3) Analyse critique de l'approche comparative
Alors que l'approche actuarielle avait pour objectif de
déterminer la valeur intrinsèque des sociétés
cotées, afin de pouvoir comparer celle-ci au prix du marché,
l'approche comparative a pour but de se référer directement au
prix du marché, en considérant que le marché est efficient
et que les prix pratiqués sont représentatifs de la valeur des
sociétés cotées (théorie de l'efficience). La
logique de ces deux approches de valorisation est donc totalement
différente.
L'approche comparative, qui est utilisée sous des
formes variées par les professionnels des marchés financiers dans
la plupart des évaluations financières, notamment lors des
introductions en bourse, est la méthode d'évaluation
financière la plus courante et la plus facile à réaliser.
Les méthodes de comparaison boursière que nous avons
développées dans cette partie présentent toutes des
avantages, dans la mesure où elles permettent de rapprocher la valeur
d'une société du prix du marché financier, soit du prix
que les investisseurs vont être prêts à payer pour cette
valeur. Toutefois, même si ces méthodes sont simples et
adaptées à la valorisation des sociétés
cotées, leur utilisation peut poser certains problèmes. Dans la
pratique, il est parfois très difficile de trouver des
sociétés comparables à la société faisant
l'objet d'une étude financière. En effet, même si
l'activité est comparable, certains éléments (une position
de leader, un effort de R&D important) peuvent avoir pour
conséquence de modifier la valeur d'une société et de
finalement remettre en cause l'utilisation même de l'approche comparative
pour déterminer la valeur de celle-ci. De plus, même si l'on
détermine un échantillon de sociétés cotées
comparables, ce qui n'est pas toujours possible (sociétés
positionnées sur une niche technologique extrêmement
précise par exemple), encore faut-il que celles-ci soient sur le
même compartiment de marché et qu'elles soient de taille
comparable. En effet, dans la pratique des marchés financiers, les
sociétés étudiées sont valorisées
différemment selon le compartiment actions sur lequel elles se
trouvent.
Enfin, l'approche comparative, si elle permet de se fixer par
rapport au prix du marché, ne permet pas de déterminer
réellement la valeur de l'entreprise, c'est à dire sa valeur
intrinsèque, et ne permet donc pas aux investisseurs de savoir si la
valeur est chère ou non. La valorisation qui résulte de toute
approche comparative est donc inévitablement très
dépendante des conditions de marché. Toutefois l'utilisation de
l'approche comparative est telle dans la pratique des marchés financiers
qu'il est impossible de ne pas la retenir dans le cadre d'une valorisation. Il
est seulement important de ne pas utiliser l'approche comparative seule, mais
de l'associer à d'autres méthodes de valorisation.
Conclusion
La valorisation d'une société est une
délicate alchimie dans laquelle intervient des ingrédients fixes,
mais aussi des critères variables et donc de la
créativité. On ne peut définir qu'une ligne directrice des
méthodes de valorisation mais en aucun cas être exhaustif. Les
professionnels procèdent au cas par cas, en personnalisant les
critères et les hypothèses retenues à partir des
spécificités de la société à
évaluer.
La difficulté de ces opérations réside
donc moins dans l'application d'une méthode que dans le choix des
hypothèses et dans le choix de la méthode elle-même.
En effet, la difficulté des praticiens à
valoriser les sociétés Internet vient entre autres du fait que
les méthodes d'évaluation retenues donnent des fourchettes
larges, et qu'il est donc parfois difficile d'accorder du crédit
à ces méthodes, d'autant plus qu'elles prennent beaucoup de
liberté par rapport aux fondamentaux économiques des
sociétés analysées.. C'est pourquoi, la valorisation
finale reflète systématiquement la réalité
économique et non la valeur économique de l'entreprise. La
valorisation d'une société prend en compte une pluralité
de critères qui vont influencer plus ou moins sensiblement la
valorisation finale, mais qui ne reflèteront jamais la valeur comptable
de la société.
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