UNIVERSITE PROTESTANTE AU
CONGO
FACULTE DE THEOLOGIE
B.P. 4745
KINSHASA II
CHANTS DE RECUEILS ET CULTE PROTESTANT AUJOURD'HUI A
KINSHASA
Effort pour la revalorisation des chants
traditionnels
Par
Maurice MONDENGO Iyoka B
Mémoire présenté en vue de
l'obtention du Diplôme d'Etudes
Approfondies en Théologie
Directeur : Prof. Robert N'KWIM
Bibi- Bikan
Janvier 2008
DEDICACE
A la mémoire de Samuel Mosau Akongo Apa,
mon père
rappelé auprès du Seigneur le mardi 18 août
1981,
A la mémoire du Pasteur Maurice Mondengo,
mon grand-père
rappelé auprès de son Maître et
arraché à notre amour
le samedi 8 décembre 2001,
A la mémoire du Pasteur Jean
Masamba ma Mpolo
notre éclaireur en théologie pastorale,
rappelé auprès de son Maître et
arraché à cette étude
le lundi 4 décembre 2006,
A la mémoire de mon aimable Charles Mombaya
Masani,
Icône de la bonne musique chrétienne au Congo,
rappelé auprès du Seigneur le dimanche 20 mai
2007,
A la mémoire de tous les missionnaires, les pasteurs et
les laïcs
protestants qui ont soulevé cette question et frayé
cette voie pour la beauté
du culte protestant au Congo,
Je dédie ce travail.
AVANT-PROPOS
Ce travail vient répondre à une
préoccupation particulière qui nous accompagne depuis près
d'une décennie : chercher à provoquer une synergie d'efforts en
vue de la sauvegarde et de la revalorisation des chants traditionnels dans le
culte protestant des milieux urbains en général et à
Kinshasa en particulier. Mais avant d'aborder la sève de cette
étude, qu'il nous soit permis d'exprimer quelques mots de gratitude
à l'endroit de celles et ceux qui ont été favorables de
manière spéciale à notre formation et à la
réalisation de cette modeste réflexion théologique autour
du culte protestant en touchant le double domaine liturgico-hymnologique.
Comme au commencement de toute chose était
Dieu, il convient de Lui laisser la première place dans la grille de nos
remerciements. C'est Lui qui a fait que tout nous soit possible. Il a
assuré notre santé et notre protection. Nous Lui devons
tout, alors tout de notre vie, tout de notre être et tout de notre
mouvement. Il n'y a que Lui que nous devons louer de notre vivant.
Nous adressons également nos sincères
remerciements au Professeur N'Kwim Bibi-Bikan qui,
après la disparition brusque du feu Révérend Professeur
Emérite Masamba ma Mpolo notre éclaireur dans la
théologie pastorale et ancien directeur de cette étude,
s'est presque jeté dans l'eau pour sauver cette étude. A travers
lui, nous exprimons notre profonde reconnaissance à tous nos Professeurs
au programme de DEA de la Faculté de Théologie de l'U.P.C. pour
le savoir et l'encadrement scientifique que nous avons reçus d'eux.
Les Professeurs James Lyon de la
Faculté Libre de Théologie Protestante de Paris et Jean
Marc Warszawski, créateur et éditeur du site
Références/ musicologie.org mais aussi chercheur associé
à l'équipe de Recherches Patrimoines musicaux de Paris
IV-Sorbonne, méritent toute notre gratitude. Le premier, pour son
compagnonnage scientifique et théologique sur les questions
hymnologiques et le second, pour avoir bien voulu, et sans condition, lire et
corriger cette étude avec un sens critique aux fins de lui donner son
originalité. A eux, nous associons les Professeurs Vibila Vuadi
et John D. Witvliet de Calvin Institute of Christian
Worship Liturgical Studies de Grand Rapids, Michigan/USA, pour leurs incessants
encouragements et surtout le don des ouvrages pour cette étude.
Notre profonde gratitude est adressée
à la Communauté Baptiste du Fleuve Congo et
particulièrement à son Secrétaire
Général-Représentant Légal, le Rév Dr.
Bokundoa-bo-Likabe pour nous avoir recommandé et
soutenu aux études de théologie à l'Université
Protestante au Congo. Que le Révérend Liolo
Olo-O-Bia trouve ici notre profonde reconnaissance pour sa
contribution dans la lecture, les critiques et les suggestions constructives
dans cette étude.
Nous remercions Monsieur Ngaie
Mavwula qui s'est donné corps et âme à la lecture
et à la correction de nos manuscrits tout en en améliorant la
forme selon les exigences de l'Université.
Enfin, que toi dont le nom n'est pas repris ici
saches que c'est surtout ton soutien multidimensionnel qui a le plus rendu
possible la finalisation de ce travail. Sans te nommer, nous te disons grand
merci.
Maurice Mondengo
I.B
LISTE DES ABREVIATIONS
1. Bible
Nos citations sont tirées de la Bible
de Jérusalem, à laquelle nous avons emprunté les
abréviations des livres bibliques. Nous avons aussi
utilisé des abréviations d'usage pour certains noms.
2. Généralités
ABA : Académie des Beaux Arts
ABFMS : American Baptist Foreign Mission Society
(Anciennement A.B.M.U.)
A.F : Sur les Ailes de la Foi
AJC : Association de Jésus-Christ
A.P.C.M : American Presbyterian Congo Mission
AT : Ancien Testament
B&FBS : British and Foreign Bible Society
BCH : Baptist Church Hymnal
BCHR : Baptist Church Hymnal Revised
BMS : Baptist Missionary Society
CAP : Centre d'Accueil Protestant
CBCO : Communauté Baptiste du Congo (anciennement
Communauté Baptiste
du Congo Ouest)
CBFC : Communauté Baptiste du Fleuve Congo
CBM : Congo Balolo Mission
CDCC : Communauté des Disciples du Christ au Congo
CEAC : Communauté Évangélique de
l'Alliance au Congo
CEC : Communauté Évangélique au Congo
CEDI : Centre Protestant d'Editions et de Diffusion
C.E.F.M.Z. : Communauté des Églises des
Frères Mennonites au Zaïre
CEUM : Communauté Évangélique de
l'Ubangi - Mongala
C.E.Z. : Communauté Évangélique au
Zaïre
CMA : Christian and Missionary Alliance
CMN : Congo Mission News
COE : Conseil OEcuménique des Églises
CPK : Communauté Presbytérienne de Kinshasa
CSL : Constitution sur la Sainte Liturgie
C.V. : Chants de Victoire
DCCM : Disciples of Christ Congo Mission (Anciennement
F.C.M.S.)
DEA : Diplôme d'Etudes Approfondies
E.C.C : Église du Christ au Congo
ECODIM : Ecole de Dimanche
ECZ : Église du Christ au Zaïre (Actuelle
E.C.C)
E.N.D.A. : Ecole National de Droit et Administration
E.N.M : Ecole Normale Moyenne
FATEB : Faculté de Théologie
Évangélique de Boma
FEPACO : Fraternité Evangélique Pentecôte
en Afrique et au Congo
FOCOF : Foyers de Communion Fraternelle
FOCOFE : Foyer de la Communion Fraternelle et
Évangélisation
FTPZ : Faculté de Théologie Protestante au
Zaïre
HWC : Hymnal for Worship and Celebration
I.B.T.P. : Institut National du Bâtiment et des Travaux
Publics
I.P.N. : Institut Pédagogique National
I.PO.C. : Institut Polytechnique du Congo
IME : Institut Médical Évangélique
ISAM : Institut Supérieur des Arts et
Métiers
ISC : Institut Supérieur du Commerce
ISP : Institut Supérieur Pédagogique
ISPT : Institut Supérieur Pédagogique et
Technique
LECO : Librairie Évangélique du Congo
LIM : Livingstone Inland Mission
LME : Librairie des Missions Évangéliques
MILAPRO : Ministère de Laïcs Protestants
M.P.L. : Mission Presbytérienne de Léopoldville
NCH : New Church Hymnal
N.N : Njembo na Njambe
NODASA : Église Catholique Notre Dame de la Sagesse
NT : Nouveau Testament
PGMR : Présentation générale du Missel
romain
PPCKIN : Paroisse Protestante du Campus de Kinshasa
PPISC : Paroisse Protestante de l'Institut Supérieur
du Commerce
PPISG : Paroisse Protestante des Instituts Supérieurs
de la Gombe
PPUKIN : Paroisse Protestante de l'Université de
Kinshasa
PSM : Paroisse Satellite de Matete
PSY : Paroisse Satellite de Yolo
RDC : République Démocratique du Congo
SMF : Svenska Missions Förbundet
SSS : Sacred Songs and Solos
U.E.C.CO.L. : Union des Etudiants Chrétiens du Congo
Section Lovanium
ULC : Université Libre du Congo
UMH : Union Missionnaire Hospitalière
UNIKIN : Université de Kinshasa
UPC : Université Protestante au Congo
INTRODUCTION GENERALE
0.1 Problématique et
objectifs
Comme le dit Madeleine Grawitz, « Le point
de départ de la science réside dans la volonté de l'homme
de se servir de sa raison pour comprendre et contrôler la
nature »1(*), et
nous pouvons dire, à sa suite, que la prise de conscience des
problèmes, des phénomènes et de nos crises
socioculturelles doit toujours être le point de départ de notre
questionnement en vue de recherche. Or il semblerait qu'il passe un
problème, mieux un phénomène inquiétant dans
l'âme du culte protestant d'aujourd'hui à Kinshasa. Et, ce fait
semble remonter d'un peu plus loin. C'est pourquoi nous pouvons nous interroger
si l'Église du Christ au Congo, toute l'attention voulue à ce
problème, ne serait-elle pas tiraillée entre d'une part ce qui
semblerait être d'inattention, d'autre part d'immobilisme ?
De quoi s'agit-il ? Il est question de la
problématique, celle de la place réservée aux chants de
recueils dans le culte protestant en ce début du 3e
millénaire à Kinshasa qui suscite des interrogations sur
l'identité historique du protestantisme. Le culte protestant qui
s'organise au Congo en général, mieux celui qui se fait à
Kinshasa en particulier, est, si pas dominé mais marqué par son
intérêt pour la chanson populaire. Aussi, à la faveur de
l'expansion du mouvement de Réveil et de la
« Kinoiserie1(*) religieuse » qui influence son
hymnologie, les chants traditionnels de recueils protestants se voient
menacés d'effacement dans le culte de leur propre maison, où ils
sont presque rejetés au profit de la chanson de la musique commerciale
de variétés. Ce fait qui se pose aujourd'hui, avec acuité,
pointait déjà à l'horizon, il y a près de deux
décennies, alors que le culte protestant était toujours
facilement reconnu, dans sa liturgie ou ses liturgies, par ses chants de
recueils et cela, dans toutes les communautés protestantes au Congo.
Mais, aujourd'hui, quand les communautés
protestantes organisent le culte qui, comme le dit Jean Jacques von Allmen,
"est une manifestation de l'Église, c'est-à-dire qu'il
extériorise ce qu'est l'Église"1(*), les chants de recueils sont les - moins -
chantés - possible dans le déroulement de leur liturgie. Il faut
aussi indiquer que cette liturgie elle-même semble ne plus se retrouver.
Car, aujourd'hui à Kinshasa, lorsqu'on entre dans certains temples
protestants, on a l'impression qu'on y célèbre un culte sans
aucune liturgie préalablement établie, mais on se laisse
plutôt conduire par la mouvance de « l'Esprit de
Dieu ». Il se pose là un double problème fondamental.
C'est, d'une part, le problème de la non identité de ce qu'est
l'Église protestante au Congo aujourd'hui dans l'un de ses traits
caractéristiques qu'est l'explosion en chants des recueils par le peuple
de Dieu en prière; et d'autre part, le problème de la peine qu'on
a à dire ce qu'est réellement devenu le culte protestant à
Kinshasa sans chants de recueils.
Il est à propos d'indiquer le sens que
revêt le mot culte dans le monde francophone. Nous entendons par le mot
« culte » écrit Bruno Bürki une
« appellation protestante-en particulier réformée-pour
le service comportant prières et chants, lectures bibliques et
prédication, puis la sainte cène1(*) ».
Laurent Gagnebin dans son ouvrage Le culte
à choeur ouvert, pense que tout culte devrait être
placé sous la responsabilité de toute la communauté, sa
préparation, son animation étant le fait de la plus large
participation des uns et des autres, pour que ni la séparation ni la
hiérarchie ne puissent diviser les membres de l'Église1(*). Cette indication de Gagnebin
suscite en nous quelques interrogations dont en voici les trois
principales :
1. Le culte protestant d'aujourd'hui se place-t-il
réellement sous la volonté d'une responsabilité
identitaire de soi dans l'ensemble de la
communauté protestante ?
2. Sa préparation, son organisation et son animation
hymnologiques conjuguent-elles ensemble des efforts pour provoquer la plus
large participation des tous les fidèles dans le milieu Kinois, venant
de divers horizons dénominationnels, socioculturels et ethniques
réunis en prière ?
3. N'est-ce pas que le conformisme pervers et /ou le
narcissisme divisent encore et souvent les protestants dans leur culte sur
l'usage des chants des recueils dans nos célébrations cultuelles
?
Ainsi, aujourd'hui, notre souci dans ce travail, est de
chercher à mieux appréhender ce problème aux fins de nous
aligner dans l'effort - en vue - de la sauvegarde et la revalorisation de ce
que nous appelons le double héritage du protestantisme, qui est,
à la fois, hymnologique et liturgique, mais qui, malheureusement, serait
en voie de l'effacement. Par cette réflexion théorique, nous
manifestons la volonté que cette étude ait une influence
très concrète sur la pratique liturgique. Face à
l'effondrement de ce symbole d'identité protestante, nous
présentons cette étude que nous nous proposons de l'intituler:
« Chants de recueils et culte protestant aujourd'hui à
Kinshasa. Effort pour la revalorisation des chants traditionnels ».
Une question fondamentale par rapport à la
recherche que nous menons peut se formuler de la manière suivante :
Qu'est-ce qui a été fait avant nous dans ce domaine
important à la théologie pratique ? Pour y répondre, nous
allons jeter un coup d'oeil éclairé sur les études
antérieures dans les lignes qui suivent. L'ouverture à la
recherche hymnologique ou encore sur la quiddité du protestantisme dans
l'âme de nombreux chercheurs, sous d'autres cieux, est très
significative par rapport à ce qui se fait chez nous. Les travaux
d'Edith Weber publiés dans son ouvrage La recherche
hymnologique, avec ses éléments bibliographiques orientent
les chercheurs dans leurs investigations et contribuent ainsi à un
approfondissement sur des points
méthodologiques précis1(*). Aussi, l'apport de James
Lyon1(*) dans ce domaine de
l'hymnologie, spécialement ses travaux remarquables publiés sous
le titre de Johann Sebastian Bach : les chorals, en plus
de son cours d'Introduction à l'hymnologie1(*), nous offre-il des sources
hymnologiques des mélodies, des textes et des théologies qui
traduisent sans ambages que les questions hymnologiques ont déjà
acquis ses titres de noblesse ailleurs.
Indiquons que, d'un autre point de vue, et pour des
questions rationnelles, nous avons estimé que l'ouvrage de Joseph
Ratzinger1(*) sur la foi
dans le Christ et la liturgie aujourd'hui est très important pour
la qualité à donner à cette étude. Car de
manière générale, Ratzinger, dans le monde catholique,
soulève lui aussi nombre des questions et préalables liturgiques
importants pour ce que devrait être le chant d'Église aujourd'hui.
Quant à la quiddité du protestantisme, l'ouvrage commun de Jean
Baubérot et Hubert Bost1(*), d'une part et celui de Laurent Gagnebin1(*), d'autre part, nous seront
d'un très grand avantage sur les questions ayant trait aux
caractéristiques du culte protestant.
Au Congo, dans le milieu du protestantisme, en
général, les travaux sur les questions hymnologiques ont un long
chemin à parcourir, nous espérons que nos travaux participeront
à en éclairer une partie. Retenons quelques -uns :
(1) MASAMBA ma Mpolo (1977) 1(*)
(2) LUSAKWENO Vangu (1979)1(*)
(3) NSUMBU Pezo Nsakala (1987, 1995) 1(*)
(4) KIBONGE Kawaya (1998)1(*)
(5) MONDENGO Iyoka Bodiabibami (2000) 1(*)
(6) KUA NZAMBI Toko (2001)1(*)
(7) NKULU Kankote Kisula (2001)1(*)
(8) MONDENGO Iyoka Bodiabibami (2002)1(*)
(9) ZABUSU Diakumbi Mbunzu (2002)1(*)
(10) MUSHIKANGONDO Lenkoy (2005)1(*)
(11) TSHUNZA Mpiana (2005)1(*)
De cet échantillon des travaux repris
ci-dessus, nous pouvons affirmer, sans peur d'être contredit, que les
préoccupations autour du chant voire du culte protestant, à
chaque époque, sont toujours soulevées. Si Masamba ma Mpolo, en
son temps, lançait déjà un appel pour l'élaboration
d'un recueil des chants du culte, lequel devrait être inspiré de
chants religieux africains1(*), Lusakweno, lui, emboîtant les pas, se
préoccupait de l'analyse théologique des chants qui explosaient
dans le culte protestant zaïrois. Son travail, à notre sens,
consistait en l'analyse du contenu des chants et hymnes en vue de se rendre
compte des préoccupations profondes exprimées par le peuple de
Dieu à travers ses chants et d'y dégager des tendances
théologiques qui pourraient contribuer à la
spécificité africaine. Il le faisait dans le souci de proposer
à l'Église la collection, dans un recueil, de l'immense richesse
des chants de culte et des chorales qu'elle possède à travers les
communautés qui la forme1(*).
Nsumbu, abordant la problématique de la place
de la chanson dans le culte protestant - laquelle problématique se
trouvera examinée sous un autre angle dans la présente
étude - se donnait comme but l'étude de l'utilisation de la
chanson liturgique dans le déroulement du culte protestant en vue d'une
rationalité dans la préparation même du service par
l'officiant.1(*) Cet
auteur trouve en culte chrétien le lieu le mieux indiqué pour
faire la réflexion critique d'une société moderne
africaine1(*). Kibonge,
lui, par ailleurs, trouve que l'Église devrait se saisir de l'hymne
comme un outil de la libération dans la mission qu'elle remplit dans le
monde. Il faut, ici, relever la particularité de l'étude de Nkulu
par rapport au chant dans l'Église du Christ au Congo. Dans son
étude sur l'impact de la communication traditionnelle africaine, cet
auteur, à notre sens, soulève, entre autres, le danger de la
musique populaire, calquée sur le folklore africain des temps
mobutistes, qui, en ces jours, a conduit au mariage entre le sacré et le
profane1(*). Abordant les
chants religieux, Nkulu, avertit l'Église du Christ au Congo, que ce
domaine cher à l'Église, serait sous la pesanteur de trois grands
types de chants religieux. Il cite :
1. Les chants missionnaires ou « chants
traditionnels protestants » qui sont généralement
les cantiques de recueils. Ces chants sont souvent les traductions, en langues
vernaculaires congolaises, des (vieux) cantiques anglo-saxons importés
par les évangélisateurs sur le sol congolais. Ils sont faits de
la musique savante occidentale. Ils sont l'oeuvre de la Mission pour les
assemblées en prière (individuelles ou collectives). Ils font
l'objet de la notation.
2. Les chants populaires sont ceux qui sont puisés
dans le folklore congolais ou africain. Ils sont des expressions anonymes de la
culture et produit de la transmission orale, comme cela est pratiquée
dans toutes les cultures de l'humanité. Ces chants ne sont pas faits de
la musique savante occidentale. De ce fait, ils ne font
généralement pas l'objet de la notation. Ils mettent souvent en
musique un texte narratif ou lyrique comme cela peut être le cas dans
toutes les civilisations.
3. Les chants chorals qui sont une forme particulière
importée de tradition occidentale. Ce sont les chorales qui les
pratiquent. On y trouve de monodie et de polyphonie. Ils peuvent être
liturgiques ou non. Ils ont une structure très précise tant sur
le plan formel que technique. Ils sont pratiqués avec un accompagnement
musical ou non. La notation a une très grande importance dans sa
pratique où les tempos stricts sont imposés pour une
interprétation rigoureuse. Au Congo, ils sont aussi une importation de
l'occident par les évangélisateurs du XIXe siècle.
Il est remarquable que l'auteur montre aussi les
qualités comme les faiblesses des uns et des autres dans la typologie
relevée. On doit se rappeler que dans la quête d'une
définition caractéristique de ce type de musique, Nkulu nous
propose sa compréhension. Selon lui, la musique populaire est l'ensemble
« des chants très rythmés, courts et simples
accompagnés par quelques instruments traditionnels et des cris de
triomphes poussés autrefois par les femmes comme à l'occasion
d'un événement heureux : naissance, sacre du roi ou triomphe de
guerres »1(*).
Ce sont ces chants qui ont, aujourd'hui, un succès très
considérable dans le culte protestant.
Par ailleurs, Kua Nzambi dans son étude sur le
mouvement choral en République Démocratique du Congo, trouve, par
rapport au chant, que l'Église protestante qui, pourtant demeure le
véritable carrefour de différentes tendances chorales, a
incontestablement été le théâtre des clivages et
métamorphoses dont les influences ethniques, tribales, sectaires,
doctrinales, idéologiques, charismatiques, prophétiques et
rationalistes. Pour cet auteur les cantiques et les chants liturgiques
malgré leurs variétés et leurs sources d'influence sont
restés présents dans la vie même du protestantisme
congolais, mais c'est seulement par quelques rares chorales qui tiennent
à promouvoir le chant choral.
Pour ce qui nous concerne, deux études ont
été antérieurement menées. La première
tentait d'examiner la problématique du chant à l'Ecole de
dimanche (pour enfants) en vue d'une culture de compétences
psychosociales qui doit, d'après notre entendement, aller de paire avec
l'éducation chrétienne des enfants1(*). On déplorait le fait que l'on faisait chanter
les enfants tout ce qui était en vogue, dans la musique
chrétienne -et cela loin des recueils protestants- sans tenir compte ni
de la psychologie de l'enfant, en face de moniteur ou monitrice, moins encore
de la pédagogie appropriée dans la communication du chant qui
devra semer la foi dans les coeurs des enfants. C'est le principe du
Proverbe 22, 6 que nous tenons à proposer dans cette
étude.1(*)
La seconde, à son tour, appelait à
l'érection d'une hymnologie protestante congolaise efficiente. Nous
pensons que l'efficience de notre hymnologie protestante passait, entre autres,
par le sérieux dans le travail de l'hymnographie. C'est la question de
textes des hymnes que soulevait notre étude où il s'agissait de
se lancer à l'initiation aux hymnes de l'Église. Examiner,
comprendre et ressortir, partant de texte poétiquement forgé
allant de la parole et de l'expression chrétiennes personnelles au
poème, il y a lieu de relever les fondements théologiques qui s'y
cachent et reflètent aussi la vie chrétienne même de leurs
auteurs. Partant de cette compréhension, notre souci portait aussi sur
l'hymnographie de Noé Diawaku. Nous tenions à proposer sa
contribution hymnographique dans le sens à donner au chant liturgique
aujourd'hui dans une Église en crise1(*). Il nous avait paru que l'hymnologie protestante
congolaise était en danger sous les yeux de l'Église du Christ au
Congo. Peut être, manquait-elle une vision claire dans le travail de la
conception de recueils revus et augmentés pour les Églises
post-missionnaires une couverture qui couvre la multitude des
réalités d'un moment de crise profonde de son histoire depuis les
temps de Missions. Et de ce fait, une inflation flagrante de l'identité
protestante vivait et vit toujours avec nous1(*).
Après nos deux études, il faut signaler
que Zabusu, Mushikangondo et Tshunza ont, eux aussi, abordé chacun
quelques problématiques pertinentes dans ce domaine de l'hymnologie. Si
le premier examinait et décriait l'hégémonie ou la
pesanteur de la musique profane sur celle d'Église ; le
deuxième évoquait la nécessité impérieuse de
la codification des cantiques post-missionnaires en vue de la sauvegarde de
mélodies congolaises. Pour le dernier de ce groupe,
réfléchissant sur les chants liturgiques dans les Églises
dites de Réveil, il fait dans son étude, l'apologie de la musique
comme partenaire de la liturgie. C'est de la question de savoir
« à quel moment chanter quoi ? » et
« comment le faire ? » que Tshunza tente de soulever
dans son étude.
Pour cette étude, nous voulons pousser un peu
plus loin ces questions hymnologiques en nous focalisant sur la
problématique du quasi absence des chants des recueils dans le culte
protestant d'aujourd'hui à Kinshasa.
Aujourd'hui, l'hymnologie, d'après Edith Weber,
a pour objectif, au sens large, l'étude systématique et
comparative des hymnes et des chants religieux en général1(*). Cela étant, avec cette
étude, nous nous sommes fixé un nombre d'objectifs principaux,
à savoir :
1. faire l'état de lieu de l'utilisation de chants des
recueils protestants dans le culte - dit - protestant d'aujourd'hui dans
quelques paroisses choisies de Kinshasa en vue de déterminer la distance
qu'a prise la marche vers cet effacement identitaire ;
2. présenter quelques chants historiques des recueils
protestants qui ont traversé les barrières du temps et situer
leurs paroles dans leurs contextes historique, théologique,
psychologique, sociologique en les rebondissant dans l'histoire de
sensibilités, des mentalités du peuple de Dieu, en prière,
à Kinshasa. Le souci, ici, est celui de voir si les paroles de ces
cantiques protestants, vieux de quelques siècles - car conservés
grâce à la codification- ne peuvent rien apporter aujourd'hui,
par rapport aux chansonnettes éphémères qui
envahissent nos Églises1(*)en prière car
caractérisées par un manque de profondeur
théologique ;
3. provoquer si possible l'éveil de la conscience
protestante dans le chef des leaders et des communautés de
l'Église du Christ au Congo aux fins de militer pour l'arrêt de la
marche vers l'effacement des chants des recueils dans le culte protestant,
d'une part, et la libération de l'héritage hymnologique de la
Réforme et de temps de Missions sous le conformisme pervers de l'heure,
d'autre part.
0.2 Hypothèses du
travail
De l'objet et de cet état de la question,
mais aussi considérant la problématique qui se dégage de
ces faits qui ont provoqué notre recherche, une hypothèse
principale peut, provisoirement, s'articuler en ces termes : la marche
silencieuse vers le conformisme pervers pour l'effacement de l'identité
et de la différence hymnologiques protestantes dans nos cultes
aujourd'hui n'est pas une utopie. Elle est une réalité. Par
elle, l'Église du Christ au Congo, par ses communautés
établies à Kinshasa, perd « une autre
d'elle-même » et devient « une autre
qu'elle-même » dans son hymnologie liturgique. Aucune
autre hymnologie ne peut retracer mieux l'histoire du protestantisme au Congo
comme le ferait les chants de recueils. Des thèses que voici peuvent
découler de cette hypothèse principale :
1. Il existe depuis toujours un lien entre le protestantisme
et la musique. Par cette relation, on peut suivre comment les Églises
issues de la Réforme se sont développées sur le plan
ecclésial, théologique et sociologique.
2. C'est pour cela, dans le déroulement d'un culte-
dit - protestant, l'explosion des chants de recueils demeure un langage
constitutif d'appartenance à la grande famille protestante du monde.
Car, dans la plupart de cas observés, les protestants chantent les
mêmes airs qui se diffèrent peut être dans le texte, et la
langue.
3. Les chants de recueils sont porteurs de l'histoire du
protestantisme. Au Congo, ils sont présents au côté de la
Bible depuis les temps de Missions. Ils se chantent même en des langues
vernaculaires si pas en dialectes des peuples en prière. D'un point de
vue qualitatif, ces chants couvrent mieux le calendrier liturgique de
l'Église.
4. Dans la mesure où, selon la réalité du
moment, l'effacement de l'identité et de la différence
protestantes qu'incarnent les chants historiques protestants, dans le
déroulement du culte, ne sembleraient pas inquiéter trop le
protestantisme au Congo, ceci indiquerait-t-elle pas que la crise de conscience
hymnologique protestante est devenue très profonde ?
5. Or il faut justement que la conscience qui puisse
protéger l'identité1(*) protestante renaisse et se conserve à la
faveur de l'identité hymnologique protestante au Congo
d'aujourd'hui et de demain. Car, face à la dictature des temps et du
conformisme pervers de l'heure, ces chants des recueils protestants seraient
entrain de courir certainement vers l'effondrement. Mais cet effort pour sa
sauvegarde et sa revalorisation ne devra pas exclure le besoin exigeant de
l'ouverture à la spontanéité créative qui vit dans
ce domaine.
0.3 Intérêt et justification du choix du sujet
Rappelons que la problématique que nous
soulevons, dans la présente étude, par rapport à la place
réservée aux chants des recueils dans le culte protestant
d'aujourd'hui, nous la fondons sur les études antérieures de
Josef Nsumbu Pezo Nsakala et Nkulu Kakonte Kisula. Mais en ce qui concerne la
compréhension du protestantisme par rapport au culte, les apports de
Jean Baubérot, Hubert Bost et Laurent Gagnebin en cette matière
sont une source référentielle de grande valeur pour cette
étude.
Si les deux premiers ont clairement posé non
seulement des questions autour du chant et sa place dans le culte, pour le
premier, mais aussi qu'ils ont pu voir à temps ce que nous appelons par
« l'entrée triomphale des chants
populaires » 1(*) dans les cultes des Communautés de
l'Église du Christ au Congo, pour le second, les trois derniers ont
essayé de nous retracer les grands traits caractéristiques du
protestantisme dans leurs différents ouvrages. Leurs observations, dans
l'ensemble, constituent la matière première à notre
étude.
On remarque aujourd'hui une manière subtile de
se construire une spiritualité profane en vue de se faire accepter par
la grande société. Est- ce la quête d'être
populaire ? On croit que chanter et danser la foi en termes populistes,
dans nos cultes, c'est ouvrir la grande porte vers un peuple pauvre
affamé et politiquement meurtri d'une façon subtile pour son
salut dans l'Église qui se confond avec le profane. Est-ce une nouvelle
foi chrétienne ? On ne sait. Mais, eu égard à cette
problématique, nous nous sommes proposé deux démarches. La
première consiste à chercher à nous expliquer ces
phénomènes qui s'observent comme les signes avant-coureurs vers
l'effacement de notre identité hymnologique de protestant. La seconde,
qui la complète, nous conduira à proposer les voies qui puissent
nous aider à conserver l'héritage hymnologique de Missions, tout
en l'adaptant aux réalités de l'Église contemporaine de
notre époque. Car, il faut se rappeler que l'héritage
hymnologique protestant - que sont les chants de recueils- est toujours au
rendez-vous du calendrier liturgique pour servir l'Église dans les temps
et dans les circonstances. Quelle autre hymnologie le ferait mieux ?
En soulevant cette question de notre recherche
hymnologique, il faut avouer que son intérêt tire sa motivation
dans notre propre arrière plan. Depuis notre jeune enfance, nous avons
toujours fait preuve d'une grande passion pour le chant liturgique. A une
certaine époque, on savait suivre la liturgie du culte protestant, de
loin, par le chant qu'on entonnait et dire si c'est quel moment liturgique ou
quelle période liturgique. Mais, aujourd'hui, si ce n'est pas le
conformisme spirituel pervers alors c'est la distraction
culturo-théologique qui semble l'emporter par manque de connaissance des
éléments de la foi protestante.
Le domaine hymnologique dans la pastorale nous a
toujours fasciné. Nous avons chanté à l'Église pour
la toute première fois en Noël 1971, dans un choeur d'enfants et
jusqu'à ces jours nous chantons. Pendant plusieurs années, depuis
1984, nous avons toujours conduit des chorales liturgiques, comme Chef de
choeur amateur ; nous avons conduit les cantiques dans les
assemblées en prière et pendant les différents cultes
comme Conducteur de chants et officié plusieurs cultes dominicaux ;
nous avons été, pendant près de 6 ans, le pasteur en
charge de la liturgie, musique et chorales à l'Église Locale
CBFC/Gombe, Kinshasa en RDC. Aussi, nous avons eu à écrire
quelques chants liturgiques pour chorales ; nous avons vu et
soulevé, depuis quelques temps déjà, des questions dans ce
domaine très cher à la théologie pratique, et cela, par
rapport à la pratique théologique de l'hymnologie liturgique.
Eu égard à ce qui se passe en
touchant à l'identité protestante dans ses marques
déposés que sont les chants historiques de recueils, nous avons
pensé essayer de réveiller la conscience des protestants à
Kinshasa qui semble s'endormir aux fins de les rendre attentifs sur la menace
de l'effacement de chants de recueils dans les cultes d'aujourd'hui.
L'originalité même
de cette étude réside en ce qu'elle ne dénonce pas
seulement la dictature du conformisme qui efface l'identité et la
différence hymnologiques de l'être protestant, mais encore elle
appelle à la libération et à la sauvegarde de l'hymnologie
protestante. Car le protestantisme, c'est aussi une culture, une façon
d'être, de voir, de vivre, de prier et de chercher dans sa
spiritualité, le sens de vie.
En ce moment où l'on se
demande peut-être : « où sont passés les
chants historiques protestants qui faisaient la particularité même
du culte protestant à Kinshasa ? », cette
étude, différemment aux précédentes, peut s'offrir
à l'Église du Christ au Congo comme l'une des voies qui
provoquerait l'avènement de la prise de conscience par rapport à
la question de son identité hymnologique. L'Église pourrait
trouver par cette étude, d'une part un déclic pour s'armer dans
la réinvention de la conscience hymnologique qui faisait la
beauté de ses cultes. D'autre part, elle pourrait, après
réinvention de sa conscience, par sa pastorale, s'engager pour la
conservation de l'héritage hymnologique qui, à la fois, incarne
l'historique, la spiritualité et la théologie du protestantisme
au Congo. Mais notre étude laisse aussi ouverte la porte à la
création hymnologique tenant compte des réalités de
l'Église de notre époque aux fins de ne pas nous laisser nous
enliser dans un certain narcissisme sans nom.
C'est pour ces raisons, estimons-nous, que la
revalorisation de ces chants, d'une part et sa réconciliation avec le
culte réellement protestant, de l'autre, constituent
l'intérêt majeur et l'originalité que porte cette
étude.
0.4 Méthodes et techniques du travail
Si toute recherche scientifique doit se
réaliser sur une méthodologie appropriée aux fins de son
aboutissement, il n'existe, cependant, pas de méthode qui s'impose au
chercheur. Car comme l'écrit Merton : «La liberté de
méthode en est la règle selon le but et l'objet de la
recherche".1(*) Pour cette
étude, nous avions opté pour la méthode
analytico-descriptive. Méthodiquement, nous avons posé,
analysé les problèmes et réfléchi, de
manière critique, sur les thèmes de base de la recherche en les
décrivant dans la problématique soulevée avant d'envisager
les principales recommandations, en accord avec l'éveil de la conscience
sur l'identité hymnologique protestante qui s'efface.
En outre, la réalisation de ce travail nous a
imposé le recours à des techniques vivantes qui passent, entre
autres, par l'utilisation de rapports individuels où les interviews de
personnalités dirigeantes ont été à la base de la
démarche en vue de la récolte des données indispensables
à thème. Aussi, les techniques d'études de documents, en
l'occurrence, le programme liturgique des cultes, la fréquence de chants
programmés par culte et une enquête au moyen de notre
participation aux différents cultes de paroisses choisies, nous ont
aidé à réaliser cette étude.
0.5 Délimitation spatiale et temporelle de la
recherche
Cette étude se situe dans le cadre de recherche
hymnologique au sein de l'Église du Christ au Congo, institution qui
regroupe et représente soixante-deux communautés
ecclésiastiques du protestantisme congolais. Nous examinerons, dans la
praxis, la place réservée aux chants des recueils dans le culte
protestant. Notre choix a porté sur les paroisses protestantes qui
suivent : 1. CBCO/Kintambo ; 2. CBFC/Lisala ; 3.
CEUM/Kasavubu ; 4 CPK/Yolo ; 5. Deux Aumôneries Universitaires
(PPISG, PPUKIN).
Cette étude couvre la période allant
de 1987 à 2007. Les motivations, avons-nous dit à l'introduction
générale du travail, militent pour cette période pour des
raisons suivantes : 1. La première limite nous aide à
observer la période d'avant 1990 où il semble avoir eu le
début de l'influence d'un grand mouvement
charismatico-pentecôtiste conduit par l'Église de la FEPACO
« Nzambe malamu » qui serait
considérée comme catalyseur dans la multiplication
spontanée des églises dans les quartiers après les
pillages de septembre 1991 et 1993 à Kinshasa. Le peuple se trouvant au
coeur de la désolation de la crise politique, économique et
sociale à Kinshasa après les pillages de triste mémoire,
cherchait refuge dans la prière et les prophéties dans les
églises. C'est la première raison. La deuxième
limite, c'est celle qui nous met en face de cette étude après
avoir suivi cette situation durant ces dernières années. Il faut
mettre en valeur le fait que si 1987 était la période de
contraction de ce « virus » qui attaque les
chants de recueils dans la liturgie des Églises urbaines membres de
l'ECC à Kinshasa, 2007 est la période où la gravité
de la maladie est plus que déclarée. C'est la deuxième
raison.
0.6 Subdivision du travail
Notre étude sur les chants
de recueils et le culte protestant à Kinshasa s'articule autour de
quatre chapitres présentés en deux sections. La première
section est intitulée « Regard sur la quiddité et les
caractéristiques de l'hymnologie protestante et du culte
protestant ». Son premier chapitre traite de
l'essence et des caractéristiques de l'hymnologie protestante. Le
deuxième chapitre étudie le culte protestant dans toute sa
substance.
Intitulée « Regard sur les chants
de recueils aujourd'hui dans l'Église », la deuxième
section traite, dans son premier chapitre, du culte protestant d'aujourd'hui
à Kinshasa et de la place réservée aux chants de recueils.
Son deuxième chapitre établit une appréciation critique de
l'héritage hymnologique missionnaire et sa complicité au temps
liturgique. A la fin de cette étude, nous concluons et présentons
les suggestions pour une retrouvaille de l'identité protestante dans la
liturgie et la riche différence de son hymnologie aux fins d'oeuvrer
pour la revalorisation des chants traditionnels et provoquer ainsi
l'arrêt de cette marche en avant vers l'effondrement de notre
identité de protestant.
NOTES DE L'INTRODUCTION
1. M. GRAWITZ, Méthodes des sciences sociales,
Paris, Dalloz, 10e édition, 1996, p. 3.
2. L'expression est de NKULU Kankote Kisula, Aumônier de
la PPUKIN, interviewé le 12 novembre 2007 sur la liturgie du culte
protestant aux aumôneries et la place réservée aux chants
traditionnels.
3. J.J Von Allmen, cité par NSUMBU Pezo Nsakala, J,
Culte et société : Le culte chrétien comme
réflexion critique d'une société moderne africaine,
Uppsala, SIM, 1995, p. 5.
4. B. BURKI, « Culte », in
Encyclopédie du Protestantisme, Paris/Genève, Cerf/Labor et
Fides, 1995, p. 284.
5. L. GAGNEBIN., Le culte à choeur ouvert :
Introduction à la liturgie du culte réformé,
Genève, Labor et Fides, 1992, p. 84.
6. Cf. E. WEBER qui a publié, dans la série de
Guides Musicologiques Volume V, un ouvrage très remarquable qui
nous éclairera dans cette étude. On remarque que la
particularité de cet ouvrage réside en ce qu'il aborde les
questions de fonds sur les usuels, les sources, l'histoire, la pratique et la
méthodologie dans la recherche hymnologique facilitant ainsi le travail
de tout chercheur.
7. J. LYON, comme E. WEBER trouve les mots pour le dire, est
un chercheur intrépide et acharné, un guide convaincant, un
maître expérimenté, combatif, passionné et
très motivé, bref : l'un des rares hymnologues
professionnels aujourd'hui en France. Pour nous, J. LYON qui s'est investi, par
ses travaux, à donner au protestantisme français son sens
d'être, est aussi cette voix qui crie dans le désert de nos
Facultés de théologies protestantes pour que l'hymnologie y soit
réellement vécue comme un des maillons importants de la
théologie pratique. Car la théologie peut aussi bien se
communiquer à partir de l'hymnologie.
8. Le cours de J. LYON sur l'hymnologie est logé sur le
site
www.hymnologie.com et tout le
monde peut y accéder et même entrer en contact avec lui comme fut
l'aventure de notre compagnonnage scientifique.
9. J. RATZINGER, personnalité ecclésiastique
exceptionnelle, aujourd'hui Sa Sainteté Le Pape BENOIT XVI, abordait
déjà en 1995 la question de la liturgie dans sa profonde relation
avec la foi dans le Christ où le lien entre la spiritualité
chrétienne et le culte, considéré à la fois dans
ses fondements divins et dans ses manifestations concrètes. Pour
RATZINGER la culture elle-même reste le partenaire
privilégiée de la liturgie. Lire Un chant nouveau pour le
Seigneur. La foi dans le Christ et la liturgie aujourd'hui, (Titre
original : Ein neus Lied fur den Herrn. Christusglaube und Liturgie in
der Gegenwart. Traduction de l'allemand de J. FEISTHAUER), Paris,
Desclée-Mame, 1995.
10. J. BAUBÉROT et H. BOST ont publié ensemble
un ouvrage remarquable intitulé Protestantisme dans les annales
des Dossiers de l'Encyclopédie du Protestantisme, Genève, Labor
et Fides, 2000.
11. L.GAGNEBIN, Le protestantisme, Evreux, Dominos
Flammarion, 1997.
12. MASAMBA ma Mpolo., Introduction, projet de collection des
chants du culte dans le chant religieux africain. Vers l'élaboration
d'un recueil de chants; Rapport de la consultation sur le chant religieux
africain fait dans le cadre du Département foi et identité de
l'Église de la CETA, Kinshasa, du 18 - 22 juin 1977.
13. LUSAKWENO Vangu, Le chant dans le culte protestant
Zaïrois : Essai d'analyse théologique, Mémoire,
Faculté de Théologie, FPZ, 1979.
14. NSUMBU Pezo Nsakala., La place de la chanson dans le culte
protestant, Mémoire, Faculté de Théologie, FPZ,
1987 ; Culte et société : Le culte chrétien comme
réflexion critique d'une société moderne africaine,
Uppsala, SIM, 1995.
15. KIBONGE Kawaya., L'hymne chrétien comme outil de la
libération au sein de l'Église. Cas de l'ECC /35e
CUEBC, TFC, Faculté de Théologie, UPC, 1998.
16. MONDENGO Iyoka Bodiabibami., La problématique du
chant à l'Ecole de dimanche. Pour une culture de compétences
psychosociales chez les enfants, TFC, Faculté de Théologie, UPC,
2000.
17. KUA NZAMBI Toko, "Coups de projecteur sur le mouvement
choral en République Démocratique du Congo", in International
choral bulletin, Namur, Vol. XX, number 4, July 2001, pp. 4-5.
18. NKULU Kankote Kisula, « L'impact de la
communication traditionnelle dans l'Église du Christ au
Congo », communication faite lors des Journées scientifiques
interfacultaires de l'UPC et Journée annuelle de l'ECC, du 25-28 avril
2001, in Revue de la CRIP n°1, EDUPC, 2002, pp.319-335.
19. MONDENGO Iyoka Bodiabibami., Pour une hymnologie
protestante congolaise efficiente. Lecture de l'hymnographie de Noé
DIAWAKU, Mémoire de Licence, Faculté de Théologie, UPC,
2002.
20. ZABUSU Diakumbi Mbunzu, Contribution à
l'étude de la musique d'église à Kinshasa de 1980 à
2002 : Bilan et perspectives, Mémoire de Licence, Faculté de
Théologie, UPC, 2002.
21. MUSHIKANGONDO Lenkoy., La codification des cantiques
post-missionnaires de 1985 jusqu'à nos jours, Mémoire de Licence,
Faculté de Théologie, UPC, 2005.
22. TSHUNZA Mpiana, L.., La musique comme partenaire de la
liturgie : Réflexion sur les chants liturgiques dans les
Églises dites de Réveil, Mémoire de Licence,
Faculté de Théologie, UPC, 2005.
23. Il fait relever que devant l'universalité de Dieu
qu'on revendique, il existe des hymnologies extrêmement
localisées,
24. En lisant le Mémoire de LUSAKWENO Vangu, on se rend
compte qu'il ne s'appuie que sur les grandes idées du projet de
collection des chants de MASAMBA ma Mpolo. Nous avons repris ici l'essentiel
des idées que LUSAKWENO couchent dans l'introduction de son étude
citée dans les pages précédentes. Lire son introduction
au mémoire, déjà cité, p. 1.
25. Cf. Pour en savoir plus, lire le mémoire de J.
NSUMBU Pezo Nsakala, pp. I-II.
26. La thèse de J. NSUMBU Pezo Nsakala,
déjà cité qui est, depuis, publié sur le
marché des livres peut être lu à ce sujet pour
éclairer tout chercheur qui voudrait étudier la
société à partir de l'organisation de son culte.
27. NKULU Kankote Kisula., article cité, pp.
334-335.
28. Lire la communication de NKULU Kankote Kisula, article
cité. C'est pour mieux pénétrer ses inquiétudes et
ses pistes de solutions par rapport à la problématique de la
chanson populaire dans l'Église du Christ au Congo.
29. Lire notre T.F.C., déjà cité, pour
mieux pénétrer nos préoccupations et les quelques pistes
de solutions préconisées par rapport à ce que doit
être la mission du chant à l'Ecole du dimanche pour enfants.
30. Nous énonçons ici le principe de la
tradition qui assure le lendemain d'une continuité souhaitée ou
voulue. Nous la tirons du Proverbe 22, 6 pour insister sur la
responsabilité traditionnelle qu'ont les adultes, croyants ou non,
devant les enfants. Ce principe ordonne à tout responsable de l'enfant,
et cela partout où il se trouve en face de l'enfant, ce qui suit :
« Instruis l'enfant selon la voie qu'il doit suivre ; Et
quand il sera vieux, il ne s'en détournera pas ». Il va
falloir considérer l'enfant ici au sens large. Mais par rapport à
l'étude menée antérieurement, notre pensée soutient
toujours que si l'enfant est aussi instruit selon la voie qu'il doit suivre
dans les chants des recueils, quand il sera vieux, il ne s'en détournera
pas. Et, si chaque adulte protestant prenait à coeur cette
recommandation, et la mettait en pratique par rapport aux vieux cantiques
protestants pour enfants, l'effacement que nous redoutons, toujours, n'aura pas
lieu.
31. Cf. MONDENGO Iyoka Bodiabibami, Mémoire
cité, p. 5.
32. Idem.
33. E. Weber, op.cit., p.2.
34. Cette expression, nous l'empruntons de WEBER.
Préfaçant l'ouvrage de J. LYON, elle l'utilise pour indiquer la
qualité spirituelle et esthétique souvent discutable de ces
chansonnettes, apprises par audition ou présentées en feuilles
volantes. Pour E. WEBER, et c'est vrai, bien qu'envahissant nos Églises,
elles ne pourront sans doute pas s'imposer ou encore rivaliser avec les
chorals allemands forgés dès 1524. Lire Johann Sebastian
Bach : Chorals de J. LYON, Paris, éd. Beauchesne,
2005, p. VII.
35. Nous essayons de rapprocher, sans trop vouloir creuser
profondément dans la philosophie, la problématique de l'invention
de la conscience dans la pensée de J. LOCKE dans son essai
intitulé Identité et différence comme nous le
présente E. BALIBAR qui a traduit et commenté son
« traité de l'identité ». Lire J.
LOCKE, Identité et différence. L'invention de la
conscience, présenté, traduit et commenté par
BALIBAR, Paris, Seuil, 1998.
36. L'expression nous est propre. C'est pour nous tout un
langage qui rapproche l'accueil et les applaudissements de chants populaires
dans le culte protestant d'aujourd'hui à la célèbre et
paradigmatique entrée triomphale de Jésus à
Jérusalem telle que nous rapportent les Évangiles.
37. R. K. MERTON, Elément de théorie et
méthode en sciences sociales, Paris, Sirey, 1960, p. 46.
PREMIERE SECTION
REGARD SUR LA QUIDDITE ET LES
CARACTERISTIQUES DE L'HYMNOLOGIE PROTESTANTE ET DU CULTE PROTESTANT
Cette première section de notre
étude fait l'objet d'un grand intérêt dans la mesure
où elle se propose de répondre à la question qui
soulève l'idée d'une marche en avant vers l'effondrement d'un
symbole de l'identité protestante du culte. Et c'est par rapport
à la question hymnologique que cela se pose. Mais comment y
arriverons-nous si nous ne nous préoccupons de jeter un regard
interrogateur sur la quiddité de ce qu'on entend par l'hymnologie
protestante, le culte protestant et les principaux traits
caractéristiques de ces notions composées de notre
étude ?
A cet effet, nous allons examiner en deux
chapitres, et de manière succincte, la quiddité et les traits
caractéristiques de l'hymnologie et du culte protestants. Pour ce faire,
les ouvrages d'Edith Weber et de James Lyon sur l'hymnologie nous serviront de
documents de base pour la préhension de la quiddité de
l'hymnologie protestante. Mais c'est ici le lieu de signaler que nous ne
manquerons pas chaque fois, par souci de contextualité, de visiter nos
précédentes études que nous avons évoquées
dans la problématique de cette étude. Pour ce qui est de la
compréhension du culte protestant, l'ouvrage collectif de Jean
Baubérot et Hubert Bost, ainsi que celui de Laurent Gagnebin sur le
protestantisme, nous appuieront comme des références.
CHAPITRE PREMIER :
QUIDDITE ET CARACTERISTIQUES DE L' HYMNOLOGIE
PROTESTANTE
1.1 Quiddité des
termes chants de recueils
Le concept composé de
chants de recueils est marqué, dans cette étude, par une
visée préférentielle de notre part à l'égard
de la pensée de toute une génération aujourd'hui. Il ne
sert pas à grand-chose de nous livrer à la polémique de
choix de termes qui inondent le monde et l'Église aujourd'hui par
rapport à ce seul domaine hymnologique. Nous sommes aujourd'hui, il faut
l'avouer, inondés de chants, avec accentuations les plus diverses :
chants religieux, chants du culte, chants d'Église, chants d'adoration,
chants de louange, chants des chorales, chants populaires, chants du monde,
chants patriotiques, chants révolutionnaires pour ne citer que
ceux-là. Toutes ces expressions ont à l'origine de formes de
passion religieuse ou non et s'alignent dans une telle ou telle
catégorisation terminologique selon que son contenu textuel est compris,
en dépit de son rythme et de sa mélodie.
1.1.1 Définition et bref
parcours historique de l'hymnologie protestante
La meilleure intelligence du
terme chants de recueils s'avère plus qu'indispensable, en
tant qu'il est un terme constitutif de cette dissertation. Nous parlerons, en
effet, du chant et des chants de recueils en nous appuyant, en plus de nos
études précédentes, sur les notions hymnologiques que nous
proposent James Lyon et Edith Weber.
1.1.1.1 Le chant tel que vu dans nos études
antérieures
De 2000 à ce jour, nous avons mené
des recherches sur le chant mieux sur l'hymnologie. En son temps, nous avions
une certaine préhension de ce terme que nous poursuivons dans la
présente étude. Notre travail qui a porté sur
« la problématique du chant à l'école du
dimanche»1(*) pour
enfants, essaie de retracer l'étymologie du
vocable «chant» qui vient du verbe latin
cantere - littéralement, se traduisant par « former
avec la voix une suite de sons musicaux »2(*). Le chant se définit
comme «un air chanté, composition musicale destinée à
la voix, généralement sur des paroles»3(*). Il est aussi ce qu'on peut
appeler «poème didactique», traduit de l'hébreu
« Maskil » : attentif, qui rend intelligent.
Ce mot figure dans le titre des Ps 32 ; 42 ; 44 ; 45 ;
52 ; 53 [...]. Un terme de la même racine se traduit au Ps 32 :
8 : «Je t'instruirai »4(*),
«Maskil » traduisant le sens de méditation
poétique. Enfin, une quatrième définition du chant voit en
ce mot le sens grec du verbe hymnéo, hymner. De cette forme, on
fait sortir le mot hymne ou chanter une hymne, un psaume ou un cantique
spirituel à Dieu « sous l'inspiration de la
grâce »5(*), détail important qui confirmerait l'explosion
de chants liturgiques dans un culte individuel ou public.
1.1.1.2 Le chant dans la
vision hymnologique de James Lyon
L'hymnologue James Lyon nous propose quelques indications
définitionnelles capables de nous amener à la préhension
du concept. Pour lui, dans sa vision hymnologique, parler de chant ou encore
de l'hymne implique, par définition, la
« louange » (laus - Lob) qui, elle-même,
s'appuie linguistiquement - par l'ancien haut-allemand
(althochdeutsch) - sur les mots liebe
(« bien-aimé »), loben
(« louer »), geloben (« faire voeu
de » - engagement), glauben (« avoir la
foi ») et Lied, (du moyen haut allemand lietd =
« chant » - de l'ancien haut allemand liod
(leut) = « louer »).
Meister Lyon pense que le chant, en tant qu'il fait
partie de la vie, il précède la parole, puis s'associe
harmonieusement à elle. Le chant confère une dimension
supérieure à la Parole par la valorisation du sentiment. Il cite
Clément d'Alexandrie (ca 150 - ca 215), qui trouve
dans le chant le « modèle d'une présence intense et
heureuse au monde ». Il fait allusion au Christ qui enseigne un
« chant nouveau » pour une « vie
nouvelle ». Il trouve que la compréhension de la Parole se
fait par le « coeur » - siège de l'intelligence -
dont le chant est la manifestation la plus probante et que le chrétien
qui chante préserve un héritage vital entretenu.6(*) Les présupposés
de cet auteur sur le chant peuvent se résumer en ces quelques lignes. Le
chant qui précède la Parole et finit par s'harmoniser avec elle
dans la valorisation du sentiment, pour incarner la présence intense et
heureuse au monde en vue d'une vie nouvelle repose sur la participation de
l'Esprit et de l'intelligence pour être autre chose qu'un cri tout
animal. Ce faisant, il doit requérir la participation de l'esprit et de
l'intelligence. C'est ici que les instructions pauliniennes,
spécialement, dans sa lettre aux Ephésiens ne seront pas
seulement d'ordre indicatif mais aussi impératif. Car situées
dans la partie morale des Épîtres concernées (Colossiens et
Ephésiens), elles incitent à retrouver le chemin du Christ dans
le contexte de crise qui sévissait à Colosses, hier, et partout
là où il y a Église aujourd'hui, en vue d'amener chaque
homme, chaque femme à se défaire du « vieil
homme » qui empêche l'explosion en nouveau cantique et de
revêtir « l'homme nouveau » aux fins
d'être capable d'entonner avec joie, dans la solidarité de la
communauté, le « chant nouveau » pour le
Seigneur. Le sens de la joie qui explose en cantique, en provoquant la
solidarité par le fait d'entraînement de l'unité de coeurs
et de voix est à considérer. C'est ici le lieu de tenter de
saisir la compréhension du chant dans la vision du théologien
liturgiste Josef Ratzinger.
1.1.1.3 Le chant dans la
pensée hymnologique d'Edith Weber
La pensée hymnologique d'Edith Weber autour
de la quiddité du chant peut s'entrevoir entre les lignes de son ouvrage
sur La recherche hymnologique lorsqu'elle traite de la question de
formes vocales monodiques, concertantes et instrumentales. Mais, pour nous dans
cette étude, nous allons nous limiter à l'examen des formes
vocales monodiques pour tenter de nous approcher de sa compréhension du
chant.
Il faut dire qu'à comprendre cet auteur, le
chant explique mieux le cantique. Autrement dit, le cantique dans son essence
ne peut mieux se saisir que par le chant qui le constitue et lui permet de
désigner le recueil : le recueil des cantiques, par exemple. Ainsi,
Edith Weber définit le cantique (du Latin canticum,
chant ; canticle (angl.), cantico (it.) comme
étant un chant lyrique, d'action de grâce ou d'imploration,
strophique, versifié et rimé paraphrasant un texte
biblique7(*).
Généralement, sa structure musicale répétitive,
soutient-elle, s'apparente à celles du Psaume huguenot et du choral
luthérien, tandis que sa mélodie peut être
harmonisée à quatre voix, en style fonctionnel, note contre note,
homosyllabique et homorythmique, pour favoriser l'intelligibilité du
texte8(*). Nous
reviendrons sur la quiddité des Psaume huguenot et le choral
luthérien.
D'après Edith Weber, l'usage protestant des
cantiques bibliques adaptés et mis en musique ont été le
fort des Réformés et des Luthériens. Comme Verchaly l'a
fait dans nos précédentes études9(*), Weber aussi reprend dans son
analyse compréhensionnelle de ce qui est un cantique, les
célèbres titres de cantiques bibliques (vétéro et
néo-testamentaires) déjà cités par le
précédent auteur tout en ajoutant une particularité
importante : les noms des premiers protestants qui ont fait, sur base de
ces textes, des chants lyriques pour le culte protestant depuis la
Réforme.
La pensée hymnologique et
définitionnelle d'Edith Weber sur le chant est vaste et riche dans les
différentes formes qu'elle nous propose. Il serait avantageux pour cette
étude d'épingler avec elle, fut-il, en passant, la
quiddité de quelques autres formes de chants qui ont accompagné
le protestantisme depuis la Réforme. Ainsi, notre étude
s'épargnera de quelques insuffisances. Pour ce faire, nous parlerons,
entre autre, et succinctement de : choral, hymne, proverbe, psaume
monodique, psautier, psautier huguenot et répons.
1.1.1.3.1 Choral
Dans l'étude de formes
vocales, choral au masculin (du latin, choralis, adjectif impliquant
le choeur, le chant choral) désigne le chant des Églises
luthériennes issues de la Réforme en Allemagne, à partir
de 1524, le choeur, le chant choral, une oeuvre chorale, un ensemble
vocal10(*).
Mais dans la compréhension de cette forme
vocale, Weber relève les trois différents sens qui la
constituent : le sens large, strict et esthétique. Au sens large,
le choral est une mélodie ou un timbre liturgique servant de principe
structurel et de thème à des oeuvres vocales et instrumentales
dans la musique allemande, puis hors d'Allemagne à partir du XVIe
siècle. Toutefois, certaines mélodies et quelques textes peuvent
être antérieurs à la Réforme.11(*) Au sens restreint, le choral
est le chant des Églises luthériennes depuis 1524, par opposition
aux Psaumes huguenots à partir de 1539 destinés aux
Réformés et Calvinistes. Ceux-ci innovent dans l'appel qu'il fait
à la langue vernaculaire (allemande) avec une inflexion possible des
interpolations latines voire grecques comme dans le Kyrie eleison. Au
sens esthétique, le choral est un chant majestueux, large,
entraînant (mais parfois austère, chanté par
l'assemblée à l'unisson (voix d'hommes et de voix de femmes ou
harmonisé note contre note, de structure strophique et rimée, sur
une mélodie et un rythme simples appris facilement par coeur par les
fidèles et pouvant être exploitée comme principe structurel
(cantus firmus).
De son utilisation, le choral est utilisé au
culte (Gottesdienst) comme au concert. Pendant l'organiste joue le
choral comme prélude ; de ce fait la communauté peut bien
retenir aisément la mélodie ; selon qu'il peut le
développer librement selon différentes techniques :
thème présenté intégralement exposé en
valeurs longues au soprano, au ténor ou à la basse, avec des
entrées successives. Le choral assure également des interludes et
des postludes et peut improviser sur le thème d'un choral tout en
respectant les temps liturgiques, l'esprit de la prédication et de
lectures bibliques.12(*)
Pour terminer, indiquons que le choral est aussi
présent dans la musique vocale instrumentale. C'est ici que les cantates
comme ceux de Jean Sébastien Bach en l'occurrence Christ lag in
Todesbanden...le concert spirituel (geistliches konzert), le
motet, les passions.13(*)
Il faut relever avec Weber que comme le Psaume huguenot symbolise
l'identité musicale de l'hymnologie réformées, le choral
reflète l'identité musicale luthérienne.14(*)
1.1.1.3.2 Hymne
Selon la typologie des formes
vocales monodiques, les hymnes sont des chants versifiés, de
caractère lyrique en vers (ou en prose). Ce genre repose sur des
poèmes religieux (compositions personnelles appartements ou non à
la liturgie). Elle est cultivée par les religions juive et
chrétienne. Edith Weber cite ici les quelques figures de proue qu'on
peut retenir parmi les principaux poètes : Grégoire de
Naziance (v.330-v.390), Nicetas de Remesciana, auteur présumé du
Te Deum, saint hilaire de Poitiers (mort en 366), Romanos le Mélode
(mort après 555), Venance Fortunat, Odon de Cluny, Pierre
Abélord.15(*)
Signalons que les hymnes bien qu'imprimés
qu'à partir du XVIe siècle, sont pourtant consignées dans
les hymnaires manuscrits depuis la fin du XIe siècle. Elles s'adaptent
facilement à la polyphonie où Jean Sébastien Bach a fait
produit des oeuvres importantes en nombre. La structure des hymnes peut se
résumer en ces traits : mélodie peu ornée,
mesurée et facile à retenir, les hymnes se prêtent au chant
d'assemblée16(*).
Enfin, comme le fait observer l'auteur, notons qu'il
n'y a pas lieu de confondre une hymne appartenant à la musique
religieuse, avec un hymne qui est un chant solennel en l'honneur de la patrie.
Comment pouvons-nous le démontrer ? Retenons. Si la première
forme citée se chante pendant les cultes célébrés
en l'honneur de Dieu créateur, par exemple, pour les chrétiens,
la seconde elle, se chante pendant les cérémonies officielles
d'un Etat. Il se chante par le peuple, citoyens d'une nation donnée, et
souvent à l'unisson, des coeurs, avec joie et émotions, pour
témoigner l'appartenance et l'attachement à la patrie. La
différence saute aux yeux et surtout aux oreilles. Car si cette
dernière forme, qui est pris au féminin, peut unir les
différents peuples du monde en prière pour traduire et
témoigner la foi qu'ils peuvent avoir en un seul et même Dieu, la
première, pris au masculin, par contre, traduit ostentatoirement qu'on
appartient ou non à la patrie qui entonne l'hymne. Essayons maintenant
de comprendre la quiddité d'une autre forme monodique qu'est le
Proverbe.
1.1.1.3.3 Proverbe
Dans la pensée hymnologique de Weber, le
Proverbe fait partie de formes des chants. L'auteur étaye son
affirmation sur le fait que les proverbes bibliques contiennent des chants.
Comment le définit-elle ? Selon Edith Weber, le mot latin
« proverbium » signifie « sentence,
parabole ». Déjà évoqués dans
l'entrée « Cantique », les Proverbes
forment un livre vétéro-testamentaire regroupé dans la
Septante avec Job, l'Ecclésiaste, le Cantique des Cantiques, alors que
la Vulgate intercale les Psaumes entre Job et les Proverbes (attribués
au roi Salomon).17(*)
Mais faisons observer que lors de la Réforme, quelques Proverbes ont
retenu l'attention des poètes qui les ont paraphrasés et des
compositeurs.18(*) Dans
le Psautier huguenot (Vol I), par exemple, soutient Weber, Pierre Pidoux
reproduit des Proverbes avec les mélodies de François Gindron
pour les « Cantiques » (sic) d'Accace d' Albiac, sieur du
Plessis (1556) en 6 à 11 vers formant un tout.19(*) A en croire Edith Weber, la
mélodie traitée syllabiquement, d'introduction facile, avec deux
valeurs de note, se retient aisément et convient au chant
d'assemblée, comme, par exemple, le Proverbe 28.20(*) Disons, en un sens, que pour
Weber, les Proverbes se situent à mi-chemin entre la comparaison, la
sentence et la parabole. Mais quelle compréhension avoir de Psaume
surtout quand il est épithété de monodique ?
