Problématique du financement extérieur et ses corollaires sur la croissance économique en RDC de 1980 à 2009( Télécharger le fichier original )par Rémy MUNGANGA SHUNGI Université de Kisangani RDC - Licence en sciences économiques 2011 |
Section 2 : INTERPRETATION DE RESULTATLes résultats du modèle estimé montre que le taux de croissance économique qui est une variable endogène dans l'équation (1), a un coefficient R2 de 0,653557 ; ce qui signifie que les variables exogènes dans cette équation (dettes extérieures, indices de développement humain) expliquent à 65,36% la variation des taux de croissance économique ; dans l'équation (2), la variable dette extérieure est expliquée à 92,47% par les variables exogènes. Par contre, la variation de l'indice de développement humain est expliquée à 88,84% par les variables exogènes. Tous les tests retenus dans le modèle confirment nos résultats et les coefficients de détermination sont significatifs au seuil de 5%. Donc, ils sont favorables et le modèle est acceptable dans sa qualité globale. L'existence de l'unique causalité entre dettes extérieures et taux de croissance économique, conduit à une causalité unidirectionnelle. Ce qui nous pousse à confirmer notre hypothèse. Comme il n'y a pas causalité entre dettes extérieures et indices de développement humain, les taux de croissance économique n'ont pas d'implications ou n'influencent pas le développement économique. Cela permet de confirmer une fois de plus notre hypothèse. Ainsi, nous pouvons dire que nos hypothèses sont performantes. Section 3 : DISCUSSIONEtant donné que les dettes extérieures causent la croissance économique alors que cette dernière ne cause pas le développement économique, cela remet à cause « l'effet de passoire » ou de mutation, transmission du fruit de la croissance économique aux populations afin d'assurer le bien-être social. Cela conduit à une croissance appauvrissante. Alors que le développement économique accroît le nombre d'accidents de circulation, la pollution de l'environnement (aire et eau) provoquée par l'accélération de l'industrialisation, la destruction des forêts, les stress, etc.58(*) ; que subissent toutes les couches de la population, déplorons quand bien même l'on enregistre la croissance du PIB et du PIB par tête d'habitants (voire la croissance économique), l'équité dans la répartition de la richesse n'est pas toujours au rendez-vous. Dans une économie, la règlementation étatique est requise pour assurer la sécurité alimentaire des ménages, pour instaurer la confiance des investisseurs, c'est-à-dire le marché à mieux fonctionner. 59(*) C'est pourquoi l'Etat congolais devrait davantage oeuvrer pour la réduction de la pauvreté, la garantie à tous de l'éducation et de la protection sociale, la protection et la conservation de l'environnement afin que tout le monde bénéficie du fruit de la croissance économique.
En confrontant nos résultats à ceux obtenus par nos prédécesseurs (voir état de la question), malgré les résultats d'AKEMANI AWENDE selon lesquels les dettes extérieures de la RDC évoluent en dents de scie et que les variables retenues dans son modèle expliquent à 93,75% les dettes extérieures ; dans notre modèle ces dernières et l'IDH expliquent à 65,36% la croissance économique. Si les deux variables expliquent seulement à 65,36% la croissance économique ; c'est que les dettes extérieures contribuent faiblement à la croissance économique. Cela peut s'expliquer par le fait que les nouvelles dettes extérieures contractées ont beaucoup plus servi au remboursement des anciennes que d'être affectées dans les secteurs pouvant stimuler la croissance « pro-pauvre ». D'après les résultats de BOTTCHAKA LIFAFU, tout accroissement de don et financement ainsi que de l'épargne extérieure améliore les recettes fiscales, le revenu total, l'épargne agrégée, les investissements et l'épargne publique ; nos résultats montrent que les dettes extérieures (qui constituent l'épargne extérieure) même s'ils ameliorent les recettes fiscales n'ont pas d'implication sur le niveau de développement économique car elles ne causent pas les indices de développement humain. C'est-à-dire les DEXT n'ont pas servi à grand-chose dans les dépenses de l'Etat congolais plutôt au remboursement du principal, paiement des intérêts et des arriérées ainsi qu'au développement individuel de la classe politique. KAGHOMA Joseph montre que l'application d'une politique économique basée sur un certain nombre d'application de la politique monétaire, budgétaire et une large ouverture de l'économie débitrice à l'économie internationale était la condition sine qua none pour bénéficier des nouveaux prêts par les institutions de Bretton Woods. Contrairement à cet auteur, nos résultats prouvent que ces nouveaux prêts ou dettes extérieures n'ont pas d'effets significatifs sur le niveau de vie de la population, car ils n'influencent pas le développement économique. Cependant, selon DUBATSO Georges, il existe une relation linéaire croissante presque parfaite entre l'aide publique au développement et la croissance du PIB réel par habitant partant de son coefficient de corrélation r = 0,7457 voisin de 1. L'APD contribue à la formation du PIB réel en concurrence de 55,61% pour la période de 1999 à 2004 partant de son coefficient de détermination R2 = 0,5561 ; alors que les résultats de notre modèle montrent que les dettes extérieures (dont l'APD fait partie) et l'IDH influencent à 65,36% la variation du taux de croissance économique sans qu'elle ne cause le développement économique. Cependant la persistance de la causalité unidirectionnelle entre dette extérieure et taux de croissance économique, impliquent la non causalité entre DEXT et développement économique. Ainsi, la RDC devrait adopter une politique de développement endogène (basée sur ses propres moyens ou efforts internes) pour éviter le cercle vicieux de la dette. Vue que le pays est incapable de générer les ressources nécessaires pour financer son économie et qu'il est quasiment difficile de se développer à vase clos ou en autarcie à l'heure actuelle de la mondialisation, la RDC a intérêt à lutter contre la corruption, l'impunité et le détournement, d'assurer un bon climat des affaires et surtout de développer une bonne volonté politique institutionnelle afin que les DEXT entrainent une croissance pro-pauvre et le développement économique du pays. * 58 JOSPIN L., Le monde comme je le vois, Paris, Gallimard, 2005, p.214. * 59 STIGLITZ J.E., Quand le capitalisme perd la tête, Fayard, Paris, 2003, p.48. |
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