2 - AU NIVEAU SOUS REGIONAL
Les pays riverains du Golfe de Guinée se sont
déjà dotés d'un instrument de coopération
régionale pour défendre leurs intérêts communs et
surmonter les conflits éventuels sur la délimitation de leurs
eaux territoriales. Tout en relevant de la souveraineté des Etats, la
délicate question des attributions et des compétences des
institutions en charge des questions du tracé maritimes et de
l'environnement dans le Golfe de Guinée nécessite une
réelle révision sous la supervision de la CGG.
La nécessité impérieuse de redynamiser et
recadrer les structures existantes semblent incontournables à l'exemple
de la Commission du Golfe de Guinée (CGG). C'est un mécanisme qui
nécessite une nouvelle impulsion, un réaménagement, car il
est léthargique du fait du manque de cohésion entre ses membres
adhérents. Cependant, sous l'impulsion de la CGG, un accord de
délimitation des frontières maritimes a été
signé en 2000 entre le Nigéria et la Guinée Equatoriale,
suivi de la mise en place de Zone d'Exploitation Conjointe (ZEC) en 2002.
Cette procédure a eu pour effet d'apaiser les tensions existantes entre
les deux Etats. Par ailleurs, le Nigéria et Sao Tome et Principe ont
convenu de la création d'une ZEC concernant les ressources halieutiques
et l'extraction des hydrocarbures avec respectivement : 60% des
ressources revenant au Nigéria en raison de son expérience en
pétrole et 40% pour Sao Tome et Principe.
La délimitation et la démarcation des
frontières nécessitent une diplomatie agissante. Pour s'en
convaincre, on partira volontiers du contentieux frontalier Cameroun - Nigeria
qui a le mérite d'avoir suscité un regain d'attention des
autorités nationales sur les questions frontalières. Aussi,
après plusieurs années d'impasse, la démarche pacifique
prônée et adoptée par les Présidents Paul Biya du
Cameroun et OLUSEGUN OBASANJO du Nigeria, a porté des fruits
reconnaissance de la souveraineté du Cameroun sur la presqu'île de
Bakassi, délimitation intégrale de la frontière maritime,
démarcation des ¾ de la frontière terrestre,
rétrocession de Bakassi au Cameroun.
Aussi, les négociations diplomatiques pour la
délimitation de la frontière maritime entre les deux pays le
Gabon et la Guinée équatoriale devraient se poursuivre. Par
ailleurs, l'exigence d'une franche coopération entre ces deux Etats
pourrait faciliter une co-exploitation future des ressources
pétrolières situées à cheval sur leurs
frontières communes pour éviter les conflits qui naîtraient
d'une exploitation unilatérale desdites ressources. Reste à
concrétiser ces démarches et à étendre l'exemple
de la frontière Cameroun - Nigeria sur l'ensemble du réseau
frontalier sous régional.
Tout compte fait, pour remédier aux conflits, il
faille procéder à l'élaboration de stratégies et de
politiques transectorielles sous l'égide de la CGG. Malheureusement, il
faut reconnaitre qu'il sévit une mauvaise gestion et circulation de
l'information et de la connaissance sur l'environnement côtier de la CGG.
Dès lors, ces stratégies ne sont pas à même
d'être utilisées pour documenter et rendre plus rationnelles les
opérations de planification et de suivi environnemental de la zone
côtière.
Bien que la question soit du ressort des Etats libres et
souverains, la délicate question des attributions et des
compétences des institutions gérant l'environnement dans le Golfe
de Guinée mérite de s'inspirer des modèles
prévalant dans le monde qui ont eu des résultats favorables en
totalité ou en partie au développement économique et
social. Après avoir mis en place cette structure de coopération
régionale intégrée, peut-être les Etats qui en sont
membres pourraient trouver intérêt à construire un
véritable bloc pétrolier régional capable de renforcer
leurs intérêts ainsi que leur force de représentation et de
mobilisation face aux puissants intérêts stratégiques des
grands Etats occidentaux ou aux appétits commerciaux, industriels et
financiers d'influents compagnies multinationales pétrolières.
Par ailleurs, les pistes de médiation à l'échelle
sous-régionale ne sauraient être laissées pour compte.
En effet, l'implication des mécanismes
sous-régionaux comme la Communauté des Etats de l'Afrique
Centrale (CEEAC) et la Communauté Monétaire de l'Afrique Centrale
gardent leur importance tant les forums inter étatiques peuvent
être des lieux par excellence de concertation et d'échanges
porteurs d'espoir. Les moyens diplomatiques et militaires
déployés dans ces mécanismes demeurent des cadres de
concertation et de coopération destinés à renforcer la
cohésion entre les nations africaines de la sous-région.
Il est évident que la disparition tragique du
Président EL Hadj OMAR BONGO ONDIMBA aura un impact indéniable
sur le processus de règlement international entamé. Il faut
craindre un rebondissement de la situation avec des positions radicales que
peuvent adopter les nouveaux locataires de la présidence gabonaise sur
l'affaire Mbanié.
Car si le Président BONGO a révélé
ses talents de sage et patriarche dans la gestion dudit dossier, il reste
à prévoir la réaction de l'opposition avec sa tête
de file, Pierre MABOUNDOU président de l'Union du Peuple Gabonais, UPG.
Ce dernier, a accusé le gouvernement de laxisme sur ce dossier et a
même porté plainte contre trois ministres gabonais
soupçonnés par la presse gabonaise d'avoir proposé au
Président BONGO de vendre l'îlot de Mbanié. Il demeure
tranchant sur la question et estime qu'il n'y a pas de négociation
à propos, car les trois îlots disputés sont gabonais.
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