1.1.1.3.4 Psaume monodique
(Liturgique)
Selon cet auteur, le psaume du
grec psalmos, est une pièce lyrique mettant l'accent sur la
louange. Le livre des Psaumes contenu dans la Bible est de caractère
didactique. On remarque que les Psaumes (hébraïques) ont
été traduits en langue vulgaire à partir du XIIè
siècle. Leur longueur va de deux versets (Ps.116, 117) à 22
strophes selon la numérotation hébraïque et protestante, en
décalage avec la vulgate.21(*)
Weber relève une sorte d'itinéraire
qu'a pris le livre des Psaumes depuis ses origines jusqu'à la
Réforme. Elle soutient que le Psaume (en hébreu,
mizmôr) a évolué du culte israélite dans la
synagogue vers la liturgie catholique et a- depuis la Réforme-
été repris par les réformateurs protestants22(*) qui en ont
élaboré plusieurs cantiques pour l'assemblée en
prière. Comme un genre parmi les chants, les Psaumes sont repartis en
vers divisés par deux par une césure, avec le même nombre
de syllabes. Ils peuvent être chantés par un soliste, par un
choeur, par une assemblée en prière. Sa structure musicale
s'apparente à celle des chorales : leur mélodie est
répétitive pour les 2 ou 3 premiers vers, ensuite chaque vers
suivant est doté d'une ligne mélodique propre. Retenons que selon
l'historicité de Psaumes à la Réforme, les mélodies
qui ont facilité l'élaboration des cantiques sur les Psaumes
hébraïques, provenaient des trois sources principales, à
savoir : emprunt au répertoire grégorien, emprunt au
répertoire profane existant (contemporain ou non) et créations
originales des poètes protestants.23(*)
C'est qu'en France et, en Suisse romande, par
exemple les Psaumes ont été paraphrasé par Clément
Marot (1509-1564) et Théodore de Bèze (1519-1605) depuis 1539.
Pour ces protestants les 150 psaumes devraient être chantés avec
toutes leurs strophes, plusieurs fois dans l'année.24(*) Martin Luther, de son
côté, réalisera des paraphrases allemandes de Psaumes
comme, par exemple25(*) :
1. Aus tiefer Not schrei ich zu dir (Ps.130,
Wittenberg, 1524). (Du fond de ma détresse, je crie vers toi).
2. Es spricht der Unweisen Mund wohl (Ps.13,
Wittenberg, 1524). (La bouche des insensés a beau dire).
3. Ein feste Burg ist unser Gott (Ps. 68 (Deus noster
refugium), 1527 -1528). (C'est un rempart que notre Dieu).
En un sens, les Psaumes figurent dans tous les cultes
chrétiens sans exception. On les rencontre dans les cultes chez les
anglicans, catholiques, luthériens et surtout réformés
(Calvinistes)26(*).
1.1.1.3.5 Psautier
La typologie des formes vocales monodiques, dans la
pensée hymnologique de Weber désigne le psautier
(psalter en anglais, Psalter en allemand, salterion
en italien et espagnol) par le Recueil des 150 Psaumes, chantés à
la messe, lors de laquelle les pièces chantées sont, dans
l'ensemble, des versets de Psaumes. A.G. Martimort, cité par Weber,
affirmait par rapport à la vieille utilisation de Psaumes que 12
psaumes étaient chantés à matines pendant les jours
ordinaires ; 18 (24), les dimanches ; 9, les jours de
fête...Nous sommes là vers l'an 500 de notre ère. Deux
choeurs chantaient en alternance. Les versions latines proviennent de la
traduction grecque des Septante, dont saint Jérôme a
réalisé trois versions, à savoir : La Vulgate, qui
fût remaniée sous le titre Néo- Vulgate à Rome, par
les Bénédictins de saint Jérôme et imprimée
en 1969 par l'Imprimerie Vaticane.27(*)
De la numérotation des Psaumes dans le Psautier, Weber
insiste sur le « voyage de Temples » qu'ont fait les
Psaumes dans le monde la foi. Les Psaumes sont passés du culte
israélite (à la synagogue lieu de son origine) à la
liturgie catholique, puis au Temple protestant. Il faut dire qu'en principe,
les Psaumes bien qu'ayant fait toutes ces
« délocalisations », ils sont pourtant restés
présents au culte israélite, à la messe catholique et au
culte protestant. Mais en fait, l'ensemble des Psaumes n'est pas resté
intact. Si le contenu des Psaumes n'a pas souffert des quelques omissions au
long du « voyage », quelques changements
numérotatifs au moins sont le prix qu'a payé le Psautier. Voici
un résumé des différences que nous présente Edith
Weber.28(*)
1. La Vulgate (V) réunit les Psaumes 9 et 10 ; a
numérotation hébraïque (H) et protestante (P)
dédouble le Psaume 9 (et 10) : donc le Psaume 11(P) = le
Psaume 10 (V).
2. La Vulgate (V) dédouble les Psaumes 146 et 147, la
numérotation hébraïque et protestante réunit ces deux
Psaumes : donc le Psaume 146 (V) = Ps. 146, v. 1- 11(P) ; le Psaume
147 (V) = Ps. 147, v. 12- 20 (P).
En résumé, le Recueil des 150 Psaumes :
1. Ne présente pas de changements pour les Psaumes 1
à 9 inclus et pour les Psaumes 148 à 150 : V=P.
2. Le Psaume 11(P) = Psaume 10 (V) ; ce décalage
d'un numéro continue jusqu'au n° 147.
3. Le Psaume 146 (V) = Psaume 147 (P) au début ;
le psaume 147 (V) = Psaume 147 (P) à la fin.
L'auteur conclut ces différences avec ces
formules :
1. Ps. 1 à 9 : V = P
2. Ps. 148 à 150 : V = P
3. Ps. 10 (V) = Ps. 10 et Ps. 11 (P)
4. Ps. 11 à 145 : V = P - 1 ou P = V + 1
Après cette forme monodique, il est important que nous
voyions le cas particulier du Psautier dit huguenot. Il se trouve que
la « marche en avant » de la Réforme protestante
dans les pays de la langue française n'est pas vue se réaliser
dans l'organisation des cultes et surtout dans l'élaboration de la
musique d'Église pour le peuple rassemblé sans qu'il soit
incontournablement présent. Mais quid au juste du Psautier
huguenot ?
1.1.1.3.6 Psautier Huguenot
L'histoire des Psaumes et son influence dans la musique
protestante de langue française ne peuvent élider le Psautier
huguenot élaboré depuis le XVIe siècle et encore
chanté au XXIe siècle. OEuvre commune de deux contemporains,
Clément Marot et Théodore de Bèze, le Psautier
comprend 150 Psaumes dont 49 ont été paraphrasés par Marot
et 101 par de Bèze. Edith Weber nous fait remarquer qu'en annexe du
Psautier figurent29(*) :
1. Les Dix commandements
2. La Prière avant le repas
3. La Prière après le repas
4. L'Oraison dominicale
5. Les Articles de Foy (Symbole des Apôtres) et des
cantiques : de Siméon, Zacharie, Moïse, Magnificat,
Te Deum, la Salutation angélique, L'Oraison à Dieu, le
Père, Fils et Saint-Esprit, le Psaumes 102, Seigneur, entends mon
oraison.
Le Psautier huguenot, comme le souligne Weber, a fait
l'objet de Psaumes pour orgue, de préludes de chorals
(choralsvorspiele). La mélodie (Cantus firmus) peut
être exposée en valeurs longues au ténor, au soprano,
à la pédale, accompagnée d'un commentaire décoratif
aux autres parties30(*).
Jusqu'au XXIe siècle en France, Alexandre Cellier (1883- 1968), Georges
Migot (1891- 1976) et en Suisse Roger Vuataz, Henri Gagnebin (1886 -1977)
pratiquaient encore cette forme mélodique de décoration pendant
le culte.31(*) Au
même titre que la Bible, le Psautier huguenot représente
un élément incontournable de la piété protestante
dans les pays de langue française. Mais des compositeurs allemands, en
l'occurrence le Cantor Alexander Wagner (né en 1927) empruntent des
mélodies des Psaumes huguenots. Malgré des remises en cause par
certains, les Psaumes français sont encore édités et
chantés de nos jours. Disons avec Edith Weber que les mélodies
sont restées intactes, les textes ont été
actualisés au cours des siècles. Aujourd'hui, d'ailleurs, il
existe ce qu'on peut appeler le Psautier français. Les 150
Psaumes versifiés en français contemporain élaborés
sur des mélodies originales du XVIe siècle harmonisées
à quatre voix les textes de Roger Chapal.32(*)
1.1.1.3.7 Répons
Le terme « répons » du latin
responsorium et de l'ancien français
responsoire ; il signifie « réponse »
et implique donc un dialogue et un chant antiphoné, soit entre le
chantre (Cantor) et le choeur, soit entre le choeur et les
fidèles.33(*)
Il sied de ne pas confondre répons (catholique et
luthérien) avec le chant spontané (souvent réformé)
qui est un chant affiché au tableau et chanté
spontanément, c'est-à-dire sans avoir été
annoncé par le pasteur.34(*) Le texte dans cette forme de chant peut être
extrait de la Bible ou des sermons des Pères de l'Église. Les
répons sont généralement monodiques, mais au XVIe
siècle, G.P. de Palestrina et T.L. de Victoria ont composé des
répons polyphoniques plus élaborés, destinés
à la semaine sainte. D'une manière générale, le
répons est un genre liturgique et musical monodique chanté
après une lecture.35(*)
Pour cette forme vocale monodique, la mélodie
évolue généralement par mouvement conjoint, le chant non
mesuré suit le débit de la parole avec des valeurs égales
et quelques notes un peu allongées. L'assemblée pratique donc un
dialogue avec le pasteur ou le liturgiste et lui répond36(*).
1.2 Recueils
protestants
Nous venons d'examiner les différentes
compréhensions qui tournent autour du chant comme forme vocale
monodique. Nous nous sommes parti de la pensée hymnologique de James
Lyon, passant par celle de Josef Ratzinger pour beaucoup nous attarder sur la
pensée hymnologique d'Edith Weber. Nous cherchions à saisir la
quiddité du chant dans ses différentes formes. Et, l'ouvrage de
Weber sur La recherche hymnologique nous a été d'un
très grand atout et appui. Nous comprenons dès lors que le chant
n'est pas seulement un objet à saisir dans le vaste domaine de
compréhension, mais encore qu'il est présent et accompagne
l'Église mais bien plus l'homme qui cherche Dieu depuis
l'antiquité tardive. Il faut maintenant saisir la préhension du
recueil de chants.
Par définition, le recueil, on le sait, est un ouvrage
ou un volume réunissant des écrits, des documents37(*). C'est ainsi qu'on peut parler
du recueil de poèmes, recueil de morceaux choisis. Et quand le terme
prend le sens d'une anthologie on peut parler de : recueil de fables,
recueil des pensées, d'essais [...]. Le recueil se comprend aussi comme
étant un bulletin, un digeste, des annales, un chronique, un assemblage,
un répertoire ou une collection pour ne citer que ceux-là. Nous
pouvons, sans prétention, appeler recueils des chants, dans l'univers du
protestantisme, l'ensemble de cantiques, rassemblés,
répertoriés et reproduits grâce à l'imprimerie et
à l'imprimerie musicale depuis la Réforme du XVIe siècle
jusqu'à nos jours. Dans la vision des Réformateurs, les recueils
servaient à la large diffusion des grandes idées de la
Réforme mis en texte pour musique. C'est l'esprit du temps
(Zeitgeist) de la Réforme même qui anime l'âme
mieux l'ethos des chrétiens qui élaborent les cantiques comme
celles et ceux qui les chantent. Et selon les diverses sensibilités
religieuses, ces cantiques rassemblés étaient mis à la
disposition des pasteurs, prédicateurs, organiste et des fidèles
dans les paroisses.
1.2.1 Chants de recueils
protestants, quid ?
Tenant compte de ce qui précède, nous
pouvons affirmer que les chants de recueils protestants, à
large spectre de compréhension, sont l'ensemble de cantiques
empruntés soit à l'Héritage hymnologique des Pères
de l'Église38(*),
soit au répertoire grégorien, soit au répertoire profane
existant (contemporain de leurs auteurs ou non), soit des créations
originales des poètes protestants.39(*) Ils sont généralement
élaborés sur les Psaumes hébraïques, mieux sur
l'ensemble des textes de l'Ancien et du Nouveau Testaments voire les textes des
livres deutérocanoniques. L'exploitation des textes bibliques de ces
chants va de la Genèse à l'Apocalypse. De très nombreux
chants de recueils protestants ont certes été comme le
témoin privilégié du cheminement de la Réforme qui
les a créés sur base des typologies variées. Dans les
lignes qui suivent, nous allons essayer de retracer les grandes lignes de la
Réforme par rapport aux chants de recueils avant d'illustrer les
quelques typologies exploitées dans les recueils protestants.
1.2.1.1 Le parcours des
chants de recueils vu par James Lyon
De manière générale et nous
appuyant sur le célèbre ouvrage de James Lyon sur les chorals de
Jean Sébastien Bach,40(*) il est aisé de remarquer que les chants de
recueils protestants sont d'abord l'oeuvre de la Réforme qui les
crée au lendemain de la proclamation de Thèses de
Luther. C'est ainsi que nous pouvons nous permettre d'affirmer sans crainte
d'être contredit qu'au début de la Réforme, au milieu de la
Réforme, au centre de la Réforme, à la fin de la
Réforme et après la Réforme était le chant
liturgique. Le chant liturgique, à notre sens, serait l'un des vrais
témoins de l'histoire de la Réforme. Il a vu et accompagné
la marche en avant de la Réforme. Les indications que Lyon nous donne
à partir de son guide de sources hymnologiques des mélodies, des
textes et des théologies qu'il forge sur l'oeuvre costaud des chorals du
poète, mélodiste, harmoniste et compositeur Jean Sébastien
Bach nous renseignent beaucoup sur la manière dont la réforme
s'est fait accompagner des cantiques mis en recueils. C'est à l'ouvrage
Johann Sebastian Bach, Chorals que nous faisons allusion. Essayons de
pénétrer utilement cet ouvrage en vue de remonter « la
généalogie hymnologique» des chants de
recueils ».
1.2.1.2
Généalogie hymnologique des chants de recueils
S'il faut remonter « la
généalogie hymnologique» des chants de recueils
nous devons faire un exercice de recension de l'ouvrage de James Lyon. Car il
est vrai que cet hymnologue a fait un travail remarquable que nous ne pourrons
mesurer à bon escient la portée profonde dans cette modeste
étude. Il relève, entre les lignes, les grands secrets de la
marche en avant de la Réforme protestante par rapport à la
musique d'Église. Il examine le parcours des chants de recueils et ses
typologies au début, au milieu et vers le crépuscule de la
Réforme. Il le fait beaucoup plus par rapport à une nation
(l'Allemagne protestante), à un théologien allemand (Martin
Luther) et beaucoup plus par rapport à un musicien allemand
dévoué pour la cause du chant au début de la
Réforme : Jean Sébastien Bach. Nous présumons que les
présupposés musicologiques et historiques de l'auteur veulent
traduire l'idée selon laquelle il fallait tenir compte de l'impact de
cette nation dans la naissance du protestantisme. Car, c'est de là
qu'est partie la grande Réforme du XVIe siècle, pour aller comme
« jusqu'aux extrémités de la terre ».
Abordons maintenant le contenu de l'ouvrage, chapitre après chapitre.
Nous le ferons sous forme d'une recension.
1) Chapitre premier :
La Réforme (1523-1562)
L'auteur, de prime abord, parle du début de
la Réforme. Il le fait par rapport à la période entre 1523
et 1562. Il va de son contexte historique où il relève des
thèses aux premiers cantiques, de la guerre des paysans, de dissidences
et polémiques41(*),
de l'érection d'une nouvelle théologie de la musique, de la fin
d'une époque par rapport à la disparition de Luther, 42(*) et de conflits qui surgirent
après Luther. C'est le premier temps. Il aborde la question de textes
et mélodies43(*)
dans l'élaboration des premiers cantiques avec Martin Luther. Il passe
en revue la vie et la chronologie de l'oeuvre hymnologique de Luther44(*) pour le monde allemand. C'est
le deuxième temps. Enfin, il examine les méandres des premiers
travaux de l'élaboration des cantiques. Il cite les figures
emblématiques dans cet effort, Johann Walter45(*) et le cercle des poètes
de Wittenberg à qui Luther lance un appel pathétique pour qu'ils
conçoivent de nouveaux cantiques, dans l'esprit des psalmistes et des
prophètes de l'Ancien Testament à la lumière du Christ.
Son mot d'appel était : « Nous cherchons partout
des poètes ». Son souci était celui de voir tous
les grands poètes de son temps écrire des poèmes pour les
nouveaux cantiques.46(*)
Il le demande à tous, partant des auteurs luthériens.47(*) On peut se permettre de penser
que si Luther tenait à cette entreprise de création des cantiques
jusqu'à lancer des appels, cela devait avoir des liens avec la
concurrence qui se levait du côté des humanistes de Bâle et
de Strasbourg. D'ailleurs, la création et la renommée du corpus
bâlois et strasbourgeois48(*) ne pouvaient que l'indiquer. Par ailleurs, l'auteur
relève aussi l'apport du dialecte dans l'élaboration des
cantiques49(*), signale
les dissidences des proches collaborateurs et disciples de Luther sur la
question de la cène, et le problème du lien entre la Loi et
l'Évangile voire le baptême des enfants qui se sont suivies
[...]50(*) Avant de
terminer, l'auteur parle de textes et mélodies des cantiques de sources
anonymes51(*)
généralement d'origine médiévale, mais qui,
faussement, seront attribués à certains auteurs allemands. Il
évoque aussi le cas de six mélodies du Psautier
calviniste de Genève (1539-1562) que Johann Sebastian Bach
utilisera et de l'apport en textes et mélodies de Nikolaus
Herman52(*) qui ont
joué aussi un rôle important dans le compagnonnage des premiers
cantiques aux côtés de la Réforme du XVIe siècle. En
clair, l'auteur indique que la contribution essentiellement significative de
Nikolaus Herman pendant cette période du protestantisme est son choix
pour que l'Évangile soit annoncé aux enfants53(*). Il allie les traditions
populaire et savante tout en créant de nouveaux textes et
mélodies. Le chant deviendra inséparable du culte protestant. Un
lien se tissera entre le chant d'assemblée, désormais
marqué par le « Nous » communautaire (contrairement
au règne de « Je » qui avait
prédominé quelques temps avant), et le chant polyphonique
destiné à la Cantorei et à la formation scolaire.
A la suite de Martin Luther (1483-1546), la plupart des auteurs valoriseront
les psaumes. Ils exploiteront autant les textes de l'Ancien et du Nouveau
Testament. L'éclairage théologique se fonde uniquement sur la
christologie dont les aspects premiers concernent l'incarnation, la tentation,
la Parole, le mystère, l'action, la Passion et la Résurrection du
Christ. La nouvelle doctrine sur la « justification par la foi
seule » (Rechfertigunglehre) est, le plus souvent,
propagée sur un ton polémique adressée à
l'adversaire « papiste ». L'examen de diverses typologies
atteste de la valeur catéchétique de nombreux texte. Le temps
liturgique dans l'organisation des cultes est désormais ponctué
par de nombreux cantiques, plus particulièrement destinés au
temps de Noël (Weihnachten), la Passion, et la Pâques
(Ostern) sans ignorer les thèmes de la mort (Tod) et
celui de la pénitence qui revenaient aussi souvent car se
référant à la première Thèse de
Luther (1517). L'apport de poètes-théologiens est à
relever en ce sens qu'ils ont eux aussi perpétué la tradition
médiévale de la piété populaire mais aussi savante.
En d'autres mots, pendant cette période, le chant est
véritablement considéré comme la forme principale de la
prière chez les protestants. Et l'apport de Johann Sebastian Bach est
considérable dans les domaines des mélodies (où la
Musica naturalis, fondée sur des archétypes
mélodiques communs à tous fera son poids) et de la mise en
musique de textes de Luther comme ceux du cercle des poètes de
Wittenberg et même ceux de la communauté allemande des
Böhmische Brüder. Ce qui est remarquable est que toutes les
créations hymnologiques de ce temps respecteront le « mot
d'ordre » de Luther : toujours un « lien entre
le texte et la mélodie » (Wort und Ton). Ce sont
là, les grands traits caractéristiques du premier chapitre.
2) Chapitre deuxième : L'orthodoxie et la
mystique (1562-1618)
Au deuxième chapitre, James Lyon
examine la question, mieux l'apport de l'orthodoxie et de la mystique dans le
travail de l'élaboration ou de la création des cantiques
protestants entre 1562 et 161854(*) où le contexte historique est celui des
polémiques55(*). Il
le fait en traitant quelques points essentiels qui présentent, de
manière éloquente, le tableau du contexte historique
immédiat. Nous le relevons succinctement.
L'auteur parle de l'héritage discuté de
Luther56(*), des efforts
de la Formule de Concorde57(*), et ceux de la période de l'orthodoxie
tempérée qui crée le concept de
Frömmigkeitsbewegung pour stimuler la dimension spirituelle par
l'édification et la piété personnelles et pour lequel la
musique revêt une importance particulière. Car désormais
musique et piété marcheront ensemble.58(*) A en croire l'auteur, il s'est
passé plus d'un demi siècle, c'est-à-dire 56 ans au moins
où l'on a vu la marche en avant de la Réforme marquer les pas si
pas carrément s'arrêter. Le contexte historique nous montre que la
disparition de Martin Luther, en 1546 avait quelque peu fait entrer la
Réforme dans un processus difficile. Très difficile. Un sentiment
général de malaise s'instaura59(*). Les Protestants et les catholiques n'avaient
accepté la paix conclue à Augsbourg en 1555 que comme une
trêve60(*) qui
préparait à d'autres hostilités. Les débats
théologiques, en faveur d'un enseignement dogmatique
« pur », se sont envenimés. Les grands
sujets de discordes étaient la cène, la christologie, la
justification, les oeuvres, la loi divine et surtout le libre arbitre.61(*)
Meister James Lyon souligne deux faits
majeurs sur lesquels nous allons nous appesantir. Le premier nous
renseigne que deux camps opposés se formèrent : d'un
côté les gnésio-luthériens,
réputés intransigeants, car se considérant de vrais
luthériens et les philippistes, partisans
avérés de Philipp Melanchthon (1497-1560) ami personnel de
Luther. C'est ici que l'héritage de Luther se trouve être
discuté62(*) sinon
vraiment disputé. Le second est que l'opposition radicale aux
calvinistes et à la Contre-Réforme catholique se renforce
également. Tous ces faits conduiront, à coup sûr,
l'Église et les fidèles dans un climat de fin des Temps,
d'apocalypse, de superstition populaire, de sorcellerie et de
satanisme63(*). Bref, un
climat de confusion totale s'installa. Il fallait faire quelque chose :
chercher et trouver une voie de concorde et d'apaisement.
La Formule de Concorde, fruit de l'effort de
quelques personnages d'envergure dont le théologien, prédicateur
et musicien Nikolaus Selnecker (1530-1592) ancien élève de
Melanchthon, adviendra et marquera en 1570, la fin d'une longue période
d'inertie qui avait commencé vingt ans plus tôt.64(*) On assiste, dès lors,
à la poussée d'un désir ardent de réconciliation
entre les gnésio-luthériens et les
philippistes ; mais aussi une bonne volonté de
rétablir une interprétation orthodoxe de l'héritage de
Luther65(*). Chose qui
ne réussira pas à tenir très longtemps. Car, bien que les
Articles de Concorde soient rédigés en 1577 par une
commission de théologiens, avant la publication du Livre de
Concorde, adopté en 1580, par les villes et les princes
luthériens ; bien que ce corpus soit constitué avec
la Confession d'Augsbourg, les articles de Smalkalde, les deux
catéchismes et les cantiques de Martin Luther, comme le fondement de la
doctrine protestante, la fameuse Formule de Concorde qui,
pourtant, respecte les idées de Réformateur s'est vue
beaucoup plus comme une contre-attaque personnelle au
Catéchisme calviniste de Heidelberg. Elle était faite
avec un transfert d'accent dans l'énoncé de certains dogmes pour
l'érection d'une Église encore beaucoup plus intransigeante. Par
voie de conséquence, elle affronte le Calvinisme. Il en résultera
un grand découragement. L'unité du monde luthérien,
malheureusement, ne sera pas réalisée66(*) bien longtemps encore
après la disparition de Martin Luther.
James Lyon relève dans ce chapitre,
entre autres, l'entreprise de la rédaction des grands traités
dogmatiques pendant la période entre 1580 et 1620. Cette période
est réputée celle de Frühorthodoxie, la
première orthodoxie. Il convient d'indiquer que la
créativité théologique, ici, est malheureusement toujours
sous-tendue par la soif de polémiques sur les deux natures du Christ et
sur son corps par rapport à la cène, sur le Christ
médiateur même sur la problématique de l'histoire de
l'Église. Malgré tout, les théologiens parviennent
à un accord sur l'autorité divine de la Bible,
considérée comme la norme pour le salut. Mais cet accord,
malheureusement, sera plus tard contesté par le Concile de Trente (1545
-1563). C'est ici qu'on voit se frayer la voie de la concorde et d'apaisement
évoquée dans les lignes précédentes, laquelle passe
par le piétisme personnel et quotidien de chaque chrétien. Dans
cette voie, cet auteur cite le chantre Johann Valentin Andreae (1586 -1654),
l'un des précurseurs du Piétisme dont l'apport est à
considérer. En fait, c'est J. V. Andreae qui préconisa une
pastorale tournée vers la praxis de la foi et de la
piété : un christianisme intériorisé. Mais ce
ne fut pas un succès. Car un autre ton s'invitera. A propos d'un autre
ton dans la nature des cantiques67(*), l'auteur relève que face à la
production des cantiques singulièrement diminuée, la nouvelle
piété fécondera d'autres sonorités poétiques
et mélodiques. Un autre ton traduit aussi la rupture entre la
communauté et l'individu qui est totalement consommée dans
l'Église. On assiste à la dictature prédominante de
« Je » (Ich) dans les textes de cantiques et
l'ethos des chrétiens. Les valorisations qui changent. Le ton de la joie
passe à celui de l'inquiétude doctrinale, eschatologique et de la
confession. La mélancolie prédomine. Face à
l'impudicité et l'ivrognerie du peuple, les enseignements dogmatiques
tournent vers un ton moralisateur. D'où, il faut une nouvelle expression
de la piété.68(*) Cette nouvelle expression de la piété
passe par l'adhésion de nombreux auteurs luthériens au
Frömmigkeitsbewegung, qui pour la plupart, tiennent tout de
même à demeurer fidèles à l'orthodoxie
luthérienne.
Les figures emblématiques à retenir ici
au début de ce mouvement sont celles des mystiques comme le
silésien Martin Moller (1547-1606) et son successeur immédiat,
Philipp Nicolai (1556-1608). Ils seront suivis par Valerius Herberger (1562 -
1627) et les autres qui les suivirent jusqu'à l'adhésion des
derniers à citer comme Heinrich Müller (1631 - 1675) et Christian
Scriver (1631- 1675). Cette impulsion de la mystique répondait à
la profonde crise de la foi qui surgit à la fin du XVIè
siècle, eu égard à l'opposition entre la théologie
et la piété. La réaction face à cette impasse
fera que les auteurs manifestent une prédilection particulière
pour le Cantique des Cantiques et la littérature
médiévale sur la prière. Ils prônent même un
retour à la poésie d'un Bernard de Clairvaux (1090/91 -1153) et
la littérature d'édification luthérienne destinée
au peuple se développe rapidement. James Lyon parle aussi du
répertoire et de la pratique69(*)où il relève l'histoire de la
polémique préoccupante qui se cristallisa entre les orthodoxes et
les calvinistes dans la confrontation éditoriale entre les
Psautiers, en 1602 de Cornelius Becker (1561-1604) et en 1573
d'Ambrosius Lobwasser (1515-1585). Il faut relever que la perte effective de la
piété sera, en réalité, compensée par la
création de nombreux cantiques sur le thème de la
« Croix et de la consolation » (Kreuz-und
Trostlied), la mort bienheureuse, le jour du jugement dernier et, surtout,
l'amour mystique pour Jésus,
le « bien-aimé ». L'auteur nous fait remarquer
qu'en cette fin du XVIè siècle, le chant homophonique de la
communauté, avec mélodie au soprano devient institutionnel. Ici,
prédominera le souci de voir toute la communauté
chrétienne participer absolument au chant. Ce faisant, une pensée
harmonique se développera progressivement à partir de la
mélodie. Des mélodistes et compositeurs d'envergure, tels que
Bartholomäus Gesius (1562-1613), Hans Leo Hassler (1564 -1612) et Melchior
Vulpius (1570-1615), apparaissent. A partir d'eux et les autres, les
premières grandes collections, pour le chant d'assemblée et la
musica figuralis, seront publiées. Entre 1580 et 1700, environ
mille titres des recueils sont édités. Mais l'influence de la
musique italienne est évidente70(*). L'auteur parle des Böhmische Brüder,
les frères tchèques et moraves qui, plus tard, s'imposeront
quand même avec leur corpus de chant d'assemblée sur
l'ensemble des Églises protestantes de la nation allemande.71(*) La figure de proue de ce
mouvement est certainement Petrus Herbert (1530 -1571), auteur de quatre-vingt
treize cantiques. Ce poète protestant rencontra et discuta
personnellement dans un échange constructif avec Jean Calvin et
adhéra aux convictions calvinistes. C'est le premier temps. Au
deuxième temps de cette période de l'orthodoxie et mystique,
James Lyon nous fait noter les efforts des auteurs luthériens
qui véhiculèrent les enseignements théologiques et
catéchétiques de Luther par des textes des cantiques72(*), des prémices de la
jesusliebe73(*), avec Martin Moller l'un des principaux
ténors qui, dans ce mouvement, mettra l'accent sur l'humanité de
Jésus dans l'exploitation de Cantique des Cantiques comme centre de
l'Unio mystica. L'auteur évoque aussi le cas de la
création des premiers cantiques de confiance en Dieu
(vertrauenslieder)74(*) alors que le peuple traversait des temps
troublés par des conflits doctrinaux, des épidémies et
l'ambiance apocalyptique. Ces cantiques sont l'expression d'un peuple en
désarroi. Ici, les figures emblématiques sont Ludwig Helmbold
(1532-1598) et Kaspar Bienemann (1540-1591). On notera aussi l'ère des
cantiques sur la mort (Sterbelieder)75(*) car la confrontation de la mort était plus
qu'au quotidien. C'est la conséquence des guerres et des
épidémies. Mais l'accent d'importance est mis ici sur le jugement
dernier. Il faut citer dans cette vague Bartholomäus Ringwaldt
(1530 /1532-1599) et Christoph Knoll (1563-1621). Pour le courant
mystique76(*), Philipp
Nicolai chercha d'apporter une réaction significative à un
courant orthodoxe abstrait dans sa réflexion et oublieux de la foi
active. Ce courant valorisera la consolation car considérée comme
fruit d'une expérience profonde fondée sur le
trinôme « peste, mort et vie » et dont
les principaux antidotes aux malheurs de l'époque sont la joie et
l'espérance en la vie éternelle. Les principaux textes de
cantiques de ce courant se référeront à la très
ancienne tradition forgée par Tertullien (ca 155-ca 222), saint Augustin
(354-430), le prédicateur Johann Tauler (1361) et Bernard de Clairvaux
(1090/91-1153). Les mystiques exploiteront le Cantique des Cantiques et
l'Apocalypse comme deux occurrences bibliques de base. James Lyon
relève l'apport des psaumes d'Ambrosius Lobwasser et de Cornelius
Becker77(*) et des
autres auteurs78(*), des
sources anonymes79(*),
et des mélodistes80(*)dans la création des cantiques pendant cette
période difficile de la Réforme où les querelles
politiques et religieuses n'allaient que crescendo jusqu'à la guerre de
Trente Ans (1618-1648). Mais comme le soutient l'auteur, la musique est
demeurée le vecteur qui liait et réconciliait le ciel et la
terre. Car l'amour de Dieu se manifestait essentiellement par le chant dans la
vie et dans le coeur d'un peuple troublé.
3) Chapitre troisième : La guerre de
Trente Ans (1618-1648)
Au troisième chapitre, James Lyon examine la
période entre 1618 et 1648. C'est le temps difficile de la guerre. La
production des cantiques ne s'est pas arrêtée pour autant. Mais
comment se présente le contexte historique ? Quels sont les
méandres de la production des cantiques, leurs typologies et les
poètes ? Comment est la marche en avant de la Réforme pendant la
Guerre de Trente Ans ? Voilà la matière à laquelle
l'auteur se soumet dans ce chapitre d'angoisse de la Réforme. Mais cette
guerre de Trente Ans n'est elle pas un mal nécessaire qui a
imposé un renouvellement en musique d'Église?
Les informations sur la Réforme et les chants
protestants, dans ce troisième chapitre, tournent autour des principaux
points suivants. Le contexte historique81(*) est dominé par la cristallisation d'un
conflit qui trouvera son point d'orgue à la guerre
dénommée Guerre de Trente Ans qui n'a pas seulement
provoqué de bouleversements sur les plans humain, religieux, politique
et économique mais a également suscité une extraordinaire
réaction de la part des poètes et des musiciens, créateurs
de textes et de mélodies pour les cantiques d'obédience
luthérienne dont mille deux cents ont été publiés
entre 1618 et 164882(*).
La nouveauté est que les cantiques sont aussi destinés à
la piété (Frommgkeit) domestique. Le chant est donc
pratiqué en commun lors du culte (Gottesdienst) et,
individuellement, par le recueillement (Andacht) à la maison.
Le temps est devenu celui de la meditatio comme l'attitude principale
du chrétien en cette époque troublée83(*). On note ici, bien que les
sentiments soient les plus contrastés tant la guerre est la source de
perturbations morales et physiques, de nouvelles créations où les
auteurs et les compositeurs travaillent en étroite collaboration sont
nombreuses car la relation entre la poésie et la musique est
renouvelée.84(*)
Les typologies sur la fragilité de l'existence humaine, la
proximité de la mort et de la fuite du monde d'une part, et celles de la
joie de vivre et la recherche du monde et sa nature comme contre-valorisation
aux misères et aux destructions que la guerre fait subir aux populations
et aux paysans, d'autre part.85(*)
A part les typologies, l'auteur nous fait remarquer
l'ère du changement de langage qui devient manifeste dans le travail de
la poésie et la composition de chants. Les compositeurs mieux la plupart
des musiciens ont bénéficié d'une solide formation
théologique. Les chants composés au temps de guerre, les
mélodies reflètent, en quelque sorte, le miroir des sentiments
vécus par les uns et les autres. Le langage tonal instaure une
dualité complémentaire entre le Majeur de
l'extériorité et le mineur de l'intériorité, qui
est davantage lié à la notion de la piété86(*)des cantiques de louange.
Malgré les détresses humaines, les pasteurs et les musiciens
d'Église invitent leurs congrégations à exprimer, par leur
chant, leur gratitude à Dieu. Les formes poétique et
mélodique resteront sensibles aux influences italiennes de
l'opéra et du balletto conçu pour les pas de danse. Mais
retenons que le fond religieux se réfère toujours à la
piété et à l'enseignement luthérien d'origine.
C'est encore l'oeuvre de Johann Valentin Andreae (1586-1654) et de Johann Arndt
(1555-1621). La tendance d'une rénovation beaucoup plus spirituelle que
dogmatique se montre dans les textes de chants et dans le chef des
théologiens. Ils encourageront la pratique dévotionnelle sous la
forme d'exercices quotidiens. Ils pousseront les fidèles à une
attention soutenue au temps de la Passion et à l'amour pour
Jésus, fondée sur la thématique de l'Epoux, issue de
Cantique des Cantiques. Un ténor emblématique à
retenir ici est Johann Crüger (1598-1662) qui créera un nouveau
style mélodique et entreprendra son imposant corpus
éditorial, publié à Berlin et à
Francfort-sur-le-Main. Lui aussi privilégiera la dimension personnelle
de la vie chrétienne et entretiendra l'étroite relation entre le
« mot » et le « son » (Wort und
Ton) de Luther. Les comportements de la piété populaire
attacheront une grande importance aux recueils des prières et chants
nourrissant la certitude de la foi, l'espérance de la vie
éternelle. Les premiers cantiques sur la « mort »
(Sterbelieder) et la « pénitence »
(Buslieder) susciteront l'émotion des
congrégations.87(*)
James Lyon relève encore qu'en cette
période de troubles, les textes et mélodies sont beaucoup plus
ceux édictés par la psychologie de la fin des temps. Les hommes
et les femmes profondément désorientés et
désespérés cherchent, alors, une compensation essentielle
et, lorsque leur foi n'est pas mise en péril, la trouvent dans
l'évocation du Ciel, le lieu de la joie suprême, le paradis,
là où les anges chantent et dansent.88(*) Le pasteur Tobias Kiel
(1584-1627), auteur d'une célèbre comédie spirituelle et
populaire sur le thème du Roi David est l'un des poètes et
mélodistes qui nourrissent les textes de cantiques. Mais à ses
côtés, il y a Johann Hermann (1586-1630), connu pour ses chants
sur la mort tandis que le pasteur et professeur de théologie Johann
Mattaus Meyfart (1590-1642, enterré le 30 janvier) qui a beaucoup
lutté contre le conflit entre les luthériens et les calvinistes
en tentant de trouver un accord, est connu pour ses thèmes sur le
jugement dernier et ses cantiques sur la détresse générale
basée sur le livre de la Genèse. Ces trois poètes sont les
ténors qui forgèrent les beaux textes dans les typologies pour la
fin des Temps.89(*)
L'auteur mentionne aussi le nom de deux autres poètes : Martin
Opitz (1597-1639) et Otto von Schwerin (1616-1679). Le premier qui trouva
refuge en Hollande, car chassé par les Espagnols pour son attachement
à la cause calviniste, est connu pour ses cantiques du comportement et
de l'esprit chrétien, de l'Avent, ceux de la pénitence et du
recueillement. Ses cantiques ont le mérite d'être utilisés
ou en textes ou en mélodies harmonisées par Bach. Mais aussi sa
contribution en un « Traité de la poésie
allemande » (Buch der deutschen Poeterey » vaut la
peine d'être retenue. Le second, théologien et professeur
d'Université voire conseiller d'un prince électeur (Friedrich
Wilhelm, 1640-1688) à Berlin, est connu pour ses magnifiques cantiques
du soir, de la Résurrection90(*).
En cette période d'angoisse de la guerre et de
la peste, James Lyon souligne que les textes de consolation de Johann Heermann
(1585-1647)91(*), sont
tenus pour les plus importants car ayant de belles et profondes paroles
principalement destinées à la « méditation
privée » (private Andacht), au dialogue
personnel du croyant avec Dieu, et moins pour l'espace communautaire de
l'Église. Heermann était fortement influencé par le
pasteur et Cantor Martin Moller (1547-1606) et le théologien
Johann Arndt est l'auteur de nombreux cantiques mis en recueils. On peut
retenir son fameux « dévotion musicale des coeurs :
Musique pour la maison et le coeur ». C'est lui le chantre de la
consolation et de l'appel à la pénitence par excellence.92(*)
Les poètes ont aussi écrit des cantiques
de la guerre93(*) qui
faisaient allusion à la situation de la guerre de Trente Ans
(1618-1648). On se rappellera que la guerre, comme c'est toujours le cas, avait
provoqué les plus grands malheurs moraux et matériels. Les
communautés complètement anéanties étaient
emparées par le doute. C'est pourquoi les pasteurs-poètes ne
devraient qu'encourager leurs fidèles par la création de leurs
cantiques, destinés à enrichir le sens des prédications,
tout en faisant participer chaque chrétien à l'édification
par le chant94(*). Par
ailleurs, l'auteur fait remarquer que Johann Rist, le pasteur (1607-1667) et
Johann Schop l'ancien violoniste (1590-1667)95(*) ont fait preuve d'une collaboration poétique
et musicale exemplaire pendant toute la période de la guerre de Trente
Ans et cela jusqu'à leur mort survenue la même année. Schop
a composé quatre-vingt-dix-sept mélodies pour les nombreux textes
du pasteur Rist. Ses typologies sont très variées. Elles couvrent
également toutes les nuances de temps liturgiques.
Le cercle de Königsberg, en dépit de la
guerre et son cortège de malheurs, créera « les
sociétés de langue » dont l'objectif était
de faire de la nouvelle littérature l'instrument culturel d'une
société érudite. On y rencontre les aristocrates, les
patriciens, et une certaine bourgeoisie, celle qui avait été
formée par les Universités. Ils produisirent des recueils de
typologies variées par leurs figures emblématiques en
l'occurrence Georg Werner (1589-1643) et Georg Weissel (1590-1635) et Simon
Dach (1605-1659).96(*)
Un autre fait marquant de la période de la
guerre de Trente ans, est celui de la réforme des recueils de Hanovre.
James Lyon relève quelques méandres qui entourent l'exigence de
la réforme des recueils de Hanovre. Il faut reconnaître que les
esprits des communautés avaient été diversement
touchés par les tragédies engendrées au cours des trente
années de guerre (1618-1648). Les blessures morales et physiques ont mis
du temps à se cicatriser. Dans le domaine du cantique, un bouleversement
se produira avec la mise en cause de la forme, sinon de l'esprit d'un ensemble
de textes entonnés depuis le début du XVIe siècle. Les
ténors, en l'occurrence des éditeurs comme David Denicke
(1603-1680) et Justus Genesius (1601-1680) s'attaquent ici au concept du
Frömmigkeitsbewegung. Entre-temps, de nombreuses vicissitudes
théologiques ont malmené le message évangélique. Le
peuple était profondément découragé et se tournait
vers des pratiques démoniaques. Il fallait le ramener à la foi.
La motivation de ces deux poètes était de chercher à
sacrifier d'abord à la forme, pensant régénérer, de
la sorte, une liturgie alors moribonde, inapproprié, dans le temps et
dans l'espace, où vivait un peuple déprimé et
reversé dans l'apostasie.
Cette vision de faire la musique d'Église
influencera certainement d'autres auteurs tels que : Georg von Lilien
(1547-1666) connu pour ses textes et mélodies sur la Passion
exploité plus tard par Johann Sebastian Bach, Wilheim Il von
Sachsen-Weimar (1598-1662) pour ses cantiques pour le culte
(Gottesdienstield), Caspar Peltsch (1600-1648 ?) avec ses
cantiques de Noël, Paul Stockmann (1602-1636) pour ses cantiques de la
Passion (Passionslied), Samuel Kinner (1603-1668) pour ses cantiques
pour la sainte cène (Abendmahlied), Bodo von Hodenberg
(1604-1650) pour ses cantiques du matin (Morgenlied), Jacob Peter
Schechs [Schechsius] (1607-1659) pour ses cantiques de la Croix et de la
consolation (Kruz-und Troslied) et Caspar Ziegler (1621-1690) pour ses
cantiques de Noël (Weihnachtslied).
On peut remarquer que tous ces auteurs cités
ont eu le privilège d'être repris pour leurs oeuvres dans
l'héritage hymnologique de Bach. Le compositeur Bach a exploité
leurs textes et mélodies97(*) comme ceux des sources anonymes. La plupart de ces
oeuvres reflétaient, comme le miroir, cette période difficile et
les cantiques dans l'ensemble s'élaboraient autour des typologies de la
mort, la Croix et de la consolation sans oublier celle de la pénitence
d'après les Psaumes.98(*) Car, en temps de guerre, la mort est toujours
prochaine.
Les affres de la guerre de Trente Ans n'ont pas du
tout bloqué l'inspiration aux mélodistes. Car, comme le souligne
James Lyon, les plus grands compositeurs de l'époque ont
« trouvé » de nombreuses mélodies pour le
culte, immédiatement mises en musique à plusieurs voix sous la
ruine de la guerre. La plupart même ont bénéficié
d'une solide formation théologique qui conférait une authentique
dimension spirituelle à leurs créations.99(*) Retenons les figures de
proue de ce groupe : le Kapellmeister Melchior Franck
(1579 ?-1639), le pasteur Michael Altenburg (1584-1640), le pasteur
Bartholomäus Helder, le professeur et poète Matthaus Apelles von
Lowenstern Auf Langenhof (1594-1648), le compositeur Heinrich Albert
(1604-1651), l'organiste et compositeur Christoph Anthon (1610-1658), le
poète lyrique et compositeur Georg Neumark [Der Sprossende, Thyrsis]
(1621-1681).
Il sied de faire observer, avant de boucler avec ce
chapitre, que tous ces mélodistes ont produit des cantiques qui ont
été exploités par Bach pendant ce temps d'incertitude et
d'angoisse. Comme le souligne avec assurance notre auteur, Bach exploitera
quarante-huit typologies pour soixante cantiques où les thèmes de
la confiance, de la consolation, du comportement chrétien, de la
pénitence seront spécialement valorisés. Mais il mettra
lui-même en musique quarante-huit nouvelles mélodies où la
figure tragique et souffrante de Jésus dominera ce corpus. Les
textes destinés à l'année liturgique réapparaissent
alors qu'ils avaient été quelque peu négligés
à l'époque précédente (1562-1618). Par
réaction à cette période qui reste l'une des plus
dramatiques de l'histoire européenne, les auteurs, poètes,
mélodistes, compositeurs, ont réussi à développer
une création artistique de haute valeur éthique. James Lyon
relève dans son étude un fait paradoxal à la
réalité de temps de guerre. C'est comme si la souffrance avait
provoqué en ces mélodistes un sursaut essentiel, leur
garantissant ce qu'ils nommaient et considéraient alors comme la
« paix éternelle ».100(*) La fin de la guerre de
Trente Ans, en 1648, fait entrer les Allemagnes dans une époque de
transition indispensable à la reconstruction morale et matérielle
des populations sensiblement touchées par les affres de la guerre.
L'apostasie s'empara du fidèle, il lui arriva de chercher la consolation
à ses misères loin de Dieu. De ce désarroi naîtra le
Piétisme, mouvement riche et complexe qui instaura une nouvelle attitude
chrétienne vis-à-vis de la foi. Mais cette doctrine sera
critiquée par les théologiens101(*) parce qu'en désaccord avec l'amour
prôné par les Évangiles102(*).
4) Chapitre quatrième : le Temps des
mutations (1648-1685)
Dans ce chapitre, Meister James Lyon parle d'un
autre temps fort de la Réforme. Il le fait par rapport à la
production des chants et ses typologies après la période de la
guerre de Trente Ans. Il fait déjà plus d'un siècle
après la proclamation de Thèses de Luther. Le protestantisme a
affronté plusieurs difficultés et survécu à la
guerre de doctrines comme à celle des armes à feu. L'auteur
examine les grands moments de ce qu'il nomme Temps de mutations. Son
attention, dans ce chapitre, est fixée entre 1648 et 1685. Il traite les
points saillants de cette période. Il commence par le contexte
historique mais aussi psychologique de ce temps103(*) qui indique l'état
d'indigence morale et économique impressionnante dans lequel se
trouvaient les Allemagnes. Selon James Lyon, les Allemagnes entraient dans une
période de mutation au cours de laquelle la foi ébranlée
des populations devait se reconstituer. C'est ici que le rôle des
Piétismes sera déterminant. Quelques faits importants de ce
contexte sont à relever104(*) :
1. La théologie abstraite sera de plus en plus
contestée à l'avantage d'une piété
(Frömmigkeit) vécue au sein des congrégations. Les
relations entre ces dernières et leurs pasteurs changent en profondeur.
2. L'émergence de la Raison (Vernunft)
prépare déjà ce que l'on désigne par
Aufklärung. Le répertoire des cantiques subit des
transformations théologiques et poétiques significatives.
3. Un nouveau type de mélodie apparaît avec le
concept de Frömmigkeitsmelodie. Il faut indiquer avec James Lyon
que ce type de mélodie s'est beaucoup plus développé chez
le chrétien désemparé, et créa un profond sentiment
de piété105(*).
4. L'éclosion de la piété sous un autre
jour où le sentiment mystique se renforce par l'émotion qui fait
face à la légalité mystérieuse de l'existence.
5. La production abondante de la poésie du courant
piétiste. La figure la plus représentative de ce courant est,
sans conteste, Johannes Angelus Silecius (1624-1677), chantre de la
poésie pastorale par l'Unio mystica. Le théologien de
Rostock, Heinrich Müller (1631 -1675), inaugure, de son côté,
en 1659 un nouveau type de Gesangbuch. Il faut indiquer que
Müller anticipera sur Darmstädter Gesangbuch de 1698 et sur
le corpus du piétiste Johann Anastasius Freylinghaussen (1670
-1739)106(*).
6. Le chant, comme le soulignera le Père du
Piétisme historique, suscitera le réveil, l'enthousiasme. Il
contribuera à l'amélioration du monde intérieur, à
l'édification de soi-même et renforcera le combat missionnaire.
De plus, il forgera une relation avec Jésus. En 1649, Martin Lamprecht,
un libraire de Lunebourg, publiera aussi un recueil de cantiques
luthériens.
Pour Meister Lyon, c'est la préface de
ce recueil de Martin Lamprecht qui est essentielle pour comprendre le contexte
historique et psychologique, ainsi que le rôle joué par le chant,
la musique et le répertoire des Kirchenlieder en ces temps de
crises. On y trouve le chant à l'église et à la maison,
celui des psaumes de David, roi et prophète, pour l'acquisition et la
certitude du salut. Ce chant monte aux oreilles de Dieu. Son recueil est donc
destiné à la dévotion privée, domestique.
Le Temps des mutations est aussi connu pour la
collaboration étroite entre Paul Gerhardt (1607 -1676) et Johann
Crüger (1598 -1662) qui lièrent une amitié profonde et
complémentaire. Nous pouvons nous permettre de nommer cette
collaboration la symbiose, car chacun de deux avait quelque chose à
apporter dans cette relation musicale. Il faut dire que pour les deux, c'est
une amitié entre le pasteur-poète et le musicien. L'auteur
relève que leur amitié et collaboration ont été
l'une des plus fécondes de toute l'histoire de l'hymnologie protestante
allemande107(*). Il faut
aussi relever le dépassement qu'il y a dans cette contribution
hymnologique. Les compositions poétiques de ces auteurs s'ancraient
dans le respect de la culture luthérienne tout en lui donnant
l'ouverture à une nouvelle forme de piété. Leur
contribution hymnologique insistait sur le recueillement face à
l'adversité. C'est ainsi que le répertoire sera aussi
pratiqué à la maison sous forme d'exercices destinés
à approfondir la connaissance de Dieu et sa providence. Il faut indiquer
que :
1. La poésie de Gerhardt est fondée dans
l'ensemble sur les notions de « consolation »
(Trost), de « joie » (Freude), et de
« fidélité » (Treue).
2. Le pasteur luthérien est ici désigné
comme le « chanteur de la joie et du réconfort »
dont les thèmes privilégiés sont la Passion, la
« prière » (Beten), la « vie
chrétienne) (christliches Leben), la
« croix » ( Kreuz), le
« reconfort » (Erquickung), la
« mort » (Tod) et la
« vie éternelle » (ewiges Leben).
3. Crüger composera des mélodies très
caractéristiques pour les textes de son ami. Ces mélodies
étaient imprégnées par la foi et les épreuves
vécues.
4. Leur travail commun se concrétisera, une
première fois, par la publication de dix-huit cantiques de Paul
Gerhardt, en 1647 à Berlin, dans la seconde édition de la
Praxis pietatis melica (« Pratique musicale de la
piété ») qui est une collection emblématique
initiée par Grüger.
5. Crüger publiera, entre 1647 et 1661, quatre-vingt-huit
cantiques de Paul Gerhardt. Il créera une forme de mélodie
inhérente à un certain type de spiritualité. Pour lui, la
pratique du chant est pieuse. Il prône la dualité Majeur-mineur en
substitution des anciens modes. Il s'intéresse à la culture
mélodique du Psautier de Genève et adapte, dans le
nouvel esprit, d'anciennes mélodies.
6. En authentique pédagogue, Johann Crüger
préconise, dans ses traités, que le chant doit être
pratiqué avec « plaisir ». Ce faisant, il s'oppose
à un enseignement fondé sur la
« contrainte ». La musique est source de « joie
céleste » (Himmelsfreude), affirme-t-il, en 1660,
dans ses Musicae practicea praecepta (Préceptes de musique
pratique).
7. Crüger est marqué par la culture
luthérienne selon laquelle l'exercice quotidien de la musique rend
heureux. Il aura contribué à une synthèse harmonieuse des
hymnologies luthérienne et calviniste dont Bach utilisera treize de ses
mélodies.
L'histoire de chants protestants que présente
James Lyon dans ce chapitre retient aussi la contribution des poètes de
Silésie et de Lusace. Les auteurs de cette région partagent un
profond sentiment mystique en exaltant l'union avec Jésus, souffrant sur
la Croix et dialoguant, le plus souvent
avec « l'âme » (Seele)108(*). Lyon cite deux figures de
proue de cette région : David Behme (1605-1657) et Johann Franck
(1618-1677). Ces deux contribuèrent eux aussi de manière
déterminante à l'hymnologie protestante avec des typologies
variées. Ils ont fait ce travail allant de thèmes de la
prière de Notre Père, cantique de la pénitence, cantique
de désaveu du monde, le cantique de noël, le cantique de la sainte
cène, pâques, pentecôte... en un sens, sur le temps
liturgique109(*).
On note aussi l'apport des poètes de Saxe et de
Thuringe qui, comme des pédagogues, au cours d'une période
marquée par les troubles de la guerre de Trente Ans (1618-1648),
utilisaient quotidiennement le chant pour encourager leurs élèves
à célébrer constamment l'annonce de la « Bonne
nouvelle »110(*). C'est l'oeuvre de christian Keimann (1607-1662)
Michael Franck (Staurophilos, 1609-1667) qui rechercha l'unité entre le
texte et la mélodie, pour la
« régénération de l'Esprit », Johann
Flittner (Flitner) (1618-1678), Ahasverus Fritsch (1629-1701) et Samuel
Rodigast (1649-1708) connu pour son fameux poème :
« Ce que Dieu fait est bien fait »111(*). Retenons que les
poètes du Nord de l'Allemagne sont principalement marqués par le
style et la pensée du pasteur et poète érudit, Johann Rist
(1607-1667)112(*).
Un autre fait marquant de ce Temps des mutations,
c'est la poussée de la dualité inséparable pour le
chrétien protestant allemand autour de la Bible et le recueil de
cantiques. C'est l'apport de l'exégèse biblique qui occasionne
cela. Chaque jour, le chrétien lit la Parole de Dieu et la chante aussi
bien à la maison qu'à l'Église. Les musiciens et les
poètes bénéficient d'une formation théologique. Ils
se nourrissent des travaux herméneutiques de grands auteurs, en
l'occurrence, Johann Olearius (1611-1684). Père de l'art du chant
spirituel, Olearius est auteur de deux cent quarante textes de cantiques
exploitant les typologies très variées. Pendant cette
période, l'attachement à la formation théologique et la
lecture de la Bible poussa les compositeurs près de brefs commentaires
des textes bibliques, sur l'enseignement de Martin Luther (1483-1546) et des
Pères de l'Église. Ces travaux, comme le soutient James Lyon, ne
se situent pas en contradiction avec une théologie pratique, qui se
concrétise dans la vie quotidienne ; la réflexion commande
l'action113(*).
L'Ecole de Johann Scheffler [Silesius] n'est pas la
moindre dans cette période de mutations. Car avec Johann Scheffler ou
Johannes Angelus Silecius (1624-1677) qui est connu comme le chef de file de
cette école, la pensée mystique sera fondée sur la
tolérance et l'intérêt pour un langage symbolique reliant
toutes les formes de pensée religieuse : la kabbale juive, la
mystique médiévale, la théosophie de Jacob Böhme
(1575- 1624)114(*).
Aujourd'hui, on se réfère à son ouvrage principal,
Cherubinischer Wandersmann (« Le Pèlerin
chérubinique »), publié en 1657, comme la source
essentielle de la poésie mystique allemande.115(*) Les prémices du
Piétisme comme celles de Piétismes mystique et reformé
sont aussi des points saillants des Temps des mutations116(*). Si le cheminement des
Piétistes allemands a été long et complexe, Philipp Jakob
Spener (1635-1705) et August Hermann Francke (1662-1727) avec leurs
publications frayeront la voie qui réagira contre l'enseignement,
délibérément aristotélicien, d'une théologie
éloignée de la « piété ».
Dans cet effort et à leur suite, il faut citer
Christian Scriver (1631-1675) qui aura exercé son ministère pour
la mystique spiritualiste des prémices du Piétisme car adepte de
la Frömmigkeitsbewegung.117(*) Le pasteur et
théologien Heinrich Müller est aussi retenu pour son combat contre
la théologie abstraite pour mieux revendiquer ce qu'il nommait
lui-même « une théologie du coeur »
où l'influence de Bernard de Clairvaux (1090/91-1153) sur ses oeuvres
est indéniable. Müller s'intéressera beaucoup plus à
la fonction de la musique pendant la célébration du culte. Son
influence sur la pensée musicale de Bach est essentielle. Les
Piétismes mystique et réformé sont un mouvement complexe
dans sa diversité. Ceux-ci sont favorables à une
séparation d'avec l'institution ecclésiale, alors que le
Piétisme réformé s'inspire en partie, de la
théologie calvinienne.
Les autres auteurs érudits dont beaucoup de
théologiens et de prédicateurs118(*) mais aussi des sources anonymes très
nombreuses nourriront le Temps de mutations par des poésies et
mélodies multiples forgées autour de Piétisme.119(*) Il faut indiquer avec
l'auteur que la plupart des mélodistes étaient des compositeurs
confirmés dont l'oeuvre s'étend aussi bien à la musique
d'Église qu'à la production séculière. Les
mélodistes de ce temps sont réputés dans la
fertilité de relier leur création musicale aux
péripéties de la vie quotidienne.120(*)
En de tels temps troublés, renchérit
James Lyon, la musique n'a jamais la seule valeur esthétique. Elle est
l'expression intime et convaincue de ce que pensent les hommes de ce temps, de
leur relation essentielle avec Dieu et, surtout, avec son Fils Jésus,
mourant sur la croix. Cette période de Piétisme a investi la
nouvelle réflexion chrétienne. Il a inspiré la vie
quotidienne, à « l'Église »
(Kirche), à « l'Ecole » (Schule)
et à la « Maison » (Haus).121(*) Johann Sebastian Bach,
contemporain du débat entre les tenants de l'orthodoxie, les
piétistes et les
philosophes « éclairés »
(Aufklärer) exprimera par son art, la réponse à la
double question théologique et philosophique sur le sens de la vie et
celui de l'art. Avec lui, les querelles esthétiques prendront souvent le
pas sur la mise en perspective d'une musique vécue au quotidien, peu
soucieuse de représentation, mais d'abord vouée au seul respect
et à la gloire de Dieu. (Soli Deo Gloria).122(*)
L'essentiel de ce quatrième chapitre de l'ouvrage
de James Lyon nous retrace les méandres de l'histoire de cantiques et
recueils protestants depuis la Réforme. Il y a une sorte
d'hégémonie des Piétismes qui s'impose ou mieux impose son
orientation de la pensée hymnologique laquelle ne cherchait qu'à
reconstituer les morceaux de foi ébranlée des populations
Allemandes qui se trouvaient, à cause de la guerre de Trente Ans mais
aussi des calamités et la peste, dans un état d'indigence morale
et économique très malheureuse. Pourra-t-on prétendre que
le contexte psychologique de crises jetant tout un peuple en souffrance se
trouve-il être celui de beaucoup de productions hymnologiques ?
5) Chapitre cinquième : Les
Piétismes, l'Orthodoxie tardive et l'Auflklärung
(1685-1750)
Au dernier chapitre de son ouvrage,
Meister Lyon se soumet à un exercice difficile. Il cherche
à expliquer ce qu'on peut appeler « le terrain
d'attente » entre les tenants de l'orthodoxie, les piétistes
(les défenseurs de la foi) et les
philosophes « éclairés »
(Aufklärer) (les défenseurs de la raison). Il le fait par
rapport à l'art de production de nouveau répertoire de cantiques
entre 1685 et 1750. Il cherche et trouve ce dépassement dialectique
beaucoup plus dans l'oeuvre de Johann Sebastian Bach. Pour lui, et c'est vrai,
c'est Bach qui donne la bonne réponse à la double question
théologique et philosophique sur le sens de la vie et celui de l'art.
L'apport des Piétismes et de l'Aufklärung dans le travail
de la création des cantiques protestants entre 1685 et 1750123(*) où le contexte
historique est celui de l'aboutissement des mutations décrites dans le
chapitre précédent.124(*). L'auteur traite de ces quelques points essentiels
qui présentent, de manière éloquente, les méandres
de cet aboutissement. Nous le relevons succinctement.
Retenons que, dans un premier temps, l'auteur examine
le contexte historique et doctrinal de cette période mais aussi la
quiddité de l'apport du « Piétisme de
Halle ». Il évoque les quelques controverses de
Piétistes radicaux, missionnaires et de sympathiques qui tenaient
à en finir avec « l'Église visible » mais
aussi de la défense de l'orthodoxie luthérienne des autres
auteurs sans oublier certaines sources anonymes qui contribuèrent
très efficacement à cette entreprise pendant
l'Aufklärung. Relevons les traits caractéristiques de
chaque point majeur de ce chapitre.
1. Le contexte. Il faut dire le contexte historique et
doctrinal qui couvre cette période, tel que nous le présente
James Lyon, est celui qui fait sauter aux yeux le développement des
sensibilités piétistes qui s'opposaient résolument aux
orthodoxes, partisans d'une théologie abstraite et
intellectuelle125(*).
Les deux groupes antagonistes en présence excellaient dans
l'élaboration des textes et mélodies des cantiques qui
véhiculaient leurs présupposés théologiques
divergents. C'est ici que le travail du compositeur Johann Sebastian Bach
s'érigera. Il empruntera ses textes et mélodies de cantiques
à tous les courants. Il les transcendera, en quelque sorte, par son
génie. Grâce à Bach, la Frömmigkeitsmelodie
aura désormais des adeptes. La prière, la médiation sur
Jésus, la vocation à le suivre, par une certaine forme
d'exaltation, suscitera l'étonnant corpus, publié
à Halle, par Johann Anastasius Freylinghaussen (1670-1739).126(*) Le rayonnement
pédagogique et caritatif de Halle est incontestable. Il trouve son appui
sur un biblicisme sobre qui réconciliera, à la fois, le
réveil et l'éclosion de la raison, d'où la confrontation
positive entre Aufklärung et Piétisme, qui portera son
empreinte dans l'oeuvre du Thomascantor. L'émulation entre le
chant d'assemblée, solennel, isométrique, et le chant domestique,
marqué par le rythme de danse, introduit à une harmonieuse
complémentarité127(*).
2. La création piétiste de Halle s'est beaucoup
plus développée sous l'impulsion d'August Hermann Francke,
à partir de sa propre conversion. Sa pédagogie, il la doit
beaucoup à la Réforme de l'humaniste et pédagogue
tchèque Comenius (1592-1670) mais aussi à celle du suisse Johann
Heinrich Pestalozzi (1746-1827)128(*). Il faut reconnaître que cette nouvelle vision
dans la création de cantiques fondée sur une autre conception de
la « charité » (agapè), introduira
à une pédagogie de la vie dont le chant sera
l'élément primordial mieux fondamental. A l'Église, un
chant d'assemblée isométrique est adapté, notamment, par
le Kapellmeister Wolfgang Carl Brigel (1626-1712) ; à la
maison, pour la Hausandacht, la famille se retrouve dans la pratique
de Sololied ou aria, de caractère rythmique. Les auteurs de ce
courant sont aussi très nombreux avec des typologies variées mais
demeurant toujours fidèles à la vision piétiste de
l'hymnologie. Il est important de noter que ces auteurs sont pour la plupart
ceux de l'école de Philipp Jakob Spener (1635-1705), le père du
Piétisme historique.
