CHAP. IV :
VERIFICATION EMPIRIQUE DE LA RELATION DE CAUSALITE ENTRE LE TAUX DE CHANGE ET
L'INFLATION ET SON EFFET SUR LE BUDGET DE TRESORERIE DE LA SUCRERIE DE
KWILU-NGONGO
IV. 1 INTRODUCTION
A travers la littérature économique parcourue au
niveau des chapitres précédents, plusieurs économistes ont
montré qu'il existe une relation forte et étroite entre les
mouvements du taux de change et l'indice de prix à la consommation
appelée ici inflation.
A ce stade et au niveau de ce chapitre, il convient de tester
empiriquement l'existence d'une telle relation entre ces deux variables dans le
cadre de l'économie congolaise.
Ainsi, il est crucial de vérifier le type de relation
qui lie les fluctuations du taux de change avec l'indice des prix à la
consommation en faisant la part des autres variables économiques.
Autrement dit, l'objectif de cette partie d'étude est d'analyser le lien
empirique entre l'évolution du taux de change et les différents
niveaux d'inflation et les conséquences de celui-ci sur le budget de
trésorerie d'une entreprise de la place qui est la sucrière de
KWILU-NGONGO pour notre cas.
Ainsi, le but de cette étude est de déterminer
s'il existe des liens de causalité dans le sens de GRANGER entre
l'indice des prix à la consommation et l'évolution du taux de
change nominal. Si ces liens existent, il est particulièrement
intéressant de déterminer dans quel sens ils vont, est-ce que le
taux d'inflation qui « cause » le taux de change effectif
nominal ou est-ce le contraire ? Quels sont les effets sur le budget de
trésorerie de la sucrière de KWILU-NGONGO ?
Afin de prendre en compte les effets réciproques entre
l'inflation domestique et la variation du taux d'échange, ainsi que les
effets des autres variables, nous adopterons une démarche en termes de
modèle économétrique VAR (vecteur autorégressif)
avec quatre variables à savoir :
- Le taux de change nominal effectif ;
- Le taux de change parallèle ;
- L'indice des prix à la consommation ;
- La masse monétaire en circulation ;
IV. 2 : APERCU DES
ETUDES EMPIRIQUES DES PLUSIEURS ECONOMIES
Ce comportement de l'inflation et du taux de change a
suscité une attention exponentielle de la part des chercheurs et des
autorités monétaires ces dernières années.
Ce processus qui se présente par une relation entre le
taux de change effectif nominal et les prix à la consommation a fait
l'objet de nombreuses analyses, mais peu d'entre elles portent sur les pays
émergents ou en voie de développement.
Ces études peuvent-être divisées en deux
grandes catégories : celles qui couvrent un seul pays et celles
transversales qui couvrent plusieurs pays à la fois.
La plus part des études spécifiques à un
seul pays concluent une faible répercussion des variations du taux de
change sur les prix.
Parmi celle-ci et en utilisant un modèle de
régression log-linéaire, MWASE en 2006 a démontré
que la transmission des variations du taux de change sur l'inflation est
incomplète en Tanzanie, c'est-à-dire qu'une partie seulement des
fluctuations du taux de change se répercute sur les prix
intérieurs.
BHUNDIA en 2002 en utilisant le même modèle,
conclut une faible transmission des variations du taux de change sur les prix
en Afrique du Sud. Selon ce chercheur, les fluctuations du taux de change
étant absorbées par les étapes intermédiaires de
production. A partir de leur estimation, il trouve que malgré un
phénomène de répercussion relativement faible, il reste ce
pendant significatif. Les études économétriques de ces
chercheurs font valoir l'importance de coordonner étroitement les
politiques monétaires et de change.
Toutefois, KHUNDRAKPAM en 2007 et en analysant la variation du
taux de change sous un cadre récursif de variété en
évaluant les réponses d'impulsion à partir des chocs du
taux de change, n'obtient pas des preuves sur la baisse de répercussion
du taux de change sur les prix intérieurs en INDE malgré un
environnement de faible inflation.
