RÉSEAU SOCIAL D'ENTREPRISE :
DISCOURS ÉTHIQUE, ENTREPRISE NOUVELLE
?
Les outils RSE dernièrement apparus dans les
entreprises pourraient être la manifestation d'une évolution de
l'éthique dans le monde professionnel.
« L'Europe achève une étonnante,
éclatante et déplorable carrière, léguant au monde,
c'est a dire a la vie des êtres terrestres, le funeste présent de
la science positive... ~ (Paul Valéry, 1943)
Mémoire de fin d'études -
2012.
SOMMAIRE
POUR COMPRENDRE L'ETHIQUE 4
POUR COMPRENDRE LE MANAGEMENT 6
POUR COMPRENDRE LE DESIGN 7
ETHIQUE ET CITOYENNETE : TRANSFORMATION DE LA SOCIETE,
TRANSFORMATION DE
L'ENTREPRISE 9
Notre société qui change 10
Éthique et Responsabilité Sociale et
Environnementale 11
Le social comme concept novateur 12
Social et management 13
L'éthique comme concept porteur 14
Le design comme porteur de sens 15
POUR UNE APPROCHE INTERDISCIPLINAIRE 16
Le tryptique autour de l'éthique 18
Le management, pilier régulateur ou contrainte 21
Le design : optimiser la réussite ou contraindre
l'utilisateur 23
RSE : outil ou instrument ? 25
IBM, ORANGE, ALDES, ADIRA 26
Question d'éthique : contrôle du salarié,
performance et bonne conduite 28
La transformation du management : le manager, la gouvernance
31
Design de l'outil : en parlant des nouveaux usages 34
CONCLURE 37
Le RSE apparaît progressivement 38
L'outil n'est rien sans l'homme et les usages qu'il en fait
39
ANNEXES 41
REMERCIEMENTS 116
Intéressés par les TIC ou Technologies de
l'Information et de la Communication, nous souhaitions nous tourner vers les
enjeux mis en place par l'intégration d'outils TIC dans les
entreprises.
En faisant des recherches sur les différents outils,
nous nous sommes rendu compte que la plupart étaient
intégrés ou en cours d'intégration a un outil
centralisateur : le RSE ou Réseau Social d'Entreprise. Un outil qui
permettrait de gérer les communications, les échanges et la
diffusion d'information, de soutenir les projets, de gérer et
d'optimiser leur avancement a travers nombres de web part*
dédiés. Un outil qui repenserait l'environnement de
travail du salarié, non plus lié corps et âme
à un bureau ou autre lieu physiquement délimité, mais
enfin libre de transversalité numérique et physique.
Intéressés par la question de l'éthique,
plus précisément l'éthique d'entreprise, les droits et
devoirs de l'employeur et du salarié, nous avons pu découvrir un
discours porteur de nouvelles valeurs pour l'entreprise, a travers cet outil
révolutionnaire qui prendrait enfin en compte le
salarié comme citoyen d'une entité professionnelle, avec la
volonté de le positionner en tant qu'acteur indispensable au
développement et a la pérennité de l'organisation.
Il est donc légitime, dès le départ de
nos recherches, de nous demander si les préconisations et principes
éthiques, qui génèrent la mise en place du Réseau
Social d'Entreprise, qui revendique une certaine éthique, par
le discours et par la volonté d'innovation, sont légitimes et
légitimés par les actes. Le déploiement de ces
réseaux professionnels s'engage à réorganiser le travail
et ses principes managériaux autour d'un outil centralisateur.
Le RSE navigue-t-il, et dans quelle mesure, entre un discours
et une réalité équitable ? Est-ce un véritable
outil novateur et libérateur pour le salarié ? Celui-ci lui offre
t'il, enfin, la possibilité de s'émanciper de son rôle de
simple producteur de bénéfices ? Quelles sont les nouvelles
contraintes liées a l'outil et sont-elles si différentes des
contraintes classiques?
Notre démarche souhaite situer cette transformation du
travail par l'outil, dans la transformation sociétale actuelle,
formalisée par la Responsabilité Sociale et Environnementale (eh
oui, RSE aussi) que nous tenterons de décrire.
D'abord dans une perception nouvelle de la citoyenneté par
l'homme, ensuite dans la transformation des formes d'échanges
initiées par l'apparition des mécaniques du web 2.0.