3. Les piétistes radicaux, missionnaires et
sympathisants sont ceux des compositeurs et mélodistes qui n'ont pas
suivi entièrement la conception proposée par Philipp Jakob Spener
pour une nouvelle réforme de l'institution ecclésiale. Ils sont
radicaux car certains ont préféré adopter une ligne plus
radicale en se séparant de l' « Église
visible », spécialement de ses conventions en matière
de rites. Le maître à penser de ce courant était le
cordonnier-théosophe Jacob Böhme (1575-1624)129(*). Böhme draina
derrière lui un nombre important de grands
théologiens-poètes parmi lesquels figurent Christoph Wegleiter
(1659-1706), Gottfried Arnold (Christophorus Irenaeus) (1666-1714) qui,
beaucoup influencés par Spener et Böhme, introduisirent
l'idée d'une décadence dans l'histoire de l'Église.
4. La défense de l'orthodoxie luthérienne bien
que trop souvent théorique et source des discussions subtiles conduisant
à de vaines polémiques, avait néanmoins l'avantage de
produire et conserver le répertoire de chants destinés au culte
qui surmontaient aussi aisément les querelles doctrinales.130(*) Pour ce courant, la source
se trouve être dans l'héritage direct de la théologie de la
musique telle que prônée par Martin Luther tout en s'inspira de la
culture piétiste.131(*) Ici, on retiendra quelques noms des auteurs :
Johann Gottfried Olearius (1635-1711) pour son influence sur Bach son
supérieur hiérarchique de l'organiste de la Neue Kirche,
Erdmann Neumeister (1671-1756) qui ouvrit une nouvelle voie aux textes des
cantates, mis en musique non seulement par Bach, mais aussi par Johann Philipp
Krieger (1649-1725), Georg Philipp Telemann (1681-1767) et Philipp Heinrich
Erlebach (1657-1714).132(*) Le dernier à citer à cause de sa
contribution théologique dans la musique d'église est Valentin
Ernst Löscher (1673-1749). Son opposition
au « Piétisme de Halle » bien que sans grand
succès, est fondée sur sa compréhension théologique
de la justification par la foi seule. Il tentera d'établir une nouvelle
culture en traitant la question de la vérité sur la
théologie et l'Église. Selon lui, les rapports au sujet de la
vérité sont nécessaires pour la foi chrétienne. Il
est donc le tout dernier représentant emblématique de
l'orthodoxie luthérienne tardive.133(*)
5. Les autres auteurs de figures représentatives ou
non et les sources anonymes ont aussi contribué à
l'érection fondamentale d'une hymnologie protestante pendant la
période de l'Aufklärung. Les oeuvres de Bach qui les
reprennent et son effort de compositeur qui cherche à établir une
synthèse harmonieuse entre l'orthodoxie de l'Église à
sauvegarder, la mystique qui unit le chrétien à Christ et la
raison qu'impose l'Aufklärung en sont un témoignage
remarquable134(*).
Au moment de conclure ce chapitre, retenons avec
James Lyon que face à la poussée de la raison, la conception de
la vie évoluera considérablement. Car il fallait trouver un
accord entre les chantres de la foi et ceux de la raison. Et la musique
réussira à taire ces divisions. Et Bach dans le monde de la
Réforme protestante à l'heure de l'Aufklärung est
une figure de fierté protestante. Si en général, la
musique était au service d'une foi vivante et active, celle de Bach
a été l'expression de la piété la plus authentique
et la maîtrise de la science musicale à son plus haut
degré. Avec lui, la piété et la science se
réconcilient, de la sorte, par la conversion du
« coeur » (Herz). Le chrétien, seul face
à Jésus, essentiellement valorisé, se substitue à
la communauté des polémiques. Il travaille quotidiennement
à sa conversion, à sa sanctification personnelle, par la
pénitence. Il se dégage ici une autre prise de conscience du
péché grâce au réveil intérieur, au
changement, en vue d'une vie nouvelle. James Lyon fait un rapprochement d'un
passage célèbre des écrits johanniques à la
nouvelle conception théologique du Piétisme. C'est ainsi
qu'à l'instar de Jn 4, 23 qui dit : « Mais
l'heure vient, et elle est déjà venue, où les vrais
adorateurs adoreront le Père en Esprit et en vérité ;
car ce sont là les adorateurs que le Père
demande », le Piétisme préconisera une
théologie du « coeur » face à la raison de
l'Aufklärung. Le « cantique doctrinal »
(Lehrlied) disparaît en même temps que le chant liturgique
dépérit. La musique domestique, pour chaque jour et chaque moment
de la vie ordinaire, se développe considérablement. Le
Psalmlied est particulièrement valorisé.135(*)
Il faut conclure avec cette imposante
généalogie hymnologique de chants de recueils.
6) Conclusion de la recension
Nous venons de rendre, dans les lignes qui
précèdent, l'essentiel de l'histoire de la création des
cantiques et recueils protestants depuis la Réforme selon ce que nous
avons puisé dans le guide de James Lyon. Ce guide structuré en
cinq chapitres chronologiques nous a éclairé sur le lien
analogique et chronologique dans la production des chants de recueils. L'auteur
a laissé voir l'apport des poètes, des mélodistes et
surtout des théologiens dans ce travail l'époque de Luther.
Selon James Lyon, l'élaboration et la production
des chants protestants ne peuvent pas se comprendre ni s'expliquer, pour une
meilleure interprétation, en dehors de leurs divers contextes
historique, psychologique, religieux, sociologique et surtout
théologique. C'est autrement affirmer que, derrière chaque
cantique, existe une histoire. Cette histoire a des liens psychologique
(individuel ou collectif) où les sentiments tiennent une densité
importante, religieux (individuel ou collectif) où les rapports entre
l'humain et un pouvoir surnaturel dominent, sociologique où les faits
sociaux sont pris en compte et théologique où la vie individuelle
ou collective est comprise par la voie des textes sacrés, en
l'occurrence la Bible en ce qui concerne la présente étude.
Les chapitres parcourus présentent une
indication éloquente de l'herméneutique des formes
poético-théologiques en typologies variées, assortie des
oeuvres des auteurs qui ont accompagné la Réforme à
travers les siècles. Mais qu'en est-il des typologies relevées
dans cette lecture de la marche en avant de la Réforme ?
1.2.1.3 Les chants de
recueils et les typologies exploitées
Les chants de recueils protestants depuis la
Réforme exploitent, dans ses cantiques élaborés, les
typologies bibliques générales. Dans les lignes qui suivent,
nous allons tenter de prendre en compte, et de manière
générale, les indications que James Lyon nous donne à
partir de son guide de sources hymnologiques des mélodies, des textes et
des théologies lequel guide se trouve être un des documents de
base pour les questions de recherche hymnologique aujourd'hui.
D'aucuns savent que des nombreuses typologies ont
été au centre de la musique d'église à la
Réforme protestante. Pour cette étude, on peut retenir, à
partir de l'index typologique générale136(*) que nous présente
James Lyon, les quelques hypodigmes de thèmes des cantiques qui
suivent:
1. Cantique (d'après les Psaumes 37 ;
5 ; 137 ; 147 ; 14 ; 23 ; 42 ; 67 ; 149),
cantique céleste ( d'après l'Apocalypse 14, 13 -14), cantique
chrétien de combat et de la victoire, cantique d'action de grâces
après la sainte cène, cantique d'action de grâces
après le repas ( d'après Ps. 147), cantique d'action après
le repas (d'après le Psaume 43, 5), cantique d'invocation dans la
détresse générale ( d'après le second livre des
Chroniques 20, 12), cantique d'affliction et de consolation, cantique
(d'après l'Ecclésiaste 1, 2), cantique d'invocation pour la paix,
cantique de baptême (d'après Matthieu 3, 13), cantique de
confession, cantique de confiance ( d'après les Psaumes : Ps. 42,
6, Ps. 43, 5, Ps. 84, 13), cantique de confiance et de consolation.137(*)
2. Cantique de consolation par la foi, cantique de
consolation pour le temps de la guerre ou des tourments de l'Église
chrétienne, cantique de consolation et sur la mort, cantique de foi et
de consolation, cantique de foi et de justification, cantique de l'amour envers
Jésus, cantique de l'amour pour Jésus, cantique de l'ange,
cantique de l'Ascension (d'après le Psaume 47, 6-7, par exemple),
cantique de l'Avent (d'après Zacharie 9, 9), cantique de l'Église
chrétienne (d'après le Psaume 124 et d'après Esaïe
49, 14-16), cantique de l'ensevelissement du Christ, cantique de l'Epiphanie,
cantique de l'état de grâce des croyants, cantique de la conduite
chrétienne selon les béatitudes du Sermon sur la Montagne,
cantique de la croix et de consolation ( d'après Psaume 31, 86 ,
121 et d'après Jacques 5, 13-14)138(*).
3. Cantique de la détresse générale
selon Genèse 18, 23-32, cantique de la fidélité
chrétienne, cantique de la foi chrétienne, cantique de la joie
dans le Seigneur, cantique de la justification, cantique de la Parole de Dieu (
ou de l'Église chrétienne, cantique de la Passion et chant pour
communion, cantique de la patience et de l'abandon, cantique de la
Réforme invoquant le Christ, cantique de la Réforme invoquant le
Christ, cantique de la Réforme sur la justification (d'après
Romains 3, 28), cantique de la Réforme sur la Parole de Dieu ou cantique
de la Passion, cantique pour le Vendredi- saint, cantique de Pâques,
cantique de la Réforme , prière de la pensée et du
comportement chrétiens, cantique de la Résurrection, cantique de
la cène, cantique de la « vie cachée des
croyants » (selon Col 3, 3-4), cantique de la vigilance spirituelle
(selon Matthieu 26, 41), cantique de louange d'action de grâces ou
cantique de table, cantique de louange (d'après le Ps 103,
Deutéronome 32, 3, Psaume 150 et Siracide 50, 24-26), cantique de
Noël (d'après l'Évangile de Luc 2, 9-20).139(*)
4. Cantique de pénitence (d'après le Psaume 6,
Psaume 51, Psaume 130, Ezéchiel 33, 11), cantique de Pentecôte,
cantique de prière au nom de Jésus pour l'Évangile du
dimanche Rogate (selon Jean 16, 23-30), cantique de Siméon pour
la purification de Marie, cantique de table, cantique de table sur le Psaume
136, cantique de vocation, cantique de voyage, cantique domestique, cantique du
ciel, cantique du combat chrétien, cantique du combat chrétien et
de la victoire, cantique du comportement et de l'esprit chrétiens,
cantique du jugement dernier ( d'après Matthieu 24), cantique du matin,
cantique du retour du Christ (selon Matthieu 25, 1 -13), cantique du soir (
à chanter après la cène), cantique en forme de
prière générale, cantique pour Jésus
(d'après le Cantique de Cantiques 2, 16 et 6, 2 ), cantique pour la
Nouvelle année, cantique selon les commandements de Dieu, cantique sur
l'enfer, cantique sur l'envoi du Saint-Esprit, cantique sur la course de la
mort ( d'après 1 Rois 19, 4), ( mort de Siméon d'après
Luc 2, 29 -32 ), cantique sur la mort ou l'Eternité, cantique sur la
Trinité ou chant du soir, cantique sur la vanité de l'existence
humaine (selon l'Ecclésiastique 40, 1 -4 ), cantique sur le
désaveu du monde, cantique sur le gouvernement du monde, cantique sur le
Notre Père, cantique sur les souffrances temporelles de la croix, chant
de Noël, chant de Pâques, Credo, Kyrie de Noël et Te Deum (
allemands)140(*) pour ne
citer que ceux-là.
En somme, les cantiques de recueils protestants
ont, dans leur conception et production été très
prolifiques en typologies. Depuis de l'aube de la Réforme, Luther qui
fournit un grand effort pour que la théologie accompagnât la
marche de la musique d'église. Toutes les typologies
évoquées ci-dessus ont véhiculé le message du salut
et ont réglementé l'accompagnement liturgique et hymnique de
cultes protestants.
1.2.1.4 Répertoire
hymnologique protestant
Le XVe siècle, par rapport à la
Réforme, est marqué, on le sait, par la
traduction de la Bible en langues vernaculaires, par les paraphrases
strophiques, versifiées et rimées des 150 Psaumes et par les
débuts du choral allemand (Kirchenlied). Mais en voulant parler
du répertoire hymnologique protestant, il faut reconnaître
à la fois que cette hymnologie,
après le XVe siècle, c'est-à-dire entre les XVI-XVIIe
siècles, était de deux langues : la langue française
et la langue allemande. Selon, Edith Weber, le répertoire en langue
française sera freiné dans son élan par les
événements historiques, tandis que le répertoire allemand
évoluera largement.141(*) Cela s'observe depuis 1524 où les
Réformateurs, les poètes, les musiciens, en Allemagne, en Alsace
et en Suisse alémanique, déploieront une intense activité,
avec la publication du recueil Acht Liederbuch (huit textes, quatre
mélodies), de l'Enchiridion d'Erfurt, des recueils
polyphoniques de Wittenberg, puis des Gesangbücher
réalisés dans différents centres : Nuremberg,
Augsbourg, Strasbourg, ainsi que la Formula Missae et Communionis
(1523) et la Deutsche Messe (1526)142(*).
Si du côté allemand, il y a eu des
avancées, du côté français le Psaume ne commencera
que modestement en 1539. Mais, comme le souligne Weber, il y avait une
préoccupation fondamentale à relever par rapport au
répertoire hymnologique143(*). A ce sujet, et en vue de doter rapidement la
nouvelle Église d'un répertoire protestant des chants
fonctionnels en allemand, en français et en néerlandais les
Réformateurs de langue allemande et, particulièrement :
Martin Luther (1483-1546) à Wittenberg, Martin Bucer (1491-1551)
à Strasbourg, ainsi que Wolfgang Fabricius Capiton (1478-1541), Caspar
Hédion (1494/1495-1552), Matthias Zell (1477-1548), en Alsace ;
Huldrych Zwingli (1484-1531) à Zurich, et ceux de langue
française- surtout Jean Calvin (1509-1564) à Genève ;
Guillaume Farel (1489-1565), puis Pierre Viret (1511-1571) à Lausanne-
seront confrontés à trois problèmes hymnologiques
fondamentales, à savoir144(*) :
1. problème d'ordre littéraire : trouver
des poètes capables de créer des paraphrases de psaumes proches
du texte biblique, strophiques et rimées ;
2. problème d'ordre musical : trouver des
musiciens (mélodistes) pour créer des mélodies
intelligibles, « chantables » par l'assistance au culte,
sur un rythme simple, traitées syllabiquement et dans le respect de la
prosodie verbale et musicale, faciles à retenir par coeur ;
3. problème d'ordre psychologique : ne pas
dépayser les fidèles qui ne participent pas activement au chant
et étaient habitués au répertoire grégorien
interprété par la Schola ou par des chantres.
La solution à cette triple préoccupation
consistera à exploiter, arranger et adapter aux idées nouvelles
le fonds littéraire et musical existant, puis à créer des
paroles et mélodies originales.145(*) C'est de cet effort que se forgera le
répertoire protestant en général. Ainsi, on comptera,
selon les langues de foyers de la Réforme, le répertoire
hymnologique de langue allemande et celui de langue française. Nous
commencerons par aborder, arbitrairement le dernier cité.
1.2.1.5 Répertoire
hymnologique de langue française
Le répertoire hymnologique protestant de langue
française semble reposer principalement sur le Psautier. Edith Weber,
à ce sujet, écrit que le répertoire des Psaumes huguenots
a été constitué progressivement à partir de 1539
par Jean Calvin. Cette date donnée au recueil expérimental
Aulcuns Pseaulmes et cantiques mys en chant, publié à
Strasbourg à l'initiative de Jean Calvin (1509-1564), coïncide avec
son séjour de refuge dans la capitale alsacienne en 1538. L'histoire
veut que ce soit pendant son séjour à Strasbourg que Calvin
s'initiera à la liturgie et au chant grâce à ses rencontres
avec les réformateurs locaux en occurrence Martin Bucer, W.F.Capiton,
M.Zell, S. Pilio. Il prit aussi connaissance de l'hymnologie, de la liturgie et
des chants élaborés par les musiciens strasbourgeois.146(*) Parmi ceux que nous pouvons
qualifier des pionniers, Edith Weber reprend les noms de147(*) :
1. Wolfgang Dachstein (v.1487-1559), dominicain, organiste de
la cathédrale de Strasbourg dès 1520, puis à
l'église saint-Thomas en 1524 ; il a collaboré de
l'Ordonnance ecclésiastique strasbourgeoise. Celui-ci retournera plus
tard au Catholicisme.
2. Matthias Greiter (1490-1550), dominicain, cantor à
la cathédrale, prédicateur, collaborateur musical des
Réformateurs, professeur de musique à la Schola argentinensis,
créateur de mélodies et de chants liturgiques, comme le
Kyrie et du Gloria strasbourgeois de 1524.
3. Johann Englisch (Endlich) (1502-1577), qui a
enseigné à Strasbourg, a été vicaire à la
cathédrale, s'est rallié à Martin Bucer dont il critiquait
le luthéranisme trop strict.
4. Konrad Hubert (1507-1577), élève
d'Oekolampade, vicaire et pasteur à bourgeoise de 1560 et 1572.
On comprendra que l'histoire du répertoire
hymnologique protestant en langue française, par ses pionniers, retient
dans son parcours plusieurs actes. Dans cette étude, nous retiendrons
quelques-uns, à savoir :
1. Le premier acte de la constitution du Psautier s'est
joué en Suisse et en Alsace où Jean Calvin en 1536,
séjournait. A Bâle il remarqua avec joie que les fidèles
chantaient en allemand, et non plus en latin. Vers 1537, avec Guillaume Farel
(1489-1565), il préconisa le chant de l'assemblée qui devra
participer activement au culte. Entre 1538 et 1541, à Strasbourg, il
prit le modèle sur les usages locaux. Les mélodies de son recueil
de 1539 seront importées en Suisse avec Calvin lui-même qui venait
de quitter Strasbourg pour la Suisse en 1541148(*).
2. Le deuxième acte a eu lieu à Genève,
où Calvin se rendit. En 1542, il fit paraître son La forme des
pierres et chantz ecclésiastiques auec la maniere d'administrer les
Sacrements & consacrer le Mariage : selon la coutume de
l'Église ancienne. Vers la fin de la même année,
Clément Marot se réfugiera à Genève et commencera
à versifier des Psaumes nouveaux. Il mourut en Turin en 1544,
après avoir paraphrasé 49 Psaumes et le Cantique de
Siméon. En 1547, paraîtront à Lyon 50 Psaumes de Loys
Bourgeois « en contrepoint égal consonant au
verbe ».149(*)
3. Le troisième acte se passera en Suisse, à
Genève et Lausanne, où Théodore de Bèze arrivera en
1550. Calvin, séjournant alors à Genève, lui demanda de
paraphraser les Psaumes restants. Avec les 49 Psaumes de Marot et les 34
Psaumes terminés par Théodore de Bèze, le Psautier
contiendra alors 83 Psaumes qui en 1551, paraîtront à
Genève, avec les mélodies nouvelles de Loys Bourgeois. C'est
seulement en 1562 que le Psautier complet avec ses 150 Psaumes
paraphrasés en langue française sera édité à
Genève.150(*)
Il serait avantageux de relever avec Edith Weber qu'un
entracte se produisit à Lausanne. C'est là où
s'était constitué un Psautier avec des mélodies
différentes de celles de Genève (oeuvre de Clément Marot
et Théodore de Bèze élaborée sur les
mélodies des huguenots), et cela dans l'entourage de Pierre Viret
(1511-1571), disciple de Guillaume Farel (1489-1565). Avec Viret, les
mélodies proviendront de trois sources principales, à
savoir :
1. Emprunt au répertoire catholique existant.
Weber affirme que cela se justifie par le fait que l'hymnologie protestante
était à la recherche d'un idiome musical fonctionnel et de
« ses » musiciens qui devraient d'abord être des
arrangeurs et des adaptateurs, avant d'être des créateurs. C'est
ainsi qu'on a pu avoir, sous la plume de Calvin, Maintenant Seigneur Dieu
as donné en moy lieu...(1539) du célèbre Cantique de
Siméon, Nunc dimittis (Lc 2, 19-32) et pourtant dans la version
de Clément Marot (1543), on avait O laisse, Créateur, en paix
ton serviteur. Le Psaume LXXX, O Pasteur d'Israël escoute
(Théodore de Bèze), provenant du Psaume Quis regit
Israel, qui se chantait sur la mélodie de la séquence
attribuée à Wipo : Victimae Paschali laudes.151(*)
1. Emprunt au répertoire profane existant, qui se
justifiait par le fait que les fidèles connaissaient bien les
mélodies de certaines chansons populaires. Ici on peut citer
Clément Marot (comme Claude Goudimel) qui exploitera pour le Psaume
138 : Il faut que tous mes esprits, les mélodies de
Quand vous voudrez faire une amye..., Une pastourelle gentille,
publiées chez Attaingnant en 1529-1530.
2. Compositions originales qui, selon les recherches
récentes de Pierre Pidoux, cité par Weber, sont dues
à : Loys Bourgeois (v.1510-apr 1561), successeur de Guillaume Franc
comme cantor à Saint-Pierre ; Pierre Davantès (Antisignatus)
(v. 1525-1561), qui (v. 1515-1570), né à Rouen, musicien
à Paris, professeur de musique à Genève, cantor à
Saint-Pierre de Genève, collaborateur de musical de Jean Calvin et
cantor à Lausanne. Il faut noter que leurs différentes
mélodies ont été traitées par de nombreux
compositeurs qui les harmonisèrent à trois, quatre voix (et
davantage) en style fonctionnel destiné au culte entre les XVIe et XVIIe
siècles.
On sait aujourd'hui que ces diverses sources ont
beaucoup influé sur l'élaboration mieux sur la production des
cantiques protestants qu'on mettra plus tard dans les recueils selon le
répertoire choisi. L'imprimerie aidant, depuis le XVIe siècle, de
nombreux recueils de chants d'Église, d'abord modestes, puis de plus en
plus étoffés, ont paru, servi à la diffusion des
idées de Réformateurs. Ils ont été adaptés
par la suite à l'esprit du temps, selon les diverses sensibilités
religieuses, et mis à la disposition des pasteurs, prédicateurs,
organistes, maîtres de chapelle et cantors, ainsi que des fidèles.
Ces recueils protestants (Gesangbücher,
Hymnals, Songbooks) contiennent beaucoup souvent des chants (textes et
mélodies) destinés à la liturgie du culte et cela avec des
répons (pour les Luthériens), chants spontanés (pour les
Réformés). Ils sont aussi valables pour l'usage du culte
individuel et domestique dans l'exercice de la piété
individuelle et quotidienne. En plus de chants, ils comprennent des
prières, méditations et textes dogmatiques, textes
catéchétiques, une (ou plusieurs) versions (s) de la Confession
de Foi (Credo), conformément aux tendances, à l'histoire
des mentalités religieuses à l'époque en cause152(*). C'est ainsi que les
recueils réformés et calvinistes commenceront toujours par des
Psaumes. Car les Psaumes sont considérés comme identité
musicale et réalité spirituelle depuis leur introduction en
langues vernaculaires lors de la Réforme, à partir de
1539153(*) avec Jean
Calvin et les autres.
S'il faut dresser un index typologique du
répertoire hymnologique protestant en usage en langue française
pour la France, Belgique, Suisse romande et Afrique francophone, cela doit se
réaliser par l'énumération des principaux recueils
français des Réformés (Luthériens et des
Calvinistes) mais aussi des Evangéliques, en particulier les Baptistes.
Pour ce faire, la liste que nous propose Edith Weber peut donner quelques
indications154(*) :
1. Louange et Prière (LP) à une voix (1939)
et à 4 voix (1958, comprenant Psaumes, chorals, cantiques,
répons liturgiques adoptés par les Églises
évangéliques de France et de Belgique, Paris, Delachaux &
Niestlé. Aujourd'hui, en Afrique, on peut encore trouver quelques
exemplaires près des Églises luthériennes.
2. Carnet de chants, 1977, 1981, Valence,
Réveil, regroupés sous le titre : Arc-en-ciel (Arc).
Un recueil de chants au service de toutes les Églises, Valence,
Réveil (Service de publication de l'Église réformée
en Centre-Alpes-Rhône), 1988. Cette édition est à plusieurs
voix entièrement refondue et considérablement augmenté.
3. Psaumes, cantiques et textes (PC) pour le culte
à l'usage des Églises réformées suisses de langue
française. Recueil à 4 voix, Lausanne, Fondation des
Églises protestantes romandes, 1976.
4. Nos coeurs te chantent (NCTC). Recueil à
l'usage des Églises de la Fédération protestante de
France, Paris, Fédération protestante de France, Strasbourg, Ed.
Oberlin, 1979.
5. Le Psautier français. Les 150 Psaumes
versifiés en français contemporain. Mélodies
originales du XVIe siècle harmonisées à quatre voix, Lyon,
Réveil Publications, 1995 (avec des paroles nouvelles de Roger
Chapal).
Tandis que pour les Evangéliques, il va falloir
énumérer les recueils comme ceux de :
6. Sur les Ailes de la Foi, Nogent-sur-Marne, Ed. de
l'Institut biblique de Nogent-sur-Marne, la première édition en
1924, la dernière en 2000.
7. J'aime l'Eternel, Jeunesse en Mission, France,
Saint-Paul-Trois-Châteaux, 1/1974, 10 éd., 2è vol.
Très large diffusion dans le monde francophone.
8. Dans la présence du Seigneur, Montpellier,
Harmonie-Association socioculturelle, 1985, destiné aux
Assemblées de Dieu, Églises évangéliques,
Églises apostoliques.
9. A toi la Gloire, Nogent-sur-Marne, Ed. de
l'Institut biblique de Nogent-sur-Marne, 1988, rééd. 2001, pour
les Églises évangéliques d'Europe et d'Afrique
francophones.
1.2.1.6 Répertoire
hymnologique de langue allemande
En plus de ce que nous avons pu relever dans le
parcours de l'hymnologie protestante depuis la Réforme jusqu'au
Siècle des lumières, on peut simplement réaffirmer que
l'historique de l'hymnologie mieux du répertoire hymnologique protestant
en langue allemande se forge sur deux fondamentaux : le corpus des
textes avec ses quatre sources et les mélodies avec
ses trois sources. Le corpus des textes allemands est le fruit de
quatre sources poétiques, à savoir155(*) : sources bibliques
(notamment les Psaumes), sources dogmatiques (Dix Commandements...), sources
grégoriennes (Hymnes, Te Deum, Veni Creator Spiritus...),
sources médiévales (chants bilingues allemands et latins,
Tenorlied hérité). Les trois sources des
mélodies sont généralement156(*) : emprunts au
répertoire catholique existant et aux hymnes du plain-chant, par
exemple : Veni Redemptor gentium / Nun komm der Heiden
Heiland..., ; emprunts au répertoire profane existant (
Tenorlied : chant dont la mélodie (cantus firmus)
est exposée en valeurs longues au ténor), comme, par
exemple, la chanson de Heinrich Isaac, Innsbruck, ich muss dich
lassen, qui est devenue successivement, avec une connotation, avec une
connotation religieuse : O Welt, ich muss lassen / O Welt,
sieh hier dein Leben am Stamm des Kreuzes schweben
(choral pour le temps de la Passion) et qui servira pour le
choral O Mensch bewein dein Sünde gross...
Selon Weber, les créations originales
faites de ces mélodies se manifesteront d'abord en Alsace, et
essentiellement en Allemagne, à partir de la deuxième
génération de musiciens (entre 1550 et 1600). Du
côté de Strasbourg, la tradition étant monodique, le
chantre strasbourgeois Matthias Greiter (v. 1490-1539), est donc le
« mélodiste » des premières versions
allemandes de Psaumes dotées de mélodies originales. C'est ainsi
que le Psaume 119 (118), Beati immaculati, deviendra, en sa paraphrase
allemande, Es sind doch selig alle die.157(*)
Les efforts de strasbourgeois réformateurs et
ceux de trois générations des musiciens allant de Martin Luther
avec Johann Walter (1496-1570) et les autres qui assurent le lien avec la
deuxième génération de 1550 à 1600 avec Johann
Eccard (1553-1611), Bartholomäus Gesius ( 1560-1613) , Melchior
Vulpius ( 1570-1615) Michael Praetorius (v.1571-1621), Lukas Osiander, Hans Leo
von Hassler (1564-1612) et la troisième génération qui
règnera sur le XVIIe siècle avec le groupe de Johann Crüger
(1598-1662) et les autres qui exploitèrent les textes bien connus de
Paul Gerhardt. Il faudra ne pas oublier de mentionner les
trois « S » de la musique allemande : Heinrich
Schütz (1585-1672), Johann Hermann Schein (1586-1630) et Samuel Scheidt
(1587-1654) mais aussi les efforts de Johann Rosenmüller (v. 1619-1684) et
Andreas Hammerschmidt (1611-1675).158(*)
Ces trois générations de musiciens
allemands assurèrent la transition vers l'oeuvre monumentale de Johann
Sebastian Bach (1685-1750). Ils ont contribué à faire du choral
l'identité musicale des luthériens. Ils ont été,
tour à tour, adaptateurs et arrangeurs, puis harmonisateurs et
créateurs de mélodies, et, enfin, compositeurs de très
haute qualité qui ont pu amener le choral à son apogée,
à la fois comme forme liturgique et comme principe structurel159(*).
Il sied d'indiquer que le répertoire allemand
se souvient de l'héritage littéraire et musical des Pères
de l'Église, ainsi que du Moyen Age. Cet acquis va s'élargir en
s'inspirant de l'esprit des chants populaires, plusieurs thèmes seront
traités : Psaumes, chorals sur des sujets d'inspiration bibliques,
chants de confession de foi exprimée collectivement, chants didactiques
(dogmes, Catéchisme), chants christocentriques, chants destinés
au culte, prières, chants combatifs, par exemple celui du Psaumes 46
dans la paraphrase allemande du Deus noster refugium... : Ein feste
Burg ist unser Gott de Martin Luther160(*).
Ce répertoire bien qu'interprété
à une voix sans accompagnement, il a l'avantage d'être
présent dans les grandes villes où les élèves des
écoles humanistes, latines et allemandes le chantent dans les
Kantorei (choeur) avec des versions polyphoniques. Le choral est
présent à l'école, à l'église et à la
maison.161(*)
Pour ce qui est de typologie des recueils en usage,
les allemands privilégient les chorals, apanage de l'hymnologie
luthérienne depuis 1524. Weber comme nombre des musicologues affirment
que les musiciens de la Réforme y sont largement
représentés, ainsi que les poètes (du XVIe siècle
jusqu'à nos jours) :
1. Evangelisches Kirchengesangbuch (EKG),
Stammausgabe, Kassel, Bärenreiter, 1950. C'est une édition
courante. En Allemagne on y trouve des éditions régionales,
à une voix comme le cas avec l'Église évangélique
de Berlin-Brandebourg.
2. Recueil de Cantiques- Gesangbuch de
l'Église de la Confession d'Augsbourg en Alsace et en Lorraine,
Strasbourg, Union d'Entraide et de Solidarité des Membres de
l'Église de la Confession d'Ausbourg d'Alsace et de Lorraine, 1/1952,
4/1961. Cette édition contient 18 chants liturgiques en français
et 50 Psaumes et cantiques en français. La seconde partie comprend 555
numéros en langue allemande.
3. Evangelisches Gesangbuch (EG), Leipzig, 1/
Stammausgabe, 1993; Leipzig, Evangelische Verlagsanstalt, 1994. Ausgabe
für die Evangelisch-Lutherische Landeskirche sachesens. Nord-Elbe, 1995;
Bade-Alsace, 1995.
En Allemagne, comme le souligne l'auteur, chaque
région et chaque confession possèdent leur recueil propre avec un
fonds commun aux luthériens, et quelques chants locaux très
connus. De plus, ces volumes sont accompagnés de manuels et ouvrage
spécialisés avec tous les renseignements concernant les
poètes, les musiciens et d'une manière générale,
les sources textuelles et mélodiques et les éléments
précis de datation rédigés par des spécialistes,
très au courant du dernier état de la question.162(*) Ceci pour éviter de
rallier la fausseté de renseignements qui pourtant peuvent être
vrais dans l'espace mais déjà dépassés dans le
temps.
1.2.1.7 Structure et
contenu thématique
La présentation claire de la
structure et du contenu thématique des recueils dès la
conception, offre, en principe, aux usagers une très remarquable
facilité dans le choix de chants pour les temps liturgiques, pour le
déroulement de l'année ecclésiastique, pour des jours
particuliers, pour les cultes en complément de la liturgie, des lectures
bibliques, du sermon et des prières, pour des circonstances de la vie de
l'Église et du chrétien qu'illustrent, entre autres, les recueils
protestants. De manière générale, les recueils protestants
de langue française ou allemande ont en commun la structure et le
contenu thématique. Si on peut rencontrer quelques différences
dans la structure et le contenu thématique, cela ne peut qu'être
motivé par le souci d'une quelconque particularité voulue par
celles et ceux qui l'élaborent, les éditeurs.
Ayant pour fondement la parole de Dieu,
spécialement les Psaumes d'Israël, les textes sacrés de
Pères de l'Église et des Réformateurs...les recueils
protestants, dans leur structure, consacrent une place importante aux Psaumes,
aux chorals et cantiques soigneusement repartis en des rubriques
différentes comme pour adoration, louange de la Trinité et
l'action de grâce. L'Année chrétienne avec les Temps
liturgiques, l'Église par rapport aux différentes étapes
du culte, prière, Parole de Dieu ; les Actes pastoraux comme le
baptême, la Sainte Cène ; la Vie chrétienne ou Vie
spirituelle (repentance, pardon, justification, conversion, foi, amour
fraternel, unité chrétienne, service, mort,
espérance ; nouvelle année, le matin, le soir ; chants
pour les réunions familières, ecclésiastiques, ;
chants de deuils et de fêtes ; chants à l'heure
d'épreuve, de confiance, de service, de Confession de foi, de
reconnaissance, catéchèse ; chants pour adultes, chants pour
enfants, chants de mariage, chants de dédicace d'enfant, de temple,
chants d'évangélisation, chants d'envoi, chants de doxologie,
chants avant et après le repas, chant de sacrement, chants de
Réforme ; textes liturgiques, des répons, ainsi que des
chants divers.
Il faut reconnaître que tous les recueils ne
commencent pas nécessairement avec les Psaumes (comme c'est le cas avec
les luthériens de nos jours)163(*). Ils peuvent se présenter autrement. Ils sont
très souvent édités, en principe, par des
théologiens, des hymnologues, de très haute compétence.
Ils comprennent en plus des chants, de précieux textes bibliques
proposés pour lecture (généralement, Évangiles,
Epîtres, Psaumes appropriés en liaison avec les récits
bibliques correspondants), prières, ainsi que de judicieuses remarques
à propos du calendrier liturgique, de l'histoire du chant
d'Église à travers les siècles, des poètes,
mélodistes et compositeurs et d'utiles tables analytiques164(*). Deux remarques sont
à faire : Les recueils, en principe, ne peuvent pas s'éditer
sans qu'ils ne tiennent compte des sources et du tout dernier état de la
question. Bien que cela, ils sont toujours influencés par des diverses
tendances idéologiques et mouvements d'idées au cours des
siècles165(*).
1.2.1.8 Ses pionniers
Ainsi, on se souviendra que l'hymnologie protestante a
créé et conservé le choral protestant dès 1517
par Martin Luther et ses collaborateurs. Luther dans son
ecclésiologie réserva une large place à la musique de
cette forme. "Cette forme deviendra progressivement un principe structurel et
restera jusqu'à nos jours l'apanage de la musique protestante. Il nous
sera un peu difficile de lister les pionniers de l'hymnologie protestante. Si
on peut trouver un point de départ à partir de Luther, comme
l'indique les études de James Lyon, chaque siècle a connu ses
pionniers166(*).
Toutefois, au XVIe siècle, la Réforme religieuse qui est suivie
de la Réforme scolaire167(*) a vu l'apprentissage de la musique être
assuré par les maîtrises en vue de la diffusion de la liturgie.
Dans cette forme J. S. Bach, qui, disposant de 5000 chorals protestants
appropriés à toutes les fêtes et évoquant les
principes fondamentaux de la foi protestante, est une figure de proue.
L'hymnologie protestante a créé et a su imposer, pour le culte,
l'harmonisation de chant à 4 voix dans une structure strophique, note
contre note. De manière particulière, celle de langue
française s'est beaucoup plus penchée sur les psaumes davidiques
dans un travail d'adaptation et d'harmonisation de mélodies. Le psaume,
destiné au culte, est syllabique et strophique. Ici, les paraphrases
françaises, des psaumes davidiques sont l'oeuvre de Théodore de
Bèze, Clément Marot, Jean Calvin (pour le recueil de 1539).
Retenons aussi Loys Bourgeois qui composa quelques mélodies des psaumes
pour les textes de Bèze et Marot. L'hymnologie protestante, à
travers les siècles, est l'apanage de recueils pour lutter contre le
chanter par coeur.
Selon Louis Emery deux figures de proue s'imposent dans cette
rubrique. Il le fait quand il écrit par rapport à l'hymnologie
protestante qu'au cours de siècles, elle n'a pas manqué à
avoir ses hauts et ses bas. Toutefois, elle a réussi à
susciter un foisonnement littéraire sur cette matière. Il
écrit :
[...] entre autres par l'éclosion d'une abondante
littérature d'édification et par une nouvelle floraison de chants
religieux, où l'expression de la piété personnelle du
poète prend une plus large place, mais tombe parfois dans une
sentimentalité et une familiarité de mauvais goût. La
musique religieuse protestante atteint le plus haut point de perfection dans
les chorales et les morceaux d'orgue de Jean Sébastien Bach (1685-1750)
et dans les oratorios bibliques de Händel (1684 - 1749), qui vécut
surtout en Angleterre.168(*)
Ces deux génies de l'hymnologie protestante la plus
haute en couleur s'imposent de par leurs travaux jusqu'aujourd'hui. Et leur
force se prouve même aussi bien dans leurs hymnographies que dans leurs
hymnologies. Leur histoire semble étonnante. Le destin a voulu que
G.F.Händel naisse et meurt une année avant J.S. Bach, et cela
après avoir rempli leur mission : celle de donner une contribution
protestante de haute facture à l'hymnologie et l'hymnographie
chrétienne universelle. Car leurs oeuvres dépassent les
barrières humaines et les immortalisent.
1.3 Conclusion partielle
Comme on peut le remarquer, jusqu'ici nous nous
sommes penché sur l'historique, à travers les siècles, de
l'hymnologie protestante à partir de la Réforme du XVIe
siècle. C'est la quête d'une compréhension adéquate
de la production hymnologique, dans ses différents contextes et
typologies et par différents poètes et auteurs, qui nous animait
dans cette partie de notre étude. La Réforme, on l'a dit, avait
procédé à "la campagne d'épuration, en condamnant
la trop grande complexité des mots et de la polyphonie [....]. On voulut
à juste titre que les textes saints soient intelligibles pour tous les
fidèles [...]". 169(*) C'est ainsi que nonobstant la diversité de
formes musicales (comme air, cantique, chanson polyphonique, choral, psaume,
récitatif...) l'effort était convergé sur la recherche
de solutions à la problématique du texte qui devra être
intelligible pour tous les fidèles. Sans vouloir nous lancer dans le
débat des experts en hymnologie ou en musicologie pour les rejoindre, ou
mieux, nous adjoindre à leurs contradictions réciproques, nous
avons rappelé que l'hymnologie protestante a su créer et
conserver une certaine dignité. Elle a provoqué avec le
cantique, une extraordinaire extension en XVIe siècle
suscitant ainsi la Contre-réforme du catholicisme dans le domaine
du chant qui s'est vu épanoui dans la littérature de
noëls, odes et cantiques spirituels en vue d'abolir dans le monde les
chansons profanes et déshonnêtes.170(*) L'hymnologie protestante a
servi aussi de véhicule de grands thèmes théologiques qui
ont été soulevé à différentes
périodes171(*)
comme ceux de La Réforme (1517-1562), l'Orthodoxie et la
mystique (1562-1618), la Guerre de Trente Ans (1618-1648), Le Temps
des Mutations (1648-1685), les Piétismes et
l'Aufklärung (1685-1750). Nous nous sommes
préoccupé de jeter un regard interrogateur sur la quiddité
de ce qu'on entendait par l'hymnologie protestante car c'est elle qui,
naturellement, contient le chant et les recueils de chants protestants. Nous
avons tenté de relever ses principaux traits caractéristiques et
avons suivi son parcours historique depuis la Réforme du XVIe
siècle. Dans cette démarche, les ouvrages d'Edith Weber et de
James Lyon sur l'hymnologie nous ont été d'un appui
considérable en documents de base pour le saisissement de la
quiddité de l'hymnologie protestante. Mais il nous est aussi
arrivé, quelque fois, par souci de contextualité, de visiter nos
précédentes études dans lesquelles nous avons eu à
évoquer, peut-être de manière divergente ou convergente les
questions hymnologiques dans la liturgie du culte protestant.
Retenons, dans ce chapitre, la manifeste
inséparabilité du chant au culte protestant. Un lien s'est vu
tisser entre le chant d'assemblée, désormais marqué par le
« Nous » (Wir) communautaire (contrairement
au règne de « Je » (Ich) qui avait
prédominé quelques temps avant), et le chant polyphonique
destiné à la Cantorei et à la formation scolaire.
A la suite de Martin Luther (1483-1546), la plupart des auteurs aussi ont
valorisé les psaumes. La Bible, dans son entièreté, est
exploitée, autant les textes de l'Ancien et du Nouveau Testament, dans
les textes des chants. L'éclairage théologique s'est
désormais fondé uniquement sur la christologie dont les aspects
premiers concernent l'incarnation, la tentation la Parole, le mystère,
l'action, la Passion et la Résurrection du Christ.
Il va falloir maintenant dans les lignes qui
suivent, examiner la quiddité du culte protestant, comme lieu ou moment
pendant lequel le peuple de Dieu en prière entonne les cantiques de
louange et d'adoration en l'honneur de son Nom glorieux.
CHAPITRE DEUXIEME :
QUIDDITE ET CARACTERISTIQUES DU CULTE PROTESTANT
Ce deuxième chapitre est celui qui nous conduit
à la quête d'une compréhension adéquate de ce qu'est
le culte protestant. Après avoir parcouru l'histoire de la
création et la production des chants de l'assemblé pendant les
périodes et sur les principaux territoires de la Réforme,
à présent notre but est de nous rappeler l'autre histoire. C'est
celle du protestantisme et ses quelques traits caractéristiques. Nous le
ferons aux fins de nous préparer à mieux aborder le
questionnement de la place réservée aux chants traditionnels
protestants dans le culte d'aujourd'hui à Kinshasa. Sans trop nous
appesantir là-dessus, nous allons tâcher de retenir les quelques
faits marquants et capables de nous rafraîchir la mémoire car nous
avons déjà presque évoqué cette histoire (du
protestantisme) dans les travaux d'Edith Weber comme ceux de James
Lyon172(*). Pour ce
travail de rappel sur le protestantisme, à cette partie introductive du
chapitre, nous nous appuierons, d'une part aux indications que nous proposent
les ouvrages des quelques auteurs qui ont repris dans leurs recherches les
questions sur l'histoire du protestantisme et, d'autre part, ce que le
condensé biographique que l'Encyclopédie Encarta nous
rassemble sur les réformateurs.
2.1 Survol sur le
protestantisme
Comme l'écrit Robert N'KWIM, il est toujours
important de se rappeler une chose importante chaque fois quand on voudrait
parler du « Protestantisme » : car dans la
généalogie de la Réformation, ce terme était
inconnu173(*). Son
origine, on se rappellera qu'elle se situe treize ans après la
publication des 95 Thèses de Luther, c'est-à-dire en 1529. Ellen
G. White et Jacques Courvoisier174(*) sont unanimes pour lier l'origine du
« Protestantisme » dans la solennelle protestation de
princes allemands gagnés à l'Évangile contre l'attitude de
l'Empereur Charles Quint vis-à-vis d'eux parce qu'ils s'estimaient
lésés dans leur foi et dans leur souveraineté politique.
Dès lors, le protestantisme, devenu une manière
d'être, de penser et de faire politique et religieuse des princes, au fil
des temps, rappelons-nous, est aujourd'hui
l'une des trois principales branches du christianisme, les deux
autres étant le catholicisme et l'orthodoxie. Il est né au
XVIe siècle d'une volonté de réforme de
l'Église d'Occident, qui aboutit à la Réforme protestante
et à la séparation des Églises réformées de
l'Église catholique. L'objectif affiché des premiers
réformateurs était, bien entendu, de revenir à la foi
chrétienne des origines, tout en conservant ce qu'ils jugeaient positif
de la tradition catholique. Mais faisons observer un fait important. Le mot
« protestantisme » procède de l'adjectif
« protestant » qui fut collé presque
négativement au mouvement des princes lors de la seconde diète
impériale de Spire (1529).175(*) Le terme protestant en vint progressivement à
désigner toute une Église chrétienne qui n'était ni
catholique, ni orthodoxe, ni rattachée à aucune autre tradition
chrétienne orientale.176(*)
Aujourd'hui, par définition, on peut dire
avec André Birmelé177(*) que le protestantisme est un ensemble qui englobe
les Églises chrétiennes issues directement ou indirectement de la
Réforme du XVIe siècle. C'est lors de la 2è
diète de spire (1529) que leurs représentants
« protestèrent » en faveur de la liberté pour
chaque individu de choisir en conscience sa religion. Leurs adversaires les
qualifièrent de « protestants », eux-mêmes
préférant être appelés
« Evangéliques ». Cette appellation n'est devenue
comme religion qu'au XVIIe siècle. Le protestantisme (devenu un courant
au XIXe siècle) n'est pas une Église et les différentes
Églises qui le composent (luthériens, réformés,
méthodistes, anabaptistes, baptistes, pentecôtistes,..) ne sont
pas toujours en communion entre elles. Les frontières du protestantisme
ne sont pas précises et d'autres sectes historiques diverses et
contemporaines (témoins de Jéhovah, néo-apostolique,
mormon,...) n'en font pas partie. Les auteurs sont unanimes que malgré
ses nombreux courants et son pluralisme, le protestantisme est
caractérisé par certaines convictions communes178(*) qui sont, entre autres, la
priorité au salut, à la justification par la foi seule, la Bible
comme seule norme de la vie chrétienne qui tient son sens de son centre
Jésus-Christ seul médiateur entre Dieu et les hommes, seule la
grâce sauve, l'Église est prise comme la communauté des
croyants qui se mettent à l'écoute de la parole de Dieu et
célèbrent ensemble les sacrements. Et seuls l'eucharistie et le
baptême les sont car institués par Jésus-Christ
lui-même. Le protestantisme est persuadé qu'une réforme
constante de l'Église est nécessaire. C'est ainsi qu'il se
méfie des dimensions institutionnelles179(*) et estime que l'Église doit être
gouvernée de manière synodale, collégiale et
épiscopale, et que les décisions de ces instances s'imposent
à tous ; mais elles pourront et devront constamment être
révisées à la lumière du message
biblique.180(*)
Il faut dire que le protestantisme a
été aussi étudié comme phénomène de
société dès le XVIIIe siècle. C'est ici qu'on cite
J.G Herder (1744-1803) qui considère la liberté de conscience et
F. Hegel qui ajoute la question de la liberté individuelle comme
principe fondamental du protestantisme.181(*) E. Troeltsch (1865-1923), lui estime que le
protestantisme a contribué de manière décisive à la
constitution des idéaux démocratiques du monde moderne. Et comme
le souligne A. Birmelé, selon E. Troeltsch, les racines du néo-
protestantisme ne se limitent pas à celles de la Réforme mais
elles englobent aussi l'héritage des lumières et de la
Révolution française.182(*) En raison de la multitude de ses courants et de ses
divisions internes (aux enjeux avant tout ecclésiologiques), le
protestantisme a toujours été confronté à la
problématique de l'oecuménisme bien qu'il soit lui-même
à l'origine du mouvement oecuménique moderne et de la
création du Conseil OEcuménique des Églises.183(*)
Faisons observer que ce que l'on peut appeler
« protestantisme congolais » n'est du reste que
l'émanation du protestantisme en général (tel que peint
dans les lignes qui précèdent), mais localisé et
contextualisé par rapport au vécu quotidien des Églises
issues de la Réforme au Congo et cela dès l'aube de
l'évangélisation missionnaire jusqu'à nos jours. Ce
protestantisme affronte aussi dans ses rangs, entre autres, les mêmes
combats que le grand protestantisme pris dans sa
généralité comme ceux de l'ecclésiologie et de
l'oecuménisme.
Il est nécessaire d'appuyer sur le fait que
le protestantisme qui a plusieurs courants en son sein (dont
les principaux : les luthériens qui sont aussi appelés
évangélistes en Europe, les calvinistes ou
réformés, les anabaptistes et les anglicans pour ne citer que
ceux- là) a quelque chose de commun entre les courants. Notons qu'en
dépit d'importantes divergences, doctrinales et rituelles, tous les
courants jusqu'aujourd'hui s'accordent à rejeter l'autorité du
pape pour y substituer celle de la Bible et la foi individuelle.
Au début des années 1990, on comptait
environ 436 millions de protestants dans le monde, dont quelque
73 millions d'anglicans, soit à peu près un quart des
chrétiens.184(*)
Aujourd'hui ces estimations peuvent être revues en hausse vu la
stabilité et la dynamique de ses différents courants mais aussi
poussée pentecôtiste au sein de branche.
L'histoire nous apprend que
peu avant la Réforme proprement dite, des mouvements
dissidents au sein de l'Église du Moyen Âge
s'élevèrent contre la corruption des clercs et
critiquèrent plusieurs des enseignements catholiques fondamentaux.
Retenons quelques temps forts.
2.1.1 Les
précurseurs
Au XIIe siècle, les vaudois, disciples du
marchand lyonnais Pierre Valdo, pratiquèrent un christianisme simple et
non corrompu, inspiré de l'Église primitive. Le mouvement se
développa surtout en France et en Italie et survécut aux
violentes persécutions de la croisade des albigeois. Il faut
reconnaitre que beaucoup de vaudois adoptèrent le calvinisme à la
suite de la Réforme et subirent de nouvelles persécutions au
XVIe siècle peut être à cause de cela.
Les massacres d'Avignon et de Mérindol en 1545 en sont des
preuves.185(*)
En Angleterre, vers 1380 apparut le mouvement des lollards
inspiré par le théologien John Wyclif, qui rejetait
l'autorité des prélats corrompus ainsi que divers enseignements
catholiques traditionnels. Les lollards survécurent aux
persécutions et jouèrent un rôle dans la Réforme
anglaise.186(*)
L'enseignement de Wyclif influença également le
réformateur tchèque Jean Huss, dont les adeptes appelés
hussites réformèrent l'Église de Bohême et obtinrent
une réelle indépendance après le martyr de Jean Huss en
1415 et les guerres qui s'ensuivirent. Beaucoup se convertirent au
luthéranisme au XVIe siècle.187(*) On comprend dès lors
qu'avant la Réforme du XVIe siècle trois noms sont à
retenir comme des précurseurs. Il s'agit de Pierre Valdo
déjà au XIIe siècle, John Wyclif au XIVe siècle et
Jean Hus au début du XVe siècle. Nous y reviendrons en
détail vers la fin de ce chapitre quand nous aurons à citer les
quelques personnalités du protestantisme.
Toutefois une question peut se poser : si ces
précurseurs ont préparé le terrain à la
Réforme du XVIe siècle, quels ont été les
circonstances qui contribuèrent au succès de la reforme au temps
de Luther ? Essayons de parcourir l'histoire de la Réforme et d'en
dégager les faits qui ont préparé mieux contribuer
l'arrivée et au succès de la Réforme. Quel était
l'environnement politique, social et religieux avant la Réforme?
2.1.2 La Réforme
Plusieurs circonstances historiques contribuent
à expliquer le succès de Martin Luther et des réformateurs
du XVIe siècle. On cite entre autres : les pouvoirs
de l'empereur catholique et du pape diminuaient ; ils étaient
surtout préoccupés alors par la menace turque. L'invention de
l'imprimerie au XVe siècle facilita la propagation des
pamphlets religieux en langues vernaculaires et, notamment en Europe du Nord,
favorisa la diffusion de l'enseignement protestant. Mais à notre avis,
à la suite de Munayi Muntu- Monji,188(*) on ne doit pas négliger l'apport du
nationalisme des princes allemands envers la cause luthérienne. Le
nationalisme allemand serait pour beaucoup dans la naissance, le succès,
le soutien et la protection de la vie du réformateur allemand :
Martin Luther l'allemand.
On sait aujourd'hui que la situation politique et
religieuse de l'Allemagne à la fin du Moyen Age et au début des
Temps Modernes est considérée par nombre d'historiens comme
catalyseur de la Réforme. Munayi, s'appuyant sur les écrits de
P. Labal, peut nous faire observer les faits marquants de cette situation sur
le plan politique et sur le plan religieux. Sur le plan politique, retenons
que par rapport aux autres nations européennes, en ce qui concernait
plus particulièrement la marche vers l'unité nationale, l'Italie
exceptée, l'Allemagne accusait un grand retard. Voyons. La France,
après la guerre de Cent Ans qui l'avait opposée à
l'Angleterre, avait réussi à reconstituer son unité.
Ainsi, à la fin du XVe siècle, seule la Bretagne échappait
encore à l'union avec le Domaine royal189(*). L'Angleterre, au lendemain de la guerre de Cent
Ans, une autre guerre avait opposé deux dynasties : les Lancastres
et les Yorks. C'est la guerre de Deux Roses. Cependant, en 1485, Henry
Tudor, apparenté aux deux familles, avait réussi à
s'imposer et devint roi sous le nom de Henry VII. L'unité du pays fut
retrouvée.190(*)
La péninsule ibérique, avec le mariage entre Ferdinand, prince
d'Aragon, et Isabelle, princesse héritière de la Castille, avait
été à la base de l'unité espagnole. Ces Rois
catholiques, comme on les appelait, avaient achevé la
Reconquista espagnole en prenant le royaume musulman de Grenade en
1492.191(*) L'Allemagne,
malheureusement, qui avait été au Xe siècle le berceau de
ce que l'on appelait le Saint-Empire Romain Germanique, commençait
à ne plus l'être depuis la Bulle d'or signée par Charles IV
en 1358. Avec cette bulle, les empereurs d'Allemagne étaient
désormais élus à Francfort-sur-le Main par
sept « princes électeurs », à
savoir : les Archevêques de Cologne, de Trèves et de
Mayence ; le Roi de Bohème ; le Duc de Saxe ; le Margrave
de Brandebourg ; le Comte palatin du Rhin. L'empereur élu devait
tenir compte des avis de la Diète où siégeaient
en trois collèges différents, les électeurs, les autres
princes et les représentants des villes libres. L'autorité de
l'empereur était donc désormais nulle. Le Saint-Empire
« n'était plus qu'un décor ». A ce
désordre politique s'opposait toutefois un essor économique
très remarquable, dont profitait largement entre autres l'Administration
pontificale au moyen des impôts.192(*)
Sur le plan religieux, à la fin du Grand Schisme
d'Occident (1378-1417), alors que les autres pays d'Europe avaient
réussi à se dégager progressivement de l'emprise romaine
l'Allemagne dépendait totalement de Rome.193(*) Le cas de la France est
beaucoup plus illustratif dans les efforts pour l'autonomie religieuse. La
situation religieuse de l'Allemagne au début du XVIe siècle est
celle d'un pays presque désuni avec neuf provinces
ecclésiastiques groupant cinquante-quatre archevêchés et
évêchés ainsi plusieurs abbayes. Ces provinces avec leurs
archevêchés, évêchés et abbayes bien que
représentant le tiers de tout l'empire et n'avaient d'unité entre
eux que la dépendance vis-à-vis de Rome.194(*)
On comprendra que la réputation dont jouissait
l'Église d'Allemagne vis-à-vis du peuple n'était pas
toujours bonne à cause d'un nombre d'abus. Par exemple, la pratique
répétée de l'extension de la mainmorte, entendons par
là des biens inaliénables des communautés religieuses, des
hôpitaux, de la richesse des établissements religieux, des
privilèges et exemptions les interdits des clercs, des abus de la
juridiction ecclésiastique, par exemple les excommunications et les
interdits. Il faut dire qu'avec cela la haine y avait vu le jour. Mais le
peuple retenait encore les plus vives les récriminations contre les
moines mendiants et à leurs quêtes
multipliées. Contre le pape principalement étaient
dirigées les plaintes portant sur de l'importance des sommes
versées à l'Église par le peuple allemand, l'empereur
Charles Quint affirma que la curie romaine levait beaucoup d'argent en
Allemagne que l'empereur lui-même.195(*) Oui, les mécontentements sur plan religieux
ont joué un rôle non négligeable dans le succès de
la Réforme en Allemagne. Car le peuple aspirait déjà
beaucoup à l'autonomie de son Église malheureusement celle-ci ne
venait toujours pas. C'est ainsi que Joseph Lortz, pourtant de tendance
catholique, pouvait écrire ce qui suit : « Si la
Réforme a éclaté en Allemagne, c'est qu'on ne tint pas
assez compte des aspirations de l'Église allemande à
l'autonomie. En Espagne, en France et en Angleterre, le remède
dangereux, mais en attendant efficace, contre le péril de rupture qui
menaçait partout le patrimoine et l'unité ecclésiastique
satisfaisait dans une grande mesure les intérêts nationaux en
matière ecclésiastique, organisation qui s'était
développée à temps, avec le consentement des papes et dans
ces pays, ce qui ne fut pas, ou pas suffisamment le cas en
Allemagne ».196(*)
Maintenant que nous avons essayé de
dépeindre le tableau politique et religieux de l'Allemagne d'avant la
Réforme, et relevé nombre des faits qui mécontentaient
depuis le peuple dans son ensemble (les princes et de fois l'empereur y
compris), nous pouvons prétendre comprendre, et avoir vu où est
parti l'impact de la Réforme de Luther, l'allemand sur cette
nation allemande qui n'appelait qu'à la constitution d'une église
nationale allemande. Et cela, avons-nous compris, commençait par les
princes qui n'ont pas hésité de s'emparer de la nomination des
évêques afin de se rendre des maîtres des églises
implantées dans leurs domaines.197(*)
Essayons de parler, dans les lignes qui suivent, de
trois figures de proue que l'histoire a pu retenir comme les têtes
d'affiche du mouvement de la Réforme. Il s'agit de Martin Luther,
Huldrych Zwingli et Jean Calvin. Mais aujourd'hui, avouons-le, quelques
critiques n'hésitent pas reconnaitre la faiblesse ou l'échec
commun de ces réformateurs dans un domaine qui soit malheureusement
celui de la liberté. Car aucun de trois, à son temps et dans son
contexte n'a su traiter avec des minorités religieuses. Eux, qui avaient
lutté pour la liberté de la foi contre l'Église
traditionnelle, étaient incapables de tolérance et de
générosité envers ces minorités :
illuminés, anabaptistes et autres.
Parlons de chacun d'eux quand bien même que
nous n'ayons pas manqué de parler de ces réformateurs, dans les
pages précédentes, spécialement celles qui portaient sur
la généalogie de chants des recueils.
2.1.2.1 Martin Luther
L'histoire a retenu, comme
début de la Réforme, la publication en 1517, par Martin Luther,
de ses 95 thèses, dans lesquelles il condamnait la vente
systématique des indulgences pour financer la construction de la
basilique Saint-Pierre de Rome.
Né à Eisleben, Luther insistait souvent sur le
fait que ses ancêtres étaient des paysans. Son père, Hans
Luther, était mineur dans une mine de cuivre de la région de
Mansfeld. Luther suivit ses études primaires et secondaires à
Mansfeld, à Magdeburg et à Eisenach. En 1501, à
l'âge de dix-sept ans, il entra à l'université d'Erfurt,
où il obtint un diplôme de bachelier en 1502 et une maîtrise
en 1505. Il avait alors l'intention d'étudier le droit, comme le
souhaitait son père. Or pendant l'été de 1505, il
abandonna soudainement ses études, vendit ses livres et entra au
monastère des augustins d'Erfurt. La décision surprit ses amis et
consterna son père. Plus tard, Luther expliqua qu'il avait
frôlé la mort à plusieurs reprises et qu'il s'était
rendu compte du caractère éphémère de la vie. Au
monastère, il observa les règles imposées aux novices,
mais ne trouva pas la paix spirituelle à laquelle il aspirait. Luther
fit néanmoins ses voeux monastiques à l'automne de 1506 et ses
supérieurs le choisirent pour la prêtrise. Ordonné en 1507,
il attendait avec anxiété le moment où il devait
célébrer la messe pour la première fois. 198(*)
Après son ordination, Luther fut invité à
étudier la théologie pour devenir professeur dans l'une des
nombreuses universités allemandes où l'enseignement était
dispensé par les moines. En 1508, il fut envoyé par Johann von
Staupitz, vicaire général des augustins d'Allemagne, à la
nouvelle université de Wittenberg, fondée en 1502, pour donner
des leçons inaugurales de philosophie morale. De retour à Erfurt
en 1509, il poursuivit encore pendant deux ans ses études de
théologie et continua à enseigner. En novembre 1510,
délégué par sept monastères augustins, il se rendit
à Rome, où il jugea sévèrement le clergé
romain. Peu de temps après avoir repris ses activités à
Erfurt, il fut envoyé de nouveau à Wittenberg pour
préparer son doctorat en théologie qu'il obtint en 1512 et
où il fut chargé de l'enseignement biblique. Il resta titulaire
de la chaire de théologie biblique jusqu'à la fin de sa vie.
199(*)
Prédicateur et professeur inlassable qui étudia sans
cesse le Nouveau Testament, Luther en vint à croire que les
chrétiens n'obtiennent pas le salut par leurs propres efforts, mais par
le don de la grâce de Dieu qu'ils acceptent par leur foi. Cette
découverte, faite dans des circonstances non élucidées,
fut un événement crucial de la vie de Luther, car elle l'incita
à rejeter certains dogmes majeurs de l'Église
catholique.200(*)
2.1.2.1.1 Début de sa
Réforme
Dès lors qu'il publia ses
quatre-vingt-quinze thèses le 31 octobre 1517, dans lesquelles il
condamnait la vente des indulgences (rémission des peines temporelles
des péchés en échange d'un paiement en argent) en vue de
collecter de l'argent pour la construction de la basilique Saint-Pierre de
Rome, Luther devint un personnage en vue, fortement controversé. Selon
la tradition, Luther cloua ses thèses sur les portes de l'église
de la Toussaint (église du château) à Wittenberg, mais cet
événement n'est attesté par aucun document.
Immédiatement traduites en allemand et largement diffusées, ces
thèses suscitèrent de vives réactions. Défendant
avec ardeur sa position au cours de débats publics à
l'université de Wittenberg et dans d'autres villes, Luther fit l'objet
d'une enquête de la curie romaine, qui mena à la condamnation de
son enseignement le 15 juin 1520 et à son excommunication en
janvier 1521. Convoqué à se présenter devant l'empereur
Charles Quint à la diète de Worms en avril 1521, on lui demanda
de se rétracter devant l'assemblée des autorités
séculières et religieuses. Il refusa avec fermeté de
renier ses thèses, affirmant qu'il devrait être convaincu par les
Écritures et une raison évidente pour le faire et qu'il
préférait écouter sa conscience. « Me
voilà, je ne peux faire autrement », telle est la phrase
qu'il aurait prononcée alors. Condamné par l'empereur, Luther fut
emmené par son protecteur, le prince électeur
Frédéric de Saxe, qui le cacha au château de la Wartburg.
