Chants de recueils et culte Protestant aujourd'hui à Kinshasa. Effort pour la revalorisation des chants traditionnels( Télécharger le fichier original )par Maurice Mondengo Iyoka B Université protestante au Congo - Diplome d'études approfondies en théologie 2008 |
1.3.3.1.3 Lors de l'administration des sacrementsNombre des théologiens sont unanimes pour affirmer que l'Église est là où la parole de Dieu est prêchée et les sacrements administrés416(*). Car comme au temps de la Bible, après la prédication de Pierre à la pentecôte, l'Église naîtra et tous ceux qui avaient cru, nous rapporte les Ecritures, persévéraient dans l'enseignement des apôtres, dans la communion fraternelle, dans la fraction du pain, et dans les prières417(*). L'administration des sacrements offrent encore à l'ensemble des paroisses suivies des moments où les chants de recueils reviennent avec force pour accompagner ce précieux moment de souvenir de ce que Dieu a fait pour nous par la voie de la passion du Christ, mais à la fois celui où l'amour, foi et espérance se puisent dans la vie de chaque chrétien qui communie. Comme affirmé dans les chapitres précédents, les protestants ne tiennent de la Bible que deux sacrements, à savoir : le Baptême et la Sainte-Cène. 1) L'administration du baptême La liturgie ou encore les liturgies observées ici dépendent tant de la particularité des paroisses que des sacrements à administrer. On sait que les acteurs de la liturgie ont affaire à deux liturgies : celle du baptême et celle de la Sainte-Cène. Mais même si les paroisses gardent jusque-là cette tradition, elles ne devraient pas oublier cette importante interpellation de Max Thurian qui veut par rapport au baptême que « dans une liturgie complète du baptême, on devrait trouver au moins les éléments suivants : une invocation du Saint-Esprit ; une renonciation au mal ; une profession de foi au Christ et à la Sainte Trinité ; l'usage de l'eau ; une déclaration que les personnes baptisées ont acquis une nouvelle comme membres de l'Église, appelés à rendre témoignage à l'Évangile »418(*). Dès lors, il y a un nombre d'éléments qui ne doivent pas manquer dans la liturgie du baptême pour que ce baptême organisé par une Église soit reconnue par d'autres. Ainsi, de cette interpellation de Thurian peut sortir un tel ordre de service abrégé : 1. Invocation du Saint-Esprit 2. Appel à la renonciation au mal 3. Profession de foi au Christ et à la Trinité 4. Mise dans les eaux de baptême 5. Déclaration de foi des nouveaux baptisés (Proclamer qu'ils ont acquis une nouvelle identité comme fils et filles de Dieu et comme membres de l'Église, appelés à rendre témoignage à l'Évangile). Cette présentation liturgique de Thurian n'est pas loin de celle qui est suivie par les Églises qui exploitent le recueil liturgique des Églises membres de l'ECC. Mais si son canevas liturgique ne propose pas clairement l'utilisation des chants, celui qu'on tire de la tradition et l'expérience dans l'agir pastoral des Églises membres de l'ECC ne se conçoit pas sans chants. En voici le contenu que nous pouvons présenter par rapport à ce que nous avons pu observer concernant le baptême : 1. Chant d'ensemble 2. Invocation du Saint-Esprit 3. Chant d'ensemble 4. Lecture biblique 5. Prédication 6. Appel à la renonciation au mal 7. Proclamation des promesses de Dieu 8. Chant d'ensemble (Louange) 9. Confirmation de l'engagement des candidats au baptême 10. Profession de foi et Oraison dominicale 11. Mise dans l'eau (bercée par les chants d'ensemble) 12. Recommandations ou exhortation biblique 13. Chant d'ensemble 14. Prière finale et bénédiction. L'utilisation des chants de recueils dans l'administration du baptême est manifeste lors de ce moment sacramentel. Le baptême revient de manière générale deux fois l'an : à la fête Pentecôte et à la fête de Noël pour les unes ; et, à la fête de Pâques et à la fête de Noël pour les autres. Le chant, dans ce type de service, explose son caractère dominant. Ici, on peut remarquer que 4 points de liturgie sont réservés aux chants d'ensemble avec une fraction de 1/7 soit 28% de l'ensemble de points prévus dans la liturgie. Mais cette fréquence peut être trompeuse. Ceci peut se justifier dans le cas où il arrive que tout le long de la mise dans l'eau des nouveaux convertis, les chants d'ensemble bercent cette rubrique. Et si le nombre des candidats au baptême est grand, les chants, bien entendu, seront encore longuement entonnés. Et ici, il s'agit souvent des chants de recueils protestants car ces recueils disposent d'un