MASTER SCIENCES ET TECHNIQUES DES ENVIRONNEMENTS
URBAINS SPECIALITE VILLE ENERGIE
Année 2009/2010 Thèse de Master STEU
Diplôme cohabilité par L'École
Centrale de Nantes, L'Ecole Nationale Supérieure des Techniques
Industrielles et des Mines de Nantes, L'Ecole Supérieure
d'Architecture de Nantes, l'Université de Nantes.
Présentée et soutenue par :
ANGELIQUE LEQUAI
Le 29 septembre 2010 à l'Ecole Nationale
Supérieure des Techniques Industrielles et des Mines de Nantes
Analyse des conséquences de la mise en place d'une
stratégie énergétique d'un projet d'aménagement
à l'échelle du quartier
JURY
Bernard Bourges Enseignant chercheur, laboratoire GEPEA,
équipe SEDET, Ecole des Mines de Nantes
Françoise Chaillou Ingénieur de recherche /
architecte DPLG, CERMA
Georges-Henry Laffont Post-doctorant, laboratoire GEPEA,
équipe SEDET, Ecole des Mines de Nantes Virginie Meunier
Enseignant-chercheur / architecte DPLG, CERMA
Directeur de mémoire Bernard Bourges
Laboratoire Ecole des Mines de Nantes, laboratoire GEPEA,
équipe SEDET.
Co-encadrants Georges-Henry Laffont, Ecole des Mines de Nantes,
laboratoire GEPEA, équipe
SEDET.
Hélène Rougeron - chargée d'études -
Union Régionale des Conseils d'architecture, d'urbanisme et de
l'environnement d'Ile-de-France.
Résumé
Ce mémoire vise à comprendre les
conséquences de la mise en place d'une stratégie
énergétique dans un projet d'aménagement urbain à
l'échelle du quartier. Fort des hypothèses selon lesquelles la
stratégie énergétique a un impact sur la gouvernance et
sur les solutions techniques mises en oeuvre, cette analyse se fonde sur
l'étude de deux projets d'aménagement francilien : la
réhabilitation de la copropriété du Ponceau, à
Cergy (95) et la ZAC de l'Eco-quartier du Val de Ris, à Ris-Orangis
(91).
Ce document montre que l'intégration de
l'énergie dans les projets d'aménagement répond à
des objectifs distincts. Il met en avant les différences entre les
projets de constructions neuves et les projets de réhabilitation. Il
souligne l'évolution de la gouvernance, tant dans l'organisation des
acteurs que dans les outils et des méthodes qu'ils mettent en place. Les
études énergétiques, plus approfondies, sont
discutées avec les experts énergéticiens qui accompagnent
les collectivités. Ensemble, ils définissent la stratégie
et les systèmes énergétiques adaptés au contexte
local et aux besoins de l'opération.
En résulte alors un projet plus complexe de par la
diversification des acteurs et l'addition d'objectifs parfois ambitieux. La
mise en place d'une solution énergétique adaptée au
contexte est consommatrice en temps et peut allonger le processus de projet. Ce
document soulève aussi. Enfin, certaines limites de la mise en place
d'opérations énergétiques sont mises en perspectives et
discutées. Les difficultés pour mettre en place un montage
financier robuste d'un projet intégrant un caractère durable ou
les limites de la modélisation énergétique sont ainsi
abordées.
Mots-clés : Energie, Aménagement,
quartier, gouvernance, management.
Summary - Study of the consequences of the
energetic strategy within a city-planning program
This report aims at studying the consequences of the
implementation of the energetic strategy of a city-planning program on a
district scale. The analysis is based on the hypothesis that the energetic
strategy impacts the governance and the choice of the technological solutions.
It is based on two pilot schemes: a rehabilitation program of a 30-year
district and an integrated development zone, a former industrial site which
includes a protected natural area, on the border of the Seine.
This document shows the various purposes which lead to
integrate energy in a project. It underlines the differences between the
rehabilitation and the construction projects. The global governance is
impacted, especially the organization of the stakeholders, the tools and
methods elaborated. The energetic studies are more detailed and discussed in
between experts and city-planners. Together, they define the energetic strategy
which is adapted to the local context and the need s of the future district.
From this study, it can be derived that integrating the energy
within a city-planning project makes it more complex. More persons are involved
in, more objectives are settled. All together, it may lead to a longer project.
To finish with, this document highlights some limits of making an energetic
strategy. They mainly deal with building a viable financial plan, involving the
joint-ownership and making energetic models on the building.
English keywords: Energy, City planning,
management, governance.
Discipline: Ville-Energie
Je tiens sincèrement remercier toute l'équipe de
l'Union régionale des Conseils d'architecture, d'urbanisme et de
l'environnement d'Ile-de-France pour son accueil et, plus
particulièrement, Hélène Rougeron - chargée
d'études d'opérations d'aménagement d'Ekopolis et tutrice
- pour la confiance qu'elle m'a accordée, en me donnant une certaine
autonomie tout au long de ma mission.
Je souhaite aussi remercier Bernard Bourges,
enseignant-chercheur du Département systèmes
énergétiques et environnement (DSEE) et tuteur de l'Ecole des
Mines de Nantes, pour son accompagnement tout au long de mon stage et sa
disponibilité. De même, je remercie Georges-Henry Laffont pour ses
conseils et son accompagnement pour la rédaction de ce
mémoire.
Je remercie par ailleurs tout le personnel du Conseil
d'architecture, d'urbanisme et de l'environnement de Seine Saint-Denis (93),
structure qui m'a hébergée tout au long de ce stage.
L'équipe m'a accueillie très chaleureusement et m'a permis de
bénéficier de ses connaissances urbanistiques et
architecturales.
Enfin, pour le temps consacré à la relecture de mon
mémoire, je remercie amis et famille pour l'aide qu'ils m'ont
apporté.
Concevoir un ÉcoQuartier :
- c'est cesser de considérer le sol comme un simple actif
à valoriser à court terme, pour l'envisager
comme un bien non renouvelable dont on assure l'économie,
la cohérence, et le devenir,
- c'est penser les extensions urbaines d'aujourd'hui comme le
patrimoine de demain,
- c'est appréhender le cadre de vie des habitants actuels
comme étant celui des générations futures,
- c'est savoir que l'énergie est précieuse ; que
les territoires, l'eau, l'air, le climat ont leurs logiques
propres, qu'ils sont indispensables à nos vies mais que si
on ne s'inscrit pas dans leur logique, ils constituent aussi un risque,
- c'est comprendre que la proximité est une richesse et
une valeur pour les habitants.
Référentiel EcoQuartiers (MEEDDM, 2009)
Remerciements 3
Introduction 6
1 Contexte et problématique 8
1.1 L'aménagement à l'échelle du quartier :
les enjeux 8
1.2 Les procédures qui encadrent les projets
d'aménagement 10
1.3 Les acteurs de la gouvernance 13
1.4 Les solutions techniques pour les questions
énergétiques 22
1.5 L'énergie dans les projets d'aménagement 32
1.6 Synthèse et problématisation 41
1.7 Méthodologie de l'analyse 42
2 La ZAC de l'Eco-quartier du Val de Ris 46
2.1 Caractéristiques générales de la ZAC
46
2.2 Place de l'énergie dans le projet 48
2.3 Analyse de la gouvernance 49
2.4 Analyse des solutions et techniques
énergétiques mises en oeuvre 58
2.5 Montage financier 65
2.6 Prise de recul sur la stratégie
énergétique 66
3 La réhabilitation de la copropriété du
Ponceau 70
3.1 Le contexte énergétique du quartier du Ponceau
70
3.2 Place de l'énergie dans le projet 72
3.3 Analyse de la gouvernance 75
3.4 Prise de recul sur la stratégie
énergétique 80
4 Analyse générale de l'énergie dans les
projets d'aménagements urbains 86
4.1 Entre réhabilitation et constructions neuves, des
divergences notables 86
4.2 Les impacts de la mise en place d'une stratégie
énergétique sur la gouvernance 89
4.3 Les solutions techniques mises en oeuvre au regard de la
stratégie énergétique 93
4.4 Critiques quant à la méthodologie
utilisée 95
Bibliographie 97
Tables des illustrations 99
Glossaire 100
Sommaire des annexes 100
INTRODUCTION
Le développement durable, concept établi la
première fois dans le rapport du Brundtland par la Commission mondiale
sur l'environnement et le développement des Nations Unies en 1987, est
aujourd'hui présent dans les politiques nationales et internationales.
Il s'applique notamment dans les projets d'aménagement, comme en
témoignent les nombreux référentiels d'aide à
l'élaboration de ces opérations qui intègrent les trois
dimensions de ce concept : l'environnement, l'économie et l'aspect
social.
C'est dans l'objectif d'analyser la mise en oeuvre des projets
d'aménagements dans leur transversalité que j'ai
réalisé un stage de six mois au sein d'Ekopolis, pôle de
ressources pour l'aménagement et la construction durables porté
par l'Union régionale des Conseils d'architecture, d'urbanisme et de
l'environnement (URCAUE) d'Ile-de-France. Ce stage s'inscrit dans le cadre de
la validation du master 2 Sciences et techniques des environnements urbains,
formation portée conjointement par quatre établissements nantais
: l'Ecole des Mines, l'Ecole Centrale, l'Ecole Nationale Supérieure
d'Architecture et l'Université. Ma mission au sein de l'URCAUE-IDF m'a
conduite à étudier deux projets d'aménagement franciliens
: la réhabilitation du quartier du Ponceau, à Cergy (95) et la
ZAC de l'Ecoquartier du Val de Ris, à Ris-Orangis (91).
La réhabilitation du Quartier du Ponceau
représente une expérimentation pour les principaux acteurs du
projet. Première Opération programmée
d'amélioration thermique des bâtiments
(OPATB)1 suivie par l'ADEME en Ile-de-France, le projet
même s'il n'est encore qu'au stade des études
pré-opérationnelles, pose la question de la réhabilitation
énergétique des copropriétés, en même temps
que celle de la mutation d'un quartier en quartier «durable ».
L'intérêt de ce projet réside également dans la
démarche menée par l'association d'habitants et le CAUE 95 pour
la sensibilisation, la formation et l'accompagnement des
copropriétaires.
Le projet de la Zone d'aménagement concertée
(ZAC)2 de l'Eco-quartier du Val de Ris, initialisé en 2001,
constitue l'un des premiers quartiers dits durables qui émerge en
Ile-de-France. Entré en phase de construction en 2010,
l'aménagement de cette ancienne friche industrielle pose la question du
processus d'élaboration d'opérations d'aménagement
dotées d'objectifs remarquables tels que la reconversion d'une friche
industrielle, la labellisation BBC à l'échelle du quartier ou la
mise en place d'un volet culturel. L'intérêt de cette
opération réside aussi dans le système de gouvernance mis
en oeuvre et dans la présence forte d'un Assistant à la
maîtrise d'ouvrage.
Les visites des sites des deux quartiers et les rencontres
avec les acteurs du projet ont rapidement conduit à déterminer
une caractéristique commune de ces deux opérations. La ZAC de
l'Eco-quartier du Val de Ris et le projet de réhabilitation de la
copropriété du Ponceau mènent une véritable
réflexion sur la mise en oeuvre d'une stratégie
énergétique dans les programmes des opérations. C'est fort
de cette observation que se pose la question de la prise en compte de l'aspect
énergétique dans les projets d'aménagement. Certes, il
existe un cadre réglementaire qui fixe des exigences minimales quant aux
performances énergétiques. Cependant, il est difficile de mesurer
les conséquences de la mise en place d'une stratégie
énergétique, tant dans la gouvernance que dans le système
technique mis en oeuvre.
Ce mémoire a pour objectif d'étudier les
changements de processus de mise en oeuvre d'un projet d'aménagement
à l'échelle du quartier et ses conséquences lorsque
l'énergie est pleinement intégrée dans
1 Une Opération programmée d'amélioration
thermique des bâtiments (OPATB), créée en 2002, est un
programme d'une durée de cinq ans qui a pour objectif de
développer des travaux de maîtrise de l'énergie et
l'utilisation d'énergies renouvelables, dans les bâtiments
résidentiels et tertiaires, publics et privés. Elles favorisent
les partenariats entre les collectivités initiatrices et les
professionnels de l'aménagement. Les OPATB offrent un cadre juridique et
financier qui permet l'obtention de subventions et d'une aide pour le suivi
animation de l'opération.
2 La ZAC est une procédure d'aménagement
réglementaire pour des espaces à l'intérieur desquelles
une personne publique décide d'intervenir pour réaliser ou faire
réaliser l'aménagement et l'équipement des terrains en vue
de les céder ou de les concéder à des utilisateurs publics
ou privés.
la programmation de l'opération. Dans la mesure
où le projet de réhabilitation du quartier du Ponceau est
à dominante résidentielle et que le secteur de la ZAC de
l'Eco-quartier du Val de Ris qui est aujourd'hui en phase de réalisation
(le secteur des Docks de Ris) est aussi à dominante
résidentielle, l'objet principal de l'étude sera donc la mise en
place d'une stratégie énergétique dans un programme
résidentiel à l'échelle du quartier.
Ce document s'articule, dans un premier temps, autour d'une
réflexion sur l'aménagement territorial, la gouvernance de ce
type de projet et sur les aspects réglementaires et techniques relatifs
à l'énergie. La méthodologie d'analyse mise en oeuvre est
ensuite présentée avant de poursuivre avec l'analyse de la
stratégie énergétique mise en place au sein des deux
études de cas. Elles s'organisent autour de la gouvernance des projets
(interaction entre les acteurs, outils et méthodes de management), les
caractéristiques principales du montage financier et des systèmes
énergétiques mis en oeuvre.
Ce mémoire se base notamment sur les analyses
de la ZAC de l'Eco-quartier du Val de Ris et du projet de réhabilitation
de la copropriété du Ponceau réalisées par Ekopolis
et dont je suis un des auteurs principaux. C'est d'ailleurs à ce titre
que j'en reprends certains éléments.
1 CONTEXTE ET PROBLEMATIQUE
1.1 L'AMENAGEMENT A L' ECHELLE DU QUARTIER : LES ENJEUX
Les opérations d'aménagement ont pour
objectifs de «
mettre en oeuvre un projet urbain, une politique
locale de l'habitat, d'organiser le maintien, l'extension ou l'accueil des
activités économiques, de favoriser le développement des
loisirs et du tourisme, de réaliser des équipements collectifs,
de lutter contre l'insalubrité, de permettre le
renouvellement urbain, de sauvegarder ou de mettre en valeur le patrimoine
bâti ou non bâti et les espaces naturels » (code de
l'urbanisme, code de l'urbanisme, article L300-1). Cette
car ils intègrent des o
définition illustre la complexité des
projets urbains bjectifs économiques, sociaux,
environnementaux et urbains qui répondent
à des enjeux actuels.
1.1.1
L'arrivée du développement durable
dans l'aménagement
«nous
Considérons les 50 dernières années
où, comme le précise le physicien français Louis De
Broglie, sommes dans une période où l'histoire
s'accélère, où les découvertes dela Science et les
progrès de ses
-mêmes sont
applications sont si rapides que les conditions de la vie
matérielle et de la vie intellectuelle elles
sans cesse en prompte et constante évolution
» (De Broglie, 1960) . Regardons donc l'évolution
de la mise en place des projets d'aménagements en France.
Dans les années 1960-1970, l
e territoire était planifié selon
une « visée spatialiste » qui
consiste à
«
accompagner le développement
économique par l'aménagement de l'espace »
(Pinson, 2006). En somme, l'écon
omie était le facteur de l'expansion
territoriale. Grâce au fort développement de la mobilité,
c'est à cette période que l'étalement urbain,
phénomène de développement de surfaces urbaines en
périphérie de ville, s'est
accéléré.
Cette tendance s'est modi fiée avec la crise
économique et le choc pétrolier des années 1970. La ville
se situe alors par rapport à son environnement
(Pinson, 2006), l 'économie ne domine plus l'aménagement
urbain. La première réglementation thermique française est
appliquée en 1975. Certains produits dits aujourd'hui
environnementaux et innovants ont été créés
durant cette période, comme les capteurs solaires ou même,
à plus grande échelle, la centrale solaire de Thémis dans
les Pyrénées Orientales. Ces solutions ont
été rapidement abandonnées lors de la
reprise économique. La crise des années 70 a donc commencé
à amener les maîtres d'ouvrage à
considérer les thématiques environnementales dans un
projet.
En 1987 paraît le rapport
Brundtland3, dans lequel est évoquée
pour la prem ière fois la notion du développement
durable. Il conforte la tendance à intégrer la dimension
environnementale, mais aussi sociale et économique. C'est
également depuis les années 1990 que le
développement durable est intégré dans les
discours politiques internationaux et français 4
. Ces évolutions de réflexions sur
l'intégration du développement durable dans les
politiques ont aussi des conséquences sur la
manière de réaliser les aménagements urbains. Les
trois dimensions du
ement durable
3 Rapport du Brundtland accessible sur le lien
suivant :
http://www.cannes.com/images/stories/docs/qualitevie/environnenment/devdurable/rapportbrundtland.pdf
4 Après une première définition du
développement durable dans le rapport du Brundtland (Commission
mondiale sur l'environnement et le développement, 1987), le
premier Ministre frança
is, Edith Cresson mentionne le
développement
durable dans son disc
ours de politique générale du 22 mai
1991. Le sommet de Rio (1992) définit les trois piliers du
développement durable et met en place l'Agenda21. La publication de la
charte d'Aalborg (1994) met en avant le principe de la participation et les
grands sommets internationaux
(Kyoto (1997), Johannesburg (2002) et Copenhague
(2009)) visent à fixer le cadre d'application du
principe du développement durable. Parallèlement, la
législation française évolue avec la loi
Relative à la solidarité et au renouvellement
u
rbain (2000) et le Grenelle de
l'Environnement
(2010).
1.1.2 Ecoquartiers et quartiers durables, le modèle
urbain d'aujourd'hui
Un bref aperçu de l'histoire des
écoquartiers montre que ce modèle urbain s'est
développé parallèlement à
l'intégration du développement durable dans les
politiques, et spécialement dans les deux dernières
décennies :
> Les premiers quartiers écologiques datent de 1960. Ce
sont des expérimentations marginales à de petites
échelles, résidentielles et en général
éloignées des centres urbains (Bousquet, 2007).
> Pendant les années 1980, les «
proto-quartiers » émergèrent. Ils proviennent du nord et du
centre de l'Europe, issus de la volonté des habitants de vivre dans un
environnement urbain maîtrisé d'un point de vue écologique
(Souami, 2009) .
> Les « quartiers prototypes » se
développèrent dans les années 1990.
Bénéficiant de financements exceptionnels pour leur construction,
ces lieux ont été des laboratoires urbains. Il s'agit davantage
d'un modèle de représentation que de véritable philosophie
écologique (Souami, 2009).
> Enfin, la génération des « quartiers
types » met du réalisme dans les projets urbains à
l'échelle du quartier. Ils sont reproductibles sans recourir à
des modifications du cadre réglementaire de l'urbanisme classique (PUCA,
2007).
Une brève description de certains écoquartiers
souvent considérés comme modèle européens est
disponible en annexe 1 de ce document.
Aujourd'hui, on parle d'écoquartiers et de quartiers
durables sans toujours distinguer la nuance entre ces dénominations.
L'écoquartier est un quartier pensé et conçu à
partir de principes essentiellement environnementaux tels que la gestion de
l'eau, la biodiversité ou les déchets. Le quartier durable
intègre l'ensemble des dimensions traditionnelles du
développement durable : les aspects environnementaux, économiques
et sociaux. Une réflexion urbaine et territoriale et un travail sur la
gouvernance qui est parfois considérée comme la quatrième
dimension du développement durable, en sont aussi des composantes
(Boutaud, 2009).
L'histoire montre donc que l'évolution des principes
d'aménagement urbain est concomitante aux pensées intellectuelles
(scientifiques, sociaux ou philosophiques) et politiques. Les enjeux de
l'aménagement évoluent aussi et traitent aujourd'hui de
problématiques urbaines, environnementales, sociales et
économiques. Elles témoignent de l'intégration du concept
du développement durable dans la façon de concevoir les projets
d'aménagement.
1.1.3 Des enjeux transversaux actuels
L'aménagement urbain repose sur de nombreux enjeux
actuels qui sont notamment intégrés dans la loi
SRU du 13 décembre 2000 et dans la loi
Urbanisme et Habitat du 2 juillet 2003. Les enjeux de
l'aménagement urbain sont :
> La fonctionnalité du quartier et le confort au
coeur du projet
L'objectif ultime d'un projet urbain est la réalisation
d'un nouvel espace de vie dans lequel les citoyens vont évoluer. L'usage
du territoire et sa fonctionnalité doivent donc être le centre des
décisions. C'est pourquoi le confort urbain (visuel, olfactif,
thermique...) est un axe essentiel à considérer.
> Le contrôle de l'étalement urbain :
Il n'existe pas de levier à l'échelle locale
pour réduire la croissance démographique et peu de moyens pour en
réduire les impacts. Mal contrôlés, les aménagements
urbains conduisent irrémédiablement à l'étalement
urbain. Les espaces verts disparaissent au profit d'habitations qui
nécessitent des équipements, des réseaux et un
accès aux transports. Ces espaces bâtis diminuent drastiquement la
perméabilité des sols et génèrent des
problèmes hydriques. L'éloignement du centre urbain rend la
voiture nécessaire.
> L'évolution des villes, des bâtiments et de
leurs usages :
A Paris, 74% des bâtiments ont été
construits avant la première guerre mondiale (APUR, 2007), le parc se
renouvelle annuellement de 1%. Ainsi, la construction et l'aménagement
d'aujourd'hui fera la ville de demain, et devra l'accompagner dans ses
mutations. La réversibilité, l'adaptabilité (du tissu
urbain, des bâtiments, etc.) doivent être intégrées
dans les projets tout en protégeant le patrimoine existant.
> La construction d'un espace de vie et de mobilité
:
Le dynamisme d'un espace métropolitain se crée
notamment grâce au maillage de son réseau de transports. Son
intégration dans le projet urbain est un facteur clé pour
l'attractivité et la régénération de la ville et
donc pour son évolutivité.
> Une mixité sociale et fonctionnelle :
Un équilibre entre les milieux sociaux (des populations
les plus démunies aux plus favorisées) doit être
trouvé dans un projet d'aménagement afin de permettre
l'intégration métropolitaine et ainsi d'empêcher la
création d'un quartier « ghetto » ou « bobo ». Par
ailleurs, ce même quartier doit assurer une mixité fonctionnelle
afin de diminuer les distances entre travail, loisirs et logement.
> L'environnement et l'énergie :
La gestion de la biodiversité, de l'eau, de
l'énergie ainsi que des déchets, la diminution de la consommation
des énergies fossiles, ou la dépollution des sols sont autant
d'éléments à considérer afin de réduire
l'impact de l'homme sur sa planète.
Les projets d'aménagement évoluent donc et
répondent à des enjeux dont certains font clairement
référence au développement durable. Deux grands types de
projets peuvent être distingués : la réhabilitation de
l'existant et la construction de bâtiments neufs. Des enjeux cités
ci-dessus, certains sont plus adaptés aux projets de construction. Il
est par exemple difficile d'agir sur les mixités fonctionnelles et
sociales lors de la réhabilitation d'un quartier. Cet espace a une
histoire et surtout un existant à prendre en compte comme un plan masse
ou des habitants avec leurs caractéristiques sociales ...
Les projets de constructions sont plus libres dans leur
programmation car le terrain est vierge. Ils ont par exemple davantage de
leviers pour établir la mixité fonctionnelle et définir
les zones commerciales, d'activités ou de logements. Ce potentiel
d'adaptation conduit donc à penser que dans la globalité,
l'ensemble des enjeux présentés ci-dessus peuvent trouver plus
facilement une réponse lors de la mise en oeuvre des projets de
constructions neuves. Dans la mesure où les projets d'aménagement
sont mis en place dans le cadre de procédures qui sont souvent
définies réglementairement, regardons donc les critères
qui les définissent pour vérifier cette première
analyse.
1.2 LES PROCEDURES QUI ENCADRENT LES PROJETS
D'AMENAGEMENT
Trois procédures d'aménagement sont
définies par le Code de l'urbanisme : les Zones d'aménagement
concertées (ZAC), les lotissements et les Résorptions de
l'habitat insalubre (RHI). Elles définissent le cadre d'actions de ces
opérations. D'autres procédures, comme par exemple
l'Opération programmée de l'amélioration de l'habitat
(OPAH), sont mises en oeuvre par les collectivités. Distinguons les
procédures relatives aux constructions neuves de celles qui cadrent les
projets de réhabilitation.
1.2.1 Projets de constructions neuves
1.2.1.1 Les Zones d'aménagement concertées
(ZAC)
La ZAC est une procédure définie par le Code de
l'urbanisme et mentionnée dans le Code général des
collectivités territoriales.
Il s'agit d'un outil juridique et financier dont l'initiateur
est une autorité publique. Elle offre une certaine souplesse aux
collectivités pour réaliser un programme urbain notamment dans la
maîtrise du foncier et dans la programmation de l'opération.
La ZAC présente une procédure complexe et longue
(concertation, dossier de création, dossier de réalisation). Elle
établit un lien contractuel entre la collectivité et
l'aménageur, le cas échéant, qui finance et réalise
le programme des constructions selon les critères définis par la
collectivité. La concession lui offre des avantages nombreux à la
collectivité car elle ne porte plus aucun risque financier. La
collectivité peut aussi choisir de rester le seul maître d'ouvrage
: elle est alors en régie directe. Dans ce cas, elle doit
acquérir le foncier, user de l'expropriation à son nom et
financer elle-même tout le programme de construction.
1.2.1.2 Les lotissements
Le lotissement est une procédure définie par le
Code de l'urbanisme (article R 315.1) qui permet de diviser une parcelle en
plus de deux lots en vue d'une implantation de bâtiments. Elle peut
être à l'initiative d'une collectivité locale, d'un
aménageur ou d'un particulier (DRE Poitou-Charentes, 2007).
1.2.2 Projets de réhabilitation
L'intervention des structures publiques sur un parc immobilier
privé n'est pas aisée. Aussi, des procédures ont
été créées afin de faciliter cette démarche,
pour aider les particuliers en difficulté ou pour mettre en oeuvre le
principe d'intérêt général.
1.2.2.1 L'Opération programmée
d'amélioration de l'habitat (OPAH),
Créée en 1977, l'OPAH
associe une commune, l'Agence nationale de l'habitat (ANAH) et l'Etat pour
développer les travaux d'amélioration du cadre de vie
(sécurité, confort, salubrité, accessibilité, ...)
au sein de quartiers ou zones présentant un bâti
dégradé, voire indigne.
Le cadre des OPAH permet de subventionner les travaux dans les
parties privatives des bâtiments. Le montant de l'aide fournie par l'ANAH
est établi selon des critères sociaux pour les
propriétaires occupants et les propriétaires bailleurs. Par
ailleurs, la collectivité initiatrice de l'OPAH est responsable de
l'amélioration du cadre de vie (espaces publics, commerces, etc.) du
périmètre considéré.
Il existe différents types d'OPAH :
Figure 2 - les différents types d'OPAH, (DRE
Poitou-Charentes, 2007)
1.2.2.2 La Résorption d'habitat insalubre (RHI)
La RHI est une procédure issue de la loi Engagement
national pour le logement (2005). Elle permet à une collectivité
ou à l'état d'exécuter des travaux en se substituant aux
propriétaires qui n'ont pas pu/voulu les réaliser. Ces
propriétaires peuvent alors être expulsés (CERTU, 2008).
1.2.2.3 Les Opérations de restauration
immobilière (ORI)
Les Opérations de restauration immobilières,
initiées par des collectivités, permettent de réaliser des
travaux d'amélioration de bâtiments. Elles sont alors soumises
à une Déclaration d'utilité publique qui contraint les
propriétaires à réaliser les travaux.
Les travaux sont coordonnés soit par un
aménageur désigné par la collectivité, soit par une
maîtrise d'ouvrage privée (association des propriétaires
(Poitou-Charentes, 2007). Une ORI peut être intégrée dans
une OPAH.
1.2.2.4 Les Opérations de rénovation urbaine
(ORU)
Les ORU sont issues de la loi d'Orientation et de
programmation pour la ville et la rénovation urbaine (août 2003).
Elles intègrent les anciennes Opérations de renouvellement urbain
(ORU) et les Grand Projet de Ville (GPV). Initiées et pilotées
par une collectivité locale, les ORU visent à améliorer
les quartiers dévalorisés (ZUS) d'une agglomération pour
les intégrer dans une dynamique urbaine (CERTU, 2008).
L'Agence nationale pour la rénovation urbaine (ANRU) est
le principal partenaire financier de ces projets. L'ANRU est financée
par l'Etat, l'UESL et la Caisse des dépôts et consignations.
1.2.3 Synthèse des cadres de projet
Le tableau ci-dessous présente la synthèse des
différentes procédures :
Procédure
|
ZAC
|
Lotissement
|
OPAH
|
RHI
|
ORI
|
ORU
|
Type de projet
|
Construction
|
Construction
|
Réhabilitation
|
Réhabilitation
|
Réhabilitation
|
Réhabilitation
|
Initiative
|
Collectivité
|
Collectivité Particulier
|
Collectivité
|
Collectivité
|
Collectivité
|
Collectivité
|
Financeur
|
La collectivité et/ou l'aménageur
|
Personne à l'initiative du projet ou
aménageur
|
Les copropriétaires
|
La collectivité
|
Les copropriétaires
|
Les copropriétaires
|
Partenaires financiers
|
-
|
-
|
ANAH, collectivités,
|
Etat (70-100%), collectivités,
|
Etat (réduction d'impôts)
|
ANRU , collectivités,
|
Figure 3 - Les procédures d'opérations
d'aménagement, A. Lequai 2010
De ce tableau, on remarque dans un premier temps que la
collectivité est presque systématiquement initiatrice des
projets. Cela s'explique de par sa compétence d'aménageur et de
par son fort pouvoir décisionnaire sur son territoire. Elle porte
cependant rarement le risque financier du projet. En effet, dans le cadre des
projets de constructions, la Ville concède souvent sa maîtrise
d'ouvrage et laisse donc l'aménageur acquérir le foncier,
coordonner le projet et réaliser une partie des équipements.
Dans le cadre des projets de réhabilitation de parcs
privés, ce sont principalement les propriétaires qui sont
financeurs. Les procédures d'aménagement conduisent alors
à la mise en place de subventions afin de faciliter le montage financier
de l'opération. L'ANAH et l'ANRU, deux agences nationales, sont les
organismes principaux pour subventionner les propriétaires. Leur mission
est d'aider les populations les plus défavorisées, ce qui conduit
à penser que les objectifs des projets de réhabilitation seront
davantage portés sur l'amélioration du confort urbain.
L'hypothèse selon laquelle les projets de l'existant sont moins
flexibles et moins adaptables à l'ensemble des enjeux est donc
vérifiée.
Enfin, ces procédures d'aménagement favorisent
la coopération entre les acteurs d'un projet urbain, essentiellement
dans le cadre du montage financier mais aussi dans le cadre du portage
politique du projet. Regardons donc comment les acteurs s'organisent tout au
long des phases de projet et comment ils intègrent les différents
enjeux listés précédemment.
1.3 LES ACTEURS DE LA GOU VERNANCE
Parallèlement à la prise en compte du
développement durable par les pouvoirs publics, les systèmes de
gouvernance des villes européennes ont considérablement
évolué dans les années 1990. Le processus de
pluralisation, c'est-à-dire « la multiplication
des acteurs et la dispersion des ressources nécessaires à
ces mêmes politiques urbaines » (Pinson,
2006), s'est progressivement mis en place.
Réaliser un projet d'aménagement
nécessite souvent plus de dix ans. Il se déroule en 5
phases (Association HQE, 2010):
> Commande : identification des besoins d'un
territoire et ses enjeux principaux,
> Etudes pré-opérationnelles
: réalisation de diagnostics et d'études de
faisabilité pour faire un état des lieux du
périmè tre, mettre en avant ses atouts et ses faiblesses
et proposer des solutions. Cette phase permet la détermination des
orientations générales du projet qui sont mises en
adéquation avec les moyens financiers ;
> Planification et programmation :
définition des objectifs et mise en place d'un programme
chiffré en fonction des besoins définis dans le
diagnostic, des contraintes et des solutions préconisées dans
les études pré-opérationnelles,
> Réalisation : mise en oeuvre du
programme (démolitions, constructions, etc.),
> Fonctionnement : dès la fin des
travaux, le quartier peut accueillir ses habitants et usagers. Si les
éléments techniques ont pu être conçus
précisément en amont, les aspects sociaux et économiques
ont seulement pu être favorisés. On ne peut
être ce
rtain de l'efficacité d'un programme social ou
économique que lorsque le quartier vit. La phase de fonctionnement est
donc la phase essentielle qui établit le succès
ou l'échec du programme d'aménagement.
Pour maintenir la dynamique de projet durant ces cinq
phases, les acteurs doivent être encadrés. C'est
notamment le rôle de la maîtrise d'ouvrage.
1.3.1 La maîtrise d'ouvrage
1.3.1.1 Les acteurs
Deux structures peuvent composer la maîtrise
d'ouvrage, à savoir les collectivités territoriales et
les aménageurs.
La collectivité territoriale :
structure administrative d'échelle variable
(commune, intercommunalité, département ou région). Chaque
collectivité dispose de compétences spécifiques comme
l'éducation, la santé ou le logement qui lui permettent d'assurer
l'intérêt général de ses habitants. La commune est
le plus petit échelon territorial doté de compétences
d'aménagement urbain, ce qui la conduit par exemple à
ZAC. Les
élaborer les PLU, à signer des permis de
construire sur son territoire et à mettre en place des
compétences communales peuvent être
déléguées à une intercommunalité
(communauté d'agglomération, communauté urbaine ou
communauté de communes). La loi Chevènement, votée en
1999, met en place les compétences obligatoires,
optionnelles ou facultatives des intercommunalités. Un même projet
peut donc dépendre de plusieurs collectivités selon les enjeux
évoqués.
L'aménageur
: Un projet d'aménagement à
l'échelle d'un quartier est complexe. Il fait appel à de
nombreux métiers tels que l'ingénierie technique
et financière, les urbanistes, les architectes ou les
promoteurs. Lorsque les collectivités territoriales
souhaitent être accompagnées dans leur projet
d'aménagement, elles
s de contrats peuvent
font souvent appel à un aménageur qui
coordonne et pilote le projet. Différents type
lier ces deux parties comme la délégation
de la maîtrise d'ouvrage (MOAD) ou sa concession.
1.3.1.2 Leurs missions
La maîtrise d'ouvrage est l'entité qui commandite
le projet. Durant tout le processus de l'opération, elle prend les
décisions, pilote le projet et coordonne l'ensemble des acteurs. Chacune
de ces fonctions peutêtre assurée par des structures
différentes (collectivité, aménageur).
Etant responsable de la cohérence du projet et devant
prendre des décisions vis-à-vis de ses orientations et de ses
objectifs, la maîtrise d'ouvrage organise des réunions. Elle
rencontre la maîtrise d'oeuvre et d'autres acteurs si nécessaire
durant les comités de pilotage.
En charge de la réalisation des objectifs, la MOA met
aussi en place des outils de nature contractuelle tels que les cahiers de
prescriptions ou les cahiers des charges, ainsi que des outils d'encadrement
(plan d'actions, système de management environnemental...) mis en place
durant la phase de planification/programmation.
1.3.1.3 Un manque de méthode pour mettre en oeuvre
un projet durable
Un des problèmes majeurs et actuels de la mise en
oeuvre des politiques publiques est leur manque d'évaluation, de
capitalisation d'expérience et de diffusion (Bousquet, 2007). En plus de
l'évaluation qui n'est pas dans la culture des professionnels de
l'aménagement français, la difficulté réside dans
le fait que la maîtrise d'ouvrage connaît peu de méthodes
pour évaluer un projet en amont, pendant et à postériori.
(CEDIP)
Pourtant, de nombreux référentiels
d'évaluation de projets existent en France : RST02 (Certu), AEU (Ademe),
@d (DRIEA), HQE®-Aménagement (Association HQE),
référentiel EcoQuartiers (MEEDDM)... Ils sont en
général destinés à aider le maître d'ouvrage
à évaluer la prise en compte du caractère durable dans son
projet d'aménagement. Elaborés par des structures
différentes, ils ne répondent pas tous aux mêmes objectifs.
Certains s'articulent autour des trois dimensions du développement
durable, d'autres s'organisent autour de concepts transversaux. Certains
comportent des indicateurs précis, d'autres uniquement des
recommandations générales. Certains peuvent être
utilisés à toutes phases du projet, d'autres en sont restreints
à une seule (en amont, pendant, à postériori). Certains
s'appliquent à tous types d'aménagement, d'autres se focalisent
uniquement sur un aspect (la réhabilitation par exemple).
Il existe donc de nombreux référentiels, mais
trop peu de professionnels les mettent en oeuvre. Certains, il est vrai, n'en
voit pas l'utilité. Beaucoup ne savent pas quel outil choisir. Les
maîtres d'ouvrage trouvent souvent difficile l'identification de l'outil
adéquat à leur projet d'aménagement. L'information,
très peu lisible, nécessite d'être éclaircie pour
que les aménageurs puissent se saisir des outils. La synthèse
d'Ekopolis (présentée en annexe 2), vise notamment à
présenter six outils afin de mettre en lumière leurs
caractéristiques et d'aider les professionnels de l'aménagement
à les appréhender.
Enfin, un frein dans l'utilisation de ces outils de suivi est
leur coût de mise en oeuvre. Aujourd'hui, malgré le fait que l'AEU
soit un référentiel qui traite principalement l'aspect
environnemental au détriment des autres dimensions du
développement durable. En plus d'être reconnu sur l'ensemble du
territoire, cet outil est subventionné par l'ADEME (donc par l'Etat).
C'est peut-être une des raisons qui explique que beaucoup de projets
d'aménagement utilisent cette méthode.
1.3.1.4 Une maîtrise du foncier essentielle
Le foncier est un élément essentiel que doit
maîtriser la maîtrise d'ouvrage (Alphéeis-Ecomaires, 2008)
car les caractéristiques finales du quartier en dépendent. Un
prix d'achat trop élevé conduit à des ventes dont le prix
supérieur est à la moyenne communale, ce qui compromet la
mixité sociale du quartier. Il peut aussi mener à la diminution
de la qualité et des performances du projet. Les objectifs
établis dans la phase conception pourraient ne pas être atteints.
On comprend alors l'importance de la maîtrise foncière et donc des
négociations dans la phase amont du projet.
Par ailleurs, la maîtrise d'ouvrage doit aussi lutter
contre la spéculation de la valeur foncière (UESR29,
2006). Les négociations sont longues et les collectivités
doivent se méfier de l'intervention de sociétés
privées qui
peuvent souvent acheter le foncier à un prix plus
élevé que les Villes. Cette maîtrise foncière
essentielle pose donc la question du pouvoir de négociation des petites
collectivités face aux propriétaires de terrains
(ministères, particuliers, etc.) ou aux sociétés
privées.
Pour réaliser un projet d'aménagement, la
maîtrise d'ouvrage choisit son équipe de maîtrise d'oeuvre
qui sera en charge de réaliser les études, les diagnostics et qui
pourra être force de proposition.
1.3.2 La maîtrise d'oeuvre
1.3.2.1 L'équipe en en amont de la
réalisation
Intervenant sur l'établissement du diagnostic du
territoire et la réalisation d'études
pré-opérationnelles et opérationnelles, la maîtrise
d'oeuvre est force de proposition pour la conception des projets. Elle est
constituée d'acteurs de champs de compétences variés et se
réunit lors de comités techniques dont l'objectif est de traiter
de sujets relatifs à la conduite de l'opération. Ces
réunions permettent de traduire les stratégies adoptées
dans les comités de pilotages en prescriptions opérationnelles.
C'est l'aménageur ou le mandataire qui assurer la coordination entre le
niveau décisionnel et la maîtrise d'oeuvre.
Les bureaux d'études : les études
(sociales, environnementales, économiques, etc.) sont
généralement effectuées par des bureaux d'études
spécialisés dans chaque domaine. Leurs rôles varient selon
la commande de la maîtrise d'ouvrage et selon les phases de projet. Lors
des études pré-opérationnelles, les bureaux
d'études peuvent être amenés à réaliser un
diagnostic, un avant-projet sommaire ou à émettre des
recommandations afin d'apporter des éléments fiables dans le but
d'aider la maîtrise d'ouvrage à prendre des décisions. Lors
de la phase de planification/programmation, ils réalisent des
études plus précises (dimensionnement d'un système, etc.)
et peuvent avoir un rôle de conseil auprès de la maîtrise
d'ouvrage.
L'architecte : responsable de la conception d'un
bâtiment (forme, disposition, principe constructif, etc.) et de sa
relation avec l'extérieur, l'architecte peut également être
en charge de la coordination des équipes missionnées pour les
études techniques telles que le passage des conduites d'eau ou
l'optimisation de la consommation énergétique. Il travaille
à l'échelle du bâtiment et/ou celle du quartier. Il
intervient donc dans les phases de planification/programmation et de
réalisation de projet.
Le paysagiste : responsable de la conception des
espaces publics (parc, rue, mail, place, etc.) et des espaces privés, il
joue un rôle important dans l'intégration d'un quartier dans son
tissu urbain et dans le confort extérieur des futurs usagers et
habitants. Il intervient donc dans les phases de planification/programmation et
de réalisation de projet.
L'urbaniste : à l'interphase de la mission du
paysagiste et de l'architecte, l'urbaniste est le professionnel dont le
métier est la planification d'un projet d'aménagement d'un
territoire en vue de l'optimisation de son fonctionnement et de ses usages. La
profession n'étant pas réglementée, il n'est pas rare de
rencontrer des professionnels s'autoproclamant architecte-urbaniste ou
paysagiste-urbaniste. Il intervient dans la phase d'étude
pré-opérationnelle pour effectuer une première
ébauche du plan masse, puis dans la phase de
planification/programmation.
1.3.2.2 De nouveaux acteurs en phase de la
réalisation
Lors de la réalisation du projet, de nouveaux acteurs
interviennent : le promoteur et le constructeur. Ces deux acteurs sont parfois
représentés par une même entreprise. Ils travaillent
à l'échelle du bâtiment.
Le promoteur: il achète le foncier à la
maîtrise d'ouvrage, effectue des travaux de construction puis revend ou
loue ces espaces afin d'en tirer des bénéfices. On distingue les
promoteurs privés des bailleurs sociaux qui ont souvent des contraintes
supplémentaires (intérêt collectif). Il intervient dans la
phase de réalisation voire de planification/programmation s'il est
associé à un architecte.
Le constructeur : Les procédés de
construction de bâtiments sont essentiels surtout lorsqu'une performance
énergétique est en jeu. C'est pourquoi la bonne mise en oeuvre
des principes techniques doit être assurée afin d'éviter
les malfaçons et de garantir la performance finale. Il intervient dans
la phase de réalisation.
1.3.3 Usagers / riverains / habitants
1.3.3.1
Distinction entre les habitants, les
copropriétaires, les usagers ou les citoyens...
ur espace de vie
Ces trois
Très souvent, on parle de l'intégration de
citoyens dans un projet. Il s'agit d'un public très varié
composé de personnes qui habitent un quartier, de
personnes dont il compose un fragment de le
(promeneurs, riverains, etc.) et de personnes qui ont un
rapport plus éloignés avec le quartier. instances -
gement.
habitants, usagers et citoyens -
peuvent prendre part dans un projet d'aména
Une sous-catégorie supplémentaire de l'instance
citoyenne peut-être définie. L es habitants sont
constitués des propriétaires (bailleurs ou
occupants) et des locataires qui n'ont pas le même intérêt
dans la réalisation du projet. Un locataire peut
par exemple vouloir s'y investir alors qu'il n'a aucun
pouvoir décisionnaire quant au vote des travaux. De
même, un propriétaire bailleur peut habiter loin du quartier qui
fait l'objet d'un projet et ainsi s'en désintéresser
totalement.
1.3.3.2 Les entités pouv ant représenter les
habitants
Les usagers et les habitants sont le centre de la
conception d'un projet urbain à l'échelle du quartier car
ce sont eux qui vont le faire vivre, qui vont faire du projet
un succès ou un échec. Mais ils ne sont pas toujours co
nsidérés ainsi par les pouvoirs politiques et
les aménageurs. Plusieurs entité s peuvent
représenter des usagers et des habitants.
Les syndicats et syndics de
copropriété: Une copropriété est dotée
d'un syndicat de copropriétaires. C'est une structure obl
igatoire (loi de 1965) composée de l'ensemble
des copropriétaires du bâtiment dont un des
rôles est d'assurer l'entretien des parties communes de la
copropriété. Afin de mettre en oeuvre ses
décisions et de gérer la copropriété, ce
syndicat mandate un syndic de copropriété qui est composé
d'une équipe professionnelle ou d'habitants bénévoles.
Cette structure est assistée et contrôlée par un
conseil syndical composé de copro priétaires
volontaires.
· Copropriétaires élus
Conseil syndical
Contrôle et assiste
· Professionnel (Organisme
privé)
· Bénévole
(copropriétaires)
Syndic de copropriété
Représente
· Tous les copropriétaires
Syndicat de copropriétaires
Figure 4 - Schéma organ isationnel d'une
copropriété, A. Lequai 2010
Les syndics de copropriétés sont essentiels
car ils
représentent officiellement les
copropriétaires et sont à ce titre, des
interlocuteurs reconnus de la Ville. Aussi, ils sont théoriquement les
intermédiaires entre la collectivité et les
habitants d'un projet.
L'association syndicale libre (ASL)
: Une ASL constitue une personne morale qui regroupe
des propriétaires de biens immobiliers voisins. Son
objectif est le groupement de fond pour mutualiser des prestations
d'aménagement ou d'entretien (loi de 1865). Les Associations
foncières urbaines (AFU) ainsi que les Associations
foncières urbaines libres (AFUL) ont des rôles
similaires.
Les associations d'habitants : Les habitants
peuvent se regrouper autour d'un
e association locale. Avec pour
objectif de sensibiliser, former ou revendiquer, les
associations forment un groupe identifié avec qui les
échanges avec la maîtrise d'ouvrage peuvent
être privilégiés. Une association d'habitant n'est
cependant pas souvent représentative de l'ensemble des habitants d'un
quartier.
1.3.4 Les interactions a priori
Depuis les années 1990, les systèmes de
gouvernance des villes européennes ont considérablement
évolué. Le processus de pluralisation, c'est-à-dire «
une multiplication des acteurs et de dispersion des ressources
nécessaires à ces mêmes politiques urbaines » (Pinson,
2006), s'est progressivement mis en place. C'est également depuis les
années 1990 que le développement durable est
intégré dans les discours politiques français et
internationaux (voir note 4). Ce concept incite à la prise en compte
simultanée de ses trois dimensions implique une multiplication des
acteurs dont le dialogue entre experts peut être favorisé. Fort de
ce constat, établissons le rôle et les compétences de
chacun des acteurs et déterminons leurs interactions.
1.3.4.1 L'équipe de projet
Aujourd'hui, le tandem principal qui construit un projet
d'aménagement classique est constitué de la maîtrise
d'ouvrage, qui assure le portage politique et décisionnel, et de la
maîtrise d'oeuvre, qui porte le projet techniquement et est garant de sa
qualité et de ses performances (Bernard, 2008). L'essentiel du projet
s'articulant autour de ces deux acteurs, l'opération se focalise sur des
aspects techniques qui sont souvent les éléments qui sont
communiqués sur des projets (Saillet, 2010).
Les habitants / usagers / citoyens ne sont en
général consultés que dans le cadre des processus
légaux (ex : consultation avant la création d'une ZAC, etc.) et
sont ne sont pas souvent informés de l'évolution réelle du
projet. Les politiques, prudents, préfèrent en
général ne communiquer des informations que lorsqu'elles sont
certaines et qu'elles vont être mises en oeuvre.