Il y commença à traduire en allemand le Nouveau Testament,
ouvrant la voie au développement de la langue littéraire
allemande. Des désordres provoqués dans Wittenberg par certains
de ses partisans extrémistes l'obligèrent à revenir en
1521 dans cette ville, où il parvint à rétablir la paix
civile par une série de sermons.201(*)
2.1.2.1.2 La faiblesse de sa
Réforme : Guerre des paysans
Alors qu'il continuait à enseigner et
à rédiger ses ouvrages à Wittenberg, Luther fut
entraîné dans des controverses suscitées par la guerre des
Paysans (1524-1526), car les chefs des rebelles avaient justifié leur
combat par des arguments tirés de ses écrits. Luther contesta la
validité de leurs positions théologiques, mais apporta son
soutien à la plupart de leurs revendications politiques. Lorsque la
violence l'emporta, il se retourna contre les paysans et soutint l'effort des
princes pour restaurer l'ordre. Bien qu'il eût condamné plus tard
la politique impitoyable et vengeresse appliquée par les nobles, son
attitude pendant cette guerre lui fit perdre beaucoup d'amis. En 1525, il
épousa Katharina von Bora, une ancienne nonne.202(*)
2.1.2.1.3 Ses
écrits-réformateurs
Dans ses « trois grands
écrits-réformateurs » publiés en 1520,
À la noblesse chrétienne de la nation allemande, De la
captivité de Babylone de l'Église, De la liberté du
chrétien et dans Du self arbitre (1525), Luther
ébaucha sa doctrine théologique. En 1529, il publia son livre le
plus populaire, le Petit Catéchisme, qui expose, sous forme de
questions et de réponses concernant les dix commandements, le credo des
apôtres, le Notre-Père, le baptême et la Cène, la
théologie de la Réforme dans un langage à la fois simple
et coloré. En 1530, ne pouvant assister à la diète
d'Augsbourg après avoir été banni et excommunié,
Luther confia la présentation de la confession de foi des
réformés (connue sous le nom de Confession d'Augsbourg) à
son ami Melanchthon. Sa traduction allemande de l'Ancien Testament parut en
1532. L'influence de Luther s'étendait progressivement dans le nord et
l'est de l'Europe. Son plaidoyer pour l'indépendance des gouvernants
à l'égard de l'Église (dont l'esprit fut trahi par les
interprétations ultérieures) lui apporta le soutien d'un grand
nombre de princes. Sa renommée fit de Wittenberg un centre
intellectuel.203(*)
2.1.2.1.4 Ses dernières
années
En 1537, la santé de Luther avait
commencé à se détériorer et il avait
été accablé par le renouveau de la papauté et par
ce qu'il ressentait comme une tentative des juifs d'exploiter la confusion chez
les chrétiens pour reposer la question du messianisme du Christ. Se
sentant responsable de cette situation, il s'engagea dans une polémique
violente contre les juifs ainsi que contre la papauté et l'aile radicale
des réformateurs, les anabaptistes. Pendant l'hiver 1546, on demanda
à Luther d'arbitrer une controverse entre deux jeunes comtes qui
régnaient sur la région de Mansfeld où il était
né. Vieux et malade, il mourut après ce voyage à
Eisleben.204(*)
2.1.2.1.5 Sa
théologie
Fondée sur l'étude du
Nouveau Testament et fortement marquée par l'influence de saint
Augustin, la théologie de Luther ne s'apparente pas aux grands
systèmes théologiques qui s'étendent sur toutes les
questions relatives à la foi.205(*)
2.1.2.1.5.1 La place de la Loi
et l'Évangile
Luther affirmait que Dieu agit sur les
êtres humains de deux manières, à savoir par la Loi et par
l'Évangile. La Loi représente les exigences de Dieu telles
qu'elles sont exprimées notamment dans les dix commandements et les
règles morales. Tous les êtres humains, indépendamment de
leurs convictions religieuses, ont accès à la Loi de par leur
conscience et les traditions éthiques de leur culture, bien que
l'interprétation qu'ils en donnent soit toujours déformée
par le péché. La Loi a deux fonctions. Elle permet aux
êtres humains de maintenir l'ordre dans leur monde, leurs
communautés et leurs propres vies malgré la distance qui les
sépare de Dieu, du monde, de leurs voisins et d'eux-mêmes à
cause du péché originel. En outre, la Loi permet aux hommes de se
rendre compte du besoin d'obtenir le pardon de leurs péchés, ce
qui les conduit au Christ.206(*)
Pour le moine augustin,
Dieu agit sur les hommes à travers l'Évangile
(« bonne nouvelle »), qui annonce que Dieu avait offert son
Fils pour le salut de l'humanité. Contrairement à la Loi, cette
proclamation d'un don de Dieu ne demande rien d'autre que l'acceptation de la
part de l'individu. En fait, Luther soutenait que la théologie
s'était trompée précisément au moment où
elle avait commencé à confondre la Loi et l'Évangile
(l'exigence de Dieu et le don de Dieu) en proclamant que les hommes peuvent
mériter ce qui ne peut être que le don inconditionnel de la
grâce de Dieu.207(*)
2.1.2.1.5.2 Son discours sur le
péché
Luther insista sur le fait que les
chrétiens, tant qu'ils vivent sur cette terre, sont à la fois des
saints et des pécheurs. Ils sont des saints quand ils font confiance
à la grâce de Dieu et non pas à leurs réalisations.
Cependant, le péché est présent dans l'Église aussi
bien que dans le monde, par conséquent un saint n'est pas un
modèle de morale mais un pécheur qui accepte la grâce de
Dieu. Ainsi, pour Luther, le citoyen le plus respecté et le criminel
occasionnel ont tous les deux besoin du pardon de Dieu. 208(*)
2.1.2.1.5.3 Son discours sur la
manière dont Dieu se fait connaître
Luther considérait que Dieu se fait
connaître aux hommes sous des formes terrestres et finies plutôt
que sous la forme de divinité pure. Ainsi, Dieu se révéla
en Jésus-Christ, qui exprime son message dans les termes humains des
auteurs du Nouveau Testament ; son corps et son sang sont reçus par
les croyants, selon la formule de Luther, « dans, avec et
par » le pain et le vin de la sainte communion. Lorsque les hommes se
mettent au service des autres et du monde, lorsqu'ils remplissent leurs
« vocations » comme pères et mères, artisans,
souverains et sujets, ils sont des instruments de Dieu qui agit dans le monde
à travers eux. Luther fit ainsi disparaître la distinction
traditionnelle entre les activités sacrées et
séculières.209(*)
2.1.2.1.5.4 Sa théologie
de la croix
Luther affirmait que la théologie
chrétienne est une théologie de la croix plutôt qu'une
théologie de la gloire. Les êtres humains ne peuvent
appréhender Dieu par la philosophie ou l'éthique ; ils
doivent accepter qu'ils ne puissent voir Dieu que s'il décide de se
faire connaître. Luther affirmait ainsi que Dieu révèle sa
sagesse dans les propos confus de la prédication, son pouvoir à
travers la souffrance et le secret du sens de la vie par la mort du Christ sur
la croix.210(*)
2.1.2.1.5.5 Ses écrits
réformateurs
L'homme des 95 thèses était très
souvent appelé à défendre ses idées devant les
diètes et dans les disputes académiques. Parmi les forces qui
contribuèrent à la propagation de ces idées, il faut
compter les écrits remarquables de 1520 que l'on qualifie
traditionnellement des grands écrits réformateurs ou les
écrits- programmes. Ce sont : Le sermon sur les bonnes
oeuvres, le manifeste à la noblesse chrétienne de la nation
allemande, la captivité babylonienne de l'Église, le
traité de la liberté.
2.1.2.1.5.6 Sa vision de la
musique d'Église
Avant de passer à une autre figure de proue,
rappelons que l'oeuvre de Luther a intéressé aussi la musique
à plusieurs titres. Ce qu'on peut retenir de son apport est qu'il a
organisé un culte largement fondé sur la parole et la musique
communautaire, instituant notamment une messe allemande, qui fournira un
schéma à de très nombreux compositeurs du monde
protestant. Luther a lui-même écrit et composé des
cantiques spirituels et suscité une importante floraison de
compositeurs, établissant ainsi un répertoire de thèmes de
chorals, qui allaient servir de matériau thématique aux
musiciens. Faisons remarquer encore que son mouvement de pensée sera
déterminant sur la musique allemande, même non religieuse, et sur
le rôle et l'importance de la musique dans la culture et la civilisation
germanique jusqu'à nos jours.211(*) Deux écrits sont à retenir :
De l'ordre du service divin dans la communauté et Formula missae et
communionis (1523), Épître aux Rathsherren (1524). Dans
le premier article, il affirme deux préceptes essentiels pour la musique
religieuse : le service divin est centré sur le sermon,
exégèse des textes sacrés, et le culte requiert la
participation de la collectivité des fideles par le chant. Dans le
deuxième, il propose un schéma décisif d'organisation de
la vie cultuelle. Pour Luther, dans la communauté doit manifester sa
participation active par le chant, soutenu par l'orgue. Puissant exercice
respiratoire, le chant mène le fidèle à un état
d'équilibre intérieur propice à la réception de la
parole divine et de l'enseignement religieux212(*). Luther préconise l'utilisation du chant
à la maison, la cellule familiale, microcosme de la communauté
paroissiale. Car elle peut traduire sa piété par le chant
quotidien des cantiques. C'est encore lui qui révèle aux
protestants de l'agir exorciste de la musique mais aussi son rôle
médiateur entre l'homme et Dieu. Pour Luther, elle met l'individu en
communication directe avec le surnaturel : une idée qui va
rencontrer la sensibilité germanique et s'y ancrer profondément,
jusque dans son inconscient collectif, au point de lui devenir consubstantielle
pendant des siècles.213(*)
Jacques Vincent Pollet
dans un article sur Zwingli écrit ce qui
suit: « Zwingli est un personnage complexe et
multidimensionnel. Humaniste et autodidacte, penseur religieux et
réformateur, patriote et figure nationale suisse, certains ajoutent
prophète biblique- il est tout cela un personnage dont la vie et
l'action sont conditionnées par l'histoire suisse durant le premier
tiers du XVIe siècle. On ne saurait l'en détacher ni abstraire
tel ou tel aspect de sa personnalité sans fausser l'ensemble. Aussi
convient-il dans toute étude, même partielle, de tenir toujours
présente à l'esprit ces différentes
coordonnées ».214(*) Reconnaissons que
l'impact de Zwingli sur les traditions et la manière d'être du
protestantisme se mesure à la grande influence qu'a exercée sa
pensée sur le troisième personnage de la Réforme :
Jean Calvin. Car d'aucuns savent que la Réforme genevoise doit grande
partie à Zwingli et au fait pratique que la ville de Berne en 1528 avait
embrassé la Réforme zwinglienne.215(*) On sait aujourd'hui
qu'un peu plus tard, dans la lignée de la
rébellion luthérienne face au catholicisme qui l'avait
excommunié, un mouvement réformateur encore plus radical se fit
jour en Suisse, à Zürich, sur l'initiative du pasteur Huldrych
Zwingli216(*). Mais qui
est Huldrych Zwingli ?
Zwingli,
Huldrych (1484-1531), théologien suisse, chef de la
Réforme en Suisse est né à Wildhaus, dans le canton de
Saint-Gall. Zwingli étudia aux universités de Vienne et de
Bâle. Pendant ses études, Zwingli fut
profondément influencé par l'esprit de l'humanisme de la
Renaissance. Ordonné prêtre en 1506, il fut nommé
curé de la ville de Glaris, qui était alors un centre de
recrutement important de mercenaires pour les armées européennes.
À deux reprises, Zwingli fut amené à servir
d'aumônier aux troupes de Glaris lors de combats sanglants à
l'étranger ; cette expérience l'incita à
dénoncer publiquement le mercenariat, ce qui lui valut
l'hostilité des notables de la ville. En 1516, il accepta d'être
nommé curé d'Einsiedeln, au sud-est de Zürich.217(*)
Durant son ministère à
Einsiedeln, Zwingli commença à éprouver des doutes au
sujet d'un certain nombre de pratiques de l'Église. En 1516, il lut la
traduction en latin du Nouveau Testament réalisée par
Érasme, qu'il recopia dans ses carnets et apprit par coeur. S'appuyant
sur ce texte et sur quelques autres passages de la Bible, Zwingli affirma dans
ses sermons que l'enseignement et la pratique de l'Église
s'étaient beaucoup écartés du christianisme originel des
Écritures. Parmi ces usages contraires au témoignage de la Bible,
Zwingli citait l'adoration des saints et des reliques, la promesse de cures
miraculeuses et les abus ecclésiastiques du système des
indulgences. Cet attachement rigoureux à l'autorité de
l'Écriture établit sa réputation et, le
1er janvier 1519, il fut nommé prêtre à la
Collégiale de la cathédrale de Zürich.218(*)
2.1.2.2.1 Début de sa
Réforme
Zürich était un centre de
la pensée humaniste et perpétuait une tradition bien
établie de limitation civile au pouvoir temporel de l'Église.
Zwingli attira rapidement des foules importantes à la cathédrale
en reprenant le texte original des Écritures, en hébreu et en
grec, qu'il exposa chapitre par chapitre et livre après livre, en
commençant par l'Évangile selon saint Matthieu. Cette traduction
orale du texte original rompait radicalement avec les habitudes de
l'Église. Jusqu'alors, les prêtres rédigeaient leurs
sermons à partir d'interprétations de la Vulgate latine et des
écrits des Pères de l'Église. Dès 1519, un
admirateur mit une presse à imprimer à la disposition du
réformateur et ses idées neuves et hardies se répandirent
bien au-delà de Zürich.219(*)
La même année, Zwingli lut
pour la première fois les écrits de son contemporain Martin
Luther. Encouragé par la fermeté de Luther face à la
hiérarchie ecclésiastique allemande, Zwingli persuada le conseil
de la ville de Zürich de proscrire toute obligation religieuse qui ne
fût pas fondée sur les Écritures (1520). Parmi celles-ci
figurait l'interdiction formulée par l'Église de manger de la
viande pendant le carême. En 1522, plusieurs de ses disciples furent
arrêtés car ils enfreignirent délibérément
cette règle. Zwingli les défendit avec vigueur et on les
relâcha bientôt au prix d'un châtiment symbolique.220(*)
Le pape Adrien VI, irrité par cette attitude,
l'interdit de prêche et demanda au conseil de Zürich de le condamner
comme hérétique. En janvier 1523, Zwingli présenta sa
défense devant le conseil. Il y affirma la suprématie des Saintes
Écritures sur les dogmes de l'Église, attaqua le culte des
images, des reliques et des saints ; il dénonça
également le sacrement de l'Eucharistie et le célibat obligatoire
des prêtres. Au terme du procès, le conseil manifesta son accord
avec Zwingli en retirant le canton de Zürich de la juridiction de
l'évêque de Constance ; le conseil proclama aussi que
l'interdiction qu'on lui avait signifiée de prêcher n'était
pas fondée sur les Écritures. Par ces décisions, le
conseil adoptait officiellement la Réforme. En 1524, Zwingli
épousa Anna Reinhard, une veuve qui partageait ouvertement son
existence.221(*)
Sous le régime de la Réforme,
Zürich se transforma en une théocratie dirigée par Zwingli
et par une administration chrétienne. Des mesures radicales furent
prises : transformation des monastères en hôpitaux,
suppression des images religieuses, de la messe et de la confession. Zwingli
finit par déclarer que les bons chrétiens n'avaient besoin ni
d'un pape ni d'une Église.222(*)
2.1.2.2.2 La faiblesse de sa
Réforme : Révolte des anabaptistes
En 1525, un groupe d'extrémistes protestants
appelés anabaptistes s'éleva contre l'autorité de Zwingli
à Zürich. À l'occasion d'un débat devant le conseil,
le 2 janvier 1526, Zwingli défit ces anabaptistes et fit bannir
leurs chefs de la ville. En 1529, des disciples de Martin Luther
et de Zwingli, perturbés par les différends doctrinaux et
politiques entre les deux dirigeants, organisèrent une rencontre.
À cette réunion, connue sous le nom de Colloque de
Marburg, Luther et Zwingli s'affrontèrent sur la question de la
consubstantiation et de la transsubstantiation : la conférence ne
réussit pas à réconcilier les deux chefs.223(*)
Parallèlement, Zwingli menait son action dans les autres cantons
suisses. En tout, six cantons rallièrent la Réforme. Les cinq
autres, appelés cantons forestiers, restèrent fermement
catholiques. L'affrontement entre cantons catholiques et protestants provoqua
une scission grave au sein de la Confédération
helvétique.224(*)
2.1.2.2.3 Sa mort tragique
En 1529, l'hostilité entre
cantons d'obédiences divergentes dégénéra en guerre
civile. Le 10 octobre 1531, Zwingli, aumônier et porte-drapeau des
troupes suisses protestantes, fut blessé à la bataille de Kappel,
puis exécuté le lendemain par les soldats victorieux des cantons
forestiers. Après sa mort, la Réforme cessa de s'étendre
en Suisse, demeurée jusqu'à ce jour en partie catholique et en
partie protestante.225(*) Rapportons que sa dépouille mortelle, comme
l'écrit Stadler, fut brulée par ses ennemis et ses cendres
dispersées en l'air. Cependant, la Réforme, son oeuvre, est
demeurée et porte ses fruits.226(*)
2.1.2.2.4 Un mot sur sa vie
musicale
Comme Luther et Calvin, Zwingli a fait montre de la
passion pour la musique. Les biographes sont unanimes pour le témoigner.
Ils mentionnent volontiers le talent musical de Zwingli qui lui permettra
d'apprendre une douzaine d'instruments, spécialement le luth. Il
écrivait et composait des cantiques. Paul Stadler fait remarquer que
trois des ses cantiques sont conservés : Le Pestlied (le
chant /poème de la peste), le Kappeler-Lied (cantique de
Kappel) : « Herr nun selbst den Wagen halt »,
traduit en français « Notre barque est en danger »,
et le Psaume 69.227(*)
L'histoire de sa vie veut qu'à Bale, Zwingli soit initié à
la pensée d'Aristote par une lecture de ses écrits principaux
tels la Physique, la Métaphysique, l'Ethique, la Politique et la
Musique.228(*)
2.1.2.2.5 Zwingli et
Luther : divergences
Si Zwingli avait été influencé
par Luther, il est aussi vrai que les deux n'avaient pas toujours la même
perception de choses. Bien que l'influence de Luther soit manifeste sur Zwingli
en ce sens que ce dernier expose les idées du premier lors de ses
prédications, la divergence n'a pas manqué non plus de les
accompagner sur ce chemin de la Réforme. Paul Stadler s'appuyant sur
Walther Köhler peut affirmer que Zwingli refusait toujours qu'il soit
appelé « luthérien »229(*). Si les conditions à
l'électorat de Saxe où Luther pouvait mettre sa Réforme en
oeuvre grâce au Prince électeur Fréderic III le Sage, le
réformateur de Zürich se trouvait devant des structures
démocratiques. Zwingli avait affaire aux maires, aux conseils et aux
citoyens. Pour dire qu'il devait s'attendre à des forces
oppositionnelles de la part de quelques familles patriciennes conservatrices.
Peut être, à cause de cet environnement politiques, sa
réforme s'est vue conditionnée jusqu'à faire qu'il soit
rangé le premier parmi les réformateurs politiques ou politiciens
réformateurs comme c'est le cas avec Jean Calvin, John Knox, Oliver
Cromwell. Ajoutons que si à Wittenberg la Réforme s'était
faite aussi rapidement que facilement, à Zürich le travail
préparatoire de Zwingli était comparable à celui d'un
agriculteur qui patiemment défriche le sol, plante et sème. Ce
n'est pas un travail spectaculaire, il reste presqu'inaperçu. De
même, le développement intérieur du réformateur de
Zürich nous est caché et il n'est éclairé que par
quelques rayons de lumière.230(*) Comme peut le soutenir Courvoisier, avec Luther
comme avec Zwingli, la Prophétie reste l'âme de la
Réforme. Zwingli a réalisé un grand
travail de traduction et d'exégèse accompli au sein de cette
prophétie. Ce travail aboutit en 1529 à la publication de la
Bible de Zürich et cela avant celle de Luther231(*).
Pour clore avec réformateur, reprenons ces
mots de George Richard Potter qui répond à la question de
« qui en définitive est Huldrych Zwingli? » que pose
Paul Stadler : « Teacher, scholar , advocate, leader of men,
the prophet through whose mouth God spoke to his hearers, Zwingli established
his reformed teaching in central Europe with a secure permanence that endured
accross the ages. In an ecumenical world which accepts few of his premise, his
teaching and memory remain an inspiration as well as a fact of history
».232(*) On
peut traduire cette citation en ces mots : « Maître,
savant (humaniste), défenseur, conducteur d'hommes, prophète et
porte-parole de Dieu qu'il fut, Zwingli établit son enseignement
réformateur en Europe centrale si bien que son enseignement dura
à travers les siècles. Dans un monde oecuménique qui
accepte que peu de ses thèses, son enseignement et son souvenir
demeurent une inspiration ainsi qu'un fait bien établi de
l'histoire ».
2.1.3 Jean Calvin
Le principal réformateur de la
génération suivante fut Jean Calvin
(1509-1564), théologien réformateur, humaniste et pasteur
français, que les protestants considèrent comme un des
théoriciens majeurs de leur religion.
Né Jean Cauvin à Noyon, en Picardie, il
reçut une instruction classique à Paris aux collèges de la
Marche et de Montaigu. Encouragé par son père à faire des
études de droit, il suivit les cours des universités
d'Orléans et de Bourges. Sous l'influence de son professeur de grec, un
réformé du Wurtemberg, il découvrit avec
intérêt les mouvements humanistes et réformateurs, et
entreprit l'étude de la Bible en grec. À la mort de son
père, en 1531, il abandonna le droit pour l'étude des lettres.
Dès l'année suivante, il publia un commentaire du De
clementia de Sénèque, dont l'insuccès l'amena
à se tourner vers la théologie.233(*)
2.1.3.1 Début de sa
Réforme
En 1533, il rédigea, pour
le recteur de l'université de Paris Nicolas Cop, un discours favorable
aux idées de la Réforme qui leur valut une condamnation du
parlement et les obligea tous deux à fuir Paris.
À la suite de l'affaire des Placards (des affiches
en faveur de la Réforme avaient été placardées
jusque sur la porte de la chambre du roi), François Ier
déclencha les premières persécutions contre les
protestants. Afin de prendre leur défense, Calvin rédigea,
d'abord en latin, sa Christianae Religionis institutio (Institution de la
religion chrétienne, 1536), ouvrage fondamental qu'il ne cessa de
remanier et d'augmenter toute sa vie et qu'il traduisit lui-même en
français en 1541.234(*)
2.1.3.2 Les querelles
protestantes et l'exil de Strasbourg
Peu après la publication de cet
ouvrage, à l'occasion de son passage à Genève, Calvin se
laissa convaincre par le réformateur Guillaume Farel de demeurer dans la
cité suisse pour contribuer à y répandre la
Réforme. Mais deux ans plus tard, des querelles entre les protestants
genevois obligèrent Calvin, Farel et un troisième pasteur
à quitter la ville. Calvin s'installa alors à
Strasbourg, où il eut la charge de la communauté protestante
française ayant fui les persécutions du royaume (1538-1541). Il y
poursuivit son oeuvre théologique et y publia les premiers de ses
commentaires sur la Bible. À Strasbourg, il rencontra et épousa
une veuve, Idelette de Bure, dont il eut un enfant, mort en bas âge. Sa
femme mourut à son tour en 1549.235(*)
2.1.3.3 Retour à
Genève
En 1541, Farel et les Genevois
le convainquirent de revenir dans la ville pour y diriger la réforme de
l'Église et de la cité. Son premier travail fut de rédiger
les Ordonnances, qui furent adoptées comme constitution par le
conseil de la ville et qui fixèrent durablement le cadre de
l'organisation des Églises presbytériennes. Il s'attacha aussi
à développer l'enseignement : le couronnement de son action
fut la fonction de l'Académie de Genève, université
internationale de formation des pasteurs dont le premier recteur fut
Théodore de Bèze.236(*)
2.1.3.4 La faiblesse de sa
réforme : contestations et bûcher de Servet
Cependant, les réformes de Calvin se
heurtèrent, à Genève même, à
l'hostilité de quelques grandes familles que son rigorisme rebutait,
dont celle d'Ami Perrin, ambassadeur de la ville auprès du roi de
France. Calvin dut également assumer plusieurs affrontements
théologiques et politiques contre diverses tendances du protestantisme.
Le plus dramatique de ces conflits l'opposa à l'humaniste Michel Servet
(1511-1553)237(*),
lequel fut finalement condamné au bûcher par le conseil de
Genève en 1553. À cette époque, la ville vivait presque
constamment sous la menace des troupes catholiques du duc de Savoie.238(*)
Durant les dernières années de sa vie, Calvin,
finalement devenu citoyen de Genève quatre ans avant sa mort, se
consacra à l'étude et à l'enseignement. Il encouragea
l'usage du français dans les églises et fut à l'origine de
diverses réformes sociales (hôpitaux, diaconat des pauvres).
D'une santé fragile, encore aggravée par les
conditions de vie qu'il avait connues durant ses études à Paris,
il fut considérablement affaibli par une attaque cardiaque en 1558. Il
mourut à Genève et fut enterré avec une extrême
simplicité : aucun signe ne marqua l'emplacement de sa
sépulture, qui nous est demeuré inconnu.239(*)
2.1.3.5 Ses
dernières années
Durant les dernières années de sa vie, Calvin,
finalement devenu citoyen de Genève quatre ans avant sa mort, se
consacra à l'étude et à l'enseignement. Il encouragea
l'usage du français dans les églises et fut à l'origine de
diverses réformes sociales (hôpitaux, diaconat des pauvres).
D'une santé fragile, encore aggravée par les
conditions de vie qu'il avait connues durant ses études à Paris,
il fut considérablement affaibli par une attaque cardiaque en 1558. Il
mourut à Genève et fut enterré avec une extrême
simplicité : aucun signe ne marqua l'emplacement de sa
sépulture, qui nous est demeuré inconnu.240(*)
2.1.3.6 Sa
théologie
Pour Calvin, l'Écriture sainte, et elle seule, doit
fixer la nature de la théologie et de toute institution humaine. Par
conséquent, toutes ses affirmations sur la doctrine étaient
fondées sur les Écritures, même s'il lui arriva souvent de
citer les Pères de l'Église et les grands théologiens du
Moyen Âge. Il souhaitait éviter les discussions
spéculatives sur la nature du divin et mettait au contraire l'accent sur
la parole de Dieu révélée dans la Bible. Il adjura enfin
l'Église de son temps de retrouver la vitalité et la
pureté de ses origines.
Dans l'Institution chrétienne, son ouvrage majeur, il
chercha à réorganiser la théologie biblique sous une forme
compréhensible et selon l'ordre du Credo des apôtres. Les quatre
livres de l'édition définitive (1559) sont organisés
autour des articles intitulés
« Père »,
« Fils », « Saint-Esprit»
et « Église ».241(*)
2.1.3.6.1 La place du
Père dans sa théologie
La connaissance de Dieu est liée à la
connaissance de soi-même. L'aspiration au spirituel est manifeste dans la
conscience humaine et dans le monde. Dieu a créé le monde et l'a
créé bon. Mais depuis la chute, l'humanité n'est parvenue
à la conscience de Dieu qu'en de rares occasions et de façon
incomplète. Livrés à eux-mêmes, les hommes ne
peuvent jamais atteindre à une existence vraiment religieuse,
c'est-à-dire fondée sur la connaissance de Dieu. Cependant, par
la grâce de Dieu, transmise par Jésus-Christ, ainsi que le
rapportent les Évangiles, une claire perception de la
révélation a été donnée à
l'humanité. Tous ceux qui parviennent à la compréhension
de la véritable nature de l'homme- à savoir que les
meilleures actions sont entachées d'imperfections et qu'aucune action
n'est pure -peuvent se repentir et espérer en Dieu le Père
pour leur salut.242(*)
2.1.3.6.2 La place du Fils dans
sa théologie
Le péché originel, hérité
d'Adam et Eve, a établi en chacun une « fabrique
d'idoles ». Tous les hommes méritent la damnation, mais
Jésus-Christ est venu comme prophète, prêtre et roi pour
appeler les élus à la vie éternelle avec Dieu. Le Christ
intercède pour les élus et les appelle à une nouvelle vie
dans l'expiation ; il règne à la droite de Dieu. Calvin
souligna avec insistance la continuité de ses doctrines avec
l'orthodoxie chrétienne des premiers siècles, telle qu'elle
s'exprima dans les conciles de Nicée et de Chalcédoine.243(*)
2.1.3.6.3 La place du
Saint-Esprit dans sa théologie
Le
Saint-Esprit, troisième personne de la Trinité, accorde le
don d'écrire et de lire les Écritures, assiste les croyants dans
leur dévotion et permet la croissance de la foi dans le Christ
(sanctification). Il accorde la foi en la résurrection des morts qui
amènera ceux qui ont été sauvés à la
perfection de l'existence en la présence de Dieu. Le Saint- Esprit offre
la réponse au mystère de la prédestination : toute
assurance d'être choisi par la grâce est accordée par lui
et, de même, la damnation selon la justice de Dieu est liée
à la puissance du Saint- Esprit.244(*)
2.1.3.6.4 La place de
l'Église dans sa théologie
L'Église de Dieu et les sacrements sont
aussi des dons de la grâce de Dieu, en vue de l'édification des
élus et pour le bien de ce monde. L'Église est chargée de
prêcher, de rester à l'écoute de la parole de Dieu et
d'administrer correctement les sacrements. Bien que l'Église
véritable ne soit connue que de Dieu seul, l'Église visible lui
est intimement liée sur cette terre. Pasteurs et responsables de
l'Église doivent essayer de vivre en véritables disciples du
Christ ; cependant, leur autorité ne dépend pas en dernier
ressort de leur droiture.245(*) Les sacrements religieux sont réduits,
conformément à ce qui était mentionné dans les
Évangiles, au baptême et à l'eucharistie, qui doivent
être célébrés comme des mystères auxquels le
Christ était spirituellement présent.
La constitution presbytérienne de l'Église
réformée issue du calvinisme n'admet pas de hiérarchie
ecclésiastique. La théologie de Calvin
exerça une influence considérable sur les protestants
français (voir huguenots) et hollandais, ainsi que sur
l'évolution de l'Église anglicane. Calvin avait mis l'accent sur
la gloire souveraine de Dieu, sur la prédestination des élus, sur
l'autorité des Écritures et sur les formes de la vie
chrétienne, réprouvant en particulier les péchés
d'orgueil et de désobéissance. Chacun de ses aspects a pu
être considéré tour à tour par ses disciples comme
l'élément central de la doctrine calviniste, qui a
continué à évoluer et à s'exprimer à travers
les Églises réformées et presbytériennes.246(*)
2.1.3.6.5 Calvin et le
calvinisme tardif
Sans être aussi radicales que celles de Zwingli
sur le plan doctrinal, les réformes de Calvin surent associer
l'Église et l'État en un régime sévère,
destiné à garantir la rigueur morale et doctrinale des croyants.
Calvin rédigea aussi le premier catéchisme systématique de
théologie protestante, organisa les églises selon un
modèle presbytérien démocratique et fonda des
universités influentes. John Knox s'y forma avant d'introduire le
calvinisme en Écosse où il donna naissance à
l'Église presbytérienne établie. Le calvinisme se
répandit également en France, où ses fidèles
étaient appelés les huguenots, et en Hollande, où il
contribua à l'essor du sentiment national néerlandais face
à l'Espagne catholique occupante.247(*)
2.1.3.6.6 Sa vision de la
musique d'église
La musique d'église mieux la question de la
place du chant dans le culte avait une place de choix dans le coeur de Calvin
comme ce fut le cas avec les deux autres réformateurs. Dans son Livre
III, chapitre XX qui porte sur les considérations diverses sur la
prière, paragraphes 31et 32, Calvin s'exprime clairement sur le chant
à deux niveaux. Il traite, dans un premier temps, du chant quand il est
associé à la parole dans la prière, et dans un
deuxième temps quand il est destiné au culte public. Retenons
pour cette étude, le dernier avis cité de Calvin qui a trait au
chant dans un culte public et nous le citerons abondamment. Par rapport au
chant au culte public, on peut comprendre la vision de Jean Calvin quand il
indique des origines du chanter au culte en ces
termes: « Quant à la façon de chanter dans les
églises, j'en dirai en passant que non seulement elle est fort ancienne,
mais que les Apôtres même en ont usé, comme on le peut
déduire de ces paroles de S. Paul : ` Je chanterai de bouche, et je
chanterai d'intelligence (I Co 14, 15).' De même aux Colossiens :
`...Vous enseignant et exhortant l'un l'autre entre vous par des hymnes,
psaumes et cantiques spirituels, chantant en vos coeurs au Seigneur, avec
grâce (Col 3, 16). Car au premier passage il montre qu'on doit chanter de
coeur et de langue ; au second, il loue les chansons spirituelles, par
lesquelles les fideles s'édifient entre eux. »247(*) Calvin fait remarquer que la
lecture paulinienne du chanter au culte public n'a point été
toujours universel. Car, comme il écrit lui-même, Saint Augustin
pouvait révéler qu' « on commença de
chanter à Milan du temps de Saint Ambroise, lorsque Justine, mère
de l'Empereur Valentinien persécutait les chrétiens, et que la
coutume de chanter vint de là dans les églises
occidentales. »248(*) Il précise avec Saint Augustin
qu' « un peu auparavant, que cette façon était
venue des parties d'Orient, où on en avait toujours usé. Il
démontre aussi au second livre des Rétractations que
l'usage en fut reçu en Afrique de son temps ».249(*)
Il va falloir indiquer que pour ce
réformateur que « si le chant est accommodé à
cette gravité qu'il convient d'avoir devant Dieu et devant ses Anges,
c'est un ornement pour donner plus de grâce et dignité aux
louanges de Dieu, et un bon moyen pour inciter les coeurs et les enflammer
à plus grande ardeur de prier ; mais il se faut toujours donner
garde que les oreilles ne soient plus attentives à l'harmonie du chant,
que les esprits au sens spirituel des paroles. Ce que Saint Augustin confesse
en un autre passage avoir craint, disant qu'il eût désiré
qu'on eût observé partout la façon de chanter qu'avait
Athanase : à savoir, qui ressemble mieux à la lecture
qu'au chant ; mais il ajoute d'autre part, que quand il se souvenait du
fruit et de l'édification qu'il avait reçue en entendant chanter
à l'église, il inclinait plus à la partie contraire, c'est
d'approuver le chant ».250(*) Pour Calvin, les chants et mélodies qui sont
composées au plaisir des oreilles seulement, comme sont tous les
fringots (chanteries) et fredons de la papisterie, et tout ce qu'ils appellent
musique rompue et chose faite et chants à quatre parties, ne conviennent
nullement à la majesté de l'Église, et il ne se peut faire
qu'ils déplaisent grandement à Dieu.251(*)
2.1.4 Schisme anglican
En 1534, le roi Henri VIII
d'Angleterre s'arroge l'autorité ecclésiastique, jusqu'alors
exercée par le pape. L'anglicanisme devient alors la religion
d'État. Dans cette affaire, le souverain a été plus
motivé par la volonté d'obtenir l'annulation de son mariage avec
Catherine d'Aragon que par un appétit de réformes doctrinales.
Aussi maintient-il les principes majeurs du catholicisme
médiéval. Puis, sous les règnes d'Édouard VI
et d'Élisabeth Ire, l'Église anglicane adopte un
symbole (credo) protestant, formulé dans les Trente-neuf
Articles. Le rite anglican et l'organisation de l'Église d'Angleterre
conservent cependant beaucoup des formes du catholicisme ce qui lui vaut
les critiques des dissidents calvinistes, les puritains.
2.1.5 Sectes radicales
Tandis que les luthériens
et les calvinistes organisent leurs Églises, apparaissent de nouveaux
courants protestants plus radicaux. Ils jugent que le protestantisme
établi ne va pas assez loin dans la simplicité du christianisme
biblique. Ils s'attaquent donc, avec une égale violence, aux
Églises protestantes établies et à l'Église
catholique ; ils sont en retour violemment persécutés par
les deux camps. Plusieurs de ces groupes suscitent des
révoltes politiques ou s'attaquent aux églises dont ils
détruisent les images, les vitraux, les statues et les orgues. Presque
tous rejettent le lien entre l'Église et l'État. La plus
significative de ces sectes est celle des anabaptistes, surtout présente
en Allemagne et aux Pays-Bas, jouant un rôle majeur dans la guerre des
Paysans. Ils rejettent le baptême des jeunes enfants et le
réservent aux croyants adultes.252(*)
D'autres courants renoncent à tout usage de
la force : ainsi les mennonites, secte anabaptiste née en Hollande
et en Suisse, tentent de former des communautés pacifistes vivant en
autarcie et fondées sur les principes du Nouveau Testament. Tous ces
groupes influencent fortement le mouvement anglais des quakers, apparu dans les
années 1640. Beaucoup de ces petites sectes, à commencer par
les puritains, fuient la persécution en émigrant vers les
colonies américaines. Plusieurs colonies du Nord sont fondées par
l'une ou l'autre secte, surtout luthériennes, mennonites et
anabaptistes ; en revanche, dans les colonies du Sud, l'Église
anglicane s'impose comme l'Église établie.253(*)
2.1.6 Réactions à
la Réforme
2.1.6.1 Guerre de religion
et scolastique protestante
L'histoire des débuts du
protestantisme fut marquée par des guerres dont les causes furent en
général aussi politiques que religieuses. En Allemagne, les
guerres de religion du XVIe siècle puis la guerre de
Trente Ans au XVIIe siècle dévastèrent et
affaiblirent durablement le pays. En France, huguenots et catholiques se
livrèrent à une guerre sanglante, qui culmina en 1572 avec le
massacre de la Saint-Barthélemy, au cours duquel de nombreux huguenots
furent assassinés à Paris. La paix civile fut rétablie et
la tolérance instaurée à l'égard des huguenots par
le roi Henri IV, qui promulgua l'édit de Nantes en 1598 ; lors
de sa révocation par Louis XIV, en 1685, beaucoup d'entre eux
quittèrent la France. En Angleterre, la guerre civile entre Parlement et
monarchie recouvrait la division entre puritains et anglicans.
Après le traité de Westphalie, qui mit fin
aux guerres de Religion allemandes en 1648, le protestantisme entra dans une
période de consolidation. Une orthodoxie protestante fut
précisément définie et systématiquement
appliquée tout au long du XVIIe siècle : on
a appelé ce mouvement scolastique protestante par analogie avec la
théologie systématique du Moyen Âge. Elle insistait sur
l'autorité sans faille de la Bible et sur une logique
rigoureuse.254(*)
2.1.6.2 Le piétisme
Au cours des années 1670 et en réaction
à l'intellectualisme de l'orthodoxie protestante se développa en
Allemagne un mouvement appelé le piétisme, dirigé par le
pasteur allemand Philipp Jakob Spener. Les fidèles se
réunissaient par petits groupes au domicile de l'un d'entre eux afin d'y
étudier la Bible et de prier. Le piétisme mettait l'accent sur la
conversion personnelle et la simple piété, plus que sur
l'adhésion à des propositions théologiques correctes. Il
se répandit assez largement en Allemagne, en Scandinavie et aux
États-Unis.255(*)
2.1.6.3 Courants
rationalistes
À la fin du XVIIe et au
début du XVIIIe siècle, l'influence de la
pensée scientifique se refléta dans diverses formes de
rationalisme. On vit d'abord apparaître des courants comme
l'arminianisme, qui rejetait la doctrine calviniste de la prédestination
absolue, ou le latitudinarisme, tendance tolérante et antidogmatique
née dans l'Église d'Angleterre au
XVIIe siècle. Le rationalisme introduisit
l'esprit critique dans la théologie et souligna que les croyances
traditionnelles devaient être réétudiées à la
lumière de la raison et de la science. Se préoccupant d'abord de
la cohérence globale des doctrines plutôt que de points
précis de la théologie, il réduisit l'influence des
orthodoxies rigides développées depuis le début du
XVIIe siècle. L'expression achevée du
rationalisme fut le déisme, religion philosophique qui rejetait la
révélation, les miracles et les enseignements dogmatiques de
toutes les Églises.256(*)
D'autres formes de rationalisme
protestant se développèrent au
XVIIIe siècle, par exemple l'unitarisme, né en
Europe au XVIe siècle sous l'appellation de
socinianisme, d'après le nom de l'oncle du réformateur italien
Fausto Socini (1539-1604) dit Socinus, lui-même réformateur.
Après 1689 et l'acte de Tolérance, l'unitarisme put être
prêché en Angleterre puis, au
XVIIIe siècle, dans les colonies américaines
(Nouvelle-Angleterre). Les unitariens refusaient les doctrines de la
Trinité et la divinité de Jésus-Christ,
préférant insister sur son enseignement moral.257(*)
2.1.6.4 Méthodisme
et revitalisme
La réaction antiformaliste, qui
avait suscité le piétisme, se poursuivit de son côté
au cours du XVIIIe siècle. Plusieurs mouvements
populaires se développèrent, qui faisaient directement appel
à l'expérience religieuse émotionnelle.258(*)
En Angleterre, ce mouvement prit la
forme du méthodisme, fondé par John Wesley et Charles Wesley,
deux frères influencés par le piétisme et l'arminianisme.
Au cours de grands rassemblements en plein air à travers toute
l'Angleterre, ils prêchèrent la conversion personnelle et le souci
des plus pauvres. Leur prédication contribua au regain de la ferveur
religieuse dans la classe ouvrière britannique, jusque-là
rebutée par le formalisme hautain de l'Église d'Angleterre.
Désapprouvé officiellement, le méthodisme finit par se
séparer de l'Église anglicane et devint l'une des confessions non
conformistes.259(*)
Dans les colonies américaines,
l'évangéliste anglais George Whitefield entreprit une
tournée de prêches qu'il tenait au cours de grandes
célébrations religieuses en plein air. Il inspira le premier
Grand Réveil (Great Awakering), regain général
d'enthousiasme religieux aux États-Unis.260(*)
2.1.6.5 Le protestantisme
au XIXe siècle
Au cours du XIXe siècle, le
protestantisme s'élargit aux dimensions du monde au prix d'une intense
activité missionnaire. De nouvelles sectes et tendances
théologiques continuèrent à se manifester. Le
théologien le plus influent du siècle fut l'Allemand Friedrich
Schleiermacher, qui présentait la religion comme un sentiment intuitif
de dépendance envers l'Infini (ou Dieu), ce qu'il supposait une
expérience universelle de l'humanité. Cette primauté de
l'expérience sur le dogme fut également affirmée par
l'école théologique du protestantisme libéral. Les
théologiens libéraux soucieux de réconcilier la religion
et la science moderne eurent recours aux techniques historiques et critiques de
l'exégèse biblique afin d'établir la distinction entre la
part historique de la Bible et ce qu'ils considéraient comme des ajouts
mythologiques ou dogmatiques. Retenons261(*) :
2.1.6.5.1
Le mouvement d'Oxford
Le mouvement d'Oxford fut, au
contraire, l'expression d'un courant conservateur au sein de l'Église
d'Angleterre. Il défendit les traditions catholiques et apostoliques de
l'Église. Certains de ses dirigeants, comme John Henry Newman, finirent
même par rallier l'Église catholique. Cependant les
anglo-catholiques, selon le nom qu'on leur a parfois donné,
exercèrent une influence importante sur l'Église anglicane, dans
laquelle ils remirent à la mode le jeûne et les confessions ;
ils y créèrent aussi des communautés
religieuses.262(*)
2.1.6.5.2
Le revitalisme
Le revitalisme continua d'exercer une
certaine influence dans le monde protestant, en particulier aux
États-Unis. De nouveaux groupes revitalistes apparurent, tels les
adventistes dans leur pluralité.263(*)
2.1.6.5.3 Problèmes de
société
Les protestants jouèrent un
rôle important dans plusieurs mouvements humanitaires et
réformistes du XIXe siècle. En Angleterre, des
évangélistes furent à la tête de la contestation qui
aboutit à l'abolition de l'esclavage dans les dominions
britanniques ; aux États-Unis, les évangélistes
menèrent également des campagnes actives contre l'esclavage, ce
qui entraîna des schismes dans plusieurs Églises.
Confrontés à la misère née de la révolution
industrielle, des courants comme le socialisme chrétien ou
l'évangile social tentèrent de provoquer des changements sociaux
fondamentaux au nom des principes chrétiens.264(*)
2.1.6.5.4 Le protestantisme au
XXe siècle
Au XXe siècle, des réactions se
manifestèrent contre le libéralisme théologique. La
première fut le fondamentalisme, mouvement américain issu du
revitalisme qui insistait sur l'absolue infaillibilité de la Bible.
Après la Première Guerre mondiale, l'évangélisme,
forme modérée du fondamentalisme, devint un courant important du
protestantisme américain.265(*)
La seconde fut une théologie de crise ou
néo-orthodoxie, qui apparut comme une réponse aux souffrances de
la Première Guerre mondiale : elle est associée au
théologien suisse Karl Barth qui réaffirma le caractère
coupable de l'humanité, la transcendance absolue de Dieu et la
dépendance de l'Homme à l'égard de Dieu, toutes doctrines
essentielles de la Réforme. En revanche et contrairement aux
fondamentalistes, Barth acceptait les résultats de l'érudition
biblique moderne. Le mouvement oecuménique représenta
un autre apport important du XXe siècle et suscita
l'apparition de nouvelles confessions protestantes à travers le
monde ; il amena la fondation du Conseil oecuménique des
Églises en 1948. Les protestants y entamèrent un dialogue avec
les Églises catholique et orthodoxe ainsi qu'avec des religions non
chrétiennes.266(*)
Le protestantisme a conservé
son caractère dynamique. Beaucoup de changements sont intervenus durant
et depuis les années 1960, en particulier pour attirer les jeunes au
culte. Les questions de l'ordination des femmes, de la modernisation du langage
liturgique, de la fusion avec d'autres Églises ainsi que l'inusable
problème de l'interprétation de la Bible et de sa relation avec
la vérité scientifique ont divisé bien des Églises.
Mais les caractéristiques des premiers protestants, la volonté de
remettre en question les idées reçues, de protester contre les
excès et de défier les autorités établies, ont
été conservées, pour l'essentiel, dans le protestantisme
du XXe siècle, qui continue à exercer une
influence profonde sur la culture et la société
contemporaines.267(*)
Après ce survol sur le protestantisme,
revenons au culte protestant pour examiner sa quiddité et relever ses
caractéristiques identitaires. On sait que l'organisation du culte fut
un des objets importants de la Réforme. Car il fallait quitter la
complexité de la messe catholique pour la simplicité du service
en favorisant la pratique des offices en langues locales et l'introduction du
chant d'hymnes par l'assistance.
2.2 Culte protestant :
Quiddité et caractéristiques identitaires
Depuis le temps de la Réforme, le protestantisme
cherchait et plus tard avait trouvé une particularité identitaire
dans l'organisation du culte. On pouvait d'emblée faire la
différence entre ce courant du christianisme et d'autres courants
religieux. Le protestantisme avait sa nature, sa forme de vie, son ethos, son
éthique, son style de culte, son identité hymnologique, sa
manière de s'habiller, spécialement ses clergés, etc. Le
protestantisme était toute une identité existentielle. Quelle
conception avoir du protestant et du culte protestantisme aujourd'hui et de
manière particulière dans cette étude par rapport aux
chants de recueils? Ne faudra-il pas nous interroger tout en orientant vers les
sources qui parlent de ce mouvement et aussi éveiller l'esprit critique
de protestants du Congo pour qu'ils réfléchissent sur ce que doit
être le contenu à donner à leur identité cultuelle
dans l'univers du Christianisme ?
De manière claire, une question peut se
poser en ces termes : quid, le culte protestant et comment se
présente-t-il aujourd'hui dans le protestantisme au Congo ? Peut-on
parler du culte protestant congolais ? Cette question soulève deux
préalables qu'il nous faudra élucider : Qu'est-ce que c'est
le culte protestant ou qu'est-ce qu'un protestant, en
général, peut bien saisir de la quiddité de son
culte ? Il convient d'avouer que nous ne pouvons trouver des
réponses toutes faites à ces questions. Toutefois, les travaux de
Laurent Gagnebin, Hubert Bost et Jean Baubérot nous seront d'un appui
référentiel. Mais pour ce qui est des questions ayant trait
à la particularité du protestantisme congolais, les travaux de
N'Kwim Bibi- Bikan seront comme une banque des données pour cette
étude dans sa deuxième partie.
Essayons d'aborder cette question, et examiner ses contours
dans cette partie de notre étude, qui à ce stade nous exige une
meilleure compréhension du thème.
2.2.1 Compréhension du
thème
Pour mieux comprendre le sens et la signification du
thème de ce point, il est indispensable de donner une explication de ces
deux termes clés, car, ils sont constitutifs de cette étude. Nous
parlerons, en effet, et successivement, du "culte" et de sa
particularité indiquée par l'épithète
"protestant".
2.2.1.1 Ce qu'on entend par
le culte
Allons-nous définir le culte ? Disons
que la quête ici ne vise point les connaissances encyclopédiques
de ce qu'on entend par le culte que l'on étudie. Elle veut simplement
savoir ce qu'est le culte du point de vue conceptuel : dire comment il est
compris au cours de temps. Ainsi, le mot culte sera vu dans sa
compréhension religieuse en général et dans le monde
biblique en particulier pour ce qui concerne cette recherche. C'est le premier
temps. Sa compréhension collée à l'adjectif protestant qui
sera examiné selon les quelques théologiens choisis au point
suivant, sera le deuxième temps.
Le mot culte, comme le dit le Petit Robert268(*), vient du latin
cultus, participe passé du verbe colere qui signifie
« adorer ». En général, le mot culte peut se
comprendre en plusieurs sens. Retenons les quelques principaux sens que nous
propose le Petit Robert.
1. Le culte peut être compris comme hommage religieux
rendu à une divinité, un saint personnage, ou un objet
déifié. En ce sens, on y compte le culte de Dieu, des saints
(culte de latrie et de dulie) chez les catholiques ou encore le culte
du démon, culte de la Raison, de l'Etre suprême269(*).
2. Il peut aussi être compris comme un ensemble des
pratiques réglées par une religion, pour rendre hommage à
la divinité ou à des divinités. Dans ce sens, il se fait
par une liturgie ou un office, un rite ou un service. On y rencontre des divers
officiels comme de rabbin, clergé, curé, évêque,
prêtre, ministre du culte, imam, bonze, brahmane, lama, lévite,
mage, muezzin, mufti, pasteur, pontife, pape, prélat voire sorcier... Il
a lieu dans des édifices consacré au culte comme chapelle,
église, mosquée, oratoire, sanctuaire, synagogue, temple. Il peut
être, dans la liberté confessionnelle, selon ses instruments ou
ses cérémonies particuliers par exemple un culte catholique,
protestant, musulman pour ne citer que celles là270(*).
3. Il est généralement compris comme une
particularité protestante : service religieux protestant271(*). C'est ici qu'un office
religieux constitué d'une liturgie préalablement
élaborée et d'un commentaire des Écritures où les
psaumes sont chantés pendant le culte. De ce fait, il est employé
seul en français et il désigne « culte
protestant ».
4. Il a un rapport très étroit avec les
confessions religieuses272(*).
5. Comme figure, il traduit le sens de l'admiration
mêlée de vénérations, que l'on avoue à
quelqu'un ou à quelque chose. Ici, on a affaire à l'adoration,
à l'amour, attachement, dévouement, vénération
où l'on voue un culte à quelqu'un, culte de personnalité
ou à l'argent pour un culte de l'argent273(*).
Eu égard à ces différentes
compréhensions du concept culte, nous pouvons dès lors comprendre
que le culte est l'un des principaux objets matériels de toute religion.
Tout dans ce domaine semble tourner autour du culte. Le culte, depuis les temps
immémoriaux, est présent, bien plus, est au coeur de toute
religiosité. Il tient sans doute une place importante dans la vie des
humains dans leurs cérémonies religieuses de tous les jours,
où les hymnes sont chantées (par le principal officiant ou non et
soutenues par les voix de l'assemblée ou non). Mais aussi, depuis
toujours, on sait que le culte comme célébration collective ou
individuelle des humains dans leurs vies de chaque jour, est un moment d'une
attitude particulière dans les relations avec Dieu. Dans cette
communication, l'humain religieux, généralement, avoue ses
limites devant la grandeur de la divinité en face de lui. Il a attend
tout de celui qui est supérieur à lui et qui peut tout pour lui
dans sa vie sur terre. C'est cela, la modeste compréhension que nous
nous faisons généralement du culte dans le monde religieux.
Avant de chercher et trouver le sens du culte
à saisir par rapport au protestantisme, de manière
spéciale, à comparer aux compréhensions retenues dans les
pages précédentes, explorons la compréhension du monde
biblique réservée à ce concept de culte.
Dans la plupart des versions de Bibles, le culte
n'apparait que quelques deux fois dans l'Ancien Testament274(*). Quand il est
évoqué pour le culte que le peuple devrait rendre à
l'Eternel après être entré en Canaan (Ex 13, 5), c'est la
première fois. Quand il est évoqué pour prévenir
les enfants d'Israël contre les faux cultes adressés aux corps
célestes (Dt 4, 19). Les auteurs sont unanimes pour affirmer que
l'expression « servir (Dieu ou l'Eternel) dans la version
Colombe, est parfois traduit par « rendre un
culte » (Ex 3, 12 ; Dt 6, 13 ; 10, 20 ; 13,
5 ; etc.). Le Nouveau Testament, fait usage de ce concept du culte quand
on l'applique soit au culte juif (Rm 9, 4 ; He 8, 5 ; 9, 1 ; 9,
21 ; 10, 2), soit à des cultes idolâtres (Ac 7, 42 ; Col
2, 18) ou imaginés par l'homme (Jn 16, 2 ; Col 2, 23) soit à
une attitude intérieure du chrétien devant Dieu (Rm 12,
1 ; Ph 3, 3 ; He 12, 28). Il ne se rapporte donc jamais à ce
que nous appelons habituellement le culte chrétien. Le concept de culte
en grec dans la plupart des passages est rendu par latreia du verbe
latreuo qui signifie servir, rendre hommage, adorer275(*).
Dès le début de l'humanité,
les hommes n'ont pas manqué à exprimer leur reconnaissance et
leur vénération à Dieu par des sacrifices (Gn 4, 4 ;
8, 20 ; 35, 14) en invoquant son nom (Gn 4, 26 ; 12, 8). Au
Sinaï, Dieu a codifié la manière de lui rendre un culte qui
lui soit agréable. Au tabernacle et au Temple le culte comportait la
lecture de la Loi (Ex 24, 7- 8), les divers sacrifices (Lv 1 -7 ; Dt 12, 5
-7), la récitation du credo (Nb 15, 37 - 41 ; Dt 6, 4-9 ; 11,
13-21), des prières (1R 8, 22 -53 ; 2 Chr 20, 5 -12 ; 30, 18 -
20), l'offrande de parfum, plus tard : le chant des Psaumes par les
Lévites (1 Chr 16, 42 ; 2 Chr 5, 12 -13 ; Ps 81, 7 ; 150,
4). A la fin, le prêtre prononçait la bénédiction
(Nb 6, 24 - 26).276(*)
La vie des Israélites, en
famille et en communauté, on le sait, avait des liens
inséparables avec culte qui englobait toute leur quotidienneté.
On peut s'en rendre compte quand on passe en revue leurs journées
spéciales telles que la Bible les rapporte dans le livre des Nombres.
C'est le cas de sabbat (Nb 28, 3- 8), les nouvelles lunes (v. 11 -15), les
fêtes (25, 1-7) et jubilaires (v. 8 -19). C'est ici que les prêtres
et les Lévites étaient les médiateurs obligatoires d'un
culte valable, mais lors des fêtes toute la communauté
d'Israël y participait (Dt 16, 16 ; Lc 2, 41 -42) par la louange (Ps
93 ; 95- 100) et des prières (Ps 60 ; 79 ; 80) pour
exprimer sa gratitude envers Dieu (Dt 11, 13). Le culte était toujours
communautaire (1Chr 29, 20 ; Ps 42, 5) sauf en cas de rares exceptions (Ex
33, 9 - 34, 8). 277(*)
Dans la synagogue, contrairement en famille, le culte
était centré autour de la lecture et de l'explication des
Écritures (Lc 4, 15 -27). Généralement, le pupitre de
lecture occupait le centre du bâtiment). On y joignit des prières,
la récitation du credo, le chant des Psaumes et la
bénédiction d'Aaron (Nb 6, 24-26). Ce qui est presque particulier
à relever dans l'organisation ici est que le culte était
assuré par les laïcs. 278(*) C'est ainsi que les premiers chrétiens ont
repris les éléments essentiels du culte synagogal en y ajoutant
le repas du Seigneur. Ils participaient au culte du Temple (Ac 2, 46 ; 3,
1 ; 5, 42 ; 21, 26 ; 24, 17 -18) mais prenaient la Cène
dans les maisons (Ac 2, 42- 46) et priaient ensemble (Ac 4, 31 ; 12, 12).
Le culte chrétien était caractérisé par la
liberté (1 Co 14, 26 ; 2 Co 3, 17) et l'ordre (1 Co 14, 32 - 33).
Il comprenait des prières compréhensibles et en langues (1 Co 14,
14-15), le chant de Psaumes d'hymnes et de cantiques spirituels (Ep 5,
19 ; Col 3, 16), la lecture des Ecritures (1Tm 4, 13) et des lettres
d'apôtres (Ac 15, 30 -31 ; Col 4, 16 ; 1Th 5, 27) et des
paroles d'enseignements d'exhortation et d'édification (Ac 17, 2 ;
18, 28 ; Rm 15, 4 ; 1 Co 14, 26 ; 1 Tm 3, 16)279(*).
Nous venons, dans les lignes qui
précédent, de relever ce que nous pouvons appeler la concomitance
du culte avec les sacrifices dans la vie des humains. Le concept du culte dans
le monde biblique est omniprésent. On peut le remarquer par rapport
à la vie communautaire des Israélites sur le chemin vers la terre
promise, ou par rapport à la synagogue à Jérusalem d'une
part, et même pour les premiers chrétiens qui ont pu incorporer
les éléments essentiels du culte synagogal pendant les moments de
dévotions dans leurs maisons, d'autre part. En somme, nous pouvons nous
permettre d'affirmer que depuis toujours l'humanité, prise dans sa
généralité, n'est pas étrangère à la
notion de la religion ni du culte. Car Aristote ne disait-il pas que l'homme
était aussi un animal religieux ?
Revenons à la question fondamentale qui se
posait par rapport à la quiddité du culte protestant.
L'idée qui est derrière cette question est celle de savoir dire
comment se présente aujourd'hui le culte protestant dans l'entendement
du protestantisme au Congo. Dans les lignes qui précédent,
en effet, nous avions reconnu que cette question soulevait deux
préalables qu'il nous faudra élucider bien que nous ne
pouvions pas trouver des réponses toutes faites à ces questions :
qu'est-ce que c'est le culte protestant ou encore qu'est-ce qu'un
protestant, en général, peut bien saisir de la quiddité de
son culte ? Essayons d'aborder cette question avec les quelques
théologiens choisis dont Laurent Gagnebin, Hubert Bost et Jean
Baubérot.
2.2.1.2 Quiddité du
culte protestant
On sait que la question de la quiddité du
protestantisme dans son essence est la plus grande interrogation à
laquelle se soumettait Laurent Gagnebin280(*) en 1997. Il abordait cette question après
d'autres questionnements aussi très importants par rapport à
l'être et l'ethos de l'esprit protestant qui devrait se
comprendre, par les protestants eux-mêmes, en vue d'accepter une autre
logique. C'est de celle qui insiste sur la différence
considérable entre la divinité telle que nous nous la
représentons par nous-même et Dieu tel qu'il se
révèle à nous en Jésus et à travers le
témoignage biblique. Car Dieu est à la fois attendu et inattendu.
Ainsi, notre savoir sur Dieu est purement et simplement un savoir qui ne sait
pas. C'est le premier temps. Aussi les questionnements par rapport au
culte protestant qui devrait aussi se comprendre, se préparer
et se faire avec un esprit de responsabilité partagée. C'est le
deuxième temps. Retenons arbitrairement deux de ses études:
Le protestantisme : ce qu'il est, ce qu'il n'est pas et Le
culte à choeur ouvert. Introduction à la liturgie du culte
réformé. Dans cette partie de notre étude, nous
allons nous servir des éléments essentiels de
l'être protestant rassemblés dans son ouvrage Le
Protestantisme, un exposé pour comprendre, un essai pour
réfléchir qu'il met à notre disposition. Deux
chapitres clés constituent l'essentiel de cet ouvrage. Le premier
définit l'essence du protestantisme et la logique propre à sa
pensée. Le second présente la manière d'être du
protestantisme.281(*)
Pour Laurent Gagnebin, comme il le dit
lui-même, parmi les quatre principales confessions qui forment le
christianisme, en l'occurrence le catholicisme, l'orthodoxie, le protestantisme
et l'anglicanisme, le protestantisme a un rôle à jouer, une place
et des caractéristiques spécifiques. Bien qu'il se soit
constitué depuis le XVIe siècle dans une opposition au
catholicisme, le protestantisme aujourd'hui, devrait, en principe, dans le
cadre d'un débat largement ouvert, parler mieux oeuvrer pour la
complémentarité avec le catholicisme pourquoi pas avec toutes les
confessions du christianisme. Ce faisant, pense-t-il, le principe du
« à Dieu seul la gloire » aura
marqué tout le protestantisme au lieu de continuer à
dépeindre toutes les réalités historiques282(*).
Nous comprendrons que, pour Gagnebin, le
protestantisme au singulier, face et aux côtés des trois autres
principales confessions qui forment le christianisme, ne semble pas cesser de
glisser vers le radicalisme de positions théoriques et pratiques. C'est
ce qui fait qu'en face de lui (le protestantisme, au singulier), nous
retrouvons des protestantismes dans leurs nombreuses facettes et formes, tant
historiques qu'institutionnelles à défendre ou à se
défendre au lieu de toujours continuer à chercher à
plonger dans les eaux profondes de la compréhension de l'esprit et de
manière d'être du protestantisme. Il fait plutôt preuve d'un
esprit d'ouverture à la neutralité qui concilie282(*). Les éléments
essentiels et capables de nous aider à décrire le contenu de ce
qu'on peut appeler « culte protestant », à
partir des écrits de Laurent Gagnebin, nous les puiserons dans son
premier chapitre qui traite de l'essence du protestantisme, spécialement
son troisième sous- titre qui porte sur l'Église. Ce sous-titre
explore les thèmes suivants : Église (du protestantisme)
comme événement et institution, Église dans le culte
(protestant), Église visible et invisible, Église vers une
autocritique283(*).
Pour le premier thème, l'auteur rapproche l'être de
l'Église à un événement qui précède
l'institution Église. C'est la Parole de Dieu, de l'Évangile qui
seul soit l'événement capable de faire exister l'Église
institution. Il le dit mieux en ces termes : L'Église est avant
tout un appel que Dieu adresse aux hommes et qui les rassemble, un
événement de sa seule grâce. De même que la foi est
un mouvement de Dieu vers nous avant d'être celui de l'homme vers Dieu.
L'Église est bien une convocation de Dieu adressée aux hommes
avant d'être une institution humaine et une communauté.
