Etude de la condition de la femme face à la violence du terrorisme intégriste dans le recueil de nouvelles « Oran, langue morte » d'Assia DJEBAR( Télécharger le fichier original )par Lamia AKERMOUN Université Saad Dahleb de Blida - Licence de français 2010 |
II) ETUDE DE L'IMPACT DU TERRORISME SUR LA FEMME ALGERIENNENous procédons, dans cette partie, à l'étude de la narration afin de définir le statut des personnages par rapport à ce qu'ils endurent. Ensuite nous passons à l'étude de l'impact du terrorisme sur la femme algérienne, qui subit la mort et sa violence sous différentes façons. Enfin nous verrons l'affrontement de la femme avec le terrorisme. II-1) ETUDE DE LA NARRATIONLa narration se présente comme étant la manière dont l'histoire est racontée. On pourrait reprendre la définition de Yves Reuter qui dira que : « la narration concerne l'organisation de la fiction dans le récit qui l'expose. »65(*). En ce sens, la narration serait le maître d'oeuvre du récit ; elle le structure et l'organise. Ainsi, elle se fait à partir d'un organisateur appelé « narrateur » qui joue un rôle essentiel dans la narration et qui apparaît sous différentes formes dans le récit : Le narrateur lui, est celui qui raconte la fiction ; il en est « la médiation narrative » [...] Il choisit la progression narrative, les modes de discours, la progression temporelle, le rythme du récit avec l'internance de temps forts (actions) et de temps faibles (descriptions).66(*) II-1-1) LA NARRATION OU CE QUI EST RACONTEDans le cas de notre recueil de nouvelles, Oran, langue morte, on assiste à plusieurs voix narratives ; souvent des femmes que l'on veut réduire au silence. Or, elles ont décidé de franchir l'obstacle du silence en retraçant les chemins de leur vie. Sinon, c'est la romancière même qui se charge de transcrire leurs souvenirs, pour dévoiler la violence qui les déchire suite la guerre civile des années quatre vingt dix, en Algérie. Ces histoires personnelles se ressemblent et se tissent ; elles sont intimement liées à l'histoire de l'Algérie durant cette décennie. Les déclarations des personnages en témoignent, tout au long du texte : Chaque leader intégriste s'appelle « cheikh » chez nous, en ces temps présents ! Il se veut ainsi, par ce vocable (que les véritables maîtres autrefois n'osaient se donner), le père des jeunes chefs de bande qui se sont quant à eux, autoproclamés « émirs », autant dire « princes », ces mêmes chouyoukh (pluriel de « cheikh ») étaient encore au cours de l'effervescence d'il y a deux ans, des imams de mosquée aux prêches enflammés, déployant une éloquence à la Savonarole...pour fustiger un pouvoir centrale de plus en plus impopulaire. Sur quoi le président est démis [...] six mois après, « un fou » abat le nouveau président quasiment en direct, devant la télévision, depuis la machine folle s'est emballée : jour après jour, la violence, les meurtres, les répressions, cycle fatal !67(*) Assia Djebar compare cette idéologie à celle du Savonarole ; prédicateur et réformateur Italien, connu pour ses réformes religieuses et ses prêches anti-humanistes. L'histoire couvre donc la période du terrorisme intégriste qui se veut maître de cette Algérie sanglante, durant plusieurs années. Cette période correspond à une tranche de vie d'Assia Djebar. Notons que pour relater ces histoires, elle a usé de son talent de romancière ainsi que de son statut d'historienne. Elle s'est également inspirée des événements sociopolitiques afin de reproduire cette histoire dans laquelle on retrouve deux cultures, représentées selon l'état d'esprit de ses narratrices. Ainsi, dans les trois nouvelles traitées La fièvre dans les yeux d'enfant, L'Attentat et La femme en morceaux, l'histoire se caractérise par le retour d'un même thème qui est celui de « la mort », ce retour de thème d'une nouvelle à une autre les rapproches et crée entre elles une seule unité. Ces rapprochements qui reviennent ne laissent pas le lecteur indifférent, mais l'incitent à établir des liens entre ce qui est raconté et ce qui se passe dans la réalité. Cela lui permettra de se rendre compte de la violence de l'Histoire récente de l'Algérie, et de l'omniprésence de la mort dans le quotidien algérien, en ce temps là. Cette narration relève également de l'importance que donne l'auteure à la voix, dans une société qui veut confisquer la parole féminine. * 65 Y.Reuter, Introduction à l'analyse du roman. Op.cit, p 61 * 66 C.Achour, A.Bekkat, Clefs pour la lecture des récits. Op.cit, p 61 * 67 Assia Djebar, Oran, langue morte, Op.cit, p 143 |
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