2.2. Flux de l'aide au Burundi
Suite aux effets de la crise sociopolitique au Burundi, l'aide
publique au développement a sensiblement diminué depuis 1993. En
effet, pendant la période de la guerre civile, l'aide a continuellement
baissé mais a aussi changé de nature, passant de l'aide au
développement à l'aide humanitaire. En 1997 par exemple, 62 % du
montant de l'aide ont été consacrés à l'assistance
humanitaire (République du Burundi, 2001). La plupart des bailleurs
qui
soutenaient le Burundi ont suspendu les financements. La
Banque Mondiale, avec des fonds sensiblement diminués, est restée
dans le cadre du projet d'appui au développement du secteur
privé. Cette diminution de l'aide extérieure a eu comme
conséquence l'instabilité macro-économique du Burundi dont
le budget est passé d'un surplus de 4,8 % du PIB en 1991 à un
déficit de 1,6% du PIB en 1997. L'évolution des flux de l'aide
est illustrée par les figures ci-dessous:
Figure n°1 : Evolution des flux nets de l'aide de
1993 à 2008
![](La-reduction-de-la-pauvrete-une-priorite-dans-la-planification-budgetaire-etude-de-cas-du-Bur2.png)
Source : Hannah, N. et Dorsati, M. (2010).
Figure n°2 : Evolution des flux bruts et nets de
l'aide de 2001 à 2008
![](La-reduction-de-la-pauvrete-une-priorite-dans-la-planification-budgetaire-etude-de-cas-du-Bur3.png)
Source : Hannah, N. et Dorsati, M. (2010).
Le niveau de l'aide au développement au Burundi
augmente à partir de l'année 2000 avec la signature des accords
de paix d'Arusha en Tanzanie. Ces accords de paix ont marqué le
début de l'espoir de retour à la paix et la restauration de la
démocratie. C'est le début de la relance de la Coopération
Internationale. Les figures ci-dessus montrent une augmentation spectaculaire
des flux de l'aide à partir de 2005. En effet avec la mise en place des
institutions issues des élections démocratiques de 2005, les
bailleurs de fonds ont relancé de façon très significative
l'aide au Burundi. En Mai 2007, une Table Ronde Internationale a
été tenue au Burundi pour la mobilisation des fonds pour le
financement des programmes du CSLP.
2.3. Absorption et utilisation de l'aide au Burundi
En consultant différents ouvrages sur l'absorption et
la dépense de l'aide, nous constatons que l'augmentation des flux d'aide
occasionne pour le pays bénéficiaire l'accroissement de la
consommation et l'investissement. A priori, l'aide permet de réduire la
pauvreté, d'améliorer le niveau de vie et d'avoir une croissance
soutenue. De même, l'utilisation efficace des apports
supplémentaires d'aide provoque des défis. Une telle situation
nécessite d'élaborer et de gérer des projets utiles, d'une
part, décider et appliquer les modalités régissant l'aide
budgétaire, d'autre part (Berg et al, 2006). Tenant compte des
conséquences macroéconomiques de l'aide, celle-ci peut au bout du
compte financer les importations nettes ou financer les dépenses
intérieures au lieu de faire recours aux ressources intérieures.
Cette section présente quatre scénarios possibles qui ont
été élaborés par Berg et al (2006) sur la
réaction de l'Etat face aux apports de l'aide.
2.3.1. Notion d'absorption et de dépense de
l'aide
Comme annoncé ci-haut, il existe quatre cas de figures
sur la réaction de l'Etat en cas d'apports de l'aide.
1°) Aide absorbée et
dépensée : Il s'agit ici d'une situation où les
devises sont vendues par la banque centrale et absorbées par
l'économie, et les autorités dépensent les ressources
ainsi obtenues.
2°) Aide ni absorbée, ni
dépensée : Ici, les autorités choisissent
l'utilisation des flux d'aide pour constituer des réserves
extérieures, sans toutefois augmenter les dépenses publiques ni
réduire les impôts. Dans ce cas, l'aide n'a pas d'effet sur la
demande globale, et n'exerce pas de pression sur les prix.
3°) Aide absorbée et non
dépensée : Pour ce 3ème cas, les
autorités choisissent la vente des devises issues des flux plus
élevés d'aide de façon à stériliser l'effet
monétaire des déficits budgétaires financés par
l'économie nationale, démarche qui entraînera
généralement une appréciation du taux de change et un
recul de l'inflation. Il se peut que la demande globale augmente à
mesure que le taux d'inflation diminue, du fait de l'accroissement de la
consommation privée et des investissements.
