CHAPITRE I : REVUE DE LA LITTERATURE
Dans ce chapitre, il est question de revoir la
littérature aussi bien théorique qu'empirique portant sur le
commerce international. A cet effet, deux sections sont
développées dans ce chapitre : la première est
consacrée à la revue de littérature théorique
tandis que dans la seconde il est question de la revue empirique.
I.1 : Revue de la littérature
théorique
Les échanges internationaux sont une
nécessité : au minimum, ils permettent aux pays qui en sont
dépourvus de se procurer certains biens. A ce propos deux
théories se diffèrent et font l'objet de cette section : la
théorie traditionnelle et la théorie moderne.
I.1.1. Théorie traditionnelle du commerce
internationale
Le commerce international a fait l'objet d'une analyse
scientifique au tournant du XVIII ème siècle, s'opposant à
la doctrine mercantiliste alors en vigueur, quei voyait là un jeu
à somme nulle. Amorcée par le « père de
l'économie politique », Adam Smith, cette nouvelle analyse du
commerce international visant à montrer au contraire que le commerce
entre nations procure un gain net, sera approfondie par David Ricardo, puis au
XXè siècle, par Eli Heckscher, Bertil Ohlin et Paul Samuelson
(Fontagné 2007).
Selon Adam Smith, chaque pays est plus efficace que les autres
dans la production d'un bien au moins. Chaque pays doit se spécialiser
dans la production d'un bien pour lequel ses coûts de production sont
plus faibles qu'à l'étranger, ce qui signifie l'abandon de la
production des autres biens, les biens pour lesquels ses coûts de
production sont supérieurs à la concurrence
étrangère, en fait ces biens seront importés. Ceci
facilite la division du travail et ainsi la liberté des échanges
va accroître le bien-être de l'ensemble des pays. C'est l'avantage
absolu dans la production d'un bien qui détermine la
spécialisation de chaque pays (Fontagné 2007).
Après sa préoccupation sur un pays sans avantage
absolu, Ricardo montre que, ce n'est pas l'avantage absolu qui compte mais
l'avantage relatif. Autrement dit un pays, qui est moins efficace que les
autres pays dans la production de tous les biens qui peuvent être
échangés, sera relativement moins inefficace dans la production
d'au moins un bien. Même si ce pays ne possède aucun avantage
absolu, il y a forcément un produit pour lequel il est meilleur que pour
les autres. Il possède un avantage comparatif sur ce produit. Il va donc
se spécialiser dans la fabrication de ce produit, ce qui va
libérer des ressources pour se procurer les autres produits dont il a
besoin. En exploitant cet avantage comparatif, c'est-à-dire en se
spécialisant dans la production de ce bien, le libre-échange se
révélera préférable à l'autarcie. Mais
cette théorie de Ricardo ne précise pas quel sera le niveau exact
des prix et des quantités échangées entre pays. Mais
l'existence des avantages comparatifs justifie l'échange international
quel que soit l'origine de l'avantage. Les échanges internationaux
augmentent l'efficacité des producteurs, ils permettent une meilleure
utilisation des ressources (Caballero et Cie, 2008).
Heckscher (1919), Ohlin (1933) et Paul Krugman sont souvent
cités dans beaucoup d'oeuvres, mais ont été peu lus. Le
point de départ consiste à s'appuyer sur le principe de
l'avantage comparatif pour montrer comment l'échange international
affecte la distribution des revenus entre les différents facteurs de
production à l'intérieur des pays. Heckscher (1919)
énonce la loi des coûts comparés dans une formulation
mettant en évidence à la fois le rôle de l'importation et
le bénéfice de la spécialisation déjà
évoqués à propos de Ricardo : « Un tel accroissement
de satisfaction se produit quand la loi des coûts comparés joue,
c'est-à-dire lorsqu'on peut satisfaire un besoin beaucoup plus
facilement de façon indirecte, en fabriquant un bien qui peut être
échangé contre le produit désiré. Il reste à
donner aux coûts comparés une formulation établissant une
relation simple entre rémunération des facteurs et prix des biens
pour obtenir la relation recherchée entre commerce et distribution des
revenus (Répertoire de l'administration française, 2008).
Les pays abondamment dotés dans un facteur,
relativement moins coûteux, seront avantagés dans les productions
incorporant intensivement ce facteur : c'est le théorème Heckscher-Ohlin des
spécialisations à l'échange.
Quant aux effets distributifs du commerce international, Les
activités concurrencées par les importations voient leur prix
baisser et inversement pour les activités avantagées. Cela
entraîne une modification des revenus dans le sens suivant : le facteur
employé relativement intensivement dans la production du bien dont le
prix baisse (augmente) verra sa rémunération baisser (augmenter).
C'est le théorème de Stolper-Samuelson d'effet du commerce sur la
distribution des revenus ; Il se produit aussi qu'en l'absence de
mobilité internationale des facteurs, l'ajustement par les prix qui fait
augmenter la rémunération du facteur relativement abondant
(demande en excès pour ce facteur) et baisser celle du facteur
relativement rare (offre en excès). On peut montrer que les mouvements
de prix des facteurs sont plus que proportionnels aux mouvements de prix des
biens, c'est l'effet d'amplification de Jones (Dorman, 2008).
Heckscher-Ohlin précise toujours que Ia combinaison
des évolutions (opposées) de rémunérations des
facteurs dans les pays importateur et exportateur, on obtient le principe
d'égalisation internationale des rémunérations des
facteurs, susceptible d'apparaître sous des conditions assez restrictives
: notamment les pays ne doivent pas être trop différents au
départ. Ce principe est couramment présenté sous le nom du
théorème Heckscher-Ohlin-Samuelson (H.O.S.). Mais après
il a été observé que la théorie classique du
commerce international, en particulier dans sa version factorielle qui vient
d'être rappelée, a été confrontée à
des observations inattendues :
Ø En premier lieu, le contenu net en services de
facteur des échanges d'un pays est théoriquement
déterminé par la dotation relative de celui-ci en facteurs, ce
qui constitue une proposition aisément testable. Or, les
résultats concernant l'abondance en capital sont corrects dans un cas
sur deux ces qui sont obtenus sur les différences d'identité
internationale des technologies de production, comme l'a fait Wassily Leontief
(María et Cie, 2008).
Ø En deuxième lieu, la difficulté est
située au niveau de la progression des échanges intra-branche
à l'occasion des épisodes d'intégration commerciale.
Ainsi, l'abaissement des barrières aux échanges aurait dû
entraîner un mouvement dans le cadre de la spécialisation au sein
du pays concerné ainsi que le prévoit la théorie classique
du commerce international. A l'inverse, les structures productives des pays
deviennent de plus en plus similaires et la part des échanges
intra-branche qui a fortement augmenté (María et Cie, 2008).
Une abondante controverse s'engage, concomitante d'un profond
bouleversement de la théorie : L'affinement des méthodes a
toutefois permis de souligner que l'élément le plus dynamique
était la progression des échanges croisés des produits de
qualité différente, réintroduisant un
élément de spécialisation des pays sur les gammes de
qualité (Fontagné, 2007). Ainsi l'abandon des hypothèses
des rendements constants à l'échelle et de concurrence parfaite
et imparfaite allaient être à l'origine d'un véritable
renouvellement de paradigme qui seront cités dans cette sous section qui
suit.
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