REPUBLIQUE DU BENIN
UNIVERSITE CATHOLIQUE DE L'AFRIQUE DE L'OUEST
UNITE
UNIVERSITAIRE DE COTONOU
(UCAO-UUC)
MEMOIRE DE FIN DE FORMATION
LICENCE PROFESSIONNELLE
Option: Filière:
Secteur tertiaire Assurances
THEME:
LA PROBLEMATIQUE DES IMPAYES DANS UNE
COMPAGNIE
D'ASSURANCE NON-VIE:
Cas de la NSIA-Bénin
Présenté et soutenu par:
Cinthia Anaïs Titilola LOKO
Sous la direction de:
Maître de mémoire: Tuteur de
stage:
M. Edmond BOSSOU M. Francis ODOUNHARO
Directeur Commercial Chef Service Production
à la NSIA Bénin à la NSIA Bénin
~nnie tscts ~i nique :
2006-2007
DEDICACE
Je dedie affectueusement ce travail a :
v Jésus-Christ de Nazareth, mon
Seigneur, Sauveur et Ami dont la presence et l'intervention dans ma vie sont a
l'origine de ce travail ;
Gloire a toi Seigneur
v Ma mere Cica Thérèse DEDEGBE
et mon pere Thomas Adrien LOKO pour vos sacrifices, votre
soutien inconditionnel et vos conseils. Ce travail porte l'expression de ma
gratitude et de tout mon amour ;
Dieu soit votre bouclierprotecteur
v Mon frere, Thierry Oscar LOKO, qui est
vraiment unique ; Soit prospere a tous egards
v A toute ma famille qui est une benediction pour moi ;
Cette xuvre est aussi la votre.
v Mes freres et sceurs de l'eglise, mes camarades et amis dont
je ne cite pas les noms de peur d'en oublier.
Que Dieu vous le rende au centuple.
RE MERCIE MENTS
Qu'il me soit permis de remercier tres sincerement :
v Monsieur Alain HOUNGUE, Directeur General de
la NSIA Benin pour m'avoir permis d'effectuer un stage dans son entreprise ;
v Monsieur Francis ODOUNHARO, mon maitre de
stage pour l'interet qu'il a marque a la realisation de ce travail ;
v Monsieur Edmond BOSSOU, mon maitre de
memoire, pour avoir accepte de diriger ce travail malgre ses nombreuses
occupations ;
· :* Tout le personnel de la NSIA Benin pour son amabilite
;
· :* Tout le corps enseignant de l'UCAO, en particulier les
professeurs de la filiere assurance pour leur contribution a ma formation ;
v Tout le corps administratif de l'UCAO ;
· :* Les membres du jury pour l'honneur qu'ils me font en
acceptant de juger ce travail ;
v Tous ceux qui me sont chers et m'ont aidee par leur concours
materiel ou moral, qu'ils trouvent ici l'expression de ma profonde
gratitude.
SOMMAIRE
Dedicaces Remerciements
Sommaire Lexique
Avant-propos
Introduction Premiere partie :
Etat des impayes de la NSIA Benin et sources du phenomene
des impayes Chapitre I : Etat des impayes de la NSIA Benin
Section I : Vue globale des impayes de la compagnie
Section II : Cartographie des impayes
Chapitre II: Sources du phenomene des impayes a
la NSIA Benin
Section I : Causes liees au contexte d'exercice de l'activite
d'assurance
Section II: Causes particulieres a la societe d'assurance
Deuxieme partie :
Consequences des impayes de primes
d,assurances et approches de solutions Chapitre I :
Consequences des impayes de primes d'assurances
Section I : Impact sur le groupe des assures
Section II : Impact sur la gestion financiere de l'entreprise
Chapitre II : Approches de solutions
Section I : Etat des lieux de la gestion des impayes de primes
d'assurances Section II : Suggestions
Conclusion
LEXIQUE :
Assurance :
Operation par laquelle l'assureur groupe en mutualite d'autres
personnes (les assures) afin de les mettre en mesure de s'indemniser
mutuellement d'une perte eventuelle (le sinistre) a laquelle elles sont
exposees des suites de la realisation de certains risques, moyennant une somme
appelee prime ou cotisation payee par chaque assure a l'assureur qui la verse
dans la masse commune des primes.
Assure :
Personne physique ou morale sur la tete ou sur les interets de
laquelle pese le risque assure.
Assureur :
Personne morale qui prend l'engagement vis-à-vis d'une
autre personne de fournir la prestation en cas de realisation du risque prevu
au contrat.
Arriere :
Lorsque la duree d'un impaye depasse une annee, on parle d'
« arriere » de prime. Imnaye :
L'ensemble des primes non recouvrees a la souscription du
contrat. Il peut porter sur tout ou partie de la prime a payer.
utualite :
Groupe de personnes soumises aux memes risques, qui les
mettent en commun et qui decident, par la constitution d'un fonds commun
alimente par la contribution proportionnelle de chaque membre, de prendre en
charge le reglement des sinistres affectant cette mutualite.
Prime :
Somme que doit payer l'assure en contrepartie de l'engagement de
l'assureur de prendre en charge le risque.
Reassurance :
Operation par laquelle un assureur, le cedant, cede a un autre
assureur, le reassureur ou cessionnaire, une partie du risque qu'il a lui-meme
pris en charge en direct.
AVANT-PROPOS
Le present document est un memoire redige au terme de la
formation de licence en assurance dispensee par l'Universite Catholique de
l'Afrique de l'Ouest (UCAO). La question qui a retenu notre attention au cours
de notre stage a la NSIA Benin est en rapport avec les impayes de
primes d,assurances. Cependant, nous ne saurions entrer
dans le vif du sujet sans presenter la structure qui a servi de cadre a notre
etude.
La NSIA Benin fait partie de la holding NSIA Participations
qui s'est installee dans sept (7) autres pays et se compose actuellement de
quatorze (14) societes. Son capital est de 1.000.000.000 F CFA entierement
libere.
Ayant commence avec un effectif de 7 employes a sa creation,
cet effectif n'a cesse de croitre pour etre de 50 employes permanents a nos
jours.
La NSIA Benin, soucieuse d'atteindre ses objectifs dispose
d'une vingtaine d'agences generales installees sur l'etendue du territoire
beninois. La NSIA Benin developpe aussi des partenariats avec les institutions
financieres de la place.
En matiere de reassurance, la NSIA Benin beneficie de la
couverture des reassureurs de renommee, tant en Afrique qu'en Europe. Ces
derniers lui offrent des garanties appreciables en reassurance et meme en
assistance. On peut citer comme reassureurs pour 2007 : AFRICA-RE, CICA-RE,
SCOR, MUNICH-RE, SUISSE-RE, BEST-RE. La structure organisationnelle de
l'entreprise est schematisee par l'organigramme (a voir en annexe).
La NSIA Benin est agreee en I.A.R.D mais opere egalement dans
la branche vie a travers sa filiale NSIA Vie Benin. La periode du stage nous a
permis d'observer, d'apprendre et d'aborder un tant soit peu la pratique du
metier de l'assureur.
INTRODUCTION GENERALE
Le role economique et financier des entreprises d'assurances
n'est plus a demontrer. Aujourd'hui, dans le monde, le chiffre d'affaires des
marches d'assurance est devenu un indicateur du developpement des economies. Au
Benin, la marche vers le developpement s'est traduite par l'expansion du
secteur des assurances a travers l'implantation progressive de trei ze (13)
societes en 2007.
La gestion des entreprises d'assurances est specifique. Elle
repose sur trois principes censes garantir la solvabilite financiere de la
compagnie et par consequent, la securite des assures et beneficiaires de
contrats d'assurances. Le principe de mutualisation necessite que l'assureur
tarifie les risques de maniere a ne faire payer a chaque assure que
la juste part des charges qui lui incombent. La division des risques quant a
elle, conduit l'assureur a faire usage des techniques de coassurance et de
reassurance. La dispersion des risques rappelle a l'assureur qu'il ne doit pas
« mettre tous ses ceufs dans le meme panier ».
En depit de l'application scrupuleuse de ces trois principes
fondamentaux, la solvabilite de l'assureur peut encore etre remise en cause si
les primes requises a l'emission du contrat ne sont pas encaissees de maniere
effective et/ou en temps voulu. Car, il est imperatif pour l'assureur de
collecter et de fructifier une masse importante de prime afin de pouvoir
honorer ses engagements en cas de realisation du risque. Nous avons pu observer
l'importance de ces principes au cours du stage pratique de notre formation.
Ce stage s'est deroule a la NSIA Benin. Au sein de la
direction commerciale de la NSIA Benin, nous avons pu participer de maniere
active a la vente en direct des produits d'assurances. Ce faisant, notre
attention a ete attiree par l'insistance de l'equipe dirigeante sur la
necessite d'encaisser les primes a la souscription. Il s'agissait au depart de
reduire, puis d'interdire l'octroi de facilites de paiements aux clients. Nous
avons alors suppose que la compagnie connaissait des difficultes par
rapport au recouvrement de primes impayees.
L'analyse des etats CIMA de la compagnie est venue confirmer cette
hypothese.