Usagers/Habitants
Informe
Elisent
Collectivité
Commandite Coordonne Pilote
Maîtrise d'ouvrage
PROJET
Aménageur ou Service technique
Diagnostique Conçoit, Réalise
Echangent collaborent
Maîtrise d'oeuvre
Interactions fréquentes Interactions intermédiaires
Interactions ponctuelles
Figure 5 - Situation classique de la gestion des projets
d'aménagement : un lien fort entre la maîtrise d'ouvrage et la
maîtrise d'oeuvre, des habitants presque pas considérés, A.
Lequai 2010
Le schéma ci-dessus est une représentation des
relations classiques entre les acteurs d'un projet d'aménagement. Il
s'organise autour d'un triptyque classique des projets d'aménagement qui
se compose des instances décisionnelles (MOA), opérationnelles
(MOE) et de citoyenneté (EPPUR, 2005).
Cette configuration montre que la maîtrise d'ouvrage
réalise rarement une concertation avec les habitants
(Alphéeis-Ecomaires, 2008). Dans ce cadre, il est difficile de rendre
les citoyens acteurs du projet d'aménagement. Qu'ils soient (futurs)
résidants (propriétaire occupant ou locataire), usagers ou
simples citoyens, ceux que l'on nomme dans les pays anglophones le «
grassroot level » disposent d'une compétence que les élus /
aménageurs / professionnels ne peuvent acquérir : la
maîtrise d'usage (MU). Il ne sont pas toujours écoutés par
les collectivités, pas toujours reconnus vis-à-vis de la
plus-value de leur maîtrise d'usage et manquent surtout d'une formation
adaptée pour établir un vocabulaire commun avec les acteurs du
projet.
1.3.4.2 Théorie sur la participation citoyenne *
Les niveaux théoriques de participation
L'implication des citoyens dans un projet d'aménagement
est actuellement un challenge. Des échanges peuvent exister entre la
maîtrise d'ouvrage et les habitants, mais il n'est pas toujours facile de
les qualifier. Différentes activités peuvent connecter une ville
et ses usagers/habitants. Elles ont trait à la concertation, mais
diffèrent dans le degré d'implication des deux partis. Aucun de
ces termes n'est défini par la loi, ce qui donne une certaine
liberté d'interprétation5.
> Communiquer : sélectionner des
éléments diffusables aux habitants, en occultant volontairement
les plus sensibles dans le but que la population adhère au projet (RARE,
2005).
> Informer : porter à la connaissance de tous
les habitants les différentes données et décisions
relatives à un projet. L'information ne vise ni l'adhésion des
personnes, ni le recueil de leurs opinions. Elle se veut objective.
> Sensibiliser : faire prendre conscience aux
habitants de l'enjeu du projet, les intéresser. La sensibilisation donne
« des arguments, des données chiffrées, des
métaphores, mais qui jouent parfois sur la fibre émotionnelle du
public pour lui faire prendre conscience de l'importance d'un
phénomène ou d'une cause, et de sa capacité propre
à agir » (RARE, 2005).
Ces trois premières phases ont un flux unique
descendant, c'est-à-dire que c'est la collectivité qui s'adresse
aux habitants sans attendre de retour de leur part. Les collectivités
jouent en général sur ces trois registres (CRPVE, 2009) en se
basant sur des supports variés : bulletins municipaux, sites internet,
réunions publiques visites de quartier... Les niveaux de participation
suivants permettent au minimum un retour des habitants.
> Consulter : demander le point de vue des
habitants/usagers sur le projet via des enquêtes ou des réunions
publiques. Les habitants doivent donc avoir été informés
voire sensibilisés. Le décideur politique n'est pas obligé
de prendre en compte les opinions émises (Dziedzicki, 2001).
> Partager le diagnostic : réaliser avec les
habitants le diagnostic du territoire.
> Participer : impliquer tous les habitants qui le
souhaitent dans le processus de projet. Ils participent à
l'élaboration des solutions dont le résultat sera des pistes
d'actions (Bernard, 2008).
> Coproduire : impliquer tous les habitants qui le
souhaitent à la réalisation du projet (définition des
objectifs...).
> Co-décider : impliquer tous les habitants qui
le souhaitent aux prises de décisions relatives au projet.
On perçoit d'ailleurs que le terme « participation
», souvent employé par les collectivités, ne désigne
pas systématiquement le même objet. Hervé Saillet a
développé un modèle qui les regroupe en quatre niveaux de
concertation. Cet outil est utile pour situer les collectivités par
rapport à leur politique de concertation.
5 Les définitions proposées ci-dessus
sont inspirées du commentaire de Jodelle Zetlaoui-Léger,
chercheur à l'Institut d'urbanisme parisien (IUP), lors de la formation
« Démarches participatives dans le projet urbaine » du 3 juin
2010, organisée par le CAUE 75 et compétées par certains
ouvrages référencés.
Analyse de la stratégie énergétique
d'un projet d'aménagement d'un quartier
Figure 6- Pyramide des niveaux de concertation, Hervé
Saillet, cofondateur de Robin des Villes
Ces actions peuvent être mises en perspective a
Le niveau minimal de démocratie représentative est
l'information
cadre d'un régime autoritaire. La démocratie
participative permet une véritable action du ci
projet et se traduit par la participation citoyenne (ou
concertation partagée d'après Hervé Saillet), la
coproduction et la codécision. Au delà, on se situe dans une
démocratie directe
Ce graphique permet aussi de réaliser
publiques, correspond à un niveau de concertation qui
dépasse la consultation (procédure d'écoute des citoyens
mais qui ne garantit pas la prise en compte de leur opinion) et le
diagnostic
prend acte de la compétence de « maîtrise
d'usage
état des lieux. Les citoyens ne sont alors pas
intégrés au processus de projet). En somme, les politiques
utilisent le terme de la « participation
* Les niveaux de concertation à adapter aux phases de
projet
Les citoyens/usagers/habitants sont concernés par toutes
les phases de p
de concerter dès le début du projet afin
d'éviter l'identification d'enjeux contradictoires en phase de
programmation (EPPUR, 2005). Il est difficile de faire participer les habitants
après la phase amont car ils sont alors plus susceptibles d'enter en
conflit avec la maîtr
Cependant, selon les phases de projet, les niveaux de
concertations
En phase d'étude pré-opérationnelle,
l'instance citoyenne peut participer à l'élaboration
suite des résultats des premières études,
la discussion autour de l'élaboration des enjeux et des
objectifs du projet. Lors des phases de planification et de programmation, des
ateliers pour affiner les enjeux, les objectifs et le programme des ateliers
peuvent être mis en place. L'instance citoyenne peut aussi avoir une
fonction d'évaluation des différentes phases de projet (COTA HHC,
2006).
1.3.4.3 La participation citoyenne
La participation n'est pas toujours intégrée
dans la culture de l'aménagement, c'est en partie en raison de la
politique française, historiquement dominée par l'approche
représentative et centralisée de l'exercice du pouvoir. Cette
philosophie est caractéristique de la pensée de Montesquieu qui
considère qu'un peuple n'est pas capable de choix et que son rôle
se restreint à l'élection des représentants: «
6 Association dont l'objet est la recherche, la
médiation, la diffusion, la sensibilisation et l'action sur le
thème du cadre d (environnement urbain, urbanisme, architecture,
patrimoine, le cadre bâti en général).
représentants, c'est qu'ils sont capables de discuter
les affaires. Le peuple n'y est point du tout propre ; ce qui forme un des
grands inconvénients de la démocratie » (Montesquieu, 1748).
Il en découle un certain fatalisme des habitants qui se pensent non
compétents et sans aucun pouvoir (Zetlaoui-Léger,
2010)7. Les citoyens peuvent cependant réellement contribuer
à l'élaboration d'un projet d'aménagement (Saillet, 2010).
En 2009, la Ville de Paris a d'ailleurs publié dans les Actes du
printemps de la démocratie locale que « la
démocratie participative complète et enrichit la
démocratie représentative, à aucun moment elle ne la
remplace ».
* Une instance citoyenne méfiante et distante
Il existe une certaine méfiance des habitants envers
tout processus de concertation. Ce rejet s'explique en partie du fait que
l'animateur, en général la maîtrise d'ouvrage, n'ait pas de
position neutre au regard du projet. Souvent, les citoyens ne se sentent pas
compétents pour participer activement à un projet
d'aménagement (Zetlaoui-Léger, 2010). Ces deux
phénomènes expliquent en partie la distance et le
désintéressement des citoyens face aux projets
d'aménagement.
* Une instance citoyenne devant être accompagnée
Pour guider les usagers/habitants, un assistant à la
maîtrise d'usage8 (AMU) peut être leur
intermédiaire avec la maîtrise d'ouvrage (MOA), la maîtrise
d'oeuvre (MOE). L'AMU a une triple fonction :
1. Recueillir les opinions des habitants et les transmettre
à la MOA (de manière informelle ou lors d'un comité de
pilotage),
2. Retranscrire les propos de la MOA et de la MOE dans un
langage que les habitants puissent comprendre,
3. Initier des ateliers sur les nouveaux aspects qui
méritent une réflexion afin de pouvoir contribuer au projet.
Assistance à la maîtrise d'usage
Maîtrise d'ouvrage
Sensibilisation
Processus technique
Coproduction
Habitant
Réunions publiques
Maîtrise d'oeuvre
Figure 7 - Le rôle de l'Assistant à la
maîtrise d'usage : ouvrir de nouvelles interfaces dans le dialogue entre
les usagers/habitants d'un projet et les autres acteurs, A. Lequai9
2010.
7 Jodelle Zetlaoui-Léger, enseignant-chercheur de
l'Institut d'urbanisme de Paris, « Démarches participatives dans le
projet urbain», formation du CAUE 75, le 03 juin 2010.
8 Concept évoqué par Hervé Saillet,
cofondateur de Robin des Villes, Architecte-urbaniste, « Démarches
participatives dans le projet urbain», formation du CAUE 75, le 03 juin
2010.
9 Représentation inspirée du discours
d'Hervé Saillet lors de sa présentation au cours de la formation
« Démarches participatives dans le projet urbain »
organisée par le CAUE 75 le 4 juin 2010.
Le schéma ci-dessus montre la place de l'AMU dans la
mise en place d'un projet d'aménagement. C'est un acteur qui permet de
dépasser le cadre des réunions publiques et qui place les
habitants dans une dynamique de réflexion, voire de conception du
projet.
Tant que la MOA ne rencontrera pas les habitants pour
construire directement le programme avec eux, le dernier échelon de la
participation ne sera pas atteint. Pour y parvenir, une association
constituée d'habitants qui les représente dans
l'intégralité pourrait par exemple jouer le rôle d'AMU.
Ce système offre l'avantage d'avoir un
intermédiaire identifié entre les habitants et la MOA et donc
d'établir une réelle communication entre les deux parties.
Cependant, sa limite réside dans le fait que les habitants ne
participent pas réellement aux échanges avec les MOA. Ce
système est fondé sur la retranscription des informations, qui
comportent toujours une part d'interprétation individuelle.
* Une instance citoyenne à sensibiliser et à
former
Les habitants, non professionnels de l'aménagement, ont
une vision plus globale, plus transversale du projet et se focalise davantage
sur sa fonctionnalité et son usage final (Bernard, 2008). Ils peuvent
donc contribuer à la mise en place d'un projet. S'ils ne sont pas
experts, ils peuvent être accompagnés par des professionnels pour
être sensibilisés et formés aux enjeux d'un projet
d'aménagement. De nombreuses activités peuvent être mises
en oeuvre. Par exemple, des formations à travers des ateliers peuvent
initier et structurer les réflexions des habitants vis-à-vis du
devenir de leur espace de vie (CRPVE, 2009). Une formation relative à la
maîtrise d'usage peut aussi les aider à réaliser la
complexité technique d'une opération d'aménagement,
à acquérir un langage commun avec les équipes de projet et
donc à franchir les barrières de communication (Saillet,
2010).
* Le cadre de la copropriété, peu propice à
la prise de décision
Coopérer au projet est d'autant plus important
lorsqu'il s'agit de la réhabilitation d'un quartier. Les citoyens qui
l'habitent sont des acteurs légitimes dans la construction du projet :
ils en sont les financeurs et les usagers futurs (UNARC, 2010).
Le système de prise de décision au sein des
copropriétés montre de nombreuses limites pour la validation des
travaux. L'assemblée générale des copropriétaires
se réunit annuellement pour prendre les décisions concernant la
copropriété en respectant des règles de majorités
définies pas la loi de 1965:
> la majorité simple pour les gestions courantes
de l'immeuble. Seuls les copropriétaires présents ou
représentés sont pris en compte.
> la majorité absolue pour les
décisions plus importantes telles que la rémunération du
syndic, les travaux de façade ou les travaux d'économie
d'énergie. Tous les copropriétaires sont concernés,
même ceux qui sont absents lors de l'assemblée.
> la double majorité, notamment pour des
travaux d'amélioration sur les parties communes. Il faut réunir
les 2/3 des voix et 50% des copropriétaires (le nombre de voix des
copropriétaires dépend de la surface et de la situation de son
bien).
Ce mode décisionnaire nécessite l'avis des
propriétaires bailleurs mais n'intègre pas la participation des
locataires, ce qui constitue une première difficulté, car de
nombreux propriétaires bailleurs ne sont pas conscients (ou ne veulent
pas l'être) des problèmes quotidiens des habitants du quartier.
Par ailleurs, les propriétaires bailleurs résident parfois loin
du quartier à réhabiliter, ce qui complique leur participation.
Or, le projet de réhabilitation à l'échelle de l'ASL
nécessite la validation du projet par 2/3 des copropriétaires au
sein de chaque copropriété, sachant que leurs conditions
sociales, leur capacité d'emprunt et leurs intérêts
diffèrent, voire divergent parfois. La mise en place de la notion des
« travaux sur parties privatives d'intérêt collectif »,
préconisée par le Grenelle, pourrait être un levier pour
faciliter la prise des décisions des travaux d'amélioration des
performances énergétiques (Caisse des Dépôts et des
Consignations, 2010).
1.3.4.4 La réhabilitation, une plus grande
intégration des habitants dans le projet
Dans le cadre de la réhabilitation d'une
copropriété, ce sont les propriétaires qui vont financer
les travaux. Pour les réaliser, la majorité des habitants doit
voter en faveur du projet. Plus ils se seront investis, plus on aura pris en
compte leurs besoins et leurs capacités financières, plus le
projet aura de chances d'être accepté. Le concept anglophone
« the willingness to pay » est employé notamment dans le
management des pays en voie de développement. Il traduit le fait que si
les habitants comprennent l'utilité de l'amélioration de leur
cadre de vie et sont satisfaits de la proposition de travaux (satisfaction qui
s'accroit avec la participation !), ils seront davantage enclins à la
financer (Whitehead, 2006). Ainsi, impliquer les citoyens dans un projet dont
ils sont les financeurs améliore la chance de voir le projet être
voté au cours des assemblées générales de
copropriété.
L'identification du groupe d'habitants avec qui communiquer
est plus aisée dans un projet de réhabilitation. Pour les projets
de constructions neuves, la Ville s'adresse parfois aux riverains, voire aux
habitants de la Ville. Ce type de projet rend l'identification des futurs
habitants plus difficile. Certains subterfuges peuvent être
utilisés comme les listes d'habitants prioritaires pour le logement HLM
d'une ville ou le dialogue avec les promoteurs pour identifier les personnes
ayant acheté un logement.
Un projet d'aménagement à l'échelle du
quartier est donc relativement complexe à mettre en oeuvre car de
nombreux aspects transversaux doivent être considérés.
L'ampleur d'un tel projet, d'une durée en générale
supérieure à dix ans et dont la surface dépasse souvent
l'hectare, nécessite une grande coordination des nombreux acteurs et
donc la mise en place des outils et des méthodes de management.
Comme il l'a été mentionné en
introduction de ce document, les deux quartiers qui ont été
étudiés ont montré une forte implication pour la mise en
place de solutions énergétiques. L'un étant un projet de
construction et l'autre un projet de réhabilitation, il est
intéressant de voir comment l'énergie peut répondre aux
enjeux actuels et pourquoi ces deux projets se sont saisis de cette
problématique. Déterminons donc dans un premier temps les
solutions techniques énergétiques qui peuvent être mises en
oeuvre dans les projets d'aménagement.
1.4 LES SOLUTIONS TECHNIQUES POUR LES QUESTIONS
ENERGETIQUES
L'étude des solutions énergétiques qui
peuvent être mises en place s'articuler autour de deux axes principaux.
Dans un premier temps, une synthèse autour de la théorie sur les
consommations énergétiques est réalisée avant de
présenter les solutions techniques envisageables.
1.4.1 Théorie sur les consommations
énergétiques
1.4.1.1 Les différents types d'énergies
L'énergie présente différentes
dénominations non équivalentes (CETE de l'Ouest, 2010) : >
l'énergie primaire : énergie brute qui n'a pas été
transformée (pétrole brut, etc.),
> l'énergie secondaire : énergie qui a
été transformée mais qui n'a pas été
distribuée à son destinataire final (pétrole
raffiné mais non transporté, etc.),
> l'énergie finale : énergie livrée
à l'utilisateur avant sa consommation (fioul en entrée de
chaudière,
etc.), c'est l'énergie que l'utilisateur paie.
> l'énergie utile : énergie consommée
pondérée par le rendement des systèmes de conversion
d'énergie. Ce qui signifie qu'ils ont besoin de plus d'énergie
qu'ils n'en consomment réellement (perte par effet
joule...).
Ainsi, un cycle énergétique subit de nombreuses
pertes. Aussi faut-il être prudent et toujours chercher à
déterminer de quelle énergie il est question.
Energie primaire
Perte de transformation et de transport
|
Energie secondaire
|
Perte de transformation et de transport
|
Perte de transport
|
Energie finale
|
Perte de transformation et de transport
|
Perte de transport
|
Perte du système énergétique
|
Energie utile
|
Figure 8- Les différentes énergies, A. Lequai
2010
Il existe des coefficients de conversions standards pour
passer de l'énergie finale (qui est mesurable) à l'énergie
primaire (celle qui est en général
référencée dans les réglementations). La RT2005
précise que ce coefficient est de 2.58 pour l'électricité,
1 pour le bois et les combustibles fossiles, 0 pour le solaire thermique et
2.58 pour le solaire photovoltaïque. Ces chiffres sont des conventions et,
à ce titre, ils ne représentent pas scrupuleusement la
réalité. Par ailleurs, ils dépendent des technologies
productrices d'énergie et diffèrent selon les pays.
1.4.1.2 Les sources de production de chaleur
Différentes sources peuvent être utilisées
pour produire de la chaleur : les énergies fossiles (gaz, fioul,
charbon), l'électricité et les énergies renouvelables
(solaire, bois, éolien et géothermique).
Gaz naturel Fioul Charbon
Bois
Figure 9- sources de production de la chaleur (ADEME, 1999)
En 2007, 18% des foyers (bâtiments collectifs -
chaudières individuelles et collectives - et maisons individuelles)
étaient chauffés avec du fioul, 46% avec du gaz, 31% avec de
l'électricité, 4% avec un réseau de chaleur urbain et 1%
avec du bois (MEEDDM, 2009). Les graphiques ci-dessous montrent la ventilation
des sources énergétiques (excepté les énergies
renouvelables) en fonction de l'énergie consommée.
30
20
10
0
Mtep
4
2
0
Mtep
charbon fioul GPL gaz électricité bois
1985 1990 1995 2000 2005 2007 charbon fioul GPL gaz
électricité bois
Figure 11 - Consommation énergétique pour
la production de chauffage en France dans le secteur résidentiel
(MEEDDM, 2009)
Figure 10- Consommation énergétique pour la
production d'eau chaude sanitaire en France dans le secteur résidentiel
(MEEDDM, 2009)
1.4.1.3 Les sources de production
d'électricité
C'est à l'échelle nationale que
l'électricité est
majoritairement produite. En France, en 2009,
l'électricité est issue de la source nucléaire (75,6%),
11,5% à partir des énergies classiques (fossiles), et 12,9%
à partir des énergies renouvelables. La production
photovoltaïque est encore marginale (0,03 %).
Figure 12 - Production d'électricité en France
selon les sources énergétiques. (MEEDDM, 2009)
1.4.1.4 Le système énergétique
L'énergie peut être distinguée selon trois
terminologies, à savoir la source (pétrole) qui correspond
à l'énergie primaire, le vecteur qui intègre les phases de
transport, stockage et distribution de l'énergie
(électricité, gaz naturel, pétrole raffiné) et
l'usage qui correspond à l'énergie finale.
Sauf dans le cas des énergies renouvelables (solaire,
géothermie), la source énergétique n'est en
général pas intégrée dans le
périmètre du quartier.
Figure 13 - Système physique et technologique avec des
flux énergétiques associant sources, vecteurs et usages, B.
Bourges 2009
Le schéma ci-dessous illustre le système
énergétique en termes de flux physiques à l'échelle
du quartier. De nombreux échanges ont lieu entre ce
périmètre et l'extérieur. L'enjeu
énergétique est donc une problématique territoriale.
...
Biomasse
Electricité du réseau, Gaz, fioul ...
Périmètre du quartier
Bâtiment
Éoliennes Chaufferie Panneaux solaire
Biomasse
...
Figure 14- Système énergétique (flux
physique), A. Lequai 2010 (inspirée du cours de Gestion urbaine de
l'énergie du master STEU 2009, Bernard Bourges)
1.4.1.5 Les déperditions thermiques
Habiter un bâtiment nécessite de consommer de
l'énergie pour maintenir sa température intérieure et
assurer ainsi un certain confort. L'énergie nécessaire à
fournir au logement correspond à l'énergie qu'il cède au
milieu extérieur. Différents phénomènes physiques
expliquent ces déperditions énergétiques :
> la convection : transfert thermique lié au
déplacement de masses d'air à l'extérieur comme à
l'intérieur du bâtiment. Par exemple, la ventilation par
Vent
renouvellement d'air ou des
phénomènes météorologiques comme le vent
conduisent à des pertes thermiques. L'orientation d'un bâtiment
peut
Figure 15 - Déperditions de chaleur d'un bâtiment,
Energie
& Environnement, 2007
alors être pensée en conséquence. La
double orientation d'un bâtiment conduit aussi à favoriser la
ventilation, parfois nécessaire en été.
> la conduction : transfert thermique entre deux
corps dont les températures diffèrent. On observe ainsi une
conduction à travers une paroi en contact avec le milieu froid
extérieur et le milieu chaud intérieur (en hiver). Ce
phénomène dépend fortement de l'inertie des murs,
c'est-à-dire de leur capacité à conserver la chaleur. Les
matériaux dont l'inertie est faible ont une conductivité
thermique élevée, comme pour le fer par exemple. La chaleur sera
principalement transférée à travers ces matériaux
créant ainsi un pont thermique.
Plus un bâtiment présente de surface vers
l'extérieur, plus il y aura de transferts thermiques. Les
bâtiments compacts (ratio entre le volume intérieur et la surface
extérieure), collectifs perdent donc moins d'énergie qu'une
maison individuelle avec des décrochés de façades (ADEME,
2008).
La maîtrise des échanges thermiques du
bâtiment à travers son isolation et le choix des matériaux
(notamment d'après leur inertie) permet de minimiser les
déperditions et d'améliorer le confort de l'usager (Bekkouche, et
al., 2009).
1.4.1.6 Consommations énergétiques du secteur
résidentiel/tertiaire en augmentation
En France, la consommation énergétique du
secteur résidentiel-tertiaire augmente depuis les années 1970.
Cette consommation répond aux besoins de chaleur (chauffage, eau chaude
sanitaire,...) et d'électricité des habitants.
Figure 16- Consommation énergétique (énergie
finale) en France entre 1970 et 2008 pour le secteur
résidentiel-tertiaire (MEEDDM, 2009)
Afin de répondre à ces besoins
énergétiques, il est nécessaire de mettre en place des
systèmes énergétiques qui répondent à une
problématique actuelle : la limite du stock d'énergies
fossiles.
1.4.1.7 Leviers pour limiter les émissions de gaz
à effet de serre
En considérant toutes les échelles de production
d'énergie, il existe quatre leviers pour diminuer la consommation
énergétique et limiter les émissions de gaz à effet
de serre:
> La limitation des déperditions thermiques
(échelle du bâtiment),
> L'optimisation des systèmes
énergétiques tels que les machines et les réseaux
(échelle du bâtiment et du quartier),
> Le développement des énergies renouvelables
(échelle du bâtiment, du quartier voire national),
> La sensibilisation des habitants quant à leur
comportement (ouverture de fenêtre...), à l'échelle du
bâtiment.
Si chacun de ces leviers induit une réduction de 30%
des consommations énergétiques de source fossile, l'objectif du
facteur 4 - c'est-à-dire la réduction des émissions de gaz
à effet de serre d'un facteur 4 d'ici 2050, avec pour base les
émissions de 1990, (Charlot-Valdieu, et al., 2009) - peut-être
atteint.
Le plan d'action relatif à l'efficacité
énergétique de la commission européenne précise que
« le plus gros potentiel d'économies avec un bon rapport
coût-efficacité se trouve dans le secteur de l'habitat
(ménages), où le potentiel est estimé à 27% de
l'énergie utilisée, et des bâtiments commerciaux (secteur
tertiaire), où le potentiel est estimé à 30% de
l'énergie utilisée » (CCE, 2006). Les projets
d'aménagement permettent donc d'apporter une première
réponse à cet enjeu.
1.4.2 Des solutions à l'échelle du
bâtiment
1.4.2.1 Maîtrise des consommations
Les solutions techniques pour maîtriser les
consommations énergétiques à l'échelle du
bâtiment sont la limitation des déperditions et la sensibilisation
des usagers aux bonnes pratiques. Il est possible de limiter les
déperditions thermiques par le renforcement de l'isolation d'un
bâtiment (isolation extérieure, intérieure, double vitrage)
et l'optimisation du réseau de distribution (équilibrage des
colonnes...). Il est aussi possible d'optimiser le renouvellement de l'air avec
les ventilations hygrométriques, de la ventilation double flux ou
mécanique.
Le choix de la fonctionnalité des espaces de vie
à l'intérieur des bâtiments est aussi important. Par
exemple, une pièce dans laquelle les habitants se retrouvent
régulièrement, comme le salon, peut être orienté au
sud pour bénéficier des apports solaires gratuits.
1.4.2.2 Production d'énergie à
l'échelle du bâtiment
Il existe des solutions pour produire de la chaleur et de
l'électricité à l'échelle du bâtiment. La
production de la chaleur peut se faire à partir d'énergies
renouvelables comme le soleil ou le sol. Des systèmes ont
été mis au point pour produire de la chaleur à
l'échelle d'un bâtiment ou d'un logement à partir de ces
sources locales10 :
> Solaire thermique : le module du chauffe-eau
solaire est placé en général sur la toiture
orientée sud, la chaleur est récupérée grâce
à un fluide caloporteur (eau + antigel) qui s'échauffe en
circulant dans un absorbeur placé sous un vitrage. Le liquide
caloporteur passe ensuite dans un échangeur situé en partie basse
du chauffe-eau. Un second échangeur d'appoint au dessus garantit une eau
à 55°C.
> Plancher solaire direct (PSD) : le liquide
caloporteur alimente un plancher chauffant qui sert à la fois
d'échangeur et de stockage.
> Puits canadiens : un système de
canalisation enterré à 2 mètre environ permet de chauffer
l'air qui circule à une température proche de 14°C. L'air
est ainsi préchauffé en hiver (lorsqu'il y a une ventilation
classique, l'air qui entre est à la température extérieur)
et il permet un rafraîchissement en été. Un système
similaire peut-être couplé avec une pompe à chaleur,
permettant aussi de produire de l'eau chaude sanitaire.
L'électricité est plus rarement produite
à l'échelle du bâtiment mais l'on s'aperçoit que la
part de production énergétique issue de sources renouvelables -
telles que les panneaux solaires photovoltaïques ou les éoliennes -
progresse. L'électricité produite est soit utilisée
localement, soit directement réinjectée dans le réseau. On
trouve par exemple des pompes à chaleur solaire. Au lieu de faire
fonctionner une PAC dont l'électricité provient du réseau,
un capteur photovoltaïque permettra de fournir
l'électricité.
1.4.3 Des solutions à l'échelle du
quartier
1.4.3.1 Maîtrise des consommations
Un plan masse, document à l'échelle du quartier,
est un élément de conception important pour agir sur les
consommations thermiques d'un bâtiment. Il est possible d'optimiser leurs
orientations pour favoriser les apports gratuits et limiter les effets du vent.
Notons par ailleurs que plus une surface vitrée est grande, plus les
apports gratuits sont élevés. Les déperditions thermiques
augmentent aussi de telle manière qu'elles sont supérieures aux
apports gratuits. Le choix de la surface vitrée résulte donc d'un
compromis entre la luminosité intérieure et la consommation
énergétique d'un bâtiment.
Le prospect doit aussi être pris en compte pour
éviter les effets de masque (ombres sur un bâtiment voisin qui
limitent les apports gratuits) et les effets de vents comme l'effet Venturi
(accélération du vent consécutive à un
rétrécissement de sa zone de circulation) qui, en plus de
favoriser les pertes thermiques par convection sur les parois des
bâtiments, génère un inconfort urbain.
1.4.3.2 Production d'énergie à
l'échelle du quartier ou à l'échelle locale
(intercommunalité)
LA GEOTHERMIE
La géothermie permet de produire de la chaleur au sein
d'un quartier. Ce système consiste à prélever les calories
présentes dans le sol ou dans les nappes aquifères dans lesquels
la température augmente en fonction de la profondeur. En France, le
gradient thermique métropolitain est de 4°C / 100m (Vathaire,
1985). Suivant la profondeur de prélèvement, la
température du fluide varie donc, pouvant dépasser 150°C,
c'est la géothermie haute énergie dont le seul site
français en exploitation est en Guadeloupe (CETE de l'Ouest, 2010). On
distingue ensuite la géothermie à moyenne énergie (entre
90 et 150°C) et la géothermie à
10 Eléments issus du cours de Physique solaire et
lumineuse, modélisation de l'ensoleillement et de l'éclairage
naturel. Du master STEU, 2010.
basse énergie (entre 30 et 90°C). Ces
énergies sont exploitables dans les réseaux de chaleur, surtout
si elles dépassent les 55°C, température minimum pour l'eau
chaude sanitaire. Il existe aussi une géothermie dite de très
basse énergie, dont la température n'excède pas 30°C.
Prélevée à de faible profondeur (jusqu'à quelques
centaines de mètre), ce système permet de chauffer des
installations de petites puissances (petits immeubles) avec une pompe à
chaleur.
Une pompe à chaleur (PAC) est un dispositif
thermodynamique qui permet de transférer la chaleur du milieu le plus
froid (et donc le refroidir encore) vers le milieu le plus chaud (et donc de le
chauffer). La PAC est constituée de deux circuits hydrauliques : l'eau
de la nappe qui est la source froide et le circuit de chauffage des habitations
qui est la source chaude. Il existe aussi un circuit frigorifique interne
à la PAC qui transfère les calories d'un milieu à l'autre.
Le cycle énergétique est le suivant :
1. Les calories de la nappe sont transmises au fluide
frigorigène qui va s'évaporer,
2. La vapeur va être compressée, la
température du fluide augmente,
3. Un échange thermique permet au fluide
frigorigène de transmettre des calories au fluide du réseau de
chauffage : sa température augmente.
4. Le fluide frigorigène se condense. Il passe dans un
détendeur qui baisse sa pression qui diminue la température du
fluide qui pourra alors capter les calories de l'eau de nappe.
1
4
2
3
Figure 17- Schéma de principe d'une pompe à chaleur
adaptée à la géothermie. Extrait du site de l'ADEME
LES RESEAUX DE CHALEUR
Les réseaux de chaleur11 sont des
systèmes qui permettent d'approvisionner de la chaleur à
l'échelle d'un quartier. S'il n'existe pas de définition du
réseau de chaleur réglementaire, un rapport d'Henry Prévot
(Prévot, 2006) précise qu' « il est convenu d'appeler
réseau de chauffage urbain ou réseau de chaleur une installation
qui comprend une ou plusieurs sources de chaleur, un réseau primaire de
canalisations empruntant la voirie publique ou privée et aboutissant
à des postes de livraison de la chaleur aux utilisateurs, les
sous-stations ». L'ADEME ajoute par ailleurs qu'au moins un de ces
utilisateurs n'est pas le propriétaire de la chaufferie.
Environ 6% de la chaleur consommée dans le
résidentiel et dans le tertiaire sont issus de réseaux de
chaleur12 (CETE de L'Ouest, 2008).
* Description
Un réseau de chaleur se compose d'une unité de
production de chaleur, d'un réseau de distribution primaire, de
sous-stations d'échange thermique et de réseaux secondaires. La
chaleur peut être produite à partir d'une entreprise comme les
usines d'incinération d'ordures ménagères (UIOM). On parle
alors d'énergie fatale car, inéluctablement produite au cours
d'un processus industriel, elle se perd si elle n'est
11 L'enquête réalisée en 2008 par l'INSEE
montre qu'il y a 427 réseaux de chaleur et 14 réseaux de froid en
France d'une puissance supérieure ou égale à 3,5MW. Ils
permettent de chauffer plus de 2,5 millions de personnes. De nombreux
réseaux, moins puissants, mais de plus en plus nombreux n'ont donc pas
été comptabilisés dans cette analyse.
12 Pour comparaison : au Danemark, 60% de la chaleur provient
d'un réseau, 95% en Islande.
pas valorisée/réutilisée. Le
réseau peut être alimenté par d'autres énergies
renouvelables comme dans les chaufferies à biomasse, les systèmes
géothermiques mais aussi par des combustibles fossiles (charbon, fioul,
gaz).
La chaleur est transportée dans le réseau de
distribution primaire sous forme de vapeur ou d'eau chaude. Les canalisations
sont connectées à des sous-stations dans lesquelles un
échangeur thermique permet le transfert de calories au réseau de
distribution secondaire qui dessert un ou plusieurs immeubles. Les deux
réseaux de distribution fonctionnent en boucle fermée, ce qui
permet au fluide d'être réchauffé lorsqu'il repasse au
niveau des sources chaudes (chaufferie, échangeur thermique) (CETE de
l'Ouest, 2010).
Figure 18 - Constitution d'un réseau de chaleur - CETE de
l'Ouest13 2010
* Sources énergétiques
Les sources énergiques d'un réseau de chaleur
sont à dominantes fossiles, mais environ 23% de l'énergie des
réseaux de chaleur provient d'UIOM et 6% de la biomasse et de la
géothermie. Les objectifs relatifs aux réseaux de chaleur
fixés par le Grenelle de l'Environnement s'orientent vers une
multiplication par trois du nombre de logements raccordés d'ici 2020 et
promeuvent une meilleure utilisation des énergies renouvelables (CETE de
l'Ouest, 2010).
* Système d'appoint et de secours
Source fossile
Un réseau de chaleur peut nécessiter de
chaufferies d'appoint alimentées de sources fossiles qui fonctionnent
lorsque le système de base ne peut plus répondre à la
demande énergétique. Le dimensionnement d'un système
géothermique ou d'un réseau utilisant de l'énergie fatale
est similaire. Les sources renouvelables permettent de fournir de la chaleur
qui constitue la base de la consommation énergétique. Lors des
pointes, un système d'appoint (en général des
énergies fossiles) permet d'injecter de la chaleur supplémentaire
au réseau.
Figure 19 - Mix énergétique sur un réseau
de chaleur avec une chaufferie biomasse, CETE de l'Ouest 2010.
13 Source accessible sur le lien suivant :
http://www.cete-ouest.developpement-durable.gouv.fr/rubrique.php3?idrubrique=281
Les chaufferies à base d'énergies renouvelables
ne sont pas adaptées aux variations de puissances que constituent les
pointes énergétiques hivernales. Les chaufferies biomasse ne
peuvent également pas s'adapter aux faibles consommations estivales. Son
dimensionnement permet toutefois de fournir entre 80 et 90% de l'énergie
totale sur un an. Les chaufferies à base d'énergie fossile,
pouvant être mises en fonctionnement, sont aussi utilisées comme
système de secours lors d'un dysfonctionnement d'une chaufferie
habituellement utilisée ou lors de sa maintenance. Le bouquet
énergétique donne l'opportunité de moduler la source de
production d'énergie en fonction de la demande mais aussi en fonction de
leurs coûts.
* Un instrument du développement durable
Un réseau de chaleur réponds aux objectifs
fixés par le Grenelle de l'Environnement :
> Enjeu urbanistique : un réseau de chaleur est un
équipement public qu'il faut gérer à une échelle
territoriale. Les projets actuels conduisent à la réduction des
besoins de chaleur (dans le cas d'une réhabilitation) ou au contraire
à leur augmentation dans le cadre de nouvelles constructions. Aussi,
l'évolution du réseau doit être réfléchie en
amont avec le délégataire et les collectivités
territoriales qui ont la compétence de la distribution de
l'énergie. Il s'agit d'un enjeu important car un réseau
représente un investissement très important qu'il faut
rentabiliser.
> Enjeu environnemental : de par le fort potentiel
d'utilisation d'énergies renouvelables, le développement (et la
reconversion) des réseaux de chaleur entrent dans le cadre de la
politique de réduction d'émission de gaz à effet de serre.
Ils permettent la diminution du besoin de production énergétique
(dans le cas des énergies de récupération, ou grâces
à de meilleurs rendements) ainsi que l'utilisation d'énergies
locales moins polluantes. Les réseaux de chaleur font donc partie de la
politique locale et internationale de l'environnement.
> Enjeu social et économique : un réseau de
chaleur de basse température permet la diffusion de l'énergie
avec de grands émetteurs, comme les planchers chauffants. Cette
technologie confère un certain confort aux usagers de par la
température uniforme dans les logements.
Les réseaux de chaleurs desservent en
général des logements collectifs et en particulier l'habitat
social à 80% (AMORCE, 2002). Ils permettent de mutualiser les
coûts de l'énergie et de bénéficier d'une
économie d'échelle. Il est donc essentiel de promouvoir cet
équipement auprès des clients, c'est-à-dire du
gestionnaire du bâtiment ou auprès des promoteurs dans le cas
d'une construction neuve, afin de pouvoir le rentabiliser l'investissement et
assurer son fonctionnement. Par ailleurs, les économies d'énergie
ne sont réellement possible qu'en sensibilisant les usagers aux
comportements qu'il faut adopter chez eux pour limiter les pertes.
* Vers une prise en compte des réseaux de chaleur de
faible puissance
Les études INSEE ne prennent en compte que les
réseaux de chaleurs dont la puissance fournie est supérieure
à 3.5 MW. Ainsi, 31 réseaux dont la puissance installée
cumulée est de 46MW et dont l'énergie produite est de 39 GWh/an
ne sont pas comptabilisés dans ces études (SNCU, 2008). Le
Syndicat national des chauffages urbains précise pourtant que le
potentiel de développement de ces petits réseaux de chaleur est
significatif. Ils devraient donc davantage être prise ne compte dans les
statistiques.
1.4.3.3 Distribution de l'énergie à
l'échelle du quartier
Lors de la mise en place d'un système
énergétique, différentes possibilités s'offrent
quant à la centralisation du système. La production de chaleur
peut-être centralisée : une seule grosse chaufferie produit de la
chaleur pour l'ensemble du réseau. Elle peut-être
semi-centralisée, c'est-à-dire qu'une sous-station permet de
produire de la chaleur pour un lot ou un immeuble, ou
décentralisée avec une chaufferie par logement.
L'énergie peut donc être produite localement, que ce
soit à l'échelle du bâtiment, du quartier ou de
l'intercommunalité. Une dernière échelle peut être
considérée, la dimension nationale et internationale.
1.4.4 Des solutions à l'échelle nationale et
internationale
1.4.4.1 Maîtrise des consommations
énergétique à l'échelle nationale et
internationale
Un projet d'aménagement de quartier ne permet pas de
maitriser la consommation énergétique à l'échelle
nationale et internationale. En revanche, c'est à cette échelle
que des politiques relatives à la production et la distribution
énergétiques sont misent de place. Les sources en jeux sont
principalement les énergies fossiles (gaz, fioul, charbon), les sources
renouvelables n'étant pas représentatives à cette
échelle.
1.4.4.2 Production d'énergie à
l'échelle nationale et internationale
On produit peu de chaleur à l'échelle nationale
et internationale car c'est un vecteur difficile à stocker et à
transporter. En revanche, on extrait (ou importe) les sources
nécessaires à la production de la chaleur (énergies
fossiles, etc.) et de l'électricité (énergies fossiles,
sources radioactives pour le nucléaire, etc.) à des
échelles plus petites.
1.4.4.3 Distribution d'énergie à
l'échelle nationale et internationale
Le système de transport et de distribution de
l'électricité est en parti réglementé. Le
réseau de transport amène l'énergie des centres de
productions (comme les centrales) aux zones de consommation nationales et
internationales via le « réseau de grand transport »
(Très haute tension : 400 000 V). L'électricité est
ensuite transférée aux régions et aux départements
par le réseau de répartition (Haute tension). Le réseau de
distribution amène l'énergie électrique aux clients finaux
(particuliers, entreprises, etc.). Depuis le 1er juillet 2007, tous les
consommateurs peuvent choisir librement leur fournisseur
d'électricité. C'est à cette échelle locale que les
productions électriques issues des énergies renouvelables sont
injectées dans le réseau.
Le système de distribution des vecteurs pour la
production de chaleur est similaire. Essentiellement importées (97% du
gaz est importé en France) avec des gazoducs, pétroliers,
oléoducs, ces vecteurs sont acheminé par un réseau de
transport principal, puis des réseaux de transport régionaux
avant d'être acheminé aux particuliers par les réseaux de
distribution (Sia Conseil, 2008).
Quelle que soit l'échelle à laquelle un
système énergétique est programmé, il fait
systématiquement l'objet de modélisations
énergétiques. Il en existe de nombreuses formes qui comportent
leurs avantages et leurs faiblesses.
1.4.5 La modélisation énergétique
La modélisation thermique repose sur de nombreuses
hypothèses (formules utilisées, les paramètres
négligés, modèle idéal. Si aujourd'hui on
modélise les échanges thermiques d'une pièce ou d'un
bâtiment, de nombreuses incertitudes résident toujours quant au
résultat obtenu. Une modélisation plus détaillée
intégrant par exemple les usages ou les matériaux composants les
façades est onéreuse et coûteuse en temps. D'autres
paramètres comme le masque de soleil, le rayonnement d'un bâtiment
sur un autre et surtout le comportement humain peuvent modifier
significativement le résultat d'une étude à
l'échelle du bâtiment.
Modéliser le comportement énergétique
d'un bâtiment présente de nombreuses incertitudes. Comment donc
modéliser tout un quartier ? Beaucoup d'opérations urbaines
plébiscitent leurs objectifs énergétiques alors qu'elles
ne sont qu'en phase de planification ou de conception. Interrogeons-nous sur
les méthodes qui peuvent être utilisées pour simuler les
échanges thermiques aux deux échelles qui nous intéressent
: celle du bâtiment et celle du quartier.
1.4.5.1 La modélisation énergétique
d'un bâtiment * Une modélisation numérique classique pour
les constructions neuves
Lorsqu'un promoteur et son architecte référent
sont désignés pour concevoir un bâtiment ou un îlot,
ils travaillent en général avec un bureau d'étude qui
réalise les modélisations thermiques et qui vérifie que le
projet architectural soit conforme aux performances énergétiques
commandées. Souvent, les progiciels réglementaires par rapport
aux règles de calcul de la RT 2005 (par exemple Clima-win®) sont
utilisés.
* Se baser sur la réalité, l'opération de
calage14
Pour réaliser une simulation thermique numérique
sur un bâtiment existant, on peut procéder à une
opération de calage dont le principe consiste à ajuster certains
paramètres de modélisation sur un modèle numérique
jusqu'à ce que les données de sortie du modèle
correspondent à la réalité (température, taux
d'humidité, etc.).
Les avantages des opérations de calage sont multiples.
Elles permettent notamment de comprendre le fonctionnement des transferts
thermiques au sein des bâtiments et de déterminer les valeurs de
certains paramètres qui sont spécifiques à chaque
bâtiment tel que le taux de renouvellement d'air. Certains
éléments non soupçonnés comme la présence
d'un pont thermique peuvent aussi être identifiés.
Une fois le modèle numérique établi, le
comportement thermique du bâtiment est connu. Il est alors possible de
changer certains paramètres (conductivité des murs,
déperdition de façade, taux de renouvellement d'air, etc.) pour
simuler les travaux d'amélioration et donc d'optimiser les prescriptions
pour l'amélioration du bâti (type de matériaux,
épaisseur, etc.).
1.4.5.1 La modélisation des bâtiments à
l'échelle d'un quartier15
* Une modélisation numérique classique pour les
constructions neuves
Il existe des logiciels qui font des modélisations
à l'échelle d'un quartier dont le principe est similaire à
celui de l'échelle du bâtiment. Les éléments pris en
compte comme l'effet de masque sont intrinsèques au logiciel.
* Analyse statistique à partir des relevés de
consommation
Lorsque l'on travaille sur un territoire existant, un des
moyens rapide d'estimer la consommation énergétique d'un quartier
est de se baser sur les relevés de consommations que l'on compare
à la surface totale des logements.
* Extrapolation d'un échantillonnage
Afin de modéliser tout un quartier, certains
maîtres d'ouvrage choisissent de sélectionner un
échantillon représentatif qu'ils analysent (cf. section 1.4.5.1)
et dont les résultats sont extrapolés à l'ensemble du
quartier.
Dans cette section, ont été
étudiés les caractéristiques techniques qui permettent de
mettre en place es systèmes énergétiques aux
échelles du bâtiment, du quartier et l'échelle nationale.
Interrogeons nous maintenant sur la raison de la mise en place d'une
stratégie énergétique et sur l'organisation des acteurs.
Interrogeons donc la gouvernance d'un tel projet.
1.5 L'ENERGIE DANS LES PROJETS D'AMENAGEMENT
1.5.1 L'énergie, une réponse à de
nombreux enjeux
L'intégration de l'énergie dans les projets
d'aménagement répond à des objectifs très
variés :
> l'objectif environnemental est souvent revendiqué
dans les projets récents qui sont emprunts de la notion du
développement durable. Les économies d'énergie et le
développement des énergies renouvelables permettent de
réduire les émissions de gaz à effet de serre et
contribuent à la réalisation des objectifs du protocole de
Kyoto.
> l'objectif social est plutôt mis en avant dans les
projets sur l'existant : les infiltrations d'air, la mauvaise
régulation des flux d'air conduisant à un
inconfort thermique, sanitaire voir auditif (VMC mal
réglées...). > sont souvent associés dans les
projets des objectifs économiques (TVA à 5.5%, baisse des
consommations,
maîtrise des coûts.
14 Extrait de Contrôle Commande des
Procédés, Commande Avancée, Laurence Le Coq,
2003.
15 Eléments de cours de Bruno Lacarrière, 2009 :
Modélisation thermique à l'échelle du quartier :
ressources disponibles.
1.5.2 Des ambitions énergétiques variables
Les maîtres d'ouvrage peuvent choisir de ne pas accorder une place
particulière à l'énergie dans leur projet.
Concrètement, cela se traduit par un respect des réglementations
en vigueur et par la mise en place de systèmes traditionnels (comme une
chaufferie gaz), sans grande préoccupation environnementale ou sociale.
Cette configuration ne conduit pas à la mise en place d'une
stratégie énergétique.
La seconde possibilité est la considération, par
la maîtrise d'ouvrage, de l'énergie comme une des priorités
du projet. Dès lors, selon l'enjeu qui motive l'intégration de
cet aspect, des objectifs plus ambitieux que les réglementations en
vigueur vont être établis. Une stratégie
énergétique va alors être mise en place avec une
gouvernance spécifique : de nouveaux acteurs entrent dans le cercle de
la gouvernance modifiant ainsi le schéma classique des interactions, des
méthodes et des outils de management spécifiques à
l'énergie sont élaborés. Les solutions techniques mises en
oeuvre ont fait l'objet d'études approfondies et présentent
souvent des caractéristiques remarquables à l'image des
énergies renouvelables, de récupération ou locales.
La configuration présentée ci-dessus peut
être nuancée. Parfois, l'énergie représente la
quasi-totalité du projet car cet aspect en est l'enjeu majeur. Dans ce
cas, la stratégie énergétique est confondue avec la
stratégie globale du projet. On retrouve cette configuration dans de
nombreuses opérations de réhabilitation.
