La vie sur terre est possible grâce à
l'existence de certaines ressources vitales dont l'eau, denrée de grande
importance pour les êtres vivants. L'eau, une ressource salvatrice mais
aussi destructrice puisqu'elle est à l'origine de plusieurs maladies et
de conflits meurtriers. De même paradoxalement l'eau est souvent victime
du gaspillage des usages humains et des atteintes à sa qualité.
Ainsi donc depuis quelques décennies, la prise de conscience se
généralise quant à la mauvaise gestion de la ressource
eau. Il n'est plus un secret pour personne que la mauvaise utilisation de l'eau
dégrade les conditions de vie des générations
présentes et hypothèque celles des générations
futures.
Le Bénin à l'instar des autres pays de la
planète, s'est engagé à travers les principes directeurs
de la Déclaration de Dublin (1992) et de Rio (1992), dans la mise en
oeuvre de la Gestion Intégrée des Ressources en Eau (GIRE).
Cet engagement fut confirmé en 1998 à travers
la Déclaration de Kouhounou qui considère la GIRE comme partie
intégrante des plans de développement du pays pour atteindre les
objectifs du millénaire pour le développement.
Dans la commune de Lokossa, le sigle GIRE intègre de
plus en plus les discours tant des services déconcentrés et
projets de l'état (DDMEE, CeRPA, PADDPA, DEPN) que de certaines
Organisations Non Gouvernementales (ONG).Nonobstant cet état de chose,
l'eau prise dans son ensemble ne connaît pas encore d'actions coercitives
pour sa bonne gestion. De plus toute l'attention
reste jusque là focalisée sur les captages de la
ressource pour l'approvisionnement des populations en eau potable.
L'eau joue un rôle déterminant pour le
développement. Il est indispensable d'accroître les
investissements en faveur de la mise en valeur et de la gestion des ressources
en eau.
VERVIER (2004) a démontré que la population
mondiale ayant triplée au cours du 20ème siècle,
l'utilisation des ressources renouvelables est devenue six fois plus
importante. La question de l'eau apparaît comme un des grands enjeux
politiques du 21ème siècle. Selon cet auteur, la crise mondiale
de l'eau, est caractérisée par le fait que plus d'un milliard de
personnes ont un accès insuffisant à l'eau potable salubre et que
la moitié de la population mondiale ne dispose pas de l'assainissement
approprié. L'accès à l'eau potable pour le plus grand
nombre, la sécurisation des ressources souvent surexploitées et
mal gérées, les problèmes de pollution dus à
l'urbanisation, un développement industriel sans précédent
dans les pays dits "émergents" sont autant de défis majeurs pour
la gouvernance mondiale. Si les gouvernants ne prennent pas suffisamment de
gardes fous, les stratégies de gestion actuelle de l'eau risquent de
compromettre la vie des générations futures. Au Bénin, par
exemple, toutes les dispositions doivent donc être prises pour que la loi
sur l'eau soit fonctionnelle dans toutes ses dimensions.
La satisfaction des besoins en eau est non seulement fonction
de sa disponibilité, mais aussi de sa qualité, fer de lance du
développement économique et de l'épanouissement de
l'Homme. Mais il se trouve que les ressources hydrographiques sont
inéquitablement réparties dans l'espace. L'eau est abondante dans
certains endroits et sous plusieurs formes, mais bien rare dans d'autres.
L'arrondissement de Houin dans la commune de Lokossa, cadre
physique de la présente étude est un milieu heureusement pourvu
des différentes types de ressources en eau mais qui paradoxalement est
au centre de la préoccupante question des effets destructeurs de la
gestion des eaux. Il ne suffit donc pas de disposer aujourd'hui de l'eau pour
s'en estimer heureux !
Dans la commune de Lokosssa et particulièrement dans
l'arrondissement de Houin, l'état de la ressource et sa reconstitution
ne fait l'objet d'aucune inquiétude d'envergure. La gestion des eaux
pluviales et des eaux de surface reste reléguée au second plan.
Cet état de choses est source de sérieuses nuisances à
l'environnement et affecte les conditions de vie des populations.
L'arrondissement de Houin dont le taux de desserte en matière
d'approvisionnement en eau potable est de 232.5% en 2008 (DDMEE, 2008) ne
devrait plus avoir de problème d'eau potable d'ici l'horizon 2025. Mais
la mauvaise gestion de l'eau potable ne garantit pas la pérennité
de la fourniture d'une eau de qualité partout et pour tous. L'absence
d'une bonne gestion des eaux pluviales et des eaux usées pose de
sérieux problèmes d'érosion des voies et d'assainissement
du cadre de vie des populations. Ainsi, on constate l'effondrement d'une
dizaine de cases à chaque saison de pluies et le creusement de grands
ravinements qui rendent l'accès aux différentes localités
impossible avec des véhicules. Quant à la gestion actuelle des
eaux de surface de la commune et principalement de l'arrondissement de Houin,
elle est source de conflits sociaux entre les populations et d'appauvrissement
de ces eaux.
Ce sont là autant de raisons qui justifient
l'épineuse question des différentes stratégies de gestion
de l'eau et leurs impacts sur la vie et l'environnement des populations. Mais
le cas de l'arrondissement de Houin dans la commune de Lokossa n'est qu'un
échantillon représentatif, une illustration typique du
vécu quotidien des populations du Sud-Bénin contrairement aux
populations du centre et du Nord-Bénin. En effet compte tenu du contexte
hydrogéologique du
centre et du nord du Bénin, la disponibilité
des eaux souterraines est limitée dans ces zones puisque les
aquifères ne sont pas continues. Il serait donc intéressant, sur
la base d'une investigation conduite au moyen d'une méthodologie de
recherche appropriée, de faire une analyse de la situation pouvant
déboucher sur des approches de solutions durables pour une meilleure
gestion de l'eau et une amélioration des mécanismes
d'atténuation des impacts environnementaux de cette gestion.
Il est facile de penser que les sociétés
humaines ayant à portée de l'eau sous toutes ses formes sont les
plus heureuses du monde. A partir de cette vision apparente, on pourrait croire
que les populations de l'arrondissement de Houin sont plus heureuses que celles
des zones dépourvues de ressources en eau souterraine et superficielle.
Il faudra donc comprendre qu'il ne suffit pas d'avoir
de l'eau pour être épargné des
difficultés existentielles présentes et futures. D'oüle bien
fondé de la présente étude.
A partir d'une simple observation, on se rend compte aussi
que l'eau du lac Toho pose des problèmes environnementaux à cause
de sa pollution continue et du comblement dans cette zone très sensible
avec une population exposée à diverses maladies d'origine
hydrique et à la baisse des revenus issus des activités
halieutiques. La réponse à la problématique de la gestion
de l'eau et ses impacts, s'inscrit donc dans la logique des perspectives de
solutions à ces différentes inquiétudes pour une
avancée vers le développement.
Toutes les mauvaises pratiques de gestion des eaux dans
l'arrondissement de Houin, affectent les populations et leur environnement
immédiat. Les impacts environnementaux induits par la gestion actuelle
des eaux, mériteraient donc d'être connus et circonscrits. Tous
ces constats constituent des points de réflexions et justifient le choix
du sujet intitulé : «La gestion
de l'eau au Bénin et ses impacts environnementaux : cas de
l'arrondissement de Houin dans la commune de Lokossa
».
A travers ce thème, nous nous proposons
d'évaluer l'ampleur actuelle des impacts environnementaux de la mauvaise
gestion des eaux dans la commune Lokossa et proposer des alternatives pour une
réduction sensible des conséquences néfastes de la
mauvaise gestion de l'eau.