Nous verrons que le management d'entreprise tente de se
redéfinir autour de ces nouvelles valeurs éthiques et citoyennes,
pour porter un discours de management plus ouvert, plus a l'écoute, qui
tend à valoriser chaque action du salarié et à mettre en
avant ses compétences tout autant que ses connaissances, liées
directement ou indirectement à sa profession.
Ainsi nous tenterons une approche interdisciplinaire de l'objet
RSE, a travers trois grands axes : l'éthique*, le management et
le design*.
Est-il possible que nous assistions aujourd'hui, a
travers l'évolution de notre société et du regard de
l'homme porté sur lui-même, à une évolution vers un
monde du travail plus éthique, plus humain, à travers des
principes managériaux nouveaux, dont le RSE est une résultante
directe en terme d'outil technique, support de la construction de ces
entreprises éthiquement responsables ?
POUR COMPRENDRE L'ETHIQUE
Il nous a été donné l'opportunité
de se saisir de l'ouvrage de Samuel Mercier qui s'est
exercé dans son livre L'éthique dans les
entreprises (2004) a formuler l'hypothèse d'une
éthique formellement différente quand il s'agit de
l'éthique globale (de la société occidentale dans laquelle
nous évoluons) ou de l'éthique d'entreprise (l'organisation
professionnelle dans laquelle nous travaillons).
Ainsi l'éthique, qui n'est pas la morale, a connu
différentes appropriations et son épistémologie
connaît plusieurs versions, de par les courants qui ont oeuvrés
à sa définition.
Vu comme une discipline de gestion, comme un courant
philosophique ou encore sociologique, comme une réflexion critique
transdisciplinaire, l'éthique est véhiculée
différemment selon les cultures occidentales.
La culture anglo-saxonne, très
procédurière, voit l'éthique comme un ensemble de lois,
propre à définir des situations clairement paramétrables.
La culture française n'attache pas de limites visibles a
l'éthique, d'oi une convergence beaucoup plus forte entre éthique
citoyenne et éthique d'entreprise.
Néanmoins nos entreprises nationales formalisent leur
charte d'éthique, ce qui donne naissance a des notions plus
éloignées comme la responsabilité sociale de l'entreprise.
Ainsi tout comme le fait Samuel Mercier dans son ouvrage, nous utiliserons le
terme social traduit du contexte anglo-saxon de la définition
du terme. «Il convient de noter que le terme anglo-saxon
«social» est plus large que son homologue en français
qui fait référence aux «partenaires sociaux» et non a
l'ensemble des partenaires concernés par l'entreprise et par ses
activités» (Mercier, 2004).
L'auteur nous invite a analyser différentes chartes ou
codes d'éthique et démontre les limites de ces conventions
éthiques formalisées, dans le sens où, bien souvent, les
textes constituent des directives précises pour le salarié,
beaucoup moins pour ceux qui le dirigent. Ceci contrairement à ce que
l'éthique défend comme fondamentale : l'équité
entre les parties concernées par la formalisation d'un code. Ainsi se
pose la question de la légitimité de ce que le RSE apporte comme
restructuration éthique de l'entreprise, celui-ci devant favoriser les
échanges transversaux, décloisonner les hiérarchies et
valoriser l'individu au même niveau que tous ses pairs, peu importe leur
grade hiérarchique.
Dans la deuxième partie de son livre, il permet de
clarifier le rôle des Ressources Humaines, qu'il rapproche des notions de
management, d'éthique, de gestion et de management des hommes,... Ainsi,
en listant toutes les missions RH et de management, (schémas p.70 et
plus largement p.72) nous pouvons remarquer que beaucoup de ces missions
reflètent des actions supportées par les outils RSE qui , de par
la nouveauté managériale qu'ils véhiculent, sont
censés amplifier la visibilité des principes de gestion
auprès de l'ensemble des salariés. Pour Mercier, «les
technologies de l'information et de la communication modifient la nature des
relations entre les acteurs» et de fait, dynamisent la définition
d'éthique. Il insiste sur le fait que «d'un point de vue
stratégique ou instrumental, l'éthique est
appréhendée comme un moyen en vue d'une fin qui est
l'amélioration de la performance de l'entreprise». Il conclut sur
l'idée qu'aucune preuve ne certifie que l'entreprise éthique est
plus performante qu'une autre et qu'il faudra donc s'appuyer sur le
schéma de réflexion inverse, c'est a dire de savoir si une
entreprise non-éthique freine sa performance.