En somme, l'intégration de l'énergie dans les
projets d'aménagement diffère selon deux critères, les
enjeux auxquels le projet veut répondre (environnement, social,
économique) et le degré de prise en compte de ce
périmètre. Dans tous les cas, le système mis en place doit
au minimum respecter le contexte réglementaire dont nous allons
maintenant présenter les caractéristiques.
1.5.3 Contexte réglementaire
La gouvernance d'opérations d'aménagement
à l'échelle d'un quartier est d'autant plus complexe que de
nouveaux aspects doivent aujourd'hui être intégrés dans le
projet d'aménagement. C'est le cas de l'aspect énergétique
qui ne faisait l'objet d'aucune réglementation avant 1975. Les
réglementations successivement adoptées par les instances
internationales et le gouvernement français ont progressivement
contraint les acteurs de projet à l'intégration de
l'énergie dans la conception de leurs projets.
1.5.3.1 Réglementation européenne
En plus des traités internationaux mentionnés
auparavant (sommet de Rio : 1992, Kyoto : 1997, Johannesburg : 2002 et
Copenhague : 2009, voir note 4), des directives européennes fixent un
cadre réglementaire sur ce territoire. A titre d'exemple, en 2000, la
Proposition de directive du Parlement Européen et du Conseil
définit des objectifs d'énergie provenant de sources
renouvelables pour la production d'électricité. En 2001, une
directive sur les performances énergétiques des bâtiments
vise notamment à fixer des normes de performances
énergétiques et à mettre ne place un système de
certification. En 2005 le livre vert propose une stratégie
énergétique européenne pour toutes les sources
d'énergie (nucléaire, fossile, renouvelable). Plus
récemment, en 2009, le Parlement européen a proposé de
mettre en place une assistance financière pour les projets
énergétiques.
La France doit adapter les directives européennes aux
textes de loi nationaux. Aussi, trouve-t-on une évolution
réglementaire similaire.
1.5.3.2 Réglementation française
Les textes de loi qui réglementent l'énergie en
France évoluent rapidement. Certains demeurent des
références dans le domaine de l'aménagement :
En 1999, la loi Chevènement définit notamment
les compétences obligatoires, facultatives et optionnelles des
intercommunalités, notamment en matière d'aménagement et
de la gestion de la distribution de l'énergie.
En décembre 2000, la loi relative à la
Solidarité et au renouvellement urbain (SRU) a été
votée. En mettant en place les plans d'aménagement de
développement durable (PADD), la loi SRU est un outil mettant en oeuvre
une politique cohérente en faveur du développement durable
à l'échelle d'un territoire.
La loi Programme des orientations de la politique
énergétique (POPE) du 13 juillet 2005, définit les
orientations et les objectifs de la politique énergétique de la
France.
La réglementation thermique (RT) française,
actuellement RT 2005, a pour objectif de fixer la consommation maximale en
énergie primaire des constructions neuves. Le calcul des consommations
intègre le chauffage, la ventilation, la climatisation, la production
d'eau chaude sanitaire et l'éclairage. La RT 2005 est applicable pour
tous les projets dont le permis de construire a été
déposé après le 1er septembre 2006.
Le Grenelle 1 de l'environnement a été
publié en août 2009. Cette loi de programmation à pour
objectif premier de transformer en langage juridique les 268 engagements pris
lors du Grenelle. La loi Grenelle 2 confirme, consolide et concrétise
les objectifs fixés par la loi Grenelle 1. Elle a été
promulguée le 12 juillet 2010. Les modifications essentielles par
rapport au Grenelle 1 sont présentées en annexe 3.
1.5.3.3 Vers de nouvelles réglementations
Une nouvelle réglementation thermique, la RT2012, va
être publiée par le gouvernement en novembre 2010 (MEEDDM, 2010).
Elle présente des objectifs de performance énergétique
plus stricts, proches du label Bâtiment basse consommation (BBC). Son
application est prévue pour les bâtiments dont le permis de
construire est déposé après le 1er juillet 2011
(bâtiments tertiaires) et après le 1er janvier 2013
pour les bâtiments résidentiels.
Figure 20- Les 3 zones françaises H1, H2, H3
selon lesquelles les objectifs de consommation maximale d'énergie
diffèrent. Effinergie, 2010
Cette réglementation ne concerne que les constructions
neuves dont la consommation en énergie primaire devra être
inférieure à 50 kWh/m2/an (chauffage, production d'eau
chaude sanitaire, refroidissement, éclairage, auxiliaires). Cette
consommation maximale est modulable selon plusieurs critères tels que la
localisation géographique du lieu, la surface du logement (pour ne pas
pénaliser les petits) et son type (individuel/collectif), tout comme
l'était la RT2005.
|
Figure 21- Comparaison des consommations d'énergie
primaire maximale (kWh/m2/an) entre la RT 2005 et la RT 2012.
(MEEDDM, 2010)
|
Le Grenelle 1, par ses orientations, montre que la
réglementation française se tourne en 2020 vers un objectif de
bâtiments à énergie positive. Cette cible pose question
dans la mesure où l'étape intermédiaire des
bâtiments passifs (la consommation et les déperditions sont
identiques) n'a pas été évoquée et que les
bâtiments à énergie positive sont aujourd'hui très
couteux. Certains experts précisent même que seuls les tarifs de
rachat de l'électricité rendent cet objectif réalisable
(Charlot-Valdieu, et al., 2009) alors qu'ils diminuent.
Les lois évoluent donc rapidement alors qu'un projet
d'aménagement à l'échelle d'un quartier
nécessite souvent plus de dix ans pour être achevé. Le
maître d'ouvrage a donc pour rôle de mettre en oeuvre ces
nouvelles réglementations et d'assumer leurs
conséquences dans la gestion générale du projet.
Même si son délai d'application est long, une nouvelle loi apporte
en général des contraintes supplémentaires. A titre
d'illustration, la RT 2005 n'a été applicable que pour les
projets dont le permis de construire a été déposé
après le 1er septembre 2006 mais a imposé des
performances énergétiques 15% supérieures à la RT
2000.
L'impact des changements réglementaires varie selon sa
phase d'avancement de l'opération :
> En phase d'étude
pré-opérationnelle, ce sont les organismes en charge des les
réaliser qui seront le plus impactés par le changement
d'objectif. L'avantage étant que les réflexions pour la
planification seront alors basées sur des études dont les
hypothèses sont celles de la commande.
> En phase de planification/conception du projet, il est
délicat (mais pas impossible) de changer de commande. De nouvelles
études seront alors nécessaires afin de confirmer la
faisabilité de la commande. Cependant, davantage d'acteurs du projet
seront touchés par l'évolution des objectifs
énergétique (bureau d'études, architectes, promoteurs,
...).
> Il n'est plus possible de changer d'objectif lorsque la
réalisation du projet est initiée. Les montages financiers sont
établis et très peu flexibles.
Il est également envisagé de fixer la
consommation maximale en énergie primaire des bâtiments
réhabilités à 80 kWh/m2/an. L'objectif est de
passer d'une consommation moyenne du parc ancien de 240kWh/m2/an (en
2000), à une consommation de 210 kWh/m2/an en 2012 puis de
150 kWh/m2/an en 2020 (CharlotValdieu, et al., 2009). Mais
aujourd'hui, les projets sur l'existant ne sont pas mentionnés par la
RT2012, ce qui est regrettable au regard du caractère prioritaire de ce
type d'aménagement.
1.5.3.4 Paradoxe des réglementations qui se
focalisent sur les logements neufs
La grande majorité des projets urbains, tout comme la
réglementation thermique, se focalisent sur la construction de logements
neufs. Se restreindre à ces projets pour mener une politique
énergétique est une erreur. En effet, une étude
menée par la Région Ile-de-France précise que «la
construction nouvelle annuelle représente 1% du parc existant et les
démolitions entre 0,1 et 0,2% » (Région Ile-de-France,
2002).
Fort de cette hypothèse, on peut concevoir qu'en 2050,
92.5 % du parc existant de 2000 n'aura pas été démoli et
qu'environ 50% de nouveaux logements auront été construits selon
de nouvelles réglementations thermiques, plus restrictives. Ces
bâtiments seront donc au minimum 50% moins consommateurs d'énergie
pour les bâtiments construits d'après la RT2005.
D'après l'étude de 2007 de l'APUR, les
bâtiments construits avant 2000 ont une consommation théorique
moyenne de 277,14 kWh/m2/an et une consommation réelle de
226.54 kWh/m2/an (APUR, 2007). La RT2012 fixant à 50
kWh/m2/an la consommation des bâtiments neufs, la consommation
des bâtiments sera donc divisée par un facteur 5 environ. Aussi,
la consommation énergétique des bâtiments nouveaux par
rapport à 2000 représenteront en 2050 :
Consommation des constructions neuves
|
Consommation totale
|
|
=
|
50 ans * 1%/an * 50 kWh2
m . an
|
= 9,76%
|
(100% -- 50 ans * 0,15%/an) * 250
kWh + 50 ans * 1%/ an * 50 kWh
m . an m2. an
|
Ainsi, environ 9,8% des consommations
énergétiques du parc parisien seront issues des bâtiments
construits entre 2000 et 2050, d'où la priorité absolue à
réhabiliter les bâtiments existants, qui consommeront environ 90%
de l'énergie dans 40 ans.
En plus des textes réglementaires, des labels
européens dont certains sont certifiés par le gouvernement
français, ont été mis en place. Ils ont des objectifs de
consommation énergétique inférieure à la
consommation maximale définie par les réglementations thermiques
de leurs pays respectifs.
1.5.4 La labellisation
1.5.4.1 Des labels européens
Passiv Haus : Le label allemand Passiv Haus est issu
d'une démarche initiée en 1990 dont l'objectif est la
réalisation d'un bâtiment passif. C'est un label internationnal
dans la mesure où il ne s'appuie pas sur une réglementation
thermique d'un pays mais sur une méthode basée sur les
consommations énergétiques du bâtiment, le Passivhaus Haus
Projektierungs Paket (PPPH). Le bureau d'étude SCOP FIABITAT Concept
ajoute même qu'en 2007, environ 10 000 bâtiments en Europe
étaient BBC, alors qu'en France il y en avait moins de vingt.
Minergie : Le Label Minergie est issu d'une
démarche initiée en 1998 en Suisse et s'adresse aux
bâtiments neufs et rénovés. Les consommations maximales
d'énergie correspondent à 60 % de la consommation
recommandées par la réglementation thermique Suisse, la SIA 380.
Ce label est aussi rencontré en France depuis 2008.
1.5.4.2 Les labels français
Les labels français garantissent une construction dont
la consommation en énergie primaire est inférieure celle de la RT
2005, consommation de référence (environ 100 kWh/m2/an
en énergie primaire). Ces labels sont uniquement conçus pour les
constructions neuves :
> HPE -* Haute performance énergétique :
consommation de référence réduite de 10 % ;
> HPE EnR -* HPE - Energie renouvelable : consommation de
référence réduite de 10 %, avec utilisation
d'énergie renouvelable
> THPE -* Très haute performance
énergétique : consommation de référence
réduite de 20 % ;
> THPE EnR 2005 -* consommation de référence
réduite de 30 %, avec utilisation d'énergie renouvelable > BBC
-* Bâtiment de basse consommation : consommation maximale à 50
kWh/m2/an (soit environ 50%
des prescriptions de la RT 2005).
Ce n'est qu'en 2009 que les labels ont intégré
la réhabilitation des bâtiments avec les labels HPE
rénovation 2009 (maximum 150 kWh/m2/an) et le label BBC
rénovation 2009 (maximum 80 kWh/m2/an). La certification BBC,
la plus audacieuse du territoire français, est issue de l'association
Effinergie et soutenue par le CSTB. Ses objectifs de performance sont les
valeurs cibles de la prochaine réglementation thermique française
(RT2012). Les bâtiments certifiés BBC possèdent l'avantage
d'avoir une exonération foncière et une extension du coefficient
d'occupation des sols (COS). Il n'existe pas actuellement de labellisation
à l'échelle du quartier.
1.5.4.3 Une comparaison difficile
La comparaison des deux labels européens et du BBC
n'est pas facile car ils disposent de très nombreuses
caractéristiques différentes. Un tableau présenté
en annexe 4 recense toutefois leurs caractéristiques principales. On
note ainsi que :
> Le BBC est une certification qui fait l'objet d'un
arrêté, ce qui n'est pas le cas des labels Minergie et Passiv
Haus.
> La méthode de calcul de la consommation
énergétique BBC et Minergie est en fonction de la
règlementation thermique de chacun de ces pays, ce qui
limite leur expansion à l'international.
> Les méthodes de calculs de ces trois outils ne
considèrent pas les mêmes règles de calcul. Elles se
différencient notamment dans la surface
considérée, dans la température extérieure de
référence ou
dans les coefficients de conversion de l'énergie finale
à l'énergie primaire.
> Passiv Haus ne s'adapte pas la réhabilitation de
bâtiments.
> Les valeurs cibles de consommation des bâtiments sont
fortement différentes.
> Le BBC n'intègre pas de valeur cible en consommation
d'énergie utile ou finale, ce qui peut conduire
souvent à des bâtiments fortement consommateurs
d'énergie de sources renouvelables. > Les certificats
d'infiltrométrie ne sont pas obligatoires dans le Minergie (version
standard).
> Les méthodes de calcul du renouvellement d'air n'est
pas la même pour le BBC que pour les deux autres
méthodes.
1.5.4.4 Les limites de la course aux labels
De plus en plus de bâtiments sont aujourd'hui
labellisés. Les arguments qui peuvent expliquer cette dynamique sont la
volonté d'amélioration des performances des bâtiments et la
reconnaissance consécutive au « prestige » qu'elle apporte
(Charlot-Valdieu, 2009).
Certaines réserves relatives aux labels sont cependant
émettre. Les méthodes de calcul des consommations
énergétiques n'intègrent pas toutes les
caractéristiques potentielles d'un projet. Par exemple, la chaleur
produite à partir d'un réseau géothermique n'est pas
comprise dans la RT 2005. Par ailleurs, labéliser un projet, c'est
cautionner qu'il y a une manière de faire un projet
d'aménagement, optimale et adaptable aux nombreuses opérations.
Or, et ce n'est qu'un exemple, peu de label prennent en compte le contexte du
projet et son insertion dans l'existant qui compose pourtant un
élément essentiel pour l'appropriation du futur quartier par les
usagers. En somme, une labellisation énergétique ne se focalise
que sur la dimension environnementale. Il s'agit donc d'un outil qui doit
être complété avec des analyses transversales.
La labellisation pose aussi des questions sur
l'évaluation des performances énergétiques à moyen
et long terme. Aujourd'hui, les mesures des infiltrations se réalisent
uniquement à la livraison du bâtiment. Certains concepteurs
pourraient donc ne pas à prendre en compte le vieillissement du
bâti qui influe pourtant sur sa qualité. Par exemple, il existe
des plaques d'isolants thermiques rigides qui évoluent peu avec le temps
alors que l'on observe régulièrement un tassement de l'isolant en
bas des plaques semi-rigides16 qui réduit la performance
énergétique.
Enfin, la performance d'un bâtiment dépend fortement
du comportement des habitants. Or, les labels cités
précédemment n'intègrent pas de sensibilisation de ce
public.
Les acteurs de projets sont contraints de mettre en place des
solutions techniques qui répondent aux réglementations en vigueur
sur leur territoire. Il y a donc une performance énergétique
minimale qui est systématiquement (et théoriquement) atteinte. La
maîtrise d'ouvrage peut aussi choisir des objectifs plus ambitieux. Dans
tous les cas, les solutions s'implémentent à l'échelle
individuelle (logement, bâtiment), à l'échelle du quartier
(système centralisés ou décentralisés) ou
s'intègrent dans une dynamique globale à l'échelle
nationale et internationale.
1.5.5 Un montage financier plus difficile à mettre
en oeuvre
1.5.5.1 Le surinvestissement des projets intégrant
le concept du développement durable
La mise en place d'un programme environnemental doté de
performances énergétiques a un surcoût par rapport aux
opérations classiques de 10 à 15% (Bobroff, 2004), d'autant plus
que les études actuelles prouvent que les économies
d'énergie ne remboursent pas l'investissement réalisé en
amont (AlphéeisEcomaires, 2008).
Les maîtres d'ouvrages devraient donc être
amenés à considérer l'aspect financier des projets avec
l'approche par coût global, comme le préconise la charte des Eco
Maires17. Cette approche permet de mettre en place des solutions
environnementales qui sont certes plus coûteuses à l'achat, mais
qui réduisent les frais de maintenance ou la consommation
énergétique (par exemple). L'approche favorise donc la mise en
place de solutions environnementales et énergétiques (Bobroff,
2004). La difficulté principale de la mise en oeuvre du principe du
coût global est probablement la transformation des habitudes de travail
des professionnels et l'apport du capital initial (essentiellement pour les
particuliers).
16
Propos recueillis auprès de Fabrice Antore,
architecte-conseiller au CAUE 93.
17
Créé en 1989, les Eco Maires est un
réseau national d'élus mobilisé sur les
problématiques environnementales et de
développement durable. Charte accessible sur
:
http://www.ecomaires.com/fileadmin/userupload/pdf/Plaquettevers9.pdf.
1.5.5.2 La maîtrise foncière essentielle pour
garantir les qualités énergétiques
La maîtrise du foncier en amont du projet est
essentielle pour garantir l'atteinte des objectifs énergétiques.
En effet, si le foncier a été acquis à un prix trop
élevé, une des solutions pour retrouver l'équilibre
financier est la diminution des objectifs énergétique du projet.
Ils représentent en effet un surinvestissement et ne sont pas essentiels
pour le fonctionnement du quartier. Cet aspect est surtout pertinent dans le
cadre des projets de constructions neuves.
Dans le but d'aider les copropriétés à
réhabiliter leurs bâtiments en intégrant des objectifs
énergétiques ambitieux, une nouvelle procédure de projet
d'aménagement a été imaginée par l'Etat.
1.5.5.3 L'Opération programmée
d'amélioration thermique des bâtiments (OPATB), un
nouveau cadre de projet
Réalisée dans le cadre du Plan national habitat,
construction et développement durable de 2002, l'OPATB est mise en place
par les collectivités. Elle permet le développement des travaux
de maîtrise de l'énergie pour le chauffage, la production d'eau
chaude sanitaire et la climatisation dans le cadre de la réhabilitation
d'un parc existant. Cet outil favorise l'utilisation des énergies
renouvelables et s'applique aux bâtiments résidentiels et
tertiaires, publics et privés (ADEME). Le périmètre de
l'OPATB est très variable, allant du quartier à un
département.
Le cadre de l'OPATB donne accès aux subventions
plafonnées de l'ADEME pour la réalisation de diagnostics et
d'études énergétiques, de travaux exemplaires, de
systèmes utilisant les énergies renouvelables (bois, solaire,
géothermie). L'ANAH distribue les mêmes aides que pour l'OPAH.
L'Etat participe également à la réhabilitation des
habitats sociaux publics.
OPATB peut s'appuyer sur une OPAH déjà
programmée par la Ville. Dans ce cas, une convention unique associe
l'ADEME, l'ANAH et l'Etat. Les cadres de ces deux procédures favorisent
le développement de partenaires publics comme privés. Elles
aident notamment Les habitants qui doivent payer le reste à charge des
travaux d'amélioration des bâtiments. Il s'agit du
différentiel entre le coût réel des travaux et la valeur
des subventions. Le reste à charge est donc fonction du lieu
d'habitation (ADEME régionale, collectivités locales), du niveau
social du bénéficiaire et de son type (propriétaire
occupant, propriétaire bailleur, locataire, ...) et du type de travaux
effectués (isolation thermique, régulation du chauffage, panneaux
solaires photovoltaïques...).
Le cahier des charges de l'OPATB impose une équipe
pluridisciplinaire de par le champ d'études à mener. On peut
alors s'interroger sur l'intégration de nouveaux acteurs dans le projet
d'aménagement spécifiquement pour réaliser cette
étude énergétique.
1.5.6 De nouveaux acteurs dans la gouvernance
1.5.6.1 Les Assistants à la maîtrise
d'ouvrage
Dans ce document, les difficultés de la maîtrise
d'ouvrage (collectivité et aménageur) dans des domaines pointus
(techniques, urbains, juridiques...) ont déjà été
soulignées. Elles et peuvent être prolongées en
précisant que ma MOA manque souvent d'expertise dans le domaine de
l'énergie. Aussi, la maîtrise d'ouvrage fait parfois appel
à des bureaux d'études ou à un assistant à la
maîtrise d'ouvrage (AMO) pour l'accompagner pour mettre en place la
stratégie énergétique et la conseiller. Cette pratique
semble relativement courante car 60% des projets d'aménagement
étudiés par Alphéeis ont fait appel à une AMO
environnement (Alphéeis-Ecomaires, 2008).
L'AMO peut aussi bien être appelé dans le cadre d'un
projet de réhabilitation que dans celui de constructions neuves.
1.5.6.2 Des acteurs autour des systèmes
énergétiques
La distribution publique de chaleur est une compétence
communale optionnelle et non exclusive (CETE de l'Ouest, 2010). Une commune
peut la transférer à une intercommunalité qui est garante
de la qualité du service public et de l'égalité de
traitement des usagers. Elle organise le service et veille à son bon
fonctionnement et à sa bonne gestion tout au long de la vie du
réseau.
En pratique, très peu de collectivités
garantissent la construction, la gestion et la maintenance du réseau.
Elles fonctionnent dont très peu en régie, et font appel à
un opérateur énergétique, tiers en charge d'assurer le
service pour le compte de la collectivité.
La question du chauffage et de l'eau chaude sanitaire est
systématiquement abordée lors de la mise en place d'un projet
d'aménagement à l'échelle du quartier. Lorsque ce projet
porte une attention particulière à la mise en place d'une
stratégie énergétique, l'opérateur a alors un
rôle clé. Ses responsabilités sont variées selon le
type de contrat18 qui le relie à la MOA. Il peut être
responsable de la définition du système, des travaux, de la
gestion et de la maintenance du réseau. Il est ainsi responsable de la
réalisation des objectifs définis car c'est un des derniers
maillons de la chaine de construction du système
énergétique.
Les derniers maillons de cette « chaine
énergétique » sont les gestionnaires de bâtiment et
les usagers finaux. Ils sont aussi responsables de la maintenance du
réseau approvisionnant la chaleur aux bâtiments et du bon usage du
réseau, notamment de par leur comportement. Les réseaux de
chaleurs mettent donc en relation les usagers, les gestionnaires du
bâtiment (ASL...), l'opérateur gestionnaire du réseau et la
collectivité compétente dans le domaine de la distribution
énergétique.
Ainsi, la mise en place d'un système
énergétique implique une série d'interactions entre les
usagers, la collectivité (dont les représentants sont élus
par ces usagers), le gestionnaire de bâtiment et les
opérateurs.
Figure 22 - Relations entre les acteurs d'un réseau de
chaleur (Via Sèva)
1.5.6.3 Des partenaires financiers pour aider à la
réhabilitation énergétique
Un projet dont l'énergie est une caractéristique
forte favorise grandement les partenariats financiers pour aider à la
réalisation d'un projet. Ces aides sont principalement allouées
dans le cadre de la réhabilitation. Elles sont soumises à de
nombreuses conditions : type de travaux, type de propriétaire (occupant,
bailleur), critères sociaux... Davantage de détails sur les
conditions d'obtention des aides (matériaux, montant des dépenses
éligibles, critères sociaux), sont accessibles dans le guide de
l'ADEME intitulé Les aides financières de l'habitat
201019.
18 L'affermage et la concession sont deux contrats de
délégation qui existent entre la collectivité et
l'opérateur. Dans les deux cas l'opérateur est en charge de
l'exploitation du réseau. Mais l'affermage implique que la
collectivité finance et réaliser les installations alors que
c'est l'opérateur énergétique qui en a la charge dans le
cadre d'une concession.
19 Ce document est accessible sur le lien suivant :
http://ecocitoyens.ademe.fr/sites/default/files/guide6811AidesfinHab0210.pdf
* Les institutions
L'Etat
L'Etat a mis en place le crédit d'impôt,
dispositif fiscal permettant à un ménage de déduire de ses
impôts sur le revenu une partie des dépenses
réalisée pour certains travaux d'amélioration
énergétique. Si le montant dû est supérieur à
celui de l'impôt du ménage, il en reçoit la
différence. Par ailleurs, l'éco-prêt à taux
zéro permet à un particulier de contracter un prêt sans
intérêts dans le but de financer des travaux d'amélioration
de la performance énergétiques des bâtiments.
Le critère d'exigence d'amélioration des
performances énergétiques globales d'un foyer est sa
réduction de consommation d'énergie finale. Si elle est
initialement supérieure à 180 kWh/m2/an (en
énergie primaire), il est attendu que ce logement consomme au plus 150
kWh/m2/an. Si elle est initialement inférieure à
180kWh/m2/an, il est attendu qu'il consomme au plus 80
kWh/m2/an. Ces critères montrent l'importance de
l'évaluation de la consommation en énergie finale des
logements.
Enfin, l'Etat souhaite stimuler la mise en place de travaux
d'amélioration énergétiques en créant une taxe sur
la valeur ajoutée (TVA) réduite. Traditionnellement
élevée à 19.6%, la TVA passe à 5.5% pour les
travaux d'équipement (chaudière...) pour lesquels l'entreprise
qui a vendu le matériel en assure la pose.
Les collectivités territoriales :
Agissant sur différentes échelles du territoire,
les Villes, Intercommunalités, Départements et Région
peuvent subventionner un projet d'aménagement dans lequel interviennent
des travaux d'économie d'énergie.
Le montant de ces subventions dépend de la politique
menée au sein de chaque collectivité et du service de la
collectivité auquel la subvention est demandée. Il y a ainsi deux
interlocuteurs à la Région et au Département : les
unités Habitat et Environnement. Toutes deux peuvent subventionner un
projet de réhabilitation ambitieux dans le domaine
énergétique.
* les partenaires publics
L'ANRU : Crée en août 2003 à la
suite de la Programme National de Rénovation Urbaine (PNRU), l'Agence
Nationale pour la Rénovation Urbaine (ANRU) apporte son soutien
financier aux collectivités locales, aux établissements publics
et privés dans le cadre de projets de transformation des quartiers
fragiles classés en Zones Urbaines Sensibles (ZUS) ou présentant
les mêmes difficultés socio-économiques.
L'ANAH : Créée en 1971, l'agence
nationale de l'habitat (ANAH) a pour objectif de mettre en oeuvre la politique
nationale de développement, de réhabilitation et
d'amélioration du parc existant. C'est par l'intermédiaire de
subventions accordées à des propriétaires que l'ANAH
incite à l'exécution des travaux chez le particulier. Ces
subventions sont attribuées aux personnes les plus modestes,
sélectionnées à partir de critères sociaux. Des
aides sont également allouées aux conseils syndicaux de
copropriétés.
L'ADEME : L'ADEME propose des aides pour les immeubles
collectifs qui souhaitent améliorer l'efficacité
énergétique du bâtiment ou produire de
l'électricité à partir d'énergies renouvelables en
zone non raccordée au réseau.
Dans le cadre d'une ZAC ou d'une OPATB, l'ADEME subventionne
environ 50% des études ayant trait à l'aspect
énergétique (BE thermique ou développement durable,
architectes, etc.). Elle participe aussi à l'accompagnement technique,
financier (études, aide pour les appels à projet, etc.)
organisationnel (suivi, animation). Chaque délégation
territoriale de l'ADEME finance selon ses propres critères. Ainsi,
l'OPATB de Dunkerque, après le refus de la délégation
territoriale du Nord, n'a pas pu obtenir les subventions de l'ADEME.
1.5.6.4 Partenariat public / privé, une
solution pour un montage financier délicat De
véritables partenariats peuvent naître entre les structures
privées et publiques. Le principe est simple : les
sociétés privées disposant d'une source financière
peuvent investir dans les travaux d'économie d'énergie. Le projet
de réhabilitation fait alors appel à une tierce personne qui
s'ajoute au duo de la maîtrise d'ouvrage et des
habitants.
Dans le cadre du Grenelle de l'Environnement, les banques ont
proposé des Eco-prêts (à ne pas confondre avec les
Eco-prêts à taux zéro de l'Etat), les prêts à
l'accession sociale (PAS) et les prêts à l'amélioration de
l'habitat qui financent une partie des travaux d'amélioration
énergétique des particuliers. Certaines banques peuvent proposer
des mécanismes financiers à la maîtrise d'ouvrage dans le
but de les aider à financer le surinvestissement des projets de
réduction de consommation énergétique, comme le Tiers
investissement de la Caisse des dépôts et des consignations par
exemple (Caisse des Dépôts et des Consignations, 2010).
Les professionnels de l'énergie peuvent mettre en place
des certificats de performance énergétique (CPE). Liés
contractuellement avec la maîtrise d'ouvrage, ce dispositif encourage le
partenariat entre des structures publiques et privées.
Le Tiers Investissement et le CPE sont des dispositifs
permettant aux propriétaires de rénover leur bien sans avancer de
sommes importantes. La performance énergétique est garantie car
le revenu de la société contractante dépend des
économies d'énergie réalisées. Au terme du contrat,
le client devient le seul bénéficiaire des économies
d'énergie, sauf si une clause de partage est prévue.
Si ces exemples sont relatifs à des projets de
réhabilitation, ils peuvent être adaptés aux projets de
constructions neuves.
1.5.6.5 Peu de partenariats dans le cadre de projets de
constructions neuves
Peu de partenariats sont établis dans le cadre de
projets de constructions neuves (voir section 1.2.3 ). Il existe certaines
aides de l'état, ponctuelles, qui ont surtout l'objectif de
développer l'intégration du développement durable dans les
aménagements urbains. Par exemple, la mise en place d'un réseau
de chaleur fait intervenir un mécanisme économique dont
l'objectif est de favoriser le développement des énergies
renouvelables. Le Grenelle 2 stipule que si l'origine de l'énergie d'un
réseau de la chaleur est issue d'au moins 50% de source renouvelables,
alors la TVA relative à cette énergie passe à 5.5% au lieu
de 19.6%. Le Grenelle 1 avait placé le pourcentage d'énergie
renouvelable à 60%.
1.6 SYNTHESE ET PROBLEMATISATION
Dans cette première section, ont été
présentés le contexte de l'aménagement urbain ainsi que
ses enjeux, et les procédures qui l'encadrent (voir section 0). Les
rôles et missions des acteurs des projets d'aménagement à
l'échelle du quartier ainsi que leurs interactions ont ensuite
été évoqués avant de pouvoir comparer ces
éléments généraux aux spécificités de
la problématique énergétique, tant dans l'aspect technique
que l'aspect général.
On constate dans un premier temps que la mise en place d'une
stratégie énergétique fait intervenir de nouveaux acteurs
- ou change le rôle d'autres - tout au long du processus de projet (voir
section 1.5.6). De nouveaux rapports de forces émergent donc
probablement, de nouveaux documents de projet seront certainement
établis, conduisant ainsi à bousculer la gouvernance globale du
projet tant dans les interactions entre les acteurs que dans la gestion de
l'opération à long terme. La modification de la gouvernance de
projet due à la mise en place d'une stratégie
énergétique est donc un aspect qui sera étudié dans
ce projet.
Cette première section souligne également que la
réglementation énergétique évolue très
rapidement (voir section 1.5.3). Compte tenu du temps nécessaire pour
aménager un quartier, on peut envisager des complications relatives
à ces évolutions réglementaires, de plus en plus
ambitieux, et aux nouvelles
labellisations disponibles. L'étude des deux
opérations apportera probablement des éléments pour
évaluer la difficulté à mettre en oeuvre les contraintes
réglementaires.
Cette partie montre aussi que de nombreuses solutions
techniques peuvent être implémentées dans un projet
d'aménagement (voir section 1.4). Il ne serait pas surprenant que le
charisme de certains acteurs ou l'arrivée de nouvelles personnes dans le
projet ait des conséquences sur le choix d'un système
énergétique. Par ailleurs, on peut supposer que la prise en
compte du contexte d'un projet urbain ait également un impact quand au
choix de la solution technique. Aussi, ce document vise en partie à
étudier comment un système énergétique est
élaboré. Cette étude fera aussi référence
aux nombreuses méthodes de simulation thermique qui sont à la
base du dimensionnement du système énergétique. Les
nombreuses hypothèses entrées dans un modèle impactent
très probablement le résultat final. Dans cette perspective, les
conséquences d'un choix de modélisation énergétique
feront aussi l'objet d'analyse.
Un dernier aspect essentiel qui émerge de cette
première analyse est la différence entre les projets de
réhabilitation et les projets de constructions neuves : les
procédures d'aménagement sont différentes, notamment de
par les dispositifs d'aides qui sont plus nombreux dans le cadre de la
réhabilitation (voir section 1.2). Ce cadre fait cependant l'objet de
contraintes supplémentaires du fait de la présence d'un existant
à intégrer dans le projet. On peut supposer que les nombreux
dispositifs financiers existants pour les projets de réhabilitation
permettent la réalisation des projets en facilitant la
réalisation du montage financier. Mais, compte tenu de la
difficulté à réaliser les montages financiers (voir
section 1.5.5), on peut s'interroger si ces dispositifs sont suffisants. Par
ailleurs, les projets de constructions neuves ne disposent pas d'autant de
subventions. Peuvent-ils donc intégrer le développement durable
dans la programmation de leur projet sachant que ce concept
génère un surinvestissement inévitable? On peut enfin
supposer que l'instance citoyenne est plus facile à cibler dans les
projets de réhabilitation, mais que ce n'est pas suffisant pour
réaliser une réelle concertation des citoyens car les
collectivités ne sont pas toujours volontaires pour mettre en place un
tel dispositif participatif (voir section 1.3.4). Ce document, à travers
l'étude des deux quartiers, devrait permettre d'effectuer un premier
état des lieux sur la dynamique de participation d'un projet
d'aménagement.
Ainsi, c'est donc fort des hypothèses selon lesquelles
la mise en place d'une stratégie énergétique modifie la
gouvernance globale d'un projet, impacte le choix des systèmes
technologiques et implique des objectifs énergétiques ambitieux
que ce document a pour objectif de déterminer les bouleversement
consécutifs à la mise place d'une stratégie
énergétique et leurs conséquences dans l'organisation des
acteurs, dans les systèmes mis en place et dans le processus de projets
d'aménagement à dominante résidentielle à
l'échelle d'un quartier. Cette problématique sera mise en
perspective des opérations de constructions neuves et de
réhabilitation afin de comprendre si la mise en place d'une
stratégie énergétique a les mêmes impacts selon la
nature de projet.
1.7 METHODOLOGIE DE L'ANALYSE
La mise en place de cette analyse a été l'objet
d'allers-retours successifs entre les deux études de cas et les concepts
théoriques de gouvernance des aménagements urbains et
d'intégration des systèmes énergétiques.
1.7.1 L'analyse auprès d'Ekopolis pour obtenir les
matériaux d'étude
L'obtention des matériaux référents aux
deux études de cas ont pu être obtenus dans le cadre de mon
intégration au projet d'analyse d'opérations
d'aménagement. Ce projet a débuté en mars 2010. Il est mis
en oeuvre par Ekopolis, pôle de ressources de l'aménagement et de
la construction durables, porté par l'Union régionale des
Conseils d'architecture, d'urbanisme et de l'environnement d'Ile-de-France
(URCAUE-IDF).
Ekopolis avait la volonté de construire une
méthode d'analyse adaptable à l'ensemble des projets
d'aménagement à l'échelle du quartier en Ile-de-France.
Les caractéristiques communes des deux projets pilotes (échelle
du quartier, projet d'une dizaine d'hectares, entre 550 et 650 logements,
réseau de chaleur...) favorisent l'analyse comparative alors que leurs
divergences (réhabilitation/ construction neuve,
participation citoyenne, phase d'avancement des projets)
permettent de nuancer les propos et ouvrent le champ d'étude. Afin de
mener la réflexion sur la construction de la méthode d'analyse,
un groupe de travail constitué de professionnels de l'aménagement
a été formé. Il réunit des membres de l'URCAUE-IDF,
des CAUE francilien (Val d'Oise, Paris, Essonne, Seine-Saint-Denis et du
Val-de-Marne), de la Direction régionale et interdépartementale
de l'équipement et de l'aménagement Ile-de-France (DRIEA), de la
Région Ile-de-France et du CSTB. Dans ce document, de nombreux extrait
des ces analyses, dont je suis un des auteurs principaux, ont été
repris. Ils seront systématiquement signalés.
1.7.2 Nature des données
Grâce à ma participation au projet d'Ekopolis,
j'ai pu rencontrer de nombreux acteurs et travailler sur les documents des deux
opérations. Une des différences majeures entre l'étude que
je faisais dans le cadre de ce mémoire et ma mission au sein d'Ekopolis
est le cadre d'observation des projets. Une analyse transversale de l'ensemble
des thématiques d'un projet d'aménagement était attendue
pour Ekopolis, alors que le mémoire ne se focalise que sur l'aspect
énergétique.
1.7.2.1 Choix du mode d'entretiens
L'analyse d'une opération d'aménagement, ne peut
se faire sans rencontrer les acteurs des projets, d'autant plus lorsque la
gouvernance est étudiée. Trois scénarii ont
été imaginés pour mener ces entretiens : la forme
directive, semi directive et ouverte20 :
> L'entretien directif, proche de la forme des
questionnaires, implique des réponses concises et fermées. Cette
forme n'a pas été retenue car elle contenait un double risque non
négligeable. Trop encadrées, les personnes interviewées
n'auraient pas pu développer leurs commentaires qui auraient alors
manqué de précisions. De plus, il n'aurait pas été
possible aux enquêteurs de réagir sur les réponses
apportées, alors qu'elles offrent souvent21 de nouvelles
perspectives non envisagées auparavant. Enfin, un interrogatoire trop
fermé n'est pas propice à la discussion car il est peu convivial.
Les langues se délient moins, il est alors difficile de rentrer dans un
discours passionné avec ses interlocuteurs.
> L'entretien ouvert s'articule autour d'une
question générale. Son avantage premier est de laisser libre
l'interlocuteur qui peut évoquer des sujets inattendus ou bien
révéler des informations « sensibles ». Il s'adapte
cependant assez difficilement aux personnes qui n'ont pas envie de s'exprimer
ou qui sont peu loquaces. Par ailleurs, le discours de la personne
interviewée peut ne pas être structuré et un aspect
évoqué peu manquer de précision. Il est alors difficile de
réaliser un travail précis. Cette solution n'a donc pas
été sélectionnée.
> L'entretien semi directif est la forme
intermédiaire des deux formes d'entretien présentées
ci-dessus. Les acteurs étant dans une dynamique de conversation, cette
forme encourage un dialogue. La phase de préparation à
l'entretien est essentielle car l'enquêteur doit s'assurer du contenu des
réponses apportées, tout en étant garant du
déroulement logique des thématiques évoquées.
C'est la forme d'entretien semi-directive qui a
été choisie. Loin de la froideur des questionnaires, il favorise
la communication entre les deux parties et encourage l'acteur du projet
à se livrer. Le contenu de l'entretien est donc plus riche.
1.7.2.2 Protocole général des entretiens
Dans le cadre de l'analyse d'opérations
d'aménagement, 30 entretiens ont été
réalisés auprès des acteurs des deux projets pilotes. Ils
sont présentés en annexe 5 de ce document. Tous ont suivi le
même protocole général.
20 Théorie réalisée à partir
du site de l'académie d'Aix et de Marseille - section sciences sociales
:
http://pedagogie.ac-aix-marseille.fr/disciplines/element/sciensoc/enquete.htm
21 Expérience issue des entretiens
réalisés.
Un guide a été élaboré en amont de
l'entretien. Il contient l'organisation des thématiques abordées
au cours des rencontres et la hiérarchisation des questionnements. Ce
guide, disponible en annexe 6, s'articule autour de trois sections, à
savoir :
1. la mission des acteurs (rôles, méthodes et
résultats),
2. le processus de projet (gouvernance, outils et méthodes
managériales utilisées),
3. les perceptions personnelles des acteurs du projet
(qualité/défaut, difficultés à surmonter, vision du
développement durable).
Une trame simplifiée était envoyée aux
acteurs interviewés qui, ainsi informés du contenu global de la
rencontre, pouvaient s'y préparer, ce qui donne un cadre professionnel
à l'entretien.
L'entretien débutait systématiquement par une
présentation d'Ekopolis et des objectifs du programme d'analyse
d'opération d'aménagement. Il s'articulait ensuite autour des
trois grands thèmes définis par le guide de questionnement. Ce
document a donc servi de trame générale, assurant ainsi le
déroulement similaire des entretiens.
Le modèle de l'entonnoir est la
méthode d'entretien qui a été appliquée. Le
questionnement était organisé de manière à
préciser progressivement le sujet d'une thématique. Les
dernières questions étaient donc fermées, ce qui
permettait de confirmer des informations précises telles que la valeur
d'un facteur de conversion ou celle d'un rendement.
1.7.2.3 Adaptation du protocole selon les acteurs
rencontrés
* Rencontre des acteurs essentiels pour la mise en place de la
stratégie énergétique
Dans le but de d'analyser la stratégie
énergétique d'un projet d'aménagement, de nombreux acteurs
clés ont été rencontrés.
Dans le cadre du projet de réhabilitation du Ponceau,
les acteurs avec lesquels je me suis entretenue ont un lien avec l'aspect
énergétique car il s'agit de l'élément sur lequel
se fonde l'ensemble du projet. Certains sont essentiels comme l'ADEME ou
l'ANAH, partenaires financiers, Alter Développement qui vérifie
l'intégration du développement durable dans l'ensemble du projet,
AMOES le bureau d'études thermiques, Atelier 15 & l'Agence Lafarge
Valentino, architectes qui travaillent notamment sur l'enveloppe des
bâtiments et CYEL, gestionnaire du réseau de chaleur.
Les acteurs rencontrés autour de la ZAC de
l'Eco-quartier du Val de Ris ne sont pas tous impactés par la mise en
place d'une stratégie énergétique. Les acteurs principaux
de la mise en oeuvre de cet aspect rencontrés sont l'AFTRP
(aménageur de la ZAC), Alter Développement (AMO
développement durable), IOSIS (bureau d'études thermiques) et EDF
(conseiller énergétique).
Pour chacun des acteurs rencontrés, des questions
spécifiques à l'énergie étaient
préparées et ajoutées au protocole général
défini dans le paragraphe précédent. Les principaux
thèmes évoqués étaient :
- Leurs missions au regard de la mise en place
de la stratégie énergétique (coordination, études,
conseil, opération) et leurs productions (hypothèses, discussion
sur les résultats, etc.),
- Leur place dans le processus qui a conduit
à la mise en place du système énergétique (deux
échelles considérées : bâtiment et quartier),
- Les interactions avec les autres acteurs,
- Les évolutions des objectifs au cours
du projet. - Les difficultés (contrainte
réglementaire, etc.),
Selon l'importance de la dimension énergétique
dans les missions de chacun des acteurs, ces questions n'étaient pas
intégrées de la même manière dans la trame
d'entretien. Rappelons en effet que ces entretiens se déroulaient dans
le cadre de l'analyse d'Ekopolis dont l'objectif était d'acquérir
une vision transversale des projets.
Dans un cas général, une liste de questions
techniques spécifiques était préparée en amont.
Pour les acteurs dont l'énergie est un aspect parmi d'autre, cette
thématique a fait l'objet d'une section particulière à la
suite de la présentation des missions et des interactions avec les
autres acteurs. C'est l'exemple de la rencontre de M. Raffalli, maire adjoint
à l'urbanisme de Ris-Orangis. Au contraire, pour les acteurs dont la
stratégie énergétique est l'élément
essentiel de sa mission, ce qui est par exemple le cas d'AMOES, bureau
d'études thermiques du projet de réhabilitation du Ponceau,
l'énergie constituait la trame de l'entretien.
Afin d'illustrer ces propos, une note jointe en annexe
7présente des questions relatives à l'énergie qui ont
été listées avant la rencontre de Laurent Haddad,
aménageur de la ZAC de l'Eco-quartier des Docks de Ris. L'énergie
était le deuxième volet de la rencontre.
* Rencontre des habitants, un protocole différent
La rencontre avec les futurs habitants, les riverains et les
usagers de l'Eco-quartier du Val de Ris n'a pas suivi le même protocole
que celui détaillé ci-dessus. La rencontre a eu lieu lors d'une
« Journée porte ouverte » organisée par l'AFTRP,
aménageur de la ZAC. Aucune trame n'a donc pu être envoyée
aux personnes interrogées. Par ailleurs, le guide d'entretien a
été conçu différemment. Ne pouvant aborder le
processus de projet, les questions se sont focalisées autour de leur
connaissance et leur perception du projet d'une part et de la démarche
participative d'autre part.
1.7.2.4 Les documents de travail
L'étude se fonde aussi sur les documents de travail que
nous ont transmis les acteurs du projet. Il s'agit de documents contractuels
tels que les cahiers des charges et les cahiers de prescriptions, de documents
méthodologiques tels que le plan d'actions et le système de
management environnemental, ou d'études (étude
pré-opérationnelle OPAH, études
énergétiques, etc.).
1.7.3 Exploitation des entretiens et des documents de
travail
Sous réserve de l'accord des personnes
interviewées, les entretiens ont été enregistrés
afin de permettre la retranscription et améliorer leur exploitation
(exactitude des propos, contextualisation). Les entretiens enregistrés
font systématiquement l'objet d'une réécoute. Les
citations essentielles sont reportées dans un fichier qui permet le
classement des sujets évoqués selon leurs thématiques
(l'exemple de la retranscription de l'entretien de Patrick Bertrand, architecte
mandataire de l'étude pré-opérationnelle d'OPATB du
Ponceau, est disponible en annexe 8 de ce document). Archivés
électroniquement, ces fichiers pourront alors être
exploités à nouveau.
Les documents de travail ont servi de support lors des
entretiens et sont des éléments exploités dans les
analyses. Ils ont également été utilisés afin de
comprendre la démarche ou de déceler les hypothèses de
travail des acteurs.
La méthode mise en oeuvre dans cette recherche a
engendré des interactions permanentes entre les observations sur le
terrain, les documents théoriques et les informations recueillies
auprès des acteurs tant dans les entretiens que dans leurs supports de
travail. Ces interconnexions qui enrichissent l'analyse ont été
le support de la réflexion tout au long de la réalisation de ce
travail de recherche. Détaillons ainsi les deux études de cas
tant dans leurs caractéristiques générales, dans
l'étude de la place de l'énergie dans le projet, dans l'analyse
de la gouvernance que dans les solutions techniques misent en oeuvre.
2 LA ZAC DE L'ECO-QUARTIER DU VAL DE RIS
2.1 CARACTERISTIQUES GENERALES DE LA ZAC
Cette section contient de nombreux extraits de l'analyse
de la ZAC de l'Eco-quartier du Val de Ris réalisée par
Ekopolis.
La ZAC de l'Eco-quartier du Val de Ris est située dans
la commune de Ris-Orangis (91), à proximité d'Evry, à
environ 2O km au sud de Paris. A la limite de territoires naturels et urbains,
Ris-Orangis est à dominante urbaine mais dispose de grands espaces
verts. Environ 26 691 (INSEE 2007) personnes habitent cette ville qui
appartient à la Communauté d'agglomération d'Evry Centre
Essonne (CAECE) regroupant six communes.
Implantation de la ZAC en Ile-de-France, Ekopolis 2010
2.1.1 Le contexte local et spatial de l'Eco-quartier du Val
de Ris
La ZAC de 18 hectares se situe en bordure de Seine, au pied du
coteau de Ris-Orangis. Le site se développe autour de trois zones
principales : au sud de la voie ferrée les Docks Ris (Docks des Alcools
de 5,2 ha et lac de 8 ha), et au nord de la voie ferrée le secteur
CAES/Gare (1,7 ha) et la zone Intrafor (1,7 ha).
