Chants de recueils et culte Protestant aujourd'hui à Kinshasa. Effort pour la revalorisation des chants traditionnels( Télécharger le fichier original )par Maurice Mondengo Iyoka B Université protestante au Congo - Diplome d'études approfondies en théologie 2008 |
2.2.2.5.2 Les chants de recueils et les paroles de réponsLes paroles de réponses sont importantes à la communion et la communication qu'offre la liturgie. Les orants marquent leur participation à la liturgie de la Paroles par des formules qu'ils chantent ou lisent comme : « Amen », « Merci Seigneur », « Gloire soit à notre Dieu », « l'herbe sèche et la fleur fane mais la parole du Seigneur demeure éternellement ».
Les chants de recueils aussi peuvent bien remplacer les paroles d'introduction comme celles de réponses à la lecture des textes bibliques. C'est pour affirmer que cette prière voire ces déclarations peuvent être aussi chantées. De ce fait, les recueils proposent quelques titres, à savoir : O Seigneur bénis ta parole (C.V 137b) ; Fraîches rosées (C.V 143) ; O Dieu de vérité (C.V 144) ; Jésus, ta sainte présence (C.V 147a) ; Jésus est au milieu de nous (C.V 148) ; Toi disposes...(C.V 149) ; O mon Sauveur ouvre mon coeur (C.V 150) ; Demeure par ta grâce (C.V 151) ; Divine parole qui soutient ma foi (A.F 147) ; La parole du Seigneur (A.F 146) ; Ta parole est un beau jardin ( A.F 152) ; Ta parole, Seigneur (A.F 154) ; Ta parole est la richesse (A.F 170) ; Parle, parle Seigneur ( A.F 188) ; Mon salut, ma nourriture (C.V 242) ; Livre saint, céleste livre (A.F 298) ; Mon âme en silence ( A.F 578) ... Après la rubrique Lecture biblique vient le moment culminant du culte. C'est le temps d'écouter Dieu parler au travers d'un instrument humain mais inutile choisi pour ce temps. Nous allons nous appesantir brièvement sur ce moment liturgique.
Comme on peut le reconnaître, la prédication, chez les protestants est l'un des points culminants si pas lui-même le point culminant du culte. Mais sa force ne vient que de la connexion des éléments ou rubriques liturgiques qui la précèdent mieux préparent son temps dans la liturgie de la Parole mais aussi ceux lui succèdent. Parmi ces éléments, nous pouvons retenir le chant liturgique. Car le chant prépare le terrain pour la réception de la prédication dans les coeurs de celles et ceux qui sont rassemblés et s'apprêtent à écouter la parole de Dieu dans le culte ; et lui encore, le chant, vient après la prédication pour appuyer le message et aider les fidèles à le digérer. D'aucuns savent que si la prédication est au pasteur, le chant est à l'assemblée. L'assemblée peut facilement oublier, fût-elle extraordinaire, la prédication du pasteur ou du prêtre après quelques temps, mais pas toujours le chant entonné au culte. C'est ainsi que nous pouvons nous permettre d'affirmer que dans un culte, si la place qu'occupe la prédication dans la liturgie est aussi importante que fondamentale, la place du chant l'est aussi. La prédication prononcée qui s'inscrit dans un cadre liturgique particulier au cours du culte, on le sait, ne tombe de nulle part. Retenons ici le célèbre article de Raphaël Picon sur la prédication516(*). Cet auteur soutient que la prédication est inséparable du contexte d'un culte donné, et qu'elle n'y surgit pas comme un élément étranger. A lire son article, trois temps majeurs retiennent notre attention dans ce moment liturgique. Nous faisons allusion, à ce qu'il appelle lui-même, à savoir : le temps de la séparation, le temps de la tension et celui de la complémentarité. Ces temps exposent très clairement les rapports qui existent entre la prédication et la liturgie. Retenons quelque chose sur le contenu de ces trois temps :
1. Le temps de la séparation est celui qui, par la liturgie, s'ouvre au rite et à la parole. La liturgie prépare le peuple en prière à recevoir la Parole de Dieu qui arrive sur un mode de surgissement et de l'attente, de la surprise et de l'emprise. Or, l'un des objectifs de la prédication est celui de traduire cette réalité : la Parole de Dieu n'est pas ce à quoi l'on s'attend, même si l'on connaît déjà le texte biblique cité. La Parole de Dieu est irréductiblement nouvelle et singulière de par sa nature et de par son irruption toujours datée et localisée dans nos vies. A son écoute, la prédication crée une séparation, elle marque une brèche dans la ritualité qui caractérise toute liturgie.517(*) 2. Le temps de la tension entre le passé et le présent où la liturgie nous permet de « revivre » notre aventure avec Dieu, par la Parole prêchée qui nous permet de la « vivre ». Là où la liturgie va actualiser la mémoire de celles et ceux qui écoutent la Parole ; comme pour dire que la prédication nous rejoint dans notre présent. La liturgie est de l'ordre de la pérennité et de la répétition, la prédication est de l'ordre de l'événement et de l'inauguration.518(*) 3. Le temps de la complémentarité entre la liturgie et la prédication. En effet, la place centrale de la prédication ne doit pas nous conduire à mépriser la liturgie de l'ensemble du culte. Car voir les choses dans ce sens aurait pour effet de survaloriser le rôle de la seule prédication et de la faire apparaître comme un corps étranger au reste du culte. Il peut pourtant être fructueux d'articuler le thème de la prédication avec certains textes liturgiques afin de souligner l'unité