L'Église n'existe pas en dehors de cette relation ainsi
comprise284(*). Le
culte, comme célébration religieuse correspondant à un
besoin humain de se concilier les faveurs de Dieu par des paroles et de rites,
devrait se comprendre comme l'initiative de Dieu lui-même qui est le
premier acteur du culte, il en est le maitre et le Seigneur. C'est lui qui
lance l'appel par sa Parole, et la prière humaine en est une
réponse. Ainsi, tout culte protestant et tout le culte protestant,
insiste l'auteur, n'a d'autre but que de remercier Dieu et le louer pour sa
grâce en prenant acte d'un total renoncement à nous
prévaloir de quoi que ce soit devant lui285(*). C'est le deuxième
thème exploré par l'auteur. Nous y reviendrons. L'Église
et les églises, affirme l'auteur, ont par leurs cultes, leurs
communautés, leurs institutions, leur histoire, un caractère
visible. Toutefois, cette visibilité ne peut se manifester que par la
voie de la mise en pratique d'un amour du prochain qui réponde à
l'événement du Dieu d'amour manifesté en Jésus.
Parce qu'elles sont visibles, elles ont une grandeur multiple, humaine,
relative et faillible286(*). Pour l'auteur, seul Dieu sonde les coeurs et
connaît la véritable Église. Car l'Église, dans sa
réalité profonde, nous échappe et ne dépend pas de
nous, puisqu'elle est un événement de Dieu287(*). C'est le troisième
thème exploré. Le dernier thème traite de l'ouverture
toujours exigeant vers une autocritique permanente dans l'agir quotidien du
protestantisme. L'idée qui se dégage ici, si l'on comprend bien
l'auteur, c'est la quête permanente du dégonflement du complexe
de supériorité qui anime, parfois trop, l'âme du
protestantisme. Car, comme le fait remarquer l'auteur, le protestantisme est
facilement enclin à critiquer les autres confessions chrétiennes
en oubliant ainsi lui-même de pratiquer une perpétuelle et
exigeante autocritique et en se rappelant les chemins difficiles d'une
Église toujours à réformer288(*).
Après ce tour d'horizon sur l'essentiel du
troisième point de l'Église dans le premier chapitre de l'ouvrage
de Laurent Gagnebin qui porte sur l'essence du protestantisme, revenons au
culte protestant pour tenter d'en dégager le contenu. Indiquons que le
dégagement du contenu du culte protestant que nous nous proposons
d'entreprendre prendra en compte l'apport de Jean Baubérot et de Hubert
Bost par rapport à leur ouvrage commun sur le protestantisme.
2.2.1.3 Traits
caractéristiques du culte protestant
L'essence du protestantisme, on le sait, se fonde
sur ce que Paul Tillich appelle le « principe
protestant ». Ce principe constitue le fondement même du
mouvement de la Réforme. Les grandes affirmations exclusives de la
Réforme y sont énoncées. Selon ces affirmations, tout
procède de la grâce de Dieu (Soli Deo gracia), tout pour
sa seule gloire (Sola Deo gloria) et celle de son fils (Solus
Christus), tout selon la seule autorité des Saintes Ecritures
(Sola scriptura), et enfin le salut uniquement par la seule foi
(Sola fide) ?289(*) Nous y reviendrons. On comprend dès lors
qu'à la Réforme, ce principe s'opposait énergiquement
à toute prétention humaine ou institutionnelle de tendance
à s'ériger en médiateur dans la foi, mieux se lève
contre tout projet qui chercherait à attribuer à tout être
humain même une infime portion, soit-elle, de la gloire qui doit revenir
uniquement à Dieu et à Christ. Aussi, s'érige-t-elle en un
mur contre l'autorité de la Tradition, des institutions, des
décisions humaines de chefs ecclésiastiques ; elle se
lève contre toute théologie de nature à faire
considérer que les oeuvres humaines contribueraient à l'obtention
du salut que Dieu nous donne en Jésus Christ, etc.290(*) C'est pour affirmer que la
grâce de Dieu est la seule source de ce que l'homme est, de ce qu'il
espère, de ce qu'il possède, bref de la totalité de son
existence. Et la gloire qui doit impérativement revenir à Dieu,
son créateur et à Christ son sauveur est la mesure mais aussi la
finalité de toute entreprise, y compris celle du culte.
A la lumière de ce principe
fondamental protestant, les lignes qui suivent tenteront d'analyser mieux
de dégager les traits caractéristiques du culte protestant. Nous
ferons en examinant les éléments ci-après : son but,
son élément central, la question de la gloire qui doit revenir
à Dieu seul. Dans cette démarche, notre intention n'est pas de
reproduire toute la doctrine protestante sur le culte - car elle peut aussi
être plurielle- mais plutôt essayer d'offrir au lecteur une
idée essentielle pouvant conduire à une autocritique face aux
certains abus ou déviations qui se constateraient dans le domaine
cultuel.
2.2.1.4 Le culte
protestant et son but
En 1945, Freddy Dürrleman avait écrit un ouvrage
sur l'Initiation protestante, où il parlait aussi de la
compréhension du culte pour les protestants. Selon lui, le culte que
tout chrétien protestant célèbre peut se retrouver dans
une de ces catégories, à savoir : culte personnel ou
individuel, de ce fait, il peut être privé. C'est la
première catégorie. Le culte familial pour les membres de la
famille comme au temps des enfants d'Israël et même au temps des
premiers chrétiens. C'est la deuxième catégorie. Enfin,
le culte public qui est souvent un culte dominical ou celui des autres jours de
fêtes et du rendez-vous291(*). Le temple, cadre où se passe le culte public
dominical, est un lieu sacré dédié à Dieu seul,
lieu de l'emplacement du trône et de la gloire de Dieu, lieu où il
vient à la rencontre de son peuple (Ez 43, 1-7).
Il faut dire qu'en principe tout culte protestant n'a autre
but que cette rencontre avec Dieu, la satisfaction de la soif d'être
devant lui, de l'adorer et l'adorer lui seul comme le réclamait Roland
de Pury à la suite de Shema Israël .292(*) Le culte est ainsi le lieu
et le moment propice de l'édification du chrétien qu'il doit
rendre tel qu'il doit être, par le contact avec la source même de
la vie véritable, c'est-à-dire avec Dieu et
Jésus-Christ293(*). Comme pouvait le dire Martin Luther, le but qu'on
assigne aussi au culte est celui de mettre également le chrétien
en contact avec la Parole de Dieu et l'édifier par le partage de l'amour
avec les frères et soeurs dans la foi. Et il est important de noter que
« le culte n'est pas une oeuvre humaine accomplie dans le but de se
réconcilier avec Dieu, mais un service que Dieu rend aux hommes :
il se propose et se donne à ceux qui veulent le
recevoir »294(*). En d'autres termes, le culte, dans l'entendement du
Protestantisme, ne doit être ni l'occasion « de se concilier
les faveurs de Dieu », ni le moyen de
« l'apaiser » et « l'apprivoiser » en
vue de « disposer sa transcendance et l'approcher sans
risque ».295(*) En réalité, le culte a lieu, non pas
parce que les hommes et les femmes se sont décidés les premiers
de venir à la rencontre de Dieu, mais plutôt parce que Dieu, dans
sa grâce insondable, les a appelés le premier. Les hommes et les
femmes ne font que répondre à cette invitation. C'est alors que
le moment cultuel devient à juste titre « une manifestation et
une proclamation communautaire, louant le caractère absolu de la
grâce »296(*). Loin d'être « une oeuvre
obligatoire et salutaire », Gagnebin peut renchérir que le
culte est « un acte libre de reconnaissance », de
remerciement et de louange pour la grâce dont Dieu nous fait
bénéficiaires297(*). Le temps du culte protestant est donc celui d'un
renoncement total de l'être humain qui n'a vraiment rien de se
prévaloir devant Dieu.298(*) Gagnebin l'indique clairement quand par rapport au
but assigné au culte protestant il évoque les notions de
« tout culte protestant » et celle de
« tout le culte protestant ». Pour lui, toutes
ces deux notions n'ont d'autres buts que celui de remercier Dieu et de le louer
pour sa grâce en prenant acte d'un total renoncement à tout homme
de se prévaloir de quoi que ce soit devant Dieu. Ainsi, l'expression
« Tout le culte protestant » fait allusion
à chaque rencontre de prière des protestants, tandis que celle de
« tout le culte protestant » vise tout le
déroulement de culte protestant dans son contenu que sont
généralement la prière, l'adoration au moyen des chants,
hymnes, psaumes et cantiques, la lecture et la méditation de la Bible.
C'est pour cela Dürrleman peut encore dire que tous ces
éléments évoqués sont autant
d'éléments qui concourent à la réalisation de ce
but.299(*)
2.2.1.5 Quid,
l'élément central du culte protestant ?
Si, pour les catholiques romains, le
centre de la messe est le moment de l'eucharistie, chez les protestants,
l'élément central du culte est la Parole de Dieu300(*) qui à travers toute
la liturgie passe par des chants et cantiques, des lectures bibliques, de la
méditation, la prédication et des prières.
La Bible est dans le culte protestant, l'unique
autorité en matière de la foi. Elle n'est pas un livre contenant
les écrits de Jésus, mais elle est plutôt le livre qui
contient ses paroles, et à travers elles, celle de Dieu.301(*) Cette parole ne doit jamais
souffrir de mélange avec les additions humaines. A elle également
rien ne peut être retranché par qui que ce soit. La confession de
la Rochelle, citée par Roland de Pury, dans son Article 5, peut encore
nous éclairer en ces termes : « Parce que l'Ecriture
est la règle de toute vérité, contenant tout ce qui est
nécessaire pour le service de Dieu et pour notre salut, il n'est pas
loisible aux hommes ni même aux anges d'en ajouter, diminuer ou changer.
D'où il sait que ni l'antiquité, ni les coutumes, ni la
multitude, ni la sagesse humaine, ni les jugements, ni les arrêts, ni les
édits, ni les décrets, ni les conciles, ni les visions, ni les
miracles ne doivent être opposés à cette Ecriture, mais au
contraire toutes choses doivent être examinées,
réglées et reformées selon elle »302(*).
Lors du tout le culte protestant, le moment de la
prédication est crucial, étant donné que l'Évangile
de grâce et de vie est puissamment annoncé au peuple de Dieu par
Dieu lui-même qui s'utilise pour la cause le prédicateur comme
simplement instrument. Outre la proclamation de la Parole, les temps de
recueillement et de méditations intérieures sont de grande
importance pour que les chrétiens qui participent au culte,
élèvent leurs âmes vers Dieu, entrent en dialogue avec lui,
dans le silence et dans l'intimité. Cela montre que la vivacité
du culte ne signifie pas nécessairement les bruits et les extases, mais
plutôt la communion avec Dieu. Pendant le moment central du culte, la
tradition, les témoignages, les contes, les proverbes, les exemples de
la vie quotidienne, etc. peuvent bien faciliter l'interprétation, la
communication et la compréhension de la Parole de Dieu, mais jamais la
remplacer.
En un sens, dans un culte protestant l'important n'est pas la
belle voix et l'éloquence de l'officiant ou du prédicateur, ni
les mélodies des chorales, ni l'animation, ni l'offrande, etc. mais en
revanche l'écoute de la Parole de celui qui convie à son
rendez-vous, qui donne un appel auquel les humains devront répondre de
façon à lui rendre gloire, louange et gratitude.
2.2.1.6 Le culte comme lieu
et moment de rendre gloire à Dieu seul
En 1954, Louis Bouyer dans son ouvrage Du Protestantisme
à l'Église affirmait ce qui suit : « Dieu
est tout, fait tout et mérite toute gloire. C'est bien lui qui a dit que
jamais sa gloire peut être cédée à aucun autre,
fut-ce ange ou quelqu'un parmi les humains »303(*) A la suite de Bouyer,
Laurent Gagnebin peut encore attirer l'attention des protestants quand il
écrit : « C'est à ce Dieu unique et
éternel que le culte protestant est adressé, par la seule
médiation de Jésus-Christ, et en s'appuyant sur la seule
autorité de l'Évangile. Pendant tout culte et tout le culte, le
règne et la gloire reviennent unilatéralement à Dieu et
à son fils. Rien de ce qui est digne de lui ne peut faire l'objet de
partage ou de concurrence avec l'homme, qui qu'il soit. Tout dans le culte
protestant doit aboutir à ceci : A Dieu seul la
gloire »304(*). Ainsi, les cris de joie, les applaudissements, les
libéralités ou offrandes, les prières, les chants qui
remplissent nos temples ne peuvent qu'être adressés et
orientés vers Dieu seul. C'est devant lui que le Chrétien peut se
prosterner et se présenter, et non pas devant les saints, le Pasteur ou
le chef de l'Église. Et personne, de l'intérieur de
l'Église ou du monde politique, quelques soient son rang et son pouvoir,
ne peut se faire adorer, glorifier, louer, gratifier au même titre que
Dieu, dans son lieu saint.
Faut-il encore faire remarquer que le culte qui est
totalement dédié à Dieu dans l'essence du protestantisme
ne doit pas être réduit en une occasion de prévaloir les
mérites des hommes, de publicités et de campagnes politiques,
d'usage et de domination de pouvoir temporel. Il est donc inapproprié
qu'un culte soit momentanément interrompu pour saluer l'entrée
fut-elle triomphale d'une autorité politique ou
ecclésiastique, ou encore que le culte soit interdit, ou
conditionné par des motifs politiques. Retenons. Au culte tous sont
égaux devant Dieu. Les hautes autorités de l'Église
d'en haut comme le peuple de l'Église d'en bas, tous
sont tenus à s'humilier devant Dieu et unir leurs voix pour lui adresser
la louange. Que le prédicateur prêche avec onction et inspiration,
que les chantres chantent aux langues des anges, que les autorités
politico-administratives ou ecclésiastiques participent dans le culte,
etc. C'est toujours à Dieu seul que revient toute gloire.
La compréhension protestante du culte comme
lieu et moment de gloire à Dieu seul, fait prévenir tout
glissement vers l'idolâtrie. Car glorifier les hommes et les femmes dans
le culte, y louer leurs oeuvres et leurs mérites, n'est autre chose que
de l'idolâtrie. Le Protestantisme, à la suite de peuple
d'Israël, a toujours soutenu que Dieu seul est Dieu, et que c'est à
lui seul qu'appartiennent l'adoration et la gloire, en tout lieu et en toute
circonstance, de la part de toutes ses créatures (Ap 19, 10 ; Ac.
14, 13-15 ; 10, 26).
Pour clore ce point sur le culte protestant, il faut se le
répéter. Le Protestantisme par rapport au culte se comprendrait
et se démarquerait toujours si par sa manière de concevoir et de
vivre le culte, lieu et le moment où le chrétien répond
à l'appel initial de Dieu et entre en contact avec sa Parole, lieu
où tout doit être fait pour la seule gloire de Dieu et du Christ,
le Protestantisme demeure lié aux prescrits du « principe
protestant ».
2.3 Grands traits
caractéristiques de l'identité protestante
Depuis 2000, Jean
Baubérot et Hubert Bost, dans les dossiers de l'encyclopédie du
protestantisme, ont mis à notre disposition un ouvrage imposant de trois
chapitres avec annexes sur le protestantisme. C'est de leur ouvrage
Protestantisme305(*) que nous faisons allusion. Pour ces deux
auteurs, représentants protestants français, le protestantisme
devra se comprendre comme est une famille théologique, spirituelle et
éthique du christianisme, issue de la Réforme du XVIe
siècle. De ce fait, il n'est pas lui-même une Église, mais
un ensemble d'Églises dont les positions ne sont pas toujours communes.
Comme on peut le constater, Hubert Bost dans cet ouvrage, pose quelques jalons
qui permettent de comprendre l'évolution du protestantisme dans
l'histoire. Il tient à le faire avant de discuter la pertinente des
principes protestants de base qui se sont définis par opposition au
catholicisme du XVIe siècle. Il s'agit des Cinq
« seuls » qui devraient toujours éclairer
la marche de l'Église. Hubert Bost le fait dans les deux premiers
chapitres. Jean Baubérot, à son tour, développe une
approche socio-historique visant à comparer le protestantisme à
d'autres phénomènes religieux à partir notamment de la
notion de révélations, sa clôture, son prolongement, sa
reprise critique, etc.
Il va falloir, dans les lignes qui suivent, parler de
grands traits caractéristiques de l'identité protestante. Or le
protestantisme aujourd'hui n'est plus celui du XVIe siècle. Car bien
qu'étant une famille théologique, spirituelle et éthique
du christianisme, issue de la Réforme, comme le soutient Host et
Baubérot, le protestantisme est aujourd'hui beaucoup plus pluriel. On
remarquera, dès l'introduction de leur ouvrage, que Hubert Bost semble
soulever, entre les lignes, cette préoccupation306(*). C'est comme si l'on
voudrait s'interroger par rapport à la quête
d'éléments d'intersection entre les courants. Si, le
qualificatif « protestant » qui avait
été, dans un premier temps, péjorativement utilisé
par les adversaires de la Réforme, et qu'aujourd'hui il se trouve
être la plate- forme de l'ensemble des multiples courants composant cette
famille, ne doit-on pas chercher et trouver les grands traits qui les
unissent ? Le fait de reconnaitre que ces courants ne forment pas une
(seule et même) Église en soi, mais un ensemble d'Églises
qui ne sont pas toutes en communion les unes des autres, aussi que la grande la
diversité théologique, culturelle et historique des tendances qui
s'expriment dans cette famille n'exclut pas, à notre sens, l'ouverture
à la trouvaille de traits communs. Ces traits communs, on le sait,
convergent dans la notion en histoire de la théologie, l'essence, la
manière d'être, les confessions, les principes fondamentaux et sur
les pionniers communs du protestantisme.
2.3.1 Sa notion en histoire de
la théologie
Evoquer le protestantisme, dans sa
notion en histoire de la théologie, ne peut se comprendre de
manière exhaustive, si, comme l'écrit H. Bost, on ne faisait pas
apparaitre les choix historiques et théologiques qui sous-tendent sa
présentation. On se souviendra que le vrai combat des protestants
à l'origine, n'était pas celui de la rupture mais de la
réforme de l'Église catholique. Poussés par leur
engagement pour la liberté en matière de la foi, ils
demandèrent à l'Église de revenir aux affirmations de
l'Évangile attestées dans les Saintes- Écritures. Comme le
fait observer Bost, deux faits sont à relever. L'attitude qui se
manifeste par la protestation et le système qui se met en place. Nous
pouvons ne pas nous empêcher de nous interroger sur les dimensions
théologiques et historiques qui conjuguèrent ensemble au
début de la Réforme. Si les premiers acteurs dans ce mouvement
furent, au XVIe siècle, davantage les hommes d'une attitude (la
protestation et attestation) que les tenants d'un système (le
protestantisme), n'est-ce pas que la protestation comme attitude fut
beaucoup plus l'arme de défense sur le plan théologique et que le
protestantisme comme système du moment au début du XVIe
siècle fruit de l'histoire qui marchèrent ensemble?
La reconstitution de l'histoire mieux de la
généalogie du protestantisme, comme l'affirme Bost, c'est vrai,
empruntera-t-elle deux voies différentes et peut-être
complémentaires. Ces deux voies seront certes d'un côté,
celle de l'élaboration et du déploiement du « principe
protestant » qui augure la rupture et de l'autre, le désir
ardent de reformer. Le point qui suit viendra exposer, dans son essence, la
pensée théologique élaborée du protestantisme.
2.3.2 Son essence
Le terme essence est défini comme étant
ce qui constitue la nature d'une substance sans tenir compte des modifications
superficiels pouvant l'affecter.307(*) Ainsi, l'essence du protestantisme veut tout
simplement dire ce qui constitue la nature du protestantisme.
Brièvement, les éléments constituant la nature du
protestantisme sont résumés en cinq points suivants que les
théologiens, à la suite de Paul Tillich, appellent le principe
protestant.308(*) Ce
principe existe en germe dès la Réforme et qui se déploie
progressivement à travers les époques et les territoires.
Essayons de les rappeler et les présenter sous forme de thèses
dans les lignes qui suivent.
Thèse 1
L'Évangile de
Jésus est et doit demeurer l'orientation première de la vie et du
témoignage du croyant et de l'Église.
Jésus-Christ est au centre des Ecritures et leur donne
un sens. Il donne sens à toute vie individuelle et ecclésiale. Il
est la raison et la source du salut, l'unique médiateur de la
grâce de Dieu.309(*) Ceci entraîne le refus de toute autre
médiation. L'intercession de Marie, mère de Jésus, et
celle des Saints font davantage écran entre le croyant et Dieu qu'elles
ne favorisent le dialogue de la foi. Tout rite susceptible d'être
interprété comme la répétition de la mort du Christ
qui a donné sa vie une fois pour toute sur la croix pour le salut du
monde est rejeté. Le culte chrétien n'accomplit pas de nouveau le
sacrifice offert une fois pour toute par le Fils de Dieu, mais il en actualise
la promesse.310(*)
Thèse 2
Le salut s'obtient par la foi seule au moyen de la
grâce en Jésus-Christ
La conviction sur l'Évangile et sur Jésus comme
source du salut se traduit par l'insistance sur le message de justification des
humains devant Dieu : C'est par pure grâce et non sur la base des
oeuvres que Dieu accepte le pécheur et lui offre la vie.311(*) Sola
gratia, la grâce seule et Sola
fide, la foi seule sont des slogans caractéristiques du
protestantisme en matière de la doctrine du salut.312(*) Ceci veut dire que la foi et
la grâce sont premièrement un don de Dieu. Et la foi, telle que
l'entendent les Réformateurs, est un don de la grâce divine. Elle
en est donc inséparable : dire l'une (la foi) c'est
simultanément dire l'autre (la grâce).313(*) Même si les oeuvres ne
sauraient entraîner le salut, le protestantisme ne les néglige
pas pour autant. Elles sont la conséquence nécessaire de la foi
et un signe de la reconnaissance pour le salut reçu.314(*) Charles Serfass et Jules
Roche commentant la confession de foi des Églises
Réformées de France notent : enfin, le rejet de toutes les
oeuvres méritoires accomplies par l'homme, conséquence de
l'attitude prise vis-à-vis du sacrifice de Jésus,
nécessaire et suffisant pour assurer le salut : « Nous
croyons que toute notre justice est fondée en la rémission de nos
péchés, comme aussi c'est notre seule félicité,
comme dit David. C'est pourquoi nous rejetons tous de nous pouvoir justifier
devant Dieu et sans et sans présumer de nouvelles vertus ni
mérites, nous nous tenons seulement à l'obéissance de
Jésus-Christ, laquelle nous est allouée, tant pour couvrit nos
fautes que pour nous faire trouver grâce et faveur devant Dieu.315(*)
Thèse 3
La justification est donc reçue par la
grâce au moyen de la foi et nullement sur base des oeuvres.
Elle est l'acte par lequel Dieu trois fois saint,
déclare par son amour que le pécheur croyant est devenu juste et
acceptable devant lui, parce que Christ a porté son péché
sur la croix, ayant été « fait justice » en
sa faveur (1Co 1, 30). Le protestantisme, dans son essence enseigne que la
justification est gratuite, c'est-à-dire totalement
imméritée (Rm 3, 24). La justification est donc reçue par
la foi, et nullement sur la base des oeuvres (Rm 3, 26-30 ; 4,5 ;
5,1 ; 11,6 ; Ga 2,16 ; Ep 2,8-10). Elle est un acte souverain de
celui qui, en Christ, nous appelés, justifiés et
glorifiés. L'insistance sur la justification du croyant devant Dieu
comme norme de toute vie ecclésiale conduit à une
compréhension renouvelée de l'Église comme l'affirment
Baubérot et Bost.316(*) Mais Gisel de l'autre côté pense que
l'Église est « l'assemblée de tous les croyants
auprès desquels l'Évangile est prêché purement et
les saints sacrements administrés conformément à
l'Évangile (Confession d'Augsbourg, art.7, in op.cit, p.47).
L'être de l'Église est garanti par l'Esprit Saint au moyen des
signes visibles que sont la Parole et les sacrements, et non une
continuité institutionnelle, par des ordonnances ecclésiastiques
ou l'autorité du magistère. Cet ordre renverse la
prétention de toute hiérarchie à incarner
l'Église ».317(*)
Thèse 4
L'autorité de la Bible. La Bible, Parole
de Dieu est la source première, la règle de la foi, des croyances
et de notre vie.
|
Les protestants affirment
l'autorité de la Bible, l'unique source et la norme de leur
enseignement ; ils rejettent la position catholique reconnaissant
l'autorité suprême du pape pour tout ce qui concerne la morale et
la foi. On se souviendra que Luther et ses successeurs entreprirent donc de
traduire la Bible afin de permettre aux laïcs de l'étudier et
d'avoir recours à leur libre arbitre qui concernait la
doctrine.
Malgré cet accord général sur
l'autorité de la Bible, les protestants, dans leur pluralité,
sont en désaccord sur des questions d'interprétation et
d'érudition biblique. Les uns acceptent les résultats de la
« critique supérieure » et de
l'étude historico-critique de la Bible, développées au
cours des XIXe et XXe siècles ; ils
nient l'authenticité de certains passages de la Bible ou en
présentent une interprétation symbolique ou allégorique.
Les autres, des protestants conservateurs tels que les fondamentalistes ou la
plupart des évangélistes, insistent sur le caractère
infaillible de la Bible non seulement quant aux problèmes de foi, mais
aussi dans tous les domaines de l'histoire, de la géographie et de la
science. Par ailleurs, certains parmi les protestants n'admettent que le
jugement individuel pour résoudre les problèmes
d'interprétation biblique, tandis que d'autres s'en remettent aux
credo formulés par les Églises pour guider leurs
membres318(*).
On comprend dès lors que la Bible par
l'autorité qu'elle incarne est l'un des constituants majeurs de
l'essence du protestantisme. En effet, pour les protestants, les Ecritures
saintes sont la seule source qui permette de découvrir les
vérités de la foi. Elles sont la norme (norma normans)
de toute prédication, toute vie ecclésiale.319(*) C'est pourquoi, la
conviction et la proclamation qui se veulent fidèles à la Bible
constituent l'un des principes de base du protestantisme. Car dès le
début, le Réformateur le clamait tout haut à la
diète de Worms convoquée en 1521 par l'empereur Charles Quint. Le
but de la convocation de celle-ci était que Luther y soit entendu et
jugé. Quand l'occasion lui avait été donné de dire
un mot, alors il y prononça ces paroles inoubliables que rapporte
Gagnebin: « A moins que l'on me convainque par des
attestations de l'Ecriture ou par d'évidentes raisons car je n'ajoute
foi ni au pape ni aux conciles seuls puisqu'il est clair qu'ils se sont souvent
trompés et qu'ils se sont contredits eux-mêmes, je suis lié
par les textes scripturaires que j'ai cités et ma conscience est captive
des paroles de Dieu ; car il n'est ni sûr ni bonne d'agir contre sa
propre conscience. Je ne puis autrement, me voici, que Dieu me soit en
aide »320(*).
La « Sola scriptura »,
l'Ecriture seule contre l'autorité de la tradition, Pères,
conciles, Papes se dégage de ces paroles de Luther. La pensée
protestante est enracinée dans la Bible et dans sa lecture321(*). Celle-ci est la
révélation écrite de Dieu. Elle a le message du salut en
Jésus-Christ ; la Bonne Nouvelle. Cet Évangile de
Jésus-Christ est et doit demeurer l'orientation première de la
vie et du témoignage du croyant et de l'Église, le dit Jean
Baubérot.322(*)
La Bible décrit aussi l'amour sans mesure de Dieu envers l'homme
pécheur. Le protestantisme estime par conséquent qu'en
matière doctrinale ou éthique, la Bible est la source
première, la règle de foi, des croyances et de notre vie ajoute
Laurent Gagnebin323(*).
La Bible jouit ainsi pour lui d'une double priorité par rapport à
la tradition qui l'a suivie : une antériorité d'ordre
historique et une primauté d'ordre spirituel.324(*) Qu'en est-il de la
cinquième thèse de l'essence du protestantisme ?
Thèse 5
La valorisation de la conscience et de la
liberté individuelles. Car c'est pour la liberté que Christ nous
a libérés.
Ce qui fait encore partie de l'essence du
protestantisme, c'est la valorisation de la conscience et liberté
individuelles. Les Réformateurs ont clamé tout haut le libre
droit de vivre l'Évangile. C'est ce qui entraîna l'esprit de
liberté du protestantisme comme le note Freddy
Dürrleman. « Ce n'est pas à dire, d'ailleurs que
dès le début la Réforme ait revendiqué toutes les
libertés qu'elle portait inconsciemment dans son sein. La Réforme
ne s'est pas faite sur la question de la liberté, mais sur celle de la
fidélité à l'Évangile. Cependant la revendication
par la Réforme du libre droit pour chacun de vivre en conformité
avec l'Évangile librement examiné par lui en dehors de
l'autorité de l'Église, devait inévitablement faire
naître toutes les autres libertés »325(*). Aussi, Martin Luther
défendant la liberté chrétienne pouvait
écrire : « Un chrétien est maître libre
se trouvant au dessus de toutes choses et est esclave de toute
personne »326(*).
Aux XVIe et XVIIe siècles, cette
attitude se traduit par la critique de l'institution ecclésiale dont la
Réforme juge qu'elle fait écran entre le croyant et la
vérité divine révélée dans la Bible. Contre
la « voie d'autorité », on prônera la
« voie d'examen » : inspiré par l'esprit, le
croyant peut lire et doit comprendre ce que Dieu lui dit par
l'Écriture327(*).
Thèse 6
Seul Jésus-Christ est le chef de
l'Église. Ainsi, le sacerdoce est universel.
Les dirigeants de la Réforme
s'élevèrent contre l'institution catholique du sacerdoce et
proclamèrent la « prêtrise de tous les
croyants ». En outre, selon Luther, la participation du
chrétien à la société où il pouvait servir
son prochain, était tout aussi satisfaisante aux yeux de Dieu que la
vocation religieuse. La plupart des confessions ont cependant adopté
l'ordination des pasteurs. Mais, tandis que le prêtre catholique est
perçu comme un médiateur de la grâce divine, le pasteur
protestant est considéré comme un laïc ayant simplement
reçu la formation qui lui permettrait de remplir des fonctions
religieuses : prédication et administration des sacrements. Cette
idéologie de l'égalité fondamentale de tous les membres de
l'Église a fait que l'administration des Églises protestantes est
toujours restée plutôt démocratique. Il existe pourtant des
différences. Les principales formes reconnues sont :
l'administration épiscopale (les évêques y exercent
l'autorité) des Églises anglicane, épiscopale et
méthodiste ; l'administration presbytérienne (les presbytes
ou anciens sont élus dans les organes dirigeants comme
représentants des congrégations) des Églises
presbytérienne et réformée ; enfin, l'administration
congrégationaliste (la Congrégation elle-même y
représente la plus haute autorité) des Églises
congrégationaliste, baptiste ou autres328(*).
Aujourd'hui encore, cette fameuse confession :
Jésus-Christ est le chef de l'Église fait partie de
l'essence du protestantisme. Christ règne sur son Église dont il
est le maître. Entre le lecteur de la Bible et Dieu, il n'y a pas
interposition d'une personne, il n'y a plus des autorités religieuses ni
d'état ecclésiastique. On a inventé que le Pape, les
Évêques, les prêtres, les gens de Monastères seraient
appelés état ecclésiastique, les Princes, les seigneurs,
les artisans, et les paysans, l'état laïque.329(*) La Bible n'est plus un
trésor protégé, réservé, gardé par
une Église qui la contrôle, la maîtrise et en dispose dans
son enseignement et dans son commentaire. Contre là, on rencontre un
grand principe du protestantisme : Le sacerdoce universel qui signifie que
les croyants sont tous prêtres par leur baptême (1 P 2,
9)330(*). Le
Saint-Esprit organise et dirige le corps du Christ par un certain nombre de
ministères ou des services, lesquels sont proprement un don, une
grâce de Dieu faite à l'Église. Les quelques listes de ces
divers services que donnent les Épîtres et les Actes ne sont pas
exhaustives et ne se recouvrent pas exactement, une grande mobilité et
une grande diversité des services existent assurément dans
l'Église primitive : service de la parole, service des tables
(diaconie) et ensuite prophètes, évangélistes, pasteurs et
docteurs.331(*) Dans les
Actes apparaissent les « anciens » et les administratifs,
dans l'épître aux Romains (Rm 12). Il faut reconnaitre que dans
son essence, le protestantisme n'épouse pas l'institution
ecclésiale. Cette position peut se comprendre quand Gagnebin
écrit par ex.: « Il est évidemment difficile
de tirer du Nouveau Testament un régime ecclésiastique qui
s'impose de manière péremptoire. Aussi, le protestantisme
n'a-t-il ni le droit d'exclure, ni celui d'imposer le système
épiscopal, ou le système congrégationaliste, ou le
système presbytéral-synodal. C'est le domaine où jouent
normalement les transitions, où chaque Église peut avoir ses
préférences et où l'unité, si elle doit
s'étendre à ce domaine, ne pourra se faire que par les compromis
de la sagesse, de l'audace et de l'humour »332(*).
Thèse 7
La simplicité du culte, la pratique des
offices en langues locales et introduction de chant d'hymnes par
l'assistance
Par comparaison avec la messe
catholique ou la divine liturgie orthodoxe, les cultes protestants sont plus
simples et insistent davantage sur le prêche. Les protestants à la
suite des réformateurs pratiquent des offices en langues locales et
l'exécution de chant d'hymnes par l'assistance qui en est une marque
déposé protestante depuis les temps de Luther. Certains services
(par exemple, le service pentecôtiste) ne possèdent pratiquement
pas de structures et sont largement spontanés ; fondés sur
la participation de l'assistance, ils privilégient les dons spirituels,
comme la glossolalie. Dans toutes les traditions protestantes, le nombre des
sacrements a été ramené, des sept existant dans le
catholicisme, à deux : le baptême et l'eucharistie.
En un sens pour nous résumer sur ce point, nous
pouvons dire que loin de vouloir nous répéter, on peut une fois
de plus affirmer que l'essence du protestantisme se résume dans les
grandes affirmations exclusives de la Réforme qui sont d'ailleurs
ses principes fondamentaux.333(*) Dans leur ensemble, les
Églises protestantes ont conservé plusieurs des principales
doctrines catholiques et orthodoxes, telles que la Trinité, l'expiation
et la résurrection du Christ, l'autorité de la Bible et les
sacrements du baptême et de l'eucharistie (ou cène). En revanche,
certaines doctrines et rites distinguent encore la tradition protestante des
deux autres traditions chrétiennes.
2.3.3 Sa manière
d'être
L'existence du protestantisme,
dans sa manière d'être, telle que nous la présente Laurent
Gagnebin retient, à gros traits, les trois attitudes ou marques
ci-après : une pluralité, un esprit de liberté et une
simplicité qui contrastent avec l'unité, le système
d'autorité et les fastes du catholicisme. Comme l'auteur peut le faire
observer, l'idée ici n'est pas celle de rentrer dans les
désaccords, en réalité irréductibles, qui opposent
ces deux confessions chrétiennes. Car aujourd'hui, ces désaccords
peuvent toujours être vécus dans l'idée de la
complémentarité. 334(*) Essayons d'articuler succinctement sur ces marques
protestantes.
2.3.3.1 La
pluralité
Alors que l'on parle d'une Église catholique,
le protestantisme se caractérise par une grande pluralité. Si le
catholicisme est un, le protestantisme est pluriel. La Réforme a en
effet donné naissance à plusieurs dénominations
protestantes, dont les principales sont l'Église luthérienne,
l'Église réformée et l'Église baptiste.335(*) Si la pluralité au
sein du protestantisme est une évidence, son unité infrangible
l'est aussi. Son harmonie fondamentale lui vient du principe matériel du
salut par la seule grâce de Dieu et du principe formel de la Bible
reçue comme seule règle de la foi, deux données tout
à fait décisives. C'est comme pour dire que devant la
Bible336(*), le seul
livre qui les unit, la pluralité protestante s'écroule bien que
les interprétations en soient très variées. On peut alors
affirmer que ces deux réalités soudent ensemble toutes les formes
que revêt tout le protestantisme hier comme aujourd'hui. L'unité
de la mosaïque protestante est en fait plus profonde qu'apparente, elle
concerne sa foi plus que ses institutions et structures. Le protestantisme
ressemble à une famille très unie, mais répartie dans des
maisons différentes337(*). Le souci protestant de pluralisme a donc
favorisé des lecteurs diverses de la Bible qui ont pu ensuite se faire
sans contrôle clérical. La pluralité protestante a
défendu la règle et la pratique démocratique, avec
lesquelles l'exercice du sacerdoce universel l'avait depuis longtemps
familiarisé. Il y avait trouvé en fait une véritable
initiation à cette forme de gouvernement. Cependant, la pratique interne
de la démocratie ne doit pas signifier seulement le respect de la
majorité, mais bien d'abord, et surtout, celui des minorités. La
pluralité protestante trouve de nouveau ici un terrain
privilégié. Si le protestantisme a souvent été
identifié à une religion de tolérance et d'ouverture, cela
est largement dû à sa volonté de pluralité et
à son attachement à la liberté338(*).
2.3.3.2 La
liberté
Évangile et liberté
sont autant des mots clés dans l'âme du protestantisme. Ils ont
des rapports particuliers et privilégiés dans la manière
d'être des protestants. Pourvu que le
principe matériel du salut par la seule grâce de Dieu, sans le
recours des oeuvres humaines ou leur collaboration, soit intégralement
sauvegardé, peu importe le reste, pour un protestant.339(*) Comme l'écrit
Gagnebin, l'esprit de la liberté au sein du protestantisme peut
être aujourd'hui défini par l'idée selon laquelle là
où l'erreur n'est pas libre, la vit d'imposer rite ne l'est pas non
plus. Dans une telle perspective, le contraire de la vérité n'est
pas l'erreur, mais bien le fait d'imposer la vérité.340(*) Or la vérité
s'impose mais on ne l'impose pas. La liberté protestante se veut
toujours respectueuse de conscience des autres. En face d'une majorité
dessinée, sur une question dogmatique, éthique ou même
politique, elle se veut respectueuse de la liberté de conscience de
chacune et de chacun. La minorité ne peut faire l'objet d'aucune
condamnation et d'aucune exclusion dans la manière d'être du
protestantisme ; elle a droit à la parole et garde son entière
liberté d'expression.341(*)
2.3.3.3 La
simplicité
Le protestantisme, il faut le dire, s'attache
à la simplicité. Cette simplicité se veut une recherche
permanente de l'authenticité qui se traduit par le refus de l'artifice
et du clinquant. La simplicité protestante se manifeste aussi dans sa
haine du mensonge, sa passion de la vérité, son éloge
fréquent de la sincérité et de l'honnêteté
intellectuelle et morale.342(*) André Gide (1869-1951), comme l'atteste les
écrits de Gagnebin, a légué aux protestants cette sagesse
proverbiale qui dit : « Je préfère
être haï qu'aimé pour ce que je ne suis pas ».
Indiquons un autre objet dans la recherche de
l'authenticité dans l'âme du protestantisme. C'est l'objet de
l'excédent de bagages. La simplicité protestante exige que tout
esprit d'excédent de bagages343(*) soit banni dans la manière d'être du
protestantisme de tout temps. La simplicité de Temples protestants est
aussi un signe qui ne trompe pas dans l'effort du protestantisme de se
dépouiller de tout excédent de bagages. Car le christianisme,
dans sa vérité authentique, en souffrait et qu'il fallait
retrouver ainsi l'essence du christianisme344(*).
2.3.4 Ses confessions
La Confession de foi, par définition, est un
texte concis résumant l'essentiel de la foi chrétienne ;
elle est lue par l'officiant ou récitée par toute
l'assemblée au cours du culte. Elle est aussi appelée credo (du
latin «je crois ») ou symbole (du grec
« résumé »). Elle désigne
également, sous forme beaucoup plus développée, un ouvrage
contenant l'ensemble des points de doctrine auxquels adhèrent les
croyants de telle ou telle Église345(*).
Les protestants, en général,
souscrivent dans leur majorité aux grandes confessions de foi de la
tradition chrétienne représentées par le Symbole de
Nicée-Constantinople, dont la version actuelle remonte au IVe
siècle, et le Symbole des Apôtres, dont la version
définitive remonte au VIIIe siècle. Le Symbole de
Nicée-Constantinople est la confession de foi lue dans la messe
catholique ; c'est à titre exceptionnel, et surtout dans des
célébrations oecuméniques, qu'on utilisera le Symbole des
Apôtres plus souvent retenu, lui, par les protestants. 346(*) Si ces derniers accueillent
généralement ces confessions de foi historiques, ils le font
sinon dans leur lettre, au moins de leur esprit. Mais pas tous. Certains
protestants (progressistes comme conservateurs) refusent de se reconnaitre dans
ces pages, dont ils critiquent soit une certaine mythologie, soit une
terminologie qu'ils jugent trop éloignée des termes et des
concepts bibliques. Car le protestantisme dans l'unanimité ne se
définît pas dans sa foi avec de nouveaux dogmes mais plutôt
avec des principes spécifiques347(*).
Il est important de remarquer les chrétiens
protestants (comme catholiques ou orthodoxes) s'accordent pour reconnaitre que
les grandes confessions de foi héritées du passé sont
beaucoup plus marquées par une conception du monde et des
catégories philosophiques et scientifiques qui ne plus ni celles de la
Bible ni les nôtres. Ils donnent ce point de vue par rapport au Symbole
de Nicée-Constantinople qui n'est plus celui de nos combats de l'heure.
De ce fait, les protestants, faisant droit à une fidele exigence
d'intelligibilité pour tous, rédigent pour leurs contemporains
des nouvelles confessions adaptées à leur propre situation. On
peut aussi voir le même souci les conduire dans le travail des
différentes traductions de la Bible, la diversité dans
l'organisation du culte d'une Église à l'autre, d'un coin monde
à l'autre à travers les siècles. Il n'y a pas de forme
imposée ni aucun ordre stéréotypé et
figé348(*). A
titre illustratif, retenons deux confessions de foi destinées à
deux Églises bien déterminées : d'une part celle de
l'Église réformée de France et d'autre part celle de
l'Église du Christ au Congo. Nous les présenterons sans
commentaires. Ainsi, voici la Confession de foi :
« Nous croyons en Dieu.
« Malgré son silence et son secret,
nous croyons qu'il est vivant.
Malgré le mal et la souffrance, nous
croyons qu'il a fait le monde pour
le bonheur de la vie. Malgré les limites
de notre raison et les révoltes
de notre coeur, nous croyons en Dieu.
« Nous croyons en Jésus-
Christ.
« Malgré les siècles qui nous
séparent du temps où il est venu,
nous croyons en sa parole. Malgré nos
incompréhensions et nos refus,
nous croyons en sa résurrection.
« Malgré sa faiblesse et sa
pauvreté, nous croyons en son règne.
« Nous croyons en l'Esprit saint.
« Malgré les apparences, nous
croyons qu'il conduit l'Église. Malgré la mort,
nous croyons qu'il conduit l'Église. Malgré
la mort, nous croyons à la vie éternelle. Malgré
l'ignorance et l'incrédulité, nous croyons que le Royaume de Dieu
est pour tous les hommes ».349(*)
Pour l'Église du Christ au Congo, voici le
contenu :
« Nous croyons en Dieu, le Père
Tout-Puissant,
Créateur du ciel et de la terre. Dieu d'amour qui a
envoyé
son Fils Unique pour le ministère de la
réconciliation.
Nous confessons Jésus-Christ, notre Seigneur et
Sauveur du monde,
et Chef de l'Église.
Il a souffert, Ila été crucifié, Il
est mort, Il est mort, Il est descendu aux enfers,
Il est ressuscité des morts.
Nous sommes nourris des Saintes Écritures, base de
notre foi en Jésus-Christ.
Nous vivons sous l'autorité de
Père, Fils et Saint-Esprit ».350(*)
2.3.5 Ses principes
fondamentaux
Toutes sensibilités confondues, les
protestants partagent les principes fondamentaux qui suivent351(*) :
1. Sola Gratia: par la grâce
seule
L'homme ne peut pas mériter son salut auprès de
Dieu, mais Dieu le lui offre gratuitement par amour. Ce qui rend l'homme
capable d'aimer lui aussi. Ainsi, la valeur d'une personne ne dépend que
de l'amour de Dieu, et non de ses qualités, ni de son mérite, ni
de son statut social.352(*)
2. Sola Fide : par la foi
seule
Ce don se fait à l'occasion d'une rencontre personnelle
avec Dieu, en Jésus- Christ (solo Christo : par Christ seul). C'est
cela la foi, non une doctrine ou une oeuvre humaine. D'une personne à
l'autre, elle peut surgir brusquement ou être le fruit d'un cheminement.
Chacun la vit de manière particulière, comme sa réponse
à la déclaration d'amour de Dieu.353(*)
3. Sola scriptura : par
l'Écriture seule
Considérée comme porteuse de la parole de Dieu,
la Bible est à la fois la seule autorité théologique et le
seul guide, en dernière instance, pour la foi et la vie. Elle est
éclairée par la prédication de ministres appelés
par l'Église et formés par elle (mais le Saint esprit peut
appeler d'autres prédicateurs que seulement ceux-ci). À travers
les témoignages humains qu'elle nous transmet, elle dessine des
principes de vie à partir desquels s'exerce la responsabilité
personnelle de chacun.354(*)
4. Soli Deo gloria : à
Dieu seul la gloire
Il n'y a que Dieu qui soit sacré, divin ou absolu.
Ainsi, toute entreprise humaine ne peut prétendre avoir un
caractère absolu, intangible ou universel, y compris la
théologie. De plus, partant du principe que Dieu nous a donné la
liberté, les protestants sont généralement favorables
à un système social qui respecte la pluralité et les
libertés.355(*)
5. Ecclesia semper reformanda :
l'Église doit se réformer sans cesse
Les institutions ecclésiastiques sont des
réalités humaines. Elles sont secondes. « Elles peuvent
se tromper », disait Luther. Ainsi, les Églises doivent sans
cesse porter un regard critique sur leur propre fonctionnement et leur propre
doctrine, à partir de la Bible. En revanche, les chrétiens
catholiques affirment ne jamais se tromper dans le mystère
impénétrable et sacré des voies de Dieu, ils se
déclarent donc "infaillibles". C'est la célèbre formule
catholique de "l'infaillibilité pontificale".356(*)
6. Le sacerdoce universel
Principe novateur de la Réforme, selon lequel chaque
baptisé est prophète, prêtre et roi sous la seule
seigneurie du Christ. Ce concept anéantit les principes de
hiérarchie au sein de l'Église. Chaque baptisé a une place
de valeur identique, y compris les ministres, pasteurs compris. Issus
d'études de théologie et reconnus par l'Église, ils sont
au service de la communauté pour l'annonce de la Parole de Dieu
(prédication et sacrements) et les missions particulières qui en
découlent. Les femmes ont accès aux ministères de
certaines églises protestantes.357(*)
2.4 Conclusion partielle
Après avoir parcouru
l'histoire de la création et la production des chants de
l'assemblé pendant les périodes et sur les principaux territoires
de la Réforme au premier, ce deuxième chapitre s'était
fixé le but de nous rappeler l'autre histoire. C'est celle du
protestantisme qui contient le culte protestant. Nous avons cherché
à avoir d'une compréhension adéquate du culte protestant
et cela dans ses traits caractéristiques. Pour ce travail de rappel, sur
le protestantisme, à la partie introductive du chapitre, nous nous
sommes appuyé, d'une part aux indications que nous proposaient les
ouvrages des quelques auteurs qui ont repris dans leurs recherches les
questions sur l'histoire du protestantisme et, d'autre part, ce que le
condensé biographique que l'Encyclopédie Encarta nous
rassemblait sur les réformateurs. Nous avons eu, dans ce chapitre,
à faire un survol sur le protestantisme où le terme
« protestant » né dans une péjoration,
viendra progressivement à désigner toute une Église
chrétienne qui n'était ni catholique, ni orthodoxe, ni
rattachée à aucune autre tradition chrétienne orientale.
De protestant naît le protestantisme. Celui-ci (devenu un courant au XIXe
siècle) n'est pas une Église et les différentes
Églises qui le composent (luthériens, réformés,
méthodistes, anabaptistes, baptistes, pentecôtistes,..) ne sont
pas toujours en communion entre elles. Les frontières du protestantisme
ne sont pas précises et d'autres sectes historiques diverses et
contemporaines (témoins de Jéhovah, néo-apostolique,
mormon,...) n'en font pas partie. Mais nous avons compris que malgré ses
nombreux courants et son pluralisme, le protestantisme est
caractérisé par certaines convictions communes qui sont, entre
autres, la priorité au salut, à la justification par la foi
seule, la Bible comme seule norme de la vie chrétienne qui tient son
sens de son centre Jésus-Christ seul médiateur entre Dieu et les
hommes, seule la grâce sauve, l'Église est prise comme la
communauté des croyants qui se mettent à l'écoute de la
parole de Dieu et célèbrent ensemble les sacrements. Et seuls
l'eucharistie et le baptême les sont car institués par
Jésus-Christ lui-même. Aussi, le protestantisme est
persuadé qu'une réforme constante de l'Église est toujours
nécessaire. Son effort dans la lutte pour la liberté de
conscience et la liberté individuelle comme principe fondamental
protestantisme a fait qu'il soit étudié comme
phénomène de société dès le XVIIIe
siècle. Avec E. Troeltsch (1865-1923), nous pouvons estimer que le
protestantisme a contribué de manière heureuse à la
constitution des idéaux démocratiques du monde moderne.
On doit également souligner
que ce chapitre, d'un côté, n'a pas manqué de nous
renseigner sur l'effort des précurseurs qui ont semé (par leurs
vies) les premiers grains de la Réforme dans le sol de l'Église.
Mais aussi, il nous a renseigné sur la situation politique et religieuse
de l'Allemagne à la fin du Moyen Age et au début des Temps
Modernes qui est toujours considérée par nombre d'historiens
comme catalyseur de la Réforme des réformateurs. La
Réforme, avons-nous retenu, ne s'est pas réalisé sans
provoquer quelques problèmes dont le schisme anglican et l'apparition
des sectes radicales. De l'autre côté, nous avons eu à
explorer le culte protestant, sa quiddité et ses caractéristiques
identitaires passant par celles du protestantisme au XIXe et XXe
siècles. Dans ce chapitre, avons-nous précisé, l'effort
était de nous préparer à mieux aborder le questionnement
de la place réservée aux chants traditionnels protestants dans le
culte d'aujourd'hui à Kinshasa.
SECTION II : REGARD
SUR LES CHANTS DE RECUEILS AUJOURD'HUI DANS L'ÉGLISE
La deuxième section porte sur les chants de
recueils dans le culte protestant d'aujourd'hui à Kinshasa. Il y est
surtout soulevé la quête de la compréhension de la place
réservée aux chants de recueils dans le déroulement de la
liturgie. C'est le premier temps. Dans un deuxième temps, nous
apprécions, au deuxième chapitre, l'héritage hymnologique
missionnaire par l'analyse de ses (quelques) chants retenus, d'une part et
présentons les suggestions pour une fraternisation de l'identité
protestante dans la liturgie et la riche différence de son hymnologie
aux fins de provoquer l'arrêt de cette marche en avant vers
l'effondrement de notre identité de protestant. On peut dire que, dans
cette section, le travail consiste en la confrontation des liturgies de
paroisses choisies de l'Église du Christ au Congo, en vue
d'apprécier la particularité de la place réservée
aux chants de recueils dans le culte protestant et de relever les indicateurs
de la marche silencieuse vers l'effacement des chants de recueils dans le culte
protestant. La période prise en compte est celle située entre
1987 et 2007. A ce sujet, nous nous posons la question de savoir si elle ne
serait pas une période des mutations pour le culte et les chants
dans le culte.
CHAPITRE PREMIER : DU CULTE PROTESTANT D'AUJOURD'HUI A
KINSHASA ET LA PLACE RESERVEE AUX CHANTS DE RECUEILS
Depuis l'évangélisation du
Congo « protestant » par les Missions
chrétiennes protestantes qui avaient la mission d'apporter
le christianisme aux peuples du Congo, les chants de recueils conçus par
ces Missions358(*) pour
servir d'une autre main de l'évangélisation aux
côtés de la Bible, avaient toute leur place dans la liturgie de
nombreux cultes et réunion des prières. Mais qu'en est-il
plusieurs siècles après ?
Les chants de recueils, peut-être à
cause de leur ancienneté, seraient aujourd'hui en train de passer un
temps de souffrance dans la liturgie du culte de nombreuses églises
protestantes à Kinshasa. A cet effet, deux tendances sont à
relever : la continuité d'une part, et la discontinuité ou
rupture d'avec les chants de vieux recueils missionnaires dans le culte
protestant d'aujourd'hui, de l'autre. En d'autres termes, les églises
semblent se trouver entre le désir de sauvegarder les chants de recueils
pour l'Église rassemblée en prière et celui de s'ouvrir,
chaque jour qui passe, à une autre musique d'Église. Le premier
désir voudrait faire valoir l'hymnologie de l'identité
particulière du culte protestant d'antan, tandis que le second semble
l'éloigner de la conception hymnologique du culte protestant d'hier pour
le rapprocher d'une autre hymnologie, différente de la première.
C'est comme qui dirait, deux courants hymnologiques se heurtent
aujourd'hui à Kinshasa. Il faut dire que d'un côté, il y
aurait le courant des traditionalistes, dit missionnaire et de l'autre, le
courant des modernistes, dit pentecôtiste. Le premier cité est
celui qui rassemblerait les quelques rares défenseurs de l'oeuvre
hymnologique des Églises issues de la Réforme. Il se veut donc
gardien de l'héritage hymnologique des missionnaires introduit depuis
l'évangélisation du Congo en 1878. Le second est celui qui
rassemblerait (presque) la majorité des chrétiens, filles et fils
du Congo, regroupés dans les Églises dites de
« Réveil » ou post- missionnaires. Ce
courant se meut au vent de l'évolution actuelle et s'inspire des
traditions et folklores africains sans oublier d'inclure tout ce qui est en
vogue. L'Église ne semble-t-elle pas se trouver ainsi en face d'une
sorte de dilemme devant le choix à faire entre les chants de recueils
missionnaires et les chants populaires ? Est-ce que le chant serait, oui
ou non, en train de diviser l'Église protestante aujourd'hui ?
L'Église protestante se rend-elle compte de cette situation ?
Quelle place réserve-t-elle aux chants de recueils dans le culte
d'aujourd'hui ?
Pour nous rendre compte de la situation,
mieux de trouver des réponses aux questions soulevées, avons-nous
souhaité palper la réalité de la place
réservée aux chants de recueils dans les cultes et
réunions des prières de quelques paroisses retenues pour cette
étude. Car, estimons-nous, c'est l'une des meilleures voies pour nous
fixer sur la problématique soulevée dans cette étude. Des
résultats de cette étude, nous saurons soit affirmer soit
infirmer nos hypothèses qui semblent soutenir un possible effondrement
d'un des symboles de l'identité du culte protestant. C'est aux fins de
la revalorisation des chants traditionnels que nous le ferons.
Il sied de noter que cette étude couvre la
période allant de 1987 à 2007. Les motivations, avons-nous dit
à l'introduction générale du travail, sont les
suivantes : 1. La première limite nous aide à observer la
période d'avant 1990 où il semble avoir eu le début de
l'influence d'un grand mouvement pentecôtiste conduit par l'Église
de la FEPACO « Nzambe malamu » qui serait
considérée comme catalyseur dans la multiplication
spontanée des églises dans les quartiers après les
pillages de 1991 et 1993 à Kinshasa. Le peuple se trouvant au coeur de
la désolation de la crise politique, économique et sociale
à Kinshasa d'après les pillages cherchait le refuge en la
prière et les prophéties dans les églises. Ces
Églises sont beaucoup plus celles dites pentecôtistes et de
Réveil. Elles sont différentes des traditionnelles dans leur
organisation cultuelle. Elles accordent beaucoup d'importance à la
louange et à l'adoration mais aussi au « prier à haute
voix » (sauf pendant la confession) qui, comme moment liturgique,
peuvent prendre plus d'une heure de l'ensemble du culte organisé. A
Kinshasa, le peuple chrétien trouvera cela bon et l'adoptera petit
à petit dans les cultes organisés. Les Églises
traditionnelles (Catholique et surtout protestante) ne resteront pas à
l'écart. Elles subiront dans le temps et dans l'espace l'influence
pentecôtiste. C'est la première raison. La deuxième
limite, c'est celle qui nous met en face de cette étude après
avoir suivi cette situation durant ces dernières années. Il faut
mettre en valeur le fait que si 1987 était la période de
contraction de ce « virus » qui attaque les chants de
recueils dans la liturgie des Églises urbaines membres de l'ECC à
Kinshasa, 2007 est la période où la gravité de cette
problématique est plus que déclarée. C'est la
deuxième raison. Mais, vu le temps imparti, nous rendrons compte de la
place réservée aux chants de recueils dans le culte dans ces
quelques paroisses protestantes suivantes : 1. CBCO/Kintambo ; 2.
CBFC/Lisala ; 3. CEUM/Kasavubu ; 4. CPK/Yolo ; 5. Deux
Aumôneries Universitaires (PPISG, PPUKIN).
1.2 Présentation des paroisses choisies à
Kinshasa
Il est important que chacune des paroisses choisies
soit présentée en quelques articulations qui retracent son
historique, ses activités hebdomadaires, sa liturgie du culte dominical
comme de ses cultes de la semaine, et si possible ses statistiques. Nous le
ferons avant de donner nos commentaires relatifs à la
problématique soulevée.
1.2.1 La Paroisse protestante CBCO/Kintambo
1.2.1.1 Historique
La paroisse protestante CBCO/Kintambo, aussi
appelée paroisse Kimvula, qui organise un culte en Lingala, est l'une de
vieilles paroisses de Kinshasa. Elle date de 1908. Cette paroisse a
été précédée de la 1ère
Chapelle de Sims, créée en 1881. Dans cette paroisse est
érigé le tout premier temple protestant, suivi du deuxième
où est organisé le culte francophone. Il faut signaler que la
création de celui-ci a été motivée par la
présence de nombreux étudiants protestants qui venaient de
l'intérieur du pays. Ce groupe d'étudiants avait exprimé
le désir de suivre les cultes en français, car à la
paroisse du premier temple, l'ensemble de la liturgie se faisait en Lingala.
L'histoire retiendra que cette paroisse a donné naissance à
toutes les autres paroisses ou églises qui, au départ,
étaient des cellules. Cela commençait avec les anciens
élèves des écoles protestantes qui manifestaient le
désir de prier ensemble. C'est ainsi qu'on affecta un berger au groupe
jusqu'au jour où une paroisse fut érigée359(*).
Après l'érection de la paroisse
francophone, la paroisse Kimvula connaîtra quelques problèmes
majeurs. On peut retenir l'exode des fidèles qui fera d'elle l'image
d'une mère qui se vide de ses enfants ; ce qui, à la longue,
posera des problèmes à sa croissance numérique. Une autre
difficulté que connaîtra ladite église, proviendra du
mouvement dit de Réveil. En effet, beaucoup de ses fidèles
deviendront des Pasteurs des églises de Réveil. On estime
qu'aujourd'hui, sa population s'élève à + 500
à 900 membres.
1.2.1.2 Activités
hebdomadaires
Il est évident que l'organisation de
plusieurs activités donne vie à l'église. Dans la paroisse
protestante de CBCO/Kintambo, cela passe entre autres par le
fonctionnement ci-après :
Du Lundi à Samedi De 5h30'
à 6h30' Culte Matinal
De
9h00' à 13h00' Intercession et
Délivrance
De
17h30' à 19h00' Culte des Cellules
Mardi De 8h30' à 11h30' Culte des
Mamans
De 16h00' à 18h00'
Répétition des chorales
De 17h00' à 19h00'
Catéchèse
Mercredi De 16h00' à 18h00' Culte de
Paroisse
Jeudi De 17h30' à 19h00'
Réunions Bureau Pastoral
De
17h30' à 19h00' Affermissements
Vendredi De 16h00' à 18h00'
Catéchuménat
De 18h00' à 19h00' Prières de
délivrance
Samedi De 17h00' à
19h00' Répétition des Chorales
1.2.1.3 Liturgie des
cultes
La liturgie du culte dans cette paroisse est
très simple, dénouée des cérémonies et de
tout excédent de bagages. Pour son hymnologie, la paroisse fait recours
aux recueils de chants en l'occurrence les : « Chants de
Victoire », « Njembo na Njambe »,
« Nkunga mia Kintwadi » pour les cultes
hebdomadaires. Voici comment se présente la liturgie du culte :
1. Prélude : Chorale
2. Invocation et prière
3. Chant d'ensemble
4. Loi de Dieu
5. Prière pastorale
6. Moment d'adoration populaire et d'intercession
7. Chorales
8. Accueil et annonces
9. Lecture biblique
10. Chant d'ensemble
11. Prédication
12. Prière pour le message
13. Offrandes: Chorale
14. Prières pour les offrandes
15. Communiqués
16. Chant d'ensemble
17. Bénédiction finale
18. Postlude : Chorale
Dans la liturgie de ce culte en lingala, remarquons que
si les chants reviennent dans presque huit rubriques, les chants de recueils ou
chants d'ensemble ne reviennent que trois fois sur le dix- huit rubriques de la
liturgie. On a affaire à une fraction de 3/18 soit 16% sur l'ensemble
des rubriques de la liturgie.
Signalons que la paroisse protestante CBCO/Kintambo
dispose, par ses fidèles, quelques supports pour l'exécution des
chants traditionnels protestants : les recueils. Les cultes
organisés se font avec une liturgie un peu longue (mais qui a le
mérite d'engager l'assemblée dans la participation au culte),
conduite par un officiant (souvent un diacre ou même un pasteur
assistant). Il y a encore la présence des chorales et le groupe
d'adoration qui reprennent avec l'assemblée les chants de recueils et
même les chants populaires congolais sans oublier certains chants de
groupes chrétiens occidentaux modernes, le plus souvent traduits de
l'anglais en lingala. Un fait remarquable : la conduite des cultes se
réfère toujours au calendrier liturgique qui unit
l'Église. C'est ce qui nous pousse à affirmer que le culte
protestant transparaît dans le travail qui se fait dans cette paroisse
protestante de Kintambo.
1.2.2 La Paroisse protestante
CBFC/Lisala
1.2.2.1 Historique360(*)
La paroisse protestante CBFC /Lisala est l'une
des vieilles paroisses protestantes de Kinshasa. Sise Lisala n°45, dans la
Commune de Kasavubu, au croissement des avenues Gambela et Lisala vers le
marché Gambela, elle est à la fois le siège de la
Représentation régionale de la communauté. Cette
église est l'oeuvre de la mission étrangère, la Baptist
Missionary Society qui s'implanta au Congo depuis 1879. La genèse de
cette paroisse coïncide avec la période d'après-guerre de
1945. Plusieurs pasteurs sont passés à la tête de cette
église qui totalise déjà 62 ans d'âge. On peut ici
citer, entre autres, les Révérends Boo Pierre, Komy (le
père), Wantuadi Ndodioko, Tunga Betuel, Makanzu, Nkuansambu, Thomas
Kuenda, Kuama Lukombo Mossi Kaka, Lopez, Kuvituanga, Nkosi, Kiyedi Kia Mambu,
Tutonda Toko, Buanda Ndo Zuâo, Wantuadi, Nguya Massamba, Yunga Mudi, Tela
Kalema et Mafungu qui en a la charge aujourd'hui.