Eco-quartier du Val de Ris
|
Figure 23- Occupation des sols en 2003 et périmètre
de la ZAC, Dossier de candidature au concours EcoQuartiers 2009 du MEEDDM,
AFTRP
|
Le site est marqué par un historique industriel et
artistique :
> INTRAFOR22, entreprise d'entretien de
matériel de forage en activité. Ce site a accueilli
successivement une fabrique de coutellerie, un garage automobile, un
dépôt de liquides inflammables et un lieu de fabrication de
machines-outils.
> Le Dock des Alcools23 a été
successivement dépôt de liquides inflammables, une carrosserie,
une fonderie puis un lieu de production de boissons alcoolisées.
> Le Centre autonome d'expérimentations sociales
(CAES), squat d'artistes depuis 1981.
Le site est bordé au sud-ouest par la rue de Fromont
qui permet de rejoindre le centre ville de Ris-Orangis et s'étend
jusqu'à la station de RER D (Ris-Orangis). Il bénéficie de
la desserte de trois lignes de bus. La voie ferrée traverse le quartier,
séparant le site des Docks de celui d'Intrafor et du CAES-Gare.
La Ville de Ris-Orangis n'a pas de réelle
centralité24 excepté deux centres commerciaux Les
Aunettes et Le Moulin, situés respectivement à 5 et 10 minutes en
voiture de la gare de Ris-Orangis. D'autres zones commerciales, telles que Evry
2, sont situées au sud de la Ville.
22 Fiche des Anciens sites industriels et de service
(BASIAS) de la zone Intrafor accessible sur :
http://basias.brgm.fr/fiche_detaillee.asp?IDT=IDF9102840
23 Fiche BASIAS des Docks des Alcools accessible sur :
http://basias.brgm.fr/fiche_detaillee.asp?IDT=IDF9102857
24 Propos de Laurent Haddad recueilli le 2 juillet
2010.
2.1.2
Les éléments de repère de la ZAC
: si le
Le projet a été initié en 2001. Tous
les secteurs de la ZAC n'ont pas le même stade d'avancement
secte
ur des Docks de Ris entre en phase de construction en
septembre 2010, les autres en sont encore au stade de planification et de
programmation.
Sur les 18 hectares du quartier, il est prévu
de construire 85 500 m2 SHON . Cette surface
intègre environ 900 logements (66 000 m2
SHON), 19 500 m 2 SHON d'activité et
d'équipements. Il est prévu que ce quartier accueille
environ 1600 habitants.
2.1.3
-Lajus-Pueyo est le suivant :
Les éléments de programmation de la ZAC Le
plan masse du quartier défini en 2008 par l'agence Brochet
Figure 25 - Occupation des sols en 2003, dossier de
candidature au concours EcoQuartiers 2009 du MEEDDM, AFTRP
Les éléments de programme de la ZAC sont
présentés ci- dessous de manière
synthétique, sous forme d'un
e sujet, se référer à l'annexe 9
tableau. Pour obtenir davantage d'information à c
de ce document.
Fonctionnement urbain
|
Trame urbaine
|
Insertion dans l'existant (habitats
intermédiaires) Perméabilité du lac dans le
quartier
|
Mobilité
|
Chemins piétons et mobilité douce
favorisés
Discussion pour améliorer la fréquence de
bus et le service RER 1,5 place de stationnement par logement
|
Performances environnementales
|
Energie
|
Chauffage urbain à base de géothermie
à très basse température Chaufferie bois sur le secteur
Gare/CAES
Panneaux solaires sur la grande halle
Objectif de certification BBC à l'échelle
du quartier
|
Eau
|
Gestion des eaux de ruissellement (toitures
végétalisés, noues...) Optimisation de la
perméabilité des sols,
Prise en compte du PPRI.
|
Biodiversité
|
Préservation de la biodiversité dans l'ENS
Gestion différenciée des espaces verts
|
Déchets
|
Gestion de chantier (matériaux de
déconstruction réutilisés), Tri sélectif dans des
conteneurs enterrés.
|
Matériaux et ressources
|
Matériaux naturels
privilégiés.
|
Développement économique
local
|
Mixité fonctionnelle
|
77% de logements, 10%d'équipement, de 13% de
tertiaire.
|
Maintien et implantation d'entreprise
|
Développement des commerces près de la
gare,
Déplacement d'un centre commercial pour
l'implanter près de la gare.
|
Qualité et diversité
sociale
|
Cohésion sociale
|
Maîtrise du coût du foncier pour l'îlot
de Terralia (bailleur social); Construction d'une crèche à
l'intérieur du quartier,
Construction d'une école à
l'extérieur du quartier,
Aménagement de l'espace boisé.
|
Accessibilité
|
Tous les bâtiments sont construits selon le PPRI
assurant l'accès même en période de forte
inondation.
|
Risques et nuisances
|
Traitement du bruit causé par l'activité
ferroviaire, Excavation du sol contaminé.
|
Culture et patrimoine
|
Intégration du CAES et du cirque pour
établir un programme culturel, Préservation du patrimoine
industriel.
|
Qualité urbaine et architecturale
|
Différents architectes selon les lots :
diversité architecturale,
|
Table 1 - programme de la ZAC de l'Eco-quartier du Val de Ris,
Ekopolis 2010
Le fait d'avoir dressé les caractéristiques
globales du projet conduit à s'apercevoir du caractère ambitieux
de l'aspect énergétique dans ce projet. Le projet de
(labellisation l'échelle du quartier, utilisation de sources
énergétiques locales...). L'approfondissement de cet aspect
permettra de déterminer quelle est sa place dans le projet.
2.2 PLACE DE L'ENERGIE DANS LE PROJET
Cette section contient de nombreux extraits de l'analyse
de la ZAC de l'Eco-quartier du Val de Ris réalisée par
Ekopolis.
2.2.1 Contexte énergétique
Il n'existe pas de réseau de chaleur suffisamment
proche des espaces sur lesquels l'Eco-quartier du Val de Ris va être
construit pour pouvoir l'y relier. Cependant, le site dispose d'une source
locale et inépuisable : l'eau de sa nappe qui est à très
faible profondeur.
Un réseau géothermique à basse
énergie est installé sur le plateau de la Ville de Ris-Orangis
(température en tête de puits 72°C, production
énergétique : 16 239 MWh). La Ville de Ris-Orangis est par
ailleurs connectée au système de distribution de gaz naturel
.
2.2.2 Origine de la considération de cet aspect
Par préoccupation environnementale, la Ville de
Ris-Orangis a souhaité mettre en place un système dont les
sources énergétiques sont majoritairement renouvelables et
locales25.
Par ailleurs, souhaitant aménager une zone industrielle
laissée en friche depuis les années 1980, la Ville de Ris-Orangis
devait assurer la maîtrise du foncier dont 90% appartenaient à
trois ministères. Le choix d'une logique de quartier innovant et de
qualité, et celui d'une collaboration avec l'AFTRP (aménageur
d'état adossé au ministère de l'équipement) ont
favorisé la mise en place d'un dialogue efficace avec ces
ministères et l'acquisition des terrains.
2.2.3 Objectifs énergétiques
L'objectif initial en termes de consommation
énergétique du quartier était d'atteindre 80% du niveau de
consommation maximale défini dans la RT2005. A l'arrivée de la
certification BBC en 2007, la maîtrise d'ouvrage a souhaité que
l'ensemble des îlots du quartier réponde à ce label. Leur
consommation en énergie primaire (ECS, chauffage, ventilation,
éclairage et auxiliaires) doit donc être inférieure
à 65 kWh/m2/an26. Ce niveau de performance offre
par ailleurs une cohérence avec la capacité du futur
réseau géothermique.
L'énergie est un donc un des objectifs prioritaires
pour la réalisation de la ZAC de l'Eco-quartier du Val de Ris. Les
objectifs énergétiques sont ambitieux de par le mode de
production de chaleur ainsi que de par la volonté de labellisation BBC
à l'échelle du quartier, le premier en Ile-de-France. Une
stratégie énergétique a donc été mise en
place dans cette opération, comme en témoigne le système
de gouvernance.
2.3 ANALYSE DE LA GOUVERNANCE
Cette section contient de nombreux extraits de l'analyse
de la ZAC de l'Eco-quartier du Val de Ris réalisée par
Ekopolis.
2.3.1 L'organisation de la maîtrise d'ouvrage
2.3.1.1 La Ville et la Communauté
d'agglomération
La Ville de Ris-Orangis a rejoint la Communauté
d'Agglomération d'Evry Centre Essonne (CAECE) en 2004, soit 3 ans
après l'initialisation de l'Eco-quartier du Val-de-Ris.
L'adhésion à la CAECE implique que toutes les ZAC de plus de 300
logements et de 10 hectares soient placées sous l'autorité de
l'intercommunalité. L'Ecoquartier du Val-de-Ris - intégrant 650
logements environ - a donc changé de maître d'ouvrage. Si le
partage des compétences est officiellement défini, la
réalité est tout autre. A la suite de négociations, le
maire a pu officieusement conserver la maîtrise d'ouvrage du projet qu'il
avait initié. Ceci explique d'ailleurs l'effacement de la CAECE dans la
prise de décision et dans le dialogue avec les acteurs
principaux27. Thierry Mandon, Maire de Ris-Orangis, décide
des orientations politiques essentielles comme la liste des architectes qui
pouvaient répondre à l'appel d'offre pour la mandature.
La gestion de la distribution énergétique et
celle de l'espace naturel sensible sont de compétences intercommunales.
En revanche, la Ville est responsable des aspects sociaux et culturels du
projet. Les deux collectivités doivent donc collaborer, ce qui est
facilité par le fait que la scission entre la Ville et
l'intercommunalité n'est pas nette. Stéphane Raffalli, maire
adjoint à l'urbanisme de la ville de Ris-Orangis, est également
le vice président de la CAECE. Il témoigne du fait que le
pilotage politique est communal et
25 Cet objectif a été énoncé dans les
candidatures à l'appel à projet NQU et au concours EcoQuartiers,
2009.
26 La norme de consommation standard du label BBC
constructions neuves est de 50 kWh/m2/an. Ce chiffre est modulable
selon la localisation géographique. En région parisienne, le
coefficient correcteur étant de 1.3, la consommation maximale pour
être éligible au label BBC doit être de 65
kWh/m2/an.
27 Par exemple, Olivier Brochet, architecte mandataire de la ZAC,
ignorait que la CAECE était le maître d'ouvrage et qui la
représentait.
que la CAECE, perçue comme une «boîte à
outils intercommunale », dispose seulement de la maîtrise d'ouvrage
technique.
2.3.1.2 L'aménageur au centre du projet
La Ville de Ris-Orangis a choisi l'AFTRP (Agence
Foncière et Technique de la Région Parisienne) comme
aménageur de l'Eco-quartier du Val de Ris.
Lié contractuellement par un Traité de
concession d'aménagement (TCA), l'AFTRP assure la maîtrise
d'ouvrage des travaux. Elle est aussi chargée de réaliser les
études nécessaires à leur exécution. Pour cela,
elle bénéficie du droit d'expropriation ainsi que du droit de
préemption urbain. L'AFTRP pilote les acteurs du projet (architectes,
paysagistes, bureaux d'études, ...), coordonne leurs missions et est
responsable de sa réalisation en terme de qualité et de
délais.
2.3.1.3 La maîtrise d'ouvrage, une entité
tripartite
Entre aménageurs et décideurs politiques, les
perceptions du programme d'aménagement et de sa mise en oeuvre
diffèrent parfois. L'organisation tripartite de ce projet permet une
dialectique permanente. C'est dans ce cadre que l'opération fait
constamment l'objet de discussions, voir de négociations, entre les
maîtres d'ouvrage.
Des tensions émergent parfois. Par exemple, la Ville de
Ris-Orangis, décisionnaire politique, avait exigé d'appliquer de
nouvelles méthodes de travail que l'AFTRP ne pratiquait pas. La Ville
souhaitait travailler avec des acteurs indépendants du projet pour
favoriser la dialectique et le débat. C'est dans ce cadre que l'AFTRP a
dû mettre un terme aux services de l'urbaniste Philippe
Fabre28 (agence BAO) qui avait l'habitude de travailler avec
l'AFTRP. Un concours entre deux architectes reconnus, Olivier Brochet et
Edouard François, que l'on a fait débattre sur le projet de
l'Ecoquartier, a permis la sélection du nouvel architecte mandataire qui
a assuré la continuité du travaille de l'urbaniste.
Il y a donc régulièrement des tensions entre
aménageurs et collectivités. Stéphane Raffalli pense
d'ailleurs que pour donner davantage de poids aux collectivités, «
l'idéal serait que les services de l'agglomération soient un
contrepoids, une aide à la décision de la commune et de
l'agglomération dans les arbitrages face à l'aménageur
».
Malgré ces tensions, les collectivités
territoriales et l'aménageur forment une entité clé dans
la mise en oeuvre du programme d'aménagement. Ensemble, ils
décident, pilotent et coordonnent les acteurs. Une grande collaboration
avec les élus de la Ville de Ris-Orangis permet de faire converger
l'évolution du projet avec les orientations politiques.
Habitants Usagers Citoyen
Elisent
Consulte Informe
Ville de Ris-Orangis
Décide
Elus
Communauté d'agglomération d'Evry
Services techniques
Maîtrise d'ouvrage
Centre Essonne
Collaborent
Aménageur AFTRP
Pilote et coordonne
Commandite
Concède
Echangent collaborent
Conseille
AMO Environnement
Maîtrise d'oeuvre
Figure 26 - Une maîtrise d'ouvrage tripartite, au centre du
projet de la ZAC de l'Eco-quartier du Val de Ris, A. Lequai 2010
La mise en place de la stratégie
énergétique ne change pas l'organisation tripartite de la
maîtrise d'ouvrage du projet. Elle impacte cependant les outils de
management dont certains ont été élaborés pour
fixer
28 Il a réalisé la première ébauche
du plan masse en 2005.
contractuellement les objectifs énergétiques
performantiels ainsi que les moyens pour y parvenir. Elle a aussi fait
intervenir des conseillers énergétiques qui ont un rôle
d'accompagnement managérial et technique.
2.3.1.4 La maîtrise d'ouvrage non experte dans le
domaine énergétique
Les maîtres d'ouvrage sont rarement experts dans le
domaine énergétique. En témoigne Laurent Haddad (AFTRP)
qui reconnait que dans un premier temps il n'arrivait pas à donner un
sens aux valeurs des déperditions thermiques. La première
étude de IOSIS avait en effet pris comme hypothèse une
déperdition énergétique de 40 W/m2, ce qui ne
correspond pas à un bâtiment particulièrement
économe. Mais Laurent Haddad n'était pas à l'époque
en mesure de réaliser l'impact de cette valeur sur le projet
d'aménagement. C'est sous les conseils de Loïc Chesne, AMO
Développement durable, que la seconde étude a conduite à
diviser par deux ce coefficient. Il a cependant été une nouvelle
fois fixé arbitrairement, alors que les calculs montrent que la valeur
de ce coefficient devrait être aux alentours de 26 W/m2. Les
calculs réalisés pour trouver cette valeur sont
présentés en annexe 10 de ce document.
Cet exemple illustre le fait que la maîtrise d'ouvrage a
besoin d'être accompagnée pour réaliser une
stratégie énergétique.
2.3.2 L'assistance à la maîtrise d'ouvrage,
un acteur incontournable pour la mise en place d'une stratégie
énergétique
Pour prendre des décisions dans des domaines dans
lesquelles elle n'est pas toujours experte, la maîtrise d'ouvrage
travaille avec son équipe de maîtrise d'oeuvre qui est force de
propositions et de conseils. Aussi, la MOA peut s'appuyer sur des bureaux
d'étude pour obtenir des conseils dans des domaines spécifiques
comme le droit ou l'énergie. Elle peut aussi faire appel à un
assistant à maîtrise d'ouvrage (AMO) qui le conseille tout au long
du projet.
2.3.2.1 Alter développement, ingénieur en
développement durable
L'AFTRP a fait appel à Loïc Chesne (Alter
Développement) en tant qu'AMO développement durable. Son
rôle consiste à chercher l'équilibre des trois dimensions
de ce concept dans tous les éléments du projet. Par exemple,
lorsque le paysagiste a recommandé le type de végétaux
à planter, Loïc Chesne a rappelé que la ZAC se trouvait sur
une friche industrielle et que le sol était pollué. Il a donc
préconisé les espèces qui n'ont pas de longues racines et
qui ne produisent pas de fruits afin d'éviter tout risque de
contamination.
2.3.2.2 EDF un partenaire qui s'est invité
En 2004, EDF était encore un établissement
public à caractère industriel et commercial (EPIC) qui avait la
culture du service gratuit auprès des collectivités, ses
clientes. C'est dans ce cadre que Jean-Pierre Arles (EDF), avait proposé
une prestation intellectuelle à titre gratuit à l'AFTRP. Il a
notamment eu le rôle de conseiller énergétique et, avec
Alter Développement et l'AFTRP, ils ont planifié la
stratégie énergétique du projet. Ils se sont
attachés à prendre en compte les capacités des ressources
locales disponibles et de vérifier leur adéquation avec les
besoins énergétiques du quartier qui ont été
évalués par IOSIS.
2.3.2.3 Les conseillers nécessaires pour mettre en
place une stratégie énergétique
Le fait que l'énergie soit une des priorités de
l'AFTRP pour le projet de l'Eco-quartier du Val de Ris a conduit
l'aménageur à s'entourer de conseillers. Il s'agit là d'un
changement dans le mode de gouvernance, d'autant plus qu'Alter
Développement a participé à la mise en place des outils de
management liés aux aspects environnementaux (SME, CPE, etc.).
Travailler avec des conseillers énergétiques est essentiel
lorsqu'il s'agit d'une dimension essentielle du projet car l'aménageur
doit s'appuyer sur des experts pour comprendre les solutions techniques
proposées et mettre en place une stratégie.
2.3.3 La maîtrise d'oeuvre dans la stratégie
énergétique Cette section se focalise principalement sur les
études énergétiques.
2.3.3.1 Les bureaux d'études
L'objectif de réaliser un quartier avec de fortes
performances environnementales a été établi dès
l'initialisation du projet de l'Ecoquartier du Val de Ris. Soutenu par la Ville
de Ris-Orangis, l'AFTRP a fait appel à Loïc Chesne qui a
réalisé un diagnostic environnemental. A cette époque,
l'AEU n'existait pas. Loïc Chesne s'est inspiré de la
démarche HQE-Bâtiment® pour réaliser un diagnostic
à l'échelle du quartier.
Thèmes retenus de la qualité environnementale,
extrait de la seconde version du Système de Management Environnemental
(2008) du projet, Alter Développement pour l'AFTRP
Ce diagnostic a permis de réaliser un état des
lieux de l'aspect environnemental et énergétique de la ZAC et de
réaliser des prescriptions à mettre en oeuvre lors du processus
opérationnel (par exemple, recommandation d'utilisation des nappes,
sources locales).
* Etudes énergétique
> Commande des etudes
EDF, en tant que conseiller de l'AFTRP, a soutenu l'option
d'une étude orientée vers la géothermie. Cette technologie
utilise de l'électricité pour le système de compression /
décompression du fluide frigorigène. Par ailleurs, l'action du
maire de Ris-Orangis montre un autre exemple du rôle des maîtres
d'ouvrage dans le choix des technologies d'un projet énergétique.
Le maire de la Ville a favorisé l'implantation de la géothermie
dans l'opération des Docks de Ris car cette technologie, même si
la profondeur de forage diffère, est déjà utilisée
dans sa ville.
> Realisation des etudes
Les études pré-opérationnelles ont
été réalisées par le bureau d'étude IOSIS.
Sa première mission était de vérifier la
faisabilité de la mise en place d'un réseau de chaleur
géothermique à très basse température sur le site
de l'écoquartier du Val de Ris et de la comparée avec un
système à base de biomasse ou de gaz. Une fois la
faisabilité d'un système géothermique établis,
IOSIS a ensuite été en charge d'affiner son étude pour
proposer la solution qui va être mise en place dans la ZAC.
IOSIS a travaillé en utilisant Clima-Win®,
logiciel réglementaire pour l'application des règles de calculs
de la RT2005. Ce logiciel, comme toute modélisation, nécessite
des hypothèses. Différents types de valeurs peuvent être
entrés dans le logiciel, comme par exemple des données techniques
(rendement, COP, ...) qui sont choisies par IOSIS d'après ses
expériences ou des données très aléatoires
(coût de l'électricité, ...) qui dépendent du
marché. Jean-Léonce Korchia (IOSIS) précise d'ailleurs
qu'une étude financière à long terme (calcul du taux de
rentabilité interne, etc.) ne serait pas pertinent. Il estime, en effet,
que les données telles que le taux d'actualisation ou l'évolution
du prix du gaz/fioul/électricité ne sont pas
prévisibles.
> Discussion autour du resultat des
etudes
L'AFTRP s'est entouré d'Alter développement et
d'EDF pour mettre en perspective les résultats proposés par
IOSIS. Cette dialectique entre les experts a notamment conduit à
discuter de la valeur du coefficient de déperdition thermique. Il
était initialement trop élevé (40 W/m2) et ne
permettait par d'atteindre les objectifs de consommations
énergétiques fixés.
2.3.3.2 Architectes et paysagiste en chef
L'architecte (Olivier Brochet) et le paysagiste (Thierry
Laverne) en chef pensent le projet à l'échelle du quartier. Ils
ne sont concernés par l'aspect énergétique que dans une
moindre mesure. Le plan masse n'a pas fait l'objet d'un travail sur
l'aérolie et les masques solaires. Dans le CPAUP, qu'ils ont
élaborés pour l'AFTRP, ils évoquent cependant la forme des
bâtiments, les objectifs de performances énergétiques,
l'éclairage public, mais laissent relativement libres les promoteurs.
Ils n'ont donc pas été particulièrement
préoccupés par la prise en compte de l'énergie.
2.3.3.3 Les promoteurs et leurs architectes
référents
Le premier îlot de la ZAC de l'Eco-quartier du
Val-de-Ris est construit par Terralia, un bailleur social majoritaire à
Ris-Orangis (plus de 98% du patrimoine social lui appartient). Afin de garantir
le parcours résidentiel des habitants de la ville, l'AFTRP a
imposé à Terralia un plafond maximal de vente (initialement
2800€/m2) inférieur au prix moyen du marché
local. En revanche, aucun plafond de vente n'a été fixé
pour les promoteurs privés.
Un architecte travaille avec chaque promoteur à
l'image de François Leclerc qui travaille avec Nexity, Olivier Brochet
avec Promogim et Fabienne Gérin-Jean avec Terralia. Les architectes ont
été désignés par le Maire. Ils précisent le
plan masse de l'îlot qui leur est attribué selon les
caractéristiques du CPAUP. Ils en définissent la forme, les
caractéristiques techniques et fonctionnelles. Afin de respecter les
prescriptions environnementales, ils travaillent avec un bureau d'études
thermique (par exemple SIBAT pour Terralia) qui assure les performances
énergétiques du bâtiment.
2.3.4 Les opérateurs énergétiques,
acteurs spécifiques à l'aspect énergétique
La Communauté d'agglomération d'Evry Centre
Essonne, compétente pour la distribution de chaleur, ne souhaite pas
gérer un réseau supplémentaire. L'AFTRP a donc mis en
place une délégation de service publique sous la forme d'une
concession dont les clauses précisent le cadre contractuel : conception,
réalisation, financement et gestion du réseau de chaleur. Le
concessionnaire se rémunère alors sur la vente d'énergie
(chaleur et froid) à l'usager, dont le tarif, fixé en
début de contrat, évolue en fonction des formules
d'actualisation. Partant du principe que rien ne doit être gratuit,
l'AFTRP a exigé que le tarif du froid, dont le coût de production
est presque nul, corresponde à 10% du prix de vente de la chaleur. En
fin de concession, soit 24 ans à compter de la signature du contrat, les
ouvrages construits reviendront à la collectivité
compétente.
Le réseau de l'Eco-quartier du Val de Ris est
innovant. Dalkia et Cofely, les deux entreprises en concurrence sur l'appel
d'offre de concession de droit privé témoignent du fait qu'il
n'existe pas de système identique en France (concession de droit
privé, chaleur produite à partir d'un système
géothermique à très basse énergie, distribution
à des particuliers). Aussi, c'est tout le processus de concession avec
une vision à long terme qu'il faut définir (coût de la
chaleur, structure du quartier). Le montage juridique, créé en
partenariat avec le CFREM et DS Avocat, consiste à la création
d'une association de droit privé (type ASL) dont le rôle est
d'assurer la gestion du réseau par l'intermédiaire du
délégataire. L'AFTRP s'en dégagera progressivement au
profit des promoteurs (CCCT) puis des copropriétés, une fois
raccordées au réseau.
La réalisation d'une stratégie
énergétique ne modifie pas nécessairement les rapports
entre la MOA et les opérateurs, mais les objectifs contractuels sont en
général plus restrictifs : sources locales, maîtrise de
l'évolution des prix... La stratégie énergétique
mise en place depuis le début de projet a conduit à la mise en
place d'un réseau énergétique unique en France, mis
adapté au contexte local de la ZAC. Pour l'opérateur, ce sera
donc un système énergétique nouveau qu'il devra
gérer.
2.3.5 Les outils de management mis en place par la
maîtrise d'ouvrage
L'AFTRP, aidée de l'équipe de la maîtrise
d'oeuvre, a mis en place de nombreux outils de management dans le but
d'atteindre l'ensemble de ses objectifs. Certains sont obligatoires et
contractuels, d'autres sont élaborés pour manager
l'opération et fédérer les acteurs. Les outils mis en
oeuvre qui influencent le
management de l'énergie sont présentés
ci-dessous. Ils sont systématiquement intégrés dans la
dimension environnementale du développement durable.
* Cadre contractuel
Cahier des charges de cession de terrain (CCCT)
Le cahier des charges décrit les attentes du
maître d'ouvrage vis-à-vis de son maître d'oeuvre. Il doit
être exhaustif, précis. Obligatoire, ce document contractuel
contient parfois des clauses particulières pour répondre à
un besoin spécifique. A titre d'exemple, l'équilibre
économique du réseau de chaleur de l'Ecoquartier du Val de Ris -
donc sa viabilité - nécessite que tous les bâtiments y
soient raccordés. L'AFTRP a donc ajouté une clause
spécifique au CCCT obligeant les promoteurs à se relier au
réseau. Pour la mettre en place, elle s'est entourée de IOSIS,
bureau d'études thermiques ainsi que d'un bureau d'études
juridiques.
Cahiers de prescriptions : les CPAUP et CPE
L'architecte mandataire de l'Eco-quartier du Val de Ris
(Olivier Brochet) et son paysagiste en chef (Thierry Laverne) ont conçu
ensemble le Cahier de prescriptions architecturales, urbaines et
paysagères (CPAUP). Ce document, contractuel et obligatoire dans le
cadre d'une ZAC, regroupe des recommandations à destination de la
maîtrise d'oeuvre des projets d'aménagement en phase de
conception. Il complète le Plan local d'urbanisme (PLU) sur les
thématiques architecturales, urbaines et paysagères et permet de
garantir la cohérence du projet avec ses objectifs. Ici, dans l'optique
de favoriser la diversité architecturale, le CPAUP n'impose pas de
parcellaire. Il contient cependant des prescriptions à l'échelle
du bâtiment (choix des matériaux, etc.) et à
l'échelle du quartier (espaces publics, etc.). Ce document traite entre
autre de l'éclairage public et de l'orientation des bâtiments pour
favoriser les apports gratuits.
Alter Développement a réalisé un travail
similaire, mais dans le domaine environnemental. Le Cahier des prescriptions
environnementales (CPE), traduit l'intégration des enjeux de
développement durable pour la conception et la réalisation des
aménagements et des bâtiments. Cet outil est à destination
de l'AFTRP et des promoteurs. Chaque thème a été
défini sous forme d'indicateurs qualitatifs, quantitatifs et de
performances à atteindre. Cette démarche est assez
spécifique car en général, les caractéristiques
environnementales sont intégrées dans les clauses
spécifiques du CPAUP. Un extrait du Cahier de prescriptions
environnementales relatif à l'aspect énergétique est
disponible en annexe 11.
Le CPE et le CPAUP ont ete regroup~s dans un meme
document. Ayant une valeur contractuelle, cela montre l'engagement de la
maitrise d'ouvrage pour l'integration de parametres environnementaux dans le
projet
* Management
Système de management environnemental (SME) - 2008
Un système de management environnemental a
été élaboré par Loïc Chesne pour l'AFTRP.
Aujourd'hui, ce sont les collectivités qui, en général,
fournissent ce document à l'aménageur. Cet outil définit
les méthodes de travail pour garantir la réalisation des
objectifs de qualité environnementale à toutes les phases de
projet. Il précise les rôles du maître d'ouvrage et de la
maîtrise d'oeuvre ainsi que les études et documents à
réaliser pour chaque thématique choisie à chacune des
phases de conception de projet. Une des sections du document traite des
énergies renouvelables et de la consommation
énergétique.
Un extrait du SME relatif à l'aspect
énergétique est disponible en annexe 12.
Plan d'actions
L'AFTRP a mis en place un plan d'action relatif aux
thématiques environnementales, économiques, sociales, culturelles
et de gouvernance. Chaque thématique est subdivisée en actions
dont les tâches à effectuer, les maîtres d'oeuvre et
d'ouvrage, le partenaire financier, le plan de financement et les
éléments de planning sont clairement énoncés. Une
des sections du plan d'actions fait référence à la
réalisation du réseau de chaleur à très basse
énergie et pour le développement des panneaux solaires sur la
grande halle.
L'extrait du plan d'action relatif à l'aspect
énergétique est disponible en annexe 13.
Charte de l'Eco-quartier
Dans l'optique d'affirmer la prise en compte du
développement durable et de fédérer l'ensemble des acteurs
du projet, une charte a été réalisée. Elle a
été signée les représentants de la maîtrise
d'ouvrage (Président de la CAECE, Maire de Ris-Orangis, Président
de l'AFTRP), par des institutions de l'Etat (Président du Conseil
régional, Président du conseil Général,
préfet), par des acteurs du projet (Directeur de Terralia, Directeur de
Promogim, Président du CAES, etc.) et par des partenaires (Directeur
développement Paris sudest de la SNCF, Directrice du CAUE 91, etc.). Un
extrait de la charte de l'Eco-quartier du Val de Ris est présenté
en annexe 14.
Les outils décrits ci-dessus permettent l'encadrement
de la stratégie générale du projet et plus
particulièrement celle de l'énergie. Très peu engagent
cependant l'instance citoyenne qui n'est pourtant pas oubliée. La Ville
de Ris-Orangis a été une des principales entités qui a
géré la relation avec les citoyens. Ce rôle tient notamment
du fait que les élus sont choisis par les Rissois et qu'à ce
titre ils se doivent de les accompagner pour favoriser leur prochaine
élection.
2.3.6 La concertation citoyenne
A partir des quatre niveaux de concertations définis
par Hervé Saillet, il est possible d'analyser le caractère
participatif de la ZAC.
La politique de communication coordonnée par l'Agence
de communication 4 Août (gazette mensuelle de la Ville, Dazibao, site
Internet, etc.), permet de communiquer et d'informer les citoyens. Elle est
particulièrement développée dans ce projet. La
communication a notamment vocation à séduire les habitants pour
les inciter à acheter un logement dans la ZAC. Par exemple, un article
de la Gazette de RisOrangis datant de janvier 2009 vante les économies
de facture d'énergétique (baisse de la TVA, bâtiments moins
énergivores).
Une journée « portes ouvertes » avait
été organisée au début du projet, en 2001, au cours
de laquelle plus de 500 personnes ont visité le site et ont
exprimé leurs opinions vis-à-vis du projet dans un cahier de
doléances. Cinq thématiques principales en sont ressorties : la
préservation du patrimoine naturel et bâti, la maîtrise de
la densité, la mixité fonctionnelle et sociale et la gestion des
transports (circulation, stationnement). Cet événement peut
être considéré comme faisant partie d'une démarche
de diagnostic partagé.
La maîtrise d'ouvrage tiens également compte des
associations, comme celle des pêcheurs qui participe à l'entretien
des 7 hectares du parc et qui souhaite préserver ses zones de
pêche, ou le Centre Autonome d'Expérimentation Sociale (CAES)
composée d'artistes qui souhaitent mettre en place un programme
culturel.
Des ateliers ont été organisés,
permettant aux citoyens (riverains, futurs habitants) de rencontrer les acteurs
du projet et de mener ensemble des réflexions autours de certains
thèmes spécifiques tels que le commerce, la circulation ou le
plan masse. Si un thème, au regard des habitants, demande davantage de
réflexion et de discussion, de nouvelles sessions sont
organisées. Ces ateliers thématiques permettent de sensibiliser
les usagers / habitants qui ont témoigné de leur satisfaction
vis-à-vis de ces ateliers au cours desquels ils ont l'impression
d'être entendus. Ils ont aussi mentionné la proximité des
élus de la Ville de Ris-Orangis et leur disponibilité. Ces
éléments laissent donc penser que la Ville mène une
politique de participation autour de ce projet.
On dénote aussi des prémices de
codécision lors, par exemple, d'une journée porte ouverte durant
laquelle le Maire a proposé aux habitants de se prononcer sur le choix
d'un architecte pour la réhabilitation de l'îlot de la grande
halle. Les habitants, non accompagnés pour leur expliquer les
différents concepts, se sont probablement attacher à juger
uniquement le caractère esthétique des six propositions. Par
ailleurs, l'architecte avait déjà été choisi par la
maîtrise d'ouvrage environ une semaine avant la journée porte
ouverte. Dès lors, si les citoyens avaient désigné un
autre architecte que celui choisi par la maîtrise
d'ouvrage, on est en droit de se demander si le Maire aurait
réévalué son choix, comme il l'a pourtant affirmé
auprès de son équipe. Cet exemple montre que la limite entre la
communication et la réelle intégration des citoyens dans le
projet. Dans la globalité, on peut considérer que les usagers /
habitants ne sont pas associés aux processus de pilotage et
décision. La coproduction et la codécision ne sont donc pas mises
en oeuvre dans le projet. La Ville de Ris-Orangis pratique donc une
concertation partagée.
La mise en place d'une stratégie
énergétique dans le projet de l'Eco-quartier du Val de Ris ne
change la politique de concertation. L'énergie est en effet
considérée comme aspect parmi d'autres et ne fait pas l'objet
d'une communication spécifique, excepté pour la communication
type marketing du projet.
2.3.7 Schéma des acteurs
Le jeu d'acteurs de la phase pré-opérationnelle
est relativement classique. La Ville de Ris-Orangis a mandaté un
aménageur qui collabore avec l'équipe de maîtrise d'oeuvre
responsable de la réalisation des études. Le recueil des opinions
des habitants lors de la consultation de 2001 est une démarche assez
innovante, mais reste ponctuelle dans le temps.
Habitants/ usagers
Riverains Futurs habitants
Associations
(pêcheurs...)
CAES
Consulte et informe
Elisent
Ville de Ris-Orangis
Phase d'étude pré- opérationnelle
Eco-Quartier du Val de Ris
Maîtrise d'ouvrage
Décide Commandite
Mandate
Diagnostique Conçoit
Aménageur AFTRP
Pilote Coordonne
Maîtrise d'oeuvre
Bureaux d'étude
IOSIS, Alter Développement
Echangent et Collaborent
Figure 27 - Schéma des acteurs de la ZAC de l'Eco-quartier
du Val de Ris, phase initiale, Ekopolis 2010
L'organisation de la maîtrise d'ouvrage a
été modifiée suite à l'intégration de la
Ville au sein de la Communauté d'agglomération d'Evry Centre
Essonne en 2004. La Ville de Ris-Orangis, bien qu'elle ne soit plus
officiellement MOA, demeure le décisionnaire politique de
l'opération. L'intercommunalité est administrativement
responsable du projet qu'elle commandite. L'aménageur assure le pilotage
et la coordination des acteurs. La mise en place des ateliers lors de la phase
de planification et de programmation et la politique de communication
menée par la Ville ont permis une meilleure implication des usagers,
riverains et futurs habitants dans le projet.
Consulte et Informe
Habitants/ usagers
Riverains Futurs habitants
Associations (Pêcheurs...)
CAES
Elisent
Ville de Ris-Orangis
Elus
Décide
Services techniques
Communauté d'agglomération d'Evry Centre
Essonne
Commandite
Maîtrise d'ouvrage
Phase de planification programmation et
réalisation
Eco-Quartier du Val de Ris
Collaborent
Informe
Concède
Aménageur AFTRP
Pilote Coordonne
Conçoit Réalise
AMO Environnement
Alter Développement
Echangent & collaborent
Conseille
Maîtrise d'oeuvre
|
Architecte en chef
Agence Broche-Lajus-Pueyo
Paysagiste en chef
Agence Laverne
|
|
Bureaux d'étude
Soleil vent biomasse
|
|
Promoteurs Architectes
|
|
|
Interactions fréquentes Interactions
intermédiaires Interactions ponctuelles
|
|
Figure 28 - Schéma des acteurs de la ZAC de
l'Eco-quartier du Val de Ris, phase de planification, programmation et de
réalisation, Ekopolis 2010
* Gouvernance de l'énergie
Le schéma des acteurs de la gouvernance
énergétique de ce projet (voir ci-dessous) est sensiblement
similaire au schéma des acteurs de la ZAC de l'Eco-quartier du Val de
Ris (en phase de planification / programmation). L'AFTRP est au centre du
projet énergétique et la Ville est le décisionnaire final.
Dans le cadre de la stratégie énergétique, les deux
conseillers énergétiques, à savoir Loïc Chesne (Alter
Développement) et par Jean-Pierre Arles (EDF) ont un rôle central
puisqu'ils se trouvent à l'interphase des discussions entre la
Maîtrise d'ouvrage, la maîtrise d'oeuvre et les
délégataires.
Dans la mesure où la Communauté
d'agglomération d'Evry Centre Essonne n'a pas souhaité avoir la
gestion du réseau, il va faire l'objet d'une concession de droit
privé. L'AFTRP est actuellement en phase de négociation avec les
deux potentiels délégataires (Dalkia et Cofely). Ces nouveaux
acteurs, essentiels dans la mise en oeuvre de la stratégie
énergétique interviennent alors qu'ils n'étaient pas
mentionnés dans les schémas globaux d'analyse des acteurs. Les
critères de la concession du réseau de chaleur ont
été établis par les bureaux d'études thermique
(IOSIS) et juridiques (CFERM).
IOSIS, autres BE
AFTRP
Conseille
Conseillers
Alter Développement (AMO) EDF
Concède le réseau
(travaux, gestion)
CAECE
Compétente dans la distribution
d'énergie
Ville de Ris Orangis
Décide de la concession
Valide les décisions
Diagnostique et propose
Délégataire
Dalkia ou Cofely
Figure 29 - Jeu d'acteurs pour la mise en place de la
stratégie énergétique, Eco-quartier du Val de Ris,
Ekopolis 2010
La mise en place d'une stratégie
énergétique a des impacts quant à la gouvernance mise en
place au sein du projet de la ZAC de l'Eco-quartier du Val de Ris. Certains
acteurs, essentiels pour réaliser les objectifs, (comme le
délégataire du réseau), n'apparaissaient pas dans les
analyses globales car ils sont trop spécifiques à
l'énergie. L'assistant à la maîtrise d'ouvrage, ou plus
largement les conseillers énergétiques, sont des acteurs
essentiels pour mettre en place la stratégie énergétique
(systèmes techniques, outils de management) et accompagner la
maîtrise d'ouvrage. Le projet montre aussi une forte implication des
politiques dans la mise en place du système énergétique.
Ensemble, les acteurs ont élaboré un programme technique
adapté à leurs objectifs et au plan de financement.
2.4 ANALYSE DES SOLUTIONS ET TECHNIQUES ENERGETIQUES
MISES EN OEUVRE
Cette section contient de nombreux extraits de l'analyse
de la ZAC de l'Eco-quartier du Val de Ris réalisée par
Ekopolis.
2.4.1 Caractéristiques des systèmes mis en
place
Le bureau d'étude IOSIS a déterminé les
besoins en puissance des trois secteurs de la ZAC (Programme technique
et performantiel, IOSIS, 2010).
> Le secteur des Docks des Alcools, dans lequel
sera construit 48 000 m2sHoN (principalement du logement)
nécessite une puissance installée de 1690 kWth. Il est
prévu que la consommation énergétique annuelle des 600
logements soit de 1450 MWhe.
> Le secteur Intrafor, dans lequel sera construit
8000 m2sHoN (activités et 67 logements), nécessite une
puissance installée de 308 kWth. La consommation annuelle
énergétique est estimée A 275 MWhe.
> Le secteur Gare/CAES, dans lequel des logements
anciens seront réhabilités, et des bâtiments
neufs construits (en tout : 200 logements),
nécessite une puissance installée de 1040 kWth.
Pour y répondre, un système de production de
chaleur de géothermie à très basse énergie sur les
secteurs des Docks de Ris et sur Intrafor et une chaufferie bois sur le secteur
de la Gare et du CAES sont programmés.
Le schéma du plan d'implantation des ouvrages du
système énergétique de la ZAC est le suivant :
Figure 30 - Système de distribution de chaleur de la ZAC
de l'Eco-quartier du Val de Ris, Programme technique et performantiel, IOSIS
pour l'AFTRP, 2010.
* Choix des technologies
La mise en place de la géothermie a fait l'objet de
plusieurs études. Cette source dispose en effet d'une puissance maximale
par forage. Il était donc nécessaire de s'assurer que ce
système puisse répondre aux besoins de la ZAC.
Le dimensionnement d'un réseau de chaleur passe par
l'estimation de la demande finale en chauffage et eau chaude sanitaire (ECS) de
l'ensemble du quartier. La maîtrise d'ouvrage doit alors arbitrer en
fonction de l'investissement et du coût d'exploitation de la
filière à mettre en place. Le choix de la géothermie
à basse température comme source énergétique du
réseau de chaleur de l'Eco-quartier du Val de Ris a fait l'objet de
plusieurs études. Il s'agissait de la technologie que la maîtrise
d'ouvrage souhaitait mettre en oeuvre, mais les premiers résultats
montraient que la puissance délivrée était insuffisante.
Une seconde commande de l'AFTRP a conduit IOSIS, le bureau d'études
thermique, à affiner le modèle:
> La mise en place de plancher chauffant dans les
batiments rehabilites n'etait pas possible. C'est une des raisons pour
laquelle une chaufferie biomasse a ete concue sur le secteur
CAES/Gare.
> La puissance delivree par la nappe Ypresienne ne
pouvait satisfaire que les besoins du secteur Docks des Alcools de la premiere
programmation. Comme des forages supplementaires a 120 metre de profondeurs
auraient ete trop onereux, il a ete choisi de realiser un second forage dans
les Alluvions (profondeur : 11 metres) pour le secteur Intrafor.
Généralement, le système de chauffage
créer par la maîtrise d'oeuvre s'adapte au projet et donc aux
besoins des futurs consommateurs. Le projet de l'Eco-quartier du Val de Ris est
particulier car il a été modifié en parti pour
correspondre à la capacité maximal de la source
géothermique. Ainsi, la déperdition des bâtiments, base de
dimensionnement en puissance, a été divisée par deux pour
atteindre 20 W/m2 (moins
de perte thermique conduisent à une consommation
inférieure). Par ailleurs, la mise en place du label BBC a permis de
maintenir ces objectifs.
2.4.1.1 Réseaux géothermiques
Les secteurs des Docks de Ris et Intrafor sont chacun
dotés d'un réseau de chaleur sur géothermie à
très basse température (<30°C). Les deux réseaux
présentent des caractéristiques différentes, comme le
montre le tableau suivant :
|
Caractéristiques
|
Les Docks de Ris
|
Intrafor
|
Source
|
Nappe
|
Yprésien
|
Alluvions
|
Profondeur
|
120 m
|
11 m
|
Température
|
12 °C
|
10 °C
|
Débit (m3/h)
|
165
|
50
|
Puissance maximale (kWth)
|
1700
|
310
|
Système mis en place
|
Nombre de sous-station
|
18
|
7
|
Surface de chauffage (m2)
|
48000
|
8000
|
Puissance nécessaire (kWth)
|
1690
|
308
|
Secours
|
PAC
|
PAC
|
Figure 31 - Caractéristiques des deux réseaux
géothermiques de la ZAC de l'Eco-quartier du Val de Ris
Ce système énergétique permet à la
fois de produire de la chaleur et du froid. Les études
géothermiques ont préconisé une distance minimale entre
les points de prélèvement et de rejets de l'eau. Elles ont par
ailleurs montré que ce différentiel de température n'aura
pas d'impact sur la nappe. Le schéma de principe de fonctionnement des
sous-stations du système géothermique de la ZAC de l'Eco-quartier
du Val de Ris est disponible en annexe 15.
* Production de chaleur
L'eau de nappe est acheminée vers des pompes à
chaleur (PAC) qui vont en extraire les calories et les transmettre au
réseau secondaire (plancher chauffant...). L'eau
réinjectée dans la nappe aura perdu 7°C. Les deux
réseaux de chaleur disposent d'une sous-station par bâtiment. Ce
système décentralisé permet d'optimiser la consommation
énergétique (nécessaire au maintien de la
température) et évite l'isolation thermique des canalisations.
PAC
Ballon ECS
55 °C
52 °C
35 °C
30 °C
T = 5 °C
T = 12 °C
NAPPE
LOGEMENTS
ECS
Plancher chauffant
Figure 32 - Fonctionnement d'une sous-station du réseau
géothermique des Docks de Ris, Ekopolis 2010
* Production de froid
La géothermie très basse température
permet également la production de froid. L'eau de nappe capte les
calories provenant du réseau dans les logements à travers un
échangeur thermique. Le réseau d'eau des logements qui circule
dans les planchers (réseau secondaire) est alors refroidit et procure
une sensation de rafraîchissement aux usagers (géocooling). Il ne
s'agit donc pas ici de PAC avec un cycle thermodynamique inversé.
T = 22 °C
T = 18 °C
Echangeur thermique
T = 16 °C
T = 12 °C
NAPPE
LOGEMENTS
Plancher chauffant
Figure 33- Fonctionnement d'une sous-station du réseau de
froid des Docks de Ris, Ekopolis 2010.
* Décentralisation des réseaux de nappe
Lors de la mise en place d'une géothermie à
très basse énergie, différentes possibilités
s'offrent quant à la centralisation du système. La production de
chaleur peut-être centralisée : une seule grosse chaufferie
produit de la chaleur pour l'ensemble du réseau. Elle peut-être
semi-centralisée, c'est-à-dire qu'une PAC permet de produire de
la chaleur pour un lot ou un immeuble, ou décentralisée avec une
PAC par logement.
Figure 34 - Système de production de chaleur à
partir de PAC, IOSIS, 2007
Dans le cas de l'Eco-quartier du Val de Ris, à la suite
de discussions entre conseillers énergétiques (Alter
développement, EDF), bureau d'étude (IOSIS) et la maîtrise
d'ouvrage, il a été choisi de mettre en oeuvre un système
semi-centralisé. Même si rendement de production est
inférieur à la solution centralisée (il y a plusieurs
PAC), cette solution permettait un meilleur rendement de distribution et la
production de froid. Il y aura ainsi 19 sous-stations dans le secteur des Docks
de Ris, et 4 dans la zone Intrafor.
2.4.1.2 Réseau de chaleur à chaufferie
biomasse
Une chaufferie bois d'une puissance d'environ 500 kW va
être installée sur le secteur CAES/Gare. Elle pourra couvrir 80%
des besoins en chauffage et en eau chaude sanitaire du secteur. Le
réseau desservira sept sous-stations. Deux chaudières gaz
à condensation, chacune d'une puissance de 600kW, constituent les
systèmes d'appoint et de secours. Ce réseau de chaleur aura 7
sous-stations. Leur schéma de principe est disponible en annexe 16.
2.4.1.3 Panneaux solaires
Le programme de la ZAC de l'Eco-quartier du Val de Ris
prévoit l'installation d'environ 1500m2 de panneaux
solaires photovoltaïques sur le toit de la grande halle.
Le dispositif en est aujourd'hui au stade de l'ébauche L'AFTRP ne sait
pas encore qui en sera le propriétaire et à qui ira l'argent issu
du rachat de l'électricité de ces panneaux. L'aménageur na
pas intégré les systèmes de production
d'électricité dans la concession de travaux du réseau de
chaleur car la logique économique de l'implantation de panneaux
photovoltaïques diffère de l'objectif d'intérêt
général d'un réseau de chaleur29.
