RESUME
Les urgences obstétricales constituent un
sérieux problème de santé publique du fait de son
importance et de sa vulnérabilité sur plusieurs plans : familial,
individuel, social, économique, professionnel, ... L'OMS estime que
chaque année dans le monde, au moins un demi-million de femmes meurent
suite aux complications obstétricales. En Afrique les urgences
gynéco-obstétricales seraient responsables de 30 à 98% de
la mortalité maternelle globale avec comme chef de fil les
hémorragies.
Notre étude a pour objectif de faire un état
de lieu des urgences obstétricales. Pour y arriver nous avons
utilisé la méthode descriptive transversale rétrospective
avec la technique d'analyse documentaire. Cette étude a porté 185
femmes avec l'urgence obstétricale. Les logiciels Epi-Info, Excel et
Word ont été utilisés avec comme test statistique Kruskal
Wallis et le Chi carré de Yates.
Nos résultats révèlent que les
avortements constituent l'urgence la plus rencontrée avec 17,3% suivi
des hémorragies du post-partum avec 9,2%. Les femmes d'âge = 25
ans courent 6,8 fois le risque de faire un avortement. L'âge moyen par
catégorie des urgences est de 23,44 #177;7,18 pour les avortements et de
32,8 ans #177; 6,59 pour les grossesses extra-utérines. Cependant, la
parité moyenne est 1,1 #177; 2,35 pour les avortements et de 4,86 #177;
2,33 pour les grossesses extra-utérines. La fréquence des
urgences obstétricales est de 29,6%
INTRODUCTION
1. Revue de la littérature
Une étude menée au Mali, dans la ville de Bamako
au Centre de Santé de Référence de Koutiala sur les cas
des urgences gynécologiques et obstétricales, montre que de
juillet 2005 à juin 2006, 344 urgences gynécologiques et
obstétricales ont été enregistré, soit une
fréquence de 16%. Les différents facteurs influençant le
pronostic de ces urgences étaient constitués par l'âge
(19-39 ans) 76,7% ; la parité (paucipares) avec 32,6% ; les conditions
d'évacuation (distance à parcourir, moyen de transport, le retard
de l'évaluation). Parmi les 344 urgences, les références
constituaient 75,5%. Les principales pathologies rencontrées
étaient : les dystocies mécaniques : 16,6% ; les
présentations dystociques : 14,8% ; l'hématome
rétroplacentaire : 14,0% ; la pré-rupture utérine : 8,7% ;
la souffrance foetale aigue : 5,8% ; les avortements spontanés en cours
: 4,7% ; la rupture utérine : 4,4% ; la grossesse extra-utérine :
4,1% ; l'éclampsie : 3,8% ; le placenta prævia, les
hémorragies de la délivrance, la menace d'accouchement
prématuré : 3,5%, l'endométrite aigue : 3,0% et enfin la
pré-éclampsie : 1,7% (Coulibaly Moustapha S., 2008).
Une étude analogue menée par Sidiki B. Guindo
révèle que la voie d'accouchement était dominée par
la voie haute à 71,98% contre 28,12% pour la voie basse ; les
complications chez les enfants étaient plus élevées que
chez les mères. Elles étaient dominées par les
décès périnatals dans 53,26%, la souffrance
périnatale dans 27,17%, les infections dans 7,60%, la
prématurité dans 9,78% et les malformations dans 2,17% (Sidiki B.
Guindo, 2007).
D'après une enquête sur le délai de prise
en charge des complications obstétricales, les auteurs montrent qu'au
cours de la période de l'étude, 15322 naissances vivantes ont
été enregistrées sur un total de 16005 accouchements
pratiqués. 112 décès maternels ont été
observés sur 2 847 cas de complications obstétricales. Le taux de
mortalité maternelle observé dans l'ensemble des
maternités était de 699 décès pour 100 000
naissances vivantes. La létalité des complications (3,3%) est en
rapport avec le manque de personnel qualifié et le délai de prise
en charge (p<0,05). En outre, le retard dans la prise en charge est un
facteur déterminant
de la mortalité, puisque le risque de
décès augmente en fonction du délai de prise en charge
(Mbola Mbassi S. et Coll., 2009).
Quant à Nguembie, Yanza M.C., et al la prise en charge
et le système de référence des urgences
obstétricales et néonatales connaît des insuffisances dans
les formations sanitaires de Bangui. Les raisons de ces faiblesses
étaient : la méconnaissance des urgences obstétricales par
les prestataires de service conséquence de la formation continue de
ceux-ci. L'insuffisance de matériels médicaux et de
médicaments essentiels, l'inefficacité du système de
référence pour la prise en charge rapide des urgences
obstétricales et néonatales au niveau de l'hôpital de
référence (Nguembi et Al., 2004).
Une étude sur la fréquence et pronostic de
quatre grandes urgences médicoobstétricales au Centre Hospitalier
régional de Sokode au Togo a révélé que le placenta
prævia et les ruptures utérines ont été les plus
fréquents : (1,09%, 0,78%). Le pronostic maternel dominé par la
mortalité maternelle a été le fait des ruptures
utérines et de l'hématome rétro-placentaire (16,66% ;
20%). La mortalité foetale très élevée dans tous
les cas avait connu de forts taux avec des pathologies obstétricales
ayant une symptomatologie marquée par d'importantes spoliations
sanguines (Akpadza K., Baeta S., et Hodonou A.K.S., 1996).
Les résultats d'une autre étude menée au
Niger par Diallo F.B. et ses collaborateurs donnent 50 cas de ruptures
utérines pour 2151 accouchements normaux, soit une rupture
utérine pour 40 accouchements normaux. Pendant la même
période 614 interventions chirurgicales pour césarienne ont
été réalisées, soit une rupture pour 12,28
interventions chirurgicales. La fréquence de la rupture utérine a
été évaluée à 1,80% sur 2765 accouchements.
98% des ruptures utérines proviennent des centres de santé
périphériques et des maternités avoisinantes de Niamey
(Diallo F.B., 1998).
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