1.2.2.2 Activités
hebdomadaires
Si l'organisation de plusieurs activités
donnent vie à l'église, dans la paroisse CBFC/ Lisala, cela passe
entre autres par des séminaires, retraites, veillées de
prière, délivrance, journée de louange et adoration, les
actions de grâces, la récollection, etc. Ainsi, la vie de
l'église fonctionne par le programme hebdomadaire qui suit :
- De lundi à samedi, de 6h00' à 6h30' :
culte matinal ;
- Chaque lundi à 15 h00' : Affermissement, 17h30'
Cours des diacres ;
- Mardi à 6h30' à 7h00' : Culte des mamans,
14h00' : Culte d'Intercession ;
17h00' : Encadrement des couples et Culte des
papas ;
- Mercredi : 17h00' : Culte d'adoration ;
- Jeudi 14h00' : Cours de catéchuménat,
17h00' : Réunion de prière dans des cellules ;
- Vendredi : 8 h00'- 15h00' : Délivrance,
17h00' : Groupe biblique ;
- Samedi : Entretien du temple pendant les avant-midi et
célébration de mariage, s'il y a lieu, les
après-midi ;
- Dimanche : 6h00'- 8h00' : 1er Culte en
français ; 8h30'-11h00' : 2ème Culte en
Lingala.
Il est à noter que chaque
3ème vendredi du mois, à partir de 21h00', il y a une
veillée de prière pour toute la paroisse et chaque mardi,
mercredi et jeudi de 16h00' à 19h00' répétitions des
chorales.
1.2.2.3 Liturgie des
cultes
La liturgie de la paroisse qui est valable pour les
deux cultes dominicaux en lingala et en français se présente
comme suit :
1. Prélude : Chorale
2. Invocation et prière
3. Chant d'ensemble
4. Loi de Dieu
5. Prière pastorale
6. Moment de louange et adoration
7. Chorales
8. Accueil et annonces
9. Lecture biblique
10. Chant d'ensemble
11. Message
12. Prière pour le message
13. Offrandes spéciales et dîmes :
Chorale
14. Prières pour les offrandes
15. Chant d'ensemble
16. Bénédiction
17. Postlude : Chorale
Pour ce culte, remarquons que si les chants reviennent
dans presque huit rubriques de la liturgie, les chants d'ensemble mieux les
chants de recueils ne reviennent que trois fois sur les dix-sept rubriques de
la liturgie. On a affaire à une fraction de 3/17 soit 18% sur l'ensemble
de la liturgie.
Culte dominical
français
1. Prélude : Chorales
2. Salutation et invocation et prière
3. Cantique d'ensemble
4. Louange et adoration
5. Accueil et annonces
6. Chorales
7. Lecture biblique
8. Cantique d'ensemble
9. Prédication
10. Appel à la repentance
11. Offrandes et prière : Chorale
12. Cantique d'ensemble
13. Pensée de la semaine
14. Bénédiction
15. Postlude : Chorale
Notons aussi que si les chants reviennent dans presque huit
rubriques de la liturgie de ce culte, les chants de recueils ou chants
d'ensemble ne reviennent que trois fois sur les quinze rubriques de l'ensemble
de la liturgie. On a affaire à une fraction de 1/5 soit 20% sur
l'ensemble de la liturgie.
Comme on peut le remarquer, la paroisse protestante
CBFC/Lisala dispose encore, par ses fidèles, de quelques supports pour
l'exécution des chants traditionnels protestants : les recueils.
Les cultes organisés se font avec une liturgie traditionnelle
missionnaire, conduite par un officiant. On y rencontre encore des chorales et
le groupe d'adoration qui reprennent avec l'assemblée les chants de
recueils et même les chants populaires congolais sans oublier certains
chants de groupes chrétiens occidentaux modernes, le plus souvent
traduits de l'anglais en lingala. La conduite des cultes se
réfère toujours au calendrier liturgique qui unit
l'Église. De ce fait, nous affirmons que le culte protestant
transparaît aussi dans le travail qui se fait dans cette paroisse
protestante de Lisala.
1.2.3 La Paroisse
protestante CEUM/ Kasavubu
1.2.3.1 Historique
La paroisse protestante CEUM/Kasavubu se situe non loin
du croisement des avenues Gambela et Force publique, dans la commune de
Kasavubu. Elle est connue sous le nom de la paroisse de Yahuma, le nom de
l'avenue sur laquelle elle se situe aujourd'hui après un long moment
passé à la commune de Bandalungwa. C'est en 1985 que la CEUM
débuta ses activités d'extension dans la capitale, à
Kinshasa, dans une parcelle privée d'un de ses membres, l'honorable
Mossi SEZENE Libange, à Bandalungwa Bisengo, précisément
sur l'avenue Luima n°87361(*). Naturellement, la présence et surtout la
participation des fidèles a principalement été
marquée par ceux et celles qui connaissaient la CEUM depuis l'Ubangi
à l'Equateur. C'est ainsi que beaucoup de gens l'identifiait à
une Église des Bangala de l'Equateur : « Église ya
Bangala ». A ce jour, la CEUM/ Kinshasa compte 7
paroisses362(*). Cette
paroisse est considérée comme le siège de la
représentation ecclésiastique à part entière.
1.2.3.2 Activités
hebdomadaires
La paroisse protestante CEUM/Yahuma
organise plusieurs activités pour sa visibilité comme une
église évangélique. Cela se fait entre autres par
des séminaires, retraites, veillées de prière,
délivrance, journée de louange et adoration, les actions de
grâces, la récollection, etc. Ainsi, la vie de l'église
fonctionne conformément au programme hebdomadaire qui suit :
- Lundi de 17h- 19 h00': Intercession de la paroisse ;
- Mardi de 17h- 18h00' : Réunion de prière
dans les différentes cellules de la paroisse ;
- Mercredi de 17h- 19h00 : Culte de la
semaine ;
- Jeudi de 16h-18h00' : Etude biblique ;
- Vendredi de 9h- 11h30' : Culte des femmes
protestantes
De 17h- 19h00 : Culte de louange et
d'adoration ;
- Samedi de 15h- 18h00 : Réunion du diaconat et
réunion des différentes commissions de
la paroisse et
célébration de mariage, s'il y a lieu, les
après-midi ;
- Dimanche de 7h- 8h00' : 1er Culte des
enfants
8h30'-9h30' :
2ème Culte en français
10h- 12h30' :
3ème Culte en lingala
Il sied de noter que les chorales ont des
séances de répétition tous les mercredis et les
samedis ; veillée de prière paroissiale, chaque dernier
vendredi du mois ; culte de l'unité avec Sainte-Cène, chaque
premier dimanche du mois.
1.2.3.3 Liturgie des
cultes
La liturgie dans la paroisse
CEUM/Yahuma se confond pour beaucoup à celles d'autres Églises
membres de l'Église du Christ au Congo. Néanmoins, on peut
relever quelques nuances. Pour la paroisse de Yahuma, elle se présente
comme suit :
1. Prélude : Chorale
2. Salutation Apostolique
3. Invocation et prière
4. Chant d'ensemble*(avec 4 chants de suite)
5. Loi de Dieu
6. Confession des péchés, et prière de
remerciements (souvent introduite par un chant)
7. Chorales
8. Accueil
9. Chant d'ensemble
10. Lecture biblique
11. Chant d'ensemble
12. Prédication
13. Offrandes et dîmes (Chorales)
14. Prière d'intercession
15. Annonces
16. Chant d'ensemble
17. Bénédiction
18. Postlude : Chorales
Faisons remarquer que si les chants reviennent dans
presque neuf rubriques de la liturgie de ce culte, les chants de recueils ou
chants d'ensemble ne reviennent que quatre fois sur les dix -sept rubriques de
l'ensemble de la liturgie. On a affaire à une fraction de 4/17 soit 23%
sur l'ensemble de la liturgie.
La paroisse protestante CEUM/Yahuma a une
particularité exceptionnelle parmi les paroisses suivies. Elle dispose,
par ses fidèles, des supports pour l'exécution des chants
traditionnels protestants : le recueil « Njembo na
Njambe ». Les cultes organisés se font avec une liturgie
traditionnelle bien aérée par les chants de recueils protestants.
Au point 4 de la liturgie, par exemple, on y entonne au moins quatre chants de
recueils de suite. C'est exceptionnel. Cette pratique a le mérite
d'engager l'assemblée dans la participation au culte par les chants
protestants. Le culte est conduit par un officiant (souvent un diacre ou
même un pasteur assistant). Notons dans cette liturgie, il y a encore la
présence des chorales et le groupe d'adoration qui reprennent avec
l'assemblée les chants de recueils et même les chants populaires
congolais sans oublier certains chants de groupes chrétiens occidentaux
modernes, le plus souvent traduits de l'anglais en lingala. Un fait
remarquable : la conduite des cultes se réfère toujours au
calendrier liturgique qui unit l'Église. C'est ce qui nous fait affirmer
que le culte protestant transparaît dans le travail qui se fait dans la
paroisse protestante de Yahuma.
1.2.4 La Paroisse protestante
CPK /Yolo
1.2.4.1 Historique
L'origine de la Communauté
Presbytérienne de Kinshasa vient de la Mission presbytérienne
américaine qui a oeuvré au Congo dénommée American
Presbyterian Congo Mission (A.P.C.M). Celle-ci s'est établie dans le
Kasaï le 18 avril 1891 à Luebo dans l'actuel Kasaï-Occidental.
Elle a été initiée par William N. Sheppard et de Samuel
Lapsley, deux jeunes américains. Le premier était un
Afro-Américain et le second, un blanc. Luebo est un point de jonction de
trois tribus : Bateke, Bakuba et Baluba. Ces deux missionnaires, à
part Luebo, ont installé d'autres stations missionnaires qui ont
assuré l'extension de cette mission363(*).
C'est en 1954, vu l'extension de la ville de
Kinshasa, que la Baptist Missionary Society (B.M.S) demanda à l'A.P.C.M
de venir l'épauler dans la tâche de l'évangélisation
de la ville et spécialement des presbytériens du Kasaï,
venus à Kinshasa pour y exercer différents emplois, dans le cadre
de leur travail. Ceux-ci, participant aux cultes de la paroisse de la BMS, ne
s'adaptaient toujours pas facilement à la liturgie de l'Église de
la capitale.
C'est pour résoudre ce problème que la
B.M.S autorisa à ces ressortissants du Kasaï d'avoir un culte en
tshiluba, chaque lundi de la semaine dans l'après-midi, dans sa paroisse
d'Itaga située dans la commune de Kinshasa. Quand ce culte
n'était plus autorisé, les presbytériens se
trouvèrent dans l'obligation d'aller ailleurs.
Sortis de la paroisse de B.M.S/Itaga, les
presbytériens ont constitué un noyau qui se réunissait
dans la parcelle d'un des fidèles, dans la commune de Kinshasa. Etant
donné que les Congolais n'avaient pas la permission d'avoir des
associations et ni de créer des églises, c'est le missionnaire
américain W.M. Morrison qui faisait la jonction entre la mission de
Luebo et le noyau qui fonda avec eux la Mission Presbytérienne de
Léopoldville (M.P.L).
Grâce aux démarches qui se sont faites
après, la M.P.L reçut un terrain à Yolo/Sud où le
noyau fut établi et commença ses activités. C'est ce
terrain qui abrite la Paroisse Presbytérienne de Yolo/Sud d'aujourd'hui.
Elle se trouve sur l'avenue Bakwandumu n° 13/15 à Yolo/Sud. Elle a
joué un grand rôle au sein de la communauté
presbytérienne dans la ville de Kinshasa parce qu'à partir
d'elle, il y a eu création d'autres paroisses à Matete, N'djili,
etc. C'est donc cette paroisse qui est considérée par les
presbytériens comme la paroisse-mère de l'Église
presbytérienne à Kinshasa.
1.2.4.2 Les
activités hebdomadaires
Les activités hebdomadaires dans la paroisse
CPK/Yolo sont étendues sur tous les jours de la semaine sauf le samedi.
Les affermissements tous les lundis et les jeudis, culte des jeunes tous les
mardis, les études bibliques tous les mercredis, l'intercession et la
délivrance tous les vendredis, et les cultes dominicaux (en
français et lingala) tous les dimanches. Indiquons que la
Sainte-Cène est célébrée chaque premier dimanche du
mois, et que les séminaires et les campagnes
d'évangélisation sont programmés et exécutés
selon un calendrier préétabli.
1.2.4.3 Liturgie des
cultes
Les cultes dominicaux voire presque
tous les cultes organisés à la paroisse CPK/Yolo se
présentent comme suit :
1. Prélude : Chorale/ Groupe musical
2. Salutation et invocation
3. Cantique d'ensemble
4. Loi de Dieu
5. Déclaration du pardon
6. Chants de louange comme réponse au pardon
gratuitement reçu
7. Chorales
8. Confession de la foi chrétienne
9. Louange et adoration populaire
10. Accueil et annonces
11. Actions de grâces
12. Lecture biblique
13. Prédication
14. Offrandes ordinaires et Dîmes (Chorales/Groupe
musical)
15. Annonces des activités de la paroisse
16. Intercession
17. Cantique d'ensemble
18. Bénédiction finale
19. Postlude : Chorale/Groupe musical
Faisons remarquer que si les chants reviennent dans
presque six rubriques de la liturgie de ce culte, les chants de recueils ou
chants d'ensemble ne reviennent que deux fois sur les dix -neuf rubriques de la
liturgie. On a affaire à une fraction de 2/19 soit 10% sur l'ensemble de
la liturgie.
La paroisse protestante CPK/Yolo dispose, par ses
fidèles, de quelques supports pour l'exécution des chants
traditionnels protestants : les recueils « Njembo na
Njambe » voire le « Misambu ». Les cultes
organisés se font avec une liturgie traditionnelle aérée
par les chants de recueils protestants. Le culte est conduit par un officiant
(souvent un diacre ou même un pasteur assistant). Notons que la tradition
chorale existe encore au côté des groupes d'adoration qui
reprennent avec l'assemblée les chants de recueils et même les
chants populaires congolais sans oublier certains chants de groupes
chrétiens occidentaux modernes, le plus souvent traduits de l'anglais en
lingala. Un fait est remarquable : comme dans la majorité des
paroisses protestantes, la conduite des cultes se réfère toujours
au calendrier liturgique qui unit l'Église. C'est ce qui nous fait
affirmer que le culte protestant transparait dans le travail qui se fait dans
cette paroisse protestante de Yolo364(*).
1.2.5 Quelques
Aumôneries Universitaires (PPISG, PPUKIN).
Dans cette partie,
nous aurons à palper la réalité de la problématique
que nous soulevons dans notre travail. Ce qui dirait que les paroisses
protestantes de l'aumônerie universitaire n'ont aujourd'hui de protestant
dans leurs cultes que de nom. Comme on peut le constater, le travail de la
connaissance des paroisses qui précèdent nous a été
rendu possible grâce aux enquêtes, interviews
réalisées faute de documents et d'archives. Il convient de
relever que pour les paroisses protestantes universitaires, en plus des
enquêtes, les quelques articulations seront faites sur base de l'ouvrage
de Delphin Muyila consacré aux paroisses universitaires protestantes du
Congo-Kinshasa365(*).
Ainsi, nous commencerons par la paroisse universitaire des instituts
supérieurs de la Gombe (PPISG) pour terminer par la paroisse protestante
de l'Université de Kinshasa, (PPUKIN).
1.2.5.1 La Paroisse
Protestante des Instituts Supérieurs de la Gombe
Comme l'écrit Delphin Muyila, la PPISG
réunit des chrétiens de toutes les communautés
protestantes de l'ECC (Etudiants et fonctionnaires de l'ISC, ABA, ISPT,
ISP/Gombe) et toute personne qui aime et confesse le Seigneur
Jésus-Christ366(*) y prie. Les membres de la PPISG croient au symbole
des apôtres, c'est-à-dire en Dieu, en Jésus-Christ, au
Saint-Esprit et à la Sainte Église Universelle.
1.2.5.1.1 Historique
La Paroisse Protestante des Instituts
Supérieurs de la Gombe qui est l'une des paroisses de l'Aumônerie
Universitaire Protestante du Synode urbain de l'ECC/Kinshasa, est née
vers la fin des années 1977. C'est la suite des études bibliques
et des campagnes organisées dans ce milieu universitaire qui
occasionnèrent la naissance de cette paroisse. Comme l'atteste l'ouvrage
de Muyila, « en 1978, les frères et soeurs de la PPCKIN sous
la direction de l'Aumônier Nzash-u Lumeya avaient décidé
d'apporter leur témoignage spirituel auprès de leurs
collègues étudiants des Instituts Supérieurs de Kinshasa,
dont l'ISC, en organisant et dirigeant des études bibliques. En 1979,
les frères du Campus de Kinshasa ont fait l'évangélisation
dans cet Institut et distribué des nouveaux testaments et des
Évangiles selon Marc. Une réunion importante d'étude
biblique suivit cette campagne le jeudi 14 mai 1979»367(*).
Une paroisse commençait-elle
déjà à s'entrevoir? D'aucuns se souviendront que vers
le début 1980, le Conseil de la PPCKIN chargera une équipe
conduite par Delphin Muyila pour superviser les études bibliques
à l'ISC, l'ISAM et l`ISPT. Cette équipe rendra ces
réunions attrayantes avec des projections des films scientifiques Moody
tels que la vie est née dans le sang, le Hasard ou le Destin, la
Cité des abeilles,... dans le but d'exposer chaque étudiant et
étudiante à l'Évangile368(*). Après chaque séance
cinématographique, un message était donné invitant ainsi
les étudiants à se donner à Christ. Quelques
étudiants décidaient d'abandonner leur mauvaise vie et
acceptaient Christ comme leur Seigneur et Sauveur369(*).
En 1981, surgit à l'Institut Supérieur
de Commerce, une secte appelée : Association de Jésus-Christ
en sigle AJC qui avait recruté beaucoup d'adeptes dans le Groupe
Biblique de l'ISC. Nonobstant cela, le frère Dr. Muyila a
continué son programme comme par le passé. En avril de la
même année, on reçut la visite de Mademoiselle Nancy
Félix, Secrétaire des GBUAF chargée de la
littérature qui a donné à l'ISC, à la PPCKIN,
à la Ligue pour le Lecture de la Bible, une série de
conférence sur la littérature et le témoin de Christ par
la page imprimée.370(*)
En 1982, la paroisse ouvre ses portes le 28
février 1982 à l'initiative toujours de la PPCKIN,
paroisse-mère avec une dizaine d'étudiants dont certains sont
membres jusqu'à ce jour. L'histoire retiendra que le Pasteur Zanzala
dia Mbongo, Aumônier de l'Institut Lisanga et le frère Musuvaho
Paluku, étudiant à la Faculté de Théologie
Protestante, ont travaillé à mi-temps, respectivement comme
premier Aumônier et Assistant de l'Aumônier. Mais pour affermir ce
travail, le Pasteur Banza Kamutenga, Aumônier et les Diacres de la PPCKIN
venaient donner le message chaque dimanche. L'effectif moyen était de
34 personnes au départ.371(*) Le 07 mars 1982, la Chorale de la PPISC est
formée et composée des étudiants de l'ISC, de l'ABA et de
l'ISP/Gombe avec un effectif de 14, puis plus tard de 30 membres.
Le 09 mai 1982, sous l'initiative du Pasteur Zanzala le
premier Conseil Paroissial a vu le jour avec 13 diacres dont le premier
président était le frère Ngoy Mulume Shindano qui sera en
fonction jusqu'en mai 1997372(*). Du 05 décembre 1982 à avril 1983, le
Conseil Paroissial de 12 diacres supervise toutes les activités de la
paroisse après le départ du Pasteur Zanzala.
En avril 1983, le Pasteur Bakombo Mulopo-Nzam est
installé comme premier Aumônier à plein temps à la
PPISC. Signalons que le Pasteur Bakombo est « le produit »
de la PPCKIN, c'est-à-dire le premier étudiant envoyé
à la FATEB et supporté financièrement par la PPCKIN pour
oeuvrer au ministère pastoral à l'Aumônerie Universitaire
Protestante. Il commença son ministère par une période
d'évangélisation avec deux grandes soirées du 11 au 12 mai
1983. 1.300 personnes ont assisté à ces soirées et 356
ont accepté le Seigneur Jésus-Christ dans leur vie, tandis que
d'autres ont renouvelé leur engagement en Christ373(*).
En 1986, un bureau de l'Aumônier et une salle
(local ex-Restaurant) servant comme lieu de culte furent octroyés par
les autorités de l'ISC à cette paroisse. Le 22 février
1987, le Pasteur Bakombo Mulopo-Nzam est consacré au ministère
pastoral par le Secrétaire de l'ECZ. Cette cérémonie
solennelle eut lieu à la PPUKIN au temple NODASA. En septembre 1989, le
Révérend Bakombo ira poursuivre ses études au Canada dans
le domaine de « familial counseling ». Pendant
son absence, la PPISC sera dirigée par un collège des diacres
avec à sa tête l'ancien Kabisekele Mujanay. En 1990, le Pasteur
Mpinga Cibangu qui a fait ses études théologiques à la
Faculté Théologique Protestante au Zaïre (FTPZ) à
Kinshasa, sera choisi comme le deuxième Aumônier à plein
temps de la PPISC en remplacement du Pasteur Bakombo374(*).
Le Pasteur Mpinga poursuivra le programme
tracé par son prédécesseur et le travail
s'accroîtra. Ainsi, le nombre de participants au culte du dimanche
passera-t-il de 300 à 400, puis à 800 membres en 1998.
Consacré au ministère pastoral le 22 août 1993 à la
paroisse de la CPK/Kintambo, il est installé comme Aumônier de la
PPISC le 29 août 1993, en présence de nombreuses
personnalités ecclésiastiques de l'ECZ (dont le Rév. Dr.
Marini, Vice-président de l'ECZ et Aumônier de l'AUPZA) et des
autorités administratives de l'ISC.375(*)
Quand le 06 août 2000, le Pasteur Mpinga ira aux
études de Missiologie (maîtrise et doctorat) à Pretoria en
Afrique du Sud, il sera remplacé par le Pasteur missionnaire Massa
Olonkwo Ibee Eugène, diplômé en missiologie du C.U.M.
(2000). Il est devenu membre de la PPISG depuis 1992, diacre, chargé de
l'évangélisation de 1996 à 1999 et Assistant de
l'Aumônier Mpinga de 1999 à 2000. Il sera ainsi le
troisième Aumônier à plein temps de la PPISG et poursuivra
le travail de son prédécesseur. L'idée de changer la PPISC
en PPISG qui date de 1996, verra son application en 1998, afin de faire
ressortir l'aspect de regroupement de tous les Instituts Supérieurs de
la Gombe en une seule paroisse et d'impliquer leurs membres respectifs dans les
activités de cette dernière.376(*)
1.2.5.1.2 Les
activités hebdomadaires
Chaque jour de la semaine, les différentes
activités ont lieu comme suit :
- Du lundi au samedi, un culte matinal se tient de 6h00
à 7h00
- Chaque mardi de 17h00 à 19h00, culte de toute la
paroisse au J33 :3
- Chaque vendredi, il y a journée de prière
dirigée par le département de l'intercession pour toute la
paroisse de 16h00 à 18h00
- Le samedi, c'est le jour de bénédiction
nuptiale et baptême
- Un culte a lieu chaque dimanche de 9h à 11h30'
à l'ISC avec au moins 600 participants de 8h00 à 10h00 et le
deuxième culte a lieu de 10h30 à 12h30 avec une traduction du
message en lingala, sauf le premier dimanche du mois où il n'y a qu'un
seul culte avec célébration de la Sainte-Cène de 9h00
à 12h00.
Il convient de remarquer deux choses : chaque
vendredi, un département est programmé d'avance pour diriger une
veillée, bien que chaque premier vendredi du mois, une veillée de
l'Église est organisée ; un culte du soir a lieu depuis
septembre 2000, de 17h à 19h30' au J 33 :3. Voyons un peu la liturgie
des cultes organisés.
1.2.5.1.3 Liturgie des
cultes
La liturgie de la paroisse qui est valable pour la
plupart des cultes organisés se présente comme suit :
1. Prélude : Groupe d'adoration
2. Salutation, Invocation et prière
3. Moment d'adoration profonde
4. Confession des péchés
5. Louange populaire
6. Accueil
7. Chorales
8. Prédication
9. Offrandes (Animation populaire)
10. Intercession
11. Bénédiction finale
12. Postlude : Groupe d'adoration
Dans tous les cas, il ressort de cette liturgie
que les chants de recueils ne figurent même pas dans les cultes
organisés. Les chants de recueils protestants ou chants d'ensemble ne
sont plus connus. Si un culte a besoin des chants, quels qu'ils soient, pour
aérer et soutenir la liturgie, ceux des recueils protestants le
méritent aussi bien.
Il conviendrait de relever ici la
particularité dans l'organisation du culte dans cette paroisse
protestante de l'aumônerie. La paroisse n'a pas de support pour
l'exécution des chants traditionnels protestants : les recueils.
Les cultes organisés se font avec une liturgie simple (qui a le
mérite d'engager l'assemblée dans la participation au culte),
conduite par un officiant (souvent un diacre ou un ancien) et le groupe
d'adoration qui reprend avec l'assemblée les chants populaires congolais
ainsi que certains chants de groupes chrétiens occidentaux modernes, le
plus souvent traduits de l'anglais en français. Cependant, les chants de
recueils de l'hymnologie protestante qui véhiculent l'esprit et
l'histoire du protestantisme sont méconnus, ils ne sont pas assez
exécutés. Encore un fait remarquable : la conduite des
cultes a du mal à se référer au calendrier liturgique qui
unit l'Église. C'est ce qui nous fait affirmer que le culte protestant
ne semble pas encore s'entrevoir dans le travail qui se fait dans cette
paroisse protestante universitaire.
1.2.6 La Paroisse Protestante
de l'Université de Kinshasa (PPUKIN)
Si les universités et Instituts
supérieurs au Congo ont aujourd'hui, sur les cités
universitaires, des aumôneries protestantes, l'effort est parti de cette
paroisse-mère de la PPUKIN. La PPUKIN est la paroisse qui a
engendré beaucoup de paroisses universitaires et aussi beaucoup
d'églises dans la région-ouest de Kinshasa. Comme on peut le
remarquer, elle se taille la part du lion dans l'ouvrage de Muyila, un grand
livre par l'importance du travail que la paroisse universitaire a abattu
pendant plus de 40 ans depuis l'existence de l'UECCOL (1961)377(*).
1.2.6.1 Historique
La genèse de cette paroisse vient de
l'idée de se regrouper qui animait quelques étudiants protestants
dès 1961. Comme peut le préciser Muyila, quelques
étudiants protestants désiraient ardemment vivre en association
sur le campus de l'Université Catholique Lovanium pour se
« serrer les coudes ».378(*) Ayant cru avoir une mission d'ordre spirituel et
civique, ils fondèrent un mouvement appelé Union des Etudiants
Chrétiens du Congo Section Lovanium (U.E.C.CO.L.) qui leur servira, plus
tard, de véritable instrument de libération du complexe de
minorité dont ils avaient longtemps souffert, et leur permettra ainsi de
se réunir librement sans crainte.379(*)
Le premier comité de l'UECCOL fut élu
en décembre 1962. Il était composé de six membres et
présidé par M. Aaron. Après s'être organisés,
ces jeunes gens ont mis sur pied un plan d'action et se sont fixé des
objectifs précis à atteindre. Pour approfondir lesdits objectifs
et rechercher les voies et moyens permettant de les atteindre, ils ont choisi
de travailler en commissions et sous-commissions. Ils réussiront plus
tard, à étendre leur mouvement au niveau des étudiants de
toute la ville de Léopoldville, notamment à l'Ecole Nationale de
Droit et Administration (E.N.D.A.), à l'Institut Pédagogique
National (I.P.N.), à l'Institut Polytechnique du Congo (I.PO.C.),
à l'Institut National du Bâtiment et des Travaux Publics
(I.B.T.P.) et à l'E.M. et formeront ainsi l'UECCOL /Léopoldville.
Au cours de l'année suivante, l'union créera des branches dans
quelques autres provinces dont l'Ecole Normale Moyenne (E.N.M.) de Luluabourg
(Kananga), le 24 novembre 1963380(*).
Notons avec Muyila que l'année
académique 1968-1969 a été très riche en
événements dans la vie de cette paroisse. En effet, après
les incidents malheureux survenus le 04 juin 1969 à Kinshasa lors d'un
accrochage entre les étudiants en grève et les militaires
envoyés les mâter, et au cours desquels il y eut un grand nombre
de victimes parmi les étudiants, dont M. Pierre-Oscar Beyenekene, alors
Secrétaire Général de l'UECCOL, la paroisse survivra
difficilement à ces épreuves. Il a fallu s'appeler autrement.
C'est ainsi qu'à la rentrée académique 1969-1970, le
Comité Directeur en exercice de l'UECCOL présidé par M.
Pierre-Oscar Duki (devenu médecin) sera obligé d'adopter
l'appellation de la Communauté Protestante de Lovanium pour se conformer
aux nouvelles exigences du pouvoir tout en conservant le Règlement
Intérieur et les structures de l'ex- UECCOL.381(*)
En 1971, un autre incident grave a failli
arrêter la vie de cette paroisse protestante. En effet, le 04 juin 1971,
les étudiants voulant commémorer le 2ème
anniversaire des incidents malheureux de 1969, il y eut également un
accrochage entre eux et les militaires, qui s'est soldé par quelques
victimes du côté des étudiants. Le pouvoir politique
décidera de la fermeture de l'Université Lovanium, du renvoi de
tous les étudiants dans l'armée (enrôlement) et de la
suppression de tous les mouvements de jeunesse estudiantine, quel que soit leur
caractère (syndical, confessionnel ou autre)382(*).
Il faut épingler que les efforts d'un
catholique sauvèrent la paroisse protestante universitaire de Louvanium.
Il s'agit de Mgr Tharcisse Tshibangu Tshishiku, alors Recteur de
l'Université Lovanium, qui obtiendra plus tard des autorités
gouvernementales l'autorisation de reprise des activités pour les seuls
mouvements à caractère confessionnel383(*). Ainsi les activités
paroissiales commencèrent à prendre vie. Faisons remarquer qu'en
juin 1972, les cultes dominicaux commencèrent à s'organiser.
Commencés avec moins de dix personnes, les cultes dominicaux ordinaires
se sont tenus successivement dans un auditorium des frères maristes
(l'actuel Groupe Scolaire du Mont-Amba), au Home XXX, (Octobre 1972), dans un
auditorium de la Faculté de Droit, (novembre 1972) pour se poursuivre,
à partir du 04 novembre 1973, dans la cathédrale de
l'Église Catholique Notre Dame de la Sagesse (NO.DA.SA) et enfin dans la
salle des promotions de l'Université de Kinshasa de 1989 à ce
jour (2001), en attendant la fin des travaux de notre temple384(*).
Les cultes spéciaux de Noël, Nouvel An
et Pâques des années 1975-1980 se déroulaient dans la cave
du Home Vatican dit Binti II, alors que les catholiques avaient autorisé
les protestants d'organiser les cultes dans la même cathédrale
qu'eux385(*) (Notre
chapelle de réveil, confisquée par l'Université en 1996).
Il conviendra de relever qu'à part les cultes
dominicaux, l'organisation des études bibliques, les réunions de
jeudi soir, les répétitions de chorale, l'école de
dimanche pour ne citer que ceux-là, étaient des activités
qui ont pu donner une forme paroissiale à cette action de rassemblement
des étudiants protestants. Les études bibliques avaient lieu, une
à deux fois par semaine, dans les huit cellules de la Paroisse :
Plateau des étudiants, Home X, Home XX, Home XXX, Home CL, Ecole
d'Infirmières dite « Basses coutumes »,
Mbanza-Lemba, Lemba au camp ex. Lovanium, formée chacune de deux
à onze membres. Les réunions de jeudi soir se tenaient à
la résidence de l'Aumônier, Maison N°10, tous les jeudis,
à 19h00 pour des études bibliques, le partage, l'adoration et les
témoignages. Au service de l'Evangélisation, la Chorale chantait
aux cultes et à d'autres manifestations organisées par la
Paroisse. Créée en 1973 et dirigée à ses
débuts par Mme Thérèse Schwab, l'épouse de
l'Aumônier, l'ECODIM comptait en son sein quatre moniteurs et encadrait
quatorze enfants.386(*)
1.2.6.2 Les
activités hebdomadaires
Chaque jour de la semaine, les différentes
activités ont lieu par commission comme suit :
- Du lundi au samedi, un culte matinal se tient de 6h00
à 7h00
- Chaque lundi de 17h00 à 19h00, culte de la jeunesse
pour Christ
- Chaque mardi de 17h00 à 19h00, culte de la Commission
des mamans
- Chaque mercredi, réunion de prières avec la
Commission d'affermissements
- Chaque jeudi, réunion de prière dans les
cellules avec la FOCOF
- Chaque vendredi, culte paroissial de la semaine de 18h00
à 20h00
- Chaque samedi, c'est le jour de catéchuménat,
bénédiction nuptiale et baptême (s'il y a lieu)
- Chaque dimanche deux cultes sont
organisés à PC et PSM, ils ont lieu de 8h à 10h00'et
de 10h00 à 12h30. A PSM, le deuxième culte se fait avec une
traduction du message en lingala. La PSY organise un seul culte le dimanche de
9h00 à 12h00'.
1.2.6.3 Liturgie des
cultes
On pouvait affirmer qu'autant les cultes qui
s'organisent dans cette paroisse ne manquent pas de liturgie, autant il n'y a
pas de liturgie qui laisse voir le déroulement d'un culte protestant
dans cette paroisse dite protestante. La liturgie de la paroisse, qui est
valable pour la plupart des cultes organisés, se présente comme
suit :
1. Prélude : Intercession
2. Salutation et Invocation (debout)
3. Moment d'adoration
4. Confession des péchés (assis)
5. Louanges collectives
6. Chorales
7. Accueil
8. Chant d'ensemble
9. Prédication
10. Offrandes et Annonces
11. Intercession (avec ou sans Sainte-Cène)
12. Bénédiction finale
13. Postlude : Groupe d'adoration
Dans tous les cas, il ressort de cette liturgie que
les chants de recueils n'y reviennent qu'à une fréquence
très faible : une seule fois dans les cultes organisés. La
fraction est de 1/13 soit 7% sur l'ensemble des rubriques du culte. On notera
que depuis prés de 10 ans, les chants populaires, par l'équipe
d'adoration, ont gagné de fond en comble la liturgie des cultes
organisés dans cette paroisse protestante universitaire. Les chants de
recueils protestants ou chants d'ensemble ne sont plus connus. Si un culte a
besoin des chants, quels qu'ils soient, pour aérer et soutenir la
liturgie, ceux des recueils protestants bien que méritant, ne sont pas
toujours très effectifs. Il y a des efforts à faire du
côté des acteurs de la liturgie387(*).
Il conviendrait de relever ici aussi la
particularité dans l'organisation du culte dans cette paroisse
protestante de l'aumônerie. C'est la problématique de
l'utilisation des chants protestants dans les cultes organisés par les
protestants. Si la paroisse dispose depuis 1978 de quelques supports pour
l'exécution des chants traditionnels protestants comme les Sur les
Ailes de la foi, Chants de victoire, Ensemble sans oublier le
recueil édité de la paroisse « Louons notre
Dieu », les chants de recueils ont disparu. Comme à la
PPISG, les cultes organisés se font avec une liturgie simple mais qui a
le mérite d'engager l'assemblée dans la participation au culte,
conduite par un officiant (souvent un diacre ou un ancien) et l'équipe
d'adoration qui reprend avec l'assemblée les chants populaires congolais
ainsi que certains chants de groupes chrétiens occidentaux modernes, le
plus souvent traduits de l'anglais en français. Cependant, les chants de
recueils de l'hymnologie protestante qui véhiculent l'esprit et
l'histoire du protestantisme sont méconnus, ils ne sont pas assez
exécutés. On notera aussi que la conduite des cultes, par rapport
à la PPISG, se réfère quand même au calendrier
liturgique qui unit l'Église.
Après ce passage en revue des paroisses choisies,
revenons au couple composé des cultes organisés et les chants de
recueils dans les Églises membres de l'ECC.
1.3 Cultes organisés et chants de recueils
En parlant des cultes
organisés et chants de recueils, notre but est double : essayer de
passer en revue les quelques liturgies des paroisses sous examen, et
apprécier la place y réservée aux chants de recueils. Ce
faisant, nous examinerons la fréquence moyenne de l'utilisation que les
organisateurs des cultes en font d'eux dans les différents cultes
organisés et pendant les différents services et temps
liturgiques. Il faut mettre en valeur une des études remarquables
menées avant nous. C'est l'étude de Nsumbu Pezo Nsakala
entreprise il y a de cela 20 ans, sur la place du chant dans le culte
protestant. Son étude portait le titre suivant : La place de la
chanson dans le culte protestant : Cas de la Communauté
Evangélique du Zaïre. Si chez Nsumbu, l'étude de la
question avait une vision restreinte car se limitant à son Église
d'origine, en étudiant l'organisation du culte, et considérant la
place accordée au chant et même en mettant en relief le duel entre
les deux conceptions qui se manifestaient mieux se combattaient
déjà dans la liturgie protestante, il convient d'affirmer que la
méthode, les résultats, les conclusions et recommandations qu'il
a préconisées nous éclairent encore aujourd'hui dans notre
démarche qui a élargi la vision d'y a 20 ans.388(*)
Mais avant d'aller plus loin, il serait avantageux
de parler en quelques lignes de ce qu'est en général la liturgie.
Nous le ferons avant la compréhension de celle des Églises
membres de l'Église du Christ au Congo de manière
particulière. Car nous pensons que la liturgie qui oriente le
déroulement du culte doit être comprise dans son contenu. N'est-ce
pas qu'elle divise déjà le monde du protestantisme ? Nous y
reviendrons. Faisons d'abord un bref rappel sur la liturgie avant de traiter
des cultes organisés à Kinshasa par rapport aux chants de
recueils.
1.3.1 Bref rappel sur la
liturgie
1.3.1.1 Quid,
liturgie ?
Le mot liturgie, on le sait, vient
du grec
ëåéôïõñãßá /
leitourgía, de ëáüò / laós,
« le peuple » et de la racine ñãï /
ergo, « faire, accomplir ». Il désigne donc,
littéralement, le service du peuple. C'est un culte public et officiel
institué par une Église. On se souviendra qu'issu du
judaïsme, le christianisme a naturellement repris le sens du service
public rendu à Dieu, incarné en Jésus- Christ mort et
ressuscité, par les apôtres, les évêques qui leur ont
succédé et les prêtres.389(*)
Il existe plusieurs liturgies selon qu'on a affaire
à une telle ou telle organisation cultuelle. On peut dans le monde
chrétien seulement citer, entre autres : liturgie orthodoxe,
liturgie catholique, liturgie anglicane et
liturgie
presbytérienne, etc. Mais nous allons, dans cet aperçu, nous
intéresser à celles dites chrétiennes en
général et protestante en particulier.
Les liturgies chrétiennes se composent de
l'ensemble des lectures, prières et rites constitutifs du culte
chrétien, organisé en un certain nombre de rituels quotidiens qui
culminent dans la messe ou eucharistie. À ce jour, le mot liturgie peut
avoir trois sens chez les chrétiens390(*) :
1. Au sens premier, elle est prise comme l'annonce de
l'Évangile, la mise en pratique de l'enseignement du Christ. En ce sens,
le Christ est le liturge suprême. Ce sens est ainsi dit inusité.
2. D'une manière générale, le mot
liturgie désigne l'ensemble des rites et du cérémonial
liturgique mis en oeuvre au cours d'une célébration religieuse
officielle, c'est-à-dire organisée par l'Église, par
opposition aux dévotions privées. Ainsi, le déroulement de
sacrements comme la messe ou le baptême, ou une encore un office de
complies par exemple sont des liturgies.
3. Dans un sens plus restreint ou plus ancien, l'expression
de « Sainte Liturgie » désigne (tout
particulièrement chez les orthodoxes et les catholiques orientaux),
l'eucharistie. On parle alors de liturgie eucharistique.
1.3.1.2 Ses débuts
chrétiens et ses dérivés
Comme on peut le lire dans les pages de
l'Encyclopédie Catholique pour tous, la liturgie
chrétienne ne date vraisemblablement que des débuts du
christianisme. Elle s'est créée naturellement par la
nécessité pour les croyants de prier ensemble. Elle s'enracine
dans celle du judaïsme. Au cours des temps, celle-ci n'a pas manqué
de subir d'innombrables transformations.391(*) En effet, comme peut l'affirmer A.G. Martimort,
l'usage de ce terme de liturgie est assez récent, car ce n'est qu'au
XIXe siècle qu'il avait été popularisé. Il a
été traduit pour la première fois en 1588 par G. Cassandre
sans doute sous forme latine liturgia tandis que, selon M. Metzger, le sens que
revêt la liturgie au centre du ministère chrétien, est
assez récent, à peine de deux siècles392(*).
Aujourd'hui on sait que l'exercice du culte, dans le
christianisme, est à l'origine d'un nombre important d'objets et de
notions relatives à la liturgie : temps liturgiques, calendriers ou
année liturgiques sans oublier les objets liturgiques comme
mobilier
liturgique,vêtements liturgiques, couleurs liturgiques.
1.3.1.3 La liturgie et le
culte
Les théologiens de la
pastorale, comme ceux des autres domaines de la théologie qui
s'intéressent à l'organisation du culte, savent quelque chose sur
l'importance de la liturgie dans ce domaine. La liturgie donne au culte un
caractère solennel qui engage les chrétiens à adorer Dieu,
à le louer et à lui rendre grâce. Elle est au service du
culte et donne aux serviteurs de Dieu les outils nécessaires dans
l'ordre des choses à faire et à proclamer aux fins de mener
à bon port la célébration des fidèles à Dieu
et de faire vivre l'Église du Seigneur. C'est elle qui spiritualise la
célébration cultuelle et rassemble les fidèles à ce
fait. Elle réunit les croyants et leur rappelle ce qui les maintient
ensemble en tant qu'Église. Avec elle, les croyants se réunissent
et partagent leur foi à la proximité dans une prière
commune. Ainsi, la liturgie joue entre autres le rôle de rassembleur.
Il conviendrait d'affirmer avec Masamba ma Mpolo et
Mengi Kilandamoko qui, abordant, dans une étude commune cette question
de l'importance de la liturgie dans une célébration cultuelle,
soutiennent ce qui suit :
La liturgie revêt une importance capitale dans le
maintien de l'ordre, de l'harmonie et de la spiritualité du culte. C'est
en elle que les esprits des croyants en prière sont orientés vers
Dieu et cheminent du simple à l'ensemble, du personnel à la
communauté, de l'angoisse à l'assurance de Dieu, de la
culpabilité au pardon [...] Son importance est d'autant plus capitale
surtout à cette époque du modernisme, qui est superflue voire
caduque de célébrer un culte sans liturgie. La liturgie consiste,
en réalité, la substance, la matière même, le
contenu d'un culte.393(*)
Cette saisie de l'importance de la liturgie dans
une célébration cultuelle peut encore se justifier quand on
élargit la vision qu'on se fait d'elle. En effet, pour certains
liturgistes dont les idées s'imposent encore, le culte reste l'acte
essentiel de l'Église, le point culminant de sa vie
collective.394(*)
Dans son ouvrage intitulé Liturgie,
Eucharistie de Lima, Max Thurian soutient qu'il existe trois grandes
parties principales dans une liturgie. Pour cet auteur, la liturgie dans un
culte comprend en elle-même des liturgies: une d'entrée, une
de la parole et une autre de l'eucharistie.395(*) Retenons :
1. La liturgie d'entrée qui a comme fonction de
rassembler les fidèles entre autres, dans l'acte de louange, dans
l'adoration réalisée par la prière et par les chants, dans
l'acte de contrition par la confession des péchés, dans
l'absolution et dans le chant d'action de grâce.
2. La liturgie de la parole qui s'ouvre par la prière
préparatoire à l'écoute de la parole de Dieu
(prière d'illumination) suivie d'un silence de recueillement, symbole de
foi qui résume la foi même de l'Église. Tous les besoins
des croyants sont présentés à Dieu dans l'intercession.
Les offrandes sont apportées à Dieu. L'appel à la
prière clôture la partie.
3. La liturgie eucharistique qui comprend essentiellement la
grande prière eucharistique (rappel de l'institution ou anamnèse)
précédée d'une brève préparation et suivie
de la communion (fraction du pain, présentation des espèces,
épiclèse, communion des fidèles). Une prière de
bénédiction clôture la liturgie entière.
Il faut mettre en exergue cette affirmation qui
soutient qu'au centre du culte comme au centre de la vie de l'Église, se
trouve la liturgie. De ce fait, la liturgie est le lieu de la rencontre de Dieu
et de son peuple pour la célébration de leur alliance.396(*) Les actes liturgiques ne
cessent d'amener l'Église dans la présence de Dieu, de la
réunir pour la présenter à Dieu.397(*) C'est ainsi qu'avec
Constantin Andronikov, nous pouvons renchérir que la liturgie est le
moment et le lieu où la divinité est attestée avec
certitude par la parole humaine mue par l'Esprit que Dieu descend vers les
fidèles qui invoquent le nom très saint.398(*) Il descend et parle à
son peuple d'une manière ou d'une autre. Il le fait par le chant qu'on
entonne ou par la prière qui s'élève, ou encore par la
proclamation de la parole qui passe par la prédication. Mais qu'en
est-il de la liturgie et du chant ? Il sied de dire, en passant, un
mot sur la place de la musique ou du chant dans la liturgie.
1.3.1.4 Le chant dans la
liturgie du culte
D'ordinaire, les grands critères qui se
dégagent de l'expérience séculière et de la
réflexion traditionnelle399(*) attribuent au chant dans la liturgie de nombreux
rôles dont les plus importants peuvent se formuler sous forme de ces
thèses :
1. Loin de toute saturation où l'on confondrait
l'émotion envahissante avec la plénitude de Dieu ou la
béatitude définitive, les chants de recueils servent à
exprimer la foi qui est accueillie après l'écoute de la
Parole ;
2. Comme la célébration n'est pas un
récital, le chant, cette poésie conjuguée, la musique,
vient aussi par ceux des recueils protestants pour promouvoir la participation
de la communauté ;
3. Ce faisant, le chant sert la célébration en
sa structure. Si la musique concerte chaque fois avec le texte, le chant, lui,
joue pleinement son rôle dans l'enchaînement des moments de la
célébration.
Dès lors on comprend que le chant qui
figure (toujours) dans la liturgie du culte, tout en y tenant une place
importante, présente souvent beaucoup de difficultés à
surmonter dans le travail de choix que font les acteurs de la liturgie.
« Quel chant qui convient pour quel moment
liturgique? » est souvent la question que l'on se pose. Mais,
bon nombre de ceux qui préparent le culte se méprennent à
son désavantage. Notre étude ne devrait pas occulter cette
préoccupation majeure. Car si nous parlons de la place des chants de
recueils dans le culte protestant d'aujourd'hui à Kinshasa, nous ne
devons pas nous empêcher de chercher à voir comment examiner la
question du chant qui convient pour la liturgie. Or quelques études
antérieures existent et sont disponibles. Nous avons estimé utile
de nous intéresser à celle de Serge Kerrien. Cet auteur fait une
réflexion théologique de grande portée liturgique. A ce
niveau de notre étude, sa contribution est à mettre en valeur.
1.3.1.4.1 Serge Kerrien et
la place du chant
Serge Kerrien400(*) fait une réflexion profonde sur la place du
chant dans la liturgie. Sa réflexion, à notre sens, est une
contribution importante pour les questions liturgiques par rapport au chant.
Quand bien même son analyse du problème soit faite par rapport
à la messe catholique, les préoccupations et les propositions
qu'il présente sont déjà une contribution importante qu'il
offre à ceux que la question intéresse aujourd'hui face au
déferlement des chants liturgiques ou religieux. Il les forge tout en
s'appuyant sur la Constitution sur la Sainte Liturgie (CSL) et la
Présentation générale du Missel romain (PGMR) qui donnent
un bon nombre d'indications concernant le chant liturgique. Nous trouvons
beaucoup de recommandations à puiser dans ses analyses pour le travail
que font les acteurs de la liturgie. Et nous retiendrons pour cette
étude, quelques-unes, à savoir : des difficultés
à surmonter ; des critères de choix.
1.3.1.4.1.1 Quel chant
qui convient ?
Kerrien pense avec raison que dire
« quel chant qui convient ? », est une des
difficultés toujours au rendez-vous chaque fois que les acteurs de la
liturgie se mettent à préparer le rassemblement cultuel. Car
comme il le dit lui-même et nous le citons, « chacun
sait combien le chant tient une place importante dans la vie culturelle,
économique et humaine, surtout lorsque l'homme se retrouve avec d'autres
pour célébrer un événement particulier (fête
de famille, rencontre sportive). On comprend donc que toute
célébration liturgique, puisqu'elle est action communautaire,
donne une grande place au chant et que sa place soit essentielle dans la
célébration chrétienne qui dit l'action de grâce et
la louange. Dès lors, une question se pose de manière très
forte aujourd'hui face au déferlement des chants liturgiques ou
religieux : en célébration, quel est le chant qui
convient ? ».401(*)
D'après cet auteur, si le chant liturgique
n'est pas un problème en soi, mais le déferlement qu'occasionne
sa large production aujourd'hui, serait à la base de la
désorientation de son choix pour le culte. On est facilement
exposé à des tentations orientées vers « ce qui
plait » qui est domaine du plaisir, au lieu d'être
orienté vers la quête de la fonction que le chant a à
remplir par rapport au temps et à l'action liturgiques. L'illustration
qu'en donne Kerrien par rapport au choix de critères est très
éloquente :
Lorsque vous achetez un disque compact ou une cassette, vous
choisissez évidemment la musique qui vous plait. Peut-on choisir ce
critère lorsqu'il s'agit de chant liturgique ? Si le plaisir de
chanter aide à mieux célébrer, il est clair qu'il ne peut
être ni le seul ni le premier critère de choix du chant
liturgique. En effet, dans la liturgie, chaque chant a d'abord une fonction
à remplir par rapport au temps liturgique et par rapport à
l'action liturgique qu'il accompagne. 402(*)
Il conviendrait de faire remarquer que le
problème ici n'est pas celui de faire croire que le chant liturgique ne
devait pas plaire, d'ailleurs on n'a jamais dit cela. Mais que le plaisir soit
le seul critère de choix, c'est cela toute la difficulté. Car
dans la liturgie, chaque chant qu'on entonne a d'abord une fonction à
remplir dans le temps et l'action liturgiques où il intervient. Cela
dit, il est clair que le plaisir de chanter pourra aider les fidèles
à mieux célébrer.403(*)
1.3.1.4.1.2 Choix du chant
et difficultés à surmonter
Dans le choix du chant pour le rassemblement
cultuel, les acteurs de la liturgie ont des difficultés à
vaincre404(*). Mais ces
difficultés, estimons-nous, ne peuvent être surmontées que
si les acteurs de la liturgie prenaient pas en compte et à coeur un
nombre de réalités incontournables qui accompagnent le chant dans
les esprits de certaines personnes, malheureusement très nombreuses.
Il est nécessaire d'appuyer sur le fait que
dans la conception des nombreuses personnes aimant la musique de
l'Église et mieux le chant liturgique, ceux-ci sont faits pour
égayer. Une autre conception contraire à celle-là est
à rejeter. Il est à propos de reconnaître que c'est
déjà là une difficulté majeure et difficile
à renverser dans les mentalités de certains fidèles, mais
pas toujours impossible à vaincre.
Ainsi, dans la grille des conceptions ancrées
dans la mentalité de nombreux fidèles aujourd'hui, on peut
enregistrer entre autres :
(1). La vraie musique est celle qui procure du plaisir. Or la
vraie musique n'est pas toujours celle qui procure du plaisir ;
(2). Un nouveau chant est toujours le meilleur,
l'ancien est à rejeter. Or un nouveau chant
n'est pas toujours le meilleur ni l'ancien
toujours à rejeter ;
(3). Le chant qui est méritoire pour la
liturgie est celui qui est commercialisé et devenu
populaire. Or le chant qui est
méritoire pour la liturgie n'est pas toujours celui qui est
commercialisé et devenu
populaire ;
(4). On peut aussi bien chanter sans les
autres : chacun pour soi, Dieu pour tous. Or on ne
peut pas bien chanter sans les autres. L'esprit
de chacun pour soi, Dieu pour tous dans le
chant récuse la fonction d'unification qui
est reconnue au chant liturgique ;
(5). Tout chant se rapportant à Dieu peut
s'entonner dans le culte peu importe le moment et le
temps liturgiques. Or tout chant
liturgique, bien que se rapportant à Dieu ne s'entonne pas
à n'importe quel moment liturgique.
La liste peut s'allonger infiniment.
Ces réalités seraient
peut-être de celles que Kerrien déverse dans le panier des
difficultés à surmonter pour faire un bon choix du chant
liturgique.
Essayons d'approfondir, avec cet auteur,
quelques-unes des difficultés qui nous semblent communes dans cet
exercice. Fort de ce que le choix du chant liturgique, par les acteurs de la
liturgie, pour le culte se confronte aujourd'hui aux
difficultés pareilles à celles qui suivent, les
recommandations de Kerrien peuvent éclairer.405(*) Nous pouvons donc les
présenter sous forme de thèses.
Thèse 1
Dans beaucoup d'esprits s'est installée
l'idée que la seule vraie musique est celle dont le seul but est de
procurer du plaisir à l'auditeur. Or, la musique liturgique est toujours
une musique destinée à accompagner un rite précis ou du
moins une action liturgique.
Thèse 2
Le déferlement des musiques de
variété et l'éclatement des cultures musicales ont
élargi le champ des styles musicaux et augmenté leur vitesse de
diffusion. En conséquence, de multiples " chapelles " musicales sont
nées, provoquant des phénomènes de rejet ; un
système de " mode " passagère s'est répandu, où un
genre nouveau chasse sans cesse le précédent.
Thèse 3
L'abondante production de chants liturgiques ou religieux
n'échappe pas aux phénomènes d'exaltation du goût
individuel et à l'instabilité de la mode. Le choix des chants
devient excessivement difficile tant il est soumis aux pressions des courants
ou des modes du moment. Alors, la convenance liturgique cède à un
système commercial dont les principes premiers ne sont ni
l'objectivité liturgique, ni la qualité des textes et des
mélodies.
Thèse 4
Or, la musique liturgique et particulièrement le
chant ont une fonction d'unification. D'une assemblée
diverse d'âges, d'expériences, de cultures, ils doivent faire une
assemblée célébrante, chantant son Seigneur d'un seul
coeur (choeur) et d'une même voix.
Thèse 5
Or, le chant liturgique doit avoir un minimum de
stabilité de par son rapport au rite. Non seulement il doit aider
à le déployer, mais il sert aussi à l'identifier ;
non seulement il sert à la beauté des célébrations,
mais il doit nourrir la foi des fidèles. L'actuelle ambiance de
goûts individualistes, de réflexe de consommation, de recherche
à tout prix de l'originalité passagère des modes, rendent
difficile le travail de ceux qui ont à trouver le chant liturgique le
mieux adapté au rite.
Thèse 6
Pourtant des solutions existent et elles peuvent
être mises en oeuvre à condition d'avoir toujours à
l'esprit que les chants doivent " s'accorder avec l'esprit de l'action
liturgique " (CSL 116) et qu'ils doivent être "en connexion
étroite avec l'action liturgique" (CSL 112).
Il conviendra de revenir particulièrement
à la liturgie des Églises membres de l'ECC. Nous le ferons aux
fins d'examiner et son contenu en relation avec le chant. C'est à ce
niveau de réflexion que nous tenterons de répondre aux questions
que nous soulevons sur les chants de recueils et le culte protestant
d'aujourd'hui. Mais qu'en est-il de la liturgie de nos Églises
protestantes au Congo ? Comment se présente-elle aujourd'hui?
Qu'a-t-elle de particulier ? Aujourd'hui, peut-on affirmer que la liturgie
des Églises membres de l'ECC est suivie ? C'est à ces
questions que nous allons essayer de répondre.
1.3.2 Liturgie des
Églises membres de l'ECC
En effet, nous devons reconnaître que
l'Église du Christ au Congo a fait hériter les pasteurs de ses
Églises membres à Kinshasa et d'ailleurs du Congo d'un petit
recueil liturgique dont nous ne saurons mesurer, à bon escient, la
portée profonde dans cette modeste étude. Pouvons-nous le
nommer : « Liturgie missionnaire »406(*) ? Le titre de
l'ouvrage voire son contenu sont en lingala407(*) : « Nzela na kokamba
losambo »408(*), (Guide pour la conduite du culte). Un vieil ouvrage
de la liturgie publié en plusieurs éditions avec le concours du
Centre Protestant d'Editions et de Diffusion (CEDI) à Kinshasa, depuis
la fin des années 1960 et cela sans aucune révision. Qui a
élaboré ce guide liturgique ? Les missionnaires ? Les
pasteurs Congolais ? On ne le saura pas dans cette étude. Il ne
porte pas un signe d'appartenance à une quelconque Église
particulière. Le peu qu'on puisse dire est que ce petit guide liturgique
- par son volume - est un usuel qui n'est pas conçu pour être
utilisé d'un bout à l'autre de façon systématique
dans un culte organisé; mais il fait beaucoup plus pour être
utilisé au gré des thèmes des cultes organisés dans
les paroisses de l'Église du Christ au Congo. Ouvrage de 70 pages,
présenté en 18 chapitres, ce rituel, entre les lignes, propose au
pasteur, les grandes voies sur « Comment conduire le
culte » dans la diversité de ses thèmes et
cérémonies importantes. Ce recueil liturgique donne aussi au
pasteur la facilité de bien conduire le culte qu'il a
préparé d'avance. En fait, c'est un guide de la liturgie pour le
pasteur. Il lui montre ce qu'il faut faire par rapport au culte. Abordons
maintenant de manière succincte le contenu de l'ouvrage, chapitre
après chapitre, pour ressortir les différents thèmes
contenus dans ce recueil liturgique.
Il sied d'indiquer que la version française de
ce guide, à notre connaissance, n'existe pas encore. Ainsi, nous allons
nous contenter de présenter dans les lignes qui suivent une traduction
française des différents chapitres. Les thèmes
traités en chapitres sont les suivants409(*):
1. (Elambo na Nkolo) Sainte- Cène
2. (Elambo na Nkolo na ndako na babeli)
Sainte-Cène dans la maison des malades
3. (Koyambama na baklisto baoyo balongwi na mangomba
mosusu) Accueil ou admission des chrétiens venant d'autres
Églises
4. (Koyambama ba baklisto baoyo bajalaki nsima na
lingomba).
5. (Lipamboli na bana) Dédicace d'enfants
6. (Libala- libala lijangi lopete) Mariage- mariage
sans anneau
7. (Libala na lopete) Mariage avec anneau
8. Mariage-Bénédiction des couples qui veulent
se conformer aux exigences de l'Église
(Lipamboli mpo na baoyo bakobalana wana esili bango
kobongisa makambo na bango kati na Lingomba).
9. (Libatisi) Baptême
10. (Koyambama na baoyo basili kobatisama) Accueil
des nouveaux baptisés
11. (Kokunda mpo na moto oyo ajali kati na Lingomba)
Mise en terre ou inhumation de celui/celle qui est mort dans l'Église du
Seigneur (Sans excommunication)
12. (Kokunda mpo na moto oyo libanda na lingomba).
Mise en terre ou inhumation de celui/celle qui est hors
l'Église du Seigneur (Sous discipline)
13. (Koponama mpe kobulisama mpe kobulisama na
Basaleli) (Ba diacres).
Election et consécration des serviteurs
14. (Kotiama na libanga na moboko.) Pose de pierre de
la fondation
15. (Kobulisama na ndako na Njambe.) Dédicace
du temple
16. (Lipamboli na ndako na Njambe)
Consécration du temple
17. (Kobulisama na pasteur mpo na mosala na
lingomba).
Ordination de pasteur pour le service dans l'Église du
Seigneur
18. (Mapamboli na Nkolo) Bénédictions
finales du Seigneur
Selon les thèmes traités dans ce guide
liturgique, et sans trop vouloir entrer dans le débat
d'appréciation ou dans l'examen des questions approfondies de liturgie,
nous pouvons néanmoins relever quelque chose d'important. Cela se trouve
être dans le contenu de cette
liturgie « missionnaire ». Si le document liturgique
« Njela na kokamba losambo » qui nous livre le
déroulement abrégé des liturgies, en montrant comment
procéder à tel ou tel service et acte pastoral, ne nous
présente pas clairement un quelconque ordre de service forgé pour
tous les cultes organisés, et que les officiants devraient suivre, celui
de « Ntwadusulu a tukutakanu » qu'évoque
Lusakweno par contre traduit l'esprit liturgique de la
célébration cultuelle que connaissaient dans l'ensemble les
Églises protestantes au Congo.
Dans le premier, l'esprit de ce guide renseigne que
les différents chapitres ou rubriques traités sont plutôt
les différents moments que peut comporter un culte. Prenons le cas de la
Cène. Généralement, nombre de paroisses des Églises
membres de l'Église du Christ au Congo (sauf peut-être celles de
la Communauté des Disciples du Christ au Congo), on le sait, ont coutume
de n'avoir la Sainte-Cène que chaque premier dimanche du mois et cela
dans un culte qui réserve un moment liturgique pour ce service.
Très souvent, cela a lieu après la prédication et les
offrandes.
Dans le deuxième, par contre, on nous
présente clairement l'ordre d'un service dominical. Voici ce qu'on peut
tirer de ce document :
1. Nkunga « O Nzambi
watusakumuna... » 1. Chant « Gloire à
Dieu... »
2. Lusambulu
2. Prière
3. Nkunga wa luzitu
3. Chant de louange
4. Ntangulu a Masonuka 4.
Lecture biblique
5. Nkunga- Minyimbidi
5. Chant (Chorale)
6. Ntangulu a Masonuka 6.
Lecture biblique
7. Lusambulu lwa kivungi 7.
Prière pastorale
8. Nkunga wa lusambulu 8.
Chant de prière
9. Nzayikusu a dibundu
9. Annonces
10. Minkayilu
10. Offrandes
11. Lusambulu
11. Prière
12. Nkunga
12. Chant (Chorale)
13. Lusambulu
13. Prière
14. Malongi
14. Prédication
15. Nkunga wa kukiyekula
15. Chant (Abandon de soi)
16. Lusambulu
16. Prière
17. « Amen »- Miyimbidi
17. « Amen » (Chorale).
Dans cette présentation liturgique, il nous
est aisé de constater que sur les dix-sept places qui figurent sur cet
ordre du culte, le chant revient sept fois. Mais sur les sept, ceux des
recueils reviennent 4/17 soit 23% sur l'ensemble de la liturgie.
Dans cette étude, nous n'allons certainement
pas examiner tous les thèmes repris dans ce guide, à l'exception
de la place réservée aux chants qui sont toujours présents
dans le déroulement de ces différents moments liturgiques. C'est
comme pour affirmer que la prise en compte des unions des couples comme ceux de
« liturgie et chants » d'une part et
« Culte et chants » de l'autre, auraient une
certaine influence dans la célébration cultuelle. Nous y
reviendrons avec force.
1.3.3 Les chants de recueils
dans la liturgie des cultes
Comme on a pu le constater dans les lignes qui
précèdent, les chants de recueils, qui constituent l'un des
principaux maillons de l'hymnologie protestante au Congo, étaient
toujours omniprésents dans la liturgie des cultes organisés au
Congo en général et à Kinshasa en particulier. On pourrait
dire qu'il n'était pas facile de se passer d'eux. Ils avaient une place
de choix et nombre des fidèles en prière les entonnaient aussi
facilement que merveilleusement lors des différents cultes car ayant les
recueils des cultes à Kinshasa.