En effet, bien que la technique d'assurance n'autorise point
l'octroi de credit, dans la pratique, des causes variees poussent les
compagnies a accorder des delais de paiement aux assures. Cette situation pose
une reelle problematique : accorder des facilites de paiement au risque de ne
plus etre en mesure de respecter ses engagements ; ou courir le risque de
perdre la clientele accoutumee a souscrire a credit si les compagnies
arretaient les facilites de paiement. C'est la raison pour laquelle nous avons
juge opportun de nous pencher sur la problematique des impayes dans une
compa gnie d'assurance non - vie.
Le but vise par notre reflexion est la determination des
approches de solution a la problematique des impayes a la NSIA
Benin. Pour parvenir a ce but, il convient au prealable d'effectuer une
analyse statistique des impayes de la compagnie sur cinq
(5) ans, puis nous reviendrons sur quelques fondements techniques des
assurances avant de faire un etat des lieux des differentes techniques de
gestion des impayes en vigueur officiellement et dans la pratique de
la NSIA Benin.
Ainsi, dans une premiere partie nous examinerons l'etat des
impayes de la NSIA Benin ainsi que les causes du phenomene des
impayes de prime d'assurance. Dans une seconde partie, nous nous
focaliserons sur les consequences des impayes pour une societe
d'assurance ainsi que sur les approches de solutions.
PREMIERE PARTIE :
Analyse de la problématique des impayés de
primes d'assurances a la NSIA Bénin
L'analyse de la problematique des impayes de prime a la NSIA
Benin consiste a verifier l'existence d'impayes et a obtenir une bonne
visibilite de ceux-ci ; puis a rechercher les sources du probleme. Nous nous
servirons dans un premier temps des pieces comptables que la societe a daigne
mettre a notre disposition et dans un second temps, des observations faites en
entreprise.
Chapitre I : Etat des impayés de primes
d'assurances de la NSIA Bénin.
Nous nous proposons d'entrer dans le vif du sujet en abordant
la situation des impayes de prime d'assurance a la NSIA Benin. L'etude des
impayes a la NSIA Benin se fera suivant l'organisation suivante : nous aurons
recours a l'etat C9 afin d'apprehender de maniere globale les impayes de la
NSIA Benin. Ensuite, nous effectuerons une cartographie des impayes a travers
les produits d'assurance et les differents reseaux de distribution des produits
de la NSIA Benin.
Section I : Analyse globale des impayés de la
compagnie.
I. Definitions
Le terme « impayé » designe
de maniere generale l'ensemble des primes non recouvrees a la souscription du
contrat. Il peut porter sur tout ou partie de la prime a payer. Lorsque la
duree des impayes depasse une annee, on parle d' «
arriérés » de prime. L'impaye peut etre reel ou
fictif.
On parle d'impayés fictifs en cas
d'erreurs recensees a l'emission ou a l'encaissement. Ces erreurs peuvent etre
dues a des difficultes techniques liees a une mauvaise manipulation du logiciel
de travail (contrat emis au lieu d'une proposition par exemple). Les impayes
fictifs sont apures au cours de l'inventaire de fin d'annee. Ce type d'impaye
ne fait pas l'objet de notre etude. Nous focaliserons plutôt notre
attention sur les impayés réels, qui constituent
une perte tangible pour l'entreprise dans la mesure oil ils portent sur un
engagement effectif de l'assureur.
Notons que, dans le contexte de notre etude, c'est le code
CIMA qui reglemente le marche des assurances. Aussi est-t-il important de
considerer l'approche du code CIMA en matiere d'impayes. En realite, le terme
d'impaye n'est pas explicitement defini par le code. Toutefois, l'article 13 du
code CIMA precise que : « la prise d'effet du contrat est subordonnee au
paiement de la prime par l'assure ». Autrement dit, pas de prime, pas de
couverture d'assurance.
Cette assertion est pleinement justifiee si l'on considere que
l'assureur est engage (en risque) des la prise d'effet des garanties. En
general et conformement a l'article precite, la prime d'assurance est payable
d'avance, c'est-à-dire a la souscription du contrat.
Quant au lieu de paiement, le legislateur CIMA a opte pour le
principe de la portabilite de la prime a travers l'article 13 du code. La prime
d'assurance est donc payable au domicile de l'assureur ou de son mandataire.
Cependant, le meme article 13 prevoit que la prime peut devenir querable par
convention entre les parties.
Les impayes n'ont donc jamais ete autorises par le code CIMA,
du moins, dans le cadre d'une premiere souscription. Dans le cas des contrats a
tacite reconduction1, l'assureur est autorise a renouveler de
maniere automatique le contrat d'assurance des qu'il parvient a expiration.
Toutefois, la legislation des assurances prevoit dans ce contexte precis des
mesures de relance de l'assure que nous aborderons dans la suite.
Ainsi, la vente au comptant reste la seule voie ouverte par le
code des assurances aux entreprises commerciales pour la distribution de leurs
produits. Cependant, l'octroi de delais de paiement est une pratique courante
dans les societes d'assurance. La mesure du niveau d'encaissement des primes
nous permettra de mesurer l'ampleur de cette pratique a la NSIA Benin.
II. Niveau d'encaissement des primes
1. Presentation de l'etat C9
La tenue de l'etat C9 figure au nombre des obligations comptables
des compagnies d'assurances (article 422 du code CIMA).
1 Le renouvellement automatique d'un contrat a duree
determinee, du seul fait de la poursuite ou du maintien des relations
contractuelles en cours, sans qu'il soit besoin d'un ecrit.
Cet etat retrace, a partir des primes emises nettes
d'annulations et de taxe, le niveau des arrieres de primes, des encaissements
et des annulations sur primes arrierees par branche et par exercice de
souscription. Il nous permettra de degager le taux d'encaissement des primes
emises.
Nous nous servirons pour notre analyse des etats de l'annee
2006. Notre etude portera donc sur les cinq (5) derniers exercices comptables ;
c'est-à-dire de 2002 a 2006.
Pour estimer le niveau des encaissements, nous determinerons la
cadence d'encaissement des primes.
2. Niveau d'encaissement des primes
· Mode de calcul
Le montant global des emissions a l'exercice 2002 comprend toutes
les primes emises pour le compte de 2002 soit :
3 649 686 642 + 51 224 266 + 20 343 153 = 3 060 951+ 7 617 208
= 3 725 810 318
Par exemple, pour l'annee 2002, la cadence d'encaissement
s'obtient de la maniere suivante :
N=2002 : 2 824 138 508 / 3 725 810 318 =
75,80%
|
N+1=2003 :
|
444 598 544
|
/
|
3 725 810 318 = 11,93%
|
N+2=2004 :
|
240 960 700
|
/
|
3 725 810 318 = 6,47%
|
N+3=2005 :
|
55 782 371 /
|
3
|
725 810 318 = 1,50%
|
N+4=2006 :
|
695 610 / 3
|
725 810 318 = 0%
|
Ainsi, sur les emissions de 2002, 75,80% sont encaissees en
2002, 11,93% en 2003, 6,47% en 2004 et 1,50% en 2005. Le tableau ci-dessous
rapporte les cadences d'encaissement de prime de 2002 a 2006. Il nous permet
d'obtenir la cadence moyenne d'encaissement par rang d'annee.
Tableau1 : Cadence des encaissements de 2002 a 2006 :
|
EXERCICE D'INVENTAIRE
|
EXERCICE DE SOUSCRIPTION
|
N
|
N+1
|
N+2
|
N+3
|
N+4
|
2002
|
75,80
|
11,93
|
6,47
|
1,50
|
0
|
2003
|
81,30
|
13,08
|
1,35
|
1,57
|
"
|
2004
|
79,76
|
11,44
|
2,66
|
"
|
"
|
2005
|
68,67
|
18,78
|
"
|
"
|
"
|
2006
|
72,79
|
"
|
"
|
"
|
"
|
Moyennes
|
75,66
|
13,8
|
3,49
|
1,57
|
0
|
Source : Etat C9 de la NSIA Benin (annexe I)
1. Analyse et interpretation des resultats obtenus
L'analyse de ces donnees revele qu'en moyenne, la NSIA Benin
encaisse les primes emises selon la cadence suivante : 75,66% la premiere
annee, 13,8% la deuxieme annee, 3,49% la troisieme annee, 1,57% la quatrieme
annee et 0% la cinquieme annee.
Ainsi donc, au cours d'un exercice comptable, la NSIA Benin
n'encaisse que 75,66% des primes emises. Le taux d'arrieres
est alors d'environ 24%. La compagnie court donc le risque de
perdre 24% des encaissements de cet exercice. Puis, au bout de cinq
annees d'enormes efforts de recouvrements, la compagnie porte le
niveau des encaissements a 94,52% des primes emises.
En definitive, elle perd pres de 6% des
emissions de chaque annee, soit en primes annulees du fait de leur caractere
irrecouvrable, soit en primes impayees apres cinq ans.
Ce taux apparemment faible correspond en realite a des sommes
tres importantes. Pour un chiffre d'affaires de 3 505 213 669 F CFA en 2003 par
exemple, le deficit tourne autour de 210 312 820 F CFA sans compter les
impôts et taxes que l'entreprise a eu a verser pour ces emissions, ni le
profit que le placement d'une telle somme aurait pu generer.
