CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
Le Burundi comme d'autres pays en voie de
développement, est entrain de mettre en oeuvre le programme
stratégique de réduction de la pauvreté. Après six
ans d'application de ce programme, des améliorations sont
déjà constatées au niveau des allocations
budgétaires en faveur des pauvres. L'état d'avancement des
réformes montre que les réalisations sont encourageantes en
matière de la mise en place des outils d'amélioration de la
gestion des finances publiques. Toutefois, le chemin à parcourir reste
long pour parvenir à un système de gestion des finances publiques
fiable, plus efficace, transparent en harmonisation avec le document
stratégique de réduction de la pauvreté.
A la question de savoir si la stratégie de
réduction de la pauvreté constitue une priorité dans la
planification budgétaire au Burundi, l'état de mise en
oeuvre du CSLP et les améliorations faites au niveau des allocations
budgétaires en faveur des pauvres montrent que la réduction de la
pauvreté fait partie des priorités du programme
général du Gouvernement. Le processus d'intégration de la
stratégie de réduction de la pauvreté dans le budget est
en cours et évolue au rythme d'avancement des réformes avec la
contribution des bailleurs. Les réformes de la gestion des finances
publiques constituent un passage obligé pour le Burundi pour passer
d'une économie d'un pays post conflit à un modèle
d'économie de développement et pour améliorer
l'accès aux services publics en faveur des pauvres.
Actuellement, la volonté du Gouvernement du Burundi se
manifeste par un engagement ferme en ce qui concerne la consolidation du budget
et de la comptabilité de l'État, la mise en place d'un
système informatique adapté à l'exécution du
budget, la confection des lois de règlement et l'harmonisation des
outils budgétaires et comptables avec le CSLP. Le Cadre des
Dépenses à Moyen Terme est en cours de finalisation pour donner
une vision de la planification à moyen terme et surtout pour assurer une
meilleure intégration entre les programmes et le budget. L'objectif
primordial est donc de mettre en oeuvre un système transparent et
performent de gestion des finances publiques qui s'appui sur les normes et
bonnes pratiques internationalement reconnues.
Du côté des dépenses, des efforts
d'ajustements ont été observés en termes de gestion
rationnelle des finances publiques pour dégager un espace fiscal pour le
financement de la reconstruction après autant d'années de guerre
civile. Des économies ont été dégagées
à partir de la compression des dépenses de l'armée (avec
la démobilisation) et de l'actualisation des
listes de paie du personnel de la Fonction Publique. Ces
économies ont sans doute produit un impact budgétaire en
finançant les dépenses en faveur des secteurs porteurs de
croissance (les investissements) et des secteurs sociaux (pro-pauvres).
Du côté des ressources, des efforts se
manifestent à travers la mise en place des structures de mobilisation
des ressources nationales comme l'office des recettes. D'autres structures ont
été créées pour la coordination de l'aide en
collaborations avec les bailleurs. La recherche d'un espace fiscal constitue un
grand défi pour trouver des ressources de financement durable surtout
pour un pays post conflit qui nécessite beaucoup de moyens pour la
reconstruction. Le désengagement de l'Etat dans la collecte des
impôts et taxes de douane pourra contribuer à la diminution du
taux élevé de corruption qui s'observe dans ces domaines.
Depuis l'introduction de l'approche de stratégie de
réduction de la pauvreté, les bailleurs de fonds ont
encouragé les pays en développement à utiliser un certain
nombre d'instruments techniques visant à améliorer
l'intégration de la planification et les processus budgétaires.
Le niveau d'avancement n'ayant pas été le même, le Burundi
a connu des retards significatifs par rapport aux autres pays africains en
général et ceux de la communauté est-africaine en
particulier. Le Burundi devrait donc profiter de l'expérience
avancée des pays de la sousrégion (comme l'Ouganda, la Tanzanie)
en matière de réformes.
Nous recommandons au Gouvernement du Burundi de poursuivre
l'engagement pris pour la réforme de la gestion de finances publiques et
de trouver solution aux différentes contraintes qui s'expriment au
niveau des services techniques. Le Ministère des Finances devrait
redoubler d'efforts pour compléter les fonctionnalités manquantes
du système SIGEFI et de renforcer les capacités des utilisateurs.
Pour corriger les écarts qui se dégagent au niveau de
l'exécution du budget, un système de rapprochement doit
être instauré entre les données de la Redditions des
Comptes et celles du Département du Budget. La communication entre les
systèmes informatiques existants (BRB, CNCA, les services techniques des
Ministères des Finances et de la Planification) doit être
renforcée pour constituer une base unique de données
budgétaires et comptables. Avec l'assistance technique et
financière des bailleurs de fonds, nous ne doutons pas que le Burundi
réussira la mise en oeuvre des programmes de croissance
économique et de réduction de la pauvreté.
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