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Evaluation de la séroprévalence et impact des maladies abortives sur la réussite de l'insémination artificielle bovine au Sénégal. Cas de la région de Thiès

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par Sylvain HABIMANA
Université Cheikh Anta Diop de Dakar - Doctorat vétérinaire 2008
  

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III.2.2. Importance de la brucellose, de la BVD et de l'IBR

L'importance économique de ces maladies abortives est certaine. Les avortements, les mortinatalités ou les naissances des veaux malformés représentent un manque à gagner non négligeable au niveau d'une exploitation car le veau est perdu et ça décourage les éleveurs qui s'investissent dans l'Insémination artificielle.

L'analyse des résultats obtenus dans notre étude indique qu'aucune vache n'héberge de façon concomitante les trois germes Brucella, Virus de la BVD et celui de l'IBR.

50 sérums se révèlent positifs en même temps à la BVD et à l'IBR, 1 sérum positif à la brucellose et à l'IBR ; 17 sérums sont exempts de maladies abortives (Tableau XI).

On assiste à une très nette prépondérance de l'infection à Rhinotrachéïte infectieuse bovine (Tableau V) suivie de celle à la BVD (Tableau VI). La brucellose semble avoir une incidence faible (Tableau IV) et son rôle dans les avortements bovins est minime. Mais à cause de son caractère zoonotique, on ne peut pas la prendre à la légère car la santé publique est menacée compte tenu de la promiscuité et proximité entre animaux et éleveurs. Par ailleurs, les humains sont très exposés à cette zoonose par la consommation du lait cru et on peut assister parfois à l'inversion du cycle épidémiologique direct animal-homme, c'est- à -dire une contamination homme - troupeau. Une telle éventualité réclame aussi toute la vigilance du vétérinaire, mais aussi la coopération constante du médecin et du vétérinaire.

III.2.3.Impact de la brucellose, de la BVD et de l'IBR sur la réussite d'insémination artificielle bovine.

Lors du DG, un taux de gestation de 46%, soit 76 vaches gestantes sur 165 inséminées, a été enregistré.

Comme le montre le tableau XII, il y a aussi bien des vaches infectées dans la catégorie des vaches gestantes que dans celles des non gestantes. La question était de savoir si les vaches négatives au DG (non gestantes) le sont à cause de l'infection qu'elles hébergent. Les recherches réalisées dans ce domaine comme celles de RUFENACHT et al. (2001) ont montré que l'insémination effectuée chez les vaches ayant une infection en BVD ou en IBR s'accompagne toujours d'un échec, donc d'un retour en chaleur. Notre enquête sérologique, s'étant réalisée à J0 (jour de l'insémination), ne peut pas assouvir notre curiosité. Mais si nous avions disposé de matériel et réactifs pour approfondir l'étude en faisant par exemple la sérologie entre J35 et J60 post IA dans le but de déceler les avortements et mortalités embryonnaires précoces par dosage radio immunologique des biomarqueurs de gestation comme les protéines associées à la gestation (PAGs), nous aurions pu déterminer si l'échec de l'insémination est imputable aux maladies à caractère abortif.

Une étude menée par MOUICHE (2007a) dans les départements de Dakar et de Mbour, montre un taux de réussite de 46,91%. Cet auteur constate que 49% des vaches non gestantes à J60 (jour du DG) le sont par ce qu'elles ont avorté. Le même auteur a poursuivi les travaux et souligne que 75% des vaches ayant avorté sont en hypergammaglobulinémie et soupçonne dès lors, des causes infectieuses (MOUICHE, 2007b).

Connaissant que l'effet abortif de ces pathologies se manifeste dans les 5 premiers mois de gestation pour la BVD et dans le dernier tiers de gestation pour la Brucellose et l'IBR (HANZEN, 1998), il faudrait pousser les recherches pour voir ce que sont devenues les vaches gestantes positives à l'une ou à l'autre des maladies. C'est après cette étude que l'on pourra lever l'équivoque. Dans cette dynamique, SAWADOGO (2007), dans une étude menée sur des vaches gestantes dans les départements de Fatick, Louga, Kébémer et Kaolack, a trouvé un taux d'avortement de 18 à 20%. Le même auteur montre que 15 à 22% des veaux métis meurent avant 2 mois d'âge.

Quant aux résultats présentés dans le tableau XIII, ils nous montrent l'influence des pathologies à caractère abortif dans le processus d'amélioration génétique par l'Insémination artificielle. En effet seulement 8 vaches, soit 6% des vaches inséminées, sont séronégatives aux tests et par conséquent, d'après la littérature, sont aptes à mener à terme leur gestation et donner des veaux ( RUFENACHT et al., 2001). A ce rythme aucun programme d'insémination artificielle ne pourra aboutir aux résultats escomptés. Comme la gestation se poursuit et que ces vaches continuent à évoluer dans un milieu infecté, leur avenir est en danger. Ainsi un suivi de la gestation s'avère nécessaire afin de déceler tout avortement tardif.

Vu que ces maladies constituent un véritable frein pour la relance des productions animales, un diagnostic généralisé des maladies abortives, en particulier la BVD et l'IBR, devrait se faire chez les vaches afin de rentabiliser la prestation car l'insémination d'une vache infectée se solde par un échec matérialisé par un avortement ou une descendance non viable. Avant toute entreprise d'insémination, il faudrait s'assurer du bon état sanitaire des vaches.

Aussi, une fois les dominantes pathologiques mises en exergue, serait-il souhaitable d'envisager les stratégies de lutte les plus appropriées.

Les mesures de lutte, à défaut d'éradiquer ces maladies, permettront tout au moins de circonscrire celles-ci dans leurs limites actuelles et de prévenir une éventuelle généralisation.

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault