3.1. Stratégies de gestion des ressources en
eau
Les modes de gestion de l'eau varient suivant les
différentes sources d'eau. 3.1.1. Ressources en eau
atmosphérique
Les ressources en eau atmosphérique sont
essentiellement les eaux pluviales. Elles commencent en mars ou avril et
prennent fin en novembre. La saison pluvieuse couvre donc huit mois sur douze
dans l'année.
Les eaux de pluie, dans la commune de Lokossa et notamment
dans l'arrondissement de Houin ne font pas encore l'objet d'une gestion
efficace. Ainsi, au niveau des ménages, l'eau de pluie est recueillie
par endroits, grâce à des gouttières, dans des jarres pour
les usages domestiques. La grande partie des eaux pluviales qui tombent dans
les villages de l'arrondissement, ne recevant aucune autre attention, se
frayent elles-mêmes leur chemin pour rejoindre les bas fonds et le lac
Toho, en érodant tout sur son passage. L'unique projet initié
pour gérer les eaux pluviales qui se rejoignent au centre de
l'arrondissement n'a pas encore atteint ces objectifs. En effet, ledit projet
intitulé `'Projet
d'assainissement de Houin centre et de traitement du point
critique d' Affangni(Route de Déssa)''
débuté depuis 2007 et qui devrait durer contractuellement
six (6) mois avait pour objectifs de réaliser des
caniveaux latéraux de part et d'autres de la piste de Houin sur une
longueur d'un (01) kilomètre et réaliser un pont au niveau de la
localité d'Affangni où l'eau de ruissellement traverse la voie
pendant la saison des pluies. Mais jusqu'à la fin du mois de
décembre 2009,
les caniveaux n'ont pu être réalisés que
sur 200 mètres et le chantier est abandonné par l'entreprise
depuis des mois
A l'instar des milieux ruraux, de la commune de Lokossa,
l'arrondissement de Houin souffre donc de l'absence d'une réelle
stratégie des eaux pluviales. Ces eaux, après le ruissellement
entre les cases et sur les voies, finissent par rejoindre les bas fonds et le
lac Toho. Ces derniers qui constituent les ressources en eau de surface de
l'arrondissement, reçoivent-ils une meilleure attention que celle
accordée aux eaux pluviales ?
3.1.2. Ressources en eau de surface
Les eaux de surface sont représentées par les
formes d'écoulement que sont les fleuves, les lacs, les rivières
et les marigots. Dans l'arrondissement de Houin, la ressource essentielle en
eau de surface est le lac Toho.
3.1.2.1. Gestion du lac Toho
Au Bénin, les populations riveraines des plans et
cours d'eau ont traditionnellement élaboré des structures qui
avaient pour but de protéger le capital écologique et d'en
réglementer l'exploitation pour lui permettre de subsister et de
prospérer (HOUNKPE, 1996). Ainsi, pour la gestion du lac Toho, le
pouvoir traditionnel avait mis en place une réglementation
sévère sur la pêche et la faisait bien respecter à
travers la puissance de sept (7) fétiches à savoir : Sovi ou
Houin-Yêhoué (origine : Houin), Zinsou-Sagbo (Tokpa),
DégouèYêhoué (Dégouè), Toulabo
(Agbodougbé), Dagbo-Hounsou
(Lac Ahémé), Danhounkoè (Logbo), Lombodo
(Lokossa). Les engins, techniques et pratiques interdits sont les suivants :
- Adjohoun ou Djohoun (palangre), - Adjakpo (filet à un
doigt),
- Adjagodo (nasse en grillage),
- Alotouè (pêche à mains),
- Filet épervier,
- Filet lesté,
- Transport de morts et de porcs sur le lac,
- Les femmes en période de menstruation ne doivent pas
aller sur le lac, - Les casseroles et marmites ne doivent pas être
lavées dans le lac.
Quiconque outrageait ces règles mourrait. Cela
occasionnait des morts à tel point qu'il a été
décidé d'anéantir certains de ces fétiches.
Actuellement il n'en existe que deux : Danhounkoè et
Houin-Yèhoué qui sont à la charge des chefs traditionnels
de Houin constitués du groupe des Dènon et de celui des
Houmbonon. De nos jours, il y aurait une mésentente entre les deux
groupes qui auparavant faisaient périodiquement ou à chaque
décès par noyade les cérémonies et rituelles aux
divinités du lac. D'autres facteurs tels que la croissance
démographique ont engendré un déséquilibre entre
l'accroissement des besoins et la disponibilité des ressources, la
défiance à la religion traditionnelle (Vodoun) du fait de
l'adoption de nouvelles valeurs importées et/ou imposées par le
régime (HOUNDEKON cité par ROCHE INTERNATIONAL (1999) et aussi la
mort du dernier spécimen d'hippopotames du lac a livré ce dernier
à une exploitation anarchique. En dehors du système traditionnel
de gestion devenu inefficace, il existe un dispositif administratif
décentralisé : les Comités des Pêches. Ils sont des
structures légales reconnues par arrêté
interministériel n°312/MDR/MISAT/DCAB/CC/CP portant institution,
fonctionnement et attributions des Comités et Conseils de Pêche
signé le 11 septembre 1997 (ROCHE INTERNATIONAL, 1999). A ce niveau
aussi, à cause des maladresses, ceux du lac Toho ont failli à
leur mission et sont suspendus jusqu'à
nouvel ordre, si bien que le lac Toho n'est actuellement sous
aucun contrôle. Toutes ces situations ont occasionné un libre
cours aux graves atteintes à ce lac. Il est à préciser
qu'actuellement sous la direction du projet PADDPA, un comité de gestion
de ce lac, sous la présidence du préfet des départements
du MonoCouffo, est en train d'être mis sur pied.
Tout le long du lac, dans l'arrondissement de Houin, on a
constaté des initiatives privées isolées de mise en valeur
de la berge du lac avec la création de fermes piscicoles pour
l'élevage et la commercialisation de poissons.
Malgré ces quelques initiatives privées, le lac
Toho ne connaît pas encore une gestion concertée et efficace ni au
plan local ni au plan intercommunal. Les actions entre les trois communes
concernées par cette gestion tardent à trouver le consensus et
une fonctionnalité qui devrait assurer la mise en valeur et une gestion
intégrée de cette ressource.
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