L'etat C9 est etabli sur 5 ans. On peut en deduire
que, au sens des redacteurs du code CIMA, une prime emise devrait etre
entierement encaissee et regularisee dans un delai de 5 ans maximum. Par
ailleurs, toutes les actions pouvant naitre d'un contrat d'assurance sont
prescrites au bout de cinq ans.
Suite a toutes ces considerations, nous estimons plutot lente
la cadence d'encaissement des primes de la compagnie. En effet, les
encaissements sur une prime emise pour l'exercice de souscription 2002, par
exemple, peuvent continuer jusqu'en 2006. Les consequences qui en decoulent
peuvent etre multiples comme nous le verrons par la suite.
En conclusion a cette analyse globale des impayes de la NSIA
Benin, nous retenons que le probleme des impayes se situe a deux niveaux :
· dans le volume important de credits qui demeurent
impayes en fin d'exercice, faisant courir d'enormes risques de perte a
la compagnie ;
· dans la lenteur de l'encaissement des primes
arrierees.
L'etude globale des impayes de la compagnie a confirme que la
NSIA Benin rencontre des difficultes dans la gestion de ses impayes. Mais pour
mieux cerner le probleme, nous avons juge necessaire d'effectuer une analyse un
peu plus en profondeur a travers la cartographie des impayes de la
compagnie.
Section II : Cartographie des impayes
La cartographie des impayes nous permettra de situer l'origine du
probleme des impayes a la NSIA Benin.
I. Reseaux de distribution en cause.
La compagnie dispose de plusieurs reseaux de distribution pour
ses produits. On peut les regrouper en trois principaux :
- les agences generales,
- les societes de courtage,
- les bureaux directs qui s'occupent des souscriptions directes
ou par le biais des agents commerciaux.
La participation de chaque reseau de distribution aux impayes
de la compagnie correspond au rapport entre le montant d'impayes propres a
chaque reseau et le montant total des impayes de la societe.
Tableau 2 : Participation des réseaux de
distribution aux impayes de la compagnie.
ANNEES
|
AGENCES
|
BUREAUX DIRECTS
|
COURTAGE
|
2002
|
32%
|
32%
|
36%
|
2003
|
40%
|
32%
|
28%
|
2004
|
32%
|
39%
|
29%
|
2005
|
33%
|
38%
|
29%
|
2006
|
21%
|
37%
|
42%
|
Moyennes
|
32%
|
35%
|
33%
|
Source : bordereau des retards nets de la compagnie (extraits
en annexe II).
A l'analyse de ce tableau, on note une faible variation entre les
taux de participation de chaque reseau de distribution aux impayes de la
compagnie.
Mais il est a noter que les intermediaires principaux
(courtiers et agents generaux d'assurance compte non tenu des agents
commerciaux) totalisent en moyenne sur cinq ans, 65% des
impayes de la compagnie.
Il faut aussi tenir compte du fait que, si les reseaux de
distribution participent dans la même proportion aux impayes de la
compagnie, il n'en est pas de même pour la participation au chiffre
d'affaires. C'est pourquoi nous jugeons opportun de determiner les taux
d'impayes propres a chaque reseau de distribution. Le taux d'impayes propre a
un reseau correspond au rapport entre le montant des impayes de ce reseau et
celui du chiffre d'affaires propre a ce reseau. Les resultats obtenus sont les
suivants :
Tableau 3 : taux d'impayes par reseau de
distribution
ANNEES
|
AGENCES
|
BUREAUX DIRECTS
|
COURTAGE
|
2002
|
27%
|
16%
|
24%
|
2003
|
37%
|
20%
|
26%
|
2004
|
30%
|
23%
|
23%
|
2005
|
49%
|
31%
|
32%
|
2006
|
37%
|
37%
|
43%
|
Moyennes
|
36%
|
25%
|
29%
|
Source : bordereau des retards nets de la compagnie (extraits
en annexe 2).
La lecture du tableau des taux d'impayes de chaque reseau de
distribution permet de constater que sur une moyenne de cinq ans, on observe le
classement suivant : les agences possedent le taux d'impayes annuel le plus
eleve (36%) suivi du courtage (29%) et des
bureaux directs (25%).
Evolution des taux d'impayés par réseaux
de
distribution
|
60
|
|
|
Taux di mpayes
|
50 40 30 20 10
|
AGENCES
BUREAUX DIRECTS
COURTAGE
|
|
0
|
|
2002 2003 2004 2005 2006
Années
Le graphique de ces resultats permet d'avoir une meilleure vue de
l'evolution du taux d'impayes de chaque reseau de distribution
Quoique le taux d'impayes des bureaux directs demeure le plus
faible sur les cinq dernieres annees, il y a lieu de noter que ce taux n'a
cesse de grimper depuis 2002. Le taux d'impayes des bureaux directs a plus que
double en passant de 16% a 37% en 4 ans, soit une augmentation de
21%. Rappelons que les bureaux directs s'occupent de la souscription
directe et de celle obtenue par les commerciaux affilies. On peut donc penser
que la compagnie a eu a utiliser une politique commerciale basee sur les delais
de paiement.
En ce qui concerne les agences generales, leur taux d'impayes
connait plusieurs variations mais demeure le plus eleve de tous les reseaux
jusqu'en 2005.
Le taux d'impayes du courtage reste intermediaire entre celui
des agences et celui des bureaux directs et relativement stable de 2002 a 2003.
Il connait une baisse en 2004 avant d'augmenter jusqu'en 2006, annee au terme
de laquelle le courtage detient le taux d'impayes le plus eleve
(43%). Cette augmentation s'explique par l'emission en fin
d'exercice de deux polices d'un montant tres eleve.
Nous deduisons de cette analyse que le probleme de
recouvrement a la NSIA Benin est lie a l$insuffisance du suivi de
l$evolution des impayes, notamment au niveau des bureaux directs et des agences
generales.
Le dernier point de cette analyse de l'etat des impayes de la
NSIA Benin porte sur le ciblage des produits les plus concernes par les
impayes.
II. Ciblage des produits les plus concernes
Nous allons analyser les categories d'assurances les plus
concernees a travers les cadences de recouvrement propres a chaque categorie de
produits.
1. Mode de calcul
Le taux de recouvrement des primes arrierees est le montant
des primes recouvrees au 31 decembre de l'annee N rapporte aux arrieres au 31
decembre N-1. Il convient de preciser que les primes recouvrees sont les
encaissements effectues au cours des annees posterieures a l'annee de
souscription.
La cadence de recouvrement des arrieres d'une annee de
souscription correspond a la proportion des primes recouvrees au cours des
annees posterieures a l'exercice de souscription.
Le tableau ci-dessus fournit les cadences moyennes de
recouvrement par rang d'annee et par produit d'assurance.
Tableau 4 : Cadences moyennes de recouvrement par
categorie de produits d'assurances
|
EXERCICE D'INVENTAIRE
|
CATEGORIES
|
N+1
|
N+2
|
N+3
|
N+4
|
Accidents corporels et maladie
|
88
|
4
|
1
|
0
|
Automobile
|
82
|
15
|
1
|
0
|
Incendie et autres dommages aux biens
|
56
|
36
|
18
|
0
|
Responsabilité civile
générale
|
42
|
15
|
7
|
0
|
Transports
|
57
|
11
|
2
|
1
|
Source : etat C9 de la NSIA Benin (annexe 1)
Le graphique de ces resultats facilite la comparaison des
cadences de recouvrement.
2. Analyse et interpretation des resultats obtenus
Les taux de recouvrements les plus faibles sont constates
en responsabilite civile generale et en
transports. En responsabilite civile generale, le recouvrement obtenu
apres 4 ans n'est que de 64%. Il est de 71%
en transports. Ces deux categories sont donc les plus concernees par les
impayes.
Apres avoir ainsi montre l'existence des impayes au sein de la
compagnie, nous ne saurions poursuivre cette etude, sans aborder les raisons a
l'origine de cette situation.
Chapitre II : Sources des impayés a la NSI A
Bénin
Le contrat d'assurance revet un caractere consensuel.
L'assureur tout autant que le souscripteur detient une part de responsabilite
en cas d'impaye. Mais d'autres acteurs du secteur des assurances peuvent
egalement concourir a l'existence des impayes. La source du probleme des
impayes se situe donc a plusieurs niveaux. Il convient alors d'isoler les
causes liees au contexte d'exercice de l'activite d'assurance, de celles qui
sont particulieres a la societe d'assurance.
Section I : Causes liees au contexte d'exercice de
l'activite d'assurance
I. Causes observees au niveau de la clientele
On note les difficult~s financieres propres a
l'assure et /ou en rapport avec la morosite economique du
pays. Dans ce cas, le souscripteur est financierement incapable de
solder sa prime a la souscription. Il cherche donc a negocier avec l'assureur
des facilites de paiement.
En ce qui concerne les entreprises qui emargent a la fonction
publique, les procedures de decaissement exigent un certain nombre de pieces
(dont la facture) sans lesquelles aucun paiement n'est possible. Elles ne
souscrivent qu'a condition qu'un delai de paiement leur soit accorde pour
remplir les formalites necessaires a l'obtention du decaissement
correspondant.
