Discussion
1. Résumé des résultats
Au niveau descriptif, on distingue donc l'usage simple de
l'addiction sur ces différents critères. L'addiction est
assimilée à une utilisation fréquente, solitaire, non
contrôlée, avec une souffrance sous jacente et qui présente
des risques pour la santé. Une addiction serait un mécanisme
d'adaptation raté (cependant humain) à la souffrance mais
réversible. Ainsi, elle nécessite de l'aide. De plus, elle est le
résultat du croisement de différents facteurs. Le jeune serait
catégorisé selon sa souffrance et sa volonté dans la
démarche d'accompagnement. Concernant le contexte, les conduites
addictives seraient en lien avec la société actuelle et ses
normes, mais aussi avec les sous cultures et leurs normes, également
avec les interactions avec les autres individus, les variables personnelles et
la période adolescente. Cette dernière, contrairement aux autres
facteurs, est considérée comme un contexte assez positif. Les
usages les plus cités sont le shit, l'alcool, le tabac et les jeux
virtuels. Les conduites addictives pourraient être vues plus comme un
mode de vie à rattacher à l'adolescence, qu'une véritable
addiction. Les produits sont classés selon le prix, leur risque en terme
de dépendance plus ou moins rapide et nocive, leur
légalité, leur tabou (l'usage régulier de shit
étant moins tabou dans les moeurs que l'alcool ou le jeu vidéo).
On pourrait également distinguer ceux qui consomment pour le goût
du produit, de façon modérée et ceux qui consomment pour
l'effet, de façon plus excessive. La pratique serait dépendante
du cadre professionnel, du cadre personnel, et l'attitude prédominante
serait la relation d'aide et l'appui sur le réseau. La question se pose
de l'accessibilité des informations pour les parents. Enfin, les
attentes se dirigent sur les jeunes, les politiques, les professionnels, la
société et les parents.
Au niveau structural, on note que l'usage est scindé en
deux, l'usage « normal » et l'usage « addict ». L'usage
« normal » est associé au contexte adolescent et
environnement/culture. Il a pour but de se tester et/ou de créer du
lien. C'est une consommation modérée, dans la recherche de
plaisir et associée au contexte festif. L'usage « addict »,
quant à lui, est lié à la souffrance créée
par le contexte, entraînant un mécanisme qui vise à combler
ce mal-être. Ainsi, l'usage « addict » est associé
à la fréquence, la solitude, l'impuissance, le risque et la
visibilité. Nous avons aussi vu que la pratique des acteurs de terrain
(prévention, accompagnement, orientation) est étroitement
liée aux représentations sociales de l'usage. L'usage «
addict » étant vu comme signe visible de mal-être, il est
recherché et entraîne une proposition d'accompagnement ou
d'orientation. Si l'usage n'est pas repéré comme « addict
»,
on observe une pratique de prévention. La pratique est
également liée à la représentation du cadre
professionnel et personnel ainsi qu'à la demande du jeune.
Au niveau du lien avec les caractéristiques
socio-démographiques, nous avons dégagé trois profils de
professionnels : les acteurs de prévention, les professionnels relais et
les professionnels de l'accompagnement.
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