On se souviendra que, dès le début,
l'Église missionnaire s'est appuyée sur l'utilisation des chants
comme l'autre main de l'évangélisation410(*). Les missionnaires,
comme l'écrit Lusakweno, avaient compris qu'un culte sans chant
était comparable à un aliment sans sel. Ainsi dès le
lendemain de l'installation de la mission, après une période
relativement assez longue de l'oralité, les recueils de chants pour
culte en langues nationales étaient imprimés bien que tout
reposait sur la traduction littérale des textes des recueils des
églises occidentales avec toutes les exigences qu'imposent l'exercice de
la poésie occidentale avec ses vers en rimes croisées.411(*) Ainsi, on pouvait trouver
dans les paroisses les recueils des chants tels que le Nkunga mia
kintwadi avec 947 chants ; Njembo na Njambe avec 348
chants ; Misambu avec 350 chants ; Nyimbo za Mungu
avec 356 chants.
Ainsi, il conviendrait d'affirmer qu'avec la Bible,
les missionnaires protestants avaient mis entre les mains des Congolais des
recueils des chants abondants pour le culte412(*). Dans tous les cultes, les chants de recueils
occupaient une place très importante tant dans la liturgie dominicale,
sacramentelle que dans les autres cultes organisés comme ceux de
mariage, consécration des ministres, dédicaces et même les
cultes funéraires. Mais quel est l'état des lieux des chants de
recueils aujourd'hui dans nos cultes à Kinshasa?
Voici ce que nous avons observé ici, depuis
un certain temps : les chants de recueils ne reviennent, en
général, dans la liturgie des différents cultes
d'aujourd'hui que de manière non- exhaustive. Dans un culte de deux
heures aujourd'hui à Kinshasa, il semble qu'on ne retient plus au
maximum que deux chants. Nous nous appuyons sur les liturgies des paroisses
retenues. Essayons de jeter un coup d'oeil sur l'utilisation des chants de
recueils aujourd'hui dans nos cultes.
1.3.3.1 Utilisation
Pour mieux cerner quelque chose sur l'utilisation des
chants de recueils aujourd'hui dans les paroisses retenues dans cette
étude, nous allons nous intéresser aux différents cultes
que les paroisses organisent. Ainsi, nous retiendrons les cultes dominicaux et
ceux de la semaine. Nous examinerons l'utilisation de ces chants lors de
l'administration des sacrements et lors de grands rassemblements
chrétiens à Kinshasa sans oublier les cultes des fêtes
liturgiques.
1.3.3.1.1 Culte
dominical
Le culte de dimanche, dans toutes les paroisses sous
examen, est toujours organisé avec une solennité
particulière. Peut-être parce qu'appartenant à toutes de
l'Église du Christ au Congo, les paroisses suivies ici présentent
presque toutes les mêmes rubriques dans leurs liturgies du culte
dominical. Ainsi, de manière générale et sans tenir compte
de leurs aspects particuliers, la liturgie du culte dominical à Kinshasa
pourrait se présenter comme suit :
1. Prélude : Chorale/Groupe musical
2. Salutation, invocation et prière
3. Chant d'ensemble
4. Loi de Dieu et confession
5. Prière pastorale
6. Chorales
7. Accueil et annonces
8. Lecture biblique
9. Chorales
10. Moment de louange et adoration/Groupe musical
11. Prédication
12. Prière pour le message
13. Offrandes et dîmes : (Animation des
Chorales/Groupe musical)
14. Prières pour les offrandes
15. Annonces particulières
16. Chant d'ensemble
17. Bénédiction
18. Postlude : Chorale/ Groupe musical
S'il faut commenter en quelques mots cette liturgie,
nous pouvons remarquer que si cette présentation liturgique accorde aux
chants 8/18 places dans l'ensemble, ceux des recueils ne reviennent que deux
fois, soit 2/18 ou 11 % de l'ensemble des points prévus dans la
liturgie. Quand nous parlons de chants d'ensemble sur la liturgie, avons-nous
dit, nous faisons allusion aux chants des anciens recueils protestants que
l'assemblée entonne, généralement à l'unisson. Il
est un fait qu'il faille relever. Si les chants de recueils sont presque en
souffrance quant à leur fréquence dans la liturgie d'aujourd'hui,
le chant lui-même n'a pas du tout quitté le culte à
Kinshasa. Il demeure encore et toujours l'élément dominant des
cultes organisés. Retenons ici, l'exemple que nous tirons de la
réflexion de Nsumbu où il trouve, avec raison, que le chant se
fait toujours entonner comme pour introduire certaines rubriques de la liturgie
dans nos cultes. Ici, c'est souvent les chants d'animation413(*) qui sont loin
d'être ceux des recueils protestants. C'est le cas avec le moment
d'invocation et prière d'ouverture du culte, aussi pendant le moment
d'appel à la repentance qui intervient après l'écoute de
la loi de Dieu. On y chante. Au moment de « louange et
adoration », on chante encore peut-être pendant près de
20 minutes avant d'écouter la prédication.
Il conviendrait de rappeler que ces chants d'animation
qu'on exécute souvent sur une longueur de la liturgie du culte, sont
aussi ceux que Nkulu désigne par chants populaires, qui sont
généralement puisés dans le folklore congolais ou
africain. Ils sont des expressions anonymes de la culture et produit de la
transmission orale, comme cela est pratiquée dans toutes les cultures de
l'humanité. Ces chants ne sont pas faits de la musique savante
occidentale414(*).
D'après Nkulu, ces chants populaires sont différents de chants
missionnaires ou traditionnels qui sont généralement les
cantiques des recueils415(*).
1.3.3.1.2 Cultes de la
semaine
Les cultes de la semaine sont ceux
qui ont lieu en dehors de dimanche. Comme on le désigne, ils se
déroulent généralement le matin ou le soir pendant les
jours ouvrables. Ils peuvent être : ceux de chaque matin, culte de
dévotion matinale ; ceux des femmes, des hommes, des jeunes avec
des jours particuliers à chaque groupe ; ceux de l'intercession de
la paroisse ; ceux des cellules dans les quartiers ; ceux d'un jour
choisi par la paroisse pour un culte du soir et nous en passons.
Ces types de cultes prévus dans les
activités hebdomadaires de toutes les paroisses choisies ne sont pas de
loin non-conformes à la liturgie officielle consignée dans le
document liturgique de l'Église du Christ au Congo. Mais il faut relever
quelques faits observés:
1. Chaque paroisse a sa façon d'organiser ses cultes de
la semaine bien que de manière générale, le gros de ces
liturgies de la semaine ne soit qu'un abrégé de celles des cultes
dominicaux ;
2. Rares sont les Églises qui ont dans leurs recueils
liturgiques quelque chose prévu pour le culte en dehors de celui du
dimanche ;
3. Le choix des chants et leur exécution pendant le
rassemblement cultuel semblent être beaucoup influencés par un
nombre des paramètres (subjectifs ou objectifs, selon le cas) parmi
lesquels on peut énumérer : la disponibilité des
recueils de cantiques dans le lieu du culte ; la présence dans le
culte de ceux qui savent encore entonner le chant de recueils choisi ; la
possible loi de la majorité entre les générations en
présence pendant le service. Si le culte compte beaucoup de jeunes, la
tendance hymnologique dans le choix des chants est souvent orientée vers
les chants populaires de l'heure.
Des échanges que nous avons eus avec les
responsables des paroisses retenues sur l'objet de cette étude, et
tenant compte de leurs liturgies respectives pour ces types de cultes, nous
pouvons tenter de présenter ici quelques types de ces
abrégés liturgiques. Ainsi, trois types sont retenus :
(1) Liturgie des cultes particuliers (culte des femmes, culte
des hommes, culte des jeunes) ; (2) Liturgie du culte
paroissial de la semaine ; (3) Liturgie de culte matinal.
1) Liturgie des cultes
particuliers (culte des femmes, culte des hommes, culte des
jeunes)
1. Invocation et prière
2. Chant d'ensemble
3. Lecture biblique
4. Prière
5. Chorale
6. Moment de louange et adoration
7. Prédication
8. Offrandes (Chorale ou chants d'animation)
9. Prière d'intercession
10. Annonces
11. Chant d'ensemble
12. Prière finale (Bénédiction)
Dans ces cultes particuliers, le chant est
toujours dominant. Le point réservé à la chorale peut
être toujours remplacé par un chant d'ensemble ou d'animation au
cas où la chorale prévue n'est pas disponible à leur
culte. Mais cela dépend souvent du sentiment de l'officiant. Ici, les
chorales sont celles des femmes, des hommes et des jeunes. Pendant la semaine,
ces chorales chantent au culte au cours de leurs cultes particuliers.
Toutefois, il faut faire remarquer que la fréquence des chants de
recueils dans la liturgie de ces cultes n'est toujours pas très
significative dans l'ensemble des rubriques. La fraction des rubriques
réservées au chant ici est de 1/6 soit 16% bien que ceux de la
chorale, du moment de louange et adoration populaire voire ceux d'animation
soient d'une fraction de 1/4 soit 25% des rubriques prévues.
2) Liturgie du culte paroissial de la
semaine
1. Invocation et prière
2. Chant d'ensemble
3. Prière pastorale
4. Chorale (s'il y en a)
5. Lecture biblique et prière
6. Chorale
7. Moment de louange et adoration populaire/Groupe musical
8. Prédication
9. Appel à la repentance
10. Prière d'intercession
11. Offrandes: (Chorale/Groupe musical)
12. Annonces
13. Chant d'ensemble
14. Bénédiction
15. Postlude : Chorale/Groupe musical
Dans le déroulement du culte paroissial de
la semaine, le chant garde toujours son caractère dominant. Ici, on
peut faire remarquer que le point réservé à la chorale
peut toujours être remplacé par un chant d'ensemble ou d'animation
au cas où la chorale prévue n'est pas disponible. Mais le choix
du chant à entonner dépend toujours du bon gré de
l'officiant qui peut opter pour tel ou tel chant tenant compte de la
présence ou non des recueils mais aussi des générations en
présence. Dans ce culte, souvent toutes les chorales sont
conviées. Ici encore, la fréquence des chants de recueils dans la
liturgie n'est toujours pas très significative dans l'ensemble des
rubriques. La fraction ici est de 2/15 soit 13% bien que ceux de la chorale, du
moment de louange et adoration populaire voire ceux d'animation conduit par le
groupe musical soit d'une fraction de 1/3 soit 33 % des rubriques
prévues.
3) Liturgie de culte matinal
1. Invocation et prière
2. Chant d'ensemble
3. Prière
4. Lecture biblique
5. Prière d'illumination
6. Prédication
7. Intercession
8. Offrandes et annonces
9. Chant d'ensemble
10. Prière finale (Bénédiction)
Le culte matinal qui n'a lieu que les jours
ouvrables de la semaine, est généralement celui d'une courte
durée. Il prend au moins 30 minutes de service. Le chant, dans ce type
de culte, garde encore son caractère dominant. Ici, on peut faire
remarquer que le point réservé aux chants d'ensemble ne traduit
toujours pas qu'il s'agit des chants de recueils. Souvent, ce sont les chants
d'animation, de louange et adoration populaire qu'on entonne pendant ce culte.
Mais cela dépend non pas seulement ni toujours du bon gré de
l'officiant qui peut opter pour tel ou tel chant, mais aussi de l'endroit
où a lieu ce culte. Les cellules dans les quartiers, loin de la
paroisse, ont tendance à ramener les chants dans cette liturgie à
ceux de l'oralité populaire. Ici encore, la fréquence des chants
dans la liturgie d'une fraction ici est de 1/5 soit 20%.
1.3.3.1.3 Lors de
l'administration des sacrements
Nombre des théologiens sont
unanimes pour affirmer que l'Église est là où la parole
de Dieu est prêchée et les sacrements administrés416(*). Car comme au temps de la
Bible, après la prédication de Pierre à la
pentecôte, l'Église naîtra et tous ceux qui avaient cru,
nous rapporte les Ecritures, persévéraient dans l'enseignement
des apôtres, dans la communion fraternelle, dans la fraction du pain, et
dans les prières417(*). L'administration des sacrements offrent encore
à l'ensemble des paroisses suivies des moments où les chants de
recueils reviennent avec force pour accompagner ce précieux moment de
souvenir de ce que Dieu a fait pour nous par la voie de la passion du Christ,
mais à la fois celui où l'amour, foi et espérance se
puisent dans la vie de chaque chrétien qui communie. Comme
affirmé dans les chapitres précédents, les protestants ne
tiennent de la Bible que deux sacrements, à savoir : le
Baptême et la Sainte-Cène.
1) L'administration du baptême
La liturgie ou encore les liturgies
observées ici dépendent tant de la particularité des
paroisses que des sacrements à administrer. On sait que les acteurs de
la liturgie ont affaire à deux liturgies : celle du baptême
et celle de la Sainte-Cène. Mais même si les paroisses gardent
jusque-là cette tradition, elles ne devraient pas oublier cette
importante interpellation de Max Thurian qui veut par rapport au baptême
que « dans une liturgie complète du baptême, on
devrait trouver au moins les éléments suivants : une
invocation du Saint-Esprit ; une renonciation au mal ; une profession
de foi au Christ et à la Sainte Trinité ; l'usage de
l'eau ; une déclaration que les personnes baptisées ont
acquis une nouvelle comme membres de l'Église, appelés à
rendre témoignage à l'Évangile »418(*).
Dès lors, il y a un nombre
d'éléments qui ne doivent pas manquer dans la liturgie du
baptême pour que ce baptême organisé par une Église
soit reconnue par d'autres. Ainsi, de cette interpellation de Thurian peut
sortir un tel ordre de service abrégé :
1. Invocation du Saint-Esprit
2. Appel à la renonciation au mal
3. Profession de foi au Christ et à la
Trinité
4. Mise dans les eaux de baptême
5. Déclaration de foi des nouveaux baptisés
(Proclamer qu'ils ont acquis une nouvelle identité comme fils et filles
de Dieu et comme membres de l'Église, appelés à rendre
témoignage à l'Évangile).
Cette présentation liturgique de Thurian
n'est pas loin de celle qui est suivie par les Églises qui exploitent le
recueil liturgique des Églises membres de l'ECC. Mais si son canevas
liturgique ne propose pas clairement l'utilisation des chants, celui qu'on tire
de la tradition et l'expérience dans l'agir pastoral des Églises
membres de l'ECC ne se conçoit pas sans chants. En voici le
contenu que nous pouvons présenter par rapport à ce que nous
avons pu observer concernant le baptême :
1. Chant d'ensemble
2. Invocation du Saint-Esprit
3. Chant d'ensemble
4. Lecture biblique
5. Prédication
6. Appel à la renonciation au mal
7. Proclamation des promesses de Dieu
8. Chant d'ensemble (Louange)
9. Confirmation de l'engagement des candidats au baptême
10. Profession de foi et Oraison dominicale
11. Mise dans l'eau (bercée par les chants
d'ensemble)
12. Recommandations ou exhortation biblique
13. Chant d'ensemble
14. Prière finale et bénédiction.
L'utilisation des chants de recueils dans
l'administration du baptême est manifeste lors de ce moment sacramentel.
Le baptême revient de manière générale deux fois
l'an : à la fête Pentecôte et à la fête de
Noël pour les unes ; et, à la fête de Pâques et
à la fête de Noël pour les autres. Le chant, dans ce type de
service, explose son caractère dominant. Ici, on peut remarquer que 4
points de liturgie sont réservés aux chants d'ensemble avec une
fraction de 1/7 soit 28% de l'ensemble de points prévus dans la
liturgie. Mais cette fréquence peut être trompeuse. Ceci peut se
justifier dans le cas où il arrive que tout le long de la mise dans
l'eau des nouveaux convertis, les chants d'ensemble bercent cette rubrique. Et
si le nombre des candidats au baptême est grand, les chants, bien
entendu, seront encore longuement entonnés. Et ici, il s'agit souvent
des chants de recueils protestants car ces recueils disposent d'un nombre
important des chants prévus pour de tels moments liturgiques. Cela ne
veut pas dire que l'influence de l'environnement immédiat qui se traduit
tantôt par le manque de recueils des cantiques disponibles ou
carrément par l'ignorance de ces chants ne peut interférer. Loin
de là ! Il peut toujours y avoir cette influence. Car c'est ainsi
que les chants d'animation, de louange et adoration populaire qui n'ont rien de
commun avec l'acte en présence sont quelquefois entonnés. Mais il
revient à l'officiant, acteur de la liturgie, de bien préparer
non seulement le culte mais aussi les chants à entonner durant ce
service.
Avant de passer à l'administration de la
Cène, signalons qu'après le baptême et avant d'être
invités à la Table du Seigneur, les nouveaux baptisés sont
d'abord accueillis mieux admis comme membres de l'Église du Seigneur.
C'est encore là une autre liturgie, bien que celle-ci soit très
courte en durée.
Le recueil liturgique des Églises membres de
l'ECC prévoit un bref moment liturgique en rapport avec l'admission par
l'Église des nouveaux baptisés qui, en principe, sont
placés ensemble sur les bancs préalablement prévus pour
eux. Rassemblés et debout devant l'acteur de cette liturgie, les
nouveaux baptisés suivent dans une attitude de piété le
pasteur et répondent aux questions qui exigent leurs promesses à
l'engagement chrétien419(*). Voici comment se présente
généralement cette liturgie :
1. Chant d'ensemble
2. Brève exhortation biblique
3. Déclaration de l'engagement des nouveaux
baptisés420(*)
4. Confirmation de l'admission par l'assemblée
5. Prière en faveur des nouveaux baptisés
6. Bénédiction421(*)
7. Chant d'ensemble (pour l'accueil des nouveaux
baptisés par l'assemblée)
Cette liturgie réserve deux places pour le chant
d'ensemble : une au début de la cérémonie et une
autre à la fin de celle-ci avant d'inviter les nouveaux baptisés
à la Table du Seigneur. Notons par ailleurs que la place du chant est
toujours préservée. La fréquence qui lui revient dans
cette liturgie est de 2/7 soit 28 % sur l'ensemble des points prévus
à la liturgie.
2) L'administration de la Sainte-Cène
La Sainte-Cène, on le sait, est aussi
appelée la Table du Seigneur, le Repas du Seigneur, la Communion voire
l'Eucharistie. Toutes ces appellations ne désignent que le service de
table. Point n'est besoin de rappeler que la Sainte-Cène est un rite
d'action institué par le Christ lui-même. En la
Sainte-Cène, Dieu agit par le Christ pour nous nourrir, soutenir,
réconforter, enseigner et pourquoi pas nous rassurer qu'il est
près de nous et avec nous. Acte symbolique de haute portée dans
l'Église visible, la célébration de la Cène nourrit
notre foi, bien plus, captive notre pensée et notre imagination à
l'obéissance du Christ. Elle éclaire notre perception de l'oeuvre
d'amour de notre Dieu en la mort et en la résurrection de Jésus-
Christ. Elle nous rapproche plus près de Lui en nous offrant un moment
où l'Église rassemblée entonne dans la piété
un « Mon Dieu plus près de toi », ou encore
un « Tel que je suis, sans rien à moi ». Ce
faisant, elle nous identifie et nous octroie notre appartenance à la
famille des enfants de Dieu qui confesse que Jésus-Christ est Seigneur
à la gloire de Dieu le Père. C'est ici qu'on peut aussi bien
saisir le sens de l'unité du corps du Christ qu'elle traduit dans
l'Église, laquelle unité est l'anticipation du rassemblement de
la fête du grand jour à venir.
L'ouvrage liturgique The Worship,
Sourcebook422(*)
nous renseigne sur le sens d'un rite d'action qui est caché dans la
célébration de la Sainte-Cène. C'est dans ses notes
d'introduction au chapitre sur le Repas du Seigneur, que l'ouvrage nous
renseigne quelque chose sur la liturgie de la Cène. D'après ce
recueil, l'expérience du témoignage que porte l'Église,
depuis vingt siècles, tourne autour de l'anamnèse de quatre
verbes d'actions que contient l'évangile du Repas du Seigneur. Au clair,
les actes que pose l'acteur de la liturgie, à la suite du Christ,
pendant la liturgie de la Table se fonde sur ce rituel:
« Jésus prit du pain, rendu grâce, le rompit, et
donna à ses disciples », « Jesus took
bread, gave thanks, broke it, and gave it to the
disciples »423(*).
C'est pourquoi l'acteur de cette liturgie,
à l'instar du Christ, et devant l'Église rassemblée :
1. Prend du pain, annonçant que c'est le don de Dieu pour
nous ; 2. Rend grâce à Dieu pour toute sa
fidélité vis-à-vis de son peuple et de son
Église ; 3. Rompt le pain, avec geste d'hospitalité
et ; 4. Le donne avec amour, à la communauté
rassemblée424(*).
L'agir pastoral des Églises membres de l'ECC
prévoit généralement l'administration de la Cène
dans la liturgie du culte comme un moment dans le déroulement du culte
et non comme étant lui-même une célébration à
part entière425(*). Il convient d'indiquer que le service de la
Sainte-Cène a lieu d'ordinaire une fois le mois dans nombre
d'Églises de l'ECC. C'est le cas des paroisses que nous avons eu
à suivre.
La Sainte-Cène, dans la plupart des
Églises membres de l'ECC, a lieu le premier dimanche du mois426(*) et sa liturgie est
double : celle de la communauté rassemblée et celle
d'auprès des personnes souffrantes dans les hôpitaux. La
différence entre les deux n'est que très peu significative dans
le contenu. Toutefois, le nombre de rubriques prévues dans le temps sont
élidées pendant le service auprès des malades. Voici, en
substance, le contenu de ces deux liturgies de la Cène :
1) Liturgie de la
communauté rassemblée
1. Chant d'ensemble
2. Prière
3. Lecture biblique
4. Prédication
5. Appel à repentance
6. Proclamation des promesses de Dieu
7. Chant d'ensemble
8. Les béatitudes
9. Institution et instruction de la Cène
10. Prière de consécration du pain et de la
coupe
11. Chant d'ensemble
12. Présentation de la coupe de
bénédiction et du pain de la communion
13. Chant d'ensemble
14. Distribution et consommation des éléments de
la Cène.
15. Exhortation aux bonnes oeuvres
16. Prière d'actions de grâces
17. Chant d'ensemble
18. Bénédiction finale
Cette liturgie qui semble être beaucoup plus
longue est l'une des meilleures mais malheureusement jamais suivie. La
Sainte-Cène, on le sait, pour beaucoup de nos paroisses, n'apparait que
comme une rubrique parmi les autres prévues pour un culte dominical.
C'est ce qui nous amène à prévenir le danger de voir les
paroisses urbaines oeuvrer continuellement pour ce que nous appelons :
Liturgie mutilée. Voici ce que nous avons observé ici et
comment nous expliquons depuis un temps relativement long : dans le
déroulement du culte, la liturgie de la Cène souffre de beaucoup
de « mutilations ». Dans le chef de beaucoup
d'acteurs de cette liturgie, il n'y a pas de sens de continuité ni de
complémentarité dans les étapes ou rubriques
préparant et conduisant jusqu'au point culminant de la Cène,
Repas du Seigneur. Beaucoup de points qui retracent l'esprit et la logique
même de cette célébration sont aussi facilement que
bonnement élidés au gré de l'acteur de la liturgie du
culte qui court derrière le temps qu'il n'a pas lui-même su bien
gérer pour cette fin. Ce cas déplorable vit dans l'agir de
nombreuses paroisses urbaines aujourd'hui. On a beau souhaiter voir la liturgie
de la Sainte-Cène observée, respectée, assumée et
prolonger dans le temps son sens du souvenir douloureux mais aussi
d'espérance de la gloire à venir, hélas ! Nous avons
toujours, malheureusement, assisté impuissants à la
« mutilation » de la liturgie de la Table chez les
protestants de Kinshasa. Peut-être que, sans l'avouer, la liturgie
auprès de personnes serait aujourd'hui celle exploitée dans le
culte de l'Église rassemblée à cause de sa
brièveté ! Car nombreux parmi les fidèles ne
supportent pas trop les excédents de bagages qui encombrent
déjà trop le culte dominical mais aussi la liturgie de la
Sainte-Cène. C'est quand celle-ci inclut beaucoup d'autres actes
pastoraux dans la même liturgie et cela dans un même culte. Il est
vrai que le cumul des actes pastoraux généralement prolonge la
durée du culte. Et s'il arrive que la Cène aussi fût
prévue, cela fatiguerait naturellement les fidèles. Parmi les
causes de prolongement de la durée du culte on peut, entre autres,
énumérer : un grand nombre d'annonces de la paroisse ;
la dédicace, dans un même culte, de nombreux enfants ; les
deux prédications qui se suivent dans un même culte, surtout quand
le pasteur veut prêcher d'abord pour ceux qui ne se sont prêts
à prendre part à la Table du Seigneur parce qu'ils vont sortir,
et prêcher encore pour ceux qui prendront part au Repas du Seigneur, pour
ne citer que ceux-là. En un sens, et à notre humble avis, si une
autre liturgie devrait s'ajouter, en cumul à celle de la Cène,
l'acteur de la liturgie de cette dernière pourrait retenir pendant ce
culte l'accueil ou l'admission des fidèles venus des églises
soeurs et de ceux qui reviennent à la Table du Seigneur après
excommunication.
Cependant le chant, lui, est bien présent
dans la liturgie de la Sainte-Cène. Il est presque le conducteur de la
Cène, en ce sens qu'il relie les détails importants que comporte
cette liturgie. On entonne beaucoup les chants de Pâques. Bien qu'il ait
une fraction de 5/18 soit 27% sans compter qu'il soit plusieurs fois
sollicité, pendant la distribution des éléments de la
Cène, le chant lui au moins vient imprimer la mémoire de la
passion. Mais faut-il encore que le pasteur de la paroisse qui
célèbre la Sainte-Cène soit informé sur la musique
de la Cène et sache se rappeler quelques airs de la passion pendant ce
moment d'intimité et de souvenance de la mort du Seigneur. Là
encore, c'est l'un des grands problèmes qui rongent les Églises
membres de l'ECC aujourd'hui.
2) Liturgie particulière auprès
des personnes souffrantes
1. Chant d'ensemble
2. Lecture biblique
3. Appel à la repentance
4. Proclamation des promesses de Dieu
5. Institution et instruction de la Cène
6. Prière de consécration du pain et de la
coupe
7. Distribution des éléments de la
Cène
8. Paroles de foi et d'espérance dans le Seigneur
9. Bénédiction
La liturgie auprès des personnes souffrantes est
celle d'un service très abrégé. Peut-être le
concepteur a-t-il tenu compte de l'état du patient à qui la
Sainte-Cène est administrée. Le chant d'ensemble ne revient ici
qu'une seule fois, et peut-être que l'on ne le chante pas
entièrement. Si le patient ne peut suivre toute la liturgie à
cause de sa souffrance, l'acteur de la liturgie peut chanter seul quelques
strophes ou carrément pas. Dans ce cas, nous estimons qu'il s'impose du
côté de l'acteur de la liturgie, une question de discernement qui
exige un peu de souplesse de ce dernier.
En un sens, nous pouvons affirmer que les chants de
recueils occupent encore une place de choix dans la liturgie de sacrements.
Mais cela dépend beaucoup plus de l'acteur de la liturgie. Si celui-ci
est ouvert et respectueux de la liturgie, et s'il connaît les chants
protestants de sacrements, il les entonnera et l'Église
rassemblée le suivra. Sinon, c'est ce qu'il veut qui se fera et
s'entonnera.
1.3.3.1.4 Lors des grands
rassemblements
Il est important que nous apportions
une précision par rapport à l'expression « grands
rassemblements ». Les paroisses suivies organisent toujours, dans le
cadre de leurs activités mensuelles, trimestrielles, semestrielles ou
annuelles des campagnes d'évangélisation, des séminaires,
des conventions et des veillées des prières invitant leurs
membres et leurs invités à ces moments qui,
généralement, durent quelques jours pendant la semaine427(*). Ces rassemblements de
l'Église offrent à celle-ci, mieux à ses membres, une
occasion de se retrouver autour des enseignements à thème, des
prières. Si la régénérescence en est souvent un
gain, cela se passe par de nombreux cas de repentance, de guérison et de
renouvellement des engagements. C'est d'ailleurs une des raisons qui font que
ces rendez-vous spirituels aient souvent le caractère d'invitation
à la guérison miracle.
Il conviendra de faire remarquer que ces
journées qui n'ont pas de liturgie précise, sont par contre une
aubaine pour les chants d'animation populaire. Ces chants occupent une place
très importante. L'assemblée chante ce que l'officiant, le
conducteur du programme entonne. Les groupes musicaux y sont invités et
interprètent beaucoup plus les chants populaires et
commercialisés que ceux des recueils protestants.
1.3.3.1.5 Lors des cultes
des fêtes liturgiques
Les cultes des fêtes
liturgiques, comme on peut le constater, se réfèrent aux grandes
journées ecclésiastiques telles qu'indiquées sur le
calendrier liturgique. Ces journées sont célébrées
avec faste. A l'instar de l'Église Catholique Romaine, c'est le cas
aussi avec les luthériens, les quelques paroisses des Églises
membres de l'ECC que nous avons suivies célèbrent
ostentatoirement les fêtes ci-après : la fête de
Noël, le dimanche des Rameaux, la fête de Pâques, le jeudi de
l'Ascension, et la fête de la Pentecôte.428(*)
Nous pouvons affirmer que le déroulement des
cultes (mieux des activités) dans les paroisses suivies observe le
calendrier liturgique annuel. Si ces fêtes liturgiques y sont
célébrées, les chants de recueils sont toujours
présents. On chante surtout les cantiques de Noël et de
Pâques peut être aussi ceux de l'Ascension et de Pentecôte.
On tire ces chants des différents recueils protestants qui nourrissent
la foi des fidèles dans ces paroisses. Généralement, il
s'agit de : Nzembo na Njambe, Nkunga mia Kintwadi, Misambu, Chants de
Victoire, Sur les Ailes de la Foi, Louange et prière, pour ne citer
que ceux-là.
Il conviendrait de noter que les chants de louange
et d'adoration populaires n'ont toujours pas un répertoire
approprié pour les fêtes liturgiques à Kinshasa. Ce n'est
d'ailleurs pas étonnant de rencontrer beaucoup d'Églises
protestantes qui s'ouvrent au pentecôtisme ne pas toujours
célébrer les fêtes liturgiques chrétiennes. Elles
trouvent des mots pour défendre leurs positions. C'est aujourd'hui le
cas dans la plupart des Aumôneries protestantes universitaires à
Kinshasa. On pourrait dire que les paroisses de l'Aumônerie protestante
universitaire ont du mal à demeurer protestantes sur ce point.
Toutefois, la fête de Pentecôte serait peut- être l'unique
qui soit célébrée sans trop de contestation.
1.3.3.1.6 Dans les
répertoires des chorales liturgiques
Il est un fait qu'il convient de
relever ici. On assiste à une pléthore des chorales et groupes
musicaux qui évoluent dans la plupart des paroisses protestantes
à Kinshasa. C'est ainsi que dans un même rassemblement cultuel,
tous ces groupes désirent chanter. Un casse tête ?
Peut-être. Mais que chantent ces chorales et groupes musicaux ?
Aujourd'hui, il est connu que si les groupes musicaux et orchestres versent
vers les chants populaires, les chorales ne le font pas moins. Les chants des
chorales dans le culte des protestants, ne sont pas restés du
côté des chants traditionnels.
Nsumbu peut encore affirmer que le nombre des
chorales, par rapport à la domination du chant, prolonge le culte en
durée. Par exemple et dans une liturgie des Églises membres de
l'ECC :
S'il s'agit d'une paroisse de trois chorales, et que si
chacune d'elles n'est programmée qu'une seule fois, cela donnera un
total de sept chants dans tout le culte, sans tenir compte de chants
d'animation de la collecte spéciale des offrandes. [...] Mais
aucune paroisse de la ville n'a que trois chorales. Même là
où on y trouve quatre, celles-ci chantent chacune deux fois dans le
culte [...]. Ceci montre qu'en ajoutant des chants d'animation de la `collecte
spéciale', la chanson devient l'élément dominant du culte
[...]»429(*).
Aujourd'hui, il y aurait malheureusement un grand
glissement des chorales vers la musique de variété
commercialisée. C'est peut-être le goût de la
marchandisation qui dicte la production du chant liturgique aujourd'hui. Cela
fait qu'on ait des chorales qui se voient soumises aux pressions des courants
ou des modes du moment. Face à ces attitudes, il se trouve que les
chants de recueils ne soient plus très prisés dans les
répertoires des nombreuses chorales. La majorité des paroisses
suivies, malgré leur caractère pléthorique des chorales,
assiste impuissante à la disparition des chants traditionnels dans les
répertoires des chorales. Toutefois, les liturgies de la
Sainte-Cène, comme celle du Baptême, les fêtes de Noël,
Pâques voire Pentecôte s'imposent dans les répertoires de
quelques rares chorales protestantes qui voudraient encore demeurer liturgiques
aujourd'hui.
Il est vrai que, de nos jours, le rassemblement
cultuel dans nos paroisses, par les chorales aussi, continue à entonner
pendant le moment de louange et adoration beaucoup plus de cantiques
spirituels souvent tirés de la musique commerciale de
variétés que ceux de chants de recueils protestants.
1.4 Cultes de la semaine comme lieu du conformisme
Les cultes de la semaine qui ont lieu chaque matin dans
les paroisses ou dans leurs cellules respectives d'une part, et les cultes des
groupes des hommes et des femmes voire ceux des jeunes d'autre part
inquiètent l'avenir des chants traditionnels protestants aujourd'hui
à Kinshasa et dans les milieux urbains au Congo. C'est beaucoup plus le
problème de la rareté des recueils des chants mais aussi de
l'oubli ou carrément celui de l'ignorance qui occasionneraient le
glissement vers les chants populaires. Ces chants, comme nous l'avons
déjà indiqué, se chantent aussi facilement que
merveilleusement pendant les rassemblements cultuels de nos paroisses. On sait
que, dans la plupart de nos paroisses aujourd'hui, la jeunesse est majoritaire
en nombre des membres qu'elle donne à l'Église. Si les recueils
de chants protestants se font rares et que quand bien même il se
trouverait quelques-uns, beaucoup de jeunes qui peuplent nos églises ne
savent pas vraiment comment entonner bon nombre de ces cantiques missionnaires
qui ont traversé des siècles. Et comme pièce de rechange,
la jeunesse, avec sa majorité dans les paroisses, fait montre d'une
préférence exceptionnelle pour les chants populaires et ceux de
la variété commerciale qui, malheureusement, obéissent
à l'idéologie du cantique jetable : sitôt
utilisé, sitôt jeté430(*). Cette expression que nous empruntons à
Kerrien est riche de sens. Car pour cet auteur, à notre sens, quelques
interpellations à l'endroit des acteurs de la liturgie, sont à
relever malgré l'influence de l'idéologie du cantique
jetable qui attire les fidèles aujourd'hui dans nos paroisses. Ces
interpellations sont les suivantes:
1. Grâce à la chanson, à sa musique, au
feu de ses rythmes, les paroles s'impriment en nous, sans que nous sachions
vraiment pourquoi ou comment ;
2. Si la chanson, sa musique et le feu de ses rythmes
s'impriment en nous, il faut se le dire qu'il n'y a pas que les paroles ou de
la musique qui se mémorisent mais aussi que l'impression,
l'émotion du moment, le style, la voix avec laquelle la chanson se
chantait s'impriment en nous;
3. Et c'est particulièrement vrai que le rythme et la
mélodie de la musique croisent ou épousent nos rythmes et nos
mélodies naturelles.
Les cultes de la semaine sont un lieu du conformisme du
chant liturgique aujourd'hui. Le chant populaire, sa musique, le feu de ses
rythmes s'impriment dans la quotidienneté de nos paroisses et les
conforment à tout ce qui se chante sans qu'elles sachent vraiment
pourquoi ni comment. Les activités dans les paroisses suivies par
rapport aux chants de recueils versent vers la musique du siècle
présent : celle de chants de louange et d'adoration
populaires. Serait-il peut-être à cause de la rareté des
recueils qui ne se reproduisent plus et du nombre élevé des
jeunes qui remplissent nos cultes tout en ignorant les anciens cantiques
protestants ? Ne conviendra-t-il pas d'affirmer ici que ces causes
seraient les facteurs qui favorisent la marche silencieuse vers le conformisme
pervers aux chants populaires. Cette réalité emprisonne les
chants de recueils et les efface dans les rassemblements cultuels de la semaine
dans les paroisses des Églises membres de l'ECC à Kinshasa. Ce
faisant, l'identité et la différence hymnologiques protestantes
dans nos cultes d'aujourd'hui souffrent. Certes, l'Église du Christ au
Congo, par ses communautés établies à Kinshasa, perd
« une autre d'elle-même » et serait devenue
« une autre qu'elle-même » dans son
hymnologie liturgique hebdomadaire voire dominicale. Les chants de recueils qui
retracent aussi mieux l'histoire du protestantisme au Congo depuis ses origines
sont en perte de vitesse devant la poussée de la musique de
variété commerciale. Si le cordon qui liait depuis toujours le
protestantisme à la musique d'Église peut encore tenir, avouons
que cette musique est devenue tout autre : celle de la
variété. La relation qui expliquait comment les Églises
issues de la Réforme s'étaient développées sur le
plan ecclésial, théologique et sociologique ne semble plus
trouver un lien avec celle de la liturgie du culte d'aujourd'hui. C'est ce qui
fait que dans le déroulement du culte protestant d'aujourd'hui à
Kinshasa, les chants de recueils, langage constitutif d'appartenance à
la grande famille protestante du monde, soient remplacés par les chants
de louange et d'adoration populaires.
Il est nécessaire, avant de clore ce point,
d'épingler le fait que les chants de recueils demeurent porteurs de
l'histoire du protestantisme en général et celle du Congo en
particulier. L'histoire même du protestantisme congolais renseigne
combien ces chants sont présents à côté de la Bible
depuis les temps de Missions. Cela s'observe chaque fois que l'Église
rassemblée en culte dominical, par exemple, entonne le cantique qui se
chante même dans les langues vernaculaires si pas en dialectes des
peuples en prière. Mais hélas, le chant d'ensemble mieux les
chants de recueils dans la liturgie des cultes de la semaine sont sous
influence de ceux qui respectent l'idéologie Kerrienne du cantique
jetable.
1.5 Essai d'appréciation critique de la place
réservée aux chants de recueils
Dans les lignes précédentes, nous
venons d'examiner la place réservée aux chants de recueils dans
la liturgie du culte protestant. Nous avons fait cet examen par rapport
à la liturgie des cultes de quelques paroisses choisies parmi les
Églises membres l'ECC à Kinshasa. Il est vrai, et nous nous en
sommes rendu compte, que si le chant d'ensemble, en principe, celui de recueils
protestants est toujours présent dans la liturgie de nos cultes, c'est
bien celui de la variété commerciale qui prédomine dans le
culte protestant à Kinshasa. Si lors du culte dominical, on peut encore
retrouver quelques chants de recueils dans une faible proportion, les cultes de
la semaine et les grands rassemblements sont encore sous l'influence des chants
de louange et d'adoration populaires.
Il convient, à présent, de tenter
d'apprécier de manière critique la place réservée
aux chants de recueils et de relever certaines raisons avancées qui
militent à l'effacement de ces chants traditionnels dans nos cultes.
C'est en quête de la revalorisation et la sauvegarde de ces chants que
nous faisons cette appréciation qui, au delà de l'examen de la
place, tente de relever les implications des chants de recueils dans le culte
protestant d'aujourd'hui. L'objectif ici est d'encourager l'utilisation des
chants de recueils protestants dans le culte protestant à Kinshasa.
Rien ne peut remplacer la participation à la
liturgie vivante431(*),
et d'aucuns savent qu'à la participation vivante d'une liturgie, le
chant y est pour quelque chose. Il apporte beaucoup dans la liturgie du culte.
Les protestants, qui sont nés avec les chants liturgiques, ne se privent
pas de ces derniers dans la célébration de leurs cultes car le
chant constitue l'élément capital d'un culte. Il agit avant ou
après la prédication ; avant, pendant et après
l'administration des sacrements ; pendant les grands ou simples
rassemblements ; lors de la dévotion individuelle ou collective.
Dès lors, la place qui lui revient ne peut qu'être toujours
appréciée.
Ainsi, si la place du chant dans la liturgie des
paroisses suivies est en général bien manifeste, la place des
chants de recueils ou chants d'ensemble dépend de la
particularité des cultes organisés. Ils sont significatifs de par
leur présence dans la liturgie du culte dominical ; ils couvrent la
liturgie de l'administration des sacrements, et celles des fêtes. Il
faudra mettre en valeur l'utilisation des chants de recueils dans le culte
protestant à Kinshasa. Il se trouve qu'ils sont indispensables au centre
du déroulement du culte individuel mais bien plus du culte collectif.
Toutefois, leur fréquence n'est pas aussi significative lors des grands
rassemblements, dans la liturgie abrégée des cultes de la semaine
voire dans les répertoires des chorales liturgiques d'aujourd'hui. Des
raisons peuvent être avancées. On constate qu'il se lève un
antagonisme interne dans le domaine hymnologique au sein de l'Église
à Kinshasa. Celui-ci expose en conflit tacite les forces en
présence : d'une part les admirateurs des chants de recueils
protestants car gardiens de la tradition musicale protestante, et les
admirateurs de la musique chrétienne de variété qui
semblent aujourd'hui réduire à néant celle de la tradition
protestante dans les rassemblements cultuels. Ce deuxième groupe
d'admirateurs se veut être celui des modernistes dans la vision du chant
liturgique en milieu africain. Ils pensent que les chants de recueils
missionnaires n'ont pas de chaleur ; ils refroidissent les cultes ;
ils n'ont pas d'esprit africain ; ils ne n'offrent pas l'occasion de
célébrer Dieu avec les cris et la danse ; ils ne
véhiculent qu'une théologie d'emprunt, de ce fait
étrangère à nos réalités d'africains ;
ils ne sont pas toujours l'expression d'une foi authentique en Christ, sous la
mouvance du Saint-Esprit des derniers temps qu'avait annoncés le
prophète Joël. Les chants de recueils protestants, soutiennent-ils,
sont la production mieux la création des anciens colonisateurs et
marchands de la traite négrière qui a déshumanisé
l'homme noir africain. C'est ainsi qu'il appelle au renouvellement du chant
liturgique et peut-être de la liturgie elle-même aussi. Mais face
à cet appel au renouvellement, devons-nous nous empêcher de
soulever quelques interrogations sur cette conception qui voudrait tout
changer, tout renouveler, tout contextualiser voire tout conceptualiser?
Ne voyons-nous pas là le risque d'une marche en avant vers des
quelconques syncrétismes où tout de la musique d'Église
et /ou de la liturgie ne se constituerait que sur les fonds culturels,
socio-économiques et spirituels sans trop exiger la dimension de la
doctrine chrétienne qui octroie à la musique du culte sa valeur
comme une musique pour la liturgie du culte ?
1.6 Conclusion partielle
L'examen du culte protestant
d'aujourd'hui à Kinshasa et la place réservée aux chants
de recueils constituaient l'objet du présent chapitre. On remarquera que
l'effort était la quête de la place réservée aux
chants traditionnels protestants dans le culte d'aujourd'hui à Kinshasa.
Nous avons suivi quelques paroisses protestantes de Kinshasa et nous nous
sommes rendu compte que le culte protestant existe encore. Ce culte qui est
organisé dans la capitale congolaise par les différentes
communautés qui se réclament de l'Église du Christ au
Congo, suit la liturgie « missionnaire »
héritée par l'ECC. Cette liturgie, il faut le noter, n'a pas
encore été officiellement révisée. Aujourd'hui, en
réalité, elle ne semble plus être celle de toutes les
paroisses protestantes. On y rencontre quelques particularités.
L'observation faite dans le cadre de cette
étude à Kinshasa, n'a été possible que dans
quelques paroisses des Églises membres de l'ECC. Ces paroisses
sont : 1.CBCO/Kintambo ; 2.CBFC/Lisala ; 3. CEUM/Kasavubu ;
4. CPK/Yolo ; 5. Deux Aumôneries Universitaires (PPISG, PPUKIN).
Nous avons eu à dresser la carte de visite de chacune d'elles. Cette
présentation a tourné autour de leurs articulations historiques
respectives, l'organisation de la paroisse et surtout celle du culte.
L'organisation du culte dans les activités de chaque paroisse a
été l'un des aspects importants. Indiquons que l'examen de la
place réservée au chant n'a pu être possible que par
rapport à la liturgie des cultes organisés. A ce niveau, la place
réservée aux chants de recueils des cultes a été
examinée pendant ces différents moments, à savoir :
le culte dominical, l'administration des sacrements, les grands rassemblements,
les fêtes liturgiques, les répertoires des chorales liturgiques,
les cultes de la semaine. La difficulté majeure rencontrée est
celle de la particularité liturgique de chaque paroisse. Et bien que, en
principe, les Églises membres de l'ECC aient presque la même
liturgie officielle pour le culte et les actes et même pour
l'administration des sacrements, les Églises, dans la pratique, ne
suivent toujours pas cette liturgie telle qu'elle a été
conçue. C'est là que nous avons prévenu le danger de voir
les paroisses de l'ECC, surtout celles des grandes villes, oeuvré
continuellement pour ce que nous avons appelé Liturgie
mutilée. Peut-être qu'il faille déjà voir
comment approfondir les questions autour du couple « Culte et
liturgie » aujourd'hui si celle-ci ne répondait plus aux
aspirations des Églises de l'heure. Car la pratique liturgique
entre ce qui est prescrit et ce qui se fait est très différente.
Mais « par où commencer à poser le
problème ? » sera toujours la grande question.
Pour ce qui est des chants de recueils, il conviendra
d'affirmer que leur participation à la liturgie des cultes
organisés à Kinshasa n'est pas très significative dans les
cultes de la semaine. Les chants liturgiques sont souvent et facilement
remplacés par ceux de variété commerciale. C'est
peut-être parce que ces derniers sont récents et du genre
populaire, facilement chantables. On oublie souvent leur faiblesse qui se
trouve être dans les thèmes des temps liturgiques.
De ce qui précède, nous pouvons
affirmer que, dans son âme, l'Église protestante au Congo se
trouve déjà en face d'une sorte de dilemme devant un choix
à opérer entre l'utilisation des chants de recueils missionnaires
et les chants populaires dans ses cultes. Les chants liturgiques
traditionnels sont en souffrance dans l'Église protestante
d'aujourd'hui. Et cette Église, sans recueils révisés et
augmentés, accepterait de perdre sa différence. Car dans sa vie
de chaque jour (à Kinshasa), l'Église protestante est
appelée à se maintenir et à se positionner face à
la poussée du pentecôtisme et l'influence des Églises de
Réveil qui sont aussi manifestes et qui l'obligent à s'ouvrir,
peut-être après près de 130 ans d'existence au Congo. C'est
ici que les questions approfondies autour de la liturgie mais bien plus du
chant liturgique s'imposent à sa réflexion. La revalorisation des
chants traditionnels, croyons-nous, demeure aujourd'hui l'une des
stratégies à appliquer. N'est-ce pas que la manifeste
inséparabilité du chant liturgique au culte protestant est un
héritage de la Réforme ?
CHAPITRE DEUXIEME :
DE L'APPRECIATION DE L'HERITAGE HYMNOLOGIQUE MISSIONNAIRE ET SA COMPLICITE
AU TEMPS LITURGIQUE
Après avoir palpé la réalité de
la place réservée aux chants de recueils dans la liturgie des
cultes qui s'organisent à Kinshasa, nous arrivons au point de chute de
la présente étude, où l'effort est celui de l'essai d'une
évaluation critique de l'héritage hymnologique missionnaire et sa
complicité au temps liturgique. Trois points majeurs constituent
l'essentiel de ce chapitre: L`examen, tour à tour du contenu de
l'héritage missionnaire, les recueils édités au Congo et
leurs thèmes centraux ; c'est le premier point. La quête de
sa complicité liturgique par rapport au calendrier et les
différents moments du culte, c'est le deuxième point. L'essai de
quelques appréciations de cet héritage missionnaire vient avant
la présentation de quelques chants historiques des recueils protestants
qui ont traversé les barrières du temps. C'est
autrement essayer de situer leurs paroles dans leurs contextes historique,
théologique, psycho-logique, sociologique en les rebondissant dans
l'histoire des sensibilités et des mentalités du peuple de Dieu
en prière à Kinshasa. L'objet, ici, est aussi de voir si les
paroles de ces cantiques protestants, vieux de quelques siècles - car
conservés grâce à la codification - ne peuvent rien
apporter aujourd'hui par rapport aux chants de louange et adoration populaires
qui explosent dans les rassemblements cultuels à Kinshasa. C'est le
troisième point.
2.1 Héritage hymnologique missionnaire au
Congo
Il nous a semblé
nécessaire, en effet, dès l'abord de ce chapitre,
d'évoquer succinctement la question générale de
l'héritage missionnaire avant de nous intéresser à celle
qui, particulièrement, a trait avec le Congo. L'héritage, on le
sait, est un ensemble de ce qui est transmis ou légué par voie de
succession. Or ce qui est transmis est souvent un patrimoine, un bien. De ce
lexème, on tient le verbe «
hériter » qui fait de quelqu'un un héritier,
un propriétaire, bien attendu, par voie de succession. Dans la
présente étude, il ne s'agit pas de l'héritage dont
bénéficie une personne, mais celui qui devient, par voie de
succession, un patrimoine des peuples. Nous voulons parler de l'héritage
qu'ont reçu les peuples christianisés d'Afrique en
général et ceux du Congo en particulier à partir
de l'oeuvre missionnaire du XIXe siècle. Qu'en est-il au
juste ? Quel peut être son contenu ?
2.1.1 Le contenu de l'héritage
Si l'histoire de l'évangélisation en
Afrique peut être vaste dans ses péripéties et
méandres, la quête de ce qui peut constituer son héritage
ne peut se découvrir facilement. Dans cet effort de la quête du
contenu de l'héritage, il conviendra que nous nous limitions, en ce qui
nous concerne, à quelques éléments importants de
l'héritage de l'oeuvre missionnaire au profit de l'Afrique et nous le
ferons par rapport au Congo. Nous nous appuierons une sur les études de
N'Kwim particulièrement celles portant sur le protestantisme congolais
(1878-2002)432(*) pour y
puiser des preuves de l'héritage missionnaire. Mais avant d'en arriver
là, il sied de faire remarquer que les historiens de l'Église
seraient unanimes pour affirmer que parmi les principales
sociétés missionnaires nées au cours des dernières
années du XVIIIe siècle et de la première moitié du
XIXe siècle, la première est celle de la BMS
créée en 1792. Celle-ci est l'oeuvre de la vision et
l'obstination du pasteur baptiste anglais William Carey. C'est ce dernier qui a
réveillé la conscience missionnaire du protestantisme tout
entier. L'Afrique, on peut l'avouer, avait du prix aux yeux de ce pasteur
anglais. C'est ainsi que Jacques Blandenier peut reprendre, dans son ouvrage
intitulé L'essor des Missions protestantes433(*), les paroles que ne
cessait de répéter
Carey : « J'espère que la société
gardera un oeil fixé sur l'Afrique »434(*). Ces mots, nous pouvons
les considérer comme une des dernières volontés de ce
pasteur.
Rappelons avec Blandenier que, si c'est seulement
au XIXe siècle, après trois siècles d'initiatives
sporadiques ou isolées, que l'aube des missions modernes se levait sur
les Églises issues de la Réforme, cela s'est accompli avec une
double impulsion fondée sur le souci d'expansion de l'Évangile
qui animait l'Occident. Ainsi, l'histoire retiendra les Réveils
évangéliques et le goût de l'aventure lointaine qui
caractérisait alors l'Occident où les différentes
composantes du protestantisme entreprenaient d'aller porter l'Évangile
aux peuples restés à l'écart de la première vague
de l'expansion chrétienne. Ici on peut se permettre d'affirmer que les
études menées par Komy435(*), Mengi436(*), N'Kwim437(*), Vibila438(*) et Blandenier bien que différentes dans leurs
contenus, sont pourtant unanimes dans leur effort de retracer l'oeuvre
missionnaire protestante au Congo dont David Livingstone et Henry M. Stanley
sont les précurseurs439(*). Dès lors, on comprend que l'oeuvre
missionnaire a tout son sens dans la mission. Or le sens à donner aux
termes « Mission » et
« missionnaire » depuis le XVe siècle,
semblait avoir des connotations liées à l'Afrique même si
l'évangélisation a dû attendre encore quelques
siècles. Retracer l'histoire n'est pas une tâche aisée.
C'est pourquoi Blandenier pouvait affirmer ce qui suit :
Pour beaucoup de chrétiens d'Europe, le terme
« Mission » évoque en premier lieu l'Afrique.
Pourtant, au cours de ses dix derniers siècles d'histoire,
l'Église chrétienne ne s'est intéressée que
tardivement à ce continent. L'Amérique latine et l'Asie ont
été des terres de mission nettement plus tôt. Ce n'est
qu'au début du XIXe siècle que des missionnaires, tant
protestants que catholiques, ont durablement pris pied en Afrique - certaines
tentatives antérieures n'ayant pas eu de suite. Au début, les
progrès ont été lents et coûteux en vies
humaines440(*).
La tâche d'une quête du contenu de
l'héritage historique missionnaire au Congo, pour nous, dans cette
étude est hardie. Il nous faudra mettre en valeur le travail de la
B.M.S., la première Mission implantée au Congo en 1878 à
la suite des rapports de deux explorateurs, en l'occurrence David Livingstone
et Henry M. Stanley441(*). Mais parce que la B.M.S. n'a pas travaillé
dans l'isolement, il faut aussi considérer l'apport de la L.I.M., la
S.M.F., la C.M.A. au Congo. Mais sachant que « toute histoire
s'écrit en choisissant, dans la multitude presque infinie des faits
enregistrés ou transmis, cette infime proportion d'entre eux que l'on
croit importants par rapport à elle »442(*), nous essayerons
d'examiner, dans un survol rapide, le contenu de cet héritage en nous en
tenant aux faits marquants.
Quand, au XIXe siècle, les mouvements de
réveil (baptiste, piétiste et méthodiste), les
Églises issues de la Réforme avaient saisi l'importance de la
Mission, des milliers de chrétiens quittèrent leurs familles,
leurs Églises et leurs pays (en Europe et en Amérique) pour
apporter la Bonne Nouvelle dans le monde. L'Afrique avait aussi une place
importante dans cette option missionnaire. En général, la
Grande-Bretagne (sans oublier l'Amérique du Nord443(*)) a joué un rôle
de premier plan au monde de la Mission avec ses grandes figures
missionnaires : William Carey, Hudson Taylor, David Livingstone. S'il
faut relever les traces léguées en héritage au Congo par
la mission anglaise, comme celles des Missions qui l'ont suivie, on retiendra
ces quelques 10 traits :
1. La création de vastes stations missionnaires
autonomes444(*)
2. La construction des temples
3. Les premières écoles445(*)et les premières
universités446(*)
4. Les dispensaires ou hôpitaux avec écoles
d'assistants médicaux447(*)
5. L'imprimerie ou l'édition448(*)
6. La librairie missionnaire449(*)
7. La traduction de la Bible en langues congolaises
8. La production des recueils de cantiques en langues des
autochtones
9. La production du guide liturgique pour le culte
10. Le centre hospitalier
Nous nous n'allons pas nous intéresser
à tous ces traits dans cette étude ; seul le trait se
rapportant à la production des recueils de chants retiendra notre
attention. Ce que nous appelons héritage hymnologique missionnaire,
c'est tout ce qui se traduit par l'oeuvre missionnaire de la production des
recueils de chants pour le culte au Congo. Ainsi, voyons brièvement ce
qu'a été cette production hymnologique missionnaire par les
recueils édités au Congo.
2.1.2 Les recueils édités au Congo
Les recueils des chants édités au
Congo qui constituent l'héritage hymnologique missionnaire, sont pour la
plupart ceux qui ont accompagné la liturgie du culte en langues
congolaises depuis bientôt un siècle et demi. Ils sont pour
beaucoup le produit de la traduction des chants protestants des pays de
missions. Nous nous référons au Centre Protestant d'Editions et
de Diffusion (CEDI) pour nous rendre compte de ces publications. Ainsi,
d'après CEDI, sans compter les tout premiers recueils de Bentley et Nils
en 1891, l'oeuvre d'évangélisation missionnaire au Congo avait
publié jusqu'aux années soixante-dix les recueils aux titres
suivants450(*) :
1. Njembo na Njambe (1949, 1952, 1956, 1958 CPC)
2. Ngimbo jia Yutumbwisa (1949, 1961, Mennonite)
3. Nyimbo ya Imani na Safi (1953)
4. Tumutumbishe ne Misambu (1956, 1976,... Mennonite)
5. Bankunga ya Kintwadi (1965, AMBM, BMM)
6. Nsao ya Nzakumba (1964, 1973, CADELU)
7. Nkunga mia Kintwadi (CBCO, CBFC, CEC, EEC, 1974)
8. Tosanjola Nzambe (Mombongo, IBIA 1974)
9. Louons notre Dieu (PPUKIN, 1978, 1981)
10. Njembo na Njambe (CBFC, 1978)
11. Njembo ji Njambe (CBFC, 1978)
12. Njembo I Bonyambe (1981, CBFC)
13. Célébrons le Seigneur (1990, CBCO)
14. Unga Mi Kintwadi (1991, CEC)
15. CEF/B Recueil de cantique (1995)
16. Njembo na Njambe (1996, E.C.C)
17. Unga Mi kintwadi (1996, CEC)
18. Njembo na Njambe (1997, E.C.C)
19. Célébrons (1998)
20. Toyembela (1998)
21. Hymnes de triomphe (1999, CEC)
22. Gloire à l'Eternel (1999, E.C.C/Centenaire)
23. Njembo na Nzambe (1999, ELBC)
24. Njembo ya bandimi (2001, EBF)
Dans une de nos précédentes
études451(*),
nous affirmions que jusqu'à ce jour, il n'y avait pas eu de nouvelles
productions de recueils protestants sous l'oeil de l'E.C.C. Néanmoins,
s'il y a eu un ajout important dans ce domaine au niveau des Églises
membres de l'E.C.C, cela ne s'est fait qu'en de nouvelles impressions des
anciens recueils non revus ni augmentés. C'est le cas avec le recueil
Njembo na Njambe.
Nous affirmons que l'hymnologie protestante congolaise n'a
pas disposé de recueil unique. Les recueils étaient
publiés selon le besoin du milieu où le culte s'organisait soit
le dimanche, soit à des occasions particulières. Et même
quand nos Églises se voyaient augmentées en nombre et aussi avec
ce qu'on peut appeler le "va et vient" des chrétiens venant de
différentes traditions chrétiennes, l'Église du Christ au
Congo, qui est dans la légalité et la légitimité la
tête du protestantisme congolais, n'a pas encore réussi à
s'imposer dans ce domaine. Les recueils anciens et connus en milieux
protestants ne sont plus réimprimés ni vendus sur le
marché. Peut-être que l'Église serait en train de
s'interroger en cette matière. Car un recueil qui servirait de
repère des patrimoines spirituels protestants, traduisant l'expression
de l'unité du corps du Christ au Congo, est plus qu'attendu. Mais il
faudra y inclure, plus qu'au temps des recueils des missionnaires, les hymnes
écrits et chantés par les filles et fils de la grande famille
protestante. Un fait est à déplorer: nos recueils ne sont pas
publiés avec musique. Et cette faiblesse de nos recueils favorise, si
pas l'oubli des mélodies anciennes, mais certainement la
déviation trahissant ainsi la quintessence de cette hymnologie qui ne se
retrouve (presque) plus.452(*)
2.1.3 Les thèmes centraux des recueils du Congo
Les thèmes centraux des recueils de chants
traditionnels protestants sont très variés en typologies. Si avec
James Lyon, on s'est rendu évidemment compte qu'au début de la
Réforme, les chants qu'écrivaient les théologiens et les
poètes de l'Église traduisaient ou mieux répercutaient la
théologie de l'Église de heure, ceux qui ont été
réalisés au Congo n'ont pas échappé à cette
exigence.
Nous avons déjà affirmé dans
les pages précédentes que les recueils protestants en
général, dans leur présentation claire de la structure et
du contenu thématique des recueils dès la conception, offrent aux
usagers une très remarquable facilité dans le choix de chants
pour les temps liturgiques, pour le déroulement de l'année
ecclésiastique, pour des jours particuliers, pour les cultes en
complément de la liturgie, des lectures bibliques, du sermon et des
prières, pour des circonstances de la vie de l'Église et du
chrétien. De manière générale, les recueils
protestants au Congo sont ceux produits à partir de la traduction de
ceux de langues anglaise et française. Même si l'influence de la
géographie anglo-saxonne est hautement significative dans
l'élaboration de ces recueils par rapport aux chants de recueils en
français, tous ont en commun la structure et le contenu
thématique. Si l'on peut rencontrer quelques différences dans la
structure et le contenu thématique, cela ne peut être
motivé que par le souci d'une quelconque particularité voulue par
celles et ceux qui l'élaborent : les éditeurs.
Les recueils protestants ont un contenu
présenté en thèmes qui les font ressembler à ceux
d'autres cieux produits par les Églises issues de la Réforme. Ils
ont pour fondement la parole de Dieu, spécialement les Psaumes
d'Israël, les textes sacrés des Pères de l'Église et
des Réformateurs... Les recueils protestants, dans leur structure,
consacrent une place importante aux Psaumes, aux chorals et cantiques
soigneusement répartis en des rubriques différentes comme pour
adoration, louange de la Trinité et l'action de grâce.
L'Année chrétienne avec les Temps liturgiques, l'Église
par rapport aux différentes étapes du culte, prière,
Parole de Dieu ; les Actes pastoraux comme le baptême, la
Sainte-Cène ; la Vie chrétienne ou Vie spirituelle
(repentance, pardon, justification, conversion, foi, amour fraternel,
unité chrétienne, service, mort, espérance ; nouvelle
année, le matin, le soir ; chants pour les réunions
familières, ecclésiastiques ; chants de deuils et de
fêtes ; chants à l'heure d'épreuve, de confiance, de
service, de Confession de foi, de reconnaissance,
catéchèse ; chants pour adultes, chants pour enfants, chants
de mariage, chants de dédicace d'enfant, de temple, chants
d'évangélisation, chants d'envoi, chants de doxologie, chants
avant et après le repas, chant de sacrement, chants de
Réforme ; textes liturgiques, des répons, ainsi que des
chants divers453(*).
Encore faut-il reconnaître que tous les recueils produits au Congo
protestant ne commencent pas avec les Psaumes (comme c'est le cas avec les
recueils des luthériens)454(*). Ils se présentent dans la simplicité.
Ils ont été très souvent édités, en principe
et avec compétence, par des missionnaires (hymnologues qui
n'étaient pas nécessairement théologiens). Contrairement
à la coutume du temps de la Réforme, les recueils
édités au Congo ne comprennent pas de précieux textes
bibliques proposés pour lecture (généralement,
Évangiles, Épîtres et Psaumes appropriés en liaison
avec les récits bibliques correspondants), prières, ainsi que de
judicieuses remarques à propos du calendrier liturgique, de l'histoire
du chant d'Église à travers les siècles, des
poètes, mélodistes et compositeurs, et d'utiles tables
analytiques en plus des chants. Il conviendra de soulever aussi l'absence de la
musique des chants repris dans les recueils facilitant ainsi la perte des
mélodies de cantiques. C'est ici que l'on rencontre la grande faiblesse
des recueils édités au Congo. Si les sources y sont
indiquées, elles ne sont pas non plus très
détaillées pour permettre aux hymnologues le travail
d'exploration dans ce domaine cher à l'Église. Dès lors,
les deux remarques importantes qu'on fait souvent à ceux qui ont la
charge de concevoir et d'élaborer un recueil de chants sont loin
d'être observées comme il se doit. Rappelons ces remarques
wébériennes : les recueils, en principe, ne peuvent pas
s'éditer sans qu'ils ne tiennent compte des sources et du tout dernier
état de la question. Malgré cela, ils sont toujours
influencés par de diverses tendances idéologiques et mouvements
d'idées au cours des siècles.