nombre important des chants prévus pour de tels moments liturgiques. Cela ne veut pas dire que l'influence de l'environnement immédiat qui se traduit tantôt par le manque de recueils des cantiques disponibles ou carrément par l'ignorance de ces chants ne peut interférer. Loin de là ! Il peut toujours y avoir cette influence. Car c'est ainsi que les chants d'animation, de louange et adoration populaire qui n'ont rien de commun avec l'acte en présence sont quelquefois entonnés. Mais il revient à l'officiant, acteur de la liturgie, de bien préparer non seulement le culte mais aussi les chants à entonner durant ce service. Avant de passer à l'administration de la Cène, signalons qu'après le baptême et avant d'être invités à la Table du Seigneur, les nouveaux baptisés sont d'abord accueillis mieux admis comme membres de l'Église du Seigneur. C'est encore là une autre liturgie, bien que celle-ci soit très courte en durée. Le recueil liturgique des Églises membres de l'ECC prévoit un bref moment liturgique en rapport avec l'admission par l'Église des nouveaux baptisés qui, en principe, sont placés ensemble sur les bancs préalablement prévus pour eux. Rassemblés et debout devant l'acteur de cette liturgie, les nouveaux baptisés suivent dans une attitude de piété le pasteur et répondent aux questions qui exigent leurs promesses à l'engagement chrétien419(*). Voici comment se présente généralement cette liturgie : 1. Chant d'ensemble 2. Brève exhortation biblique 3. Déclaration de l'engagement des nouveaux baptisés420(*) 4. Confirmation de l'admission par l'assemblée 5. Prière en faveur des nouveaux baptisés 6. Bénédiction421(*) 7. Chant d'ensemble (pour l'accueil des nouveaux baptisés par l'assemblée) Cette liturgie réserve deux places pour le chant d'ensemble : une au début de la cérémonie et une autre à la fin de celle-ci avant d'inviter les nouveaux baptisés à la Table du Seigneur. Notons par ailleurs que la place du chant est toujours préservée. La fréquence qui lui revient dans cette liturgie est de 2/7 soit 28 % sur l'ensemble des points prévus à la liturgie. 2) L'administration de la Sainte-Cène La Sainte-Cène, on le sait, est aussi appelée la Table du Seigneur, le Repas du Seigneur, la Communion voire l'Eucharistie. Toutes ces appellations ne désignent que le service de table. Point n'est besoin de rappeler que la Sainte-Cène est un rite d'action institué par le Christ lui-même. En la Sainte-Cène, Dieu agit par le Christ pour nous nourrir, soutenir, réconforter, enseigner et pourquoi pas nous rassurer qu'il est près de nous et avec nous. Acte symbolique de haute portée dans l'Église visible, la célébration de la Cène nourrit notre foi, bien plus, captive notre pensée et notre imagination à l'obéissance du Christ. Elle éclaire notre perception de l'oeuvre d'amour de notre Dieu en la mort et en la résurrection de Jésus- Christ. Elle nous rapproche plus près de Lui en nous offrant un moment où l'Église rassemblée entonne dans la piété un « Mon Dieu plus près de toi », ou encore un « Tel que je suis, sans rien à moi ». Ce faisant, elle nous identifie et nous octroie notre appartenance à la famille des enfants de Dieu qui confesse que Jésus-Christ est Seigneur à la gloire de Dieu le Père. C'est ici qu'on peut aussi bien saisir le sens de l'unité du corps du Christ qu'elle traduit dans l'Église, laquelle unité est l'anticipation du rassemblement de la fête du grand jour à venir. L'ouvrage liturgique The Worship, Sourcebook422(*) nous renseigne sur le sens d'un rite d'action qui est caché dans la célébration de la Sainte-Cène. C'est dans ses notes d'introduction au chapitre sur le Repas du Seigneur, que l'ouvrage nous renseigne quelque chose sur la liturgie de la Cène. D'après ce recueil, l'expérience du témoignage que porte l'Église, depuis vingt siècles, tourne autour de l'anamnèse de quatre verbes d'actions que contient l'évangile du Repas du Seigneur. Au clair, les actes que pose l'acteur de la liturgie, à la suite du Christ, pendant la liturgie de la Table se fonde sur ce rituel: « Jésus prit du pain, rendu grâce, le rompit, et donna à ses disciples », « Jesus took bread, gave thanks, broke it, and gave it to the disciples »423(*). C'est pourquoi l'acteur de cette liturgie, à l'instar du Christ, et devant l'Église rassemblée : 1. Prend du pain, annonçant que c'est le don de Dieu pour nous ; 2. Rend grâce à Dieu pour toute sa fidélité vis-à-vis de son peuple et de son Église ; 3. Rompt le pain, avec geste d'hospitalité et ; 4. Le donne avec amour, à la communauté