Il nous a ete donne de constater que, bien qu'ayant la
possibilite de verser la totalite de la prime au moment de la souscription,
certains assures preferaient malgre tout obtenir des delais de paiement en
raison de leur accoutumance aux facilites de paiement.
En outre, si toute societe commerciale peut etre confrontee au
probleme des impayes, le risque est d'autant plus accru dans le cas des
compagnies d'assurances en raison de certaines considerations liees au
caractere immateriel des produits d'assurances.
En effet, a la signature du contrat, l'engagement de l'assureur
est une
promesse selon laquelle l'assureur devra verser une prestation en
cas de realisation du risque.
Cette promesse, aux yeux de l'assure, peut revetir un caractere
essentiellement chimerique.
Une fois le contrat parvenu a son terme, l'assure qui n'a pas
connu de sinistre peut juger inopportun de solder sa prime d'assurance.
L'absence de culture des assurances est donc e galement une cause
d'impayes.
Le non-paiement de sa prime par l'assure peut e galement
resulter du simple fait d'une negligence, de l'oubli ou d'un cheque mal emis
(defaut de provision, etc.).
Par contre, certains assures font carrement preuve de
mauvaise foi et profitent deliberement de la concurrence que se
livrent les differentes compagnies en place sur le marche. Apres avoir laisse
derriere eux leur prime impayee, ils changent tout simplement de compagnie
d'assurance et adoptent le meme comportement dans la nouvelle. Les contrats
d'assurances sont d'ordinaire a duree annuelle. Or il existe deja six
compagnies d'assurance dommages sur le marche. L'assure de mauvaise foi dispose
donc d'une duree de six ans pour achever son « periple » de pratiques
malsaines.
II. Causes observees aupres des autres intervenants du
domaine
Les intermediaires aussi peuvent favoriser l'existence des
impayes dans une compagnie d'assurance. En effet, l'assureur est d'autant plus
porte a accorder des facilites de paiement lorsque la demande est faite par un
intermediaire avec lequel il est deja en relation d'affaires et qu'il sait
conscient du fait que sa commission est subordonnee au paiement de la prime.
Cependant, l'experience a permis de constater que les primes collectees ne sont
pas toujours reversees immediatement a l'assureur.
Dans d'autres cas le client verse des la souscription du
contrat la prime a son intermediaire, quitte a ce dernier de la transmettre a
l'assureur. Ici, il n'est pas question d'echeancier de paiement, pourtant, des
delais parfois tres importants sont constates entre le moment de la
transmission par ces intermediaires des contrats a l'assure et celui du
reversement des primes a l'assureur. On parle dans tous ces cas
de non reversement des primes. Le non
reversement des primes est dans certains cas lie a des actes de
detournement.
En effet, le detournement des primes est aussi une des sources
du phenomene des impayes a la NSIA Benin. Des cas de detournement de primes
commis aussi bien par des intermediaires que par des producteurs ont ete
detectes.
Les autorites ayant en charge la regulation du marche des
assurances n'accordent pas suffisamment d'attention a ce probleme qui,
pourtant, peut remettre en cause la solvabilite d'une compagnie
d'assurances.
Section II: Causes particulières a la
société d'assurance
I. Causes liees a la technique des assurances
Il faut tenir compte du fait que techniquement, certaines
primes ne sont payables qu'a terme echu. Dans le cas par exemple des contrats
de Responsabilite Civile des Chefs d'Entreprise, l'assiette de prime n'est
connue avec exactitude qu'en fin d'exercice. L'assure verse alors une avance
appelee prime provisionnelle qui peut etre regularisable a la hausse ou a la
baisse. En cas de revision a la hausse, le probleme de recouvrement de prime
complementaire peut se poser surtout si le client ne renouvelle pas le
contrat.
De meme, en raison de la clause d'ajustement qui figure
souvent dans les contrats d'assurance maladie, l'assure peut rester debiteur
d'une portion de prime au titre de l'exercice ecoule. En effet, si sa
consommation excede un niveau fixe par ladite clause, il est tenu de verser un
complement de prime en fin d'exercice.
D'une maniere generale, le problème des
impayés peut surgir dans tous les cas oil la prime est
régularisable a la hausse en fin d'année de
souscription.
II. Causes relevant de la decision de l'assureur
L'assureur est celui a qui revient en dernier ressort la
decision d'accorder ou non un delai de paiement. Il existe plusieurs raisons
permettant d'expliquer pourquoi l'assureur peut etre amene a differer
l'encaissement de la prime d'un contrat d'assurance.
Nous commencerons par l'examen des instruments d'octroi de
facilites de paiement a la clientele.
On en distingue trois (3) essentiellement.
· L'acompte
Le souscripteur ne gocie avec le producteur2 ou le
superieur hierarchique de ce dernier pour ne payer qu'une portion de prime
(acompte) a l'emission du contrat, le reste devant etre liquide suivant un
echeancier bien determine, d'accord parties. Il s'agit en general d'un delai
d'un (1) mois accorde au souscripteur pour solder son compte. Cette pratique se
traduit en assurance automobile par exemple par la remise d'une attestation
provisoire d'un (1) mois au client, l'attestation definitive etant subordonnee
au paiement du solde du.
· La facture
Elle est principalement delivree dans le cadre des contrats a
tacite reconduction d'une part, et aux personnes morales dont les procedures de
decaissement exigent un certain nombre de pieces (dont la facture) sans
lesquelles aucun paiement n'est possible, d'autre part. Le producteur est donc
oblige d'emettre la police, de l'envoyer au souscripteur avec la facture pour
en reclamer le paiement. Ce mode est tres proche du paiement par acompte en ce
sens que le producteur etablit une attestation provisoire d'un mois (pour
certains assures) et accorde generalement au souscripteur le meme delai pour le
reglement de sa facture. Il differe du paiement par acompte, car aucune portion
de prime n'est exigee du souscripteur.
2 Personnel administratif charge de la redaction des
contrats d'assurance et de l'accueil de la clientele
· Le cheque postdate
Le client paye a la souscription du contrat par un cheque qu'il
ne sera possible d'encaisser qu'a une date ulterieure a la date de souscription
du contrat.
Tels sont les principaux modes d'octroi de facilites de paiement
a la clientele et qui ouvrent la voie aux impayes.
D'un autre cote, la volonté d'accroitre son
chiffre d'affaires conduit parfois l'assureur a ceder a la demande de
facilites de paiement faite par son client, quitte a percevoir a la
souscription, un acompte sur le montant global de la prime a payer.
La decision d'accorder des facilites de payement a l'assure
peut resulter d'une manoeuvre concurrentielle en vue de
s'accaparer la clientele qui ne dispose pas immediatement du montant requis a
la souscription du contrat.
Du cote de l'assureur (a la difference d'une entreprise de
vente de biens) le caractère immatériel de sa
garantie lui permet en apparence d'octroyer plus aisement des credits a la
souscription sans craindre pour autant une rupture de stock.
La complaisance des producteurs
vis-à-vis de leurs relations personnelles (parents, amis etc.) est e
galement a prendre en compte.
Une des causes qui favorisent les impayes, est aussi
le manque de suivi des dossiers (faute de n'avoir pas pris
assez de contacts pour retrouver le client) ainsi que l'insuffisance des
garanties de remboursement.
Résumé :
L'existence des impayes et la realite de la pratique des
delais de paiement sur le marche beninois des assurances ne sont plus a
demontrer. En effet, le taux d'impayes annuel a la NSIA Benin avoisine les 24%.
Quant au recouvrement, il peut s'echelonner sur 5 ans. Par ailleurs, les
produits de responsabilite civile generale et de transports sont
particulierement concernes par les impayes.
A l'origine de cet etat des choses, on recense differentes
causes incombant aussi bien a l'assureur qu'aux autres intervenants du
domaine.
La problematique des impayes ayant ete ainsi posee, il convient a
present d'en aborder les consequences et d'en explorer les approches de
solutions.
Le contrat d'assurance revet un caractere onereux. Aussi, le
paiement de la prime est-il d'une importance capitale pour son execution. Dans
cette deuxieme partie, l'explication de quelques bases fondamentales du
fonctionnement des assurances nous permettra de mettre en lumiere l'essentiel
des consequences du non paiement de la prime pour chacune des parties au
contrat. Puis nous aborderons le point final de ce travail : au vu des
differentes strategies deja mises en ceuvre pour resorber le volume des
impayes, nous proposerons des approches de solution valables aussi bien pour
l'entreprise, que pour l'ensemble des acteurs du marche.
DEUXIEME PARTIE :
Conséquences des impayés de prime
d'assurance et approches de solutions
Chapitre I : Consequences des impayés de prime
d'assurance
Le contrat d'assurance est un contrat synallagmatique. Il est
par consequent a obligations reciproques. L'assureur s'engage a indemniser son
client en cas de realisation du risque prevu au contrat ; tandis que
l'obligation de l'assure consiste dans le paiement en une ou plusieurs fois
d'une certaine somme d'argent appelee prime (article 12 1 ° du code CIMA).
