CONCLUSION GENERALE
Actuellement, l'économie algérienne se
caractérise par une forte présence de l'État actionnaire.
Le nombre de banques privées a certes augmenté, mais elles ne
représentent que 6% du marché. Par ailleurs, le contrôle
des changes demeure tatillon, compliquant les transferts de fonds et les
rapatriements de dividendes et bénéfices.
De plus, l'Algérie est
« sous-bancarisée » étant donné qu'un
algérien sur cinq dispose d'un compte en banque et les échanges
interbancaires en moyens de paiement sont de 0,18 par habitant contre 3 en
Tunisie. Par conséquent, les banques ne semblent pas remplir leur
fonction principale de financement de l'économie, et notamment le
financement du secteur privé et des PME/PMI en particulier.
L'activité bancaire s'exerce essentiellement en
direction des grandes entreprises publiques, les grandes entreprises
privées y ayant également un accès beaucoup plus facile
que les PME. Ainsi, 29 % des prêts sont octroyés au secteur
privé, contre 71 % au secteur public.
En outre, il n'existe pas d'outils bancaires de couverture
contre les variations des taux de change et des taux d'intérêt, ce
qui risque d'augmenter le niveau d'hésitation des investisseurs
étrangers. Il faut aussi signaler les problèmes de fonctionnement
de la bourse d'Alger.
Toute cette situation implique que pour un renforcement du
secteur bancaire et financier, l'Algérie a besoin d'une mobilisation
massive de capitaux étrangers sous forme d'IDE.
De plus, l'IDE ne constitue pas seulement un apport en
capital mais également un moyen de transferts des technologies
nouvelles, des actifs incorporels, tel que des compétences en
matière d'organisation et de gestion.
S'ajoute à cela, le développement du capital
humain partant de l'idée que l'entreprise bancaire est également
un lieu de formation pour l'individu au même titre que le système
éducatif.
Cependant, si l'IDE est globalement extrêmement
bénéfique du point de vue du processus de développement,
force est de reconnaître qu'il peut s'accompagner de certains effets
négatifs.
Ces effets négatifs sont vraisemblablement liés
à la dégradation de la balance des paiements du fait du
rapatriement des bénéfices (encore que ce rapatriement soit
souvent compensé par de nouvelles entrées d'IDE) et les effets
exercés sur la concurrence au niveau des marchés nationaux.
Pour que l'IDE puisse jouer un rôle déterminant
dans le renforcement du secteur bancaire et financier, il doit tenir compte
d'un certain nombre de facteurs dont le facteur juridique et institutionnel.
De ce point de vue, force est de reconnaître que
l'innovation principale introduite par l'ordonnance de 2001 qui a
modifié le décret législatif de 1993 relatif à la
promotion de l'investissement a consisté tout simplement en la
suppression de l'automaticité des avantages
accordés.
La vision réductrice qui avait ainsi prévalu, en
déphasage total avec les pratiques en cours dans d'autres pays, a induit
pour l'Algérie le risque grave de perdre une bonne partie de son
attractivité dans ce domaine.
Certes, le régime plus favorable qui avait
été mis en oeuvre durant plus de sept années n'avait pas
produit les résultats escomptés.
Mais les dispositions de l'ordonnance de 2001 n'ont pas
apporté les réponses adaptées à la situation de
blocage de l'investissement étranger dont les déterminants se
trouvaient neutralisés depuis trop longtemps par une impuissance
à affronter la situation engendrée surtout par une gestion
anarchique du foncier économique confiée à des
institutions agissant en ordre dispersé et un taux
d'intérêt prohibitif qui hypothèque sérieusement
toute possibilité de rentabilité des projets.
En dépit de la loi sur la monnaie et le crédit,
le secteur bancaire public majoritaire continue de fonctionner suivant la
même logique initiale, le volume des ressources collectées restant
notoirement insuffisant pour faire face aux besoins et au développement
des activités.
La situation actuelle des banques publiques porte les
stigmates de son évolution historique à l'image de
l'évolution socio-économique d'ensemble du pays. Remplissant, au
départ, le rôle de simples caisses, elles ont été
transformées progressivement en relais spécialisés du
Trésor pour le financement et l'assainissement du portefeuille des EPE,
d'où leur quasi-illiquidité manifeste.
De plus, elles ont été, avec le temps,
érigées en banques à tout faire, banques universelles.
Conçues à l'origine comme des banques de dépôt et de
crédit sectoriel, elles interviennent actuellement dans des fonctions
diverses sans y être préparées, en termes de métiers
et de services d'appui.
L'entreprise bancaire algérienne est actuellement
entièrement dépendante d'un environnement instable, incertain et
contraignant. Elle doit se réformer en profondeur tout en assurant les
missions anciennement dévolues.
Cette réforme ne doit pas uniquement se concentrer sur
le système bancaire et financier mais aussi sur l'amélioration de
son image auprès des investisseurs étrangers potentiels à
travers l'ANDI.
Ainsi, le défi principal pour l'Algérie est
de mettre en place une véritable stratégie nationale de promotion
de l'IDE. À cet égard, l'ANDI demeure une
structure incontournable pour le renforcement du secteur bancaire et financier
à travers une attractivité de l'IDE, tout en lui permettant de
jouer pleinement son rôle et profiter de ses retombées positives.