rassemblée424(*). L'agir pastoral des Églises membres de l'ECC prévoit généralement l'administration de la Cène dans la liturgie du culte comme un moment dans le déroulement du culte et non comme étant lui-même une célébration à part entière425(*). Il convient d'indiquer que le service de la Sainte-Cène a lieu d'ordinaire une fois le mois dans nombre d'Églises de l'ECC. C'est le cas des paroisses que nous avons eu à suivre. La Sainte-Cène, dans la plupart des Églises membres de l'ECC, a lieu le premier dimanche du mois426(*) et sa liturgie est double : celle de la communauté rassemblée et celle d'auprès des personnes souffrantes dans les hôpitaux. La différence entre les deux n'est que très peu significative dans le contenu. Toutefois, le nombre de rubriques prévues dans le temps sont élidées pendant le service auprès des malades. Voici, en substance, le contenu de ces deux liturgies de la Cène : 1) Liturgie de la communauté rassemblée 1. Chant d'ensemble 2. Prière 3. Lecture biblique 4. Prédication 5. Appel à repentance 6. Proclamation des promesses de Dieu 7. Chant d'ensemble 8. Les béatitudes 9. Institution et instruction de la Cène 10. Prière de consécration du pain et de la coupe 11. Chant d'ensemble 12. Présentation de la coupe de bénédiction et du pain de la communion 13. Chant d'ensemble 14. Distribution et consommation des éléments de la Cène. 15. Exhortation aux bonnes oeuvres 16. Prière d'actions de grâces 17. Chant d'ensemble 18. Bénédiction finale Cette liturgie qui semble être beaucoup plus longue est l'une des meilleures mais malheureusement jamais suivie. La Sainte-Cène, on le sait, pour beaucoup de nos paroisses, n'apparait que comme une rubrique parmi les autres prévues pour un culte dominical. C'est ce qui nous amène à prévenir le danger de voir les paroisses urbaines oeuvrer continuellement pour ce que nous appelons : Liturgie mutilée. Voici ce que nous avons observé ici et comment nous expliquons depuis un temps relativement long : dans le déroulement du culte, la liturgie de la Cène souffre de beaucoup de « mutilations ». Dans le chef de beaucoup d'acteurs de cette liturgie, il n'y a pas de sens de continuité ni de complémentarité dans les étapes ou rubriques préparant et conduisant jusqu'au point culminant de la Cène, Repas du Seigneur. Beaucoup de points qui retracent l'esprit et la logique même de cette célébration sont aussi facilement que bonnement élidés au gré de l'acteur de la liturgie du culte qui court derrière le temps qu'il n'a pas lui-même su bien gérer pour cette fin. Ce cas déplorable vit dans l'agir de nombreuses paroisses urbaines aujourd'hui. On a beau souhaiter voir la liturgie de la Sainte-Cène observée, respectée, assumée et prolonger dans le temps son sens du souvenir douloureux mais aussi d'espérance de la gloire à venir, hélas ! Nous avons toujours, malheureusement, assisté impuissants à la « mutilation » de la liturgie de la Table chez les protestants de Kinshasa. Peut-être que, sans l'avouer, la liturgie auprès de personnes serait aujourd'hui celle exploitée dans le culte de l'Église rassemblée à cause de sa brièveté ! Car nombreux parmi les fidèles ne supportent pas trop les excédents de bagages qui encombrent déjà trop le culte dominical mais aussi la liturgie de la Sainte-Cène. C'est quand celle-ci inclut beaucoup d'autres actes pastoraux dans la même liturgie et cela dans un même culte. Il est vrai que le cumul des actes pastoraux généralement prolonge la durée du culte. Et s'il arrive que la Cène aussi fût prévue, cela fatiguerait naturellement les fidèles. Parmi les causes de prolongement de la durée du culte on peut, entre autres, énumérer : un grand nombre d'annonces de la paroisse ; la dédicace, dans un même culte, de nombreux enfants ; les deux prédications qui se suivent dans un même culte, surtout quand le pasteur veut prêcher d'abord pour ceux qui ne se sont prêts à prendre part à la Table du Seigneur parce qu'ils vont sortir, et prêcher encore pour ceux qui prendront part au Repas du Seigneur, pour ne citer que ceux-là. En un sens, et à notre humble avis, si une autre liturgie devrait s'ajouter, en cumul à celle de la Cène, l'acteur de la liturgie de cette dernière pourrait retenir pendant ce culte l'accueil ou l'admission des fidèles venus des églises soeurs et de ceux qui reviennent à la Table du Seigneur après excommunication. Cependant le chant, lui, est bien présent dans la liturgie de la Sainte-Cène. Il est presque le conducteur de la Cène, en ce sens qu'il relie les détails importants que comporte cette