4.1.3.3 La difficulté particulière des
copropriétés pour porter un projet
Les difficultés qu'ont les copropriétés
à porter un projet énergétique s'expliquent notamment de
par le désintéressement des habitants face aux projets urbains,
la difficulté de prendre des décisions dans les
copropriétés et le manque de structure représentative pour
porter un projet citoyen d'ampleur.
* Une mobilisation difficile
La mobilisation des habitants pour un projet dont ils seront
les financeurs est essentielle, mais très difficile à obtenir.
Une des difficultés que rencontre notamment les politiques est d'arriver
à intéresser et à mobiliser la population - et non
uniquement les opposants à la majorité municipale - sur la mise
en place des projets urbains. Cette préoccupation est d'autant plus
légitime quand c'est une réhabilitation qui est en jeu. Parmi le
peu d'habitants intéressés par un tel projet, tous n'ont pas
l'envie ni le temps pour s'y consacrer. Hamou Bouakkaz45
précise d'ailleurs que nous ne sommes pas tous égaux devant la
participation en mentionnant les problèmes de disponibilités,
d'handicaps ou de milieu social (Bouakkaz, 2010).
* Un besoin de sensibilisation et de formation
Certains copropriétaires rencontrés
considèrent qu'ils n'ont pas les compétences adéquates
pour juger le travail de professionnels, alors qu'il est davantage question de
discuter autour du projet et de comprendre les propositions, les objectifs, les
orientations émanant des professionnels et de porter une
réflexion sur les enjeux et sur l'usage du quartier (EPPUR, 2005). Pour
comprendre les enjeux d'un projet d'aménagement et participer à
son évolution, la majorité des habitants a besoin d'être
accompagnée, sensibilisée et formée aux
problématiques générales de l'aménagement
durable.
Ils ont aussi besoin d'acquérir des connaissances dans
le domaine de la maîtrise d'ouvrage afin de pouvoir comprendre le
discours de professionnels de l'aménagement avec qui ils interagissent.
Le modèle du Ponceau qui consiste à entourer les habitants de
professionnels, organiser des ateliers de sensibilisation et de formation (voir
section 3.3.2) est une démarche nécessaire pour prendre en compte
la maîtrise d'usage du projet et favoriser l'appropriation du projet par
les habitants. Ce travail peut être prolongé avec une association
locale qui, étant un relais de proximité avec les habitants,
permet de les toucher davantage.
* Un besoin de soutien dans la démarche à suivre
Se pose aussi la question de la mise en oeuvre d'un projet de
réhabilitation par des copropriétaires, seuls dans cette
démarche. Les syndics, aujourd'hui, ne gèrent pas de projets de
cette ampleur, ce n'est pas leur
45 Adjoint au maire de Paris, en charge de la démocratie
locale et de la vie associative.
métier (Zetlaoui-Léger, 2010). Les habitants
manquent de méthode (choix de l'équipe de maîtrise
d'oeuvre, pilotage de projet, établissement d'un montage financier,
etc.), d'organisation et de financement pour initier, dans un premier temps,
les études préalables à l'opération. Par ailleurs,
Christian Faliu, architecte dans le CAUE qui accompagne les habitants du
Ponceau, ajoute qu'une difficulté supplémentaire réside
dans l'acceptation du statut de responsable décisionnaire (Faliu, 2010).
L'assistance à la maîtrise d'usage est probablement une solution
qui pourrait aider à résoudre ces problèmes. Une
étude plus approfondie de projets ou elle est mise en place et ses
différentes méthodes (intermédiaire entre l'instance
décisionnaire et citoyenne, participation du citoyen aux comités
de pilotage, etc.) pour apporter un jugement plus précis quant à
cette solution. Par ailleurs, l'AMU est un concept qui peut aussi être
appliqué à des projets de constructions neuves.
Les différences entre les projets de
réhabilitation et les projets de construction ont été
soulignées dans cette partie. Il existe aussi de grandes ressemblances
entre ces projets pour élaborer une stratégie
énergétique, notamment au niveau de la gouvernance du projet.
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