Dans L'éthique des situations de
communication numérique, ouvrage réalisé
sous la direction de Serge Agostinelli (2005), nous nous
sommes intéressés spécifiquement au chapitre
dédié à L'éthique des TIC dans le
management des entreprises, réalisé par Claudine
Batazzi.
A travers son analyse, elle rejoint une partie de nos
questionnements et permet d'alimenter notre problématique en faisant
écho à certaines hypothèses.
Tout d'abord elle met en parallèle les TIC et
l'éthique, ce qui nous conforte dans l'idée que ces deux notions
ont un lien intrinsèque et que, même si elles semblent en
opposition, comme le suppose Batazzi au départ, elles ont
néanmoins le devoir de cohabiter puisqu'elles sont censées servir
ensemble salariés et employeurs. «Sans pour autant nous rallier a
certains praticiens qui assimilent l'éthique en entreprise exclusivement
comme un nouveau mode de management susceptible
d'accroître la rentabilité de l'entreprise ou
tout au moins son image ou sa notoriété, nous admettrons
aisément le caractère contingent de l'éthique. En effet
celle-ci est fortement dépendante du contexte socioculturel au sein
duquel elle évolue, s'inscrit inévitablement dans l'histoire des
entreprises a l'instar des TIC. Mais qu'en est-il de la mise en relation des
TIC et de l'éthique en entreprise ?» (Battazi, 2005). L'auteur
présente également le concept d'éthique numérique
qu'elle tend a décrire comme une notion naissante liée a
l'introduction des TIC dans l'entreprise.
Tout comme dans l'ouvrage de Mercier, Batazzi s'applique a
disséquer étymologiquement la notion d'éthique, tout comme
elle met en parallèle éthique, morale et même
déontologie. «C'est donc bien dans une acceptation pragmatique de
l'éthique que s'envisage l'usage des TIC dans le management des
entreprises même si les bases demeurent philosophiques» (Batazzi,
2005).
Les questions sur la possible fuite en avant des entreprises,
voulant lier management et éthique en entreprise que se pose l'auteur
peuvent trouver une réponse, du moins une piste de réponse dans
l'ouvrage Science du management : épistémique, pragmatique et
éthique, cité plus bas. En effet il paraît
évident que l'entreprise n'a d'autres objectifs que le profit et la
productivité. Partant de ce constat, ne doit-on pas considérer
qu'il y a des entreprises qui décident d'outrepasser toute logique
éthique et d'autres qui tentent, en respectant leur
nécessité de profit, d'impliquer leur organisation, à
travers leurs démarches, dans une logique de respect du salarié,
de formalisation des droits et devoirs de chacun par le biais d'une charte
éthique. De fait, cela permettrait à tous, de pouvoir se
positionner en instaurant des TIC en adéquation avec cette charte ?
D'ailleurs l'auteur dit «n'est-ce pas établir des conclusions
quelque peu hâtives que de nier toute sincérité dans les
réflexions éthiques des dirigeants d'entreprises (...) la langue
de bois managériale n'est qu'une façon commode de désigner
la pratique d'un discours dans lequel la forme et la communication l'emportent
largement sur le message a transmettre» (Batazzi, 2005).
POUR COMPRENDRE LE MANAGEMENT
A la lecture de Sciences du management :
épistémique, pragmatique et éthique (2007)
ouvrage coordonné par Alain-Charles Martinet, on
comprend mieux la notion de management, en tant que science, régie par
des règles qui préconisent certains types de comportement.
L'essence de l'ouvrage, recueil de textes, peut se
résumer par cette citation de Jean-Louis Lemoigne,
auteur du chapitre 2, Transformer
l'expérience humaine en science avec conscience : «
Dans cette étrange aventure de la connaissance que passionne et qui
passionne l'espèce humaine, les sciences de gestion ne sont-elles pas
aujourd'hui chargées d'une responsabilité particulière,
celle de l'exploration de ces confins dont les cartes n'ont pas encore
été établies ?». Entendons ainsi que sans le
management, l'entreprise court a sa perte, quelle qu'elle soit, que le
management a un rôle éducatif, conducteur, centralisateur qui ne
peut être remis en question. Les différents textes ont tous des
références philosophiques et sociologiques, avec des auteurs
comme Valéry, Crozier et Friedberg, Chatel, Comte-Sponville,...