liturgie. On entonne beaucoup les chants de Pâques. Bien qu'il ait une fraction de 5/18 soit 27% sans compter qu'il soit plusieurs fois sollicité, pendant la distribution des éléments de la Cène, le chant lui au moins vient imprimer la mémoire de la passion. Mais faut-il encore que le pasteur de la paroisse qui célèbre la Sainte-Cène soit informé sur la musique de la Cène et sache se rappeler quelques airs de la passion pendant ce moment d'intimité et de souvenance de la mort du Seigneur. Là encore, c'est l'un des grands problèmes qui rongent les Églises membres de l'ECC aujourd'hui. 2) Liturgie particulière auprès des personnes souffrantes 1. Chant d'ensemble 2. Lecture biblique 3. Appel à la repentance 4. Proclamation des promesses de Dieu 5. Institution et instruction de la Cène 6. Prière de consécration du pain et de la coupe 7. Distribution des éléments de la Cène 8. Paroles de foi et d'espérance dans le Seigneur 9. Bénédiction La liturgie auprès des personnes souffrantes est celle d'un service très abrégé. Peut-être le concepteur a-t-il tenu compte de l'état du patient à qui la Sainte-Cène est administrée. Le chant d'ensemble ne revient ici qu'une seule fois, et peut-être que l'on ne le chante pas entièrement. Si le patient ne peut suivre toute la liturgie à cause de sa souffrance, l'acteur de la liturgie peut chanter seul quelques strophes ou carrément pas. Dans ce cas, nous estimons qu'il s'impose du côté de l'acteur de la liturgie, une question de discernement qui exige un peu de souplesse de ce dernier.
En un sens, nous pouvons affirmer que les chants de recueils occupent encore une place de choix dans la liturgie de sacrements. Mais cela dépend beaucoup plus de l'acteur de la liturgie. Si celui-ci est ouvert et respectueux de la liturgie, et s'il connaît les chants protestants de sacrements, il les entonnera et l'Église rassemblée le suivra. Sinon, c'est ce qu'il veut qui se fera et s'entonnera. * 416 On sait que J. MOLTMANN est l'un de ceux qui affirment que l'Eglise ne doit pas seulement être là où la parole est prêchée et les sacrements correctement administrés (le Baptême et la Sainte-Cène), mais encore et surtout là où il y a des manifestations du Saint-Esprit. De cette affirmation, nous pouvons être porté à croire que cet auteur s'aligne dans les présupposés communs des théologiens de l'Eglise qui reconnaissent en la proclamation de la Parole et l'administration de la Cène et du baptême même s'il apporte une nuance capitale par rapport aux manifestations du Saint-Esprit dans l'Eglise. On peut lire avec intérêt son ouvrage intitulé L'Eglise dans la force de l'Esprit. Une contribution à l'ecclésiologie moderne, Paris, Cerf, 1980, p. 92. * 417 Cf. Nous faisons allusion ici au Livre des Actes des Apôtres chapitre 2, verset 42. * 418 M. THURIAN., Baptême, Eucharistie, Ministère, Paris, Centurion, 1982, p. 25. * 419 Cf. Recueil liturgique, op.cit, p. 40. * 420 Les nouveaux baptisés disent oui à l'Eglise du Seigneur, à la foi et à la prière, et à proclamer l'Evangile par le témoignage personnel. Ici, c'est souvent le texte de Rm 12, 10-12 qui est exploité. * 421 Devant Dieu et son Eglise rassemblée, les nouveaux baptisés se tiennent sur leurs genoux et reçoivent la bénédiction que prononce le pasteur de la part du Seigneur. * 422 The Worship, Sourcebook est un des riches et récents recueils liturgiques au service de l'Eglise du Seigneur. Il est co-publié en 2004 par trois grandes institutions de l'Eglise Américaine sous la préface d'E. R. BRINK, Editeur du Reformed Worship et de J.D.WITVLIET, Directeur de Calvin Institute. Les trois maisons sont : The Calvin Institute of Christian Worship, Faith Alive Christian Resources, Baker Books, Grand Rapids, Michigan, 2004.. * 423 Ibid., p. 307. * 424 Cf. C'est le résumé de la traduction (française indirecte) que nous faisons de ce passage. La version anglaise tirée du recueil est la suivante: «Jesus took bread, gave thanks, broke it, and gave it to the disciples. So we take bread announcing that it is God's faithfulness to us. We break the bread, with gestures of hospitality. We offer it to the gathered community in love.» * 425 Ce cas, de notre expérience, n'est pas du tout pareil à celui du temps de la passion où le Jeudi saint offre réellement une occasion exceptionnelle d'une célébration de la Sainte-Cène. * 426 Faisons remarquer que les paroisses que nous avons suivies marchent, elles aussi, à ce même rythme d'une fois le mois l'administration de la Sainte-Cène. |
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