CONCLUSION PARTIELLE
Les habitants de Wakhinane-Nimzatt, ne disposant pas de
système d'assainissement collectifs, utilisent des ouvrages individuels
tels que les fosses septiques, les fosses à fond perdu raccordées
à des WC, des puisards, des bacs à laver etc. Mais la plupart
d'entre eux déverse leurs eaux usées dans les rues. En effet, 83
% des ménages rencontrés évacuent leurs eaux usées
ménagères dans la rue et 49,6 % vident leurs fosses devant leurs
maisons. Les populations de la CA sont aussi confrontées aux
problèmes d'inondation à cause de la mauvaise gestion des eaux
pluviales. Les zones les plus touchées sont Darourahmane, Angle Mousse
et Wakhinane 4 où les déguerpissements sont fréquents et
où le niveau d'insalubrité est très avancé.
TROISIEME PARTIE : Risques socio-sanitaires et
environnementaux
CHAPITRE V : Risques sanitaires liés au
déficit d'assainissement
Le lien entre l'assainissement et la santé est
difficilement mesurable mais il est indiscutable. Notre travail ne consiste pas
à montrer le lien entre l'état de santé des populations de
Wakhinane-Nimzatt et le déficit d'assainissement de cette CA. Mais, il
s'agit plutôt de mettre en relief les risques sanitaires auxquels elles
sont exposées.
Le déficit d'assainissement est à l'origine de
l'insalubrité constatée dans les quartiers de Wakhinane-Nimzatt.
La quasi-totalité des ménages déversent leurs eaux
usées dans les rues. De la même façon, ils vident leurs
fosses pleines devant leurs maisons par le creusement de trous. Cette situation
de manque d'hygiène ajoutée aux problèmes d'inondation est
souvent associée par les populations à tort ou à raison
à des pathologies diverses.
1- Effets sanitaires liés aux eaux
usées
La perception des ménages est un indicateur très
important pour comprendre le vécu quotidien des populations. Leur point
de vue sur le lien entre les eaux usées et les maladies les plus
fréquentes de la zone permet d'avoir une idée sur les
problèmes sanitaires auxquels elles font face.
Diagramme 6 : Perception des ménages sur
l'effet des eaux usées sur la santé
Touba-Guédiawaye et Wakhinane ont aussi reconnu
l'existence de ce lien à 90,9 % contre 81,8 % à Darourahmane et
71,4 % à Angle Mousse.
Tous les ménages enquêtés, qu'ils soient
situés en zone inondable ou en zone non inondable, ont dans leur grande
majorité indexé le défaut d'assainissement de leurs
quartiers comme étant la source de beaucoup de maladies.
Les pathologies dont ils font référence vont du
paludisme aux maladies diarrhéiques en passant par les dermatoses entre
autres.
Diagramme 7 : Pathologies recensées dans
les ménages durant les trois mois qui ont précédé
l'enquête
Autres : Maux de ventre, grippe, rhume,
méningite, tuberculose, toux.
Source : Données de l'enquête (2011)
Le paludisme est la maladie la plus citée par les
ménages de la CA. Il représente 76 % contre 51 % pour la
diarrhée et 34 % pour les dermatoses.
Pour le paludisme, d'après les informations recueillies
et représentées sur ce diagramme, les populations les plus
atteintes sont celles de Comico-Gadaye avec 90,9 %, Baye LayeDaroukhane,
Nimzatt, Touba-Guédiawaye et Wakhinane 4 (zone inondable) avec chacun
81,8 %. Les habitants des zones inondables en l'occurrence Angle Mousse et
Darourahmane et ceux de Wakhinane et Kawsara situés en zone non
inondable semblent moins affectés avec respectivement 71,4 %, 72,7 %,
63,6 % et 54,5 %.
Carte 7 : Géographie du paludisme
dans la CA
Ces données recueillies auprès des
ménages ne permettent pas de déterminer le lien entre le
degré d'inondation des différentes zones et l'apparition du
paludisme chez les populations.
Cette situation pourrait s'expliquer par le fait que l'agent
vecteur qui est à l'origine de la transmission de cette pathologie ait
une aire d'activité plus ou moins étendue. Les collections d'eau
sont certes favorables au développement et à la
prolifération des moustiques mais ces derniers peuvent migrer vers
d'autres horizons moins humides à la recherche de leurs repas sanguins.
Ce qui expose les populations sur place au risque palustre. De plus, le
comportement des habitants joue un rôle
considérable. L'utilisation de moustiquaires imprégnées
pourrait limiter la transmission du paludisme dans les zones à risque.
L'exposition aux moustiques étant plus élevée dans ces
espaces et les populations ayant conscience du danger qui leur guette prennent
mieux leurs dispositions que celles qui vivent dans les endroits où la
présence des moustiques est moins importante. A cela s'ajoute la
densité de populations qui est un facteur de dilution des piqûres
des moustiques qui est très élevée dans les zones
inondables.