GAGNON et IHRIG en 2004 prouvent qu'il n'ya aucune
évidence d'endogéneité entre l'inflation et le taux de
change, de ce fait un modèle d'équation simple permet de fournir
des évaluations robustes sur le degré de répercussion des
variations du taux de change sur les prix à la consommation. Ces auteurs
montrent aussi que ce degré de transmission est un facteur crucial dont
les banques centrales doivent tenir compte en plaçant les politiques
monétaire et de change.
En plus, KARA et OGUNC en 2005 construisent un modèle
autorégressif du vecteur sans restriction (variété)
d'abord développé par MC CARTHY en 1999 pour examiner le point
auquel l'économie Turque a été affectée par la
transmission des fluctuations du taux de change dans le cadre inflationniste
domestique. Comme point général, ces deux auteurs ont choisi ce
modèle pour affirmer que l'évolution du taux de change semble
précéder le niveau d'inflation avec le temps. Ces deux derniers
chercheurs ont analysé le processus de répercussion de
l'évolution du taux de change sur les prix à la consommation
avant et après l'adoption du régime de flottement libre. Cette
description semble être très importante pour une étude de
cas comme celui de la République Démocratique du Congo.
Par ailleurs, les études couvrant plusieurs pays sont
fortement favorables à l'argument de TAYLOR (2000) qui affirme, en
faible inflation se prête à une faible répercussion,
réciproquement, la persistance d'une inflation élevée est
positivement corrélée au niveau de répercussion.
CHOUDHRI et HAKURA en 2001 se fondent sur des données
trimestrielles de 1979 à 2000 et en utilisant une régression
log-linéaire constatent que le degré de répercussion est
positivement corrélée au taux d'inflation. Dans le même
esprit et avec la même méthode économique, DEVREUX et
YETMAN en 2003 montrent que ce degré est positivement assuré aux
taux d'inflation moyens, mais la relation est non linéaire car le
degré de répercussion augmente avec l'inflation mais à un
rythme qui diminue. En utilisant un grand échantillon de pays, DEVREUX
en 2001 montre que dans une petite économie ouverte présentant
une répercussion élevée du taux de change, il existe un
arbitrage significatif entre la volatilité de la production et celle de
l'inflation. Si les résultats de CHOUDHRI et HAKURA de 2001 indiquent
que l'inflation domine les autres variables macroéconomiques lorsqu'il
s'agit d'expliquer les différences de répercussion entre pays,
GOLDFAJN et WERCANG en 2000, en utilisant un échantillon de 71 pays,
trouvent que la variable la plus déterminante pour expliquer la
répercussion du taux de change est le désalignement du taux de
change réel pour les pays émergents et l'inflation initiale dans
les pays développés.
LEIGH et ROSSI en 2002 ont employé un test de
cointégration de JOHANSEN et un modèle de correction d'erreurs
pour montrer que le degré de transmission est considérablement
plus haut pour les marchés naissants que pour les économies
développées. En employant une régression linéaire
simple, FRANKEL et Cie en 2005 démontrent que des facteurs comme le
revenu par habitant, le droit de douane, les salaires, la variabilité du
taux de change à long terme et l'ouverture commerciale peuvent
influencer le phénomène de répercussion.
Toutes ces études ont pour objectif d'analyser en un
niveau moins économique la relation empirique entre le taux de change
effectif nominal et l'indice des prix à la consommation ainsi qu'une
analyse du degré de répercussion.
Sauf les variables considérées comme variables
explicatives se différent d'une étude à une autre. Cette
différence peut-être due à la disponibilité des
données.
Une régression fallacieuse (ou illusoire) est due
à la présence d'une tendance de forme linéaire commune et
plus généralement à l'emploi des séries dites non
stationnaires.
Toutes les études empiriques ci-dessus
présentées se fondent soient sur un modèle de
régression linéaire simple (pour montrer l'impact des variations
du taux de change sur l'inflation, donc un seul sens) ou sur une
modélisation VAR ou VECM (pour montrer une relation réciproque
entre les fluctuations du taux de change et l'inflation cherchant pour ce cas
les deux sens).
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