation, convenant parfaitement à leur statut et aux situations. Comment se traduisent ces attitudes préconisées pour être en accord avec les normes sociales françaises ? Quel rôle joue l'apéritif dans ces conduites d'alcoolisation ? A - Un jeu de rôle défini. Hommes et femmes face à l'alcool : des stéréotypes en phase d'évoluer ?Si la mixité progresse dans les sociétés occidentales, des différences significatives préexistent selon le genre dans les façons de pensées, de se tenir et d'agir. Les manières de boire et les activités s'y attachant, sont un exemple imparable mettant en évidence ce type de ségrégation. a- Le partage des taches domestiquesLa pratique apéritive met en valeur les distinctions sexuelles, aussi bien dans le choix des boissons que dans la distribution des rôles. En effet, on attribut facilement les tâches culinaires aux femmes alors qu'on réserve aux hommes tout ce qui touche aux boissons alcoolisées. La répartition des taches domestiques s'établissant naturellement au sein des couples classiques. Claude Rivière décrit ce partage complémentaire dans les ménages. Les femmes font les achats, elles semblent connaître parfaitement les goûts de la famille, les manques et les besoins de chacun. Elles s'occupent davantage de l'approvisionnement, des préparations culinaires et de la décoration de la table. Quant aux hommes, l'ethnologue leur confère un rôle plus centré que celui des femmes et spécifique au domaine de l'alcool. Le choix des vins accompagnant le repas, le service des apéritifs, du pousse-café et des cigares sont des activités typiquement masculines142(*). Ces notions peuvent paraître dépassées, pourtant dix ans plus tard, Jean-Pierre Poulain établit le même constat. Il observe, dans les apéritifs au domicile, la préparation et la mise en scène de l'apéritif au travers de la nourriture et des accessoires enjolivant la table par les femmes. Les hommes sont, eux, associés au choix et au service des alcools. Le sociologue va même jusqu'à spécifier ce moment comme un "moment privilégié pour la maîtresse de maison". Elle peut participer pleinement à la réception des invités puisque les va-et-vient à la cuisine sont restreints par la commodité des préparatifs alimentaires143(*). Notons que ces clichés sont propres aux habitudes familiales et non aux apéritifs d'étudiants et de célibataires. * 142 _ RIVIÈRE, Claude. 1995. Op. Cit., p. 211. * 143 _ POULAIN, Jean-Pierre. 2005. Op. Cit., p. 26. |
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