PROBLEMATIQUE
La santé est perçue dans le monde comme un
indicateur de développement. Améliorer la santé des
populations est un défi auquel la communauté internationale fait
face depuis des décennies. Les pays du sud se sont également
illustrés à ce propos. En effet, plusieurs initiatives ont
été prises en ce sens. C'est ainsi qu'en mai 1978, une
conférence internationale a été organisée à
Alma Ata (Ex URSS). Celle-ci s'est tenue sous les auspices de l'UNICEF (Fonds
des Nations unies pour l'enfance) et de l'OMS (Organisation mondiale de la
santé). A Alma Ata, les représentants des gouvernements des pays
en voie de développement se sont donné pour objectif la «
Santé pour tous en 2000 »; ils ont alors défini d'une
manière très claire le principe de soins de santé
primaires (SSP) généralisés qui devrait leur permettre
d'atteindre ce but (John S Owen, 1986). Dans cette perspective, ces deux
organisations ont aussi tenu un autre congrès à Bamako en 1987. A
l'issue de cette conférence des propositions diverses ont
été formulées dans le but de réduire les taux
élevés de mortalité dans les pays du sud notamment ceux
maternels et infanto-juvéniles (Abdou Salam FALL, Dakouri GADOU et
Laurent VIDAL, 2005).
Au Sénégal, des politiques allant dans ce sens
sont jusqu'à présent adoptées dans le seul souci
d'améliorer les conditions sanitaires des populations. En effet, le pays
a compris très tôt l'importance du secteur de la santé. Et
cela se vérifie dans l'article 14 de la constitution où il est
écrit : « l'Etat et les collectivités publiques ont le
devoir social de veiller à la santé physique, morale et mentale
de la famille » (Service National de l'Information Sanitaire, 2005). Le
Sénégal a également mis sur pied plusieurs programmes de
santé parmi lesquels le Plan National de Développement Sanitaire
et Social (PNDS) pour la période 1998-2007. Ce plan a permis de
procéder à plusieurs réformes à la fois
législatives et institutionnelles touchant principalement les
hôpitaux, les médicaments et les pharmacies. Il y a aussi le
Programme de Développement Intégré de la Santé
(PDIS) qui couvrait une période de cinq ans (1998-2002). Il est la
traduction concrète des priorités en matière de
santé définies dans le PNDS. Les objectifs visés par ce
programme sont la réduction de la mortalité maternelle et
infanto-juvénile et la maîtrise de la fécondité.
L'ensemble de ces initiatives pourrait expliquer les avancées
notées dans le secteur sanitaire sénégalais. Mais,
même si le Sénégal possède des indicateurs de
santé qui, dans l'ensemble, sont acceptables, des disparités
importantes existent entre les régions mais aussi entre les villes et
les campagnes.
La région de Matam est un exemple pertinent de cette
situation. En effet, les ruraux, qui occupent une place
prépondérante dans la population totale de la région de
Matam (272249 hts en 2002, soit 65 % de la population régionale)
accèdent difficilement aux services sanitaires du fait d'un manque de
moyens financiers ou même d'informations ainsi que de l'inexistence ou de
l'éloignement de ces structures.
En milieu rural, les habitants vivent relativement
éloignées des centres de santé et ils ont le plus souvent
recours aux cases ou postes de santé pour obtenir les soins de base.
Ainsi, si on ajoute à ces disparités certaines
maladies endémiques comme le paludisme et les maladies
diarrhéiques qui frappent les populations de la région de Matam,
on pourrait plus ou moins comprendre ce qui est à l'origine des forts
taux de mortalité notés dans cette zone. La forte
mortalité notamment celle infanto-juvénile et maternelle (439
femmes sur un échantillon de 100.000 perdent la vie en donnant la vie),
(Région Médicale 2008) est un indicateur très pertinent de
la situation sanitaire des habitants de Matam. D'où l'importance
accordée à l'offre de soins dans toutes les politiques visant
à améliorer les conditions de vie des populations de la
région de Matam.
a- INTERETS DE LA RECHERCHE
Notre étude sur le système de soins de la
région de Matam a pour intérêt la participation à
l'amélioration des travaux scientifiques traitant la santé des
individus en rapport avec leur espace. Sachant que la région n'a pas
véritablement fait l'objet de recherches particulières allant
dans ce sens, l'on trouve intéressant de s'adonner à cet exercice
dans le but de produire un document scientifique sur lequel pourront s'appuyer
les chercheurs et les responsables de la santé au Sénégal
voire dans le monde. Cette étude permettra de montrer l'importance de la
santé dans la vie de la population matamoise. Elle permettra
également de comparer l'offre de soins aux demandes de soins des
habitants. Et, cela faciliterait la mise en oeuvre des politiques de
réhabilitation ou de construction de structures sanitaires et
éventuellement de rectification pour réduire les
disparités qui existent entre les zones et entre les populations.
b- OBJECTIFS DE LA RECHERCHE
Les objectifs visés par cette étude sur le
système de soins de la région de Matam consistent à
: > localiser les équipements sanitaires ;
> étudier leurs aires de desserte et leur
accessibilité ;
> analyser la répartition du personnel ;
> étudier les demandes de soins des populations de
Matam ; > comparer l'offre avec la demande de soins.
c- HYPOTHESES DE RECHERCHE
Notre thème d'étude revêt une importance
toute particulière au vu de la situation sur le plan sanitaire de la
région de Matam. Pour mieux élucider ces faits de santé,
deux hypothèses constitueront les axes autour desquels vont être
construites les formulations de réponse à nos
éléments de problématique.
> Hypothèse 1 :
La répartition des infrastructures sanitaires et du
personnel de santé dans la région de Matam montre des
disparités considérables entre les districts sanitaires. Ce qui
est à l'origine des inégalités dans la prise en charge des
habitants en matière de santé.
> Hypothèse 2 :
L'offre de soins dans cette région est loin de
répondre aux besoins des populations et constitue à cet effet un
véritable problème de santé à Matam.
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