2- La demande de soins
Pour étudier la demande de soins des populations de la
région de Matam, il est possible de partir de leurs recours aux soins.
La demande peut être divisés en deux catégories à
savoir la demande de soins curatifs et la demande de soins
préventifs.
L'analyse de la morbidité diagnostiquée
permettra de mieux connaître les demandes de soins curatifs. Ainsi, nous
nous fonderons sur les chiffres publiés par la Région
médicale de Matam.
Tableau 4 : Dix premières affections de
morbidité
ANNEE 2007
|
ANNEE 2006
|
DESIGNATION
|
NOMBRE DE CAS
|
POURCENTAGE
|
DESIGNATION
|
NOMBRE DE CAS
|
POURCENTAGE
|
PALUDISME
|
49057
|
42%
|
PALUDISME
|
33479
|
37%
|
IRA
|
14282
|
12%
|
IRA
|
7484
|
8%
|
PEAU
|
11377
|
10%
|
PEAU
|
7269
|
8%
|
DIARRHEES
|
7867
|
7%
|
DIARRHEES
|
3337
|
4%
|
HTA
|
5888
|
5%
|
HTA
|
4484
|
5%
|
ANEMIE
|
4886
|
4%
|
ANEMIE
|
3810
|
4.2%
|
HELMINTHIASES
|
3507
|
3%
|
HELMINTHIASES
|
2202
|
2.4%
|
DYSENTERIESAMIB
|
2398
|
2%
|
DYSENTERIES
|
1475
|
1.6%
|
A FF BUCCO DENTAIRE
|
N A
|
NA
|
A FF BUCC DENTAIRE
|
1821
|
2%
|
MAL CEIL/ANNEXES
|
2277
|
2%
|
YEUX
|
736
|
0.8%
|
MAL. ORL
|
2340
|
2%
|
ORL
|
34
|
0.03%
|
|
IST
|
1771
|
1.9%
|
TRAUMATISME
|
129
|
0.14%
|
RHUMATISME
|
623
|
0.7%
|
ORGANESGENITAUX
|
359
|
0.4%
|
BILHARZIOSE
|
1435
|
1.59%
|
|
|
|
|
AUTRES
|
13857
|
12%
|
AUTRES
|
6607
|
7%
|
TOTAL CONSULTANTS
|
117736
|
100%
|
TOT CONSULTANTS
|
89772
|
84.76%
|
Source : Région Médicale de Matam, 2008
Les fièvres constituent ainsi un véritable
problème de santé à Matam notamment avec la
récurrence du paludisme. En 2007, 42% des consultations étaient
liées au paludisme. Ensuite, arrivent les infections respiratoires
aiguës, les dermatoses, les diarrhées etc. Ces symptômes
diagnostiqués reflètent plus ou moins la morbidité
réelle de la population en général. Ainsi, pour mieux
faire ressortir les demandes de soins des habitants, nous essayerons de classer
ces maladies selon les groupes de population exposés (population
infanto-juvénile, population adulte, femme en âge de reproduction
...). Certaines affections telles que les brûlures, les plaies ou les
parasitoses intestinales touchent principalement les enfants. Ces
problèmes de santé sont facilement pris en charge par les
services de soins de premiers recours que sont les cases et les postes de
santé. Ces structures jouent également bien leur rôle quand
il s'agit de traiter certaines maladies comme le paludisme et les affections
respiratoires non chroniques. Cependant, il peut arriver que les responsables
de ces structures renvoient les patients aux services compétents qui
constituent « l'échelon immédiatement supérieur dans
le réseau » si l'on reprend les termes de John S Owen, pour les
toux chroniques, les pathologies touchant gravement les os et les
articulations. Les ophtalmies sont difficilement prises en charge par les cases
et les postes de santé dans un contexte où l'approvisionnement et
la conservation de collyres font défaut. Les diarrhées sont
également rangées dans les affections infantojuvéniles.
Cette maladie est traitée avec des antibiotiques souvent associés
á la réhydratation par voie orale.
Quant aux maladies touchant particulièrement les
adultes, nous avons les affections génitales surtout avec la propagation
des IST (Infections Sexuellement Transmissibles). Celles-ci nécessitent
un réel suivi dans la mesure où la plupart d'entre elles sont de
nos jours incurables. Les maladies cardiovasculaires sont aussi à mettre
dans la catégorie des pathologies touchant les adultes. Elles posent un
problème de prise en charge des malades par le système de soins
dits primaires. Car, si toutefois les maladies qui touchent les enfants sont
généralement du niveau de compétence des services de soins
de première ligne, celles dont souffrent les adultes le sont moins.
La demande de soins varie aussi suivant les périodes.
En effet, la saison froide est très marquée par les diagnostics
de brûlure, d'affections respiratoires aiguës et d'ophtalmies. Par
contre, on note en hivernage : période chaude et pluvieuse, la
recrudescence du paludisme et des fièvres.
Les demandes des populations en soins curatifs varient ainsi
selon l'âge, le sexe et la période. Ce sont donc les femmes qui
ont des problèmes gynécologiques, les adultes, des infections
génitales, et les enfants les infections cutanées.
La demande de soins peut aussi être motivée par
des besoins préventifs comme la vaccination infantile. Les cases et les
postes de santé sont chargés de vacciner les enfants. Les centres
de santé et l'hôpital de Ourossogui jouent certes ce rôle
mais ils s'occupent davantage des soins curatifs. Les visites prénatales
constituent aussi des demandes de soins préventifs qui ne concernent que
les femmes en âge de reproduction. Elles représentent à
Matam 44% de la population féminine et elles ont besoin d'au moins trois
visites pendant leur grossesse. Ces consultations prénatales permettent
de réduire la mortalité maternelle. Selon les statistiques
fournies par la Région médicale, 439 femmes sur un
échantillon de 100 000 perdent la vie en donnant la vie. Ce qui est
encore énorme comparé aux objectifs du millénaire pour le
développement fixés à 200 décès pour 100
000.
Le nombre de consultation dépend fortement de la
qualité de l'accueil des malades et de celle des soins, de la
proximité ou de l'éloignement des structures, du coût et de
la qualité des transports, du prix des médicaments, des temps
d'attente, des délais d'obtention d'un rendezvous pour une consultation
etc. Ces indicateurs peuvent constituer ce qu'on peut appeler « facteurs
décourageants ». Ces facteurs entraînent très souvent
des renonciations. Ce qui se traduit par des demandes de soins non ou mal
satisfaites.
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