Ce livre permet donc de comprendre les fondements du
management, ce pour quoi il est né et ce pour quoi il agit. Si l'on en
croit les différents écrits, Il faut donc considérer les
sciences du management comme non-établies uniquement dans un souci de
générer du profit en dirigeant avec intelligence des
groupes de personnes centrés autour d'une réalisation commune,
mais aussi comme une science permettant de mener la politique de
civilisation de nos sociétés, dans le sens d'une
régence intelligente des groupes d'individus, pour leur bien-être
ainsi que celui de leur environnement.
Transposé au monde de l'entreprise et a l'instauration
du RSE cette vision permet de comprendre l'essence des discours portant la
nécessité d'utiliser cet outil et de transformer les
organisations professionnelles dans leurs fondements, pour leur profit et celui
de leurs salariés. Il faut convenir d'un discours jusque là
positiviste et par les interviews que nous avons menées,
comprendre comment ce discours se justifie ou s'annule par l'analyse de retours
d'expérience.
POUR COMPRENDRE LE DESIGN
La lecture de l'ouvrage incontournable de Donald A.
Normann, The Design of Everyday Things
(1988), permet de comprendre rapidement et de manière holistique ce que
le design recouvre comme éléments a prendre en compte pour un
objet, qu'il soit matériel ou immatériel.
Ainsi l'ergonomie doit être tout autant
considérée que l'esthétique, le champ des usages doit
être balayé dans son entièreté,
l'intuititivité doit être considérée comme
telle et ne pas dépendre d'une phase d'adaptation ou d'apprentissage.
Pour Normann la technologie vient bouleverser la relation que l'on a a l'objet.
Elle vient le complexifier, parfois ou souvent inutilement, alors qu'elle porte
au contraire l'idée de simplification «the number of functions and
required operations exceeds the number of controls : the design becomes
arbitrary, unatural and complicated» (Normann, 1988).
Pour l'auteur, le concepteur ou designer se doit d'adopter un
positionnement face a l'objet qui lui permette de percevoir le plus
précisément possible l'écart entre les volontés de
l'utilisateur et les possibilités d'actions. Ne jamais faire croire a
l'utilisateur qu'il y a plus d'actions possible que celles réalisables
et toujours penser a expliciter chaque commande visuellement. Le champ
d'évaluation de l'utilisateur «the gulf of evaluation» doit
être au plus près similaire au champ d'exécution «the
gulf of execution».
Ainsi il faut toujours prendre en compte ces principes :
- Visibilité : L'utilisateur doit comprendre l'état
d'un objet et les possibilités d'interaction juste en le regardant.
- Un bon modèle conceptuel : cohérence dans la
présentation des actions et leurs résultats.
- Une bonne cartographie : pouvoir aisément
déterminer la relation entre les actions et leurs résultats,
entre les contrôles et leurs effets, entre l'état du
système et ce qui est visible de l'ensemble.
- Feedback : Pour chaque actions ou enchaînement d'actions,
l'utilisateur reçoit / perçoit de nombreux et complets
feedbacks.
Enfin Normann nous explique que l'inné et l'acquis de
l'utilisateur ne doivent pas être pris en compte mais qu'il faut savoir
faire naître un nouveau savoir subconscient inhérent à
lui-même, qui relève de l'intuition d'utilisation. Ainsi il faut
éviter de se référer a des connaissances bien
précises, déclaratives qui finissent par donner des modes
d'emploi interminables (et des temps de formation infinis, ndlr).
L'ouvrage Sciences du management :
épistémique, pragmatique et éthique (2007),
répond également à certaines de nos interrogations sur la
notion de design. Cette lecture permet de mettre en évidence le rapport
entre volonté, objectif et nécessité de représenter
par des modèles systémiques les procédés qui
permettent d'atteindre l'objectif, de porter la volonté.
Dans le chapitre 3, La nature des sciences de
gestion, écrit par Armand Hatchuel, il
est dit que la logique d'adhésion des salariés aux désirs
et critères de changements des entreprises passe par l'esthétique
des mécaniques affiliées à ces changements.
La question de l'opposition entre système organisationnel
et système collaboratif est posée, notamment par le prisme de
l'efficacité.