Si on prenait pour exemple l'expérience des pays du
Sud-Est asiatique qui ayant démontré que le décollage
économique d'un pays s'appuyé essentiellement sur
l'épargne locale consolidée certes par les IDE.
On comprendrait alors que dans les expériences
internationales, coréennes ou autres, nous n'ayons pas vu les
étrangers développer ces pays ; au départ, ce sont
les nationaux qui ont pris le risque.
Pour permettre à l'IDE de contribuer au renforcement du
secteur bancaire et financier algérien, certaines solutions peuvent
être envisagées sous formes de suggestions de notre part.
SUGGESTIONS :
Afin d'identifier et de mettre en valeur les
potentialités du pays dans le secteur bancaire et financier à
travers un IDE, les recommandations suivantes sont formulées :
1) Renforcer le partenariat entre les banques nationales et
étrangères, par les prises de capital afin de favoriser le
transfert de compétences dans le domaine des services bancaires et
financiers, l'amélioration de la qualité de l'information et la
modernisation des techniques de paiement.
2) Renforcer le réseau interbancaire et simplifier les
procédures d'ouverture de comptes bancaires. Promouvoir auprès
des banques le E-Banking, selon l'exemple de la société mixte
Algeria E-Banking Service (AEBS), filiale algérienne du groupe
français Diagram-Edi.
3) Créer de nouveaux organismes de financement
destinés au secteur privé et des mécanismes de garantie
pour faciliter l'accès au financement pour les PME/PMI (un fonds de
garantie du crédit sous la tutelle du Ministère des finances ou
de la Banque d'Algérie). Faciliter les procédures en
créant des guichets et mécanismes au sein des banques
commerciales et de développement.
4) Renforcer le contrôle de la Banque centrale, afin
d'éviter d'autres faillites du type El Khalifa et BCIA ; cela
permettrait de renforcer la crédibilité et la confiance des
investisseurs étrangers dans le marché bancaire et financier
algérien et améliorer l'image du secteur tout entier.
5) Simplifier la réglementation des changes en
matière de transfert et de rapatriement des dividendes et des
bénéfices, tout en préservant les intérêts du
pays.
6) Accroître les compétences en techniques
financières de marché et en ingénierie financière
en mettant en place des programmes de formation spécialisée.
Permettre aux institutions financières de s'engager dans toutes les
activités financières sous la surveillance d'une véritable
autorité de contrôle.
7) Mettre à jour la législation sur
l'investissement, par exemple en ce qui concerne les décisions de l'ANDI
quant à l'octroi d'avantages aux investisseurs étrangers qui
s'installent en Algérie, décisions qui devraient se fonder sur
des critères objectifs fixés clairement par la loi, et non sur
une évaluation arbitraire faite par l'Agence.
8) Améliorer la prévisibilité et la
transparence de la législation relative à l'investissement, afin
de limiter au maximum les divergences d'interprétation. À ce
sujet, il est recommandé de simplifier et clarifier le système
des recours contre les décisions de l'ANDI.
9) Régler la question du foncier économique,
qui est un obstacle redoutable à l'investissement, à cause des
droits de propriété mal définis, des problèmes de
spéculation et de la multiplication des acteurs. À cet
égard, l'avant-projet de loi tendant à simplifier le
système actuel de gestion et d'attribution des assiettes
foncières pour permettre une véritable relance de
l'investissement et d'améliorer le mode de gestion des zones
industrielles va dans la bonne direction.
10) Renforcer le réseau d'accords bilatéraux
en matière de protection des investissements et de double imposition
avec les principaux pays investisseurs en Algérie.
11) Faciliter l'octroi des visas aux hommes d'affaires en
s'inspirant des expériences tunisienne et marocaine : dans ces pays, le
visa n'est pas nécessaire pour les ressortissants de l'Union
européenne.
12) Mettre en place une stratégie de promotion de
l'investissement à travers l'ANDI. Il est cependant nécessaire de
faire auparavant un audit de l'Agence afin qu'elle puisse répondre aux
critères internationaux de promotion des IDE. Ainsi, l'ANDI pourrait
organiser une campagne internationale de marketing portant sur le potentiel
d'investissement en s'appuyant sur le corps diplomatique en poste à
l'étranger, celui-ci pouvant jouer un rôle actif en termes de
promotion de l'investissement. D'où la nécessité de former
des diplomates aux techniques de ciblage des investisseurs.
13) Etablir une grille comparative servant à
sélectionner les IDE demandant agrément, et ce pour
bénéficier d'un maximum d'avantages (apport de technologie, de
savoir faire, ...etc).
A la lumière de ces considérations, nous
espérons que l'IDE puisse jouer un rôle complémentaire dans
le renforcement du secteur bancaire et financier algérien. Ceci
étant, le capital financier, technique et humain apportés
représente une partie importante sans pour autant se détacher
d'une multitude de contributions dont la contribution en capital culturel de
l'IDE qui nous permettrait alors de mieux nous armer contre la mondialisation.
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