2.4.2 Analyse des systèmes
énergétiques de la ZAC
Le système de production et de distribution de chaleur
de l'Eco-quartier du Val de Ris se divise en trois sections principales selon
les trois sites (Docks de Ris, Intrafor et CAES/gare). La chaleur de ce
quartier sera générée localement par un système
dont les sources énergétiques sont renouvelables et locale pour
plus de 75% de l'énergie consommée (en considérant le COP
brut, ce qui est traditionnellement effectué) atteignant ainsi le
critère du gouvernement pour bénéficier d'une TVA de 5.5%
(qui était initialement de 60% d'énergie renouvelable mais qui
est descendu à 50% suite au Grenelle 2).
* Les systèmes géothermiques à
très basse énergie
La volonté d'utiliser des ressources locales a permis
de développer un système innovant de géothermie de
très basse énergie sur les Docks de Ris et sur le secteur
Intrafor (deux nappes différentes sont utilisées). Les pompes
à chaleur de ce réseau ayant un COP brut de 4 en moyenne
(chauffage et ECS), on peut considérer que 75% de sont énergie
est d'origine renouvelable30. Remarquons tout de même que la
valeur du COP qui devrait être considérée est celle du COP
net, qui intègre aussi la consommation énergétique des
auxiliaires comme les pompes pour prélever l'eau de la nappe
phréatique. La représentation du système
énergétique en termes de flux physiques est la suivante :
Electricité
25%
Eau de nappe
75%
PAC (COP=4)
100%
Périmètre de la ZAC
Bâtiment
Figure 35 - Système géothermique de la ZAC de
l'Eco-quartier du Val de Ris
29 Propos de Laurent Haddad (AFTRP) recueillis le 27 juillet
2010.
30 Propos de Jean-Léonce Korchia, recueillis le 30 juin
2010.
Ce schéma montre que l'emploi de sources locales est
prédominant dans ces deux secteurs. Le système (incluant les
systèmes d'appoint et de secours) répond en effet aux besoins
énergiques sans nécessiter l'import de sources
supplémentaires (mise à part l'électricité requise
pour faire fonctionner les PAC). Les secteurs des Docks de Ris et d'Intrafor
seront donc presque indépendants d'un point de vue
énergétique. La géothermie permet un relatif
contrôle du prix de l'énergie car seulement un quart de
l'énergie qui entre dans le système provient d'un marché
international dont les habitants n'ont pas le contrôle.
* Le réseau de chaleur avec une chaufferie à
biomasse
La géothermie n'étant pas approprié au
cadre des bâtiments réhabilités (difficulté à
mettre en place des émetteurs adéquats : les planchers
chauffants), la maîtrise d'ouvrage a choisi de mettre en place une
chaufferie à biomasse sur ce dernier secteur. Le système
énergétique mis en place pour la chaufferie bois est le suivant
:
Ce schéma montre que la chaufferie à biomasse
dépend de deux sources qui ne sont pas intégrées au
périmètre de la ZAC. Le bois provient d'un
périmètre local31 alors que le gaz se négocie
sur un marché international. Le système de chaufferie à
biomasse offre moins de contrôle sur l'évolution des prix de
l'énergie que le système géothermique. Les futurs
propriétaires n'auront donc que peu de contrôle sur le coût
futur de l'énergie. En revanche, plus de 80% de l'énergie
consommée annuellement est de source renouvelable et locale
* Le système de production
d'électricitéL'implantation des panneaux solaires sur
la grande halle ne poursuit pas l'objectif de fournir de
l'électricité
aux futurs habitants du quartier. Le système ne rentre
pas dans une dynamique d'autonomisation énergétique, mais
plutôt dans une dynamique financière. Laurent Haddad (AFTRP) a
d'ailleurs confirmé que c'est dans une stratégie purement
économique que les panneaux solaires photovoltaïques (environ 1500
m2) seront enclavés dans la toiture orientée sud-est
de la halle du site. Le système énergétique en termes de
flux physiques des panneaux photovoltaïques est le suivant:
31 Le programme de la chaufferie à biomasse étant
en cours de conception, nous n'avons pas eu accès à davantage
d'information.
Electricité
Périmètre de la ZAC
Panneaux photovoltaïques
Figure 37 - Système électrique de la ZAC de
l'Eco-quartier du Val de Ris, Ekopolis 2010
Par ailleurs, des panneaux solaires sont aussi
programmés dans l'îlot 1 de la ZAC. Terralia, à l'issue
d'une discussion avec son bureau d'études thermique, a
réalisé que non seulement un des bâtiments n'atteignait pas
les performances requises par le label BBC, mais qu'il conduisait les
consommations énergétiques de tout l'îlot à une
moyenne supérieure à 65 kWh/m2/an, la limite
autorisée par le label BBC pour les constructions neuves en
Ile-de-France. La raison principale de cette consommation tient à la
forme du bâtiment qui favorise les déperditions
énergétique : plus le ratio (volume intérieur) / (surface
extérieure) est élevé, plus le bâtiment peut
conserver son énergie. C'est d'ailleurs une des raisons principales pour
laquelle la forme de nombreux bâtiments « performants » est
cubique.
Modèle avec le moins de déperditions modèle
type du bâtiment énergétivore de Terralia
Pour pallier à ce problème, le bailleur social a
alors doté un des bâtiments de panneaux solaires
photovoltaïques afin de diminuer la consommation globale de l'îlot.
Notons par ailleurs que ces panneaux seront posés sur un bâtiment
différent que celui qui est trop énergétivore.
Cet exemple montre que l'intégration de panneaux solaires
n'entrent ni dans une démarche environnementale, ni dans une
stratégie économique, mais dans une volonté marketing pour
obtenir le label.
* Synthèse des systèmes
énergétiques de la ZAC
Il existe une distinction forte entre les systèmes de
production de chaleur et de froid qui répondent aux objectifs
énergétiques de la ZAC et le système de production
d'électricité qui répond essentiellement à
investissement économique ou marketing.
La géothermie et le réseau de chaleur
répondent principalement à des enjeux environnementaux. Les
sources énergétiques sont essentiellement renouvelables et
locales. Le bilan carbone de tels systèmes est donc faible. Par
ailleurs, ces systèmes peuvent être mis en perspectives avec
l'objectif de labellisation BBC à l'échelle du quartier. La
géothermie permet une faible consommation en énergie primaire -
puisque la PAC implique uniquement 25% de consommation
d'électricité - ce qui facilite l'obtention du label (à
tel point que certains promoteurs ne jugent pas nécessaire d'isoler les
bâtiments par l'extérieur).
Une attention particulière est aussi donnée au
confort urbain (tant à l'échelle du bâtiment qu'à
l'échelle du quartier). Ce principe est notamment mis en oeuvre par
Loïc Chesne, AMO Développement durable de la ZAC.
Par ailleurs, l'obtention du label BBC conduit les architectes
à concevoir des bâtiments peu déperditifs. Le besoin en
énergie à l'échelle du quartier sera donc
inférieur, ce qui permet l'utilisation de la géothermie. En
effet, la puissance maximale des deux sources utilisées correspond
exactement aux besoins en énergie de leur secteur respectif lorsque les
prescriptions BBC sont mises en oeuvre. En d'autres mots, s'il n'y avait pas eu
l'objectif de réduire les déperditions thermiques des
bâtiments, la puissance délivrée par les systèmes
géothermiques n'aurait pas été suffisante. Un appoint
(probablement en énergie fossile) aurait donc été mis en
place.
2.5 MONTAGE FINANCIER
Cette section contient de nombreux extraits de l'analyse
de la ZAC de l'Eco-quartier du Val de Ris réalisée par
Ekopolis.
2.5.1.1 L'aménageur qui porte le risque
financier
L'AFTRP, en devenant propriétaire de l'ensemble du
foncier de la ZAC, porte le risque financier de l'opération. La valeur
foncière est la variable d'ajustement de la ZAC. Concrètement,
l'aménageur réalise un plan de financement dans lequel les
dépenses (études, travaux...) et les recettes (cessions de
logements et d'activités) sont connues. La valeur foncière est
ensuite fixée pour que l'AFTRP équilibre son bilan financier. Des
nouveaux éléments au cours du projet peuvent cependant venir
déséquilibrer ce premier montage. L'AFTRP, lors de l'achat des
terrains aux ministères et à RFF, avait sous-estimé le
surinvestissement lié à la prise en compte du
développement durable. Bien que l'AFTRP ait par la suite ajouté
une clause de 10% pour « surcoût technique pour l'environnement
» dans ses devis, le bilan financier était toujours négatif.
C'est, en grande partie, grâce à la subvention consécutive
à l'appel à projet NQU que la réalisation des objectifs de
l'opération a été possible.
2.5.1.2 Les subventions
Ce projet n'a pas fait éclore de nombreux partenariat
financier. On note cependant que la candidature à l'appel à
projet Nouveaux quartiers urbains (NQU) organisé par la région
Ile-de-France en 2009 a permis à la ZAC d'être lauréat.
Ainsi 3 140 000 €, soit 16% du budget de la ZAC ont été
alloués par la Région qui finance aussi une partie de la campagne
de communication.
L'ADEME a également participé au financement d'une
partie des études énergétiques du projet.
2.5.1.3 Les systèmes de production de chaleur
Afin de garantir l'équilibre économique des
systèmes de production de chaleur, l'AFTRP a contraint tous les
promoteurs par voie contractuelle à se raccorder au réseau. Il
sera ainsi certain que l'investissement élevé que
représentent ces systèmes énergétiques (surtout les
forages pour la géothermie) sera rentabilisé. L'AFTRP a ensuite
mis en place une concession de droit privé. L'opérateur
énergétique sera donc en charge de la réalisation des
travaux, de leur financement, ainsi que de sa gestion pendant 24 ans. Les
négociations relatives à cette concession portent sur les
caractéristiques techniques mises en oeuvre ainsi que sur le
système de facturation de l'énergie. La production de chaleur et
de froid seront comptabilisées avec un compteur au niveau de chaque
sous-station et facturées ainsi à un bâtiment. Le
gestionnaire de l'immeuble a ensuite la responsabilité de
répartir les charges entre les copropriétaires.
Par ailleurs, deux outils financiers peuvent être mis en
parallèle avec ce système. Le fait que 75% de la chaleur produite
de l'Eco-quartier du Val de Ris (système géothermique et
chaufferie bois) soit de source renouvelable permet d'obtenir un prix de
chaleur dont la TVA est de 5,5% au lieu de 19,6%.
La source non renouvelable correspond à
l'électricité nécessaire au fonctionnement des PAC dont le
COP moyen est de 4. Il s'agit de la valeur du COP minimal pour obtenir les
subventions du fonds de chaleur32.
32 Critères d'éligibilité pour le fonds de
chaleur concernant les PAC sur eau de nappe en 2010 (DPED, 2010):
> Respect de la réglementation thermique sur les
bâtiments et de la réglementation sous-sol ou des milieux
naturels, > Puissance thermique délivrée par la PAC d'au moins
50 kW,
Attention, on parle ici de COP brut, qui n'intègre pas les
auxiliaires du réseau (pompes...). D'après JeanLéonce
Korchia, Le COP net est d'environ 3,6, ce qui amène à environ 72%
l'énergie d'origine renouvelable.
2.5.1.4 Les promoteurs
L'AFTRP porte tous les risques financiers du projet tant qu'elle
n'a pas cédé les terrains aux promoteurs. Dès la cession
du terrain, c'est le promoteur qui assume ce risque.
Par exemple, la décision d'appliquer le label BBC a
été difficile à mettre en oeuvre pour Terralia qui
s'était déjà engagé financièrement. Le
bailleur avait acheté les terrains fonciers à l'AFTRP et avait
déjà conçu les bâtiments d'après l'ancien
objectif, à savoir la THPE EnR 2005. Sans ressource
supplémentaire, Terralia a du retravailler ses plans pour atteindre le
nouvel objectif de performance énergétique fixé.
L'exercice était d'autant plus difficile qu'en tant que bailleur social,
le prix de vente des logements étaient plafonnés à 2
865€/m2 (surface utile). Terralia, en prenant en compte
l'amélioration des performances énergétiques, a
évalué le montant des travaux à 2000 €/m2.
Or, pour ne pas être déficitaire, le plafond maximum de travaux
était de 1700€/m2 de travaux (coût auquel il
faudra ajouter ultérieurement la taxe foncière et les
honoraires). L'AFTRP et Terralia, unanimes, reconnaissent que ce sont les
outils financiers mis en place par le gouvernement (pass foncier, prêt
à taux zéro...) qui ont équilibré le plan de
financement ion et permis la construction de l'îlot 1.
2.6 PRISE DE RECUL SUR LA STRATEGIE ENERGETIQUE
Cette section contient de nombreux extraits de l'analyse
de la ZAC de l'Eco-quartier du Val de Ris réalisée par
Ekopolis.
2.6.1 L'énergie comme un objectif essentiellement
environnemental
La stratégie énergétique de la ZAC de
l'Eco-quartier du Val de Ris est principalement portée par un objectif
environnemental, fil conducteur du projet comme en témoigne la charte
Eco-quartier mise en place par la maîtrise d'ouvrage.
La communication de la Commune met aussi en exergue les
avantages économiques des systèmes énergétiques
« les bâtiments du quartier auront donc de faibles besoins en
énergie, ce qui réduira la consommation finale des
ménages. En outre, du fait que les besoins en chauffage du quartier
seront couverts à plus de 60% par une énergie renouvelable, cela
permet l'application d'une TVA à 5,5% sur la facture de chauffage »
(La Gazette de Ris-Orangis, janvier 2009). Cette communication a davantage un
but marketing (aucun des acteurs rencontré lors des entretiens n'a
mentionné l'argument économique comme élément
fondateur de la politique énergétique). La Ville, dans son
opération de communication, choisit des arguments économiques
pour séduire les habitants. Elle « oublie » cependant de
mentionner des éléments moins attractifs tels que le
surcoût lié à l'investissement du système
géothermique, qui se répercutera sur les charges fixes du prix de
la chaleur et du froid.
2.6.2 Une stratégie énergétique au
sein du quartier
L'Eco-quartier du Val de Ris est innovant au regard de
l'intégration de l'aspect énergétique dans le programme
d'aménagement. D'une part, il s'agit du premier quartier d'Ile-de-France
dont l'objectif est la certification BBC à l'échelle du quartier.
D'autre part, ce réseau montre une réelle qualité
environnementale : plus de 70% de l'énergie consommée sera de
sources renouvelables. Ce système permet de mettre en oeuvre des
mécanismes financiers qui le subventionne. L'utilisation de ressources
locales et le mix énergétique permet aussi de garantir un certain
contrôle sur l'évolution du prix de l'énergie.
> Réinjection du fluide géothermal extrait dans
l'aquifère d'origine ou rejet en mer pour les opérations sur eau
de mer, > COP machine égal ou supérieur a 4.0 (mesure pour les
conditions de température prévues selon la norme
européenne EN 14511),
> Mise en place d'un comptage d'énergie (production
géothermale ou marine, production PAC, consommations auxiliaires,
consommations énergie d'appoint, ...) et d'un dispositif de recueil des
données.
La stratégie mise en place par l'AFTRP s'appuie sur de
nombreux outils de gestion de projet comme les cahiers de prescriptions et le
système de management environnemental. De nature contractuelle ou mis en
oeuvre pour donner un cadre au management de projet, ils ont favorisé la
réalisation des objectifs énergétiques.
L'AFTRP a su s'entourer d'experts énergéticiens
et juridiques qui l'ont conseillé durant les phases de planification et
de programmation tant dans les champs stratégiques, managériaux
et techniques. Ces professionnels ont notamment mis en place la concession de
droit privé de ce système énergétique, unique sur
le territoire français.
2.6.3 Des hypothèses énergétiques
pouvant influencer le choix du système énergétique
Toute modélisation énergétique
nécessite de nombreuses hypothèses sur lesquelles se basent les
évaluations de consommation et de déperditions
énergétiques. A de nombreuses reprises elles ont
été évoquées dans ce document. Aussi faut-il
être très prudent vis-à-vis des données
utilisées. En les manipulant, il est ainsi facile de promouvoir une
technologie au détriment d'une autre.
La première commande à IOSIS était
d'étudier la faisabilité d'un système à base de
géothermie et de le comparer aux solutions gaz et biomasse, ce qui
constitue une obligation légale. Détaillons les hypothèses
prises par IOSIS pour la solution gaz:
> Contrairement à l'étude du système
géothermie, il n'y a pas de comparaison entre des systèmes
centralisés et semi-centralisés
> Le même besoin énergétique (ECS +
chauffage) que le système géothermique est
considéré (ce qui exclu la consommation des auxiliaires de
pompage de la PAC),
> Les bases de coûts sont : 70€/MWh HT pour
l'électricité et 35€/MWh HT pour le gaz. Une comparaison
avec les chiffres disponibles à cette époque montre que le prix
de l'électricité était de 90,0€/MWh HT et le prix du
gaz en hiver (quand il est le plus cher) pour les chaufferies collectives
était de 34,4€/MWH HT (AMORCE, 2007). Le prix de
l'électricité a donc été sous-estimé. Les
technologies qui utilisent cette source d'énergie - comme la PAC - sont
donc favorisées.
Les éléments ci-dessus tendent à penser
que les hypothèses prises par IOSIS lors de sont étude favorisent
les solutions énergétiques qui utilisent de
l'électricité. Ils appellent à la vigilance quant aux
études qui sont réalisées. Avoir une culture
énergétique permet de saisir certains aspects, mais un bon
maître d'ouvrage doit savoir s'entourer pour mettre en perspective les
prescriptions des experts.
2.6.4 Un réseau de nappe appelé, à
tord, réseau de chaleur
S'il n'existe pas de définition réglementaire
d'un réseau de chaleur, de nombreux documents en proposent. Les
caractéristiques générales qui en ressortent sont : la
présence d'une chaufferie, connectée à un réseau
primaire, qui créé de la chaleur, la présence d'un
échangeur qui transmet les calories au réseau secondaire, les
usagers qui sont connectés au réseau secondaire. Ce constat nous
amène à considérer l'appellation « réseau de
chaleur » des réseaux de nappe. Dans le cas d'une PAC
centralisée, il est certain que l'on est dans la catégorie d'un
réseau de chaleur car les trois éléments cités
ci-dessus sont présents sans ambigüité.
Cependant, dans le cas de PAC semi-centralisées ou
décentralisées, le problème est différent. Il n'y a
pas de grosse chaufferie centrale. Ce n'est pas de la chaleur qui circule dans
le réseau primaire, mais l'eau de nappe, la source froide de la PAC. La
PAC va réchauffer le fluide des canalisations connectées aux
logements d'un - ou de plusieurs petits - bâtiment (réseau
secondaire). Système de production de chaleur, elle n'est pas
connectée à un réseau primaire dans lequel la
température est supérieure au réseau secondaire. Cette
situation, similaire à une chaudière à laquelle un
immeuble est connecté, n'est donc pas caractéristique d'un
réseau de chaleur mais d'un système de distribution d'eau de
nappe.
Le réseau de nappe de la ZAC de Ris-Orangis a toujours
été nommé « réseau de chaleur » par les
acteurs du projet. En témoigne l'appel d'offre pour la
délégation de service public du réseau s'intitule «
contrat de concession de travaux : réseau de chaleur et de
rafraîchissement de la ZAC de l'Eco-quartier du Val de Ris ».
Seul Jean-Pierre Arles (EDF) reconnaît que ce terme peut
porter à confusion évoque le terme « réseau de nappe
».
Cette confusion s'explique dans un premier temps pas un manque
de définition réglementaire d'un réseau de chaleur. Par
ailleurs, le fait que ce réseau géothermique à très
basse énergie soit un des premiers sur le territoire français
(d'après Laurent Haddad) peut aussi porter à confusion. Ne
trouvant pas de projet identique au réseau de la ZAC, les acteurs
principaux ont pu extrapoler la notion du réseau de chaleur. Enfin, le
manque de compétences de la maîtrise d'ouvrage dans le domaine
énergétique de certains acteurs principaux du projet des Docks de
Ris aussi pu favoriser l'extrapolation de cette notion.
Cette nuance de dénomination pose des questions.
Serait-il possible de classer un réseau de nappe afin d'obliger les
promoteurs de s'y accorder? L'article 30-II de la loi Grenelle 2, texte
réglementaire datant de 2010 faisant référence au
classement de réseaux, ne mentionne que les réseaux de chaleur et
de froid. Cette carence réglementaire peut conduire un
aménageur33 à considérer un réseau de
nappe comme un réseau de chaleur afin de garantir la viabilité de
son installation. Cette réflexion peut aussi s'extrapoler à
d'autres aspects réglementaires. La TVA à 5,5% destinée
aux réseaux de chaleur dont la source énergétique est
issue à plus de 50% d'énergie renouvelable s'applique-t-elle
aussi aux réseaux de nappe ? Et qu'en est-il des subventions du fonds de
chaleur ? On constate donc que le manque de définition
réglementaire du réseau de chaleur fait donc cruellement
défaut.
2.6.5 Les évolutions de la stratégie
énergétique du projet
Au cours du projet, la stratégie
énergétique a évoluée afin de concilier les
objectifs initiaux avec les faisabilités techniques et
économiques.
2.6.5.1 Puissance maximale d'un forage à adapter au
projet
La puissance délivrée par la nappe
Yprésienne ne pouvait satisfaire les besoins du secteur Docks des
Alcools. Pour assurer que l'intégralité de l'énergie soit
de source géothermique, une nouvelle étude
énergétique divisant par deux le coefficient de
déperdition thermique des bâtiments a été
réalisée (nouvel objectif du label BBC). Elle a ainsi aboutit
à l'amélioration des performances énergétiques des
bâtiments.
2.6.5.2 La géothermie à très basse
énergie non idéale pour les réhabilitations
Il n'a pas été choisi de mettre en place un
système géothermique à très basse énergie
dans les bâtiments réhabilités alors que les
premières études évoquaient un quartier dont
l'énergie provient intégralement de la géothermie. D'une
part, l'intégration de planchers chauffants est onéreuse et
techniquement difficile à réaliser. D'autre part, la surface de
radiateurs à basse température aurait été trop
importante à cause des déperditions thermiques plus
élevées que dans les bâtiments neufs. C'est une des raisons
pour laquelle ce système a été abandonné au profit
d'une chaufferie biomasse sur le secteur CAES/Gare.
2.6.5.3 Evolution des textes réglementaires, le
choix du label
Au début du projet de l'Ecoquartier du Val de Ris, la
réglementation thermique en vigueur était la RT 2000. Lors des
premières modélisations énergétiques de IOSIS, la
RT 2005 venait d'entrer en application. L'objectif de la ZAC était alors
d'atteindre 70% de la consommation énergétique maximale
définit par la réglementation. En 2007 est ensuite apparu le
label BBC, qui est devenu le nouvel objectif de performance
énergétique de la ZAC. Aujourd'hui, tous les permis de construire
de la ZAC n'ont sont pas signés, et l'on approche de la date
d'application de la RT 2012 (dont les objectifs sont similaires au label BBC).
Le choix du BBC a donc été positif pour l'AFTRP car pour les
permis déposés après l'entrée en vigueur de la
RT2012, les objectifs seront conformes.
33Cette hypothèse ne peut pas s'appliquer au
réseau de l'Eco-quartier du Val de Ris car le cadre de la ZAC donne
l'opportunité à l'AFTRP d'obliger les promoteurs à s'y
raccorder.
Cependant, le label BBC s'inscrit davantage dans une culture
du résultat que dans la culture des moyens. La labellisation n'implique
donc pas toujours le respect de la stratégie énergétique.
A titre d'exemple, les indicateurs du label BBC sont relatifs aux consommations
maximales en énergie primaire. Ainsi, un bâtiment
déperditif mais dont les sources énergétiques sont
renouvelables pourra être labélisé. C'est notamment le cas
du promoteur Promogim, dans l'Eco-quartier du Val de Ris, dont les
bâtiments ne sont pas isolés par l'extérieure car, la
chaleur étant de source géothermique, il respecte les normes de
labellisation BBC. Ainsi, la mise en place du label ne conduit pas
nécessairement à l'optimisation du bâti.
3 LA REHABILITATION DE LA COPROPRIETE DU PONCEAU
3.1 LE CONTEXTE ENERGETIQUE DU QUARTIER DU PONCEAU
Cette section contient de nombreux extraits de l'analyse
du projet de réhabilitation du quartier du Ponceau
réalisée par Ekopolis.
Cergy
3.1.1 Caractéristiques de la
copropriété
Le quartier du Ponceau est une copropriété
privée de la commune de Cergy, préfecture du Val d'Oise (95),
située à environ 25 km au nordouest de Paris, au sud du Vexin
Français. En 1960, Cergy était un village de moins de 3000
habitants. Ayant été choisie pour être un centre
d'agglomération, cette ville nouvelle comptait 57 576 habitants au 1er
janvier 2009. Auparavant essentiellement rurale, la typologie de Cergy est
aujourd'hui à dominante urbaine. Cette ville appartient à la
Communauté d'agglomération de Cergy-Pontoise (CACP) qui comprend
12 communes.
Implantation du quartier du Ponceau en Ile-de-France,
Ekopolis 2010
3.1.2 Contexte local et spatial du quartier du Ponceau
Le quartier a été construit à la suite
d'un concours gagné par l'agence ETRA Architecture en 1973. Livré
en 1978, le Ponceau est aujourd'hui un élément du patrimoine
architectural de Cergy. Il s'organise selon un système de rues hautes et
de rues basses et s'articule autour de vastes espaces verts qui offrent une
qualité de cadre de vie au quartier.
Vue d'un espace intérieur du quartier et des cheminements
piétons, 2010
Vue d'un parking en bordure du quartier, 2010
Le Ponceau est une copropriété privée de
dix hectares dont la moitié est bâti. L'association syndicale
libre (ASL34) se compose des 595 logements répartis entre
onze copropriétés dont trois de logements pavillonnaires, sept de
logements collectifs et une de bureaux. Des équipements publics
(crèche, équipement sportif, etc.) sont présents sur le
site.
34 Le quartier du Ponceau est composé de 548 logements
repartis en onze unités. Son périmètre correspond à
celui de l'association syndicale libre (ASL) dont l'objectif est le groupement
de fond pour mutualiser des prestations d'aménagement et d'entretien
(entretien des espaces verts et de la voirie, gestion de l'eau chaude
sanitaire, chauffage, déchets, électricité et
éclairage). Cette ASL est contrôlée par un syndic.
Le quartier est peu dense (environ 50 logements/ha) et
l'ensemble des déplacements internes sont piétons, le
stationnement automobile étant cantonné à la
périphérie. Cetteorganisation du quartier entre la frange urbaine
qui borde l'avenue du Nord (à l'est du quartier, voir carte suivante) et
le grand espace vert (50% de la surface du quartier) confère
au Ponceau un cadre de vie urbain atypique.
Figure 38 - Le quartier du Ponceau et ses 11
unités - Extrait de l'étude pré-
opérationnelle d'OPAH (janvier 2009), Ville de
Cergy.
Le Ponceau est situé à 15 minutes
à pied de la station de RER A
autour de laquelle s'organise le centre
urbain
de Cergy : cent
re commercial, université, théâtre
et parc public). Deux autres zones commerciales plus petites,
les Linandes et Cergy Villages ainsi que la base nautique de Cergy sont
situées à environ 10 minutes à pied.
3.1.3 Les éléments de repère
Le projet a été initialisé en 2006.
Il est aujourd'hui en phase d'études pré-
opérationnelles qui s'articulent
autour de deux programmes
: une Opération programmée
d'amélioration de l'habitat (OPAH) qui a ensuite été
approfondie par une Opération programmée d'amélioration
thermique des bâtiments (OPATB).
Figure 39 - Les phases de projet du Ponceau, Ekopolis
2010
L'OPAH est un
programme qui facilite l'action des pouvoirs publics sur
le parc privé. L'OPATB, en plus de se focaliser sur le volet
énergétique
, permet l'intégration
des unités pavillonnaires, des équipements
et du
tertiaire dans le périmètre de
l'action.
3.1.4 Eléments de programme
Le projet étant en phase d'étude, il n'est
pas possible de donner des informations relatives au programme
énergétique. L'intérêt principal de
l'étude de
ce projet réside dans l'étude du contexte
énergétique dans
lequel le projet s'inscrit ainsi que la gouvernance de cette
première phase de projet. Dans un premier temps, attachons nous à
préciser l'importance de la notion énergétique dans ce
projet de réhabilitation.
3.2 PLACE DE L'ENERGIE DANS LE PROJET
Cette section contient de nombreux extraits de l'analyse
du projet de réhabilitation du quartier du Ponceau
réalisée par Ekopolis.
3.2.1 Contexte énergétique
3.2.1.1 Le bâti
Le quartier du Ponceau a été livré en
1978 à la suite d'un concours architectural gagné par le groupe
ETRA en 1973. A cette date, il n'y avait aucune réglementation thermique
qui encadrait la mise en oeuvre des bâtiments et qui fixait des objectifs
de performance. Les bâtiments étaient peu isolés, sujets
aux infiltrations et à l'utilisation de matériaux aujourd'hui
interdits, comme l'amiante. La société centrale
immobilière de la Caisse des dépôts (SCIC, actuelle ICADE)
en était le bailleur social mais ne procédait que très
rarement à des travaux de maintenance. Suite à la fin des
exonérations foncières, la SCIC a décidé de vendre
son patrimoine en 1995, conduisant les locataires à devenir
propriétaire d'un bien délabré ou à quitter le
quartier35.
Depuis, peu de travaux ont été effectués.
Les systèmes de ventilation datent des années 70 (entrées
d'air surdimensionnées, buses de réglage souvent absentes, etc.)
et davantage d'infiltrations sont constatées. Les bâtiments sont
fortement consommateurs d'énergie, comme le précise Patrick
Bertrand (Atelier 15) : « les études sur l'unité 5
(représentative de l'ensemble du quartier) montrent qu'il y a
annuellement sur les logements à peu près à
180kWh/m2/an d'énergie primaire consommée
»36. Le président du LPE rappelle que certains logements
ne peuvent dépasser 15°C en hiver37.
3.2.1.2 Le réseau de chaleur
Le quartier du Ponceau est relié au réseau de
chaleur de la Communauté d'agglomération de Cergy-Pontoise (voir
annexe 17) Il fait l'objet d'une Délégation de service public
(DSP) dont le délégataire est Cyel, filiale de Dalkia.
Créé en 1971, le réseau long de 44 km, alimenté par
6 chaudières de puissance cumulées de 215 MW, délivre
annuellement 320 GWh à 32 000 équivalents logements (20 000
foyers et 600 000 m2 d'équipements tertiaires) à
travers 300 sous-stations.
Le prix de vente de la chaleur est d'environ 49€/MWh HT
(dont 26€ HT de par fixe), ce qui le place en deçà de la
moyenne nationale de 56,1€HT (AMORCE, 2008). Comme plus de 50% de
l'énergie est d'origine renouvelable, le réseau
bénéficie en outre d'une TVA de 5,5%. Le facteur d'énergie
primaire peut être évalué à 0,667 kWhep/kWhPCI.
La chaleur est aujourd'hui issue à plus de 60%
d'énergies renouvelables. 41% de l'énergie consommée sur
le réseau provient de l'énergie fatale de l'usine
d'incinération d'ordures ménagères (UIOM),
Auror'Environnement dont la puissance souscrite est d'environ 30 MW. En
décembre 2009, le réseau s'est doté de la chaudière
biomasse la plus puissante de France (25 MW) dont le bois est collecté
dans un rayon de 30 km. La mise en place récemment de la chaufferie
à biomasse a conduit à la division du facteur d'émissions
de CO2 qui est passé en 2009 à 116geqCO2/kWh PCI. Des
systèmes de chauffage d'origine fossile sont utilisés pour
l'appoint (gaz) et le secours (charbon : 52 MW et fioul : 2*17 MW).
35 Extrait Des Locataires sommés
d'être propriétaires, L'Humanité, 29 Novembre 1995
:
« Elle (= la SCIC) bénéficiait
aussi de l'exonération de la taxe foncière pendant quinze ans.
Tant que durait cet avantage fiscal, le bailleur semblait pouvoir supporter ses
locataires organisés dans une amicale affiliée à la CNL. A
partir du moment où elle l'a perdu, la SCIC met en vente et mène
une politique de terre brûlée ».
Lien accessible sur :
http://www.humanite.fr/1995-11-29Articles-Des-locataires-sommes-de-devenir-proprietaires
36 Commentaires recueillis auprès de Patrick
Bertrand, architecte mandataire du projet, le 07 mai 2010 à propos de
l'étude pré-opérationnelle de l'OPATB qui était en
cours. L'étude pré-opérationnelle de l'OPAH (2009)
montrait une consommation proche de 220 kWh/m2/an.
37Propos recueilli
auprès de Zacharie Rochette, président du Ponceau Ecodurable, le
30 mai 2010.
Ce réseau de chaleur primaire produit et distribue de
l'eau surchauffée jusqu'à 190°C (pression : 22 bars) et
fournit des calories au réseau de chaleur secondaire (échelle du
quartier) à travers les échangeurs thermiques des deux
sous-stations du Ponceau. Cofely en est l'exploitant et gère le
système de production et de distribution d'eau chaude sanitaire (ECS) et
de chaleur aux habitants.
LOGEMENTS du Ponceau
TECS = 60 °C
Réseau secondaire (Géré par Cofely)
Echangeur thermique
PRODUCTION DE CHALEUR
T = 190 °C
(UIOM, Chaufferie bois, fioul, gaz, charbon)
P = 22 bar
Réseau primaire (Géré par Cyel)
Figure 40 - Réseau de chaleur de la CACP - A. Lequai
2010
En plus du bâti, la forte consommation
énergétique du quartier du Ponceau peut s'expliquer par la
mauvaise gestion du réseau de chaleur secondaire. L'ASL a
récemment fait isoler dix mètres de canalisation du réseau
d'eau chaude sanitaire et a menacé Cofely (l'exploitant et le
gestionnaire) de 380 000 € de pénalités car 400 appartements
avaient 1,5 °C en moins que la température minimale
contractuelle38.
Le schéma ci-dessous propose une présentation du
réseau de chaleur de la Communauté d'agglomération de
Cergy-Pontoise en termes de « flux physiques ».
Bois : 22%, Charbon : 33%, Fioul : 4%
Déchets
41%
IUOM Chaufferie biomasse, gaz, charbon et fioul
59%
Agglomération (CACP)
Bâtiment
Figure 41 - Système énergétique du
réseau de chaleur de la Communauté d'agglomération de
Cergy Pontoise, A. Lequai 2010
38 Commentaire de Jean-Pierre Bonvallet, référent
"Chauffage / Eau chaude / VMC" de l'ASL du Ponceau, recueilli le 16 juin
2010.
Le réseau de la CACP présente un bouquet
énergétique très varié, ce qui lui permet
d'alterner les sources d'énergies selon le contexte économique et
ainsi optimiser le coût de production. Si 41% de la source
énergétique est locale (déchets
générés par les habitants de la Communauté
d'agglomération), les 59% restant proviennent d'échelles
très différentes. Le bois est collecté dans un
diamètre maximum de 30 kilomètres autour de la chaufferie
biomasse, alors que le charbon et le fioul interviennent dans un marché
national voire international. A noter la construction future d'une chaufferie
à gaz qui devrait supplanter le charbon et le fioul pour fournir
l'appoint énergétique du réseau. La hiérarchisation
des énergies fossiles donne en effet la priorité au gaz, puis au
fioul et enfin au charbon39.
Origine de la considération de l'aspect
énergétique
Le quartier de La Croix Petit,
limitrophe du quartier du Ponceau, était marqué par une forte
détérioration du bâti et par des conditions sociales
difficiles. Il a fait l'objet d'un projet de l'Agence nationale de
rénovation urbaine (ANRU) en 2006. La Ville de Cergy a choisi
d'élargir le diagnostic social et urbain à certains des quartiers
voisins. Le diagnostic du quartier du Ponceau a révélé une
dégradation du bâti et des gros problèmes d'isolation
thermique et d'infiltration qui ont aujourd'hui des conséquences
sanitaires.
3.2.3 Objectifs énergétiques
L'objectif est la réhabilitation du quartier du Ponceau
pour améliorer le confort de ses habitants (limitation des
déperditions thermiques, optimisation de la ventilation, etc.). Les
performances visées sont équivalentes au label BBC
rénovation soit une consommation en énergie primaire de 80
à 104 kWh/m2/an.
La Ville, qui souhaite aussi réaliser un
écoquartier, vise les 80 kWh/m2/an. Deux raisons principales
la poussent à cet objectif :
> l'ADEME considère nécessaire que le quartier
atteigne cette performance (éventuellement corrigé du facteur
1,3 car le projet est en région parisienne) et ne le subventionnera que
sous cette condition,
> le temps requis pour monter un projet de
réhabilitation à l'échelle de copropriétés
comptant 550 logements laisse penser que la nouvelle réglementation
thermique aura été promulguée et sera donc obligatoire (il
est estimé que les premiers travaux commenceront en 2015).
Par ailleurs, Thierry Stringat nous a confié que la
Ville de Cergy hiérarchise ses objectifs, l'aspect
énergétique devient prioritaire alors que les objectifs
environnementaux sont repoussés dans le temps. Cette décision,
relative à la difficulté de mettre en place un plan de
financement, remet l'enjeu initial qu'était la lutte contre la
dégradation du bâti au coeur du projet.
3.2.4 Eléments de programme
énergétique Le projet de réhabilitation du Ponceau
étant en phase d'étude pré-opérationnelle, il n'est
pas possible de fournir une description précise de l'opération
à ce jour. La présentation du programme énergétique
se fonde sur l'étude pré-opérationnelle de l'OPAH (janvier
2009), le dossier de candidature au concours EcoQuartiers du MEEDDM (mars 2009)
et sur les entretiens qui ont été menés auprès des
acteurs (mai - juillet 2010). En aucun cas ils ne constituent le programme
définitif.
Le programme énergétique se focalise
essentiellement à l'échelle du bâtiment. La
réduction des déperditions thermiques est un objectif prioritaire
qui intègre l'amélioration de l'enveloppe des bâtiments
(étanchéité à l'air, isolation extérieure,
double vitrage, etc.) et l'optimisation du système de renouvellement de
l'air. Différents procédés ont été
envisagés comme la ventilation double flux, la ventilation
mécanique contrôlée (VMC) ou la ventilation
hygrométrique qui semble être la situation
privilégiée actuellement.
La candidature au concours EcoQuartiers 2009 décrit une
volonté de réduire la consommation des énergies fossiles
(ECS et chauffage). Cette remarque s'inscrit dans la dynamique de la CACP qui a
mis en place une chaufferie biomasse en décembre 2009, mais n'est pas
spécifique au projet de réhabilitation du Ponceau. La production
électrique locale avec des panneaux solaires photovoltaïques a
été envisagée. Suites aux études
39 Propos recueilli auprès de Gérard Durand,
responsable des relations clientèle de Cyel.
techniques et à l'analyse du bâti, la maîtrise
d'ouvrage a renoncé à ce projet qui posait des problèmes
de rentabilité, notamment à cause des masques
solaires40.
Enfin, un volet essentiel du projet de réhabilitation
concerne la maîtrise de la demande en électricité et
l'évolution du comportement des habitants (formation sur les usages
économes, etc.).
L'énergie est l'élément essentiel du
projet de réhabilitation du Ponceau, non par pour des objectifs
environnementaux mais pour des objectifs de confort thermique des habitants. Il
s'agit de l'essence même du projet car il tourne majoritairement autour
de cette notion. Regardons maintenant comment les acteurs se sont
organisés pour le mettre en place.
3.3 ANALYSE DE LA GOUVERNANCE
Cette section contient de nombreux extraits de
l'analyse du projet de réhabilitation du quartier du Ponceau
réalisée par Ekopolis.
Laurence Dubin, chef de projet41 de la Mairie de
Cergy, reconnaît que « la Ville n'a pas de culture de participation
». Elle ajoute que « on a des élus qui pensent que tant qu'on
a rien à proposer, ce n'est pas la peine d'informer les gens ». Un
grand paradoxe émerge de cette considération. Il réside
principalement dans le fait que si c'est la Ville qui finance les
études, qui les pilote et qui les coordonne, ce sont les habitants, ou
plus exactement les copropriétaires, qui vont devoir financer le projet
de réhabilitation. On imagine alors que les habitants du quartier
suivent l'évolution du projet en partenariat avec la Ville, ce qui n'est
pas le cas.
3.3.1 Ces financeurs peu intégrés au
processus de projet Les financeurs du projet sont les
copropriétaires occupants et bailleurs. Tous les habitants d'un
quartier, et notamment les locataires, ne sont donc pas impliqués de la
même manière. Les habitants doivent être
fédérés autour d'une même opération, ce qui
nécessite une sensibilisation forte. Laurence Dubin constate qu'environ
70% des habitants du quartier sont des « sans-voix », des personnes
qui ne s'intéressent pas au projet ou qui ne donnent pas leur opinion.
Consciente que ce sont eux qui voteront le projet final, elle cherche des
moyens de les intéresser. La chef de projet note qu'il y a une
réelle difficulté à toucher les propriétaires
bailleurs.
La capacité de financement des copropriétaires
est une seconde difficulté au projet. Le montage financier est rendu
complexe par la situation sociale des copropriétaires : 14% des
habitants sont au-dessous du seuil de pauvreté, et si seuls 24% des
propriétaires sont éligibles aux aides de l'ANAH, de nombreux
primoaccédants n'ont plus de capacité d'emprunt.
Ainsi, deux difficultés sont à résoudre
pour permettre la réhabilitation du Ponceau. Dans un premier temps, les
habitants doivent être sensibilisés, formés pour mener une
réflexion sur les enjeux et sur le devenir de leur quartier. Les
intégrer au processus de projet facilitera leur adhésion de par
l'appropriation des enjeux et des éléments constitutifs de
l'opération, mais aussi de par la prise en compte de leurs
recommandations au regard de leur maîtrise d'usage. Dans un second temps,
un plan de financement doit être établi afin de proposer une
solution viable. Il nécessite la réalisation de prescriptions
chiffrées fondées sur un diagnostic précis.
40 Candidature au Concours EcoQuartiers 2009, Ville de
Cergy.
41 Direction de l'aménagement urbain et du
développement durable, Mairie de Cergy.
3.3.2 L'accompagnement des habitants, futurs
maîtres d'ouvrage
3.3.2.1 Le CAUE pour sensibiliser et former
habitants
A la suite d'une convention signée avec la Ville de
Cergy, le CAUE 95 a mis en place des ateliers avec les habitants. Entre les
mois d'avril et juillet 2008, une quinzaine d'ateliers ont conduit les
habitants à s'interroger sur l'historique, leur vécu du quartier
et sur des thématiques du développement durable (mobilité,
eau, écomatériaux, etc.).
Le CAUE 95 a également organisé un
café-discussion sur les transformations envisageables du Ponceau, des
expositions et une visite des espaces verts. Plusieurs professionnels
(paysagiste, éco-conseillers, etc.) sont intervenus à l'occasion
de ces événements, amenant les participants à mesurer les
enjeux de la réhabilitation durable de leur quartier. Au total, 150
à 200 habitants ont participé aux
ateliers42.
En somme, le CAUE 95 a un rôle d'accompagnateur des
habitants. Il ne peut cependant pas être considéré comme
assistant à la maîtrise d'usage car il n'est pas un
intermédiaire avec la Ville de Cergy.
3.3.2.2 Le Ponceau EcoDurable, association
d'habitants Le projet de réhabilitation du quartier du
Ponceau a conduit les habitants à créer en 2008 l'association Le
Ponceau EcoDurable (LPE), dont les statuts sont disponibles en annexe 18 de ce
document. Ses objectifs sont :
- la sensibilisation et l'information des
habitants sur les thèmes du développement durable,
- la formation à la maîtrise
d'ouvrage durable afin d' « amener les habitants du Ponceau à avoir
les connaissances suffisantes pour comprendre et analyser les propositions des
professionnels de l'environnement, de l'architecture, de l'énergie, de
la construction et des institutions »,
- la structuration des relations des habitants
avec les organismes extérieurs par le biais d'un interlocuteur
défini.
L'association s'organise en groupes de réflexion et met en
place des événements (conférences, ateliers, ...) qui
prolongent l'action du CAUE.
Tous les syndics de l'Association syndicale libre du quartier
(ASL) ont adhéré à cette association, ce qui lui
confère une certaine légitimité et
représentativité, mais pas assez pour que la Ville la
considère comme intermédiaire des habitants. Notons toutefois que
le président du LPE participe aux comités de pilotage du projet
de réhabilitation, et peut ainsi directement communiquer avec la Ville
de Cergy, l'équipe de prestataires et les partenaires du projet.
3.3.3 La réalisation du montage financier
Pour réaliser le montage financier, second aspect
délicat du projet de réhabilitation, il est nécessaire de
réaliser des études qui comportent un volet de diagnostic
(état des lieux) et un volet de prescriptions chiffrées. Dans le
projet de réhabilitation du Ponceau, c'est la Ville de Cergy qui a
initié cette démarche.
3.3.3.1 La Ville de Cergy, initiatrice du projet et
maître d'ouvrage des études
La Ville de Cergy assure la maîtrise d'ouvrage des
études pré-opérationnelles. Elle a décidé de
financer la réalisation de ces études afin d'initier le projet de
réhabilitation du Ponceau. Cette démarche traduit sa
volonté de favoriser la réhabilitation du parc privé de la
commune. Les élus ont commandité les études à la
suite de la réalisation du diagnostic urbain et social de 2007. Laurence
Dubin, chef de projet de la réhabilitation du quartier du Ponceau pilote
l'opération. Elle coordonne le travail de l'équipe en charge de
la réalisation des études, les souhaits des élus et
rencontre les partenaires financiers potentiels.
3.3.3.2 Organisation de la maîtrise d'oeuvre et de
la maîtrise d'ouvrage
L'équipe en charge de l'étude
pré-opérationnelle de la réhabilitation du quartier du
Ponceau forme le comité technique. Il se réunit environ toutes
les six semaines et est animé par Patrick Bertrand, architecte
42 Propos recueillis au cours de l'entretien avec Christian Faliu
(architecte, CAUE 95) le 27 juillet 2010.
mandataire des études pré-opérationnelles
d'OPATB. Le comité donne l'opportunité aux différents
acteurs du projet d'en évaluer l'évolution au regard de leurs
objectifs et des orientations, de programmer les éléments de
planning et de se répartir la charge de travail selon leurs
spécialités.
Les comités de pilotage ont lieu tous les 45 jours
environ, en quinconce avec les comités techniques. Plus difficiles
à programmer car ils intègrent de nombreux acteurs (MOA et MOE)
avec des calendriers très chargés, cette réunion permet de
rendre compte de l'évolution du projet, des nouvelles orientations et de
prendre des décisions. A titre d'exemple, au mois de mai 2010, un
comité de pilotage a réuni la maîtrise d'ouvrage, la
maîtrise d'oeuvre ainsi que les partenaires financiers (Région,
Département, CACP, Anah, ADEME, etc.) afin d'évoquer plus
particulièrement le montage financier du projet.
En dehors du temps consacré aux comités, le
mandataire des études est l'interlocuteur privilégié de la
maîtrise d'ouvrage.
3.3.3.3 L'équipe de la maîtrise
d'oeuvre
L'équipe en charge de la réalisation de
l'étude pré-opérationnelle d'OPATB réunit une
chargée d'études sociales (Pact Arim 95), deux architectes
spécialisés en réhabilitation et urbanisme (Atelier 15,
Agence Lafarge-Valentino), un ingénieur développement durable
(Alter Développement), un ingénieur thermicien (AMOES). La
constitution d'une telle équipe était sous-jacente au cahier des
charges de l'OPATB qui précise les thématiques devant être
abordées dans le diagnostic, à savoir la situation du bâti
et des tissus urbains, les populations logées et leurs besoins, les
enjeux en matière de réhabilitation et de maîtrise de
l'énergie. Devant l'enjeu et la complexité de la
réalisation du montage financier, un économiste (MTDS) a rejoint
cette équipe. Son rôle était de mettre en place le plan de
financement du projet.
