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Le conflit frontalier Gabon- Guinée Equatoriale, analyse géopolitique

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par Sidonie BOUKOULOU
Institut des relations internationales du Cameroun - Master 1 2008
  

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DEUXIEME PARTIE - CRISE ET STRATEGIES DE SORTIE

DE CRISE

Le continent africain est constitué de cinquante-six Etats dont les tracés frontaliers sont hérités de la colonisation. En général et dans une large majorité de cas, ces découpages frontaliers font l'objet de contestations et de revendications entre les Etats limitrophes.

Lorsque le 15 novembre 1884, les puissances européennes réunies à la Conférence de Berlin se partageaient l'Afrique, dessinant leurs nouveaux territoires sans tenir compte des spécificités de chacune de leurs « possessions ». Cent vingt ans plus tard, les limites des empires coloniaux font toujours office de frontières et nourrissent bien des contentieux. Il s'agit de l'important contentieux maritime opposant la Guinée équatoriale au Gabon dans l'embouchure du Río Muni.

En effet, les deux pays ont des revendications contradictoires sur la délimitation des frontières tant terrestre et la souveraineté sur les îles de Mbanié, Conga et Cocotier, situés en face des côtes continentales gabonaises dans la baie dite de Corrisco.

Dans cette deuxième partie, nous nous attèlerons à présenter la crise telle qu'elle s'est révélée dans ses différentes phases, ensuite nous procéderons à l'évaluation des stratégies de sortie de crise dans une perspective de relance de nouvelles hypothèses de solutions.

CHAPITRE I - PRESENTATION DE LA CRISE ET SES CONSEQUENCES SUR LES DYNAMIQUES D'INTEGRATION REGIONALE

La crise frontalière qui oppose le Gabon à la Guinée Equatoriale n'est pas un cas unique au sein du continent africain. Des contestations similaires existent bel et bien entre la Guinée Equatoriale et Sao Tomé, entre Sao Tomé et le Nigéria. La raison la plus plausible qui puisse justifier cette situation est d'abord le fait que les frontières héritées de la colonisation n'ont pas été assez clairement définies. Dans la plupart des cas, les puissances coloniales se contentaient juste d'exploiter les richesses des colonies en évitant de se heurter sur des zones non démarquées. Mais alors, elles passaient des consentements tacites d'exploitation commune sans se soucier des retombées d'une telle pratique sur des territoires appelés à s'autogérer.

La rivalité entre les deux pays existant sur le plan économique date de plusieurs années. La Guinée Equatoriale considérée à l'époque comme le pays le plus pauvre dans la sous-région, regagne de la confiance et de l'orgueil depuis la découverte du pétrole dans ses eaux territoriales. Ses importants gisements l'ont placée au 3ème rang des pays producteurs de pétrole au sud du Sahara, et ce, devant le Gabon dont les réserves s'amenuisent.

I - LES MANIFESTATIONS DE LA CRISE

La crise frontalière Gabon-Guinée Equatoriale concernant la souveraineté sur l'îlot de Mbanié et deux minuscules îlots voisins : Conga et Cocotiers perdure depuis lors. D'après les documents historiques, la dévolution de cet îlot n'a pas été très clairement précisée dans la convention signée en 1900 entre la France et l'Espagne, anciennes puissances coloniales respectives. Depuis lors, un accord bilatéral conclu entre les deux pays en septembre 1974 aurait attribué Mbanié au Gabon, mais les autorités équato-guinéennes contestent aujourd'hui l'opposabilité de ce document qui n'aurait pas été valablement ratifié ; du coup, elles accusent Libreville d'occuper sans titre un territoire leur appartenant.

A - A L'ECHELLE BILATERALE

La crise équato-guinéenne-gabonaise se déroule en deux phases. La toute première phase intervient à la suite de l'accession de la Guinée Equatoriale à l'indépendance en 1968 et plus précisément en août 1972 par l'occupation de l'armée gabonaise des îlots de Mbanié, Conga et Cocotier situés dans la baie dite de Corrisco. Depuis 1972, le Gabon occupe les trois îlots : Mbanié, Cocotier, Conga situés à environ 30 kilomètres de ses côtes, au sud de l'archipel équato-guinéen de Corrisco et des îles Elobeys.

La deuxième phase de la crise survient le 26 février 2003 avec la visite du Ministre de l'Intérieur gabonais sur l'îlot et fils du président gabonais,  avait ravivé une vieille querelle de plus de 30 ans. Depuis, la situation entre les deux Etats pétroliers reste tendue. La dispute sur Mbanié a connu un début d'escalade à partir de février 2003, avec les déclarations polémiques respectives d'autorités politiques et administratives représentant les Etats gabonais et Equato-guinéen.

Du point de vue historique, lorsque la crise survient en 1972, le Gabon est dirigé par le Président ONDIMBA OMAR BONGO et la Guinée Equatoriale par l'ex Président Francisco Macias NGUEMA BIYOGO.

Certaines dispositions juridiques prises entre les deux présidents relatives à l'affaire Mbanié en 1974 seront réfutées par le nouveau Président de la Guinée Equatoriale, Téodoro OBIANG NGUEMA MBASOGO dès son accession à la présidence de ce pays en 1979.

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