Donc, les conditions biogéographiques ne constituent pas
à elles seules les facteurs de risques de contamination.
Pour les maladies diarrhéiques, les zones les plus
affectées sont Wakhinane 4 (zone inondable) avec 81,8 % et Kawsara
situé en zone non inondable avec 72,7 %. Arrivent ensuite les zones de
Baye Laye-Daroukhane, Comico-Gadaye, Touba-Guédiawaye sises en zone
régulière non inondables et Darourahmane (zone
irrégulière inondable) avec chacun 54,5 %. Les populations les
moins touchées sont celles de Angle Mousse (zone régulière
inondable) avec 42,9 %, Nimzatt et Wakhinane avec respectivement 27,3 % et 18,2
%.
Carte 8 : Géographie des maladies
diarrhéiques dans la CA
L'apparition des cas de diarrhées ne peut pas
être corrélée au niveau d'insalubrité des zones
étudiées. En effet, des environnements réputés
favorables au développement des maladies diarrhéiques à
l'image de Angle Mousse ont été identifiés comme moins
affectés alors que des espaces plus salubres considérés
comme moins propices à l'éclosion des diarrhées à
l'image de Kawsara semblent plus atteints.
Plusieurs raisons peuvent être avancées pour
expliquer ce phénomène. Les comportements des populations surtout
en matière d'hygiène peuvent fortement influencer les taux de
morbidité diarrhéique. Les pratiques d'hygiène
diffèrent d'un espace à un autre, d'un individu à un autre
et par extension d'une population à une autre.
Les modes alimentaires et les techniques de stockage de l'eau
de boisson ajoutés à l'importance en termes d'effectif des
enfants de moins de cinq ans au sein des ménages pourraient aussi
être à l'origine des disparités constatées entre les
différentes zones de la CA.
Les dermatoses, quant à elles, sont enregistrées
à Touba-Guédiawaye avec 63,6 %, à Darourahmane (zone
irrégulière inondable) avec 54,5 %, à Nimzatt avec 45,4 %,
à Wakhinane et Kawsara avec chacun 36,4 %, à Angle Mousse avec
28,6 %, à Baye LayeDaroukhane, Comico-Gadaye et Wakhinane 4 (zone
régulière inondable) avec chacun 18,2 %.
Carte 9 : Géographie des
dermatoses dans la CA
Les zones les plus touchées par les dermatoses sont
Darourahmane situé en zone inondable et Touba-Guédiawaye. Elles
sont suivies de Kawsara, Wakhinane, Nimzatt et Angle Mousse (zone inondable).
Les espaces les moins atteints sont Comico-Gadaye, Baye LayeDaroukhane et
Wakhinane 4 (zone inondable).
Les informations que reflète cette carte ne permettent
pas de dire sans se tromper que les dermatoses sont dues au déficit
d'assainissement de la CA car des espaces réputés salubres comme
Kawsara et Nimzatt sont plus frappés que Wakhinane 4 qui pourtant se
trouve en zone inondable considéré par la plupart des
ménages comme sale voire très sale.
Tout comme pour le paludisme et les maladies diarrhéiques,
le lien entre le mauvais assainissement et les dermatoses est très
difficile à établir.
Le comportement des populations pourrait aussi expliquer ces
disparités. De plus, certaines maladies de la peau sont signes d'une
autre pathologie qui se cache derrière comme par exemple les boutons qui
accompagnent la rougeole ou les taches dues à la malnutrition. Il existe
aussi des boutons et des plaies qui sont signes d'une maladie grave comme la
tuberculose et la syphilis.
Les chiffres obtenus ne permettent pas d'identifier des zones
particulièrement vulnérables. Le lien entre ces maladies et le
défaut d'assainissement des eaux usées n'est pas clairement
défini dans cette étude.
Cependant, on retrouve un lien entre les pathologies
évoquées par les ménages et celles effectivement
déclarées au niveau du poste de santé de Daroukhane.
Diagramme 8 : Nombre de consultations entre
janvier et mars 2011 au poste de santé de Daroukhane
Source : Poste de santé de Daroukhane.
Une analyse des données collectées dans cette
structure sanitaire montre que les risques sanitaires liés aux eaux
usées sont très élevés.
Les IRA et la grippe viennent en première position avec
respectivement 249 et 326 consultations. Les dermatoses suivent avec 241
consultations. Arrivent enfin les diarrhées avec 91 cas recensés,
les parasitoses avec 71 consultations et le paludisme avec 46 cas.
Ce chiffre est inquiétant car il révèle
que même en dehors de l'hivernage, les populations sont exposées
et atteintes par le paludisme. Dès lors, on peut se poser la question de
savoir si l'inondation qui perdure dans certaines zones de la CA de
Wakhinane-Nimzatt après la saison des pluies ne constitue pas un facteur
aggravant.
Dans tous les cas, les risques sanitaires encourus par la
population sont réels et nécessitent une surveillance
particulière pour éviter que la situation ne s'aggrave suite
à d'éventuels changements de comportement des individus.
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