6.5. L'OXYDATION THERMIQUE
L'oxydation thermique des boues est le traitement le plus
accompli et le plus onéreux également. Choisir cette voie
implique de limiter au maximum l'utilisation de réactifs pour le
traitement des boues, et en particulier la chaux (abaissement du point de
fusion, prise en masse, encrassement des équipements). On distingue sous
cette appellation, l'incinération, la co-incinération avec des
ordures ménagères (OM) et l'oxydation par voie humide (OVH).
L'incinération des ordures ménagères créé
trois types de résidus :
- les mâchefers, scories récupérées
en fin de combustion,
- les cendres volantes, fines, entraînées par les
gaz de combustion, qui sont captées par le système de
dépoussiérage,
- les résidus de la déchloruration qui peuvent
se retrouver mélangés avec les cendres volantes, si un
dépoussiérage préalable ne précède pas le
système de déchloruration.
L'oxydation par voie humide comprend plusieurs phases : une
phase liquide (composés organiques dégradables), des gaz de
combustion propres et des cendres en suspension dans la phase aqueuse. Seules
les gaz d'incinération doivent donc faire l'objet d'un traitement de
dépollution spécifique (gaz acides, métaux lourds &
poussières polluantes). Mais, dans tous les cas, les HAP et les PCB sont
détruits.
En matière de réglementation et pour
l'incinération, rappelons l'arrêté du 25 Janvier 1991 et la
circulaire de février 1997 qui imposent de nouveaux seuils de rejet au
niveau des cheminées pour certains composés (gaz carbonique,
acide chlorhydrique, poussières et métaux lourds) et fixent une
échéance de mise en conformité en fonction de la
capacité des incinérateurs. Sans entrer dans les détails,
fort complexes d'ailleurs, du traitement des fumées, signalons qu'il
existe au moins 3 techniques de lavage :
? voie humide : refroidissement direct suivi de
dépoussiérage par lavage humide
? voie sèche ou semi-sèche : les gaz refroidis
sont neutralisés par des réactifs et les poussières et
sels sont éliminés par un filtre à manche ou
électrostatique
? voie combinée : particules éliminées
par électrofiltre ou filtre à manche et lavage humide des gaz
L'application des "normes sur les Déchets Industriels
Spéciaux" génère un surcoût estimé à
15 % pour l'investissement de l'incinérateur.
6.5.1. L'
incinération
Elle réalise la destruction de la matière
organique des déchets par combustion à haute température
(+ de 500 °C) produisant des fumées et des matières
minérales résiduelles nommées cendres. Dans l'objectif
d'une valorisation énergétique des déchets, la chaleur
produite est récupérée sous forme de vapeur ou
d'électricité pour le fonctionnement du four lui même, pour
le chauffage urbain ou industriel (Prevot, 2000). Les résidus de
l'incinération (mâchefer) sont utilisables pour les travaux
publics (Werther et Ogada, 1999). En France, 14 à
16 % des boues urbaines sont incinérés. En
Europe, le pourcentage varie de 0 à 55 % selon les
pays. Au Maroc, un traitement par incinération n'a pas
encore été effectué.
Cependant, malgré l'intérêt de ce
procédé pour une réduction importante des volumes de
déchets, il présente des contraintes principalement liées
à un investissement très coûteux. Les boues seules ne sont
pas autocombustibles, elles nécessitent des fours spéciaux et un
mélange avec d'autres déchets tels les déchets
ménagers. L'élimination des cendres et des mâchefers
exigent une décharge contrôlée de classe 1 ou une
unité d'inertage. Cette technique reste aussi néfaste de point de
vue écologique et environnementale puisqu'elle contribue en plus du
gaspillage de matières organiques utiles pour le sol à la
diffusion de gaz très toxiques (NO, NO2, CO, SO, dioxine,
etc) (Mininni et al., 2004 ; Nammari et al., 2004) qui ont fait l'objet de
réglementations spécifiques. En 1995,
l'incinération des déchets était à l'origine de 45
% de la
dioxine produite et rejetée dans l'air en France. La
directive européenne du 4 décembre 2000 est plus
sévère et fixe des concentrations maximales admissibles pour
certains produits toxiques dans la fumée (CE, 2000/76/EC). Depuis, les
incinérateurs sont modernisés ou fermés, entraînant
un coût supplémentaire d'une dizaine d'euros par tonne de
déchets incinérés.
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