En plus de la réalisation du diagnostic urbain, social,
énergétique et environnemental qui conduit à des
prescriptions pour la réhabilitation du bâti existant, Atelier 15
a proposé des solutions innovantes pour faciliter le montage financier.
En témoigne la piste relative à la densification du quartier.
Contre la cession d'un droit de construction sur toiture, les opérateurs
pourraient financer la réhabilitation d'une partie d'un bâtiment,
réduisant ainsi le reste à charge à payer par les
habitants. Un projet similaire relatif à la construction de nouveaux
logements a aussi été suggéré.
3.3.3.4 Le bureau d'études économiques
L'équipe de prestataires en charge de réaliser
l'étude pré-opérationnelle d'OPATB du Ponceau
intègre MTDS, bureau d'étude économique, dont la mission
était d'assurer l'ingénierie financière du projet.
Le choix de la Ville de Cergy d'intégrer un acteur
spécifiquement en charge de réaliser le montage financier est
incontestablement une démarche intéressante et innovante.
Cependant, Thierry Stringat (MTDS) reconnaît ne pas avoir su trouver sa
place dans cette équipe pluridisciplinaire dont les «
compétences se superposent ». En effet, AMOES chiffre les travaux
spécifiques aux systèmes énergétiques, les deux
architectes évaluent les travaux de réhabilitation de l'enveloppe
du bâti et le Pact Arim 95 est en charge de réaliser les
modélisations selon les critères sociaux des habitants, et pour
cela il est en contact régulier avec l'ANAH. Par ailleurs, la Ville de
Cergy a rencontré la Caisse des dépôts sans MDTS et la
majorité des collectivités territoriales n'avait pas
déclaré la hauteur de leur subvention. Compte tenu de ce tableau,
on peut alors s'interroger sur le rôle de MDTS au sein de
l'équipe.
3.3.3.5 Les partenaires financiers, acteurs essentiels
Les copropriétaires n'ont pas, en
général, les capacités financières pour
réaliser le projet et ce, même si les études et les
prescriptions sont peu ambitieuses. Il est ainsi nécessaire que des
partenaires financiers participent à la mise en place du projet.
* Les collectivités territoriales
Il est difficile pour la ville de Cergy d'établir un
plan de financement de l'OPATB car les subventions des collectivités
locales n'ont pas encore été communiquées. A titre
d'exemple, la Région Ile-de-France est en cours d'élaboration
de son plan de financement depuis les élections régionales de
mars 2010. La ville de
Cergy ne sait pas quelle va être la hauteur de ses
subventions, d'autant plus que compte tenu du contexte économique
actuel, les aides allouées aux collectivités territoriales ont
diminué.
* L'Agence nationale de l'habitat (ANAH)
La Communauté d'agglomération de Cergy-Pontoise
(CACP) a reçu la délégation des Aides à la Pierre,
et c'est à ce titre qu'elle se substitue à l'ANAH pour financer
les aides à l'habitat privé. Considérant que le Ponceau
« n'est pas un quartier vraiment dégradé », peu d'aides
seront accordées au projet de réhabilitation. Paradoxalement, la
somme qui lui est demandée par la Ville pour subventionner le projet du
Ponceau dépasse le budget annuel de l'ANAH pour la Communauté
d'agglomération de Cergy Pontoise.
* L'Agence de l'environnement et de la maîtrise de
l'énergie (ADEME)
Les subventions de l'ADEME sont soumises à des
objectifs minimum de performance (par exemple la consommation
énergétique correspondant au label BBC) et permettent notamment
le financement d'une partie des études énergétiques et de
l'animation de projet.
Stéphan Louillat (ADEME) est missionné sur le
projet du Ponceau. Au-delà de ses recommandations relatives aux
performances visées, il suit particulièrement ce quartier. C'est
en effet une opération pilote car elle permet de vérifier que les
outils financiers de l'OPATB sont adaptables aux copropriétés. Le
projet de réhabilitation du Ponceau est d'autant plus intéressant
que c'est la première OPATB d'Ile-de-France et que l'ADEME souhaite
développer cet outil sur le territoire francilien.
* Les partenaires privés
De nombreux partenariats peuvent être mis en place entre
des structures privées (banques, opérateurs
énergétiques, etc.) et les collectivités territoriales.
Ces partenariats font souvent appel à des mécanismes financiers
complexes qui permettent aux particuliers de ne pas subir le coût trop
élevé d'un investissement.
La Ville de Cergy s'est entretenue avec la Caisse des
Dépôts et des Consignations. La banque propose de mettre en oeuvre
le mécanisme du Tiers Investissement (TI). Il consiste à faire
financer les travaux de réhabilitation énergétique par une
Société de Tiers Investissement qui possède les fonds
d'investissement nécessaires. Cette tierce personne est
rémunérée sur les économies d'énergies
effectuées pendant une période déterminée
contractuellement (pour les projets d'ambition du Grenelle, entre 15 et 40 ans
sont préconisés) (Caisse des Dépôts et des
Consignations, 2010).
3.3.3.6 Un opérateur énergétique qui
s'invite à la table des négociations
Cyel, la compagnie de chauffage urbain de la CACP, n'est pas a
priori un acteur qui intervient sur ce type de projet. Il a cependant
dû s'opposer aux habitants qui souhaitaient une réduction des
charges fixes du réseau.
Le prix de vente de l'énergie aux habitants se compose
d'un terme fixe qui correspond à l'investissement et à la
maintenance du réseau, et d'un terme proportionnel à la
consommation des foyers. Environ la moitié de la facture
énergétique des deux sous-stations du Ponceau correspond aux
charges fixes (modulable à hauteur de 10% au cours du contrat). Aussi,
une réduction de 50% des consommations énergétiques (ce
qui n'est pas utopique au regard de la dégradation du bâti de ce
quartier), conduit à une réduction de 25% de la facture
énergétique, ce contre quoi les habitants protestent.
Par ailleurs, une étude montre que le prix de la
chaleur (chauffage + ECS) provenant d'un réseau dont plus de 60% de
l'énergie produite est de source renouvelable est composé d'un
terme fixe de 61% de la facture totale (AMORCE, 2008). Les habitants du Ponceau
sont donc favorisés quant à leur configuration car
proportionnellement, ils ont moins de charges fixes à payer que pour les
réseaux similaires et ainsi, les réductions de consommations
énergétiques réduisent davantage la facture finale.
Cyel a aussi proposé à la Ville de Cergy que
Dalkia (dont il est la filiale) mette en place des contrats de performance
énergétique (CPE). Comme pour le mécanisme du Tiers
Investissement, l'entreprise contractante prend en charge les travaux de
planification, de construction mais aussi la maintenance de l'équipement
et se porte garante des économies d'énergie. Ce sont des
professionnels du domaine
énergétique qui contracte avec la maîtrise
d'ouvrage, ce qui lui permet de n'avoir qu'un seul interlocuteur. La
durée du contrat est de 7 à 15 ans (Energie-Cités, 2004).
Cyel n'est pas aujourd'hui un acteur moteur du projet, mais cette position peut
évoluer dans le temps.
3.3.4 Recul sur le mode de gouvernance
Le projet de réhabilitation du Ponceau, bien qu'en
étant en phase pré-opérationnelle, fait déjà
l'objet d'une stratégie énergétique car cet aspect est au
coeur de l'opération. En somme, la stratégie de mise en oeuvre du
projet est la stratégie énergétique. Les
difficultés principales sont la limite de la capacité de
financement des copropriétaires et leur volonté de
réaliser des travaux d'une telle ampleur.
Le projet énergétique ne pourra se faire sans
l'approbation des financeurs, les propriétaires des logements. C'est
dans ce cadre que la Ville, ou plutôt, que certains
habitants43 avertis des problématiques en jeu ont
sollicité l'intervention du CAUE. L'idée sous-jacente est que la
participation des habitants à la mise en place du projet conduira
à l'élaboration d'un projet qui correspond à leurs
attentes et dont ils seront plus enclins à accepter le financement.
C'est toujours dans cette optique que le président de l'association
d'habitants participe aux comités de pilotage, fait suffisamment rare en
France pour mériter d'être souligné.
Notons aussi la place délicate de la Ville de Cergy qui
s'est substituée aux copropriétaires pour initier le projet et
financer la première étude. Cette démarche montre que
c'est la Ville qui a dans un premier temps souhaité la
réalisation d'un tel projet, et non les habitants, à qui on
l'impose. Cette situation est paradoxale car ce sont les
copropriétaires, qui ne sont pas à l'origine du projet (ils n'ont
pas été consultés), qui vont devoir financer le projet.
La deuxième gageure de ce projet est la
réalisation du montage financier. La maîtrise d'ouvrage et la
maîtrise d'oeuvre des études pré-opérationnelles
interagissent régulièrement afin de réaliser un programme
précis, fiable et viable. Les partenaires financiers, essentiels pour la
réalisation du programme énergétique sont des acteurs
principaux pour la réalisation du projet. Notons toutefois que les
interactions des partenaires financiers avec la maîtrise d'ouvrage ne
sont pas particulièrement fortes dans le schéma ci-dessous car
les négociations ne pourront réellement commencer que lorsque les
prescriptions des études préopérationnelles d'OPATB auront
été remises à la maîtrise d'ouvrage. Le
schéma ci-dessous synthétise les relations entre les acteurs du
projet au début du mois d'août 2010.
43 Faisons essentiellement référence à
Christian Faliu, habitant du Ponceau depuis 1978, architecte (donc
sensibilisé aux problématiques de réhabilitation) et
adjoint au directeur du CAUE 95.
Sensibilise Forme
Association
Le Ponceau EcoDurable
ASL Syndicat de copropriété
Habitants
CAUE 95
Sensibilise Forme Accompagne
Accompagne
Elisent
Informe
Participe au comité de pilotage
Commandite
Décide
Maîtrise d'ouvrage Ville de Cergy
Phase
d'études pré-opérationnelles OPAH/OPATB
Recueille des informations Communique
Quartier du Ponceau
Elus
Chef de projet
Pilote Coordonne
Participe au financement
Diagnostique Conçoit
Etudient le financement
Echangent & collaborent
Recueille des informations
Partenaires financiers
Prestataires
Agence Lafarge Valentino, Alter Développement, AMOES,
Atelier 15, MDTS, Pact Arim 95,
Maîtrise d'oeuvre
Mandataire Pact Arim 95 (OPAH) Atelier 15 (OPATB)
Coordonne
Figure 42 - Schéma des acteurs - La réhabilitation
du quartier du Ponceau- Phase pré-opérationnelle - Ekopolis,
2010
Cette gouvernance est spécifique, notamment de par le
fait que ce sont les copropriétaires qui sont les maîtres
d'ouvrage du projet de réhabilitation. Ce projet devrait conduire
à la mise en oeuvre de solutions techniques adaptées à
leur besoin de confort et à leurs capacités financières,
pourvu que dans les étapes ultérieures du projet, la Ville de
Cergy transfert la maîtrise d'ouvrage aux habitants du Ponceau. C'est
d'ailleurs ce transfère de maîtrise d'ouvrage qui sera
intéressant à étudier ultérieurement. Il serait
préférable que les habitants puissent discuter avec les
partenaires financiers, et la maîtrise d'ouvrage afin de construire
ensemble le projet. La difficulté majeure est le manque de
représentants des habitants reconnus par la Ville pour amorcer cet
échange.
3.4 PRISE DE RECUL SUR LA STRATEGIE ENERGETIQUE
3.4.1 L'énergie comme un objectif essentiellement
social
La réhabilitation de la copropriété du
Ponceau repose principalement sur un enjeu énergétique dans
un objectif de préservation du bâti, d'amélioration de
l'aspect sanitaire et de confort des habitants. Le projet se fonde donc sur
la mise en place de la stratégie énergétique à
l'échelle des bâtiments. Un des volets
essentiels des études thermiques est la
vérification de la faisabilité de l'opération et
l'établissement de prescriptions pour assurer l'atteinte des objectifs.
Ces études se fondent sur des modélisations thermiques dont les
résultats conditionnent tout le projet.
3.4.2 Les choix de modélisation
De nombreuses techniques de modélisation existent pour
évaluer les échanges thermiques au sein d'un quartier. Le projet
du Ponceau en a utilisé des différentes selon les étapes
du projet. Toutes réfèrent cependant à des techniques
applicables sur un tissu existant, c'est-à-dire que l'on se sert des
données réelles de réaliser le modèle. Les
bâtiments du Ponceau ont une typologie particulière (nombreux
décrochés de façade, plusieurs matériaux de
façade, etc.) ce qui peut compliquer le travail de modélisation
s'il est effectué numériquement.
* Analyse à partir des relevés de consommation
Loïc Chesne a réalisé le diagnostic
thermique de l'étude pré-opérationnelle de l'OPAH du
quartier du Ponceau. Pour estimer la consommation en énergie finale du
quartier, il a utilisé les relevés des années 2004-2006 au
niveau de chaque sous-station qu'il a ensuite divisé par la surface
totale des logements. Il trouve alors une consommation variant de 200 à
280 kWh/m2/an selon les années, ce qui est supérieur
à la consommation estimée par AMOES lors des études
pré-opérationnelles d'OPATB qui a réalisé une
opération de calage.
* Opération de calage
AMOES, le bureau d'études thermiques du projet d'OPATB
du Ponceau, a utilisé le modèle de l'opération de calage
pour analyser le comportement thermique de l'unité 5. C'est donc une
méthode appliquée à l'échelle du bâtiment.
A la suite de la réalisation des expertises dans les
logements des habitants (constatation du bâti et prise de mesure), AMOES
a modélisé un bâtiment de 5 étages. Les
paramètres variables et essentiels pour caractériser les
échanges thermiques, tels que le taux de renouvellement d'air, ont
été mesurés (moyenne de 3 mesures réalisées
à trois étages différents d'un même bâtiment).
L'opération de calage permet l'ajustement des paramètres
jusqu'à ce que les données de sorties différent de la
réalité d'un maximum de 10%.
Les limites de l'opération de calage
réalisée au Ponceau sont les suivantes:
> Un seul bâtiment a été
modélisé alors que le Ponceau est composé de trois
typologies différentes,
> Les interactions entre les bâtiments et leur espace
environnant ne sont pas prises en compte (places publiques en
continuité...).
> Le comportement thermique du bâtiment sera
extrapolé à l'ensemble de l'unité 5, qui sera
extrapolée à l'échelle du quartier pour les immeubles
alors que des spécificités peuvent apparaître (ventilation
moins bien réglée, bâtiments mieux isolés...). La
même démarche est réalisée pour l'habitat
pavillonnaire.
> Les comportements des habitants ont été
pris en compte car AMOES s'est basé sur la facture des compteurs
électriques de chaque immeuble et de la facture d'eau (chaude et froide)
de chaque logement. Cependant, on ne sait pas si ces comportements sont
représentatifs de l'ensemble des autres habitations du quartier.
* Analyse à partir d'un échantillonnage
Ce procédé est obligatoire par le cadre de
l'OPATB, comme le précise le Cahier des clauses administratives et
techniques particulières (CCATC) : « pour un grand nombre de
bâtiments relativement homogènes (quartiers d'immeubles collectifs
en centre ville ou quartier pavillonnaire par exemple), il ne pourra être
procédé autrement que par évaluation simplifiée ou
par échantillonnage ».
Une fois l'opération de calage effectuée, la
maîtrise d'oeuvre du projet du Ponceau dispose de
la modélisation des échanges thermique au sein d'un
bâtiment du quartier. L'unité 5 a été choisie pour
sa « représentativité en terme de bâti et de niveau
social des copropriétaires » (tableau récapitulatif des
bâtiments des copropriétés du
périmètre d'OPAH en annexe 19). Lors de l'intégration des
maisons individuelles dans le périmètre d'étude, un
pavillon de l'unité 6 a alors servi de base de modélisation. Ces
résultats sont ensuite extrapolés aux autres bâtiments du
quartier.
Cette méthode a permis d'analyser les échanges
thermiques, d'établir des prescriptions pour diminuer la consommation
énergétique des bâtiments et de réaliser une
étude « courte » au regard de l'échelle du quartier.
Cette méthode, qui simplifie la modélisation,
présente toutefois certains questionnements relatifs modélisation
des réseaux de distribution extérieurs, à la
représentativité des comportements des habitants, à la
représentativité d'un bâtiment sachant qu'il existe trois
typologies différentes dans le quartier (types IS, ED, CP) et à
la représentativité d'un pavillon de l'unité 6 pour
extrapoler les données à l'ensemble des unités
pavillonnaires.
Par ailleurs, les hypothèses de modélisations ne
sont pas toujours transparentes. AMOES dit avoir pris en compte de nombreux
paramètres tels que l'orientation, la surface vitrée ou le nombre
de logements. Ces affirmations seront probablement être
vérifiées lors des résultats de l'étude
pré-opérationnelle d'OPATB.
3.4.3 Une stratégie énergétique qui
requiert la participation des habitants
L'obstacle principal à la réalisation du projet
réside dans un premier temps dans son acceptation par les
copropriétaires. De niveaux sociaux différents,
d'intérêts pour la réhabilitation divergents et de
sensibilités variables vis-à-vis du développement durable,
la cohésion des 550 financeurs est difficile à obtenir. Le mode
de prise de décisions dans les copropriétés, très
contraignant, ajoute une difficulté supplémentaire. Aussi,
fédérer les copropriétaires autour du projet, les
intéresser, les sensibiliser voir les former aux problématiques
urbaines et aux enjeux de la réhabilitation est primordial pour la
réalisation du projet.
Même si la Ville n'est pas à l'initiative du
travail d'accompagnement des habitants, elle soutient fortement le CAUE dans
son rôle de formateur. Par ailleurs, la présence du
président de l'association Le Ponceau EcoDurable est une avancée
vers le projet. Sa position est toutefois ambiguë car l'association n'est
pas considérée comme représentative des
copropriétaires, même si elle réunit tous les syndics de la
copropriété. On note que c'est souvent les habitants qui vont
vers la Ville (comptes-rendus des formations et des réflexions des
habitants envoyés à la chef de projet) et non le contraire. Cette
démarche ascendante montre la difficulté des élus à
sortir du modèle représentatif de leurs fonctions.
3.4.4 Une stratégie énergétique qui
requiert un montage financier viable
La seconde difficulté du projet, la réalisation
du montage financier, pose le problème de l'adéquation des
objectifs réglementaires avec la capacité financière des
particuliers pour mettre en oeuvre un projet ambitieux, tel que la
réhabilitation d'un quartier.
3.4.4.1 Les objectifs nationaux en question
Est donc en question la faisabilité des objectifs
énergétiques et environnementaux fixés par le
gouvernement. L'ADEME, rappelons-le, s'intéresse fortement au projet du
Ponceau dans le but de savoir si les outils financiers actuels permettent le
financement des OPATB sur une copropriété. Au regard de la
difficulté pour monter le plan de financement, il paraît
difficile, dans la conjoncture économique actuelle où les aides
financières tendent à diminuer et les objectifs à
être plus ambitieux, de mettre en oeuvre un programme de
réhabilitation de copropriétés qui présente un
caractère « durable ». Est aussi posé la question de la
gestion des copropriétés qui ne disposent pas d'un système
de cotisation pour assurer les travaux. La réalisation d'un plan de
gestion par les syndics permettrait d'assurer la maintenance d'un
bâtiment et la ventilation des charges.
3.4.4.2 L'importance des études
énergétiques dans le montage financier
Le montage financier de la stratégie
énergétique dépend nécessairement des études
(diagnostics et prescriptions) réalisées par la maîtrise
d'oeuvre du projet. Plus l'évaluation de la consommation
énergétique est élevée, plus les travaux seront
couteux et donc plus le plan de financement sera difficile à mettre en
place. En revanche, plus l'évaluation de la consommation
énergétique est élevée, plus les dispositifs
financiers du type du Tiers investissement ou des CPE sont avantageux. Les
partenaires financiers sont en effet rémunérés sur une
base correspondant aux économies d'énergie. Dans cette même
dynamique, certains partenaires financiers ne subventionnent que les projets
dans un état de dégradation très avancée, à
l'image de l'ANAH, partenaire incontournable dans le cas d'une
réhabilitation. Dans ce cas, il est aussi avantageux d'estimer de
grandes consommations énergétiques dans le bâtiment
existant.
On comprend alors l'enjeu de la détermination des
consommations énergétiques des bâtiments. Il est donc
surprenant de constater que les trois études menées en quatre ans
(diagnostic social et urbain en 2007, étude
pré-opérationnelle d'OPAH en 2009, éléments
donnés par les acteurs à propos de l'étude
préopérationnelle d'OPATB de 2010) présentent des
disparités importantes en terme de consommations
énergétiques :
1. Le diagnostic considère que les habitants consomment
environ 250 kWh/m2/an (en énergie finale). La méthode
d'évaluation des consommations est inconnue.
2. L'étude pré-opérationnelle d'OPAH
réalisée par Alter Développement estime à 220
kWh/m2/an (en énergie finale) les consommations
énergétiques du quartier. Le calcul est fondé sur la
moyenne des relevées de consommation de l'ASL des années
2004-2005-2006.
3. AMOES, en charge des modélisations thermiques dans
le cadre de l'étude pré-opérationnelle d'OPATB,
considère que les consommations énergétiques du quartier
sont de l'ordre de 180 kWh/m2/an (en énergie finale). Ce
calcul se fonde sur les consommations énergétiques des logements
de l'unité 5 - considérée comme représentative du
quartier en termes de typologie de bâtiment et de population y habitant -
qui sont ensuite extrapolées à l'échelle du quartier.
4. L'ASL du quartier tient un registre des consommations. Si
on considère les deux sous-stations, on trouve alors qu'en 2008 la
consommation du quartier était de 174 kWh/m2/an (en
énergie finale) et en 2009 de 210 kWh/m2/an (en
énergie finale).
Les différences d'estimation de la consommation
énergétique peuvent être expliquées par les
différentes sources de documentation sur lesquelles les études se
basent : le type de document (relevés de consommations manuels ou
électroniques), son échelle d'application (quartier,
sous-station, unité de logement, logement) et la période pendant
laquelle les mesures sont relevées sont importantes à
considérer. En effet, les moyennes réalisées pendant trois
années froides conduisent à une consommation
énergétique forcément supérieure à une
année standard. C'est d'ailleurs ce qui peut expliquer le
différentiel dans les relevés de l'ASL (cas n°4).
De plus, des travaux d'amélioration du réseau
secondaire (isolation et optimisation des chaufferies) ont été
effectués en 2008 au Ponceau. Le rendement de distribution
supérieur peut ainsi conduire à une diminution de la consommation
d'énergie finale des habitants.
Enfin, les ateliers de sensibilisation et de formation des
habitants sur les pratiques du développement durable et sur les
comportements à adopter (voir section 3.3.2.1) pourraient avoir
porté leurs fruits. Des compteurs individuels (eau froide, eau chaude,
répartiteurs de chauffage) ont ainsi été installés
dans l'unité 10 entre 2007 et 2008. Les résultats montrent une
économie moyenne entre 2007 et 2008 de 35% d'eau froide (passant de 100
à 65 L/jour/occupant), de 17% d'eau chaude sanitaire (passant de 43
à 36 L/jour/occupant) et prouvent les disparités entre les foyers
pour les consommations de chauffage (selon les logements, entre 1 et 33
unités de chauffage par occupant). Sachant que le comportement humain
(ouverture des fenêtres, etc.) est un des facteurs essentiels de
déperdition thermique, il est donc possible que les ateliers de
sensibilisation des habitants aient pu avoir une incidence sur l'estimation des
consommations énergétiques du quartier.
On constate donc que si les différents résultats
peuvent trouver des explications, on touche les limites de la
modélisation sur laquelle se fonde pourtant tout le programme
énergétique.
3.4.4.3 Des conséquences financières
dépassant le périmètre du quartier
La mise en place d'un projet dont les économies
énergétiques ont des objectifs ambitieux à
l'échelle d'un quartier a des conséquences sur de plus grandes
échelles. Considérons par exemple cette volonté
d'économie d'énergie à l'échelle de
l'agglomération.
Garante du fonctionnement du réseau de chaleur et de
l'équité de son territoire, la Communauté
d'agglomération de Cergy Pontoise (CACP) est garante du fonctionnement
du réseau de chaleur. Elle est en conflit avec des habitants du Ponceau
qui souhaitaient pouvoir réduire les charges énergétiques
fixes. Ils ne sont pas satisfaits du système actuel car une
réduction de 50% des consommations n'entraine une réduction de la
facture énergétique que de 25%44. C'est dans ce cadre
qu'ils demandent une réduction des charges fixes.
La CACP ne peut pas se permettre de réduire les charges
fixes au sein d'un seul quartier car le différentiel serait alors
automatiquement porté sur les autres habitants connectés au
réseau de chaleur, ce qui n'est déontologiquement pas
réalisable. C'est d'ailleurs le message de la Communauté
d'agglomération de Cergy Pontoise adressé aux habitants. Par
ailleurs, une réduction des recettes du délégataire
pourrait le mettre en difficulté au regard de son plan de remboursement
des investissements, ce qui le conduirait probablement à diminuer la
qualité du service rendu.
3.4.5 Une stratégie qui requiert l'intervention
d'une collectivité sur un parc privé
On peut discuter longuement du rôle d'une ville, et de
son intervention sur un parc privé. L'investissement de l'argent public
chez des particuliers dérange, mais si une collectivité ne prend
pas l'initiative d'un projet, il y a un risque de détérioration
de son territoire. Le projet de réhabilitation du quartier du Ponceau
met en lumière certains avantages et les limites d'une telle initiative
de la Ville.
Les avantages d'une telle action :
> La Ville a financé le diagnostic urbain et social
ainsi que les deux études pré-opérationnelles d'OPAH et
d'OPATB dont le coût est estimé à 227 000 €. Par cet
intermédiaire, elle a fait intervenir des professionnels reconnus qui
ont réalisé un état des lieux et émis des
suggestions pour la réhabilitation du quartier.
> La mise en place d'une telle procédure au sein de
l'ASL aurait été délicate et aurait probablement
nécessité un soutien extérieur. En effet, les
copropriétés de l'ASL auraient dû travailler ensemble puis
faire voter le projet au sein de chacun des syndicats de
copropriété. On devine alors les difficultés des
copropriétaires à être unanimes sur les nombreuses
modalités du projet (quel diagnostic, quels experts, quelle
méthodologie, quel plan de financement, etc.) et à mettre en
place des sessions de sensibilisation et de formation.
> L'intervention de la mairie va permettre la construction
d'un programme de réhabilitation à partir de données
récentes et réalisées par des professionnels. Les
habitants n'ont pas eu besoin de s'engager financièrement, ce qui ne
leur aurait pas été possible dans la mesure où la
majorité des syndicats de copropriétés sont
endettés. La procédure de mise en place du projet était
aussi simplifiée, les copropriétaires n'ayant pas besoin de
s'organiser au sein de leur copropriété et de voter unanimement
le projet lors des assemblées générales.
44 Le contrat en oeuvre sur le quartier du Ponceau implique 50%
de charges fixes et 50% de charges proprotionnelles à la consommation
d'énergie.
Les limites d'une telle action :
> L'implication de la Ville de Cergy n'est pas toujours
comprise par les habitants, comme l'affirme Laurence Dubin, chef de projet :
« quelques habitants ne comprennent pas pourquoi on vient s'immiscer sur
leur parc privé, mais c'est le propre des OPAH. La mairie n'est pas chez
elle".
> Les habitants n'ont été consultés ni
par la Ville ni par les équipes en charge de la réalisation des
études pour identifier leurs attentes vis-à-vis du projet. Seuls
les comptes-rendus des ateliers menés par le CAUE 95, qui contiennent
l'aboutissement des réflexions des copropriétaires sur
l'évolution souhaitée de leur quartier, ont été
transmis à Laurence Dubin.
> Le rôle de la Ville de Cergy n'a pas conduit pas
à une réévaluation du fonctionnement des
copropriétés qui, ne sachant pas comment réaliser des
opérations de grande envergure, ont besoin de méthode.
> Les copropriétaires sont les financeurs du projet
et, à ce titre, ils sont en droit d'en décider du programme. Les
habitants du quartier sont les maîtres d'ouvrage d'un projet dont ils ne
sont pas les initiateurs. La Ville, en charge de la coordination et du pilotage
du projet, a le rôle similaire à celui d'une concession de la
maîtrise d'ouvrage, malgré l'absence de contrat entre les deux
parties. Rappelons toutefois que ce projet en est au stade de
pré-programmation et que les rôles s'équilibreront
peut-être.
4 ANALYSE GENERALE DE L'ENERGIE DANS LES PROJETS
D'AMENAGEMENTS
URBAINS
4.1 ENTRE REHABILITATION ET CONSTRUCTIONS NEUVES, DES
DIVERGENCES NOTABLES
4.1.1 Des enjeux qui dépendent de la nature du
projet
Lors de la mise en place d'un projet d'aménagement, une
hiérarchisation des objectifs est en général
réalisée par la maîtrise d'ouvrage. A priori, les objectifs
dépendent de la nature du projet.
Il est intéressant de constater que les projets de
réhabilitation du secteur résidentiel ont tendance à
favoriser les aspects sociaux, notamment dans un objectif d'améliorer le
confort thermique, à défaut des aspects environnementaux. En
effet, même s'il existe peu de réhabilitation de
copropriétés, l'exemple du projet
d'éco-réhabilitation des Grands Boulevards, à Grenoble,
corrobore ce propos en évoquant dans ses communications que « la
priorité est de réduire la consommation énergétique
des logements » (MEEDDM, 2008).
Ce constat pourrait surprendre au regard de l'importance
actuelle de la dimension environnementale du développement durable,
comme le prouve d'ailleurs la sélection de lauréats du concours
EcoQuartiers du MEEDDM de 2009 : l'immense majorité ont
été reconnus pour l'intégration de performances
environnementales dans leurs projets. On retient par exemple le site de La
Clémentière de Grandville dans la catégorie « Eau
», La ZAC des Perrières de la Chapelle-sur-Erdre dans la
catégorie « Biodiversité/nature en ville » ou la ZAC du
Séqué à Bayonne dans la catégorie «
Déchets ».
Donner la priorité au confort intérieur
s'explique pourtant facilement en considérant le contexte
économique actuel. Avec un pouvoir d'achat qui diminue, les choix de
financement se dirigent vers l'utile, c'est-à-dire le confort quotidien,
à défaut de financements relatifs à des convictions
écologiques : « la question qui nous intéresse n'est donc
pas comment améliorer cette efficacité, mais plutôt,
comment inciter les propriétaires à réaliser les travaux
et comment les aider à financer ces travaux » (MEEDDM, 2008).
D'ailleurs, Philippe Van de Maele, le directeur de l'agence ANRU,
précise aussi que « l'enjeu majeur du renouvellement urbain est
d'améliorer la vie, le cadre de vie, l'habitat »(Charlot-Valdieu,
et al., 2009).
Les projets de constructions neuves mettent davantage l'accent
sur la dimension environnementale de l'énergie (Charlot-Valdieu, 2009).
En témoigne la ZAC de Fréquel Fontarabie à Paris dont le
« projet présente une cohérence concertée entre
approche urbaine et environnementale, en particulier sur l'énergie :
orientation du bâti, panneaux solaires photovoltaïques,
géothermie...» (DGALN, 2009). L'exemple de Leidsche Rijn à
Utrech (Pays-Bas) corrobore aussi cette hypothèse car ce projet de
construction d'environ 30 000 logements considère l'énergie selon
des aspects environnementaux : limitation des énergies fossiles,
connexion à un réseau de chaleur... (Charlot-Valdieu, et al.,
2009).
La « mode » actuelle sur les énergies vertes
sert le marketing si bien qu'il est parfois difficile de distinguer si
l'intégration d'aspects environnementaux répond d'abord à
une volonté écologique ou à une logique marketing
(Alphéeis-Ecomaires, 2008). Cette logique est d'autant plus
nécessaire dans ce type de projets que l'achat des logements permet
d'équilibrer le plan de financement des promoteurs.
4.1.2 Des leviers d'action différents pour
l'insertion de systèmes techniques
Les leviers d'actions pour mettre en place des systèmes
énergétiques sont plus nombreux pour les projets de constructions
neuves que sur les projets sur l'existant.
Il existe en effet une certaine rigidité dans les
projets de réhabilitation du fait de l'existence de systèmes avec
lesquels il faut composer un projet. Considérons l'opération du
Ponceau : le quartier est contractuellement raccordé au réseau de
chaleur de la communauté d'agglomération de Cergy Pontoise (voir
section 3.2.1.2). La modification du système de production de chaleur
est donc difficilement
envisageable. Par ailleurs, souhaiter rendre ce quartier plus
autonome énergétiquement est stratégiquement et
financièrement illogique :
- le réseau de la CACP produit
essentiellement de la chaleur à partir d'énergie de
récupération, énergie perdue si elle n'est pas
utilisée, et de biomasse, source renouvelable et locale.
- La capacité du réseau permet
de fournir le quartier du Ponceau pendant très longtemps encore. Il
n'est donc pas nécessaire d'investir dans un nouveau système
énergétique (production, transport et distribution de chaleur)
qui représente un fort investissement.
- Le réseau de chaleur à
l'échelle de l'agglomération fait parti d'une logique
territoriale dont l'investissement n'a pas encore été
rentabilisé.
Un projet de réhabilitation a ainsi moins de
liberté et donc moins de leviers pour agir sur les systèmes
énergétiques (technologies, sources consommées).
Il est en revanche plus facile de mettre en place un
système environnemental dans un espace non urbanisé. Les
bâtiments neufs consomment moins d'énergie que les bâtiments
à réhabiliter. Il est donc plus facile de satisfaire les besoins
avec les énergies locales qui ont une puissance maximale de production
énergétique. En témoigne le projet de Ris-Orangis qui a pu
adapter la conception des bâtiments pour mettre en place la
géothermie (voir section 2.6.5.1). Par ailleurs, l'installation des
systèmes techniques est moins onéreuse quand elle est
conçue en amont du projet (insertion de panneaux solaires dans le toit,
planchers chauffants, etc.). Les opérations de construction sont donc
plus favorables à la mise en place de solutions répondant aux
enjeux environnementaux que les opérations de réhabilitation.
L'analyse des deux projets pilotes montre aussi la
différence entre les projets de constructions neuves et les projets de
réhabilitation dans certains éléments de gouvernance du
projet.
4.1.3 Des éléments de gouvernance
distincts
4.1.3.1 La Ville, décisionnaire discuté dans
les projets de réhabilitation
La Ville dispose d'un pouvoir sur le foncier car elle
délivre les permis de construire. Tant que cette compétence reste
communale, la Ville restera le décisionnaire politique d'un projet de
constructions neuves. Aussi, même si elle n'est pas le maître
d'ouvrage, elle peut toujours agir sur son territoire. Ses enjeux sont nombreux
: assurer la préservation du bâti de son territoire, éviter
la ségrégation sociale, les populations pauvres habitant en
général dans les quartiers les plus délabrés...
Cependant, la participation d'une ville à un projet de
réhabilitation d'un parc privé devrait être plus
limitée, car elle n'en n'est pas le maître d'ouvrage. Les
procédures de réhabilitation (voir section 1.2.2) sont toutes
à l'initiative d'une collectivité. Elles « l'autorisent
» à mettre en place les premières études pour obtenir
un diagnostic et des prescriptions énergétiques sans même
avoir à consulter le citoyen. Dès lors, l'entité qui est
la maîtrise d'ouvrage devient ambiguë car le décisionnaire
(la Ville) n'est pas le financeur (le propriétaire). Pour être
plus exact, la Ville est décisionnaire et financeur de la phase
d'étude. L'ambigüité correspond donc aux autres phases du
projet.
En témoigne le projet de la réhabilitation du
Ponceau. La Ville de Cergy a initié et financé la phase
d'études sans concertation (voir section 3.3.3.1). Ce projet laisse
penser que les procédures qui cadrent les projets de
réhabilitation tendent à inhiber l'intégration des
propriétaires (voir paragraphe 3.3.4). Le projet du Ponceau fait
écho aux propos d'Hélène Bernard, architecte, qui
précise que les « élus sont assez réticents à
partager la décision avec la société civile »
(Bernard, 2009), ce qui constitue un frein dans la réalisation de tels
projets dont le processus devrait être interrogé.
4.1.3.2 L'instance citoyenne a priori plus facile à
identifier dans les projets de réhabilitation
Identifier l'instance citoyenne qui peut participer à
un projet d'aménagement de constructions neuves est difficile. La
communication à l'échelle de la Ville intéresse
généralement peu (Alphéeis-Ecomaires, 2008) et
l'identification des futurs habitants est délicate. Dans le cas de
logements sociaux, il est possible d'avoir accès à la liste des
familles en attente. L'obtention de la liste des acquéreurs
auprès des promoteurs permet aussi d'identifier des futurs habitants et
les associer au projet mais bien souvent trop tard (quand la phase
de commercialisation est commencée, le permis de
construire a déjà été accepté). On le voit
notamment dans le projet de la ZAC de l'Eco-quartier du Val de Ris. La
commercialisation a commencé, les futurs acquéreurs ne peuvent
donc plus participer aux ateliers spécifiques à leur
bâtiment, mais ils peuvent participer à ceux des autres
îlots, le cas échéant.
Il paraît donc plus facile d'identifier les habitants
cibles de l'action de communication, d'information voire de participation
communication/concertation dans un projet de réhabilitation. Cette
situation devrait conduire à de meilleures interactions entre une Ville
est les habitants. Cependant, le projet du Ponceau montre que l'identification
d'un groupe représentatif de l'ensemble des habitants et volontaire pour
participer à l'élaboration du projet est difficile (voir section
3.3.2.2). Il existe aussi un paradoxe entre les intermédiaires officiels
- les syndics - qui trouvent rarement un intérêt à
coordonner un tel projet et qui ne s'entendent pas toujours avec les
copropriétaires, et des habitants souhaitant s'investir dans le projet
mais dont la légitimité n'est pas avérée. On touche
ici une difficulté majeure de la mise en place d'un dialogue entre
propriétaires et collectivités.
Par ailleurs, plus une personne est concernée par un
projet local, plus elle voudra défendre son intérêt
individuel au dépend de l'intérêt général du
projet. Une difficulté supplémentaire pour les habitants d'un
projet faisant l'objet d'une réhabilitation consiste donc à les
amener à avoir une réflexion globale (Kamoun, 2006).
4.1.3.3 La difficulté particulière des
copropriétés pour porter un projet
Les difficultés qu'ont les copropriétés
à porter un projet énergétique s'expliquent notamment de
par le désintéressement des habitants face aux projets urbains,
la difficulté de prendre des décisions dans les
copropriétés et le manque de structure représentative pour
porter un projet citoyen d'ampleur.
* Une mobilisation difficile
La mobilisation des habitants pour un projet dont ils seront
les financeurs est essentielle, mais très difficile à obtenir.
Une des difficultés que rencontre notamment les politiques est d'arriver
à intéresser et à mobiliser la population - et non
uniquement les opposants à la majorité municipale - sur la mise
en place des projets urbains. Cette préoccupation est d'autant plus
légitime quand c'est une réhabilitation qui est en jeu. Parmi le
peu d'habitants intéressés par un tel projet, tous n'ont pas
l'envie ni le temps pour s'y consacrer. Hamou Bouakkaz45
précise d'ailleurs que nous ne sommes pas tous égaux devant la
participation en mentionnant les problèmes de disponibilités,
d'handicaps ou de milieu social (Bouakkaz, 2010).
* Un besoin de sensibilisation et de formation
Certains copropriétaires rencontrés
considèrent qu'ils n'ont pas les compétences adéquates
pour juger le travail de professionnels, alors qu'il est davantage question de
discuter autour du projet et de comprendre les propositions, les objectifs, les
orientations émanant des professionnels et de porter une
réflexion sur les enjeux et sur l'usage du quartier (EPPUR, 2005). Pour
comprendre les enjeux d'un projet d'aménagement et participer à
son évolution, la majorité des habitants a besoin d'être
accompagnée, sensibilisée et formée aux
problématiques générales de l'aménagement
durable.
Ils ont aussi besoin d'acquérir des connaissances dans
le domaine de la maîtrise d'ouvrage afin de pouvoir comprendre le
discours de professionnels de l'aménagement avec qui ils interagissent.
Le modèle du Ponceau qui consiste à entourer les habitants de
professionnels, organiser des ateliers de sensibilisation et de formation (voir
section 3.3.2) est une démarche nécessaire pour prendre en compte
la maîtrise d'usage du projet et favoriser l'appropriation du projet par
les habitants. Ce travail peut être prolongé avec une association
locale qui, étant un relais de proximité avec les habitants,
permet de les toucher davantage.
* Un besoin de soutien dans la démarche à suivre
Se pose aussi la question de la mise en oeuvre d'un projet de
réhabilitation par des copropriétaires, seuls dans cette
démarche. Les syndics, aujourd'hui, ne gèrent pas de projets de
cette ampleur, ce n'est pas leur
45 Adjoint au maire de Paris, en charge de la démocratie
locale et de la vie associative.
métier (Zetlaoui-Léger, 2010). Les habitants
manquent de méthode (choix de l'équipe de maîtrise
d'oeuvre, pilotage de projet, établissement d'un montage financier,
etc.), d'organisation et de financement pour initier, dans un premier temps,
les études préalables à l'opération. Par ailleurs,
Christian Faliu, architecte dans le CAUE qui accompagne les habitants du
Ponceau, ajoute qu'une difficulté supplémentaire réside
dans l'acceptation du statut de responsable décisionnaire (Faliu, 2010).
L'assistance à la maîtrise d'usage est probablement une solution
qui pourrait aider à résoudre ces problèmes. Une
étude plus approfondie de projets ou elle est mise en place et ses
différentes méthodes (intermédiaire entre l'instance
décisionnaire et citoyenne, participation du citoyen aux comités
de pilotage, etc.) pour apporter un jugement plus précis quant à
cette solution. Par ailleurs, l'AMU est un concept qui peut aussi être
appliqué à des projets de constructions neuves.
Les différences entre les projets de
réhabilitation et les projets de construction ont été
soulignées dans cette partie. Il existe aussi de grandes ressemblances
entre ces projets pour élaborer une stratégie
énergétique, notamment au niveau de la gouvernance du projet.
4.2 LES IMPACTS DE LA MISE EN PLACE D'UNE STRATEGIE
ENERGETIQUE SUR LA GOUVERNANCE
La gouvernance d'un projet d'aménagement rassemble de
nombreux acteurs de cultures professionnelles variées. Leurs formations,
leurs enjeux ou leur durée de mission sont autant de facteurs qui les
distinguent et qu'il faut manager pour conserver une dynamique de projet tout
au long de son élaboration.
4.2.1 Les Villes et les aménageurs, la clé
du projet
Les Villes et les aménageurs sont au centre du projet
d'aménagement et de la mise en place de la stratégie
énergétique. L'intégration d'objectifs
énergétiques ambitieux est en général plus
onéreuse que les projets classiques (voir paragraphe 1.5.5.1). Elle
requiert donc une forte volonté politique pour être mis en oeuvre,
ce qui confirme le fait que les élus sont les décisionnaires d'un
projet (voir section 1.3.1). Ce constat corrobore aussi les propos de
l'étude réalisée en 2008 avec le PUCA. Elle fait notamment
référence à Jérôme Coumet, premier adjoint au
maire du 8e arrondissement de Paris, qui a dit que « le pouvoir
réglementaire à lui seul n'assure pas une bonne prise en compte
de l'environnement lors de la mise en place d'un écoquartier, seul le
pouvoir de conviction d'un maire, d'un élu le permet »
(Alphéeis-Ecomaires, 2008).
L'aménageur est l'acteur qui, suite à la
commande de la Ville, est le centre de la stratégie
énergétique qu'il coordonne. Dans le cas d'un projet en
régie, c'est la collectivité qui est au coeur de la
stratégie énergétique. L'aménageur est en relation
avec les bureaux d'études, les collectivités et les
délégataires. Pour réaliser cette mission, il s'entoure
d'experts techniques qui le conseillent et l'aident à monter les
méthodes et les outils de management énergétiques (voir
paragraphe 2.3.7).
Collectivité
Compétente dans la distribution
d'énergie
Aménageur
Diagnostique et propose
Conseille
MOE
AMO
Valide les décisions
Concède le réseau (travaux,
gestion)
Délégataire réseau
Figure 44 - l'aménageur au centre de la stratégie
énergétique
4.2.2 La stratégie énergétique
conduit à l'intégration de nouveaux acteurs de projet
La mise en place d'une stratégie
énergétique permet d'intégrer de nouveaux acteurs dans le
processus de projet, comme l'AMO, les conseillers énergétiques ou
des opérateurs énergétiques. Ils influencent le projet
tant dans ses caractéristiques techniques que stratégiques. En
témoigne la ZAC de l'Eco-quartier du Val de Ris qui a mis en place des
méthodes d'accompagnement de la maîtrise d'ouvrage dans la gestion
du projet énergétique (voir paragraphe 2.3.5).
L'aspect énergétique ouvre aussi le champ
à des partenaires financiers qui n'auraient pas manifesté leur
intérêt pour une opération classique. C'est le cas
évident de l'ADEME, qui subventionne les projets dont les objectifs de
consommation énergétiques sont ambitieux, mais aussi de certaines
collectivités (voir paragraphe 1.5.6.3).
4.2.3 Un temps de projet plus long
4.2.3.1 Plus d'interactions
La mise en place d'une stratégie
énergétique nécessite davantage d'échanges avec les
bureaux d'études thermiques pour mettre en place une solution
adaptée aux besoins du projet. Les études peuvent alors faire
l'objet d'une double lecture : celle de l'AMO, de la maîtrise d'ouvrage
voire même d'un autre conseiller (voir l'exemple des Docks de Ris,
paragraphe 2.3.2). Les éléments apportés par ces experts
vont nourrir la réflexion de la maîtrise d'ouvrage et vont aussi
permettre de mieux orienter les études suivantes, le cas
échéant. Le temps des études et des négociations
est donc allongé par rapport à des projets dits classiques.
De même, afin de garantir une gestion optimisée
et la maîtrise des coûts à long terme, le temps de
négociation avec les délégataires du réseau de
production de chaleur peut être long. Dans la même dynamique,
l'intégration des habitants dans une démarche participative
nécessite du temps. Christian Faliu, architecte au CAUE 95 qui travaille
avec les habitants du Ponceau estime que les copropriétaires ont besoin
d'environ 3-4 ans pour se préparer à porter la maîtrise
d'ouvrage du projet.
L'intégration de nouveaux acteurs nécessite donc
l'allongement du temps de projet, les échanges se multipliant. La mise
en place d'une stratégie énergétique implique aussi de
consacrer du temps à l'élaboration et à la mise en oeuvre
de nouveaux documents de management.
4.2.3.2 Davantage d'outils à mettre en place
Adopter une stratégie énergétique
requiert aussi la mise en place de méthodes pour déterminer les
technologies les plus adaptées au projet. La maîtrise d'ouvrage
fait en général faire appel à des experts
énergétiques qui peuvent élaborer une stratégie et
orienté les objectifs vers des solutions réalisables.
Cette stratégie inclut notamment l'élaboration
de nouveaux outils et méthodes de management. Certains outils,
obligatoires, peuvent être approfondis pour mieux appréhender la
dimension énergétique. En témoigne le Cahier de
prescriptions environnementales développé pour la ZAC de
l'Ecoquartier du Val de Ris. D'autres outils, comme le plan d'actions, sont
facultatifs mais facilitent l'encadrement de la démarche
énergétique.
Par ailleurs l'insertion du projet dans un cadre
spécifique tel que l'OPATB, conduit à l'élaboration de
cahiers des charges que la maîtrise d'ouvrage ne sait pas toujours mettre
en place. Pour les aider, en plus de s'entourer de professionnels, il existe
parfois des documents supports téléchargeables sur Internet.
Tous les éléments d'une stratégie
énergétique ne peuvent pas être programmés en amont.
Certains ne peuvent être envisagés que plus tard, à la
suite du rendu des études pré-opérationnelles par exemple.
