DEUXIEME PARTIE - CRISE ET STRATEGIES DE SORTIE
DE
CRISE
Le continent africain est constitué de cinquante-six
Etats dont les tracés frontaliers sont hérités de la
colonisation. En général et dans une large majorité de
cas, ces découpages frontaliers font l'objet de contestations et de
revendications entre les Etats limitrophes.
Lorsque le 15 novembre 1884, les puissances
européennes réunies à la Conférence de Berlin se
partageaient l'Afrique, dessinant leurs nouveaux territoires sans tenir compte
des spécificités de chacune de leurs
« possessions ». Cent vingt ans plus tard, les limites des
empires coloniaux font toujours office de frontières et nourrissent bien
des contentieux. Il s'agit de l'important contentieux maritime opposant la
Guinée équatoriale au Gabon dans l'embouchure du Río Muni.
En effet, les deux pays ont des revendications contradictoires
sur la délimitation des frontières tant terrestre et la
souveraineté sur les îles de Mbanié, Conga et Cocotier,
situés en face des côtes continentales gabonaises dans la baie
dite de Corrisco.
Dans cette deuxième partie, nous nous attèlerons
à présenter la crise telle qu'elle s'est
révélée dans ses différentes phases, ensuite nous
procéderons à l'évaluation des stratégies de sortie
de crise dans une perspective de relance de nouvelles hypothèses de
solutions.
CHAPITRE I - PRESENTATION DE LA CRISE ET SES CONSEQUENCES
SUR LES DYNAMIQUES D'INTEGRATION REGIONALE
La crise frontalière qui oppose le Gabon à la
Guinée Equatoriale n'est pas un cas unique au sein du continent
africain. Des contestations similaires existent bel et bien entre la
Guinée Equatoriale et Sao Tomé, entre Sao Tomé et le
Nigéria. La raison la plus plausible qui puisse justifier cette
situation est d'abord le fait que les frontières héritées
de la colonisation n'ont pas été assez clairement
définies. Dans la plupart des cas, les puissances coloniales se
contentaient juste d'exploiter les richesses des colonies en évitant de
se heurter sur des zones non démarquées. Mais alors, elles
passaient des consentements tacites d'exploitation commune sans se soucier des
retombées d'une telle pratique sur des territoires appelés
à s'autogérer.
La rivalité entre les deux pays existant sur le plan
économique date de plusieurs années. La Guinée Equatoriale
considérée à l'époque comme le pays le plus pauvre
dans la sous-région, regagne de la confiance et de l'orgueil depuis la
découverte du pétrole dans ses eaux territoriales. Ses importants
gisements l'ont placée au 3ème rang des pays producteurs de
pétrole au sud du Sahara, et ce, devant le Gabon dont les
réserves s'amenuisent.
I - LES MANIFESTATIONS DE LA CRISE
La crise frontalière Gabon-Guinée Equatoriale
concernant la souveraineté sur l'îlot de Mbanié et deux
minuscules îlots voisins : Conga et Cocotiers perdure depuis lors.
D'après les documents historiques, la dévolution de cet
îlot n'a pas été très clairement
précisée dans la convention signée en 1900 entre la France
et l'Espagne, anciennes puissances coloniales respectives. Depuis lors, un
accord bilatéral conclu entre les deux pays en septembre 1974 aurait
attribué Mbanié au Gabon, mais les autorités
équato-guinéennes contestent aujourd'hui l'opposabilité de
ce document qui n'aurait pas été valablement ratifié ; du
coup, elles accusent Libreville d'occuper sans titre un territoire leur
appartenant.
A - A L'ECHELLE BILATERALE
La crise équato-guinéenne-gabonaise se
déroule en deux phases. La toute première phase intervient
à la suite de l'accession de la Guinée Equatoriale à
l'indépendance en 1968 et plus précisément en août
1972 par l'occupation de l'armée gabonaise des îlots de
Mbanié, Conga et Cocotier situés dans la baie dite de Corrisco.
Depuis 1972, le Gabon occupe les trois îlots : Mbanié,
Cocotier, Conga situés à environ 30 kilomètres de ses
côtes, au sud de l'archipel équato-guinéen de Corrisco et
des îles Elobeys.
La deuxième phase de la crise survient le 26
février 2003 avec la visite du Ministre de l'Intérieur gabonais
sur l'îlot et fils du président gabonais, avait
ravivé une vieille querelle de plus de 30 ans. Depuis, la situation
entre les deux Etats pétroliers reste tendue. La dispute sur
Mbanié a connu un début d'escalade à partir de
février 2003, avec les déclarations polémiques respectives
d'autorités politiques et administratives représentant les Etats
gabonais et Equato-guinéen.
Du point de vue historique, lorsque la crise survient en 1972,
le Gabon est dirigé par le Président ONDIMBA OMAR BONGO et la
Guinée Equatoriale par l'ex Président Francisco Macias NGUEMA
BIYOGO.
Certaines dispositions juridiques prises entre les deux
présidents relatives à l'affaire Mbanié en 1974 seront
réfutées par le nouveau Président de la Guinée
Equatoriale, Téodoro OBIANG NGUEMA MBASOGO dès son accession
à la présidence de ce pays en 1979.
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