2.1. Lien entre les différents
éléments de la représentation de jeunes et addictions et
la pratique des professionnels
On peut schématiser les liens entre les différentes
composantes de la représentation sociale de jeunes et addictions et la
pratique professionnelle ainsi :
PREVENTION
Cadre personnel : Connaissances,
expériences
Attentes auprès des jeunes, des parents et des
politiques
Usage nul ou « normal » : géré
+ plaisir + festif
Demande du jeune
RS de
|
RS du
|
RS du
|
l'addiction
|
produit
|
jeune
|
Impossibilité
d'accompagnement ORIENTE
D'ACCOMPAGNEMENT
PROPOSITION
Usage « addict » : fréquent + non
géré + seul + mal-être + produit à risque
Normes groupe
RS de l'usage « normal » vs
« déviant »
Demande d'un tiers
Normes médicales, sociales, scolaires,
culturelles
RS du contexte
Demande du jeune
Hors compétences/ cadre
RS Cadre Professionnel
Individuel
Interaction
Adolescence
Attentes auprès des
professionnels, des politiques
Société
Figure 5 : Organisation du lien entre représentation
sociale de l'addiction et pratique
Ainsi, la représentation sociale du
contexte influencerait les représentations de l'addiction et
les représentations du produit. Nous notons
d'ailleurs que les produits les plus cités sont ceux qui sont
illégaux (shit) et qui causent des risques pour la santé (alcool
: coma éthylique). Le tabac est moins cité (légal et
risques à long terme). Le contexte influence aussi la
représentation du jeune. Et, ces
représentations auraient elle-même un impact sur la
représentation de l'usage : « normal » ou « addict
». Enfin, la représentation de l'usage « normal
» entraînerait le plus souvent une pratique de
prévention tandis qu'une représentation de l'usage comme
déviant guiderait la pratique vers une proposition
d'accompagnement ou une orientation. Et, ces pratiques seraientt
modulée par le cadre personnel, le cadre professionnel et la demande du
jeune ou d'un tiers.
La pratique serait donc liée
à cette représentation de l'usage. Ainsi, le professionnel
tâcherait de repérer l'usage « addict
», « que j'essaie de savoir s'ils le font plutôt
en groupe, ou si c'est isolé, si c'est parce qu'il est
déprimé ou au contraire parce qu'il est content, ce genre de
questions qui va me permettre d'évaluer le risque ou le danger du
côté de sa sociabilité, de sa capacité à
continuer à avoir une vie d'ado quoi. Voilà ». (n°13)
« quand je vois qu'il y a beaucoup d'absences, qu'ils sont
fatigués, qu'ils sont mous, pas forcément les yeux rouges, mais
les yeux rouges aussi, enfin je me pose maintenant la question: est ce qu'il
consomme ou pas? » (n°7) ou de l'objectiver lorsque les
jeunes sont envoyés par un tiers « Souvent ils sont
adressés en disant, il a un problème, non, non pas
forcément, il est pas alcoolique, c'est pas parce qu'il a
été, qu'il a bu, qu'il s'est retrouvé à
l'hôpital qu'il est alcoolique. Donc c'est à nous de trouver quel
est le rapport avec ce produit » (n°22a). Les acteurs de terrain
pratiqueraient de la prévention quand l'usage ne pose pas
problème « Alors j'en parle avec les jeunes et je
provoque le débat quand j'anime les ateliers santé, une fois
toutes les 3 semaines ça dépend du rythme et de ma
disponibilité. » (n°21). Mais lorsque l'usage est
repéré comme « addict », il est proposé un
accompagnement, « j'essaie de faire réfléchir
les gens sur leur comportement vis a vis des utilisations de produits ou de
leur comportement addictif » (n°23) ; « tout notre travail c'est
d'essayer de... d'inverser la machine » (n°11) ou
une orientation « Et
généralement, si c'est vraiment un problème d'addiction et
que y'a cette demande, je vais l'orienter vers Tremplin ou voilà, vers
un partenaire pour ça. » (n°21).
Le cadre professionnel jouerait aussi
sur la pratique au niveau de la liberté d'action
«[l'usage] tant que ça empiète pas sur la sphère
dans laquelle on se rencontre avec le jeune, à savoir la vie
professionnelle, dans la citoyenneté, voilà,
l'intégration, l'insertion pour être plus
précis » (n°18 ), des
compétences « je vais pas plus loin, parce que je suis
pas formée pour ça, » (n°1), et des
missions « après, on est pas un service pour ça
non plus » (n°3).
Le cadre personnel ainsi que
l'expérience joueraient aussi un rôle dans le lien entre pratique
et représentation. « Quand on dit quelque chose, on le dit
à la lumière d'un, certainement de l'observation. Les
observations qui sont... Sur le temps d'une expérience, »
(n°8) ; « Mais c'est vrai que l'inconnu fait peur aussi, donc c'est
vrai que l'héroïne ça peux faire super peur quand même
pour le coup. Que mon petit fils me dit qu'il consomme de l'héro
hé ben je me dit dans trois mois il va faire mon sac »
(n°18).
La demande du jeune influerait
également sur la pratique « On va pas partir de la demande de
la personne, il faut travailler... L'histoire, l'histoire, l'histoire
familiale, l'histoire personnelle, une demande personnelle. Euh... Histoire de
la demande » (n°8) ; « il voulait arrêter une consommation
de shit qui était quand même importante et qui lui avait
coûté pas mal de déboires, c'est clair que ce jeune se
retrouve dans une situation où il lutte contre luimême à
longueur de journée, c'est très difficile, parce qu'il ne faut
pas rêver, ça a un effet aussi apaisant, désangoissant...
Lui, je l'ai orienté vers le CMP de la Torse » (n°13)
Les attentes seraient aussi
liées aux représentations et aux pratiques. Ainsi
l'impossibilité d'accompagnement dans la pratique
entraîne des attentes auprès des
professionnels « Oui parce qu'à part Tremplin
qu'est-ce qu'on trouve? Concernant les addictions? Sur Aix? » (n°9) ;
« serait une aide immédiate, enfin une aide dont j'aurais besoin
peut-être là oui, effectivement, pour que, passer le relais »
(n°1), auprès des politiques « on
aimerait développer quelque chose mais c'est une organisation, on a pas
trouvé encore comment s'organiser » (n°3), ou
auprès de l'éducation nationale « De souplesse
dans les dans les échanges, dans les entrées de partenaires,...
dans les, dans les établissements scolaires, dans les... surtout dans
les établissements scolaires hein. C'est bien beau de faire passer le..
le code de la route... enfin donner des tas de diplômes mais bon un
diplôme de prévention à certaines choses se serait aussi
intéressant j'trouve. » (n°17). Pare ailleurs, la
représentation du contexte influencerait les attentes,
notamment auprès des jeunes « de
prévention oui chez les tout petits, le prendre très, très
tôt » (n°11) « En leur donnant la capacité
à, à, à être inscrit dans quelque chose parce que
bien souvent quand on est à la marge, ils ont du mal à s'inscrire
dans , dans le monde des adultes » (n°8), auprès
des parents « qu'on arrive à travailler au
niveau d'un parent, au niveau des parents » (n°1)
ou auprès de la société «
qu'on parle des jeunes, pas forcément les conduites addictives »
(n°22a).
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