La prime peut se definir comme etant « la somme que doit payer l'assure en
contrepartie de l'engagement de l'assureur de prendre en charge le risque
». La prime totale incorpore :
· La prime pure : c'est le coiit
probable du risque garanti par l'assureur, eu egard aux techniques de
l'assurance et aux lois de la statistique. Elle correspond au besoin net de
l'assureur pour couvrir le risque.
· Les chargements : ils comprennent les
chargements d'acquisition (commissions aux intermediaires d'assurance) et les
chargements de gestion (frais d'etablissement du contrat et frais de
gestion).
· La taxe d'assurance qui correspond
aux frais d'enregistrement du contrat.
Parce que le paiement de la prime est capital, les
repercussions de la pratique des impayes d'assurances se font ressentir sur le
groupe des assures d'une part et sur la gestion financiere des societes
commerciales d'assurance de dommages d'autre part.
Section I : L'impact sur le groupe des assures
Le non-paiement de la prime par quelques membres quelconques
de l'ensemble des assures peut avoir des consequences sur tout le groupe en
portefeuille chez un meme assureur ; y compris les membres qui se seraient
regulierement acquittes des sommes dues a l'assureur.
Car, chaque assure evolue au sein d'une mutualite ; la
mutualisation des risques etant un des principes a la base de la technique
d'assurance.
I. Fonctionnement de la mutualite
Pour mesurer l'impact du non-paiement de la prime d'assurance
sur l'execution du contrat, il s'avere necessaire de revenir sur quelques
notions de base en assurance.
Il y a assurance lorsque des personnes susceptibles de subir
un evenement dommageable pour elles, se groupent pour constituer une epargne
commune en vue d'aider celles qui seraient frappees par la survenance de
l'evenement redoute. Ainsi, il existe une solidarite entre les membres du
groupe. Cette solidarite est a l'origine du principe de mutualisation qui regit
le fonctionnement des assurances. On parle de mutualite.
« La mutualite est un systeme de solidarite sociale
fonde sur l'entraide reciproque de personnes qui se cotisent au sein d'un
groupe. Il importe de noter que l'assureur ne peut se contenter de traiter avec
un seul assure. Il se livrerait plutôt a un pari.
En effet, il ne percevrait qu'une faible somme d'argent et
s'engagerait eventuellement a verser une tres forte prestation. Il y aurait un
simple deplacement du risque. Quant a l'assure ainsi couvert, il s'exposerait a
un nouveau risque, celui de l'insolvabilite de l'assureur. » 3
Pour eviter ce danger a l'assure, l'assureur rassemble un
certain nombre de risques de même nature avec la conviction (basee sur
des donnees rationnelles) que tous ne se realiseront pas au cours de la periode
d'assurance. Les primes ou cotisations versees par les assures serviront a
dedommager ceux dont les risques se seraient realises (c'est la repartition des
primes). Dans le groupe ainsi constitue, certains membres contribuent au
reglement des sinistres des autres». L'assureur table donc sur les primes
payees par chaque assure et dont le montant a ete suffisamment evalue pour
faire face aux sinistres. Le non-paiement des primes par les assures met donc
en peril la mutualite.
3 Egouleti MONTECHO : Generalites et bases
techniques, IIA, CIMA.
II. Les consequences pour la mutualite
Le non-paiement des primes par les assures est une menace
pour la mutualite. En consequence, en cas d'impaye, même partiel,
l'equilibre de la mutualite est menace dans la mesure oil la masse des primes
collectees par l'assureur devient insuffisante pour compenser les sinistres qui
surviendraient, conformement aux lois de la statistique, au cours de la periode
d'assurance. De plus, l'insuffisance de provisions est egalement un facteur de
risque pour la mutualite.
En effet, pour leur permettre de tenir leurs engagements
vis-à-vis de leurs assures et beneficiaires de contrats d'assurances,
les entreprises d'assurances sont tenues de constituer des provisions
techniques4. Les plus importantes en I. A.R.D a savoir : la
provision pour risque en cours et la provision pour sinistre a payer sont
constituees a partir des primes.
L'impact sur les assures se situe donc a plusieurs niveaux
d'abord au niveau de la mise en oeuvre de la repartition des risques. Puis au
niveau de la cadence des reglements.
En consequence, l'assurance perd son sens puisque l'assureur
n'est plus en mesure d'honorer pleinement ses engagements. La cadence des
reglements et la qualite des prestations vont baisser au grand desavantage de
la mutualite, notamment des assures sinistres.
Section II : Impact sur la gestion financiere de
l'entreprise
Le non-paiement des primes par l'assure fait planer un risque
non seulement sur l'execution du contrat d'assurance, mais aussi sur la vie de
l'entreprise d'assurance. Le danger couru par l'entreprise en cas de
non-paiement des primes
4
Engagements reglementes ou encore sommes mises en reserve par
les assureurs pour faire face a leurs obligations.
d'assurance decoule non seulement de l'importance du plein de
retention mais aussi de l'importance des produits financiers pour la
compagnie.
I. Les difficultes de tresorerie
« Encore appele plein de conservation, le plein de
retention est defini comme etant la somme maximale qu'une societe peut accepter
de conserver pour son propre compte sur un risque de maniere a ce que sa
probabilite de ruine reste la plus faible possible ; ou encore, le montant
qu'une compagnie peut se permettre de risquer dans tout sinistre ».
Le plein de retention est fonction de plusieurs facteurs a
savoir :
· Les fonds propres de la societe : mais l'entreprise ne
puisera dans ses fonds propres qu'en cas de necessite extreme.
· Le chargement de securite qui vient en augmentation des
fonds propres chaque annee.
· Le nombre de risques souscrits : toutefois, il s'agit
plutot de l'importance des risques souscrits car, pour que l'assureur conserve
un montant eleve de prime, il faut surtout que le montant des primes payees
soit eleve.
· La politique generale de l'entreprise : elle constitue
une donnee peu rationnelle pour la determination du plein de retention.
En definitive, l'element determinant du plein de retention de
la compagnie d'assurance reste le niveau des encaissements. En effet, le plein
de retention augmente avec le volume des encaissements.
Il est important de savoir que, en raison de l'inversion du
cycle de productions, l'assureur est tenu de fixer son plein de
retention avant meme le debut de son activite. Une fois fixe, il ne prendra en
charge que les risques qui lui seront
5 Principe qui decrit le fait qu'en assurance,
l'assureur vend un produit dont il ne connait pas le prix de revient, puisqu'il
ne peut determiner a l'avance l'existence et le montant des sinistres a
venir.
proposes dans la limite du plein de retention fixe et ceci
pour pouvoir couvrir les sinistres. Si par la suite, les encaissements ne sont
pas a la hauteur des previsions faites, l'assureur se retrouve dans des
difficultes de tresorerie. Il peut meme etre menace de ruine en cas de
sinistres tres importants, quand bien meme le risque aurait ete reassure.
En outre, la prime ne permet pas uniquement de regler les
sinistres. Elle permet a l'assureur de couvrir les charges aussi bien
techniques que d'exploitation de son activite.
II. Le manque a gagner
Le manque a gagner induit par le non-paiement des primes se
comprend aisement dans la mesure oil la prime de la compagnie commerciale
d'assurance comprend une marge qui permet a l'entreprise de realiser un
benefice, de constituer des reserves ou de remunerer les actionnaires.
Les impayes generent en outre un chiffre d'affaires fictif
parce que la compagnie doit annuler les emissions non recouvrees apres un
certain temps. On parle dans ces cas de mise en contentieux du contrat qui est
considere comme annule. Il y a lieu alors pour l'assureur de constituer, sur le
plan comptable, des provisions pour impayes afin de compenser le chiffre
d'affaires fictif par un chiffre d'affaires reel et combler ainsi la perte due
a la mise en contentieux du contrat ; ce qui n'est pas chose aisee.
Le tableau ci-apres permet de visualiser le chiffre d'affaires
supplementaire a realiser en cas d'impayes.
Tableau 5 : Chiffre d'affaires
supplémentaire a réaliser en cas d'impayés
|
I MPAYES EN MILLIERS DE FRANCS CFA
|
Marge Bénéficiaire
|
1 000
|
2 000
|
5 000
|
10 000
|
20 000
|
50 000
|
100 000
|
1%
|
100. 000
|
200. 000
|
500. 000
|
1. 000. 000
|
2. 000. 000
|
5. 000. 000
|
10. 000. 000
|
2%
|
50 .000
|
100. 000
|
250. 000
|
500 .000
|
1. 000. 000
|
2. 500. 000
|
5. 000. 000
|
6%
|
16. 667
|
33. 333
|
83. 333
|
166. 667
|
333. 333
|
833. 333
|
1. 666. 667
|
10%
|
10. 000
|
20. 000
|
50. 000
|
100. 000
|
200. 000
|
500. 000
|
1. 000. 000
|
12%
|
8 .333
|
16. 667
|
41. 667
|
83. 333
|
166. 667
|
416. 667
|
833. 333
|
20%
|
5 .000
|
10. 000
|
25. 000
|
50.000
|
100. 000
|
250. 000
|
500. 000
|
|
Source :
www.lerecouvrement.com/resultat.html
Par exemple, si le taux de marge beneficiaire est de 12 %, un
impaye de 5 000 000 F CFA ne sera compense que par un chiffre d'affaires
supplementaire de 41 667 000 F CFA. Plus la marge est faible et plus il sera
difficile de compenser cet impaye par un chiffre d'affaires supplementaire.