4°) Aide non absorbée, mais
dépensée : La quatrième possibilité est
que l'augmentation de l'aide amène une hausse des déficits
budgétaires, mais que les autorités ne vendent pas les devises
nécessaires pour financer les importations nettes
supplémentaires. En effet, les retombées macroéconomiques
d'une expansion budgétaire sont analogues à celles d'une
augmentation des dépenses publiques en l'absence d'aide, si ce n'est que
les réserves de change sont supérieures. La hausse des
déficits injecte de l'argent dans l'économie. En l'absence de
vente de devises, les options en matière de politique monétaire
sont les mémes que dans le cas d'une expansion budgétaire non
liée à l'aide.
2.3.2. Analyse de l'absorption et de dépense de
l'aide au Burundi de 2001 à 2008. Considérant les flux
de l'aide au Burundi, il est question d'analyser dans cette sous-section la
gestion macro-économique des entrées de l'aide en termes de
dépense et d'absorption. Lors de notre travail, nous avons
constaté que les chiffres varient selon les différents documents
consultés en termes de données de la balance des paiements et du
budget. Certaines données sont basées sur des estimations tandis
que d'autres sont des projections. Pour des raisons de fiabilité et pour
harmoniser notre analyse avec les figures ci-dessus, nous avons pris l'option
d'utiliser les données se trouvant dans le document de Hannah Nielsen et
Dorsati Madani (2010) produit sur base des données du FMI. Ces auteurs
ont cependant tenu à souligner que les chiffres sur l'aide au Burundi
peuvent être différents selon les sources dont ils proviennent.
Les détails sur les tableaux ci-dessous et les chiffres de
l'année 2009 n'ont pas été disponibles au moment de notre
travail. En effet, l'un des auteurs (Hannah Nielsen) nous a signifié
qu'ils n'ont pas l'accord de publier les données du FMI. Le temps
matériel ne nous a pas permis de contacter les services du FMI.
La période considérée est scindée
en deux en considérant la période de flux ou non de l'aide. Les
données à notre disposition montrent que la période
2001-2004 n'a pas connu beaucoup d'entrées de l'aide comparativement
à l'intervalle de 2005 à 2008 où les flux d'entrées
sont très élevés.
Tableau n°4: Identité de la balance des
paiements 2001-2008 (en pourcentages du PIB)
Burundi
|
Période d'avant les flux
d'aides 2001-2004
|
Période avec flux
d'aides 2005-2008
|
Différence
|
Absorption ou non de
l'aide additionnelle
|
Flux d'aide nets
|
14,9
|
32,0
|
17,1
|
La plupart de l'aide additionnelle a
été absorbée (86%)
|
Non aide du compte courant
|
-18,1
|
-32,9
|
-14,7
|
Non-Aide du compte des opérations en capital
|
-1,4
|
1,2
|
2,6
|
Change en Réserves
|
4,6
|
-0,3
|
-4,9
|
Source: Hannah, N. and Dorsati, M. (2010).
L'absorption est donnée par le ratio obtenu à
partir de la variation du déficit de la non aide du compte courant par
rapport à la variation nette de l'aide. L'absorption de 86% montre
qu'une grande partie des devises additionnelles reçues par le Burundi
sous forme d'aide ont été vendues et utilisées pour
financer les importations. Dans le tableau ci-dessus, l'augmentation des
importations suite à l'utilisation des devises de l'aide provoque une
augmentation du déficit du compte courant de 14,7% du PIB.
Tableau n°5 : Identité du budget 2001-2008
(en pourcentages du PIB)
Burundi
|
Période d'avant les flux
d'aides 2001-2004
|
Période avec flux
d'aides 2005-2008
|
Différence
|
Dépense ou non de
l'aide additionnelle
|
Flux nets de l'aide budgétaire
|
9,3
|
21,7
|
12,3
|
La plupart de l'aide additionnelle a
été dépensée (75%)
|
Recettes (dons exclus)
|
20,4
|
19,1
|
-1,2
|
Dépenses (intérêts extérieurs
exclus)
|
30,3
|
38,4
|
8,1
|
Solde global avant l'aide
|
-9,9
|
-19,2
|
-9,3
|
Source: Hannah, N. and Dorsati, M. (2010).
La dépense de l'aide est donnée par le ratio
obtenu à partir de la variation du déficit de la non aide
budgétaire par rapport à la variation nette de l'aide
budgétaire. La dépense de 75% signifie qu'une importante de
l'aide additionnelle a été dépensée. Le niveau des
dépenses exclus des intérêts de paiements a augmenté
passant de 30,3 à 38% du PIB entre les périodes 2001-2004 et
2005-2008. Par contre, le niveau des revenus a diminué de 1,2% du PIB
pour les mêmes périodes.
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