En témoigne la mise en place de la concession du réseau
énergétique de l'Eco-quartier du Val de Ris. La Communauté
d'agglomération d'Evry Centre Essonne ne souhaitant pas en avoir la
gestion, l'aménageur a du élaborer une concession de travaux qui,
devant le caractère unique de ce système, a retardé le
projet de six mois.
La mise en place d'une stratégie
énergétique nécessite donc un temps de projet plus long.
Les prestations supplémentaires réalisées par les
partenaires, les solutions techniques « durables » ont un coût
« en honoraire, en travaux » (Bobroff, 2004). Afin de garantir la
viabilité d'un projet, un plan de financement est nécessaire. Son
équilibre est souvent difficile à établir, surtout dans le
cadre de la réhabilitation d'un parc privé. La prise en compte de
l'énergie dans un projet d'aménagement nécessite des
ressources financières supplémentaires.
4.2.4 L'établissement délicat du montage
financier
4.2.4.1 Une étude difficile du montage
financier
Une analyse complète du montage financier implique
l'étude de la question de la rentabilité économique et de
la question du financement de l'investissement.
Pour le projet de la ZAC de l'éco-quartier du Val de
Ris, ces deux étapes auraient pu être effectuées pour le
système de production et de distribution de chaleur. Le financement de
l'investissement est très simple du fait de la concession du
réseau. La rentabilité économique aurait été
étudiée principalement à partir d'hypothèses car
les caractéristiques précises des installations et le prix de
vente de la chaleur et du froid ne sont pas encore connues (elles sont en cours
de négociation avec Cofely et Dalkia, les deux candidats à la
concession du réseau). Il aurait été, par ailleurs, plus
délicat d'analyser le financement des performances des bâtiments
(quel coût pour quelles performances) car tous les secteurs du projet ne
sont pas encore programmés et parce que je n'ai pas eu accès
à toutes les données techniques (un stage au sein du bureau
d'étude aurait été nécessaire).
Quant au projet de la ZAC de la réhabilitation du
Ponceau, la programmation n'est pas encore effectuée. Il aurait fallu
avoir accès aux résultats de l'étude
pré-opérationnelle de l'OPATB (initialement attendue pour fin
juin 2010) pour avoir les prescriptions (qui ne constituent absolument pas un
programme) et une évaluation de leur coût. Il est donc trop
tôt pour réaliser une étude financière
précise de ce projet.
Aussi, cette section ne contient que des réflexions
générales sur le montage financier des projets
d'aménagement à dominance résidentielle. On peut en effet
supposer qu'un aménagement avec une forte dimension commerciale, par
exemple, aurait un montage financier différent. En témoigne par
exemple le projet d'aménagement des Halles de Paris (1er
arrondissement) où le fort lobbying a conduit à des tensions
entre les instances citoyennes et décisionnaires.
4.2.4.2 L'ingénierie économique, vers une
nouvelle culture de projet
L'ingénierie financière est un métier qui
se développe en même temps que l'aménagement urbain se
complexifie. Pour s'assurer de la viabilité d'un projet
d'aménagement, faire appel à un bureau d'étude
économique est parfois nécessaire. C'est la démarche mise
en oeuvre dans un projet de « Villa urbaine durable», à Ivry
(Bobroff, 2004), ou au Ponceau (voir section 3.3.3.4 ). Ce dernier projet n'a
pas été concluant du fait du manque de communication entre les
acteurs du projet. Chacun des professionnels est resté sur son domaine
d'expertise conduisant MDTS, bureau d'études économiques,
à s'interroger sur son rôle. La mise en place d'une telle
stratégie nécessite de nouvelles habitudes de travail, une
nouvelle culture dans la façon d'élaborer les projets.
4.2.4.3 L'adaptation parfois difficile aux changements
réglementaires
* Anticiper les changements réglementaires pour en limiter
les conséquences
Un des rôles du maître d'ouvrage est
l'anticipation de la mise en oeuvre des nouvelles réglementations. Un
changement réglementaire, s'il n'est pas anticipé, peut conduire
à la révision de l'ensemble du système
énergétique : les performances techniques des bâtiments
(isolation...), leur forme, voire le système de production
d'énergie. Plus le projet est avancé, plus il est difficile de
faire face à des évolutions d'objectifs parfois très
couteuses.
* De nouvelles réglementations, mais pas toujours d'outils
pour les appliquer
Confirmé par le Grenelle de l'environnement,
l'engagement de la France pour réduire les émissions de gaz
à effet de serre a conduit à l'évolution des
réglementations thermiques (voir section 1.5.3). Elles imposent des
réductions de consommations énergétiques de plus en plus
ambitieuses. Pour la construction neuve comme pour la réhabilitation,
l'application des objectifs réglementaires est de plus en plus
onéreuse rendant difficile le montage financier. La question de la
faisabilité des objectifs nationaux et internationaux dans le cadre du
développement durable est donc remise en question, d'autant plus que le
contexte économique actuel n'incite pas à réaliser des
dépenses supplémentaires.
L'exemple du Ponceau illustre parfaitement ce point.
L'objectif de consommation du label BBC réhabilitation est celui
évoqué pour la future réglementation thermique
française, la RT2012. Cependant, l'établissement du plan de
financement de l'opération montre que les habitants du quartier n'ont
pas les moyens de réaliser une telle opération malgré les
aides proposées par l'Etat.
4.2.4.4 Les réhabilitations, le système de
subvention en question
On peut s'interroger sur l'intégration de l'ADEME pour
faciliter le montage financier. Certes, elle apporte des aides
financières, mais en contrepartie elle exige un niveau de performance
supérieur et donc plus onéreux. Est-ce donc plus facile de mettre
en place le montage financier dans ce cas ? Il faudrait réaliser une
étude économique pour apporter des éléments de
réponse à cette question. On peut cependant avancer que l'ADEME
agit comme un catalyseur d'opérations « durables ». Sans cette
agence, on peut douter que le surinvestissement lié à
l'intégration du développement durable du projet puisse
être financé. Le fait même qu'il y ait des subventions
potentielles conduit probablement une maîtrise d'ouvrage à se
questionner sur la prestation. Ainsi, ce n'est pas le particulier, mais bien
l'Etat (dont dépend l'ADEME) qui finance l'aspect durable des projets
des particuliers.
Pour aller plus loin, on peut aussi interroger le rôle
de l'ANAH qui intervient dans le cadre de la réhabilitation des
logements de particuliers. Les acteurs du projet du Ponceau rencontrés
sont unanimes, sans l'ANAH, il n'est pas possible de financer le projet.
Comment alors intégrer les propriétaires de façon à
ce qu'ils puissent tous bénéficier de subventions pour rendre la
réhabilitation possible ? Pensons notamment aux foyers de primo
accédants, non éligibles aux aides de l'ANAH mais qui n'ont plus
de capacité d'emprunt.
Par ailleurs, devant l'incapacité de cette agence de
répondre aux besoins des collectivités, on peut s'interroger sur
le système économique des projets de réhabilitation qui
fonctionne essentiellement sur des subventions. Quelles sont donc les solutions
pour que la réhabilitation du parc privé soit viable ? Une des
pistes possibles pour les copropriétés est la révision du
système de gestion des syndics afin qu'ils puissent gérer des
fonds de réserve pour le financement de projets de grande ampleur
(UNARC, 2010), le cas échéant. De manière
générale, c'est donc la vision du propriétaire qui doit
peut-être évoluer afin qu'il puisse anticiper ces gros travaux...
encore faut-il qu'il ait les moyens financiers de le faire. En somme, ce qui
est interrogé, c'est la viabilité et la durabilité du
système de réhabilitation du parc privé en France. Est
aussi en question la réalisation des objectifs réglementaires.
La mise en place d'une stratégie
énergétique conduit régulièrement à la mise
en oeuvre des solutions qui dépassent les minima exigés par les
réglementations en vigueur. Les maîtres d'oeuvre réalisent
des études thermiques avec les progiciels de simulation de consommations
énergétiques réglementaires. Il est légitime de
s'interroger sur les conséquences d'une stratégie
énergétique sur les solutions techniques mises en oeuvre.
4.3 LES SOLUTIONS TECHNIQUES MISES EN OEUVRE AU REGARD
DE LA STRATEGIE ENERGETIQUE
L'étude des deux projets d'aménagement a permis
d'identifier certains aspects remarquables, mais au regard du faible
échantillon analysé, il est difficile de
généraliser et donc de conclure quant à l'impact de la
mise en place d'une stratégie énergétique sur les
solutions technique. Par ailleurs, cette étude aurait
nécessité d'avoir accès à plus de données
techniques et d'étudier plus de projets en phase de réalisation
pour comprendre tout le processus de projet. Ci-dessous sont toutefois
présentés certains éléments qui méritent une
certaine attention.
4.3.1 Des solutions adaptées au contexte local
La mise en place d'une stratégie
énergétique peut conduire à l'adaptation des solutions
techniques quant à son contexte local (sources disponibles,
réseaux voisins, etc.) et aux objectifs du projet. Les sources
énergétiques locales et les solutions d'origines renouvelables
peuvent ainsi être étudiées et mises en corrélation
avec les objectifs du projet et les capacités financières de la
maîtrise d'ouvrage. Aussi, la stratégie énergétique
s'oppose à l'aménagement « vert » tel que le
définit Catherine Charlot-Valdieu car il nécessite une
réelle « démarche de conception urbaine »
(Charlot-Valdieu, 2009).
Les technologies «durables» sont cependant plus
chères que les technologies classiques. Quelle est donc la limite des
objectifs environnementaux vis-à-vis des considérations
économiques ? Concrètement, un projet qui dispose de sources
locales dont la mise en oeuvre est plus onéreuse qu'une solution dite
classique fera probablement l'objet de débats au sein de la
maîtrise d'ouvrage. C'est notamment le cas du projet La GalvaPontigou de
Quimper qui a renoncé à la géothermie au profit du gaz
(Bobroff, 2004).
4.3.2 Une commande d'étude
énergétique parfois biaisée
La façon dont la maîtrise d'ouvrage commande une
étude peut totalement orienter le projet vers un aspect, une
technologie. Cela pose notamment la question du lobbying de certains acteurs du
projet et des motivations initiales pour le choix des études
énergétiques à mettre en oeuvre.
En témoigne les études
énergétiques réalisées dans le cadre de
l'Eco-quartier du Val de Ris. La commande était orientée vers la
géothermie, source renouvelable dont la technologie utilise de
l'électricité pour le fonctionnement des PAC. Le lobbying d'EDF a
été confirmé par l'aménageur du site. Les pouvoirs
politiques peuvent aussi diriger les études vers une technologie qu'ils
affectent particulièrement (voir paragraphe 2.3.3.1).
Après avoir passé commande, les
modélisations énergétiques peuvent être
réalisées. Le choix des méthodes et des hypothèses
de modélisation n'est pas anodin dans le résultat final de la
simulation.
4.3.3 Une forme de bâtiments induite par la
stratégie énergétique
L'exemple de l'Eco-quartier du Val de Ris l'a prouvé,
avoir des objectifs énergétiques ambitieux peut avoir une
conséquence sur la forme des bâtiments (voir section 2.4.2 ).
Ainsi Terralia, dont un des bâtiments avait une forme trop
déperditive a été contraint d'installer des panneaux
solaires pour remplir les conditions du label BBC.
De même, le quartier de Kronsberg à Hanovre
(Allemagne) est composé de bâtiments dont les formes sont
très similaires et compactes « pour atteindre les objectifs de
consommation d'énergie » (Charlot-Valdieu, et al., 2009).
Il faut donc être prudent quant à l'application
du concept du développement durable qui, pour atteindre des performances
énergétiques, conduit à une monotonie de la construction.
Jean-Michel Payet et Fabrice Santore, architectes, précisent d'ailleurs
que le bâtiment le plus adapté au BBC est le blockhaus (cube,
fenêtres minimales...) mais que personne ne souhaite y vivre car l'aspect
psychique, c'est-à-dire la capacité à s'appropriation un
lieu et à s'y sentir bien est totalement exclu de ces constructions.
Aussi, la capacité de labelliser un quartier permet de diversifier
l'architecture des bâtiments car un bâti qui consomme peu pourra
équilibrer les consommations globales du quartier.
4.3.4 Les limites des modélisations
énergétiques
4.3.4.1 Méthodes de modélisation
Le choix entre les nombreuses méthodes de
modélisation énergétique est déterminant pour
l'évaluation des consommations et donc pour l'élaboration du
système énergétique. Les modélisations thermiques
à l'échelle du quartier souffrent de simplifications (formules
physiques, paramètres ignorés, formes de bâtiments
simplifiées, etc.) dont l'erreur est difficile à
évaluer.
Pour un quartier neuf, les modélisations
numériques sont en parfois réalisées à partir
d'éléments de programmation qui ne sont pas toujours
achevés. Ces modélisations ne peuvent donc pas être
précises. Par exemple, les premières études de la ZAC de
l'Eco-quartier du Val de Ris ont été réalisées en
2007 alors que certains permis de construire ne sont toujours pas
déposés.
Pour un projet de réhabilitation, l'utilisation de
factures énergétiques pour déterminer les consommations
permet d'avoir des résultats proches de la réalité.
Cependant, pour déterminer les travaux à réaliser, la
modélisation redevient nécessaire (voir section 3.4.2 ). On peut
alors modéliser un bâtiment représentatif du quartier et
dont les résultats sont extrapolés au quartier alors que la
typologie ne correspond pas toujours (voir section 3.4.2). Le travail sur le
tissu existant est difficile de par le manque d'information quant aux
matériaux composant les parois : les documents d'architectes peuvent
être perdus et des travaux peuvent avoir été
effectués par des habitants.
4.3.4.2 Hypothèses de modélisation
Toute modélisation énergétique
nécessite de nombreuses hypothèses sur lesquelles se basent les
évaluations de consommation et de déperditions
énergétiques. Ces hypothèses sont soit des données
techniques (rendement, COP, etc.) qui sont choisies arbitrairement par des
bureaux d'études, soit des valeurs hypothétiques (coût des
énergies, etc.) qui dépendent du marché et dont
l'évolution future est difficile à prévoir. Par ailleurs,
le choix des sources de documentations sur lesquelles se basent les
modélisations doivent être soigneusement choisies d'après
certains critères : le type de document (relevés de consommations
manuels ou électroniques), son échelle d'application (quartier,
sous-station, unité de logement, logement) et la période pendant
laquelle les mesures sont relevées.
Aussi faut-il être très prudent vis-à-vis
des données utilisées. En les manipulant, il est ainsi facile de
promouvoir une technologie au détriment d'une autre, de maximiser
l'estimation de consommations énergétiques et donc d'orienter la
stratégie énergétique.
En témoigne les choix d'hypothèses
réalisés par IOSIS qui ont conduit à favoriser la solution
de la géothermie sur nappe à défaut de la solution gaz
(voir section 2.6.3). On peut d'autant plus s'interroger sur les
résultats de cette étude que le projet « Villa urbaine
durable » de Quimper à abandonner le projet de géothermie
sur nappe car le coût d'investissement des PAC était trop
élevé et les tarifs de rachat d'EDF non concurrentiels (Bobroff,
2004).
4.3.4.3 Prise en compte du comportement des habitants
Les habitants, de par leur comportement (ouverture des
fenêtres en hiver, télévision constamment allumée,
etc.), ont une influence sur la consommation en énergie dans leur
logement. Cette caractéristique à dimension sociale n'est pas
toujours intégrée dans les logiciels de modélisation. Une
sous-estimation de la surconsommation due aux comportements des usagers peut
générer une sous-dimensionnement du système
énergétique.
En plus de se méfier de la méthode
utilisée pour réaliser les études
énergétiques (protocole, hypothèses etc.), il faut
distinguer les solutions techniques qui entrent dans une véritable
volonté de la gestion de l'énergie, des solutions techniques qui
relèvent davantage du « green-washing ». Approfondissons cet
aspect avec l'exemple des panneaux photovoltaïques. Cette section n'a pas
l'objectif de faire un état des lieux de toutes les fausses bonnes
solutions, mais davantage d'ouvrir la réflexion sur les solutions
techniques potentielles, le marketing et les besoins réels en
énergie.
4.3.5 De fausses bonnes solutions, quand la technique sert
le marketing. L'exemple des panneaux photovoltaïques
Les communications relatives aux aménagements de
quartier mentionnent presque systématiquement l'insertion de panneaux
photovoltaïques. Cette technologie rentre rarement dans une
stratégie de gestion de l'énergie mais davantage dans une
dynamique de marketing.
4.3.5.1 Un besoin réel?
Il est dit que l'intégration de cellules
photovoltaïques dans les projets d'aménagement permet la diminution
de la consommation d'énergie fossile des habitants. Cette idée
est discutable car généralement l'électricité,
vecteur qui se stocke mal, est directement injectée dans le
réseau de distribution. Cette source d'énergie n'entre donc pas
dans la stratégie locale de réduction de consommation
d'énergie fossile, mais dans une échelle plus large
(régionale, nationale). On peut d'autant plus s'interroger que les
cellules photovoltaïques ne produisent pas d'électricité
pendant la nuit alors que les pics de consommation énergétique
sont essentiellement en hiver, quand les journées sont courtes et que le
besoin en éclairage et en chauffage est le plus grand.
4.3.5.2 Des panneaux photovoltaïques pour une
labellisation
Nombreux sont les labels qui prennent en compte la
consommation globale, c'est-à-dire la consommation réelle
diminuée de la production énergétique locale, lorsqu'ils
considèrent la consommation énergétique d'un
bâtiment. La question de la performance réelle des bâtiments
est alors en question.
Un bâtiment labellisé BBC en région
parisienne peut consommer plus que le maximum autorisé par le label s'il
est doté de panneaux solaires dont la production
énergétique égale le différentiel de la
consommation réelle et celle du label. De plus, dans le cadre d'une
labellisation à une échelle plus grande, ce n'est pas la
performance individuelle de chaque bâtiment qui est prise en compte, mais
une moyenne de l'ensemble des consommations.
4.3.5.3 Des panneaux photovoltaïques pour un
investissement financier
Avec le dispositif de rachat de l'électricité
par EDF à des prix très attractifs, beaucoup de particuliers et
d'entreprises investissent dans un dispositif photovoltaïque, non pas pour
son aspect écologique, mais pour son caractère
économique.
4.4 CRITIQUES QUANT A LA METHODOLOGIE UTILISEE
L'objectif de cette étude était la
détermination des bouleversements consécutifs à la mise
place d'une stratégie énergétique et leurs
conséquences dans l'organisation des acteurs, dans les systèmes
mis en place et dans le processus de projets d'aménagement à
dominante résidentielle à l'échelle d'un quartier.
Si l'on a fait émerger des pistes intéressantes
quant aux modifications de la gouvernance de projet, et principalement des
interactions entre les acteurs, l'analyse des conséquences de la mise en
place d'une stratégie énergétique sur le système
énergétique mis en oeuvre mérite d'être approfondie,
tant dans sa dimension économique que technique.
L'étude de la ZAC de l'Eco-quartier du Val de Ris et du
projet de réhabilitation du Ponceau a permis de relever de nombreux
aspects semblables et opposés entre les deux projets. Certaines de ces
différences sont imputables à la différence de nature des
projets (construction neuve et réhabilitation). D'autres
mériteraient davantage d'études pour en comprendre les causes. En
effet, certains aspects peuvent être spécifiques à un
projet et non à une catégorie. Par ailleurs, les projets ne
consistent pas tous à uniquement de la construction ou de la
réhabilitation. Un mixte est souvent constaté (ce qui est
d'ailleurs le cas de la ZAC de l'Eco-quartier du Val de Ris car s'il s'agit
avant tout d'un projet de construction, l'opération intègre
également des réhabilitations de friches urbaines).
Aussi, pour affiner cette analyse, il serait pertinent
d'élargir l'échantillon des opérations
étudiées avec notamment des projets pour lesquels
l'énergie est un aspect comme un autre, un projet de construction en
régie, un projet de réhabilitation plus avancée et un
projet de réhabilitation d'un parc public.
Par ailleurs, il serait intéressant d'élargir
les propos avec des opérations qui sortent du cadre résidentiel.
On peut en effet supposer que l'aménagement d'une zone commerciale ou
d'activités engendre un changement dans le mode de gouvernance.
Ces deux études de cas ne représentent donc pas
un échantillon représentatif. En conséquence, il n'est pas
possible de ne présenter que des conclusions
généralisables à l'ensemble des projets
d'aménagement. Cette étude ouvre donc davantage des pistes de
réflexion et soulève d'ailleurs plus de questions qu'elle
n'apporte de réponse.
BIBLIOGRAPHIE
ADEME. 2008. Construire autrement.
Alphéeis-Ecomaires. 2008. Eco-quartiers et
efficacité énergétique - Etat de l'art, analyse et
perspectives.
AMORCE. 2008. Enquête 2008 sur les prix de la
chaleur et étude comparative des modes de chauffage,
AMORCE. 2007. Le prix de vente de la chaleur en
2006.
AMORCE. 2002. Les collectivités
locales délégantes du service public de chaleur.
APUR. 2007. Consommations d'énergie et
émissions de gaz à effet de serre liées au chauffage des
résidences principales parisiennes.
Association HQE. 2010. La démarche
HQEAménagement.
Bekkouche et al., 2009. Influence de l'action de
l'isolation thermique intérieure et extérieure d'un
bâtiment en pierre situé à Ghardaïa.
Bobroff, Jacotte. 2004. Jeux d'acteurs et montage
d'opérations mixtes en logement social et accession. PUCA .
Bousquet, Luc. 2007. Quartiers durables, vous avez dit
quartiers durables? PUCA.
Boutaud, Benoît. 2009. Quartier durable ou
écoquartier? Cybergéo.
Caisse des Dépôts et des Consignations. 2010.
Utiliser le « Tiers Investissement » pour la
rénovation thermique du patrimoine français -
Résumé pour les décideurs.
CCE. 2006. Plan d'action pour l'efficacité
énergétique: réaliser le potentiel.
CEDIP. Evaluation ex-ante. Compétences et
formations, le site du Cedip.
CERTU. 2008. Opération de rénovation
urbaine. CETE de l'Ouest. 2010. Fiches pédagogiques.
C. Charlot-Valdieu, et P. Outrequin. 2010. Ecoquartier
mode d'emploi. Eyrolle.
C. Charlot-Valdieu, et P. Outrequin. 2009. L'urbanisme
durable: concevoir un écoquartier. Le Moniteur, p. 295.
Charlot-Valdieu, Catherine. 2009. Les villes abusent de
l'appellation d'éco-quartier. Le Monde. 21 Mars 2009,
p. 4.
COTA HHC. 2006. Fiche "Gestion du Cycle de projet". Etude
GPC 2003-2006.
CRPVE. 2009. Participation des habitants -
rénovation urbaine en Essonne.
De Broglie, Louis. 1960. Sur les sentiers de la
Science.
DGALN. 2009. Secteur Fréquel Fontarabie.
Palmarès sobriété
énergétique.
Dimeglio, Pierre. 2005. Proposition de charte de programmation
concerté et participative. Revue urbanise. mai-juin
2005, pp. 73-77.
DPED. 2010. Fonds chaleur renouvelable -
Méthode de calcul du niveau d'aide 2010.
DRE Poitou-Charentes. 2007. Outils
d'aménagement.
Dziedzicki, J.M. 2001. Gestion des conflits
d'aménagement de l'espace : quelle place pour les processus de
médiation.
Laidet, Sylvie. 2009. Ecoquartiers, effet de mode ou mode
de vie?
Energie-Cités. 2004. Contrats de performance,
guide pour les municipalités.
EPPUR. 2005. Proposition de charte de programmation
concertée et participative. Urbanisme. 2005,
n°342.
Follain, Thierry. 2009. Eco-quartiers : vitrine municipales ou
réels précurseurs d'un urbanisme durable? Le Moniteur.
10 Avril 2009.
Grundstein, Michel. 2002. De la capitalisation des
connaissances au renforcement des compétences dans
l'entreprise.
Indecosa. 2008. le prix du gaz naturel sur la
période 2004 - 2008.
Kamoun, Patrick. 2006. Quels moyens pour la participation des
habitants? . Economie & Humanisme. N° 376.
MEEDDM. 2008. L'OPATB "Grands Boulevards".
Bouakkaz, Hamou. 2010. La démocratie locale
à Paris, nouvelle étape, nouveaux outils.
Démarches participatives dans les projets urbains.
Bernard, Hélène. 2008. La participation :
d'une démarche thématique à une démarche
stratégique ; Les Cahiers de l'IAU.
Faliu, Christian. 2010La participation entre
copropriétés (aires) dans un quartier habité : limites,
contraintes et perspectives, Démarches participatives dans les
projets urbains.
Saillet, Hervé. 2010.L'assistance la
maîtrise d'ouvrage « Concertation ». Démarches
participatives dans les projets urbains.
Lefèbvre, Pierre et Sabard, Michel. 2009. Les
Ecoquartiers. Rennes : Apogée.
Leloup, Fabienne. 2005. La gouvernance territoriale comme nouveau
mode de coordination territoriale? Géographiqe, économie,
société. 2005, pp. 321-331.
Zetlaoui-Léger, Jodelle. 2010. Les
démarches participatives, notion, réglementation.
Démarches participatives dans les projets urbains.
Madec, Philippe. 2010. Le développement durable
équitable sera réalisé à l'échelon
régional. Revue Urbanisme. Février 2010.
MEEDDM. 2009. Chiffres clés de l'Energie, version
2009. 2009.
MEEDDM. 2009. La maîtrise du foncier. Pollution des
sols & aménagement urbain.
MEEDDM. 2009. Observation et statistique - La
consommation d'énergie par secteur.
MEEDDM. 2010. Réglementation thermique "Grenelle
de l'Environnement 2012".
Montesquieu. 1748. de l'esprit des lois.
Nicolas, JP, Pochet, P et Poimboeuf, H. 2002. Mobilité
urbaine et développement durable : quels outils de mesure pour quels
projets? Les Cahiers Scientifiques du Transport. 2002. 41, pp.
53-76.
Nodin, Yannick. 2006. Développement durable, la
difficile naissance des éco-quartiers. Le Moniteur. 22
Septembre 2006.
Nouailles, Primaël. 2008. Eco-quartier, concept et
réalisation.
Nus consulting group. 2006. Etude internationale sur le
prix de l'électricité - Avril 2005 - Avril 2006.
Outrequin, Philippe. 2003. L'intégration du
développement durable dans les projets d'aménagement et de
renouvellement de quartier. Valbonne : La Calade.
Pinson, Gilles. 2006. Projet de ville et Gouvernance Urbaine -
Pluralisation des espaces politiques et recomposition d'une capacité
d'action collective dans les villes européennes. Revue
française de science politique. août 2006, pp. 619 -
651.
Prévot, Henry. 2006. Les réseaux de
chaleur, une réponse à une demande de monsieur le ministre de
l'Industrie.
PUCA. 2007. Quartiers durables, vous avez dit quartier
durables?
RARE. 2005. Guide "Objectif développement durable
: comprendre & agir sur son territoire " - Retour d'expériences et
recommandations pour l'agenda 21 local .
Région.Ile-de-France. 2002. Le logement en
Ile-de-France en 2002, constats, réflexions et propositions.
Rossinot, André. 2010. Partager les
référentiels. [interv.] Revue urbanisme. Février
2010.
SNCU. 2008. Enquête nationale de branche sur les
réseaux de chaleur et de froid.
Souami, Taoufik. 2009. Capitaliser l'écoquartier
à l'échelle de la ville. Le Moniteur. 02 Juin 2009.
Souami, Taoufik. 2009. Ecoquartiers, secrets de
fabrication. Analyse critique d'exemples européens. Paris : Les
Carnets de l'info, 2009.
UESR29. 2006. Outils mis à la disposition des
collectivités territoriales contre la spéculation
foncière. 2006.
UNARC. 2010. Livre blanc. Copropriétés :
plaidoyer pour des fonds travaux obligatoires.
Vathaire, J.C. 1985. La ressource géothermique
française. Utilisation et perspectives. La Houille Blanche.
1985, 3-4.
Via Sèva. Guide de l'usager du chauffage
urbain.
Whitehead, John. 2006. Willingness to pay and ecological
economics. Environmental Economics.
TABLES DES ILLUSTRATIONS
Figure 1 - Les trois dimensions du développement durable
8
Figure 2 - Les différents types d'OPAH 11
Figure 3 - Les procédures d'opérations
d'aménagement 12
Figure 4 - Schéma organisationnel d'une
copropriété 16
Figure 5 - Situation classique de la gestion des projets
d'aménagement 17
Figure 6 - Pyramide des niveaux de concertation 19
Figure 7 - Le rôle de l'Assistant à la
maîtrise d'usage 20
Figure 8 - Les différentes énergies 23
Figure 9 - Sources de production de la chaleur 23
Figure 10 - Consommation énergétique pour la
production dECS en France dans le secteur résidentiel 24
Figure 11 - Consommation énergétique pour la
production de chauffage en France dans le secteur résidentiel 24
Figure 12 - Production d'électricité en France
selon les sources énergétiques 24
Figure 13 - Système physique et technologique avec des
flux énergétiques associant sources, vecteurs et usages 24
Figure 14 - Système énergétique (flux
physique) 25
Figure 15 - Déperditions de chaleur d'un bâtiment
25
Figure 16 - Consommation en énergie finale en France entre
1970 et 2008 pour le secteur résidentiel-tertiaire 26
Figure 17 - Schéma de principe d'une pompe à
chaleur adaptée à la géothermie 28
Figure 18 - Constitution d'un réseau de chaleur 29
Figure 19 - Mix énergétique sur un réseau de
chaleur avec une chaufferie biomasse. 29
Figure 20 - Les 3 zones françaises selon lesquelles les
objectifs de consommation maximale d'énergie diffèrent. 34
Figure 21 - Comparaison des consommations d'énergie
primaire maximale entre la RT 2005 et la RT 2012. 34
Figure 22 - Relations entre les acteurs d'un réseau de
chaleur 39
Figure 23 - Occupation des sols en 2003 et
périmètre de la ZAC 46
Figure 25 - Occupation des sols en 2003, dossier de candidature
au concours EcoQuartiers 2009 du MEEDDM ______ 47
Figure 24 - Les phases du projet de l'écoquartier du Val
de Ris 47
Figure 26 - Une maîtrise d'ouvrage tripartite, au centre du
projet de la ZAC de l'Eco-quartier du Val de Ris 50
Figure 27 - Schéma des acteurs de la ZAC de l'Eco-quartier
du Val de Ris, phase initiale 56
Figure 28 - Schéma des acteurs de la ZAC de l'Eco-quartier
du Val de Ris, phase opérationnelle 57
Figure 29 - Jeu d'acteurs pour la mise en place de la
stratégie énergétique, Eco-quartier du Val de Ris 58
Figure 30 - Système de distribution de chaleur de la ZAC
de l'Eco-quartier du Val de Ris 59
Figure 31 - Caractéristiques des deux réseaux
géothermiques de la ZAC de l'Eco-quartier du Val de Ris 60
Figure 32 - Fonctionnement d'une sous-station du réseau
géothermique des Docks de Ris 60
Figure 33 - Fonctionnement d'une sous-station du réseau de
froid des Docks de Ris, 61
Figure 34 - Système de production de chaleur à
partir de PAC 61
Figure 35 - Système géothermique de la ZAC de
l'Eco-quartier du Val de Ris 62
Figure 36 - Système énergétique de la
chaufferie à biomasse de la ZAC de l'Eco-quartier du Val de Ris 63
Figure 37 - Système électrique de la ZAC de
l'Eco-quartier du Val de Ris 64
Figure 38 - Le quartier du Ponceau et ses 11 unités
71
Figure 39 - Les phases de projet du Ponceau 71
Figure 40 - Réseau de chaleur de la CACP 73
Figure 41 - Système énergétique du
réseau de chaleur de la Communauté d'agglomération de
Cergy Pontoise 73
Figure 42 - Schéma des acteurs - La réhabilitation
du quartier du Ponceau- Phase pré-opérationnelle 80
Figure 43 - Schéma des acteurs - réhabilitation du
quartier du Ponceau en phase d'études pré-opérationnelles
80
Figure 44 - L'aménageur au centre de la stratégie
énergétique 89
GLOSSAIRE
ADEME : Agence de l'environnement et de la maîtrise de
l'énergie
AMO : Assistant à la maîtrise d'ouvrage
ANAH : Agence nationale de l'amélioration de l'habitat
ASL : Association syndicale libre
BBC : Bâtiment basse consommation (label)
CAUE : Conseil d'architecture, d'urbanisme et de
l'environnement
CCAG : Cahier des clauses administratives
générales
CCCT : Cahier des charges de cession de terrain
COP : Coefficient de performance
COS : Coefficient d'occupation des sols
CPAUP : Cahier de prescriptions architecturales, urbanistiques et
paysagères
CPE : Cahier de prescriptions environnementales
ECS : Eau chaude sanitaire
HQE : Haute qualité environnementale
UIOM : Usine d'incinération d'ordures
ménagères
MEEDDM : Ministère de l'environnement, de
l'énergie, du développement durable et de la mer
MOA / MOE / MU : Maîtrise d'ouvrage / Maîtrise
d'oeuvre / Maîtrise d'usage
NQU : Nouveaux quartiers urbains
OPAH : Opération programmée d'amélioration
de l'habitat
OPATB : Opération programmée d'amélioration
thermique des bâtiments
PAC : Pompe à chaleur
PLU : Plan local d'urbanisme
RT : Réglementation thermique
SME : Système de management énergétique
SRU (Loi) : Solidarité renouvellement urbain
TCA : Traité de concession d'aménagement
ZAC : Zone d'aménagement concertée
SOMMAIRE DES ANNEXES
1. Un état des lieux de quelqes écoquartiers
existants en Europe
2. Tableau synthétique de six référentiels
d'aménagement, Ekopolis 2010
3. Modifications principales du Grenelle 2 par rapport à
l'aménagement
4. Comparaison des caractéristiques des labels
européens
5. Entretiens réalisés auprès des
acteurs
6. Guide d'entretien
7. Eléments énergétique
intégrés dans l'entretien de Laurent Haddad
8. Exemple de retranscription d'entretien
9. Eléments de programme de la ZAC de l'Eco-quartier du
Val de Ris
10. Détermination du coefficient de déperdition
11. Extrait du Cahier de prescriptions environnementales
12. Extrait du système de management environnemental de
l'AFTRP
13. Extrait du plan d'action relatif à l'aspect
énergétique
14. Extrait de la charte de l'Eco-quartier du Val de Ris
15. Schéma de principe de fonctionnement des
sous-stations du système géothermique de la ZAC de l'Ecoquartier
du Val de Ris
16. Schéma de principe du fonctionnement du réseau
de chaleur du secteur CAES/Gare de l'Ecoquartier du Val de Ris
17. Le réseau de chaleur de la Communauté
d'agglomération de Cergy Pontoise
18. Extrait des statuts du Ponceau EcoDurable
19. Tableau récapitulatif des bâtiments des
copropriétés du périmètre d'OPAH
ANNEXE 1 - UN ETAT DES LIEUX DE QUELQUES ECOQUARTIERS
EXISTANTS EN
EUROPE
Cette section a pour vocation de présenter certaines
opérations dites « écoquartiers » d'Europe. On note que
le nord du continent est un précurseur de l'aménagement
durable.
Le quartier Vauban (1999 - 2003)
Carte d'identité :
Lieu : Fribourg, Allemagne.
Surface : 38 ha
Emplacement : anciennes casernes françaises,
à 3km du centre ville.
Le projet :
Habitants : 5000. Emplois : environ 600.
Objectifs : gestion de l'énergie (consommation <
65 kWh/m2/an, énergies renouvelables...), ville sans voiture,
participation des habitants, mixité sociale et fonctionnelle.
Difficultés : Certaines décisions (environ
15%) ont dues être prises par les autorités par manque d'entente
des habitants. Manque d'accessibilité.
Viikki (1999 - 2004)
Carte d'identité :
Lieu : Helsinki (Finlande).
Surface : 1 415 ha.
Emplacement : 8km du centre d'Helsinki, à
proximité d'une zone agricole.
Le projet : Habitants : 2000.
Programme : 2 hôpitaux de jour, un centre
médico-social, une école, un centre de loisirs, un commerce de
premières nécessités.
Enjeux : réduction de la pollution, ressources
naturelles, santé, biodiversité, alimentation
Objectifs : construction écologique, technologie
à basse température, énergie renouvelables,
économie d'eau (<50 L/hab/jour), réduction des déchets
(<160 kg/hab/an).
Difficultés : Absence de banque et de service
postal. Peu de transports en commun donc beaucoup d'habitants ont dû
acheter une voiture.
Eva-Lanxmeer (1994 - 2009)
Carte d'identité :
Lieu : Culemborg, Pays-Bas
Surface : 24 ha
Emplacement : terrain agricole entourant une nappe de
captation d'eau potable.
Le projet :
Logements : 250
Activité : logements, bureaux (40 000M2), ferme
urbaine, centre de formation, centre de bien être, centre de
conférences, bars, restaurants et hôtel.
Enjeux : énergie, eau, matériaux,
transports, alimentation, social.
Objectifs : tendre vers l'équilibre zéro
dans la consommation des ménages, épuration biologique des eaux
usées, gestion intégrée des eaux, ACV pour la
construction, limitation de la voiture, participation habitant....
Difficultés : Trouble potentiel des nappes souterraines qui
à conduit à l'imperméabilisation des sols (ce qui est
critiqué de nos jours).
BedZed (2002)
Carte d'identité :
Lieu : Sutton, Grande-Bretagne
Surface : 1,7 ha
Emplacement : ancienne friche industrielle, en banlieue
de Londres.
|
|
Le projet :
Logements : 82 appartements (220 habitants environ)
Activité : 1600 m2
Objectifs : pas de carburants fossile, une
réduction de 50% d'énergie pour les transports, de 60%
d'énergie domestique, de 90% pour la consommation d'énergie
chauffage, de 30% pour la consommation d'eau, de la masse de déchet
produite, producteurs locaux, développement de la
biodiversité.
Difficultés : Dépassement de 30% du budget
initial ce qui a conduit à un surcoût du logement (+20%).
VesterbröCarte d'identité :
Lieu : Copenhague, Danemark.
Surface : 35 ha
Emplacement : Dans le centre de Copenhague, quartier
construit entre 1850 et 1920.
Le projet :
Habitants : 6500
Existant : 4000 appartements, bureaux, bars,
entreprises, espace public.
Objectifs : rénovation dans le respect du
développement durable, minimisation de la consommation des ressources
(eau : 100L/hab/an, réduction de 60% de la production des
déchets...), mixité sociale.
Difficultés : opposition pour la rénovation
urbaine car peu de participation des habitants initialement.
ANNEXE 2 - TABLEAU DE SYNTHESE DE SIX REFERENTIELS
D'AMENAGEMENT (EKOPOLIS, 2010)
ANNEXE 3 - MODIFICATIONS PRINCIPALES DU GRENELLE 2 PAR
RAPPORT
L'AMENAGEMENT
URBANISME
> Mise en oeuvre d'un urbanisme de projet :
renforcement des outils : déclaration de projet / projet
d'intérêt général etc....
ENERGIE
> Dépassement du COS de 3o% pour les
bâtiments performants en matière
énergétique,
> Attestation obligatoire vérifiant la prise
en compte des normes énergétiques et acoustiques a la fin des
travaux,
> Développement des Contrat Performances
Energétiques,
> Facilitation de l'acces aux améliorations
énergétiques pour les copropriétés (assouplissement
des regles de majorité...),
> BBC (<5o kWh/m2/an), réduction de la
consommation énergétique du parc ancien de 38% d'ici
2020.
> Extension et amélioration des CEE
(éligibilité des collectivités locales, ANAH),
> Encouragement du classement des réseaux de
chaleur d'origine renouvelable.
> Toute personne morale pourra installer et exploiter
des panneaux photovoltalques sur ses bâtiments, et vendre a EDF
l'électricité au tarif d'achat bonifié.
GOUVERNANCE
> Type d'enquête publique passant de 18o
à 2,
> Association du public au processus
décisionnel et amélioration de son acces a l'information ainsi
que de son suivi de la mise en oeuvre des conclusions des débats et
enquêtes publiques : le public sera consulté sur toutes les
réglementations nationales ayant un impact direct et significatif sur
l'environnement.
> Consultation obligatoire du public en amont des
enquêtes publiques sur tous les projets de 15oM€
> Insertion des associations d'éducation a
l'environnement représentatives dans les instances de consultation sur
le DD et l'environnement
ANNEXE 4 - CARACTERISTIQUES DES LABELS EUROPEENS
Comparaison utilisant les tableaux donnés par le bureau
d'étude Fiabibat concept (
http://www.fiabitat.com)
|
Passiv Haus
|
Minénergie standard
|
Minénergie plus
|
Effinergie BBC 2005
|
Procédure de calcul
|
Origine
|
PHPP 2007 - Allemagne
|
SIA 380 Suisse
|
SIA 380 Suisse
|
RT 2005 France
|
Consigne de température
|
20°C
|
20°C
|
20°C
|
19°C
|
surface considérée
|
Surface
réellement habitable
|
Surface de réf. énergétique
SRE
|
Surface de réf. énergétique
SRE
|
SHON
|
Coefficient de conversion Ef --> Ep
|
Fioul --> gaz
|
1.1
|
1
|
1
|
1
|
Electricité
|
2.6
|
2
|
2
|
2,58
|
Biomasse
|
0.2
|
0,5
|
0,5
|
0,6
|
Solaire thermique
|
0
|
0
|
0
|
0
|
Solaire photovoltaïque
|
0,7
|
2
|
2
|
2,58
|
Consommati on d'énergie (kWh/m2/an)
|
Bâtiment neuf
|
Chauffage / ECS / Auxiliaires /
Eclairage / Electroménager
|
Chauffage / ECS / Auxiliaires
|
Chauffage / ECS / Auxiliaires
|
Chauffage/ECS/Auxiliaires/Eclairage
|
Energie utile
|
15 kWh/
m2.an
|
90 % valeur limite SIA
380/2009
|
15 kWh/m2 SRE/an
|
RT2005
|
Energie finale
|
-
|
-
|
-
|
-
|
Energie primaire :
|
<120 kWh/
m2.an (Bâtiments
d'habitations)
|
< 38 kWh/
m2.an (Bâtiments
d'habitations)
|
<30 kWh/
m2.an (Bâtiments d'habitations)
|
< 50 kWh/m2/an (Bâtiments d'habitations)
|
Réhabilitation
|
-
|
Chauffage / ECS / Auxiliaires
|
|
Chauffage/ECS/Auxiliaires/Eclairage
|
Energie utile
|
-
|
60 % valeur limite SIA 380
|
|
-
|
Energie finale
|
-
|
-
|
|
-
|
Energie primaire
|
-
|
<60 kWh/
m2.an (Bâtiments d'habitations)
|
|
< 80 kWh/m2/an (Bâtiments d'habitations)
|
Test d'étanchéité
|
Certificat infiltrométrie
|
obligatoire
|
non obligatoire
|
obligatoire
|
obligatoire
|
Valeur standard de renouvellement d'air prise dans
le calcul
|
n50 < 0.6 vol/h
|
n50 <1.5 vol/h
|
n50 <0.6 vol/h
|
q4 < 0.6 m3/h.m2 (maisons individuelles)
q4 < 1 m3/h.m2 (logements
collectifs)
q4 < 1.2 m3/h.m2 (tertiaire)
q4 < 2.5 m3/h.m2 (autres bâtiments)
|
Spécificité
|
|
|
|
|
Pondération géographie et altimétrique
|
Production de GES gCO2/kWhe
|
Electrique
|
680
|
|
|
Chauffage 180
|
|
|
Eclairage 100
|
|
|
Usages intermittents 60
|
|
|
Usages en base 40
|
Bois
|
50
|
|
|
10
|
Gaz naturel
|
250
|
|
|
230
|
Fioul
|
310
|
|
|
300
|
Photovoltaïque
|
250
|
|
|
/
|
Solaire
|
0
|
|
|
0
|
ANNEXE 5 - ENTRETIENS REALISES AUPRES DES ACTEURS
* Analyse du quartier du Ponceau, Cergy (95)
|
Organisme
|
Personne rencontrée
|
Fonction
|
MOA
|
Ville de Cergy Ville de Cergy
|
Laurence Dubin Bruno Stary
|
Chef de projet
Maire adjoint à l'urbanisme
|
MOE
|
Atelier 15
Pact Arim 95
Alter Développement AMOES
Lafarge Valentino
MDTS
CAUE 95
|
Patrick Bertrand Céline-Marie Nénert Loïc
Chesne
Jonathan Louis Thierry Valentino Thierry Stringat Christian
Faliu
|
Architecte, mandataire OPATB Chargée
d'opérations
Ingénieur développement durable Ingénieur
thermicien
Architecte réhabilitation
Economiste
Architecte, directeur-adjoint
|
Usagers
|
Le Ponceau EcoDurable
|
Zacharie Rochette
|
Président
|
Partenaires
|
DDT 95
DDT 95 / ANAH CACP
ADEME Cyel/Dalkia
|
Bruno Bessis André Couble
Marie GéroudetDalle
Stéphan Louillat Gérard Durand
|
Responsable pôle études et aménagement Chef
du service de l'habitat et du logement et délégué local de
l'ANAH
Responsable habitat
Partenaire financier OPATB Responsable clientèle
|
* Analyse de la ZAC de l'Eco-quartier du Val de Ris,
Ris-Orangis (91)
|
Organisme
|
Acteur rencontré
|
Fonction
|
MOA
|
CAECE
Mairie de Ris-Orangis Mairie Ris-Orangis Mairie Ris-Orangis
AFTRP
|
Charlotte Boutte Stéphane Raffalli Sophie Lao
Grégory Gobron Laurent Haddad
|
Chargée de mission
Maire adjoint à l'urbanisme Responsable service urbanisme
Responsable communication Aménageur
|
AMO
|
Alter Développement
|
Loïc Chesne
|
BET environnement
|
MOE
|
Agence Brochet-LajusPueyo
Agence Laverne
IOSIS
-
Essonne Habitat
|
Olivier Brochet
Jean-Baptiste Tarin Jean-Léonce Korchia Dominique
Feuillas J-Michel Chalumeau
|
Architecte urbaniste mandataire
Paysagiste
BET thermique
Ingénieur écologue Bailleur social
|
Usagers
|
CAES
-
|
Abder Darik
Futurs habitants, riverains
|
Président
Participants à la Journée Porte Ouverte
|
Conseil
|
EDF
|
Jean-Pierre Arles
|
Expert aménagement et renouvellement urbain
|
ANNEXE 6 - GUIDE D'ENTRETIEN - VERSION DETAILLEES
Entretien ADEME (M. Stephan Louillat)
A/ Presentations:
- E kopolis
- Objectifs du projet « analyse d'operations
d'amenagement (
B/ Entretien
1. L'ADEME dans le proiet:
Date d'entree dans le projet : Principales echeances
(dates/ contenu) :
Implication
· De qui vient l'initiative?
· Dans quel cadre, selon quelle demarche avez-vous
participe au projet?
Missions/roles
· Quel est votre role?
o Etudes energetiques,
o Propositions d'objectifs de performance (entre 104 et
80 kWh/m2/an?),
o Quel financement?
· Quelles sont les specificites energetiques du
Ponceau ?
o Quelles consequences pour votre mission ?
o Quelles consequences pour le processus de projet
?
· Quelle experience avez-vous des
OPATB?
Quelles sont les difficultes rencontrees
?
· Methode,
· Echeances (retards, nouvelles echeances
impromptues...),
· Resultats (difficultes d'analyse, bons/mauvais
resultats etc.),
· Financement.
Evolution
· Quelles eventuelles evolutions y a-t-il eu/sont a
prevoir ?
· S'accompagnent-elles d'une evolution des
objectifs ?
Evaluation (ex ante, suivi, post),
Un point specifique vous-a-t-il marque?
2. Interactions avec les acteurs:
Avec quels acteurs travaillez-vous regulièrement /
plus rarement ?
4Maitrise d'ouvrage (Ville, agglo et CAUE), habitants,
partenaires (Atelier 15, et le reste de l'equipe), autre
financeurs...
Quelle articulation/relations avec chaque autre acteur
?
Comment travaillez-vous ensemble (frequence de reunions,
decisionnaire ...) ? Il y a-t-il un travail d'equipe? Quelles sont les
difficultes?