D'ou le manque a gagner en cas de non recouvrement des impayes.
Par ailleurs, les placements constituent une des activites
principales des compagnies d'assurances qui sont considerees comme des
investisseurs institutionnels. De ce fait, elles ont l'obligation d'effectuer
des placements financiers dont les rendements viennent ameliorer les resultats
techniques de l'entreprise et compenser les eventuelles pertes. Cette
obligation d'effectuer des placements a ete imposee aux entreprises
d'assurances pour assurer leur solvabilite en les aidant a fructifier la masse
des primes collectees de maniere a ce qu'elle soit toujours suffisante pour
regler les sinistres. Or, en cas d'impayes, l'entreprise se retrouve en manque
de liquidite et ne peut plus honorer le principe de dispersion des placements ;
principe qui revient tout simplement a dire que l'assureur ne doit pas o mettre
tous ses ceufs dans le meme panier ».
En effet en l'absence de liquidite, il devient difficile pour
l'assureur de tirer profit des placements financiers.
En consequence, on note une perte des interets que ces fonds
auraient pu rapporter s'ils avaient fait l'objet de placements. Or les
resultats financiers font la force de l'entreprise et peuvent combler un
eventuel deficit au niveau des resultats techniques. De plus, du fait de
l'indexation des prix, la prime qui aurait due etre pergue aujourd'hui mais qui
est encaissee plus tard n'a plus la meme valeur. Elle est depreciee.
Aujourd'hui, a la NSIA Benin, la situation des impayes est devenue assez
preoccupante. C'est la raison pour laquelle nous allons nous pencher sur les
approches de solution.
Chapitre II : Les approches de solutions
L'etude de la situation ainsi que des causes des impayes a la
NSIA Benin nous a permis de comprendre que le probleme des impayes a la NSIA
Benin comportait deux enjeux : rentrer en possession des creances sur les
clients et reduire pour l'avenir le taux des impayes tout en conservant une
politique commerciale attractive.
Pour mieux apprehender les approches de solutions a ce
probleme, nous commencerons par un bref etat des lieux des approches de
solutions telles qu'elles ont ete envisagees par le legislateur CIMA, et telles
que pratiquees a la NSIA Benin ; ensuite, nous emettrons quelques suggestions
pour contribuer a l'amelioration de la gestion des impayes.
Section I : Etat des lieux des approches de
solution
Aussi bien au niveau de la legislation en vigueur qu'au niveau
de l'entreprise il existe deja des strategies de recouvrement des arrieres de
prime.
I. Procedure du code CIMA
Comme nous l'avons dit precedemment, le code CIMA n'a pas
envisage la possibilite d'impaye lors d'une premiere souscription. A ce titre,
la prime est payable d'avance. Toutefois, en ce qui concerne les contrats a
tacite reconduction l'assureur est autorise a renouveler de maniere automatique
le contrat deja en portefeuille. Ainsi donc, un probleme d'impaye peut se poser
a ce niveau lorsque l'assure tarde a payer sa prime. Par ailleurs, le probleme
se pose egalement dans le cas des contrats souscrits par le biais des courtiers
en assurance quand ceux-ci tardent a reverser les primes a la compagnie.
Dans ces deux cas de figure, le code CIMA a trace la voie a
suivre pour une regularisation rapide et satisfaisante de la situation.
1- Cas des contrats a tacite reconduction
L'article 13 du code CIMA enonce une procedure imperative et
en trois etapes a suivre par l'assureur en cas de non- paiement d'une prime ou
d'une fraction de prime.
Cette procedure commence par la mise en
demeure adressee au souscripteur dix (1 0) jours apres l'echeance du
paiement de sa prime, suivie d'une suspension de garantie en
cas de non-paiement trente (3 0) jours apres, a dater de la mise en demeure et
finit par la possibilite de resiliation laissee a
l'appreciation de l'assureur apres une periode de dix (1 0) jours a compter de
la suspension.
L'assureur a donc la latitude de resilier le contrat et
d'exercer une action contentieuse pour le recouvrement de la portion de prime
relative a la periode deja courue par le contrat. Il s'agit la d'une
opportunite a saisir par l'assureur au risque de voir galoper sa masse
d'impayes.
Ainsi, lorsque la procedure de mise en demeure est
enclenchee, elle aboutit soit a un recouvrement amiable ou contentieux des
primes dues, soit a la resiliation des polices concernees. Dans tous les cas,
elle aboutit a l'assainissement du portefeuille de l'assureur, c'est-a-dire a
la reduction du volume des impayes par encaissement effectif de la prime, par
resiliation ou par pure annulation. La NSIA Benin ne recourt pas souvent a
cette procedure et ce, pour des raisons commerciales: peur de mecontenter la
clientele et de la perdre au profit d'une concurrence prete a se montrer plus
conciliante. Pourtant, les assureurs gagneraient a respecter scrupuleusement et
de maniere unanime la reglementation du code CIMA pour un assainissement du
marche beninois d'assurance et une plus grande credibilite des compagnies
d'assurances.
2- Cas du recouvrement des primes par les
courtiers.
Le chapitre IV du titre 3 du livre 5 du code CIMA edicte un
certain nombre de dispositions relatives a l'encaissement des primes par les
courtiers. Entre autres dispositions, on peut retenir :
· L'interdiction faite aux courtiers et aux societes de
courtage d'encaisser des primes ou des fractions de primes, sauf accord express
de la compagnie d'assurance (article 541 alineas 1er)
· L'interdiction de retenir le montant de leurs commissions
sur les primes encaissees (article 541 alineas 2)
· Le delai de 3 0 jours impose aux courtiers et societes de
courtage pour le reversement des primes collectees (article 542)
· Le delai de 3 0 jours impose egalement aux compagnies
d'assurance pour le paiement des commissions dues a cette categorie
d'intermediaire sur les primes encaissees (article 544).
Toute infraction aux dispositions citees ci-dessus par les
courtiers et les societes de courtage est assortie d'une amende allant de 5 00.
000 F CFA a 1.5 00. 000 F CFA.
Telles sont les procedures prescrites par le code CIMA.
Examinons sans tarder la pratique a la NSIA Benin.
II. Pratiques a la NSIA Benin
En ce qui concerne les usages en matiere d'impayes a la NSIA
Benin, la situation actuelle permet de juger de leur faiblesse ainsi que de
leurs insuffisances. Mais depuis peu et a cause de l'ampleur prise par le
probleme des impayes; de nombreuses ameliorations ont ete apportees a ces
strategies pour a la fois limiter l'octroi de facilites de paiement et
recouvrer les impayes de la compagnie.
Au moment oil nous faisons cette etude, il n'est pas encore
possible de quantifier l'impact de ces ameliorations sur la situation des
impayes a la NSIA Benin.
L'etude des procedures de recouvrement propres a la NSIA Benin
comportera donc deux volets : le premier sera consacre a la presentation du
systeme de gestion des impayes et le second aux ameliorations apportees a ce
systeme.
1- Presentation du systeme de recouvrement a la NSIA
Benin
Dans ses rapports avec la clientele, la NSIA Benin a opte pour
une approche amiable. C'est pourquoi le travail de relance est confie de
preference a la personne qui a ete en contact direct avec le client ou qui a
emis le contrat a credit. Il peut s'agir d'un intermediaire (commercial, agent
general, courtier) ou d'un charge de production.
L'un des points forts du systeme de recouvrement de la NSIA
Benin est son logiciel metier qui permet de tirer l'etat des polices impayees
periodiquement par souscripteur et par point de vente. A partir de la, il
revient a chaque point de vente de relancer son client a l'approche de
l'expiration du delai accorde pour le reglement de la prime, le moyen
privilegie de relance etant l'ecrit. La compagnie dispose donc de la
possibilite de rediger des lettres de relance a la fois automatisees et
personnalisees.
En second recours, lorsque la lettre de relance est restee
sans suite, la personne en charge du recouvrement peut entrer en contact
telephonique avec l'assure. Il ne s'agit pas d'une procedure rigide, en effet
nous avons pu constater qu'une grande liberte de manoeuvre etait laissee a
chaque recouvreur.
La Direction Administrative et Financiere (DAF) est fortement
impliquee dans le suivi des impayes. Parallelement aux relations permanentes de
la DAF avec les Directions Techniques (Directions commerciales et du courtage),
le Directeur
Administratif et Financier dresse tous les 15 jours une
situation des impayes qui sera envoyee aux Directions Techniques. A cela
s'ajoute une liste des plus gros debiteurs. Une semaine plus tard, les
Directions techniques attestent de la realite des creances et du niveau de
recouvrement. Deux semaines plus tard, la DAF effectue un nouveau point des
arrieres et le cycle recommence.
En ce qui concerne les agences generales, la situation des
impayes est tiree trimestriellement et au cours d'une reunion, l'attention des
promoteurs d'agences est attiree sur le montant des impayes. Notons qu'ici
egalement, en dehors de cette procedure cyclique, la compagnie reste en contact
permanent avec ses agences.
