IV.4.4.1.5. INTERPRETATION DES RESULTATS
Après examen de l'ampleur de la
dépréciation continue du Franc congolais par rapport au dollar
américain, nous n'avons retrouvé que la politique
monétaire appliquée par la Banque Centrale du Congo affecte
directement le marché des biens et services et aussi celui de change au
même moment car l'émission de la masse monétaire cause au
sens de GRANGER les mouvements de l'indice des prix à la consommation
(inflation) et en même temps la variation des taux de change (officiel et
parallèle).
Conformément à la théorie quantitative de
la monnaie, lorsque le volume des transactions et la vitesse de rotation de la
monnaie ne se modifient pas, une variation de la quantité de monnaie
entraine une variation des prix. En conséquence, la quantité de
monnaie émise par la Banque Centrale du Congo ne s'adapte pas aux
échanges des biens et services de l'économie nationale alors on
constate l'inflation à chaque émission de la masse
monétaire sur le marché. Ceci prouve que dans l'économie
congolaise la masse monétaire, augmente plus vite que l'activité
économique.
Au regard de notre étude de la relation de
causalité entre le taux de change et l'inflation, les résultats
ont dévoilé qu'il existe une corrélation positive entre
les 2 variables c'est à dire lorsqu'il ya une variation du taux de
change de la monnaie nationale par rapport à la devise
étrangère, cela entraine une variation des niveaux de l'indice
des prix à la consommation (inflation) et vice versa. Donc, il existe
une boucle rétroactive dans le comportement de ces variables, autrement
dit l'inflation cause au sens de GRANGER la dépréciation du franc
congolais par rapport au dollar américain et l'inverse aussi est
vrai.
Il sied de préciser que le taux de change du
marché formel appliqué par la banque centrale n'a pas d'impact
sur les mouvements de l'indice des prix à la consommation, aucune
corrélation n'a été détectée, ni encore une
relation de causalité. Ce qui revient à comprendre que c'est le
marché noir qui a de l'ampleur en matière de change en RDC et qui
fixe le taux de référence de l'économie nationale pour les
opérateurs économiques.
De ce fait, la relation de causalité se trouve entre le
taux de change parallèle et l'inflation, cette relation est forte et
bidirectionnelle.
IV.4.5. IMPACT DE LA RELATION
DE CAUSALITE ENTRE LE TAUX DE CHANGE PARALLELE ET L'INFLATION SUR LE BUDGET DE
TRESORERIE DE LA SUCRIERE DE KWILU-NGONGO
Comme nous venons de le voir au point précédent
qu'il existe une relation de causalité au sens de GRANGER entre le taux
de change parallèle et l'inflation, il est important à ce stade
de chercher les retombées de cette relation bidirectionnelle sur le
budget de trésorerie de la compagnie sucrière de Kwilu-Ngongo.
Le budget de trésorerie étant un ensemble de
prévisions relatives aux recettes (ressources ou encaissements) et
dépenses (emplois ou décaissements) prévisibles à
court terme, compte tenu des activités et des projets de l'entreprise,
il s'avère important de déceler l'impact de cette relation de
causalité sur les 2 flux monétaires.
Du fait que les prévisions de trésorerie ne se
réalisent pas telles que rechercher par celui qui prévoit, il se
dégage un écart (positif ou négatif) entre les
prévisions et les réalisations, le problème est de savoir
si le taux de change parallèle et l'indice de prix à la
consommation constituent la cause de ces écarts constatés
régulièrement dans l'exécution du budget de
trésorerie de la sucrière de Kwilu-Ngongo.
IV.4.5.1. EFFET DE
L'INFLATION ET DU TAUX DE CHANGE PARALLELE SUR LES RESSOURCES
Les prévisions faites par l'entreprise sont fonctions
des paramètres qu'on maitrise bien leurs évolutions mais
l'environnement économico-financier congolais étant une variable
incontrôlable pour le prévisionniste car tous les agrégats
macroéconomiques influant sur l'exploitation sont incertains quant
à leurs anticipations. Afin de prendre en compte les 2 aspects du budget
de trésorerie (prévisions et réalisations), nous avons
préféré convertir les réalisations en termes de
pourcentage par rapport aux prévisions pour la même
période.
L'équation à estimer s'écrit comme
suit :
RT = â0 + â1 DIPC
(-1) + â2DTCP (-1) + â3RT(-1) + ît
(+) (+)
(+)
Nous nous attendons donc aux coefficients positifs et
significatifs dans l'estimation de ce modèle pour saisir l'impact des
variables explicatives sur les réalisations de ressources de
trésorerie.
Ce modèle présenté semble être
approprié pour notre étude car un premier essaie de
modélisation, avec des variables non décalées a
montré que l'inflation et la dépréciation du franc
congolais par rapport au dollar américain n'a pas d'effet
immédiat sur les réalisations des ressources trésorerie de
la Sucrière, tous les paramètres estimés étaient
non significatifs.
Après recours à la méthode des moindres
carrés ordinaires sur les variables stationnaires retardées, nous
obtenons les résultats ci-après :
RT = 85,13 + 0,0124 DIPC (-1) + 0,52132DTCP (-1) +
0,3655RT(-1) + î
t(3,3152) (2,588773) (1,070246)
(2,171443)
R2 = 0,23
DW = 2,21
Commentaire
Il ressort de cette estimation que les taux de
réalisation des ressources de trésorerie de la sucrière de
Kwilu-Ngongo sont expliqués par l'inflation du mois passé mais
aussi par ses propres valeurs réalisées du mois
précèdent car leurs coefficients sont statiquement significatifs
et positifs au seuil de 5%. Alors que le taux de change parallèle
n'est pas significatif. Le coefficient de détermination R2
étant faible, ce qui présage la faiblesse du modèle. Cela
étant, ce modèle ne peut prétendre avoir un maximum
d'explication sur le taux de réalisation des ressources de
trésorerie de Kwilu-Ngongo pour notre période d'étude, il
existe donc d'autres variables qui expliqueraient mieux celui-ci (contenu dans
la variable statistique ou terme d'erreur î t).
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