Quel travail commun?
Quelles sont les relations (debut, evolution) entre les
acteurs?
Quels espaces de negociation avez-vous avec les autres
partenaires? Sur quels aspects ?
3. Perceptions du developpement durable
Quelle est votre perception du projet?
Pouvez-vous comparer ce quartier en fonction d'autres
espaces sur lesquels vous travaillez?
Avez-vous déjà travaille sur d'autres
projets similaires (rehabilitation d'une copropriete)? Quelles en sont les
differences, les similitudes (travail avec les autres acteurs, nombre d'etudes
commandoes, etc.) ?
Votre perception du developpement durable evolue-t-elle
avec ce projet?
C/ Conclusion
Avez-vous des conseils a donner quant a la méthode
utilisée?
Il y a t-il des documents essentiels a
obtenir?
GUIDE D'ENTRETIEN - VERSION ENVOYEE AUX ACTEURS
Entretien Ekopolis - DDEA 95 (Bruno Bessis) - 19 mai
2010
1. La DDEA dans le proiet:
Votre implication dans le projet : origine,
échéances, missions et démarches. Les difficultés
rencontrées.
Les systèmes d'évaluations envisages / mis
en ceuvre.
2. Interactions avec les acteurs:
Type de relation avec chacun des autres acteurs du
projet : methode, frequence, production commune.
Les espaces de negociation. Les eventuelles
difficultes.
3. Perceptions:
Les specificites du projet:
- Leurs consequences par rapport a votre mission
- Leurs consequences par rapport au processus du
projet?
Votre perception du Ponceau par rapport a d'autres
projets sur lesquels vous travaillez.
ANNEXE 7 : ELEMENTS ENERGETIQUES INTEGRES DANS
L'ENTRETIEN DE
LAURENT HADDAD (AFTRP)
Rôle des acteurs:
~ Gouvernance
o Quelles ont été les suggestions pour le
système de chauffage et de production d'ECS ? o Vous
a-t-on suggéré une technique plutôt qu'une autre
?
o Quel est votre niveau de connaissance
énergétique ? Et celui de vos interlocuteurs ? Quelles en sont
les conséquences ?
o Quelle formation de ma MOE ?
o Qui a financé les études
énergétiques ?
o Qui est force de décision pour les aspects
énergétiques du projet ?
· Ont-ils une expertise énergétique
?
· Est-ce le service aménagement/urbanisme ou
le service énergie qui prime dans la ville et au sein de l'agglo pour ce
type de décisions?
~ Quel est le rôle d'EDF dans le projet
?
o Etude : Année ? Sujet ? Objectif ? Conclusion ?
S'en est-on servi ?
o Quelles autres relations à cette date avec EDF
(lobbying ?) -* quel intérêt d'EDF de fournir un
service à titre gratuit ?
o Les panneaux solaires sont-ils inclus dans le
programme ?
o Lien avec EDF-énergies nouvelles ? (financeur
potentiel) ?
o Pouvoir d'EDF dans le choix du système
énergétique.
o Pourquoi EDF fait-il de la communication ? EDF
sera-t-elle conseillée comme producteur d'électricité aux
futurs habitants ?
~ AMO-Environnement
o Est-ce vous qui avez décidé de
travailler avec un AMO environnement ? Pourquoi ?
o Dans quelle mesure vous aide-t-il à prendre des
décisions relatives à l'aspect énergétique
(négociation EDF, choix techniques...).
~ Concession du réseau de chaleur
o Est-ce un réseau de chaleur ?
o Qui a répondu à l'appel d'offre ? Il y
avait-il une présélection ?
o Qui est-ce qui est habitué à
répondre en IDF sur des projets similaires ? o Quels
sont vos critères de sélection ?
o Quel est le montage financier ?
· Pour la mise en place du réseau
;
· Pour la facturation de la chaleur à un
tiers (particulier/ immeuble ?).
· Quelles discussions autour de cet aspect
?
o L'exploitant devra-t-il gérer le
réseau de froid ? Quel périmètre ? Quelle tarification
? o Les particuliers doivent-ils financer la
géothermie (augmentation du prix de vente) ?
~ Quel est votre relation avec ERDF ?
o Négociation (juridique, technique,
...),
o L'électricité produite sur l'îlot
1 est-elle rachetée ou est-elle injectée directement dans le
réseau ?
o Quel prix de rachat de l'électricité
solaire ?
o Qui a la maîtrise d'ouvrage pour l'installation
des panneaux solaire ?
Objectifs :
- Quels changements d'objectifs (nombre de logements,
zone considérée, BBC, etc.) ont eu lieu ? - Quelles en sont les
conséquences?
- Pourquoi avoir intégré le BBC dans vos
objectifs ?
o Décision en 2007
o Communication, réelle volonté de la MOA,
projet pilote, expérimentation... o Quelle était
l'objectif précédent (Cref - 30% -* THPE)
?
o Volonté d'un label ?
- Pourquoi avoir fait le choix de PAC (volonté de
BBC ou élément antérieur ?)
Modélisation
- Quelles ont été les discussions sur les
paramètres de modélisation (prix, technique...) ?
Système mis en place:
- Pourquoi n'y a-t-il pas de système d'appoint
pour la géothermie (interconnexion avec la chaufferie bois, ...)
?
- Pourquoi le système de secours est-il une PAC
et non pas une chaudière gaz ?
- De la chaleur (ECS/ chauffage) est-elle fournie par
géothermie à la halle ?
- Quel est le procédé de rafraichissement
(eau froide de la nappe / inversion de la PAC) ? - Pourquoi le secteur du
CAES/gare ne dispose-t-il pas d'un système en géothermie
?
- Quelle est la place du solaire dans le projet
?
o Conformité au BBC,
o Revenus supplémentaires pour le réseau
de chaleur....
BBC
- Quels impacts de la forme des bâtiments sur les
performances énergétiques finales ?
- L'objectif de passage en BBC en 2007 a-t-il
favorisé une technologie, une forme urbaine ? - Le réseau de
chaleur va-t-il être classé ?
Il y a un objectif de BBC, mais la « base de
dimensionnement retenue est une consommation annuelle de 85 kWhef/m2
chauffage et ECS ». Comment assurer
ANNEXE 8 : EXEMPLE DE RETRANSCRIPTION D'ENTRETIEN
Atelier 15, architecte mandataire des études
pré-opérationnelles d'OPATB du quartier du Ponceau
1. Fiche d'identité:
Organisme: Atelier 15.
Interlocuteur: M. Patrick Bertrand, architecte-urbaniste.
Rôle : Atelier 15 a rejoint le projet du Ponceau en
tant qu'architecte dès la mise en place de l'étude
préopérationnelle de l'OPAH. Le passage à l'OPATB l'a
conduit à être mandataire du projet. Il coordonne donc
l'équipe qui réalise l'ensemble des études
(énergétiques, environnementales, sociales et
économiques). Sa position lui permet également de dialoguer avec
les partenaires financiers. C'est d'ailleurs dans cette perspective qu'Atelier
15 participe au montage financier du projet.
Moments clés :
2008 : participation au montage de l'étude pré
opérationnelle de l'OPAH.
Février 2009 : rendu du dossier de candidature au projet
EcoQuartiers du Ministère dont Atelier 15 est l'architecte
référent.
Novembre 2009 : Atelier 15 est le mandataire de l'étude
pré opérationnelle de l'OPATB (appel d'offre). Décembre
2009 - Juin 2010: coordination de l'étude pré
opérationnelle de l'OPATB.
Juin 2010: Synthèse des études et rapport final de
l'étude pré opérationnelle de l'OPATB.
Fin 2010 : Création du montage financier.
|
|
2. L'entretien:
La rencontre avec monsieur Bertrand s'est déroulée
le 7 mai 2010. La restitution de l'entretien prend la forme de paragraphes
thématiques.
Participants :
[PB] Patrick Bertrand, Atelier 15, architecte-urbaniste du
Ponceau.
[HR] Hélène Rougeron, Ekopolis, chargée
d'étude "Analyse d'opérations d'aménagement".
[AL] Angélique Lequai, Ekopolis, stagiaire "Analyse
d'opérations d'aménagement".
Retranscription synthétique en attente de
validation
LE PROJET :
PRÉSENTATION DU PROJET
M. Patrick Bertrand décrit le Ponceau comme un
"quartier à plusieurs intérêts" :
· Point de vue urbain:
1. Il est situé à proximité du grand centre
de Cergy, des universités, d'un quartier complètement
renouvelé et à l'interface entre la ville nouvelle et le
village,
2. Il s'étend sur un espace relativement important
(assiette foncière de 10 ha, dont seulement 5 ha bâtis),
3. C'est un quartier relativement dense (550 logements
ramenés aux 5 ha)
4. Un équipement de loisirs et sportif a
été construit.
5. L'avenue du Nord est une des voies de liaison de la ville, un
important de maillage,
6. Le bâti est "extrêmement complexe avec
beaucoup de décrochés". Chaque logement dispose soit d'un espace
au sol soit d'une grande terrasse en superposition, il a tous les atouts de
l'habitat intermédiaire que l'ont essaie aujourd'hui de
développer dans les écoquartiers.
· Point de vue historique:
1. Il est issu d'un plan de construction années 70
gagné par le groupe ETRA,
2. C'est un projet innovant (création de rues hautes un
peu particulières décrochage au niveau du sol)
3. Le quartier est "devenu un monument puisqu'il fait un peu
parti de la mémoire de la ville et un peu de la mémoire de
l'urbanisme de la ville. Il est très particulier puisqu'il n'y en a pas
d'autre sur la ville nouvelle de cette typologie et de cette nature. ".
Patrick Bertrand précise par ailleurs que "les espaces
privés de l'ASL qui bordent l'avenue ont été
traités comme toutes les grandes voies de la ville nouvelle, donc on ne
sait pas où est la limite publique/privée". Lorsque que
l'architecte précise l'objectif du projet, il mentionne que "clairement
la mission c'est de transformer ce quartier qui doit être
réhabilité en écoquartier".
ORGANISATION DE L'ÉQUIPE
OPAH
La ville à lancé un appel à candidature
classique auquel on peut répondre en tant que mandataire. Il y a eu une
discussion en amont pour savoir qui va l'être (PACT ARIM, TRIBU, ARC,
Atelier 15 étaient contactés directement). Atelier 15 n'a pas
souhaité être mandataire de la 1ère étude
car la partie sociale était la plus longue et qu'il n'était pas
expert dans ces protocoles. Comme P. Bertrand travaillait avec Loïc
Chesne, ils ont monté l'équipe ensemble.
OPATB
En tant que mandataire, P. Bertrand a choisi l'équipe
avec qui travailler. Il connaissait déjà Loïc Chesne (Alter
Développement) avec qui il a décidé de monté
l'équipe. L'ingénierie financière n'est pas obligatoire
mais "sous-jacente au CDC puisqu'on avait fait poser les 1er jalons de la 1ere
étude". AMOES lui à été recommandé par
Olivier Sidler avec qui P. Bertrand avait l'habitude de travailler mais qui
n'était pas disponible. Une paysagiste est intégrée dans
l'étude (Sophie Bourdain), elle travaille au sein d'Atelier 15.
Atelier 15 gère la relation entre l'équipe
(qu'il a sélectionné lors de l'appel d'offre), la maitrise
d'ouvrage et le CAUE. Il recadre les objectifs de la mission lorsque c'est
nécessaire. Patrick Bertrand assure qu'il travail au même niveau
avec toute l'équipe de prestataires: "il n'y a pas de hiérarchie
dans l'équipe", mais que c'est lui qui tranche.
Atelier 15 partage son expertise avec un autre architecte,
Thierry Valentino. Patrick Bertrand explique qu'il a une "vision plus pointue
sur les questions de l'énergie", qu'il est aussi urbaniste et paysagiste
(permet de travailler à toutes les échelles, de travailler avec
le "génie du lieu" et de contextualiser le projet".
Patrick Bertrand est en étroite relation avec Mme
Laurence Dubin, chargée de mission dans la mairie de Cergy, l'ANAH,
l'ADEME, la DDE, l'Etat (à travers le PUCA) et le MEEDDM (à
travers la DDE). L'atelier 15 se
réunit avec l'ADEME lors des comités de pilotages.
En revanche, l'atelier 15 ne travaille ni avec le Conseil Général
ni avec le Conseil Régional.
Le fait que le projet soit inscrit dans une perspective de
développement durable ne conduit "pas à un changement de
manière de travailler en équipe". Il le regrette car "maintenant
tout le monde fait un peu la même chose, ce n'est pas bien pour nous".
MÉTHODE / AVANCEMENT
" On a choisit l'unité 5 parce qu'il y a les trois types
de bâtiments que l'on retrouve sur le site et qu'elle n'est pas
isolée".
" Les possibilités financières sont en train
d'être étudiées et validées ". " Avec ce que veut
bien nous dire l'ANAH aujourd'hui, on va faire le montage financier,
évaluer le reste à charge et faire les propositions".
"Aujourd'hui, nous n'avons pas d'idée avec la caisse des
dépôts" La rencontre est fixée le 21 mai.
P. Bertrand n'est pas inquiet des « mauvais »
résultats du diagnostic du PACT (peu de logements sont éligibles
aux aides de l'Anah).
"On vient de finir les diagnostics énergétiques et
sociaux" que " l'on va l'extrapoler à l'ensemble du site ".
PERSONNE MOTRICE
Laurence Dubin:
" Heureusement qu'on a quelqu'un comme Laurence". Il ajoute que
si une seule personne avait eu une autre logique sur ce projet là, on
n'en serait pas à faire la deuxième étude".
ÉVALUATION
Il n'est pas envisagé de système
d'évaluation. P. Bertrand considère qu'il n'a pas une taille de
structure qui permet de le faire. Il a également déclaré :
"je ne vais pas m'évaluer moi-même", et "la capitalisation de
l'expérience, à terme, on y pense".
Enfin, P. Bertrand à mentionné le besoin d'un
réseau international pour communiquer.
DIFFICULTÉS
Les difficultés suivantes ont été
évoquées par P. Bertrand:
· Obtention de renseignements dans les enquêtes
habitants qui implique un retard dans le programme,
· Non prise en compte du retard possible dans la
planification du projet : "la ville ne les avait pas anticipé en faisant
le planning" (les = retards),
· "La ressource documentaire sur le projet est
compliquée", "le fond graphique n'existe pas": o pas de SIG sur le
bâti,
o construction graphique : "ne faisait pas parti de la mission",
"fait gracieusement" par Atelier 15 et Thierry Valentino : 1 mois et demi 1
personne seule à temps plein.
· Faibles "moyens des collectivités : c'est une
difficulté principale",
· Intervention sur du patrimoine privé, la ville
n'est pas la ressource",
· "le temps, il faut prendre le temps de rencontrer les
autres habitants".
ÉLÉMENTS THÉMATIQUES
ÉNERGIE
L'OPATB prend en compte le volet énergétique
sur l'ensemble du patrimoine bâti, ce qui permet d'intégrer
l'immeuble de bureaux, les équipements publics (école, LCR) ainsi
que les logements pavillonnaires. Patrick Bertrand distingue toutefois les
maisons individuelles car elles ne sont pas connectées au réseau
de chaleur urbain.
Le quartier est extrêmement consommateur d'énergie.
Les études sur l'unité 5 montrent qu'il y a annuellement sur les
logements à peu près à 180kWh/m2/an
d'énergie primaire consommée.
Patrick Bertrand note qu'il "vise aujourd'hui sur la
rénovation énergétique, le point majeur de l'OPATB, les 80
kWh/m2/an". Il note par ailleurs qu'il "veut se mettre au niveau BBC
effinergie rénovation sans tenir compte du facteur 1,3 qui sont
liés à la pondération sur l'Ile-de-France".
Quant au bâti, il précise qu'il est
"extrêmement complexe avec beaucoup de décrochés", ce qui
rend plus difficile la réhabilitation qu'il souhaite par
extérieur de façades des bâtiments. Au 7 mai, le niveau de
performance est défini mais pas encore les matériaux" à
utiliser.
Les économies faites sur les baisses de charges
à travers la consommation de chauffage " ne sera pas énorme car
ils sont dans un contrat de distribution de chaleur aujourd'hui qui ne sera
renégociée que dans 9 ans".
EAU CHAUDE ET VENTILATION
Dans une perspective d'économie d'énergie, le
projet "essaie de proposer des dispositifs innovants dans la rénovation
et dans l'eau chaude solaire".
Il est précisé que le chauffage urbain est
déjà à 60% d'énergies renouvelables, mais avec un
"niveau de consommation élevé du fait de la mauvaise
qualité du réseau, de son isolation et celle du bâti".
Un travail sur la qualité sanitaire est mené.
Il traite notamment de la ventilation qui sera à contrôle
hygrométrique dans le but d'atteindre des performances
énergétique suffisantes. On note cependant que Patrick Bertrand a
mentionnée qu'au "Ponceau on serait presque mieux en autoréglable
qu'en hygrométrie".
INGÉNIERIE FINANCIÈRE:
Le montage financier du projet est l'élément
clé de sa réussite. Patrick Bertrand évoque la
difficulté de réunir les fonds nécessaires : "aujourd'hui
les financements n'existent pas, on ne sait pas faire les montages". Il
précise aussi que "le niveau de financement étant ce qu'il est,
l'objectif est de pouvoir réaliser le projet quand même, il y a
quelques contraintes économiques".
Patrick Bertrand souligne également le caractère
atypique du Ponceau. Il précise qu'il "est regardé sur l'aspect
du montage financier, sur lequel on n'a pas encore les éléments
car on vient de finir le diagnostic". Une des difficultés principales
est le reste à charge que les habitants des copropriétés
devront payer et qui est fortement dépendant des subventions de
l'ANAH.
Il est par ailleurs nécessaire de mener une
"réflexion pour aller au delà des pistes de l'ANAH". Il s'agit
d'être innovant, " l'ANAH devra peut-être changer ses
critères" et "il y aura peut-être d'autres partenaires
d'état (Agglomération, ADEME, Caisse des Dépôts)".
Le mandataire mentionne aussi que "la façon d'amener des partenaires
extérieurs aujourd'hui c'est d'amener du droit à construire".
Enfin, pour que les copropriétaires s'en sortent, il
est évoqué de redensifier le quartier. "C'est une des pistes de
réflexions aujourd'hui qui n'est absolument pas validée par les
copropriétaires aujourd'hui, qui fait l'objet de rejet". Patrick
Bertrand ajoute que si les copropriétaires "ne peuvent pas payer les
restes à charge, il n'y aura pas d'opération".
Le principe de rehausse des bâtiments est le suivant :
"chaque immeuble crée de la valeur, mais ils peuvent céder du
droit à construire sous la toiture ", aussi, "un opérateur, celui
qui valorise, pourrait en contre partie prendre en charge la
réhabilitation".
Les aides de l'ANAH "posent la question de la globalisation
du projet". Elles sont personnalisées. Aussi P. Bertrand suggère
que " c'est peut-être ce qu'il faut faire évoluer dans les aides
de l'ANAH". Il ajoute que "si on prend les critères actuels, c'est sur
qu'on n'avancera pas. Si on reste sur cet aspect comptable, tout sera fait pour
que les financements de l'état disparaissent".
Le montage financier est la "partie délicate du projet".
L'architecte assure que les "résultats seront communicables quand
ça sera validé par tout le monde et donc quand ça
existera".
DENSIFICATION
Pour l'architecte, le levier pour trouver les financements
serait de "construire, répondre à la question des services et
puis du logement étudiant". Un travail sur la densification à
fait émerger des pistes sur l'élévation des
bâtiments et sur la modification du plan masse. P. Bertrand a en effet
précisé qu'un autre potentiel est sur la place du Haut-Montoir",
c'est "un gros no man's land où il ne se passe rien". L'idée
serait d'en faire une "résidence multi
générationnelle".
P. Bertrand souligne que "pour l'instant, ils (= les
habitants) refusent toute construction quelle que soit la nature". Il nuance
par ailleurs : "certains habitants ont compris l'intérêt de la
densification, des commerces de proximité".
PATRIMOINE
P. Bertrand a souligné que le patrimoine se
dévalorise : "aujourd'hui, s'ils (=les habitants) ne réhabilitent
pas, le patrimoine va se dégrader et l'on va vers une
paupérisation du quartier". L'objectif est alors de "remettre le
patrimoine au niveau de l'habitat neuf, standard d'aujourd'hui". L'architecte
souligne toutefois qu' "il n'y aura pas forcément une plus-value sur le
patrimoine, mais au moins il ne baissera pas".
MOBILITE
Patrick Bertrand considère que le Ponceau dispose
d'une " frange urbaine un peu particulière. Elle nous (=
l'équipe) intéresse sur une thématique, celle des
transports". Aujourd'hui, les "voitures sont concentrées dans les
parkings en silo, peu de voitures sont en stationnement aérien". Le
Ponceau est un quartier piéton". Le projet essaie de développer
des espaces pour les piétons et les vélos. La modification du
foncier en bordure de voie (espace de l'ASL) pourrait permettre la
requalification des espaces publics, de la façade urbaine et de redonner
une place aux piétons ainsi qu'aux transports en commun.
Le partage du trottoir avec des voies cyclables nécessite
un dialogue avec la mairie car le périmètre du Ponceau fait parti
du maillage cyclable de la ville nouvelle.
SERVICES et COMMERCES
Le Ponceau est un "quartier dans lequel il n'y a pas de
service", et qui est uniquement doté de "quelques équipements".
Un espace est d'ailleurs réservé pour les commerces mais à
R+2, les commerces sont déconnectés de la rue, il n'y a donc
jamais eu personne.
Si l'on évoque la réinsertion des commerces
dans le quartier, l'urbaniste répond que le "tissus est fragile,
aujourd'hui, il est hors de question de remettre des commerces au Ponceau
puisque ça déséquilibrerait le reste". Il ajoute aussi
qu'il faut déjà "arriver à tenir l'existant".
Patrick Bertrand remarque par ailleurs qu'un aspect "un peu
oublié sur l'opération de la Croix Petit est le type de service
qu'on peut faire en façade".
Il note également les problèmes de multi-location
et du logement étudiant qui est beaucoup trop cher".
RELATION AVEC LES HABITANTS
Atelier 15 participe à une "assemblée avec les
président de syndic (environ 1 fois par mois) et aux réunions
d'information". P. Bertrand explique d'ailleurs qu' "il y a un réel
échange, le projet on essaie de le bâtir avec eux" avant de
nuancer : " nous on est force de proposition, on ne peut pas avancer sinon".
P. Bertrand a déclaré: "que les habitants
soient les maîtres d'ouvrage de leur propre opération, c'est comme
ça que ça va se passer". Il considère que
l'intérêt de l'association LPE, c'est la mutualisation qu'elle
permet. Il considère que le "LPE se met un peu au dessus des
intérêts partisans ou de la représentation de chacune des
copropriétés, ce qui n'est pas le rôle des
présidents de syndics. Ils ont une vision globale et
générale de l'intérêt commun"
Enfin, l'architecte se questionne : "ce n'est pas notre
mission mais on sera obligé de se poser la question : du point de vue
juridique, peuvent-ils (membres du LPE) être maître d'ouvrage de
l'ensemble de l'opération ?". Il ajoute "aujourd'hui les aides de l'ANAH
peuvent-elles aller vers un organisme associatif qui devient maître
d'ouvrage de l'ensemble des copropriétaires?"
Il s'interroge aussi sur un "système de gouvernance
où chacun des présidents de syndic soit dedans". Il
considère que ça serait le minimum mais se demande comment une
telle structure pourrait dépasser les intérêts
particuliers.
ECOQUARTIER
En tant qu'urbaniste, Patrick Bertrand pense le projet de
façon globale. Il précise qu'il "travaille sur la qualité
des espaces extérieurs, sur la biodiversité, sur les
déplacements et le traitement des déchets".
Il mentionne notamment le fait que le quartier est doté
de 5 ha d'espaces verts et que la valorisation des déchets organiques
est une problématique incontournable.
Par ailleurs, l'équipe "travaille sur les
éco-constructions, sur les matériaux avec le minimum de
production de déchets et de matière grise utilisées en
amont de ce qui va être introduit dans le site".
Patrick Bertrand refuse l'idée que l'appellation
"écoquartier" pourrait avoir une incidence sur le prix du loyer :
"ça voudrait dire que c'est la spéculation qui ferait le prix du
loyer? "Moi, je ne pense pas". Il ajoute même : "heureusement que le
logement social n'est pas indexé sur le taux de rentabilité de
l'argent aujourd'hui".
L'architecte est pleinement investi du caractère
sociale de sa mission : «si faire un éco-quartier c'est exclure les
habitants les plus modestes, j'arrête tout de suite, je reviens à
l'architecture de masse», il "ne voit pas pourquoi" il y aurait un risque
de déviance.
Concours Eco-quartier:
Patrick Bertrand n'a été pas motivé
financièrement pour participer au concours. Il précise que c'est
le maire qui a souhaité y répondre.
Lorsqu'on le questionne sur le rejet de la candidature du
Ponceau, il répond : "on a failli être lauréat", "Franck
Faucheux nous a proposé sur la thématique de la gouvernance, et
on a été rejeté car la gouvernance ne faisait pas partie
des thématiques initiales". C'est le " travail avec les habitants" qui
était remarqué. Toutefois, le Ponceau " fait parti du club
opérationnel". Il participe notamment à "l'atelier du MEEDDM et
du PUCA : le rôle du citoyen et de l'entrepreneur dans
l'écoquartier".
PERCEPTIONS DE PATRICK BERTRAND
Le Ponceau représente un "changement radical" pour
l'architecte. Avant, il n'était pas intéressé par la
réhabilitation.
Il ajoute : "je pense qu'on est rentré dans une
période, par la question énergétique, où l'on peut
commencer à vraiment faire de l'architecture avec de la
réhabilitation en ne se contentant pas de faire uniquement ce que l'on
fait d'habitude dans les palulos ou dans la réhabilitation de
façade avec une isolation un peu médiocre". Il considère
en effet que pour des raisons de coûts qui sont justifiées, des
réhabilitations sont souvent dramatiques
P. Bertrand précise d'ailleurs que la
réhabilitation "pose des vraies questions d'architecture et des vraies
questions d'urbanisme. Aujourd'hui, on commence à entrer dans une
période qui devrait être innovante dans ce tissu là. C'est
porteur d'un espoir et d'un avenir" car la question énergétique
est posée d'une manière globale".
L'architecte note enfin qu' "on peut à travers la
réhabilitation continuer à prolonger un projet contemporain,
moderne et innovant, et continuer le travail sur la ville et sur la
qualité du bâti peut se faire avec ce type de patrimoine".
ANNEXE 9 - ELEMENTS DE PROGRAMME DE LA ZAC DE
L'ECO-QUARTIER DU VAL DE
RIS
1.1 FONCTIONNEMENT URBAIN
1.1.1 TRAME URBAINE
Cette section traite de l'insertion dans l'existant, des
formes urbaines & formes d'habitat et du fonctionnement des espaces
privés/espaces publics.
Insertion dans l'existant
Tisser des liens entre les zones naturelles, pavillonnaires
et d'habitats collectifs qui bordent le site est une priorité dans le
projet. Les coutures du périmètre de la ZAC avec l'existant ont
été soigneusement étudiées. Sur la rue de Fromont,
qui borde un quartier pavillonnaire, une partie des constructions seront en
habitat intermédiaire. Le long du quartier préexistant d'habitat
social, les boxes de stationnement seront détruits pour favoriser la
perméabilité des espaces. Enfin les abords du secteur du lac sont
également repensés.
Habitat intermédiaire au niveau de la rue de Fromont,
extrait du Cahier de prescriptions architecturales, urbaines et
paysagères, 2010.
Structure paysagère
La trame urbaine du futur quartier est basée sur le
parti pris d'une perméabilité des espaces, s'appuyant sur une
structure paysagère fortement présente. Les trois axes
parallèles au fleuve forment un système de terrasses et quatre
traverses ont été dessinées pour franchir la voie
ferrée et relier la ville au fleuve. Enfin, l'armature paysagère
du site est renforcée de coulisses jardins dont l'objectif est de
diffuser la nature du lac à l'ensemble du quartier
Armatures paysagères du futur quartier, extrait du Cahier
de prescriptions architecturales, urbaines et paysagères, 2010.
Formes urbaines et formes d'habitat
Seul le plan masse du secteur du Docks des Alcools est
arrêté à ce jour car les autres secteurs sont toujours en
phase de planification et de programmation.
Le plan masse du secteur des Docks des Alcools,
remanié par Olivier Brochet et Thierry Laverne, vise à
insérer le bâti dans son contexte naturel. Les bâtiments
sont implantés autour de percées paysagères. Les
architectes ont établi un plan dans lequel les typologies des
bâtiments sont diversifiées tant dans le volume, la hauteur (du
R+1+comble au R+7) ou l'architecture (matériaux, esthétique). Le
plan masse établit l'atténuation des limites entre l'espace
public et l'espace privé, qui est une grande particularité du
projet.
Plan masse du quartier, Agence Brochet-Lajus-Pueyo, 2008
Fonctionnement des espaces privés et des espaces
publics
Les espaces publics, très
végétalisés, représentent un peu plus de la
moitié de la surface totale du Dock des Alcools (hors lac). La structure
paysagère innovante a notamment pour fonction d'éviter le
cloisonnement des espaces privés et publics. Il est par exemple
envisagé d'intégrer les clôtures dans des massifs
arbustifs, ce qui permettra de confondre ces deux espaces. Dans cette
même dynamique, les coursives, jardins extérieurs et terrasses
prolongent les espaces privés dans le domaine public.
(a) (b)
Relation non souhaitée (a) puis souhaitée (b) des
espaces publics et privés, extrait du Cahier de prescriptions
architecturales, urbaines et paysagères, 2010.
1.1.2 Mobilité
L'armature paysagère incite à l'utilisation des
modes doux par la création de voies réservées aux deux
roues et aux piétons, par exemple l'axe au coeur de la grande Halle. La
ZAC bénéficie du projet départemental de la coulée
verte qui favorise aussi l'utilisation des modes doux.
Dans le cadre de la destruction des boxes de stationnement du
quartier d'habitat social, une réflexion est menée sur les
problématiques de stationnement et le plan de circulation.
La grande proximité de la gare RER (ligne D) et les trois
lignes de bus intercommunautaires (gare et rue Edmont Bonté) doivent par
ailleurs favoriser l'usage des transports en commun.
1.2 PERFORMANCE ENVIRONNEMENTALE DES AMENAGEMENTS
1.2.1 Energie
La stratégie énergétique du projet
repose sur la mise en oeuvre d'un réseau de chaleur géothermique
à très faible énergie. C'est à travers un
système de pompes à chaleur que l'eau prélevée dans
les nappes, délivrera des calories pour produire de la chaleur. Le
réseau fait l'objet d'une concession de travaux de 24 ans. Une
chaufferie bois est installée sur le secteur CAES/Gare.
La poursuite de la programmation a mené à
l'objectif d'obtention du label BBC à l'échelle du quartier
impose une consommation énergétique maximum de
65kWhep/m2/an pour les bâtiments pour l'eau chaude
sanitaire, le chauffage, la ventilation et l'éclairage. Une
réflexion est aussi menée sur l'installation de panneaux solaires
photovoltaïques (environ 1500 m2) qui devraient couvrir le toit
de la grande halle orienté sud-est.
1.2.2 Eau
Le projet respecte le Plan de prévention des risques
d'inondation (PPRI) qui impose des règles de construction telles que la
hauteur de plancher habitable supérieure à la cote de la crue
centennale. Une attention particulière est portée à la
gestion des eaux de ruissellement à travers la réalisation de
toitures végétalisées, la création de noues et
l'optimisation des surfaces perméables (maximum de surfaces pleine
terre, systèmes d'infiltration et de stockage, traitement
différencié des eaux pluviales).
Gestion de l'eau de ruissellement, extrait du Cahier de
prescriptions architecturales, urbaines et paysagères, 2010.
1.2.3 Biodiversité
Le secteur boisé autour du lac, d'une surface de 8
hectares, a été classé Espace naturel sensible par le
Conseil général d'Essonne. Il présente une grande
diversité de faune et de flore. Son ouverture au public est donc
étudiée pour garantir la conservation de cet espace.
L'avant-projet sommaire réalisé par Ah-Ah en 2008
préconise de « composer une structure végétale et
naturelle dominante à partir de la gamme végétale
présente sur les rives du lac, et d'une végétation de
friches autrefois présente sur le site ».
|
|
|
Lac de la ZAC de l'Eco-Quartier du Val de Ris, 2010
1.2.4 Déchets
Le tri des déchets s'effectuera selon le principe
d'apport volontaire en conteneurs enterrés sur les espaces publics. Les
modalités de tri sont celles en vigueur sur l'agglomération qui a
la compétence de la gestion et de la valorisation des déchets.
Une gestion sélective des déchets a
été mise en place sur le chantier. Les matériaux issus de
la déconstruction des bâtiments préexistants non
conservés ont été broyés puis ont été
réutilisés en tant que remblais pour travaux sur les
réseaux souterrains.
1.2.5 Matériaux et ressources
Le CPAUP précise le niveau de qualité (aspect
satisfaisant, bonne tenue dans le temps, non salissants...) des
matériaux et privilégie l'aspect naturel, mais il n'y a pas de
matériau imposé dans le cadre des constructions.
1.3 DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE LOCAL
1.3.1 Mixité fonctionnelle
Environ 77% de la surface construire sera consacrée
aux logements, 10% à l'équipement (CAES) et 13% au tertiaire
(activités du secteur gare, encore en réflexion actuellement). Le
programme de la ZAC participe, par le nombre important de logements produits,
à répondre aux besoins en logements sur la commune.
1.3.2 Développement et maintien des
activités et des entreprises locales
Le projet a fait l'objet d'une étude commerciale.
L'écoquartier devrait encourager la reprise économique des
commerces de la rue Edmond Bonté (près de la gare) à
travers l'implantation d'un nouveau tissu commercial dans cette rue et le
travail sur les cheminements favorisant l'accès aux commerces depuis
l'éco-quartier.
1.4 QUALITE ET DIVERSITE SOCIALE
1.4.1 Cohésion sociale
20% des logements sont réservés à
l'accession sociale. La limitation du prix de vente de ces logements, la
création de logements étudiants, d'ateliers-logements pour les
artistes et la construction d'un bâtiment pour personnes
âgées avec services adaptés, favorisent une mixité
sociale et intergénérationnelle.
Le programme des équipements et des services n'est pas
encore intégralement établi. Cependant, une crèche est
programmée dans le périmètre de la ZAC alors que
l'école sera construite à l'extérieur, favorisant le lien
avec les quartiers limitrophes.
Une solution de relogement adaptée à chaque
squatteur du CAES a conduit à l'assainissement de la situation sur ce
site.
1.4.2 Accessibilité
Pas de mesure spécifique, les bâtiments
répondent aux normes d'accessibilité en vigueur dans la
réglementation et le PPRI.
1.4.3 Culture et patrimoine
Le projet conduit à la préservation et à la
revalorisation d'une partie du patrimoine industriel, notamment les
bâtiments du site du CAES et la grande halle centrale.
Le maintien du site du CAES avec la création d'ateliers
et logements pour les artistes, a pour objectif de développer ce
pôle culturel et son rayonnement sur le territoire.
1.4.4 Risques et nuisances
Pollution du sol
Le passé industriel du site explique la pollution
initiale du sol. Une évaluation quantitative du risque sanitaire a
été menée et a conduit à l'évacuation du sol
contaminé pour traitement à l'extérieur du site.
Pollution sonore
Afin de limiter les nuisances sonores
générées par l'activité ferroviaire, des
bâtiments d'activité seront construits le long de la voie
ferrée. Des travaux d'amélioration des rails (soudage...)
permettront de réduire le bruit ainsi que le développement des
surfaces végétales qui absorbent les ondes acoustique.
1.4.5 Qualité urbaine et
architecturale
L'objectif de faible consommation énergétique
des logements ne peut atteint que si une architecture de qualité est
mise en oeuvre. Les bâtiments situés près de la voie
ferrée devront ainsi être dotés d'un système
permettant de réduire l'intensité acoustique
intérieure.
Les lots ayant tous été attribués à
des architectes différents, le quartier offrira une diversité
architecturale.
ANNEXE 10 - DETERMINATION DU COEFFICIENT DE
DEPERDITION
Hypothèses de calcul extraites de l'étude de
faisabilité du réseau de chaleur - IOSIS (mai 2008) :
Le site
|
Surface
|
66000 m2
|
|
668 lgt
|
|
ECS
|
Besoins ECS/jours
|
200 L/j/lgt
|
|
320 j
|
|
0,95
|
|
0,98
|
|
10 °C
|
|
55 °C
|
|
35 kWh/m2
|
|
|
Modulo ref classe
|
0 °C
|
|
Tnc
|
18 °C
|
|
Ñ distribution
|
0,95
|
Chauffage
|
|
0,95
|
|
|
Ñ émission
|
1,00
|
|
Besoin de chauffage
|
50 kWh/m2
|
|
Données utilisées et résultats :
Données utilisées
|
|
Modulo ref classe
|
0
|
°C
|
Tref
|
18
|
°C
|
Ñ
|
0,9025
|
|
Besoin
|
50
|
kWh/m2
|
Surface concernée
|
66000
|
m2
|
|
Résultats
Résultats
|
|
|
Besoins totaux
|
3300
|
MWh
|
Energie consommée
|
3662
|
MWh
|
GV
|
54,39
|
kW/K
|
Puissance de base
|
26,03
|
W/m2
|
|
Calcul des DHU (K):
Text °C
|
Temps de chauffage h
|
DHU K
|
Energie cons.
MWhth
|
Consommation énergétique %
|
Cumul de
la consommation énergétique %
|
P kWth
|
-10,5
|
8
|
228
|
14
|
0,4%
|
0,4%
|
1 718
|
-9,5
|
3
|
83
|
5
|
0,1%
|
0,5%
|
1 657
|
-8,5
|
5
|
133
|
8
|
0,2%
|
0,7%
|
1 597
|
-7,5
|
7
|
179
|
11
|
0,3%
|
1,0%
|
1 537
|
-6,5
|
11
|
270
|
16
|
0,4%
|
1,5%
|
1 477
|
-5,5
|
21
|
494
|
30
|
0,8%
|
2,3%
|
1 416
|
-4,5
|
28
|
630
|
38
|
1,0%
|
3,3%
|
1 356
|
-3,5
|
46
|
989
|
60
|
1,6%
|
4,9%
|
1 296
|
-2,5
|
71
|
1 456
|
88
|
2,4%
|
7,3%
|
1 236
|
-1,5
|
107
|
2 087
|
126
|
3,4%
|
10,8%
|
1 175
|
-0,5
|
155
|
2 868
|
173
|
4,7%
|
15,5%
|
1 115
|
0,5
|
196
|
3 430
|
207
|
5,6%
|
21,1%
|
1 055
|
1,5
|
237
|
3 911
|
236
|
6,4%
|
27,6%
|
994
|
2,5
|
274
|
4 247
|
256
|
7,0%
|
34,6%
|
934
|
3,5
|
310
|
4 495
|
271
|
7,4%
|
42,0%
|
874
|
4,5
|
351
|
4 739
|
286
|
7,8%
|
49,8%
|
814
|
5,5
|
389
|
4 863
|
293
|
8,0%
|
57,8%
|
753
|
6,5
|
423
|
4 865
|
293
|
8,0%
|
65,8%
|
693
|
7,5
|
438
|
4 599
|
277
|
7,6%
|
73,3%
|
633
|
8,5
|
427
|
4 057
|
244
|
6,7%
|
80,0%
|
573
|
9,5
|
408
|
3 468
|
209
|
5,7%
|
85,7%
|
512
|
10,5
|
381
|
2 858
|
172
|
4,7%
|
90,4%
|
452
|
11,5
|
332
|
2 158
|
130
|
3,6%
|
94,0%
|
392
|
12,5
|
271
|
1 491
|
90
|
2,5%
|
96,4%
|
331
|
13,5
|
225
|
1 013
|
61
|
1,7%
|
98,1%
|
271
|
14,5
|
177
|
620
|
37
|
1,0%
|
99,1%
|
211
|
15,5
|
138
|
345
|
21
|
0,6%
|
99,7%
|
151
|
16,5
|
106
|
159
|
10
|
0,3%
|
99,9%
|
90
|
17,5
|
73
|
37
|
2
|
0,1%
|
100,0%
|
30
|
18,5
|
57
|
-29
|
0
|
0,0%
|
100,0%
|
-
|
19,5
|
44
|
-66
|
0
|
0,0%
|
100,0%
|
-
|
|
5719
|
60 669
|
3 662
|
100,0%
|
100,0%
|
25 344
|
|
ANNEXE 11 - EXTRAIT DU CAHIER DE PRESCRIPTIONS
ENVIRONNEMENTALES (AFTRP / ALTER DEVELOPPEMENT)
ANNEXE 12 - EXTRAIT DU SYSTEME DE MANAGEMENT
ENVIRONNEMENTAL DE L'AFTRP (2008)
ANNEXE 13 - EXTRAIT DU PLAN D'ACTION RELATIF A
L'ASPECT ENERGETIQUE (2009)
ANNEXE 14 - EXTRAIT DE LA CHARTE DE L'ECO-QUARTIER DU
VAL DE RIS (2009)
ANNEXE 15 - FONCTIONNEMENT DES SOUS-STATIONS DU RESEAU
GEOTHERMIQUE DE LA ZAC DE L'ECO-QUARTIER DU
VAL DE RIS
Sous-stations du réseau géothermique des Docks de
Ris, AFTRP 2010
ANNEXE 16 - FONCTIONNEMENT DU RESEAU DE CHALEUR DU SECTEUR
CAES/GARE LA ZAC DE L'ECO-QUARTIER DU VAL DE RIS
Réseau de chaleur du secteur CAES/GARE, AFTRP 2010
ANNEXE 17 - LE RESEAU DE CHALEUR DE LA CACP
ANNEXE 18 - EXTRAIT DES STATUTS DU PONCEAU
ECODURABLE
Article 2 But et objet.
Association de sensibilisation et de formation des habitants de
la residence du Ponceau a la prise en compte et a la maltrise du developpement
durable dans la gestion et dans l'utilisation de l'habitat.
Dans l'esprit du Grenelle de l'environnement, pour faciliter la
mobilisation et l'action des habitants du Ponceau a la maltrise de leur cadre
de vie, le but de l'association est :
· De favoriser et mettre en place :
- des actions de sensibilisation et d 'information dans les
domaines du developpement durable,
- des actions de formation et de pedagogie pour la maltrise
d'ouvrage durable,
- des actions de recherche et d 'innovation des pratiques
professionnelles en matiere de conception de l'espace bati et non bati
- les cadres de la maltrise, de l'efficacite energetique, de la
protection et de l'economie des ressources naturelles.
· De participer a la reflexion et a la mise en place des
demarches et des procedures de participation locale aux projets d'amelioration
et de renovation.
· De developper les nouvelles pratiques d 'expression de la
demande et de la commande de projet et en restituer les enseignements.
L'association a pour objet de :
1. Developper l'education a la maitrise d'ouvrage durable
collective et participative. Les themes centraux seront le coat global, les
questions d'echelles et d'usage de l'habitat, de ses contextes et de ses
mutations.
2. Former les habitants du Ponceau a la maltrise d'ouvrage
durable mutualisee, collaborative, et participative.
Ce sera aussi le vecteur de la creation d'un reseau local
d'experts, qui sera une base AMO (assistance a la maltrise d'ouvrage) de chaque
copropriete.
3. Structurer un outil de maltrise d'ouvrage inter
coproprietes, qui sera mobilisable sur le plan operationnel, et, decideur sur
le plan programmatique. Les syndics sont l'executif des coproprietes, passent
et suivent les marches.
Ce troisieme objet sera effectif dans le cadre de
participation a des projets municipaux, departementaux, regionaux, nationaux et
europeens necessitant une maltrise d'ouvrage commune.
ANNEXE 19 - TABLEAU RECAPITULATIF DES BATIMENTS DES
COPROPRIETES DU PERIMETRE D'OPAH
(p.64 Etude pré-opérationnelle OPAH du
quartier du Ponceau)
|
U 3
|
U 4
|
U 5
|
U 8
|
U 9
|
U 10
|
U 10 bis
|
bâtiment I S
|
IS 1
|
IS 2
|
IS 3
|
|
|
|
|
étanchéité
|
mauvais
|
bon
|
mauvais
|
VMC
|
moyen
|
moyen
|
moyen
|
ravalement
|
mauvais
|
moyen
|
moyen
|
menuiseries
|
bois simple vitrage
|
moyen
|
moyen
|
vide-ordures
|
en service
|
en service
|
en service
|
rue haute
|
Pb étanchéité, revêtement
|
Pb étanchéité, revêtement
|
Pb étanch. Revêt.
|
bâtiment ED
|
ED 2
|
ED 3
|
ED 7
|
ED 1
|
ED 8
|
ED P2
|
ED P1
|
ED 4
|
ED 5
|
ED 6
|
ED NA
|
étanchéité
|
mauvais
|
mauvais
|
mauvais
|
mauvais
|
moyen
|
mauvais
|
mauvais
|
moyen
|
bon
|
moyen (isolé)
|
mauvais
|
VMC
|
moyen
|
moyen
|
moyen
|
moyen
|
moyen
|
mauvais
|
mauvais
|
bon
|
bon
|
bon
|
mauvais
|
ravalement
|
moyen
|
moyen
|
moyen
|
moyen
|
moyen
|
moyen (isolé)
|
moyen (isolé)
|
moyen (isolé)
|
moyen (isolé)
|
moyen (isolé)
|
moyen (isolé)
|
menuiseries
|
bois s.v.
|
bois s.v.
|
bois s.v.
|
bois simple vitrage
|
bois simple vitrage
|
PVC d.vitrage.
|
PVC d.vitrage.
|
PVC d.vitrage.
|
PVC d.vitrage.
|
PVC d.vitrage.
|
PVC d.vitrage.
|
parties communes
|
bon
|
mauvais
|
bon
|
bon
|
bon
|
bon
|
voté
|
bon
|
bon
|
bon
|
bon
|
sécurisation des accès
|
oui
|
oui
|
oui
|
oui
|
oui
|
oui
|
oui
|
oui
|
oui
|
oui
|
oui
|
vide-ordures
|
en service
|
en service
|
en service
|
neutralisé moyen
|
neutralisé mauvais
|
neutralisé bon
|
neutralisé bon
|
neutralisé bon
|
en service moyen
|
sécurité incendie
|
bon
|
bon
|
bon
|
moyen
|
bon
|
ascenseur
|
moyen
|
moyen
|
moyen
|
moyen
|
moyen
|
sans objet
|
sans objet
|
bon
|
bon
|
bon
|
moyen
|
bâtiment CP
|
|
CP 1 mauvais
|
CP 2
|
CP 3
|
CP 4
|
CP 5
|
|
CP 6
|
|
étanchéité
|
voté
|
voté
|
neuf
|
mauvais
|
|
VMC
|
moyen
|
moyen
|
mauvais
|
mauvais
|
moyen
|
moyen
|
ravalement
|
moyen
|
moyen
|
moyen
|
moyen
|
moyen
|
PVC d.vitrage.
|
menuiseries
|
bois s.v.
|
bois s.v.
|
bois s.v.
|
bois s.v.
|
bois simple vitrage
|
PVC d.vitrage.
|
rue haute
|
moyen
|
moyen
|
moyen
|
moyen
|
moyen
|
bon
|
parties communes
|
mauvais
|
mauvais
|
bon
|
bon
|
bon
|
mauvais
|
sécurisation des accès
|
oui
|
oui
|
oui
|
oui
|
oui
|
oui
|
vide-ordures
|
en service
|
en service
|
neutralisé
|
sécurité incendie
|
moyen
|
moyen
|
moyen
|
bon
|
hors normes
|
hors normes
|
Garage
|
|
|
|
étanchéité
|
mauvais
|
moyen
|
mauvais
|
ravalement
|
mauvais
|
mauvais
|
moyen
|
parties communes
|
moyen
|
moyen
|
moyen
|
sécurité incendie
|
hors normes
|
hors normes
|
hors normes
|
|