3.1.3. Ressources en eau souterraine
Les ressources en eau souterraines sont les
différentes aquifères qui sont exploitées par les
techniques endogènes de captage (puits traditionnels) et les techniques
modernes de captage (puits modernes et forages). La gestion des eaux
souterraines sera vue sous deux angles : la gestion des nappes souterraines
proprement dites qui incombe à l'état et celle des
équipements hydrauliques de captage et d'exploitation de ces nappes qui
revient à la mairie et la communauté.
3.1.3.1. Gestion des nappes d'eau souterraine
L'arrondissement de Houin, tout comme toute la commune de
Lokossa se retrouve dans le bassin sédimentaire côtier, donc les
nappes d'eau captées dans cet arrondissement sont des nappes continues
qui s'étendent bien largement audelà des frontières de la
commune. La gestion de cette eau revient donc au suivi de la quantité et
de la qualité de cette ressource, ce suivi est fait par la direction
générale de l'eau à travers les relevés
périodiques des piézomètres installés et
l'analyse de l'eau des forages réalisés. Pour
le suivi des nappes souterraines du département, la direction
générale de l'eau a installé des piézomètres
à Fongba (commune de Lokossa), Zouhouè (commune
d'Athiémé), Gativé (commune de Comé) et à
Badazouin (commune de Lokossa). Chaque fin de mois, le service de l'eau du Mono
relevait le niveau statique, la température et la conductivité
des différentes nappes suivies et envoie ces données à sa
direction générale. Mais actuellement, ce sont des enregistreurs
automatiques qui sont installés sur ces piézomètres pour
ces relevés. Ces données permettent de suivre la quantité
d'eau encore disponible pour les générations futures. Mais en ce
qui concerne la qualité de l'eau disponible, la gestion qui est faite
est très limitée puisque l'accès à ces nappes n'est
pas encore contrôlé et la protection des périmètres
de captages n'est pas encore une réalité. Ainsi toute
contamination de ces nappes en amont, rendra toute l'eau disponible non potable
voir dangereuse. Il faut noter que le vote du projet de loi portant gestion de
l'eau et sa mise en application effective pourra apporter une solution à
ce problème éventuel. Mais ce projet est encore en souffrance
à l'assemblée nationale depuis juillet 2007.
3.1.3.2. La gestion des ouvrages hydrauliques
> Rappel de la situation avant
décentralisation :
Les systèmes de gestion des ouvrages hydrauliques sont
régis par le décret N° 96-317 du 2 août 1996, portant
mode de constitution, d'organisation et de fonctionnement des Associations
d'Usagers de l'Eau (AUE). Ce décret stipule que la DGH est le
maître d'ouvrage. Elle élabore avec les Associations des Usagers
de l'Eau une convention de cession et d'exploitation des équipements des
systèmes d'eau potable. A l'exception de l'ouvrage de captage qui reste
propriété de l'Etat, le reste de l'infrastructure devient,
à la signature de la convention, propriété de l'AUE. Cette
association élit un comité de cinq membres qui est la
chargé de la gestion de l'ouvrage et qui doit rendre compte
périodiquement à la population de sa gestion. Force est de
constater que ces
comités n'ont pas pu, dans la plupart des cas assurer
cette grande responsabilité à eux confiée par l'Etat, ce
qui avait conduit à un taux de panne élevé sur les sur la
plupart de l'ensemble des ouvrages du Bénin. Les responsables du secteur
de l'eau ont décidé alors de passer à la gestion
professionnalisée des ouvrages en lieu et place de la gestion
communautaire.
> Situation après décentralisation
:
La loi N° 97-029 du 15 janvier 1999 portant organisation
des communes en République du Bénin, en son article 93 stipule
que la commune est responsable de la fourniture et la distribution de l'eau
potable. C'est dans le souci de respecter ces dispositions légales en
vigueur au Bénin que toutes les propositions ici
présentées placent la commune au centre de la gestion des
ouvrages communautaires. Ces propositions sont formulées à
travers les quatre (04) options ci-après :
Option 1: Délégation par la
commune de la gestion des Adductions d'Eau Villageoise à un
fermier
Dans ce mode de gestion illustrée par la figure
7, les usagers sont constitués en association de consommateurs
d'eau potable (ACEP). La Mairie devra signer un contrat d'affermage directement
avec un opérateur privé (fermier). Dans ce système, la
commune délègue toute la gestion au fermier. Celui-ci vend l'eau
au prix fixé contractuellement. Le fermier est chargé du
fonctionnement et de l'entretien du système de pompage. Il alimente un
compte de renouvellement du système de pompage géré par la
commune. En outre, il doit verser une redevance à la commune et une
redevance au Service de l'eau dans le cadre de la loi sur l'eau.
