3. Quels sont les chiffres des conduites addictives des
jeunes ?
4 Des consommations de substances psychoactives en
région PACA, proches des moyennes nationales.
Selon les derniers chiffres de l'État des lieux des
conduites addictives des jeunes (16-25
ans) en région PACA (CIRDD PACA, 2009, p.3),
(recueillis lors de la journée défense citoyenneté,
anciennement JAPD), les usages de substances psychoactives des jeunes de
Provence-Alpes-Côte d'Azur ne se distinguent pas fondamentalement de la
moyenne métropolitaine. Mais l'usage de substances illicites est
cependant plus diffusé en région qu'ailleurs.
Ainsi, concernant l'alcool, les jeunes
présentent une consommation de type occasionnelle, mais souvent
excessive et sont plus de 90% à l'avoir expérimenté
à 17 ans. En effet, les ivresses et les consommations abusives (plus de
5 verres en une occasion) ont beaucoup progressé ces dernières
années. La consommation de tabac des jeunes continue de
baisser, de façon plus importante en région qu'en National.
Néanmoins, encore 30% des jeunes de 17 ans sont en 2008 fumeurs
quotidiens. En 2005, plus de la moitié (53%) des jeunes de 17 ans de la
région a déjà fumé du cannabis et
12% en font un usage régulier, prévalence supérieure
à la moyenne nationale (respectivement 49% et 11%). Depuis 2002, la
consommation de cannabis s'est stabilisée, puis a fléchi, parfois
de façon prononcée. Enfin, la consommation des autres
substances psychoactives (essentiellement les drogues illicites) est
plus fréquente en région qu'en métropole ; et ce,
particulièrement pour certains produits : la cocaïne (deux fois
plus d'expérimentateurs en région qu'en moyenne : 4,6% vs 2,5%),
le poppers (7,5% vs 5,5%), l'ecstasy (4,7% vs 3,5%), les amphétamines
(3,1% vs 2,2%). Les expérimentations des drogues illicites ont tendance
à augmenter en France entre 2005 et 2008 et à se stabiliser en
région.
4 Des usages différenciés selon les
jeunes
Une analyse des modes de consommation permet de faire
émerger des profils d'usagers :
- Près d'un quart des jeunes de 17 ans ne consomme
aucune des principales drogues et 28% sont des usagers ponctuels. Ainsi,
plus de la moitié (52%) des jeunes présente une
consommation nulle ou exceptionnelle.
- Un tiers des jeunes a une consommation de type festif,
c'est-à-dire qu'ils utilisent des substances psychoactives plus
régulièrement que les ponctuels, mais dans le cadre de
sociabilités amicales.
- Enfin, 15% des jeunes ont un usage excessif ou «
à risque » des drogues.
Des déterminants sociaux permettent de rendre compte
des différences observées. Ainsi, les usages de substances
psychoactives sont significativement associés :
- Au parcours scolaire : les jeunes sortis du
système scolaire, qui ont redoublé ou qui sont dans certaines
filières professionnalisantes sont plus souvent des
expérimentateurs ou des usagers réguliers.
- À la situation familiale : nous
trouve des niveaux d'usage supérieurs chez les jeunes qui vivent dans un
contexte familial où le cadre parental est moins prégnant, comme
résidant en internat ou ceux dont les parents sont
séparés.
- À la sociabilité : plus les
jeunes passent du temps avec des amis, au domicile ou dans des
établissements privés (bar/pub/café), plus leurs niveaux
d'usage sont élevés.
- Au milieu social : les jeunes issus de
milieux favorisés présentent des niveaux d'usage
supérieurs à ceux de milieux plus modestes, en raison notamment
des ressources matérielles et financières des parents.
Ainsi, les jeunes en apprentissage, les
travailleurs saisonniers et les jeunes sans
emploi en situation d'insertion professionnelle présentent des
niveaux d'usage supérieurs aux jeunes du même âge.
Les étudiants sont au contraire
caractérisés par des niveaux d'usage légèrement
inférieurs à la moyenne de la tranche d'âge
considérée.
4 Les addictions sans produit
Selon Minotte (2010), elles entrent dans la catégorie
des addictions depuis les années quatre-vingt dix, « Nous pensons
notamment à Otto Fenichel et la notion de "toxicomanies sans drogues"
proposée dans la "Théorie psychanalytique des névroses"
(1949), ou à Stanton Peele et son observation des dépendances
affectives, ou encore à "l'addiction positive" de Glasser qu'il
développe au départ de l'observation de sportifs "accros"
à l'effort (1976). Ces auteurs ont eu le mérite de faire
évoluer la représentation classique des toxicomanies,
centrées sur les produits et leurs propriétés
"addictogènes", vers une approche centrée sur les conduites du
sujet ». (p.42). Cependant, pour Tisseron et Gravillon (2008, p.150),
« Bien sûr, beaucoup de parents aimeraient que les pouvoirs publics
- et des experts remboursés par la Sécurité Sociale ! -
règlent à leur place les errances et les
dérèglements provoqués chez leurs rejetons par les
nouvelles fascinations technologiques. Mais ce choix, confortable à
court terme, s'avèrerait catastrophique à long terme. Il
équivaudrait à déléguer encore un peu plus les
tâches parentales, au risque de médicaliser
complètement l'adolescence ».
Selon l'expertise de l'Inserm (2008, p.252), «
Malgré une grande disparité de niveau selon les pays, la
prévalence du jeu "pathologique" en population générale
semble s'établir dans une majorité d'entre eux autour de 0,5
à 1% auquel on peut ajouter une prévalence de 1 à 2% de
joueurs "problématiques" ». Il est aussi indiqué que la
France est presque un des seuls grands pays développés à
ne pas s'être doté de ce type d'enquête. Selon Minotte
(2010, p.121), « Les usages (problématiques ou non) des
Technologies de l'information et de la communication ne sont pas le monopole
d'une catégorie sociale (les jeunes !), ils concernent
toutes les catégories de population. » De plus, les
différences statistiques dans les consommations de produits
technologiques entre hommes et femmes tendent à
l'uniformisation. Pour ce qui est de l'usage problématique des nouvelles
technologies, les chiffres semblent fort contrastés (Annexe 6). Les
grilles diagnostic ne posent pas de limite quantitative, mais font plutôt
référence à la notion d'envahissement de la vie de la
personne. La fréquentation assidue des mondes virtuels est
généralement associée à une volonté plus ou
moins consciente d'échapper à la réalité. « La
présence d'une co-morbidité et/ou de facteurs contextuels
inconfortables est souvent soulignée. Fréquemment, il
est constaté que le sujet dit "accro au net" souffre (avant tout) de
dépression, d'anxiété, d'une psychose, etc. ou encore se
trouve confronté à des situations délicates comme un
divorce, des difficultés scolaires, un stress professionnel, etc. »
(p.85).
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