5.2 ORGANISATION ET GESTION DU PERIMETRE
Selon les propos des présidents d'honneur et actif du
comité de gestion, suite aux regroupements par affinité au sein
des GPA, les producteurs ont cédé aux caprices de la nature pour
méconnaitre les efforts de l'équipe technique de gestion. En
effet ils constatent l'incompréhension des membres et la
négligence administrative.
Dans sa forme, le groupement ne connaît aucun
problème de fonctionnement ; car la majorité des membres est
prête à recommencer les activités en faveur de son
organisation. Mais dans le fond, un certain nombre de discussions a
modifié l'esprit commun en favorisant l'installation d'un climat de
manque de confiance. Dans le principe du projet, le fonctionnement du
périmètre (préparation des terres, intrants agricoles et
eau d'irrigation) à partir de la deuxième année, est
basé sur les redevances à percevoir des attributaires. Il a
été aussi consigné que seul le gasoil de qualité
(station de N'Djaména ou de Kousseri) devrait être utilisé
pour maintenir et assurer un fonctionnement efficient du moteur. Cependant, les
aspects d'inflation (de plus en plus vécu au Tchad) n'ont pas
été pris en compte dans le système de redevance. Ce qui a
influencé directement la contribution des attributaires lorsque les prix
du gasoil ont grimpés sur le marché. Il était ainsi
question désormais d'augmenter la redevance individuelle pour respecter
les prescriptions techniques du projet. Mais certains paysans
résistaient à cette nouvelle donne. Il s'est ainsi
installé un problème d'entente entre les membres et le
comité de gestion. Les producteurs ont alors exigé le
départ du premier président actif qui, pour beaucoup est
responsable de cette crise. Afin de dévier l'exigence des paysans, le
bureau a maintenu les anciennes redevances et a recouru au marché noir
pour l'achat du gasoil et certains intrants agricoles (engrais). Cette mesure,
après quelques jours de pompage, a endommagé la motopompe avec
une panne motrice qui a arrêté son fonctionnement. L'arrêt
du fonctionnement du périmètre a créé deux camps
des producteurs, l'un qui réclame le changement du bureau et l'autre qui
le supporte.
La négligence administrative est liée à la
lenteur de son intervention constatée par les membres lorsqu'un
problème technique ou social se pose. Etant consciente des
paramètres techniques à suivre, l'administration n'a pas
prévu les premières pièces de rechange ni les
moyens de les acheter en cas de panne grave. Malgré la
bonne intention des producteurs à résoudre leurs problèmes
(contribution de 5 millions de FCFA pour l'achat d'un moteur à six
cylindres de marque 1113, cf. annexe 2), l'Etat est resté insensible
à cette initiative paysanne. Toutes ces erreurs ont contribué
à décourager la population et à pousser certains d'entre
elles à abandonner leurs parcelles et donc leur groupement pour trouver
d'autres sources de revenu. La persistance de cette situation a favorisé
le ralentissement et l'arrêt complet des activités sur le
périmètre de Droh Gana. Il ressort ainsi une inadéquation
entre les prescriptions techniques et les considérations
socio-économiques du projet. Des telles expériences sont assez
vécues dans les périmètres irrigués au Tchad. Des
leçons à tirer sont importantes et pratiquement
nécessaires pour favoriser une meilleure participation des producteurs
dans la gestion de l'eau.
De ce diagnostic de terrain, on retient quelques problèmes
issus des aspects techniques et organisationnels. Ceux-ci concernent :
> l'érosion (pluviale) : c'est un problème
dû à l'absence de certaines mesures antiérosive lors de la
conception du projet. Pendant la saison des pluies, l'eau décape le sol
sur le remblai, les digues et les canaux en terre.
> la régénération naturelle de la
végétation dans les ouvrages: c`est la germination des graines
des graminées et le développement de certaines pousses des
arbustes à l'intérieur de l'ouvrage, qui à maturité
deviennent dangereuses pour la stabilité des ouvrages ;
> L'effet de percolation via les inondations temporaires :
elles sont plus ressenties en saison de pluie et lors des crues ;
> Le non prise en compte du facteur d'instabilité
(inflation) des marchés dans les redevances prévues pour la
gestion du périmètre ;
> Le désengagement total et précoce de l'Etat
dans le suivi technique de la gestion du périmètre ;
> L'abus de pouvoir dû au comportement de certains
membres du comité de gestion.
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