III.2. Discussion des
résultats
L'étude que nous venons de réaliser nous a
permis de mettre en évidence la présence de la brucellose, de la
diarrhée virale bovine/ maladie de muqueuses (BVD/MM) et de la
rhinotrachéïte infectieuse bovine (IBR) dans la région de
Thiès au Sénégal.
III.2.1. La
Séroprévalence des maladies abortives
III.2.1.1. Brucellose
Dans l'espace où l'enquête s'est
déroulée, la prévalence de la brucellose est
estimée à 1,5%. De manière générale, cette
prévalence est faible par rapport a celles obtenues il ya une vingtaine
d'années dans la sous région. En effet, cette prévalence
est inférieure à celles obtenues par BORNAREL
et AKAKPO (1982) au Bénin (10,8%), au
Cameroun (9,64%), au Burkina (17,6%) et au Niger (14,3%) sur de bovins de
races locales. Elle est également faible par rapport à celle
obtenue par OLLOY (1992) au Congo (16,9%) et par
DIOP(1975) au Sénégal (13,3%). Faut-il
en déduire que la brucellose bovine est en voie de régression au
Sénégal ? Il serait hasardeux de conclure à un recul
significatif de la maladie en fonction de la taille réduite des
effectifs ou des troupeaux et de l'échantillonnage de la population
bovine étudiée. En effet, ces dernières études ont
été menées il y a longtemps quand la brucellose
sévissait de manière spectaculaire. En plus, elles ont
été effectuées à l'échelle nationale sur un
échantillon représentatif composé d'animaux de tout sexe,
de tout âge et choisis au hasard. Quant à notre enquête,
elle a porté uniquement sur des femelles, apparemment saines et
sélectionnées pour une insémination. L'inclusion des
animaux mâles aurait probablement rehaussé nos résultats.
Par contre nos résultats sont similaires à ceux obtenus
récemment par MOUICHE en
2007 (1,17%) dans les mêmes
conditions que les nôtres dans le département de Mbour
(Thiès) et la périphérie de Dakar au
Sénégal.
Le fait que les 2 cas de brucellose se retrouvent chez les
vaches Gobra n'incrimine pas la sensibilité de cette race mais peut
s'expliquer par sa prédominance dans la région et par
conséquent, dans notre échantillon. L'analyse des
résultats (Test Kappa) obtenus par rose bengale et ELISA montre une
concordance de 99% entre les deux méthodes ; l'ELISA ayant
détecté la positivité d'un sérum douteux avec le
Rose bengale.
III.2.1.2. Diarrhée
virale bovine/maladie des muqueuses (BVD/MM)
La recherche sur la maladie des muqueuses en Afrique
occidentale et au Sénégal en particulier n'est pas
actualisée. Seules sont disponibles les données datant des
années 70. Notre étude a révélé une
séroprévalence en BVD de 47%. Cette valeur est faible devant
celle trouvée par BERNARD et BOIJRDIN
(1971) au Sénégal : 61 à 78% ; par
PROVOST et al. (1964) dans le Nord Cameroun et
l'Ouest tchadien : 75 %. L'explication de la faiblesse de nos
résultats est que la conduite de l'élevage a changé. Les
facteurs favorisants comme le stress et la fatigue ont diminué. Les
animaux sont en stabulation pour quelques uns du moins et le autres
n'effectuent plus de longs déplacements pour la recherche de
pâturage. Cette prévalence est élevée par rapport
à celle retrouvée au Nigeria d'après OKEKE
(1976) : 13,4%.
Les vaches évoluant en système intensif semblent
être les plus infectées en BVD avec 47,4% contre 46,8% en milieu
semi intensif. En effet, le système intensif associé à la
promiscuité et proximité entre animaux malades et sains,
constitue un facteur important d'entretien de l'infection. Notre constat est
similaire à celui d'ARCANGIOLI et MAILLARD (2006) qui
affirment que le virus se propageant dans l'air, la contagiosité est
favorisée par le confinement.
Tous les groupes d'âge sont sensibles et
réceptifs à la maladie mais ce sont les génisses
âgées de 4 à 6 ans qui sont plus affectées. Sur ce
point, nos résultats sont en désaccord avec ceux de
BAKER cité par ARCANGIOLI et MAILLARD (2006)
qui a montré que ce sont les vaches qui sont à leur
4ème gestation, c'est à dire âgées de
plus de 9 ans, qui sont les plus réceptives. Nos résultats ne
corroborent pas non plus ceux de DOUART et SIMON (1985-1993)
qui disent que la sensibilité et la
réceptivité augmentent avec l'âge. Ce désaccord peut
s'expliquer à travers les conditions d'élevage. Ces auteurs ont
mené leurs travaux dans les conditions différentes des
nôtres. Leurs animaux étaient groupés selon les tranches
d'âge et évoluaient en stabulation complète. Par
conséquent les génisses avaient très peu de chance
d'être exposées au germe contrairement à notre situation
où elles sont toujours en contact étroit avec les animaux
âgés, porteurs potentiels de germes. Dans les conditions,
où ils ont mené leur expérimentation, les animaux plus
âgés sont plus réceptifs à cause de la rupture de
l'immunité liée à la vieillesse et aux autres facteurs
favorisants. Par contre, dans nos conditions, ce sont les vaches à la
première gestation qui sont les plus sensibles car naïves au
germe.
Pour la note d'état corporel (NEC), l'infection est
bien répartie dans les deux catégories de vaches mais avec une
prédominance d'infectées chez les vaches maigres.
La prévalence globale de 47% nous paraît
élevée. Ceci s'expliquerait par le fait que la BVD est une
maladie qui n'est pas trop suivie au Sénégal.
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