Figure 7 : Option N°1 de la gestion des Adductions d'eau
villageoises au Bénin Source : Cellule Initiative-Eau/DG-Eau
Option 2: Contrat tripartite commune,
Association des Usagers de l'Eau (AUE) et fermier
Ce mode de gestion, illustrée par la figure
8, est proche du principe de la double délégation.
Cependant, les responsabilités de la commune y sont plus importantes. La
commune, l'AUE et l'opérateur privé (le fermier) sont tous les
trois signataires du contrat. Le fermier vend l'eau au prix fixé
contractuellement. Le fermier est chargé du fonctionnement et de
l'entretien du système de pompage. Il alimente un compte de
renouvellement du système de pompage cogéré par la commune
et l'AUE. En outre, il doit verser une redevance à la commune, à
l'AUE et une redevance au Service de l'eau dans le cadre de la loi sur
l'eau.
Figure 8 : Option N°2 de la gestion des Adductions d'eau
villageoises au Bénin Source : Cellule
Initiative-Eau/DG-Eau
Option 3 : Délégation par la
commune de la production à un fermier et de la distribution à une
Association des Usagers de l'Eau (AUE)
Ce mode de gestion, illustrée par la figure
9, qui sépare clairement les responsabilités en termes de
production et de distribution, permet à l'AUE de s'affranchir des
contraintes techniques liées au fonctionnement et à la
maintenance du système de pompage. Par ailleurs, ce système de
gestion permet à l'opérateur privé de vendre l'eau en gros
à l'AUE sans avoir à gérer les difficultés
liées à la distribution en milieu rural (impayés, gestion
des fontainiers, etc.).
contractuellement. Le fermier est chargé du
fonctionnement et de l'entretien du système de pompage. Il alimente un
compte de renouvellement du système de pompage géré par la
commune. En outre, il doit verser une redevance à la commune et une
redevance au Service de l'eau dans le cadre de la loi sur l'eau.
La distribution est déléguée par la commune
à l'AUE. Ensemble, elles cogèrent un compte de renouvellement
pour les travaux sur le réseau et les extensions.
Figure 9 : Option N°3 de la gestion des Adductions d'eau
villageoises au Bénin Source : Cellule
Initiative-Eau/DG-Eau
Option 4 : Délégation par la
commune de la gestion des Adductions d'Eau Villageoise (AEV) à une
Association des Usagers de l'Eau (AUE)
Ce mode de gestion, illustrée par la figure
10, correspond au système actuellement mis en oeuvre à la
différence que, désormais, c'est la commune et non l'Etat qui
délègue la gestion de l'AEV à une AUE.
Dans ce cas, l'AUE gère le fonctionnement, l'entretien,
le renouvellement des infrastructures et les extensions de l'AEV. Comme dans
l'option précédente d'une gestion directe par la commune, il
semble préférable que l'AUE passe un contrat avec une
société privée afin d'assurer les tâches
spécialisées liées à la maintenance du
système de pompage. Il est aussi envisagé que l'AUE verse une
redevance ou une taxe à la commune et une redevance au Service de l'eau
dans le cadre de la loi sur l'eau.
Figure 10 : Option N°4 de la gestion des Adductions d'eau
villageoises au Bénin Source : Cellule
Initiative-Eau/DG-Eau
- Cas des ouvrages de l'arrondissement de HOUIN
:
L'arrondissement de Houin compte deux Adductions d'Eau
Villageoise (AEV) : celle de Houin-Kessawe réalisée en 2006 et
celle de Vèha-Déssa en 2009.Ces deux ouvrages couvre suffisamment
cinq des six villages de l'arrondissement. Une bonne gestion de ces deux
ouvrages et des autres forages de l'arrondissement assurera la
pérennité de la disponibilité de l'eau potable pour toute
la population jusqu'en 2015 (confère figure 6). L'AEV de
Vèha-Déssa n'est pas encore mis en service parce que la
procédure de sélection du fermier n'est pas encore
achevée. Quant à celle de Houin, elle a été mise en
service depuis le 07 juillet 2006 et continue encore à être
gérée par la communauté. La mairie de Lokossa a
commandité l'audit de cette AEV afin d'apprécier la gestion qui
en est faite jusque là. Les conclusions de ce rapport ont
démontré à la mairie que la façon dont est
gérée l'AEV de Houin par le comité de gestion mis en
place, ne garantit pas l'entretien lourd et le renouvellement des
équipements. La commune de Lokossa a alors choisit l'option 1,
délégation de la gestion à un fermier, pour la gestion
future des adductions d'eau de l'arrondissement. Le rapport a
révélé les constats suivants :
- les membres du comité ne sont plus unis pour la gestion
de l'AEV
- près de 42% des recettes de l'AEV sont
détournées, la situation comptable sur les 1272 jours (du 07
juillet 2006 au 31 décembre 2009) de gestion se présente comme
suit :
Tableau IV : Bilan de gestion de l'AEV de Houin de 2006
à 2009
Années
|
|
Recettes
|
Dépenses
|
Montant détourné
|
Nombre de jours de gestion
|
Montant détourné/jour (F/j)
|
|
2006
|
2
|
398
|
155
|
|
758
|
560
|
|
639
|
595
|
|
177
|
3
|
614
|
|
2007
|
4
|
851
|
105
|
1
|
650
|
475
|
1
|
500
|
000
|
|
365
|
4
|
110
|
|
2008
|
4
|
257
|
975
|
2
|
674
|
930
|
1
|
610
|
000
|
|
365
|
4
|
411
|
|
2009
|
4
|
173
|
985
|
1
|
813
|
300
|
2
|
779
|
083
|
|
365
|
7
|
614
|
TOTAL
|
|
15
|
681
|
220
|
6
|
897
|
265
|
6
|
528
|
678
|
1
|
272
|
5
|
133
|
|
Source : Rapport de vérification de la gestion de l'AEV
de Houin, Décembre 2009
Figure 11 : Evolution du montant détourné par le
comité de gestion de l'AEV de Houin sur les recettes de 2006 à
2009.