La prise en compte de l'individu en tant que tel est
posée, en opposition a l'idée reçue de devoir effacer
l'individu au profit du collectif. Collectif dirigé par un groupe
restreint, ce qui pose les fondations du design du RSE.
A la lecture du Livre Blanc Les usages du web 2.0
dans les organisations (2011) de Patrice Letourneau, Luc
Lespérance, Youni Shabah, Julian Gaudreault-Perron, nous
retenons d'abord cette citation dès l'introduction : « L'objectif
de ce document est d'abord d'informer et d'outiller le lecteur pour comprendre
les changements fondamentaux occasionnés par l'intégration
progressive des technologies web 2.0 au sein de la chaîne de valeur des
organisations publiques et privées. Loin d'être uniquement
technologiques, les défis liés a ces changements sont d'ordre
culturel,
organisationnel, managérial et, bien sûr, ils sont
liés également au développement de nouveaux usages
collaboratifs qui font appel a l'organisation même du travail ~.
P.16 et 17 de ce livre blanc, nous retrouvons la cartographie
des usages du web 2.0 qui peuvent être mis en parallèle avec les
actions des ressources humaines relatées dans le livre de S. Mercier. On
peut s'en servir pour rapprocher le travail de la formalisation de
l'éthique d'actions conventionnelles en entreprise et leur
continuité a travers l'instauration du RSE.
Ce livre blanc présente un benchmark sur les
différents outils réalisés par des entreprises comme
Innocentive, Imaginatik, sociétés qui mettent à
disposition des RSE en mode SaaS*, ce qui permet de mettre en avant les
principes fondamentaux que l'on retrouve dans les RSE aujourd'hui (messagerie,
chat, identité, lien vers l'externe, valorisation des actions,
management collaboratif,...), et la recherche d'un design qui tente de
s'universaliser et qui porte explicitement les «stigmates» des RSP ou
Réseaux Sociaux Privés (Facebook,
Twitter,...).
Nous trouvons dans cette ouvrage l'idée
d'intelligence collective qui peut aussi se traduire par le concept
d'innovation ouverte, qui tend à favoriser la valorisation des
individus (ou salariés) par leurs compétences, leurs actions et
non plus par leur position hiérarchique.
Ainsi dans l'accompagnement a l'instauration de l'outil RSE
dans l'entreprise, est préconisée la mise en place de groupes de
travail ou groupes d'innovation qui caractérise l'utilisation d'outil
comme le chat ou les groupes centrés autour d'un projet transversal,
contrairement aux cloisonnements par pôle de spécialité de
l'entreprise classique.
Le concept de Gamification est abordé.
Même si ce mot ou concept est, d'une manière certaine, remis en
question dans nombre de publications actuelles sur le web (on parle aussi de
New Social Learning, terme défendu par Tony Bingham et Marcia
Corner, 2011 ndlr), il décrit néanmoins l'influence des
mécaniques de jeu pour le design et le développement des
mécaniques d'usage des RSE. On le retrouve censément dans les
principes de valorisation des compétences (badges) ou encore dans la
codification des interventions des acteurs (je valide un commentaire en «
l'aimant ~, en le « montrant à tous ») ; on caractérise
des objectifs de production en terme de pourcentage de réalisation ce
qui, implicitement ou explicitement, met en place un système de
classement des salariés selon leurs taux de participation, de
réalisations d'objectifs,...
Il est important de s'intéresser a l'idée
soulevée qu'une entreprise installe un RSE aussi (surtout ?) pour mettre
en action plus aisément des processus parfois coûteux ou lourds en
terme de gestion humaine. La part de bénéfice pour le
salarié (éthique de gestion des collectifs) et la
nécessité de perfectionner la production globale de l'entreprise,
sont des enjeux qu'il est incontournable d'aborder.
Selon ces différentes analyses
littéraires, références de communication et de sociologie,
croisées avec la philosophie de Peter Sloterdijk qui portera ensuite nos
discussions, les outils RSE dernièrement apparus dans les entreprises,
pourraient être la manifestation d'une évolution de
l'éthique dans le monde professionnel.
Cette évolution de l'éthique
tiendrait-elle à l'outil lui-même - c'est-à-dire à
une dimension technologique -, à son adoption par les collaborateurs -
une dimension sociologique -, ou encore à la gestion du système
managérial ? Ces dimensions peuvent-elles cohabiter ? Quel est leur
équilibre au sein des 4 groupes que nous avons interrogés
?
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