c- L'estime de soi
La ritualisation de notre vie actuelle et quotidienne s'est
ancrée dans un processus temporel et hiérarchique. Boire et
manger en société, faire partie d'un groupe , entraînent
des règles. La bienséance doit alors être respectée
pour manger et boire en compagnie, ce que maints auteurs ont enseigné
à travers les époques. Aujourd'hui, les différentes formes
de savoir-vivre semblent être stabilisées. Évidemment, il
existe des variantes entre les classes sociales. Celles-ci, néanmoins,
sont moins flagrantes qu'auparavant. Les inégalités sociales ne
sont pas bien vues dans notre société moderne. Aussi,
l'imprégnation de ces codes, l'ethnocentrisme qui en découle, est
tel que les sociétés modernes font souvent l'amalgame entre la
pauvreté et la tradition. On cherche à se conformer aux
convenances, devenues des normes, pour ne pas se sentir étranger aux
moeurs de la société, voir même provoquer le
dégoût chez l'autre.
La pratique ritualisée de l'apéritif s'enclave
dans ce dynamisme. Elle s'insère dans cette volonté
d'acquérir des règles raffinées dictant une attitude qui
ne dérange pas. L'invitation à l'apéritif, nous le
verrons, requière un dispositif particulier de savoir-faire,
d'acquisitions de règles pour mettre à l'aise les convives.
Finalement, la convivialité recherchée se situe dans l'estime de
soi, insinué par le regard des hôtes.
L'adoption des heures de repas, la composition de ceux-ci,
l'alliance des plats et des vins, les manières de table et l'ordre des
plats servis aident à l'entendement du modèle alimentaire. Il est
le résultat d'un processus de standardisation soumis à une
volonté de différencier le "sauvage" du "civilisé".
Voyons quel a été le poids de la gastronomie naissante dans cet
environnement. Quelle place donne-t-on à l'apéritif ?
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