Le tableau IV et la figure 11 présentent l'ampleur de
la mauvaise gestion de cette adduction d'eau. Ceci prouve très bien
qu'une communauté peut être bien équipée en points
d'eau, sans être épargnée des problèmes
d'approvisionnement en eau potable dans un futur proche. Les résultats
de l'audit de la gestion de la seule adduction d'eau déjà en
service dans l'arrondissement montre qu'une fois les dépenses de
fonctionnement effectuées sur le réseau et le reste des fonds est
distraire à d'autres fins au lieu d'être reversés dans le
compte réservé pour l'entretien lourd , le renouvellement des
équipements et la réalisation d'extension vers de nouvelles
localités. Lorsqu'on ramène les montants détournés
au nombre de jours de gestion, on
constate que ce montant a évolué de 3614F
CFA/jour en 2006 à 7614FCFA/ jour en 2009. Ces valeurs sont d'autant
plus inadmissibles lorsque ces faits se produisent dans un milieu où la
quasi-totalité de la population vit en dessous du seuil de
pauvreté car le revenu mensuel par personne active s'établit
à 14.766 F CFA (CIENI, 2007) soit 492.2 FCFA/jour. De plus, l'exploitant
du réseau gaspille l'eau lors des pompages de l'eau dans le
château ; puisqu'il ne suit pas le remplissage, il n'est souvent pas
là pour arrêter le pompage dès que le château se
remplit et alors le château commence par se déverser dans la
nature pendant des heures avant qu'il ne soit alerté pour arrêter
le pompage (Voir photo 3 et 4). Cet état de choses menace la
disponibilité à long terme de l'eau potable pour la
population.
Photo 3 et 4 : Gaspillage de l'eau du château d'eau de
Houin, le trop plein inondant les alentours lors d'un pompage non suivi
Source : Cliché Juvénal HOUSSOU, 2009
En plus de ces AEV, l'arrondissement dispose aussi de trois
forages artésiens et d'un forage équipé de pompe à
motricité humaine. Jusqu'en 2009, ces ouvrages n'ont pas pu
connaître une gestion digne du nom puisque les forages artésiens
ne disposaient pas d'aménagement adéquat pouvant permettre une
bonne gestion de cette ressource. Ainsi, pendant plus d'une décennie,
l'eau de ces forages ont coulé en permanence en créant des
marigots artificiels. Pour
arrêter ce gaspillage de la ressource, le service de
l'eau a aménagé en 2009 deux de ces forages.
Avant aménagement, l'eau a coulé ainsi de
Après aménagement
1996 à 2008
Photo 5 : Forage artésien de Houin-Centre
Source : Cliché Juvénal HOUSSOU, 2009
Le type d'aménagement réalisé a permis
à la population de prendre l'eau suivant ses besoins et maintenir les
alentours des forages dans un état de salubrité exemplaire. De
plus la mise à disposition de compteur sur ces aménagements,
permettra à la mairie de suivre de façon efficace la gestion des
forages. Notons qu'actuellement ces ouvrages sont toujours gérés
par la communauté sous le contrôle de la mairie mais dès
que le processus d'affermage des AEV de Houin-Kessawe et
Vèha-Déssa va aboutir, ces ouvrages seront confiés aux
fermiers qui seront sélectionnés puisqu'ils se retrouvent dans le
rayon des adductions d'eau villageoises.
On constate aisément que les différentes
ressources en eau de l'arrondissement de Houin, ne connaissent pas toutes, des
stratégies de gestion qui leur assurent leur rôle de bienfaiteur
de la population. Il en ressort que ces manières de gérer
actuellement l'eau, causent de serieuses nuisances à l'environnement.
|