Lorsque le montant des impayes a franchi un certain seuil et
que la creance tarde a etre recouvree, Le Chef Bureau Direct, Le Directeur
Administratif et Financier et meme le Directeur General peuvent aller a la
rencontre du client et negocier un echeancier de paiement et, si le client est
un fournisseur de la societe, apprecier les possibilites de recouvrer la
creance par un systeme de compensation.
L'evolution des impayes a toutefois conduit la NSIA Benin a
effectuer une serie de reformes. Nous ne pretendons pas les connaitre toutes.
Aussi nous contenterons-nous de parcourir celles que nous avons pu observer.
2- Ameliorations en cours
Les reformes en cours a la NSIA Benin a propos des impayes
sont essentiellement liees a l'amelioration du logiciel de travail, a
l'amelioration du suivi des dossiers par les producteurs et a la suppression
pure et simple de certaines facilites de paiements.
L'une des nouvelles possibilites offerte par la version
amelioree du logiciel de travail Mercure est la possibilite d'obtenir l'etat
des impayes non plus seulement par point de vente, mais aussi par agent
commercial et par utilisateur du logiciel. Il n'est plus donc question de
rechercher la personne qui a emis le contrat a credit au niveau de chaque point
de vente. La situation des responsabilites est simplifiee, ce
qui peut reduire enormement les credits accordes par
complaisance du fait de l'obligation de rendre compte. De meme, le travail de
recouvrement devient plus organise et le suivi plus rapproche.
Concernant le suivi des dossiers impayes, on note une plus
grande implication de la Direction Commerciale a travers la mise en place d'un
suivi comparatif des emissions et des encaissements au jour le jour par le Chef
Bureau, un suivi hebdomadaire par le Directeur Commercial et un contrôle
mensuel du Directeur General lui-meme.
A propos de l'octroi des facilites de paiement, il a ete
decide de les supprimer totalement au niveau des particuliers. De meme, la
delivrance d'attestations provisoires pour les automobiles a ete
interrompue.
En vue d'ameliorer le suivi des paiements par acompte, le
bureau direct «Maro» a mis au point un nouveau type de factures dites
« à trois signatures ». A la difference de la facture
ordinaire, cette facture comporte aussi les signatures du commercial et du
souscripteur, le montant de l'acompte paye, ainsi que l'echeancier du solde a
payer. Cette facture est regulierement mise a jour au fil des paiements.
Section II : Suggestions
I. Suggestions a l'endroit de tous les acteurs du marche
des assurances
Au vu de tout ce qui precede, il apparait que le probleme des
impayes n'est pas insurmontable. En effet, en appliquant des a present et de
fagon scrupuleuse les prescriptions du code CIMA, le probleme des impayes de
prime se resumerait au recouvrement des arrieres puisqu'il ne serait plus
question d'accorder a nouveau des delais de paiement ; donc plus d'impayes sur
les nouvelles emissions de primes. Toutefois, il faut reconnaitre que veiller
au respect des prescriptions du code CIMA est une tCche qui incombe a la
Direction Nationale des Assurances.
Dans ce sens, elle pourrait effectuer un controle mensuel de
l'etat des impayes de toutes les compagnies afin d'obliger les assureurs a
regulariser leurs arrieres dans les delais prescrits.
L'ideal aurait ete que les compagnies se soumettent d'un
commun accord aux dispositions du code CIMA en matiere d'impayes. Cela
contribuerait a assainir davantage le marche beninois des assurances. En
l'absence de cet ideal, et au vu des raisons objectives qui motivent l'octroi
de delais de paiement aux assures, nous pensons que la suppression pure et
simple de l'octroi de toutes facilites de paiement a la clientele n'est pas
envisageable.
C'est pourquoi nous preconisons une entente entre les
assureurs en vue de la creation d'une centrale des risques. Les assureurs
pourront mettre en place cette centrale des risques qui permettrait entre autre
d'obtenir des renseignements sur le degre de solvabilite des clients. La base
de donnees ainsi constituee pourrait etre sous la responsabilite de la
Direction Nationale des Assurances.
Elle sera alimentee par les informations provenant des
differentes compagnies d'assurances sur les personnes physiques ou morales
detenant des impayes dans leurs livres. Les compagnies pourront avoir acces par
le biais d'un service d'information a ces donnees avant chaque nouvelle
souscription.
Il faudra aussi que la connexion a ce service d'information
soit securisee et, pour la rapidite du service, la plate forme devra etre
installee dans chaque compagnie d'assurance. Aux requetes formulees avec
precision la reponse devra etre simplement affirmative ou negative de maniere a
ne pas devoiler le compte client d'une compagnie concurrente. Cela permettra de
contraindre les mauvais payeurs a s'acquitter de leurs dettes quelle que soit
la compagnie oil ils se rendent, avant d'obtenir de nouvelles facilites de
paiement.
En dehors de toute action externe ou d'entente entre les
compagnies d'assurances, il existe d'autres approches de solutions a la
problematique des impayes qui peuvent etre mises en application en interne par
la NSIA Benin. C'est
ainsi qu'au regard de la pratique a la NSIA Benin, nous avons
retenu un certain nombre de mesures qui contribueront certainement a optimiser
la gestion des impayes a la NSIA Benin.
II. Suggestions applicables en interne a la NSIA Benin
1. Suggestions basees sur la selection des clients et
l'amelioration du suivi
En l'absence meme de toute entente entre les compagnies
d'assurances, il existe des voies pour reduire le volume des arrieres de prime
d'assurance tout en continuant d'accorder des delais de paiement aux assures.
En effet, il est imperatif pour la compagnie d'abaisser son taux d'impayes.
Pour cela, une selection objective des beneficiaires de delais de paiement et
un suivi rigoureux des impayes qui en decoulent doivent etre operes au
prealable.
Avant tout octroi de facilite de paiement, la prudence exige
que le charge de production soit en mesure de pouvoir retrouver l'assure. Pour
cela, il doit veiller a prendre toutes les coordonnees (adresses postales,
geographiques et telephoniques des lieux de travail et de domicile, adresse
electronique, numero de pieces d'identites, etc.) de l'assure et verifier leur
authenticite dans la mesure du possible. Dans le cas contraire, aucun delai de
paiement ne devrait etre accorde.
Lorsque le client demandeur de credit est venu par le biais
d'un commercial, il faudra s'assurer au prealable que ce dernier figure sur la
liste des commerciaux. S'il s'agit d'un apporteur libre, il devra
necessairement payer au comptant. Car si l'apporteur n'est pas repertorie dans
la base de donnees, il devient plus difficile par la suite de retrouver le
client.
La selection operee par la compagnie peut s'etendre aux
cheques emis par la clientele. Dans ce cas, la reception de cheques au niveau
de la caisse pourra etre limitee aux cheques diiment certifies (qui constatent
l'existence de la provision).
Pour ameliorer le suivi des impayes de primes d'assurances,
nous suggerons egalement la mise sur pied d'une unite qui etablira une
politique de suivi et de
recouvrement des impayes. Cette unite devra etre en etroite
collaboration avec les producteurs et pourra etre sous la responsabilite du
service d'audit et de controle de gestion. Ce service sera charge de mettre a
la disposition des producteurs de maniere periodique l'etat de leurs impayes,
de coordonner le recouvrement, d'en fixer les objectifs et d'intervenir en cas
de reticence du client. Il devra avoir les moyens d'agir aupres des clients de
fagon rapide et efficace sans attendre l'echeance des polices avant de
commencer a recuperer les fonds. Ce service pourrait en outre etre charge de
niveler le montant des impayes et de determiner les possibilites de
l'entreprise en matiere d'octroi de credit au vu de la sante financiere de la
compagnie et de veiller a la constitution d'un fonds de garantie permettant de
couvrir les engagements proportionnels aux eventuels impayes.
Le traitement automatise du recouvrement est possible par le
biais des logiciels informatiques expressement congus a cet effet. La compagnie
pourra y avoir recours de maniere temporaire, le temps de resorber la masse des
arrieres. De meme, a defaut de la mise sur pied d'un service de recouvrement
qui siegerait de maniere permanente, la compagnie pourrait avoir recours de
maniere temporaire a des cabinets de recouvrement ou aux huissiers de
justice.
Etant donne que les produits d'assurances o transports »
et o responsabilite civile generale » sont les plus concernes par les
impayes, il convient a l'entreprise de mettre un accent particulier sur leur
gestion.
Nous suggerons par ailleurs que l'usage des factures a trois
signatures soit etendu a tous les points de vente de la compagnie en
remplacement de la facture classique et utilise uniquement dans les cas ou
l'octroi de facilites de paiements est inevitable.
2. Suggestions de mesures d'accompagnement et de
sanctions
Pour accompagner ces mesures de selection et de recouvrement,
nous proposons a l'entreprise d'adopter un bareme souple en matiere
d'assurances de courte duree ; notamment pour adoucir les mesures de
suppression des attestations
provisoires en assurance automobile et d'octroi de facilites
de paiement aux particuliers.
