5. Quels travaux nous éclairent sur les conduites
addictives des jeunes ?
Nous nous proposons de présenter les différents
travaux sous une perspective psychosociale, Moscovici (1984), pour ensuite les
développer.
Jeune (Individuel et social)
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Autrui(Famille,
pairs, groupes, autorité)
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Formation de l'identité (parents/
réseau social) Recherche d'espaces transitionnels Choix
rationnel
Conduites addictives
Déviance (Normes, transgression,
stigmatisation, étiquetage, contrôle social) Facteurs
culturels ; Insertions sociales ; Conditions d'existence
Déni du risque (biais
de supériorité, optimisme irréaliste,
illusion d'invulnérabilité) Ordalie
Figure 2 : Représentation ternaire sur les conduites
addictives des jeunes
5.1 Facteurs centrés sur l'interaction jeune/conduite
addictive : déni du risque ; Ordalie
Peretti-Watel (2000) parle de déni du
risque lorsque les personnes interrogées sur leur
perception des risques (cancer, accident de la route...) estiment
en général le risque « pour soi » inférieur au
risque « pour autrui ». On distingue principalement trois biais dans
la littérature :
- Le biais de supériorité ou la
sur-confiance (Klein & Kunda, 1993, cités par PerettiWatel,
2000) : lors d'une comparaison à autrui, la plupart des gens s'estiment
supérieurs. Ce résultat est retrouvé lors de
l'étude menée par Dany (2010), auprès de lycéens,
sur les logiques comparatives dans l'évaluation des conduites à
risque. Ceci peut aussi être considéré comme une
stratégie de présentation positive de soi plus qu'un
dénigrement d'autrui (McKenna et al., 1991 cités par
Peretti-Watel, 2000).
- L'optimisme irréaliste et l'illusion de
contrôle (Rumar, 1988 cité par Peretti-Watel, 2000) : les
gens s'estiment, en général, moins exposés aux risques
qu'autrui ; une certaine surestimation de son aptitude personnelle à
faire face aux risques et une perception plutôt pauvre des
capacités d'autrui à les gérer.
- L'illusion d'invulnérabilité
(Perloff, 1983 cité par Peretti-Watel, 2000) : tendance à se
percevoir comme moins susceptible qu'autrui, de subir les conséquences
néfastes d'un évènement négatif. L'absence
d'expérience directe de l'accident renforce cette tendance : «
immunisation » ; « illusion de l'expérience ».
Pour Le Breton (2002), les conduites à risque ont
souvent une fonction ordalique. L'ordalie est la
manière dont chacun va interroger, par les sensations extrêmes, la
mort ou le danger, pour vérifier la possibilité et le droit
d'exister. Alors qu'autrefois, l'ordalie était vécue au cours de
rituels collectifs de passage et ponctuait la succession de cycles de vie et
l'appartenance à une classe d'âge (de l'adolescence à
l'âge adulte par exemple). Aujourd'hui, la recherche de sensations est
vécue de manière individuelle et se présente sous la forme
de prises de risques et de conduites à risque.
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