du culte et d'accentuer sa valeur pédagogique.519(*) Pour résumer ce point, affirmons à la suite de D. Grasso que la prédication qui annonce la Parole du salut de Dieu et la liturgie qui prépare la réception de celle-ci ont des liens profonds qui les soutiennent. Car, selon cet auteur, si la prédication invite l'homme à y répondre et à rencontrer son Dieu, la liturgie se constitue en un lieu de rencontre entre les deux : l'homme et son Dieu. La prédication et la liturgie ne peuvent pas trop tenir sans une interdépendance. On ne peut les séparer au risque de perdre leur sens dans une célébration cultuelle. La liturgie rend à la prédication un service incomparable non seulement sur le plan existentiel, en réalisant ce qu'annonce la prédication, mais encore dans le domaine de la connaissance. Elle apporte aussi bien la connaissance et rehausse le degré de foi des orants. La référence à la liturgie aide ainsi la prédication à faire comprendre, dans le contexte, ce qu'elle veut enseigner ou inculquer dans la vie des orants520(*). Bien que chaque congrégation voire chaque prédicateur ait sa façon d'annoncer et de signer la fin de la prédication, quelques formules comme celles qui reviennent après la prière que font les chrétiens « [...] au nom du Seigneur Jésus- Christ » sont dans la mémoire commune des protestants depuis la nuit des temps. Il en existe deux types : les acclamations et les prières521(*). Par les acclamations, la communauté rassemblée exprime son assentiment et son adhésion à la parole prêchée. Elle reconnaît par cette parole la puissance rédemptrice de Dieu par le Saint-Esprit qui vient encore sauver l'homme pécheur. Les paroles libres s'appuyant sur des Amen peuvent spontanément sortir de l'assemblée ou du prédicateur lui-même à la fin de son sermon. Quelques textes bibliques ont été aussi à la base de ces formulations. On retiendra : Rm 11,33 -36 ; Ep 3, 20- 21 ; Ep 3, 21 ; 1 Tm 1, 17 ; Ap 1, 5-6 ; Ap 7, 12 ... D'autres ressources de paroles de réponses après le sermon sont les prières qui y sont dites ou des pétitions qu'on adresse à Dieu pour qu'il vienne à l'aide l'Église et l'humanité entière selon le cas à vivre le message reçu dans leur vie de tous les jours. La plupart de ces prières ont un lien avec la prédication que l'on vient de faire. En principe, ces prières devraient se faire après un court moment de silence qui engage une réflexion personnelle de chaque orant qui a suivi le sermon. Mais ce moment d'avant la prière peut aussi bien être bercée par des chants spécialement ceux de recueils. Ici, c'est le sujet de la prédication qui dicte le chant à entonner si le culte n'est pas celui d'une fête liturgique. Il faut appuyer sur le fait que le chant peut aussi bien communiquer toute une prédication. Comme l'écrit Nsumbu, c'est cet aspect qui est le plus exprimé dans l'Église aujourd'hui. Mais on sait que cela ne date pas de notre temps. Déjà avec Luther à la Réforme, cela était un cheval de bataille pour lui dans le travail que devait faire l'Église. Dans ses écrits publiés dans De l'ordre du service divin dans la communauté et Formula missae et communionis, Luther affirmait deux préceptes essentiels pour la musique religieuse où le service divin serait centré sur le sermon, l'exégèse des textes sacrés d'une part, et le culte qui devrait recueillir la participation de la collectivité des fidèles par le chant d'autre part. Il faut dire que dans ce sens d'organisation, les cantates de Bach en observent très rigoureusement la recommandation. Aussi, il conviendra de relever que les théologiens de la pratique seraient du même avis que James Lyon quand il regrette par rapport au cantique ce qui suit : L'importance de la signification du cantique - pour une assemblée, pour la cohérence du culte - n'est pas encore suffisamment valorisée. Il ne s'insère pas seulement dans le cadre du culte - par l'accord à la prédication et la réception de la parole prêchée- il revêt aussi une signification en soi. La musique exerce donc un rôle primordial dans le culte protestant ainsi ponctué par le chant des cantiques, autant d'étapes qui conduisent au sens. Une préparation - en amont et en commun- de tous les protagonistes s'avère particulièrement nécessaire. Pourtant, d'autres questions n'ont pas toujours trouvé les réponses satisfaisantes à propos de la musique qui introduit au culte : de quelle musique, pour quelle Parole ? À titre d'exemple, l'exercice historique de la Liedpredigt (prédication sur un cantique) pourrait être restauré relativement à l'importance de la liaison entre une mélodie et un texte, pour mieux considérer l'herméneutique de l'une et de l'autre. Cette relation sera introduite et transmise. 522(*) Il va falloir compléter cette liturgie de la Parole par la Confession de foi qui unit l'Église visible et l'Église invisible depuis les temps immémoriaux. Mais quid de l'introduction à la Confession de foi qui vient avant la Confession de foi proprement dite dans le culte ? * 516 R. PICON., « La prédication », in Revue de l'Eglise Reformée de France, 3e trimestre, Paris, 1990, pp. 1-2. * 517 Ibid. * 518 Ibid. * 519 Ibid. * 520 Lire D. GRASSO., L'annonce du salut, Paris, Apostolat, 1969, pp. 204-206. * 521 Cf. The Worship Sourcebook, op. cit., pp. 148-150. * 522 J. LYON., Cours déjà cité. |
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