Chapitre3. Effets toxiques des
pesticides
1-Effets toxiques sur l'environnement :
1-1-Pollution des milieux :
Depuis plus d'un quart de siècle, on
sait que l'utilisation de certains pesticides, provoque de profondes
modifications de l'écosystème dans lequel on les introduit
[70].
1-1-1-les sols :
Ils sont contaminés pour de nombreuses
années sur des dizaines de millions d'hectares à l'échelle
européenne. Les pesticides peu dégradables, ou présents
dans un sol acide ou pauvre en bactéries, se stabilisent en se liant
à certains constituants du sol. Par exemple, sous monoculture de
blé traité à l'atrazine, après 1 mois, presque 50 %
de l'atrazine se retrouvent sous forme de résidu lié. Le sol,
sous certaines conditions (réchauffé, érodé,
acidifié, dégradé, amendé...) peut restituer les
pesticides ou leurs sous-produits durant plusieurs années ou
décennies [71].
La dégradation par des micro-organismes du sol et
la dégradation chimique (réactions chimiques, l'hydrolyse par
exemple). Ces processus sont plus importants à haute température
et dans un sol humide. Les produits de dégradation (métabolites)
peuvent aussi avoir des effets polluants pour l'environnement. Pour exemple, le
phénamiphos (nématicide organophosphoré utilisé
pour le traitement d'une grande variété de cultures,
légumes et fruits en particulier) se dégrade en sulphoxyde et
sulphone qui ont le même pouvoir pesticide que le phénamiphos. La
demi-vie dans le sol de la molécule mère (10 jours) est plus
petite que celle de ses produits dérivés (70 jours) [8].
1-1-2- Les eaux de surface et souterraines :
L'Institut Français de l'Environnement dans son
rapport sur la contamination des eaux par les pesticides en France a
révélé l'ampleur du problème. L'ensemble des cours
d'eau étudiés est l'objet d'une contamination par les pesticides
(à 6% près) et 75% des points surveillés en eaux
souterraines sont altérés par la présence de pesticides.
Parmi les substances les plus fréquemment identifiées, on
retrouve, d'année en année, les herbicides de la famille des
triazines (y compris les produits de dégradation), aussi bien dans les
cours d'eau que dans les eaux souterraines. Ce sont également en
majorité des triazines (environ 10 tonnes par an) qui contaminent les
zones estuariennes et côtières du littoral, les grands fleuves
français les alimentant)[70]. . Le ruissellement conduit
à la pollution des eaux de surface et la lixiviation (Entraînement
par les eaux de drainage) entraîne, elle, la pollution des eaux
souterraines. Toutefois les deux phénomènes sont
étroitement dépendants l'un de l'autre. Le ruissellement est le
mouvement de l'eau (contenant des matières actives dissoutes et en
suspension ainsi que les matières adsorbés sur des
sédiments) à la surface du sol. Les substances sujettes à
ce phénomène sont celles qui restent à la surface du sol,
qui sont absorbées et qui résistent à la
dégradation et à la volatilisation [8].
Les matières actives ayant tendance à
être lessivées sont les substances solubles. De nombreuses
études ont été menées sur l'eau et le sol (on se
soucie de la qualité de l'eau, on mesure son contenu en produit
phytosanitaire , des listes de produits à surveiller en priorité
sont donc établies par les experts du comité de liaison eau
produits antiparasitaires, une valeur limite de 0.1 ìg/l à ne pas
dépasser en milieu naturel a été fixé au niveau
européen) mais ce n'est que depuis les années 60 que des travaux
sur l'air et les phénomènes dans l'atmosphère sont
lancés [8].
1-1-3-l'atmosphère :
Il ya un grand nombre de
pesticides présent dans l'atmosphère, Ils s'y trouvent à
cause de leur épandage (de 30 à 75% des produits
épandus sont transférés), le taux de transfert
dépend de plusieurs facteurs tels : les caractéristiques du
produit (solubilité, volatilité, capacité à se
dégrader), le type de sol, les pratiques agricoles, le type de
pulvérisation, les conditions climatiques, les pesticides sont
véhiculés par les flux atmosphériques, car les travaux de
géochimistes et écologues américains ont confirmé
que des pesticides peuvent contaminer de vastes zones en voyageant dans
l'atmosphère, avant de retomber avec les intempéries ou sous
forme de dépôts secs. Les eaux de pluie sont chargées de
pesticides car le transfert des polluants de l'atmosphère à la
pluie se fait au niveau du nuage [70].
Les gouttelettes de pluie se chargent de produits qui
peuvent avoir une origine locale. Le plus souvent, les traces de biocides
trouvées dans les nuages résultent d'un transport à
moyenne ou longue distance. Des pluies faibles et brèves
présentent des teneurs plus élevées,
particulièrement s'il s'agit de pluies printanières ou de
début d'été précédées d'une longue
période sèche, la recherche des pesticides dans l'air coûte
très cher et nécessite des protocoles très complexes, les
teneurs estimées étant très faibles, de l'ordre du
nanogramme (milliardième de gramme par mètre cube). Pour cette
raison, on les recherche de préférence dans l'eau. En France,
l'INRA de Rennes a effectué entre 1995 et 1996 des mesures dans les eaux
de pluie (Environnement magazine de mai 2000). Les prélèvements
ont été effectués dans plusieurs sites, le transport des
pesticides par l'atmosphère peut être illustré avec le cas
de Trémargat, village du centre Bretagne : les mesures effectuées
révélaient des taux proches des maxima admissibles en atrazine et
en alachlore, avec un taux atteignant la valeur de 100 ng/l en dinoterbe
(pesticide actuellement interdit). Au final, 6 pesticides étaient
détectés dans une eau de pluie dont on aurait pu attendre une
pureté maximale, les brouillards et autres phénomènes de
particules d'eau en suspension, ne sont pas épargnés. Ils
présentent généralement des taux 30 à 100 fois plus
importants en pesticides que les pluies (les gouttelettes les plus fines sont
celles qui concentrent le plus les pesticides) [71].
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