Le but du nouveau tarif sera de permettre aux producteurs de
moduler la duree du contrat en fonction du montant de prime que l'assure sera
dispose a payer immediatement.
Il faudra en outre penser a sensibiliser les charges de
production a la technique d'assurance et a ses implications, notamment en
matiere de paiement de prime. Il reviendra ensuite aux charges de production
d'ameliorer la preparation et l'organisation des relances pour de meilleurs
resultats.
L'instauration de penalites de retard sur les impayes : le
recouvrement des impayes engage des frais. La NSIA Benin doit faire supporter
ces frais par les assures debiteurs. Pour ce faire, des penalites de retard
devraient etre instituees pour tout impaye. Cela decouragerait les personnes
physiques ou morales qui pourraient etre tentees d'accumuler des impayes et
permettrait a la compagnie d'alleger les charges dues au recouvrement. De meme,
une majoration des acomptes de prime de maniere a reduire la perte eventuelle
en cas d'impaye en cas de delais de paiement peut servir de mesure
dissuasive.
En effectuant l'analyse statistique des impayes de la NSIA
Benin, nous avons pu comprendre que les intermediaires (commerciaux, agents
generaux et courtiers) participent pour une large mesure au chiffre d'affaires
de la compagnie. Si la compagnie veut trouver une issue a la situation de ses
impayes de primes, elle doit sans aucun doute focaliser ses efforts sur la
formation et l'information de ses principaux distributeurs.
CONCLUSION GENERALE
Au terme de notre etude, il ressort que le probleme des
impayes est une realite sur le marche beninois des assurances, en temoigne le
cas de la NSIA Benin. De fait, les impayes de prime d 'assurance constituent
une question dont la resolution preoccupe les dirigeants de cette structure.
En effet, les enjeux que soutend la problematique des impayes
de prime sont entre autres : la solvabilite et par consequent la credibilite
des societes d 'assurances aupres du public, mais aussi la protection des
assures et beneficiaires de contrats.
Cette protection des assures et beneficiaires des contrats d
'assurances, si chere au legislateur communautaire, l 'a conduit a etablir une
serie de procedures a suivre pour que les impayes de prime ne constituent pas
un obstacle au fonctionnement des societes d 'assurances. C 'est la raison pour
laquelle nous tenons a souligner encore une fois la necessite d 'une
application scrupuleuse, par les entreprises, des prescriptions du code CIMA,
dans la quete d 'une issue a la problematique des impayes.
Toutefois, il faut reconnaitre que la responsabilite du
probleme des impayes n 'incombe pas uniquement a l 'entreprise d 'assurances.
Elle est partagee par tous les acteurs du marche. Leurs actions conjuguees
contribueraient egalement a apporter une amelioration au phenomene. La prise en
compte des suggestions formulees dans cette etude devrait elle aussi apporter
une aide a la resolution du probleme.
Pour notre part, ce travail nous a introduit a la lecture et a
l 'interpretation de quelques documents comptables. En outre, le sejour en
entreprise nous a permis de confronter nos connaissances theoriques aux
realites du marche, d 'exercer notre esprit a l 'analyse et a la critique.
Reconnaissant les limites de cette oeuvre, nous notons qu 'il
aurait ete enrichissant pour l 'etude d 'avoir observe comparativement
plusieurs cas d 'entreprise. Par ailleurs, au niveau du ciblage des produits
les plus concernes, avec un meilleur acces aux chiffres de l 'entreprise, nous
aurions pu approfondir l 'analyse de maniere a obtenir le profil du mauvais
payeur. Nous aurions ainsi contribue a la selection et a l 'application des
mesures repressives par rapport aux delais de paiement.
La reticence des entreprises par rapport aux mesures
repressives en matiere de delais de paiement s 'explique en partie par la
crainte de voir apparaitre une nouvelle entrave a la promotion des produits,
sur un marche rendu difficile par le defaut de culture des assurances. La
question se pose alors de savoir comment developper la culture des assurances
au Benin. Il urge de rendre les specificites des assurances accessibles au
public afin de faciliter l 'application, par les entreprises, de la legislation
en vigueur.
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES ET SITES WEB CONSULTES :
OUVRAGES SPECIALISES :
Egouleti MONTECHO : Generalites et bases
techniques, IIA, CIMA, 2 004.
James LANDEL, Martine CHARRE-SERVEAU : Lexique
des termes d'assurance, Editions l'Argus de l'assurance, 2 004.
MEMOIRES :
Lie BOKOSSA : les etats statistiques CIMA :
outils d'analyses de l'equilibre technico -- financier des societes
d'assurances, cas des compagnies dommages, annee academique 2 000-2 002
Marlene GOUTONDJI : Gestion des impayes dans une
compagnie d'assurance dommage : cas de la NSAB, annee academique 2 004-2 005
LEGISLATION :
Code des Assurances des etats membres de la CIMA, Editions FANAF,
2 007.
SITE WEB :
www.lerecouvrement.com/resultat.html
TABLE DES MATIERES
DEDICACES I
REMERCIEMENTS. II
SOMMAIRE. III
LEXIQUES. IV
AVANT-PROPOS. V
INTRODUCTION GENERALE. 1
PREMIERE PARTIE : Analyse de la problématique des
impayés de primes d'assurances à la NSIA Bénin
CHAPITRE I : ETAT DES IMPAYES DE PRIMES D'ASSURANCES DE LA NSIA BENIN
4
Section I : Analyse globale des impayés de la
compagnie 4
I. Définitions 4
II. Niveau d'encaissement des primes 5
Section II : Cartographie des impayés
8
I. Réseaux de distribution en cause.
8
II. Ciblage des produits les plus concernés
11
CHAPITRE II : SOURCES DES IMPAYES A LA NSIA BENIN
13
Section I : Causes liées au contexte d'exercice
de l'activité d'assurance 13
I. Causes observées au niveau de la
clientèle 13
II. Causes observées auprès des autres
intervenants 15
du domaine
Section II: Causes particulières à la
société d'assurance 16
I. Causes liées à la technique des
assurances 16
II. Causes relevant de la décision de l'assureur
16
Résumé 19
DEUXIEME PARTIE : Conséquences des impayés
de prime d'assurance et approches de solutions
CHAPITRE I : CONSEQUENCES DES IMPAYES DE PRIME
D'ASSURANCE 21
Section I : L'impact sur le groupe des assurés
21
I. Fonctionnement de la mutualité 22
II. Les conséquences pour la mutualité
23
Section II : Impact sur la gestion financière de
l'entreprise 23
I. Les difficultés de trésorerie
24
II. Le manque à gagner 25
CHAPITRE II : LES APPROCHES DE SOLUTIONS 28
Section I : Etat des lieux des approches de solution
28
I. Procédure du code CIMA 28
II. Pratiques à la NSIA Bénin
30
Section II : Suggestions 33
I. Suggestions à l'endroit de tous les acteurs du
33
marché des assurances
II. Suggestions applicables en interne à la NSIA
Bénin 35
CONCLUSION GENERALE 39
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES ET SITES WEB CONSULTES
42
TABLE DES MATIERES 44
ANNEXES
ANNEXE 2
RETARDS NETS1 PAR
RESEAU
|
|
2002
|
|
|
2003
|
|
|
2004
|
|
|
2005
|
|
|
2006
|
|
AGENCES GENERALES
|
222
|
488
|
283
|
365
|
176
|
102
|
307
|
782
|
091
|
544
|
378
|
429
|
421
|
585
|
829
|
BUREAUX DIRECTS
|
224
|
433
|
599
|
295
|
169
|
675
|
365
|
373
|
969
|
616
|
310
|
636
|
725
|
382
|
072
|
COURTAGE
|
253
|
527
|
531
|
258
|
113
|
799
|
274
|
030
|
835
|
477
|
675
|
855
|
826
|
688
|
333
|
TOTAL
|
700
|
449
|
413
|
918
|
459
|
576
|
947
|
186
|
895
|
1 638 364 920
|
1 973 656 234
|
EMISSIONS NETTES1 PAR RESEAU
|
|
2002
|
|
|
2003
|
|
|
2004
|
|
|
2005
|
|
|
2006
|
|
AGENCES GENERALES
|
|
833 573
|
818
|
1
|
013
|
006
|
497
|
1
|
032
|
395
|
884
|
1
|
120
|
023
|
965
|
1
|
140
|
480
|
379
|
BUREAUX DIRECTS
|
1
|
429
|
250
|
797
|
1
|
508
|
619
|
535
|
1
|
617
|
753
|
724
|
1
|
986
|
545
|
855
|
1
|
987
|
220
|
155
|
COURTAGE
|
1
|
047
|
100
|
401
|
1
|
006
|
145
|
049
|
1
|
196
|
674
|
645
|
1
|
515
|
334
|
697
|
1
|
927
|
811
|
242
|
TOTAL
|
3
|
304
|
098
|
301
|
3
|
527
|
771
|
081
|
3
|
846
|
824
|
253
|
1
|
120
|
023
|
965
|
5
|
055
|
511
|
776
|
Annexe I :
Les etats c9 2006 (global et par categorie)
Annexe II :
Extraits des bordereaux d'emissions et de retards nets