Comme nous avons eu à l'indiquer au cours de
nos études antérieures, la structure des recueils protestants au
Congo ne s'écarte pas de la vision de la Réforme du XVIe
siècle telle que reprise dans les lignes qui
précèdent455(*).
2.2 Complicité liturgique de l'Héritage
missionnaire
La liturgie, on le sait, est l'expression officielle
et publique du culte de l'Église. De ce fait, l'être même
de l'Église est liturgique.456(*) L'Église, au milieu du monde, ne peut vivre
sans culte organisé. Et pourtant, l'organisation d'un culte solennel ne
se fait pas sans tenir compte du temps de l'Église. C'est le calendrier
liturgique qui assure alors, dans le temps, l'enchaînement des
différentes célébrations liturgiques durant
l'année.
La problématique de la place des chants de
recueils que nous examinions dans cette étude ne se faisait que par
rapport au culte et à la liturgie. Nous examinerons ici la
complicité liturgique qu'offre l'héritage missionnaire des chants
de recueils dans le calendrier liturgique d'une part, et pendant les
différents moments liturgiques du culte, d'autre part.
2.2.1 Chants de recueils et le calendrier liturgique
Si les chants de recueils sont des
éléments constitutifs de la liturgie, ils le sont d'abord pour le
calendrier liturgique qui fixe les célébrations dans le temps. A
partir de la lecture que nous faisons de l'ouvrage The Worship
Sourcebook457(*),
nous pouvons nous permettre d'affirmer que beaucoup de ceux qui
s'intéressent aux questions liturgiques dans l'Église savent que
le calendrier liturgique, dans son contenu, ne s'est pas élaboré
loin des thèmes centraux de la foi chrétienne telle que rendue
dans le Credo de Nicée. Ces thèmes centraux sont à
trois :
1. Nous croyons en un seul Dieu
2. Nous croyons en un seul Seigneur Jésus-Christ
3. Nous croyons en l'Esprit-Saint
Sans chercher à nous
appesantir sur les détails de ces thèmes majeurs du Credo,
retenons ce qui suit :
1. C'est à partir du thème majeur de
Nous croyons en un seul Dieu que ressortent les sections telles que
celles de : Création, providence et actions de
grâces.
2. C'est à partir du thème majeur de
Nous croyons en un seul Seigneur Jésus-Christ que ressortent
les sections telles que : Avent, Noël, Epiphanie, Baptême de
notre Seigneur, Transfiguration, Mercredi de cendre, Jeûne et
prière, Dimanche de rameau, Jeudi saint, Vendredi saint, Pâques,
Ascension de notre Seigneur, Christ-Roi qui reviendra juger les vivants et
les morts.
3. C'est à partir du thème majeur de
Nous croyons en l'Esprit-Saint que ressortent les sections telles que:
Pentecôte, dimanche de Trinité, Unité de
l'Église, et Communion des Saints.
Nous venons là de ressortir les
différentes sections à partir desquelles les fêtes
liturgiques sont rendues par l'Église chrétienne. Dès
lors, si les thèmes de ces célébrations liturgiques
deviennent variés, le calendrier liturgique les range dans le temps. Ce
temps liturgique s'appelle aussi bien période liturgique où
l'Église célèbre ces différentes fêtes durant
l'année ecclésiastique.
Toutes ces sections variées trouvent des
répondants dans la construction hymnologique des Églises issues
de la Réforme. C'est aussi le cas avec les chants de recueils
protestants qui sont encore utilisés Congo où l'on rencontre dans
le répertoire des recueils des morceaux dont les poèmes
remplissent des fonctions liturgiques conséquentes. Cette disposition
est beaucoup plus claire dans les recueils français et suisse
utilisés au Congo. On peut citer entre autres les Chants de
victoire, Sur les Ailes de la Foi, Jeunesse en Mission, Njembo na Njambe,
Nkunga mia Kintwandi et autres...
Dans les lignes qui suivent, nous
tâcherons d'exposer la possible complicité des chants de recueils
par rapport aux différents moments liturgiques du culte. Car nous
croyons que ces chants méritent encore leur pesant d'or dans le culte
protestant qui s'organise à Kinshasa.
2.2.2 Chants de recueils et les moments liturgiques du
culte
L'expérience chrétienne commune de
ceux qui s'occupent de la liturgie nous renseigne que le culte comprend six
voire sept grandes parties importantes et toujours dépendantes les unes
des autres. En général, ces parties sont : l'ouverture, la
confession des péchés et l'assurance du pardon, la proclamation
de la Parole, le temps des prières, temps des offrandes et la
clôture du culte. Si la Sainte-Cène est prévue, alors
celle-ci a lieu après les offrandes. Elle serait alors la
septième grande partie du culte. Or chaque partie du culte a sa liturgie
spéciale qui porte son nom et qui se verse dans la liturgie
générale du culte. De cette manière, on pouvait parler
d'une liturgie de l'ouverture, une liturgie de la confession et de l'assurance
du pardon, une liturgie de la Parole, une liturgie des prières, une
liturgie des offrandes, et celle de clôture. Ainsi, on aura des
sous-liturgies dans la liturgie du culte. Cette préhension nous sera
certainement d'une grande utilité dans les études
ultérieures où il va falloir considérer en profondeur les
liens que les chants de recueils auraient avec les moments liturgiques d'un
culte classique. Les moments retenus ici sont : le prélude, l'accueil,
l'invocation, la Loi de Dieu, la Confession de foi, la prédication, les
offrandes, l'intercession, bénédiction, le postlude.458(*)
Dans l'organisation du culte dans ses
différents moments, les psaumes jouent un rôle important aux
côtés de chants de recueils. C'est ainsi qu'il va falloir parler
en quelques mots des psaumes bibliques qu'on utilise dans le culte
chrétien. Bien qu'ils soient la mémoire du peuple juif, ils nous
pénètrent et nous font participer à la
célébration cultuelle d'un grand Dieu dont nous nous
réclamons tous. L'âme du peuple juif devient notre âme par
les psaumes, sa ferveur notre ferveur, ses espérances nos
espérances, ses craintes nos craintes.460(*)
Il convient de considérer le fait que les
psaumes sont présents dans nos célébrations cultuelles
protestantes depuis la Réforme. Ce sont eux, en principe, qui
déterminent le sens de la particularité du culte et facilitent le
travail que fait l'officiant dans son déroulement. Les auteurs qui
partagent cet avis peuvent être très nombreux. Mais pour cette
étude, nous citerons l'un d'eux : John D. Witvliet. Mettons en
valeur dans ce point ses récentes études sur l'utilisation des
psaumes bibliques dans le culte chrétien.461(*) En effet, dans son
ouvrage The Biblical Psalms in Christian Worship qui est, à
notre avis, une invitation solennelle à la redécouverte de
valeurs enfouies, Witvliet convie les acteurs de la liturgie du culte
chrétien à plus d'utilisation des psaumes. Cet auteur trouve en
des psaumes, l'un des partenaires permanents de la liturgie du culte. C'est
ainsi que l'effort de lire, de chanter, de prier, d'étudier et de
partager les psaumes (délibérément) est conseillé
dans son ouvrage. Ce faisant, la manière de prier des chrétiens
se réveillera de la somnolence et on assistera à la fois aux
retrouvailles de l'identité protestante avec sa liturgie dans le
culte.
Certes, les psaumes forment un caractère
à notre manière de prière. Ils nous enseignent ce que
c'est qu'une prière (remplie) de foi. Witvliet soutient que
l'utilisation adéquate et répétée des psaumes
conduit aussi facilement que possible à une connaissance profonde de la
foi biblique dont ont besoin les pasteurs et les leaders de l'adoration du
culte et les chrétiens. C'est pour dire autrement qu'un culte
chrétien sans psaumes bibliques n'est pas concevable. Le Seigneur
Jésus-Christ lui-même ne priait-il pas en s'appuyant sur les
Psaumes ? Sur ce, le Nouveau Testament peut illustrer beaucoup de traces
du Christ évoquant les Psaumes dans ses dévotions. Fort de cette
affirmation, Witvliet, qui croit lui-même en la richesse des Psaumes pour
un culte, s'appuie sur la position de Thomas Merton sur cette question. En
effet, Merton, on s'en souviendra, est l'un des grands apologètes des
psaumes que l'Église de notre temps ait connus. Indiquons que la
pensée de cet auteur demeure encore interpellatrice de toute conscience
liturgique quand il écrit: «Nowhere can we be more certain
that we are praying with the Holy Spirit than when we pray the
Psalms.» 462(*)
(Nous ne pouvons partout être certains que nous prions avec le
Saint-Esprit que quand nous prions avec les psaumes).
Cette conception mertonienne de choses ne date
pas de l'époque de ses contemporains. Car, comme on peut le remarquer
à la suite de Witvliet, depuis les temps très
éloignés, à partir des enfants d'Israël, passant par
les contemporains du Seigneur Jésus-Christ, les Apôtres, les
Pères de l'Église, les Réformateurs pour ne citer que
ceux-là, de nombreux commentateurs et historiens de l'Église sont
unanimes pour affirmer que prier avec les psaumes était toujours la
meilleure des voies pour prier en Esprit.463(*) Néanmoins, l'expérience quotidienne
montre que l'Église, par ses acteurs de la liturgie, n'a toujours pas
été une bonne gardienne de ce trésor dans la pratique de
la prière liturgique.464(*) L'Église chrétienne devrait-elle
vraiment aujourd'hui dans ses célébrations cultuelles le long des
jours, des semaines, des mois et des années occulter l'exigence d'une
réflexion profonde que lui impose l'utilisation des
psaumes ?465(*)
Mais, il convient aussi de relever que l'utilisation
adéquate des psaumes bibliques dans le culte semble soulever souvent un
autre problème qui, à notre avis, résiderait dans le choix
du psaume qui convient. C'est pourquoi « Quel psaume qui convient
pour quel culte ? » serait certainement la question
non-négligeable pour les acteurs de la liturgie (par rapport au culte
collectif comme au culte privé) qui voudraient s'en servir d'une part,
et pour le chrétien qui voudrait l'utiliser individuellement d'autre
part. Car, parmi les 150 psaumes bibliques que compte la Bible, tous n'ont pas
la même fonction dans la prière. Il est des psaumes qui
s'adressent à nous individuellement tandis que d'autres s'adressent
à nous mais collectivement. Witvliet avertit qu'autant dans le culte,
nous parlons à Dieu à travers les prières incluant, bien
entendu, les chants et nos offrandes, autant dans le culte aussi, Dieu nous
parle à travers la lecture et la prédication bibliques qui
incluent la lecture des Saintes-Écritures. Celles-ci jouent le
rôle d'appel à la célébration cultuelle, de paroles
d'assurance et de bénédictions [...]. Mais Dieu qui nous parle,
nous ne parle-t-il pas aussi par les chants ? Ainsi, dans le culte deux
choses se passent : Dieu nous parle ; et nous parlons à
Dieu.466(*)
Il est un fait qu'il faille épingler en
passant dans le questionnement de Witvliet. Si Dieu peut nous parler dans un
culte public ou individuel, il sait toujours comment le faire avec nous pour
passer son message. Mais le problème, c'est quand nous voulons parler
à Dieu par les psaumes. Comment allons-nous parler à Dieu par les
psaumes, si nous ne savons pas dénicher son image et son
caractère qui, souvent, sont enfouis dans les métaphores
bibliques? C'est ici qu'il y a un effort à faire. Il faut apprendre
comment identifier ou mieux comment ressortir de la métaphore467(*), le sens du nom que le
psaume donne à Dieu. C'est aux fins de mieux l'utiliser dans la
prière pour tel ou tel moment de la vie, de l'épreuve ou du
culte. Dès lors, on comprend pourquoi les Réformateurs ont
insisté pour un recours manifeste aux psaumes dans la liturgie du culte
public et pendant les cultes individuels et familiers. Les psaumes, comme
l'affirme Ratzinger, sont le recueil de cantiques de la Bible.468(*) On le remarque dans le
travail de l'élaboration de la composition des chants et des recueils
protestants.
Revenons aux éléments du culte et
examinons chacun d'eux par rapport aux chants de recueils.
2.2.2.1 Les chants de recueils et le prélude
Le prélude est un moment
important dans le déroulement d'un culte. C'est
pendant ce temps que les fidèles, hommes, femmes, jeunes et vieux
entrent et prennent place dans la maison du Seigneur. Ils sont venus l'adorer
et l'écouter. Si le terme
« prélude » a beaucoup plus une connotation
musicale, en ce sens qu'il est la suite de notes qu'on chante ou qu'on joue
pour se mettre dans le ton ou pour introduire une autre pièce, ou encore
dans son sens figuré pour indiquer ce qui précède,
annonce, nous pensons voir clairement son sens proche de la liturgie dans le
verbe qu'il forge. En effet, préluder dans son sens comme se produire
dans l'attente d'autre chose, constituer les préliminaires de quelque
chose469(*), est celui
que nous retenons pour le culte.
Le prélude met les orants dans de bonnes
dispositions de l'attente de l'appel à l'adoration cultuelle. Il
précède l'ouverture du culte. Pendant ce moment d'avant le culte,
les acteurs de la liturgie ne sont pas encore là, ou mieux n'ont pas
encore prononcé la parole qui annonce l'ouverture du culte :
accueil. L'accueil qui se prononce par la salutation apostolique vient juste
après le prélude. Les auteurs de The Worship Sourcebook
pensent que c'est du prélude que découlent tous les autres
moments du culte.470(*)
C'est pourquoi le prélude devra être le moment où l'on
chante, on lit les passages bibliques et on prie. C'est lui qui annonce la
couleur de la particularité du culte organisé, car chaque culte,
comme chaque jour, est unique. Le prélude prépare le peuple en
prière à écouter et à répondre dans la foi
à l'amour de Dieu qui fait venir de quatre coins des l'horizon les
hommes et les femmes, les jeunes et les vieux pour les réunir dans sa
maison de prière.
On a affaire ici aux chants de recueils protestants.
Nous cherchons ses liens possibles avec ce premier moment du culte qu'est le
prélude. Est-ce que ces chants, aujourd'hui, ne peuvent pas jouer un
rôle utile pendant le moment d'avant le culte ? Les acteurs de la
liturgie savent que les Psaumes sont les textes bibliques les mieux
indiqués pour le temps de recueillement qu'offre le prélude.
C'est ainsi que les conducteurs des chants d'ensemble du culte, et ceux qui
particulièrement s'occupent des chants au niveau des chorales, peuvent
trouver dans les recueils de chants protestants disponibles à Kinshasa,
les psaumes mis en musique par les hommes du protestantisme, en l'occurrence de
Louis Bourgeois, Clément Marot, Théodore de Bèze et les
autres pour le rassemblement cultuel. A titre indicatif, on peut proposer les
titres de vieux chants comme ceux de : Il faut Grand Dieu que de mon
coeur la sainte ardeur Te glorifie (Ps 138, A.F 4) ; Peuples, venez et
qu'on entende (Ps 66, A.F 2) ; Rendez à Dieu l'honneur
suprême (Ps 118, A.F 3) ; Bénissons Dieu mon âme (Ps
103, A.F 6) ; La terre au Seigneur appartient (Ps 24, A.F 8) ; Comme
un cerf altéré (Ps 42, A.F 12) ; Dieu fort et grand (Ps 139,
A.F 14) ; O mon Dieu, mon Sauveur (Ps 3, A.F.15), A toi mon Dieu mon coeur
monte (Ps 25, A.F 17) ; Au fort de ma détresse (Ps 130, A. F
19) ; Grand Dieu nous te bénissons (A.F 34, C.V 1) ; Voici le
jour que le Seigneur a fait (Ps 103471(*))....
Comme on peut le remarquer, l'hymnographie de ces
quelques Psaumes choisis est, au moment de prélude, chantée ou
lue, celle des merveilleux textes qui préparent les coeurs à
recevoir l'appel que fera l'officiant du culte dans les instants qui vont
suivre aux fins d'ouvrir l'adoration.472(*) Le prélude est aussi un moment de
réflexion profonde et personnelle où l'orant, à la suite
du psalmiste, cherche à rencontrer Dieu dans sa maison. Souvent, les
prières qui se font pendant ce moment sont profondément
individuelles ou focalisées dans un chant qui est entonné. Mais
quid du moment de l'accueil ou moment de l'ouverture du culte ?
2.2.2.2 Les chants de
recueils et l'accueil ou ouverture
L'accueil à l'ouverture que fait l'officiant
du culte est un moment très délicat de la liturgie. Si
l'officiant s'y prend mal, le culte est dérangé jusqu'à sa
fin. N'avons-nous pas affirmé que le culte, dans ses
éléments, forme un tout ? Les acteurs de la liturgie savent
qu'une des grandes fonctions qu'on lie à ce moment d'invitation
liturgique est celle d'hospitalité473(*)dans la maison de Dieu qui se traduit par la
salutation d'accueil. Chaque personne qui vient veut adorer Dieu dans la joie
partagée avec les autres en Jésus-Christ. Les mots de
salutation apostolique qui disent : « Que la
grâce de notre Seigneur Jésus-Christ, l'amour de Dieu le
Père, et la communion du Saint-Esprit soient avec
vous tous» s'en suivent pour signaler le début du culte.
Ces mots établissent les liens de communication entre ceux qui sont
venus prier et Dieu qui vient vers eux avant que ceux-ci se présentent
devant Lui474(*). Les
recueils de chants qui accompagnent ce moment ne sont pas pauvres pour appuyer
l'officiant. Les acteurs de la liturgie savent qu'ils peuvent retenir les
chants comme ceux qui contiennent les paroles de : Vous qui sur
la terre habitez (Ps 100, A.F 525) ; Qu'on batte des mains (Ps 47, A.F.
1) ; Vous, saints ministres (Ps 134, A.F. 523) ; Les cieux et la
terre (A.F. 37) ; Vous tous qui avez soif, venez (Es 55) ; Peuples,
venez et qu'on entende (Ps 66, A.F 2) ; Rendez à Dieu l'honneur
suprême (Ps 118, A.F 3) ; La terre au Seigneur appartient (Ps 24,
A.F 8) ; Dieu fort et grand (Ps 139, A.F 14) ; O mon Dieu, mon
Sauveur (Ps 3, A.F 15) ; A toi mon Dieu mon coeur monte (Ps 25, A.F
17) ; Au fort de ma détresse (Ps 130, A.F 19) ; Grand Dieu
nous te bénissons (A.F 34, C.V 1) ; Voici le jour que le Seigneur a
fait (Ps 103475(*)).476(*)
L'officiant, pendant ce moment, joue son
rôle avec joie et les paroles qu'il prononce sont celles qui sont
accompagnées de geste de mains qui accueillent et embrassent. Pour
accueillir, son visage est rayonnant d'un sourire. Il le fait ainsi car il joue
le rôle de celui qui accueille ses semblables dans la maison de Dieu
sachant que lui-même est ainsi accueilli avec les autres par Dieu.
L'autre raison de l'invitation à l'ouverture est celle qui appelle la
communauté rassemblée à l'activité du culte
d'ensemble. Car c'est ensemble, avec les dons exceptionnels et divers
réunis dans le culte que le peuple de Dieu expérimente la
richesse des dimensions horizontales « de demeurer
ensemble »477(*) mais surtout celles verticales renforcées
avec Dieu dans le culte et de partager la parole de Dieu ensemble. Il le fait
aussi avec piété car il joue un rôle du sacrificateur qui
présente à Dieu par le Christ, les prières du peuple
rassemblé. Mais que dire du moment de l'invocation ?
2.2.2.3 Les chants de
recueils et l'invocation
Le moment d'invocation est celui
qui, dans le déroulement du culte, vient s'enchaîner aux premiers
moments cités. Le terme « invocation » dans
la liturgie peut laisser croire que c'est la communauté
rassemblée qui invoque, appelle Dieu à l'aide par la
prière. Or il ne doit pas être ainsi. Ce n'est pas le peuple
rassemblé qui invite Dieu ni sa présence dans le culte. Ce n'est
pas non plus dire que la présence de Dieu parmi le peuple en
prière dépend de ses efforts dans l'invocation. Les acteurs de la
liturgie savent que Dieu est présent au lieu du culte avant que le
peuple y soit et commence.478(*) Ainsi, toutes les prières d'invocation que
font les fidèles avec l'officiant au culte ne servent qu'à
célébrer et à reconnaître la présence de
Dieu ; elles ne la produisent point.479(*)
L'officiant, pendant ce moment d'invocation, joue
son rôle avec ferveur et les paroles qu'il prononce sont soit libres soit
tirées des textes bibliques. Il s'agit, dans la plupart des cas, des
textes comme ceux de : Ps 57, 5- 7, 11 ; Ps 63, 1-4 ; Lm 3,
21-26 ; Ep 1, 3-4 ; Ps 29 ; Ps 34, 1-8 ; Ps 95 ; Ps
103, 1-8 ; Ps 118, 24 ...
Les recueils de chants protestants ne
sont pas en reste. On y rencontre aussi les chants destinés à
l'invocation. Retenons à titre indicatif : Gloire, gloire à
l'Eternel (A.F 11) ; Dieu Tout-puissant quand mon coeur ; A Dieu soit
la gloire (C.V 6) ; Vers toi monte (C.V 18) ; Par tous les saints
(C.V 24) ; Oh ! Que toute la terre entonne (C.V 28) ; Yesu yaka
awa 480(*)(NN 5) ;
Santo, santo, santo481(*) (NN 7) ; Nzambe Tata ye bolingo482(*) (NN 11) ; E biso bato
na nse483(*) (NN
13) ; E biso bato yonso nse484(*) (NN 180) ; Béni soit le nom de
Jésus ; Gloire et louange alléluia ; Majesté
à Jésus ...
Avant de passer au prochain moment, mettons en
valeur la contribution du groupe des théologiens
américains485(*)qui ont élaboré le recueil The
Worship Sourcebook. Ce groupe récapitule et propose aux deux
premiers moments cités, une sous-liturgie qui les rassemble et les
présente en un seul temps de la manière ci-après :
1. Préparation du culte (prélude)
2. Ouverture du culte (Entrée dans le Temple des
acteurs de la liturgie)
3. Salutation (Salutations scripturaire, mutuelle et
bienvenue)
4. Invocation avec ou sans répons (Prières
d'adoration, invocation)
Il faut passer au point suivant qui nous fait
entrer au moment de la Loi de Dieu.
2.2.2.4 Les chants de
recueils et la Loi de Dieu
Le moment où l'on
écoute la Loi de Dieu est celui qui, dans le déroulement du
culte, vient s'enchaîner aux deux premiers moments cités,
particulièrement, après le chant entonné et la
prière faite pendant le moment de l'invocation. Dans la liturgie du
culte, l'expression la « Loi de Dieu » fait
allusion aux commandements et aux ordonnances que Dieu a donnés à
son peuple dans les Saintes-Écritures486(*) pour toutes les générations de
croyants. Aujourd'hui, l'expérience dominicale à Kinshasa montre
que les acteurs de la liturgie, dans la majorité des cas, se servent de
la Loi de Dieu pour appeler à la confession. Et une fois la confession
finie, ces acteurs, au nom de l'Église, ne prononcent presque plus pour
celles et ceux qui ont confessé honnêtement leurs transgressions
la parole de l'assurance du pardon. Avant d'aller plus loin avec le sens
à donner à ce moment liturgique du culte, nous pensons qu'il est
important de relever quelques indications pouvant éclairer les acteurs
de la liturgie de nos milieux dans le travail qu'ils sont appelés
à faire pendant ce moment.
Il conviendra de proposer quelque chose par
rapport à ce qui se fait aujourd'hui à Kinshasa. C'est sur la
préhension que les acteurs de la liturgie devraient avoir de ce moment
liturgique important. En effet, le moment liturgique de la
« Loi de Dieu » qui semble aujourd'hui se
confondre avec (ou mieux prendre la place de) l'appel à la
confession dans la liturgie des Églises protestantes à
Kinshasa, en principe, devrait, à notre avis, redevenir une des
étapes dans la liturgie de la confession des péchés au
lieu d'être lui-même ce moment. On ne devrait pas perdre de vue que
la liturgie du culte, dans ses éléments, est
complémentaire. On y va graduellement jusqu'au point de chute du culte
qui fait entrer celui-ci dans la liturgie de la fin. Essayons de mettre en
exergue la position des théologiens protestants anglo-saxons. Pour ce
faire, nous allons nous appuyer sur le recueil liturgique The Worship
Sourcebook. Car nous pensons qu'ayant pris le temps de repenser leur
liturgie, ces théologiens bien que loin de nos réalités,
ont pris en compte quelques-unes de nos préoccupations liturgiques
profondes. Nous nous rendrons compte que pour éviter le double emploi,
l'acte de repentance, l'annonce du pardon, la Louange et adoration font
entièrement partie de cette rubrique de la confession qui contient la
Loi de Dieu.
Il faut dire que The Worship Sourcebook, sur
lequel nous trouvons notre appui, propose à cette rubrique de la
« Loi de Dieu », le terme de « La
Confession et l'Assurance ». Cette rubrique, d'après ce
recueil, comprend huit sous- étapes qui suivent :
1. Appel à la confession
2. Prières de confession
3. Lamentation
4. Assurance du pardon
5. Moment de la paix
6. Actions de grâces
7. Loi de Dieu
8. Dédicace
Essayons d'examiner le contenu de chaque
étape de ce moment.
2.2.2.4.1 Les chants de
recueils et l'appel à la confession
Il faut indiquer que l'Appel à la
confession dans la liturgie invite le peuple, rassemblé pour le
culte, à une expression d'honnêteté dans le contexte des
rapports que chacun entretient avec Dieu.487(*) L'honnêteté dans notre relation avec
Dieu fait passer en revue notre conduite, notre pensée, notre parler et
nous rend coupable devant Dieu et nous pousse à la confession. Il
conviendra de noter que nous ne confessons pas nos pêchés pour
mériter, de quelque manière que ce soit, le pardon de Dieu mais
parce que Dieu nous a pardonné en Christ. Ainsi, l'Appel à la
confession est beaucoup plus un mot de grâce en l'occurrence de
l'assurance du pardon et non un exercice qui nous humilie dans une confession
où la loi de Dieu vient nous condamner dans notre nature humaine devant
la sainteté de Dieu.488(*) Beaucoup de textes bibliques comme aussi les chants
de recueils peuvent bien introduire ou mieux conduire ce moment important du
culte où l'humain se reconnaissant misérable devant Dieu, cherche
à voir ses transgressions pardonnées en Christ. Ainsi,
l'officiant, acteur de cette liturgie, qui pendant ce moment qui pousse
à beaucoup d'humilité, joue son rôle avec ferveur et les
paroles qu'il prononce sont soit libres soit tirées des textes
bibliques. Il s'agit dans la plupart des cas des textes comme ceux de : Ps
32, 1-6 ; Ps 66, 16,18-20 ; Ps 139, 23-24 ; Es 1, 18 ; Es
30,15, 18 ; Mt 22, 37-40 ; Rm 5, 8 ; Hb 4, 16 ; Rm 8,
39 ; Hb 4, 14, 16 ; Hb 10, 19-22 ; 1 Jn 1, 5-7 ; 1 Jn 1,
8-9 ; 1 Jn 2,1-2.489(*)
L'officiant le fait avant de prononcer
solennellement cette parole liturgique qui dit :
« Confessons nos péchés devant Dieu et l'un
à l'autre ». Dans cette rubrique, nous retiendrons
à titre indicatif les chants comme ceux de : Vous qui marchez dans la
souillure (C.V 51) ; Souviens-toi du calvaire (C.V 53) ; Entends-tu
Jésus t'appelle (C.V 54) ; Viens à la croix, âme
perdue (C.V 57) ; O vous qui n'avez pas la paix (C.V 60) ; Le
Maître est là qui t'appelle (C.V 61) ; Ecoute de Dieu la
parole (C.V 63) ; Pourquoi donc attendre, mon frère ? (C.V
64) ; Viens à Jésus (C.V 67) ; Coeurs fatigués
et lassés du péchés (C.V 70) ; Reviens !
Reviens (C.V 71) ; Arrête, O pécheur arrête (C.V
74) ; Reviens à ton Père enfant égaré (C.V
77) ; Il va finir le jour de la grâce (C.V 79) ; Venez au
Sauveur qui vous aime (C.V 86) ; Tous mes péchés, tous mes
péchés (C.V 91) ; Tel que je suis sans rien à moi
(C.V 124) ; Miséricorde insondable( A.F 259) ; Où
trouver une retraite (A.F 230) ; Au fort de ma détresse (A.F
19) ; Seigneur tu donnes ta grâce (A.F 194) ; Agneau de Dieu
messager de la grâce ( A.F 261) ; Vers toi s'élève mon
âme (A.F 587).
2.2.2.4.2 Les chants de
recueils et la prière de confession
Après cette invitation à la
confession, l'officiant qui conduit le peuple de Dieu dans la prière de
confession ne devra pas oublier que cette prière nous invite tous
à prononcer les mots qui sont remarquablement honnêtes par rapport
à nos péchés devant Dieu. C'est la question
particulière de notre relation avec Dieu qui est au centre de la
confession, mais aussi notre relation avec les semblables. C'est notre sens
d'honnêteté qui peut nous régénérer dans
notre relation avec Dieu après la confession qui nous fait
bénéficier de son immense grâce. De cette façon
seulement, nous pouvons affirmer que le moment de la prière de
confession (aussi celle de l'assurance du salut qui s'ensuivra) n'est pas celui
d'une obligation mais celui de don de grâce de Dieu.490(*) Il sied de souligner que la
prière de confession nous fait reconnaître que nous sommes
pécheurs et avons besoin d'un sauveur. Par elle, nous reconnaissons que
notre péché ne nous affecte pas seulement mais aussi toutes nos
sociétés, nos institutions et toute la création. C'est
pourquoi, par la prière de confession des péchés que les
chrétiens font dans un culte, ils reconnaissent aussi par là
même leur participation responsable ou non dans les structures et
institutions dans lesquelles le mal persiste.491(*) Ici, l'avantage avec The Worship Sourcebook
est qu'il prévoit aussi la confession de certains péchés
spécifiques. C'est le cas avec les péchés de
l'indifférence vers la pauvreté que d'autres subissent, du
silence devant le cas de racisme, de cynisme, de narcissisme dans les
matières de culte, de non respect de la vie humaine, de mauvaise usage
des organes corporelle, de relations difficiles entre les humains, des abus
sexuels [...]492(*).
Dans cette rubrique, nous retiendrons à titre indicatif les chants
comme ceux de : A toi mon Dieu, mon coeur monte ( A.F 17) ; Mon Dieu
quelle guerre cruelle (A.F 200) ; O honte , O mémoire cruelle (A.F
274) ; Seigneur, du sein de la poussière (A.F 316) ; O Dieu ta
loi est sainte( A.F 565) ; Seigneur aie pitié de nous (A.F
590) ; Est-il vrai que tu pardonnes (A.F 509) ; Jésus par ton
sang précieux (A.F 276) ; Tel que je suis pécheur rebelle (
C.V 119) ; Seigneur Jésus je viens à Toi (C.V 133) ;
Yesu abiangi yo malamu yo oya 493(*)( NN 118) ; Yaka na Yesu bato mabe494(*) (NN 119) ; Ye Masiya
abiangi yo495(*) (NN
113) ; Njambe ajali kobianga496(*) (NN 132).
2.2.2.4.3 Les chants de
recueils et la lamentation
Après le moment de prière de
confession, la sous- liturgie de la lamentation qui s'ensuit vient, par les
textes bibliques, donner à la communauté en prière
l'occasion d'exprimer ses griefs et frustrations face à
l'écroulement de l'humanité et cela même dans la situation
où elle comme Église ne serait pas directement responsable ni
reprochable. Une lamentation est un acte de foi implicite par lequel la
communauté de foi se tourne vers Dieu comme sa seule source
d'espérance et de réconfort.497(*) Foi et espérance sont explicites dans Psaumes
42 où les paroles comme celles de « Mes larmes sont
devenues ma nourriture jour et nuit » conduisent à coup
sûr à cette déclaration de confiance qui dit «
Espère en Dieu ; car je le louerai encore, mon secours et mon
Dieu ». On comprend dès lors que ce moment peut
servir aussi à un prolongement de la prière de confession dans le
culte que célèbre l'Église. Ces passages peuvent
servir : Ps 13 ; Ps 42, 1-6 ; Jr 20, 7-10, 18.498(*) Dans cette rubrique, nous
retiendrons à titre indicatif les chants comme ceux de :
Pécheurs ! Vous venez d'entendre (C.V 103) ;
Pécheur, je voudrais te guérir (C.V 105) ; Le Prince de la
vie, Guérit seul (C.V 106) ; Une bonne nouvelle
(C.V 107) ....
2.2.2.4.4 Les chants de
recueils et l'Assurance du pardon
Si la confession est faite avec toute
honnêteté, nous pouvons alors affirmer avec tous ceux qui croient
à la Bible et spécialement avec les auteurs de The Worship
Sourcebook que l'assurance du pardon est le moment exceptionnel de la
bonne nouvelle qui annonce qu'en Christ nous sommes pardonnés. L'annonce
de cette vérité est l'un des plus beaux moments du culte. Fort
des Saintes-Écritures, cette vérité renforce notre
assurance qui est basée sur les paroles de promesse de Dieu et non sur
nos propres espérances et désirs.499(*) Tout comme la confession des
péchés implique aussi bien les péchés individuels
que ceux de la société dans laquelle on vit, ainsi l'assurance du
pardon déclare sur le peuple confessant la promesse certaine que la
grâce de Dieu qui pardonne s'occupe non seulement des
péchés individuels mais aussi de ceux de toute la
création.500(*)
C'est pour cette raison, sachant que le coeur de l'assurance du pardon est la
promesse biblique du salut en Christ, l'officiant du culte ne devra pas manquer
de prendre en valeur deux déclarations liturgiques importantes. La
première, c'est celle qui attire l'attention et annonce la grâce
de Dieu, en ces termes : « Ecoutez cette bonne
nouvelle » ou encore « Ecoutez la Parole du
Seigneur ».501(*) Cette déclaration se fait avant de
prononcer l'assurance du pardon. La seconde, c'est celle qui vient insister
pour dissiper tout doute intérieur dans les coeurs de ceux qui ont
confessé honnêtement leurs transgressions. L'officiant l'annonce
en ces termes : « Croyez en cet Évangile et
allez vivre en paix » ou encore « Sachez que vous
êtes pardonné et soyez en paix » ou
« Vivez dans l'Espérance certaine de la promesse du
Christ ». Cette déclaration se fait après lecture
de l'Écriture.
Cette sous-liturgie peut se faire de la
manière ci-après : l'officiant, de manière
solennelle, prend la parole, après prières et/ou chants de
confessions et lamentations et dira par exemple502(*) :
(a). Ecoutez cette bonne
nouvelle ! (Parole liturgique).
(b). Qui est dans une position de condamner ?
Seulement Christ, et Christ est mort pour nous, Christ est ressuscité
pour nous, Christ règne dans la puissance pour nous, Christ prie pour
nous. Quiconque qui est en Christ, est une nouvelle créature.
L'ancienne vie est passée ; une nouvelle vie a commencé.
(Texte biblique, Cf. Rm 8 :34 ; 2Co 5 :17).
(c). Sachez que vous êtes
pardonné et soyez en paix ou encore Croyez en
cet Évangile et allez
vivre en paix.
Les textes bibliques pour l'assurance du pardon sont
nombreux et notre recueil de base dans cette étude nous propose entre
autres : Ps 32, 1-2 ; Ps 32, 3-5 ; Ps 103, 8 ; 13-14,
17-18 ; Ps 103, 3-13 ; Ps 130, 3-4, 7-8 ; Ps 145, 13-14 ;
Ps 147, 2-3,5 ; Es 1, 18 ; Es 44, 21-22 ; Es 49, 15 ;
66, 13 ; Es 53, 4-6 ; Es 54, 8 ; 43, 25 ; 44, 22 ; Jr
33, 8 ; Ez 36, 25 -26 ; Os 11, 8-9 ; Mi 7, 18-20 ; Jn 3,
16- 17 ; Ac 10, 43 ; Ac 13, 38 ; Ep 1, 7 ; Rm 5, 1-2 ;
Rm 5, 8-9 ; Rm 8, 1 ; Rm 8, 15-17 ; Rm 8, 31-35, 37-
39 ; Col 2, 13-14 ; 1P 2, 24 ; 1 Jn 1, 5, 7 ; Rm 5,
8 ; Col 1, 13-14 ; Rm 5, 1 ; 1 Tm 1, 15-17 ...
Dans cette rubrique, nous retiendrons, à
titre indicatif, les chants suivants : Chantons, chantons sans cesse (A.F
33) ; Seigneur que n'ai-je (A.F 51) ; Que ton fidèle amour
(A.F 54) ; O tendresse infinie (A.F 56) ; Dans l'abime de la
misère (A.F 197) ; Grand Dieu, ta souveraine grâce (A.F
282) ; Entonnons un nouveau cantique (A.F 522) ; Loué
soit Dieu (A.F 529) ; O Toi dont les bienfaits (A.F 544) ...
2.2.2.4.5 Les chants de
recueils et l'offre de la paix
La paix avec Dieu exige de nous à la fois
celle avec nos semblables. L'oeuvre christique de la réconciliation nous
offre le pardon de nos péchés mais aussi la possibilité
d'une vraie communion fraternelle et la réconciliation dans la
communauté. Dans la plupart des cas, la tradition chrétienne
encourage qu'après qu'on ait écouté les paroles de
l'assurance du pardon, celles et ceux qui sont rassemblés en
prière, soient invités à partager ou mieux à
témoigner quelques actes de réconciliation et de paix les uns les
autres. Toutefois, ces actes de paix peuvent aussi bien se faire au
début du culte (pendant la salutation et l'accueil) ou pendant le
service de la Sainte-Cène.503(*)
Mais il faut épingler la question de la
responsabilité de la parole et du geste pendant ce moment de la liturgie
du culte. Bernard Lauret nous rend attentifs à ce détail :
«La parole et le geste ne sont compris que grâce à une
intentionnalité réciproque. Le sens n'est pas une donnée
en soi à prendre, mais il faut le comprendre. Cette
réciprocité achève la significiance : le signe n'est
accompli que compris par l'autre. La lettre n'est achevée que lue et
comprise ; la main tendue doit être
saisie ».504(*) De cette indication de Lauret, nous pouvons relever
la délicatesse du rôle de l'officiant qui préside cette
liturgie. En effet, c'est celui qui, s'appuyant sur la puissance du
Saint-Esprit, devra inviter mieux « intentionner »
l'assemblée des fidèles à échanger le pardon par la
parole audible et le geste sincère qui répondent à la main
tendue de l'Évangile.
Ainsi, l'officiant, pour pousser à
l'action de l'offre ou l'échange du pardon les uns les autres, peut
prononcer entre autres ces paroles qui ont un pouvoir performant sur les
orants :
(a). Parce que Dieu nous a
pardonné en Christ. Nous aussi
pardonnons-nous les uns
les autres.
Que la paix de notre
Seigneur Jésus-Christ soit avec vous tous.
(L'assemblée peut ou
ne pas répondre par ces mots : Et aussi avec
vous).
(b). Comme Dieu nous a
pardonné par Christ, Ainsi, faisons passer
la paix du Christ les
uns aux autres.
Dans cette rubrique, nous retiendrons à titre
indicatif les chants ci-après : Jésus est notre ami
suprême (A.F 69) ; Je veux t'aimer (A.F 310) ; C'est dans la
paix (A.F 315) ; Jésus me demande d'être (A.F 472) ;
Non, nous n'offrirons point (A.F 596) ; Viens m'apprendre à t'aimer
(A.F 611) ; C'est trop chanter la paix (A.F 619) ; Quel bonheur
d'être en famille (A.F 633) ...
2.2.2.4.6 Les chants de
recueils et les actions de grâces
Le moment des actions de grâces vient, dans
la liturgie du culte, talonner celui de l'offre du pardon et de la
réconciliation dans la communauté pour une vraie communion
fraternelle. Le pardon que Dieu nous accorde en Christ attire de soi un geste
de gratitude profond de notre part, les transgresseurs pardonnés. Nous
répondons à la bonne nouvelle du pardon de Dieu avec de joyeuses
acclamations de louange. Le plus souvent, cette réponse est
chantée avec une grande joie.505(*) L'acclamation des actions de grâces peut
être introduite par la prière basée sur ces paroles de
Psaumes 51,15 qui dit : « O Seigneur, ouvres mes
lèvres, et ma bouche prononcera ta louange ». Ici, les
chants de louange sont entonnés506(*)avec cri de joie car Dieu nous a pardonné. Ces
textes bibliques peuvent faciliter le travail de l'officiant : Ps
72, 18 -19 ; Rm 11, 33-37 ; Ap 5, 9 -13.
Dans cette rubrique, nous retiendrons à
titre indicatif les chants suivants : Grand Dieu nous te bénissons
(C.V 1) ; Gloire, gloire à l'Eternel (C.V 3) A Dieu soit la
gloire (C.V 6) ; Le nom de Jésus est si doux (C.V 8) ; A celui
qui nous a lavés (C.V 17) ; Vers Toi monte notre hommage (C.V
18) ; O que toute la terre entonne (C.V 28) ...
2.2.2.4.7 Les chants de
recueils et la Loi de Dieu
Le moment liturgique de la
« Loi de Dieu » est beaucoup plus un moment
précieux de rappel à l'ordre à cause de l'excellence du
pardon et de la grâce de Dieu. Comme nous déplorions la
préhension qui semble aujourd'hui lui ôter son rôle
pédagogique au profit de celui de la condamnation, cette rubrique est
une étape qui ne vient pas que pour condamner. Elle vient, après
les actions de grâces, beaucoup plus pour aider les transgresseurs
pardonnés à conserver le pardon de Dieu de par leur conduite. Le
mouvement allant de la confession aux actions de grâces passant par le
pardon invite une réponse naturelle de gratitude de la part des orants,
laquelle réponse se manifeste dans leur volonté de vivre dans une
voie qui plaise à Dieu507(*). Et c'est la Loi de Dieu et ses ordonnances telles
que prescrites dans les Écriture-Saintes. C'est ici que la Loi de Dieu
acquiert, à notre sens, le rôle pédagogique de guide pour
une bonne conduite en réponse de la grâce et du pardon nous
accordés.
The Worship Sourcebook propose à l'officiant
quelques paroles qui peuvent l'aider à introduire ce moment liturgique :
(a). Comme Dieu nous a
pardonné, comment allons-nous vivre ?
Ecoutons maintenant la
Parole de Dieu :
(b). Nous répondons au pardon de
Dieu, en vivant notre reconnaissance selon sa Parole. Ecoutons maintenant la
Parole de Dieu :
Les textes bibliques proposés à ce
moment sont nombreux. On peut retenir entre autres : Ex 20, 1-17 ; Pr
3, 5-6 ; Mi 6, 8 ; Mt 22, 37- 40 ; Jn 13, 34 ; Rm 12, 1-
3 ; Ep 4, 21-25 ; Ep 4, 32 ; 5, 2 ; Ep 5, 8-14 ; Ep
5,15-20 ; Col 3, 1- 4 ; Col 3, 12 - 15, Phil 2, 1- 4 ; Phil 4,
4- 9 ...
2.2.2.4.8 Les chants de
recueils et la consécration
L'invitation à la vie de
consécration, qui vient après la Loi de Dieu, est aussi un moment
important qui vient comme pour recueillir les promesses des transgresseurs
pardonnés. Il est nécessaire d'appuyer sur le fait qu'en
réponse à la Loi de Dieu, les transgresseurs pardonnés se
chargent de mener une vie de consécration à Dieu. Ils se
dédient à Dieu. Les traditions sont très partagées
ici concernant la manière de s'y prendre. Cette consécration pour
les uns est chantée, tandis que pour d'autres elle se manifeste par les
offrandes qu'on apporte dans la maison de Dieu508(*).
Dans cette rubrique, à titre indicatif, nous
retiendrons les chants ci-après : C'est la Parole du Seigneur (A.F
151) ; Pour triompher dans les combats (C.V 138) ; A tes pieds, O
divin Maître (C.V 140) ; Oh ! que ton joug est facile !
(C.V 141) ; Mon âme en silence se tient devant toi (C.V
142)...
Mais il y a un moment qui boucle cette liturgie
de l'appel à la confession. Il s'agit de la dédicace ou la
consécration de vie des transgresseurs pardonnés. Pendant ce
moment, l'Église peut entonner des chants de louanges et pousser des
cris de joie car Dieu les a régénérés par le sang
du Christ. Ces chants peuvent s'entonner pendant ce moment : Vers toi
monte notre hommage (A.F 53) ; C'est mon joyeux service d'offrir (A.F
289) ; Christ est ma vie (A.F 339) ; Veux-tu briser du
péché le pouvoir ? (A.F 609) ...
Mais les refrains de répons ont aussi bien
accompagné ce moment de la liturgie. Il y a des répons qui se
chantent à l'Église depuis l'époque des Pères
jouant à la fois le rôle dans la confession et dans la
lamentation. Ces répons peuvent se lire ou se chanter. C'est le
célèbre Kyrie eleison, Christe eleison, Kyrie eleison :
Seigneur aie pitié de nous, Christ aie pitié de nous, Seigneur
aie pitié de nous. On retient aussi le Trisagion
(Le trois fois Saint) : Dieu Saint, saint et
puissant, saint et l'immortel, aie pitié de nous.509(*)
Nous venons de parcourir les huit étapes
importantes du moment liturgique d'Appel à la confession. Il
est nécessaire d'insister sur le fait que dans cette partie de notre
étude, nous nous sommes intéressé à suivre la
liturgie actuelle des Églises Réformées
américaines. Nous l'avons fait à cause de son caractère
récent et proche de notre vécu cultuel bien que les raisons de
proximité ne nous soient pas un avantage. Nous avons compris que ce
moment liturgique est aussi celui de beaucoup d'étapes qui se
complètent et qu'il ne faut pas mutiler. C'est dans un souci liturgique
de voir le culte célébré par les humains et
pécheurs garder sa dimension humaine et spirituelle qu'une telle
démarche s'exige. En effet, dans un culte, les humains dans leur
état de pécheur, à notre sens, font une marche vers le
spirituel, vers ce qui est sacré et saint. Pour se consacrer ou mieux se
purifier, ce moment de l'Appel à la confession est un don de
Dieu, une opportunité qu'il nous accorde pour bien nous tenir devant sa
face.
De ce qui précède, nous voulons
proposer que l'appel à la confession qui précède
et prépare le moment de la Loi de Dieu dans la liturgie des
Églises protestantes à Kinshasa redevienne une des étapes
dans la liturgie de la confession des péchés au lieu de
l'être lui-même. On ne devrait pas perdre de vue que la liturgie du
culte, dans ses éléments, est complémentaire. Et les
sous-rubriques ont aussi des éléments importants qu'il ne faut
pas mutiler. Il faut reconnaître ici le pouvoir confessionnant qu'ont les
chants liturgiques. En effet, les chants peuvent aussi bien faire des bons
offices dans cette partie de la liturgie. Car ils ont le pouvoir, une fois
entonnés, de conduire voire de pousser les fidèles réunis
dans un culte dans la confession des péchés. Il sied d'indiquer
que les recueils de chants protestants sont encore très présents.
Ils sont prévus dans les répertoires de nos recueils pour
soutenir chaque moment et chaque culte dans sa particularité. Ainsi,
à la question de savoir quelle la place des chants de recueils
peuvent-ils occuper pendant ce moment de l'Appel à la confession
et l'Assurance du pardon dans la liturgie, la réponse
est évidente. Les recueils protestants ont encore quelque chose à
donner capable de soutenir la liturgie du culte protestant à
Kinshasa.
2.2.2.4 Les chants de
recueils et la Confession de foi
La Confession de foi, on le sait, fait partie de
la liturgie de la Parole. Depuis la Réforme du XVIe siècle, la
lecture et la prédication de la Parole de Dieu se tiennent toujours au
centre du culte protestant et constituent l'un des moments
privilégiés de ce dernier. Dans la liturgie des autres
Églises ou mieux des autres congrégations protestantes, on
rencontre des paroles ou des chants (répons) qui introduisent et
répondent à la lecture d'une péricope choisie de
l'Écriture. Ces paroles et répons rendent un grand service
à deux niveaux, à savoir : aider les orants à
recevoir la parole avec une attention particulière et les inviter
à exprimer leur gratitude au Seigneur après l'écoute de sa
Parole.
La liturgie de la Parole, en principe, a son
propre contenu. Selon The Worship Sourcebook, six étapes se
suivent pendant ce moment liturgique510(*) :
1. Prière d'illumination
2. Introductions à la Lecture biblique
3. Réponses à la Lecture biblique
4. Prédication
5. Conclusions ou réponses au sermon
6. Introduction à la Confession de foi
7. Confession de foi
Essayons d'examiner succinctement chacune de ces
rubriques par rapport à l'apport des chants de recueils protestants.
2.2.2.5.1 Les chants de
recueils et la Prière d'illumination
Les théologiens seraient unanimes pour
reconnaître que la puissance de la Parole de Dieu ne vient pas de l'encre
ni des feuilles de nos Bibles, moins encore de notre créativité
rhétorique de prédicateur. Elle vient du Saint-Esprit de
Dieu511(*). Et cela au
nom de Jésus- Christ, de la Parole de Dieu faite chair. La Bible, par
les écrits pauliniens, nous éclaire sur ce point de la puissance
ou encore du pouvoir de la Parole de Dieu. Comme le déclare Paul de
Tarse dans 2 Timothée 3,16 que « Toute écriture est
inspirée de Dieu, et utile pour enseigner, pour convaincre, pour
corriger, pour instruire dans la justice, afin que l'homme de Dieu soit
accompli et propre à toute bonne oeuvre », la
prière d'illumination nous offre un moment d'humilité devant la
Parole de Dieu. L'acteur de la liturgie, pendant ce moment, se
reconnaît faible et limité devant la grandeur de la Parole du
Seigneur qui ne passera jamais, alors que le monde et le ciel passeront.
Comme le soutiennent les auteurs de ce recueil
liturgique, la prière d'illumination affiche clairement la demande
d'aide de l'oeuvre du Saint-Esprit dans le travail de la compréhension
et l'explication à donner du texte biblique dans un sermon. Elle nous
fait reconnaître que nous venons tous devant l'autorité de
l'Écriture avec différents degrés de foi et connaissance.
La prière est dite pour le prédicateur et pour ceux qui vont
l'écouter ; aussi pour le discours et l'écoute
elle-même512(*).
Chez nombre de congrégations, cette prière est dite tantôt
par l'officiant du culte tantôt par le prédicateur ; par un
membre désigné à ce fait dans la congrégation voire
par l'ensemble des orants.513(*) Et elle a lieu après la Lecture biblique
mais avant la prédication.
Il sied d'indiquer qu'à côté
des paroles libres, beaucoup de textes bibliques ont été à
la base de la formulation de cette prière, qui pourtant s'introduit par
des mots comme ceux : O Seigneur Dieu et se termine par la
formule comme Par Christ notre Seigneur. Amen. Ces textes sont en
l'occurrence514(*) : Ps 19, 14 ; Ps 25, 4-5 ; Ps
27 ; Ps 11 ; Ps 119, 33-34 ; Ps 85, 8 ; Ps 119, 105 ;
Mc 9, 24 ; Jn 6, 68 ; Jn 12, 21 ; Ep 1, 17-19 ...
C'est ici le lieu de signaler là
où les paroles d'introduction et de réponses à la lecture
de biblique se greffent dans cette liturgie offerte aux Saintes
Écritures. Car la lecture et l'écoute de la Parole sont des actes
importants du culte. Les paroles d'introduction, après la prière
d'illumination, indiquent aussi clairement que possible la péricope qui
va être lue en donnant toutes les références et au besoin
la version biblique choisie. Les formules telles que
« Nous allons lire la Parole de Dieu tirée
de... » ; « Ecoutons la Parole de Dieu telle que
rendue par... » ; « Ecoutons ce que l'Esprit dit
à l'Église... » ; « Ecoutons la sagesse
de la Parole de Dieu dans... » ; « Ecoutons ce que
Dieu a nous dire aujourd'hui dans ... » 515(*), mais aussi les
fameuses paroles d'Esaïe 55, 10-11 peuvent faire de bons offices.
2.2.2.5.2 Les chants de
recueils et les paroles de répons
Les paroles de réponses sont
importantes à la communion et la communication qu'offre la liturgie. Les
orants marquent leur participation à la liturgie de la Paroles par des
formules qu'ils chantent ou lisent comme :
« Amen », « Merci
Seigneur », « Gloire soit à notre Dieu »,
« l'herbe sèche et la fleur fane mais la parole du Seigneur
demeure éternellement ».
Les chants de recueils aussi peuvent bien
remplacer les paroles d'introduction comme celles de réponses à
la lecture des textes bibliques. C'est pour affirmer que cette prière
voire ces déclarations peuvent être aussi chantées. De ce
fait, les recueils proposent quelques titres, à savoir : O Seigneur
bénis ta parole (C.V 137b) ; Fraîches rosées (C.V
143) ; O Dieu de vérité (C.V 144) ; Jésus, ta
sainte présence (C.V 147a) ; Jésus est au milieu de nous
(C.V 148) ; Toi disposes...(C.V 149) ; O mon Sauveur ouvre mon coeur
(C.V 150) ; Demeure par ta grâce (C.V 151) ; Divine parole qui
soutient ma foi (A.F 147) ; La parole du Seigneur (A.F 146) ; Ta
parole est un beau jardin ( A.F 152) ; Ta parole, Seigneur (A.F
154) ; Ta parole est la richesse (A.F 170) ; Parle, parle Seigneur (
A.F 188) ; Mon salut, ma nourriture (C.V 242) ; Livre saint,
céleste livre (A.F 298) ; Mon âme en silence ( A.F
578) ...
Après la rubrique Lecture
biblique vient le moment culminant du culte. C'est le temps
d'écouter Dieu parler au travers d'un instrument humain mais inutile
choisi pour ce temps. Nous allons nous appesantir brièvement sur ce
moment liturgique.
Comme on peut le reconnaître, la
prédication, chez les protestants est l'un des points culminants si pas
lui-même le point culminant du culte. Mais sa force ne vient que de la
connexion des éléments ou rubriques liturgiques qui la
précèdent mieux préparent son temps dans la liturgie de la
Parole mais aussi ceux lui succèdent. Parmi ces éléments,
nous pouvons retenir le chant liturgique. Car le chant prépare le
terrain pour la réception de la prédication dans les coeurs de
celles et ceux qui sont rassemblés et s'apprêtent à
écouter la parole de Dieu dans le culte ; et lui encore, le chant,
vient après la prédication pour appuyer le message et aider les
fidèles à le digérer.
D'aucuns savent que si la prédication est au
pasteur, le chant est à l'assemblée. L'assemblée peut
facilement oublier, fût-elle extraordinaire, la prédication du
pasteur ou du prêtre après quelques temps, mais pas toujours le
chant entonné au culte. C'est ainsi que nous pouvons nous permettre
d'affirmer que dans un culte, si la place qu'occupe la prédication dans
la liturgie est aussi importante que fondamentale, la place du chant l'est
aussi. La prédication prononcée qui s'inscrit dans un cadre
liturgique particulier au cours du culte, on le sait, ne tombe de nulle part.
Retenons ici le célèbre article de Raphaël Picon sur la
prédication516(*). Cet auteur soutient que la prédication est
inséparable du contexte d'un culte donné, et qu'elle n'y surgit
pas comme un élément étranger.
A lire son article, trois temps majeurs
retiennent notre attention dans ce moment liturgique. Nous faisons allusion,
à ce qu'il appelle lui-même, à savoir : le temps de la
séparation, le temps de la tension et celui de la
complémentarité. Ces temps exposent très clairement les
rapports qui existent entre la prédication et la liturgie. Retenons
quelque chose sur le contenu de ces trois temps :
1. Le temps de la séparation est celui qui, par la
liturgie, s'ouvre au rite et à la parole. La liturgie prépare le
peuple en prière à recevoir la Parole de Dieu qui arrive sur un
mode de surgissement et de l'attente, de la surprise et de l'emprise. Or, l'un
des objectifs de la prédication est celui de traduire cette
réalité : la Parole de Dieu n'est pas ce à quoi l'on
s'attend, même si l'on connaît déjà le texte biblique
cité. La Parole de Dieu est irréductiblement nouvelle et
singulière de par sa nature et de par son irruption toujours
datée et localisée dans nos vies. A son écoute, la
prédication crée une séparation, elle marque une
brèche dans la ritualité qui caractérise toute
liturgie.517(*)
2. Le temps de la tension entre le passé et le
présent où la liturgie nous permet de
« revivre » notre aventure avec Dieu, par la Parole
prêchée qui nous permet de la « vivre ».
Là où la liturgie va actualiser la mémoire de celles et
ceux qui écoutent la Parole ; comme pour dire que la
prédication nous rejoint dans notre présent. La liturgie est de
l'ordre de la pérennité et de la répétition, la
prédication est de l'ordre de l'événement et de
l'inauguration.518(*)
3. Le temps de la complémentarité entre la
liturgie et la prédication. En effet, la place centrale de la
prédication ne doit pas nous conduire à mépriser la
liturgie de l'ensemble du culte. Car voir les choses dans ce sens aurait pour
effet de survaloriser le rôle de la seule prédication et de la
faire apparaître comme un corps étranger au reste du culte. Il
peut pourtant être fructueux d'articuler le thème de la
prédication avec certains textes liturgiques afin de souligner
l'unité du culte et d'accentuer sa valeur pédagogique.519(*)
Pour résumer ce point, affirmons
à la suite de D. Grasso que la prédication qui annonce la Parole
du salut de Dieu et la liturgie qui prépare la réception de
celle-ci ont des liens profonds qui les soutiennent. Car, selon cet auteur, si
la prédication invite l'homme à y répondre et à
rencontrer son Dieu, la liturgie se constitue en un lieu de rencontre entre les
deux : l'homme et son Dieu. La prédication et la liturgie ne
peuvent pas trop tenir sans une interdépendance. On ne peut les
séparer au risque de perdre leur sens dans une célébration
cultuelle. La liturgie rend à la prédication un service
incomparable non seulement sur le plan existentiel, en réalisant ce
qu'annonce la prédication, mais encore dans le domaine de la
connaissance. Elle apporte aussi bien la connaissance et rehausse le
degré de foi des orants. La référence à la liturgie
aide ainsi la prédication à faire comprendre, dans le contexte,
ce qu'elle veut enseigner ou inculquer dans la vie des orants520(*).
Bien que chaque congrégation voire
chaque prédicateur ait sa façon d'annoncer et de signer la fin de
la prédication, quelques formules comme celles qui reviennent
après la prière que font les chrétiens «
[...] au nom du Seigneur Jésus- Christ » sont
dans la mémoire commune des protestants depuis la nuit des temps. Il en
existe deux types : les acclamations et les prières521(*). Par les acclamations, la
communauté rassemblée exprime son assentiment et son
adhésion à la parole prêchée. Elle reconnaît
par cette parole la puissance rédemptrice de Dieu par le Saint-Esprit
qui vient encore sauver l'homme pécheur. Les paroles libres s'appuyant
sur des Amen peuvent spontanément sortir de l'assemblée
ou du prédicateur lui-même à la fin de son sermon. Quelques
textes bibliques ont été aussi à la base de ces
formulations. On retiendra : Rm 11,33 -36 ; Ep 3, 20- 21 ;
Ep 3, 21 ; 1 Tm 1, 17 ; Ap 1, 5-6 ; Ap 7, 12 ...
D'autres ressources de paroles de réponses
après le sermon sont les prières qui y sont dites ou des
pétitions qu'on adresse à Dieu pour qu'il vienne à l'aide
l'Église et l'humanité entière selon le cas à vivre
le message reçu dans leur vie de tous les jours. La plupart de ces
prières ont un lien avec la prédication que l'on vient de faire.
En principe, ces prières devraient se faire après un court moment
de silence qui engage une réflexion personnelle de chaque orant qui a
suivi le sermon. Mais ce moment d'avant la prière peut aussi bien
être bercée par des chants spécialement ceux de recueils.
Ici, c'est le sujet de la prédication qui dicte le chant à
entonner si le culte n'est pas celui d'une fête liturgique.
Il faut appuyer sur le fait que le chant peut
aussi bien communiquer toute une prédication. Comme l'écrit
Nsumbu, c'est cet aspect qui est le plus exprimé dans l'Église
aujourd'hui. Mais on sait que cela ne date pas de notre temps.
Déjà avec Luther à la Réforme, cela était un
cheval de bataille pour lui dans le travail que devait faire l'Église.
Dans ses écrits publiés dans De l'ordre du service divin dans
la communauté et Formula missae et communionis, Luther affirmait
deux préceptes essentiels pour la musique religieuse où le
service divin serait centré sur le sermon, l'exégèse des
textes sacrés d'une part, et le culte qui devrait recueillir la
participation de la collectivité des fidèles par le chant d'autre
part. Il faut dire que dans ce sens d'organisation, les cantates de Bach en
observent très rigoureusement la recommandation.
Aussi, il conviendra de relever que les
théologiens de la pratique seraient du même avis que James Lyon
quand il regrette par rapport au cantique ce qui suit :
L'importance de la signification du cantique - pour une
assemblée, pour la cohérence du culte - n'est pas encore
suffisamment valorisée. Il ne s'insère pas seulement dans le
cadre du culte - par l'accord à la prédication et la
réception de la parole prêchée- il revêt aussi une
signification en soi. La musique exerce donc un rôle primordial dans le
culte protestant ainsi ponctué par le chant des cantiques, autant
d'étapes qui conduisent au sens. Une préparation - en amont et en
commun- de tous les protagonistes s'avère particulièrement
nécessaire. Pourtant, d'autres questions n'ont pas toujours
trouvé les réponses satisfaisantes à propos de la musique
qui introduit au culte : de quelle musique, pour quelle Parole ?
À titre d'exemple, l'exercice historique de la Liedpredigt
(prédication sur un cantique) pourrait être restauré
relativement à l'importance de la liaison entre une mélodie et un
texte, pour mieux considérer l'herméneutique de l'une et de
l'autre. Cette relation sera introduite et transmise. 522(*)
Il va falloir compléter cette liturgie de
la Parole par la Confession de foi qui unit l'Église visible et
l'Église invisible depuis les temps immémoriaux. Mais quid de
l'introduction à la Confession de foi qui vient avant la Confession de
foi proprement dite dans le culte ?
2.2.2.5.3 Les chants de
recueils et l'introduction à la Confession de foi
Le moment de l'introduction à la
Confession de foi chrétienne n'est pas une longue sous-liturgie
dans la liturgie du culte. Mais sa brièveté n'enlève en
rien son caractère solennel. En effet, elle est une petite rubrique qui
offre aux acteurs de la liturgie du culte, les paroles qui attirent l'attention
et qui invitent le peuple rassemblé en prière à
répéter avec conviction les affirmations historiques du credo de
l'Église universelle. L'officiant du culte peut, entre autres, prononcer
les paroles qui suivent523(*) :
Mes frères et soeurs en Christ, dans la communion
avec l'Église universelle, Confessons ensemble notre foi
chrétienne ; Proclamons notre foi avec les Apôtres ;
Confessons la foi de notre baptême et proclamons tous ensemble ;
Joignons tous les saints dans tous les âges et toutes les cultures dans
notre Confession de foi et louange ; Confessons la foi de l'Église
en tout temps et en tout lieu ; Exprimons notre unité avec
l'Église de tous les siècles par les termes de notre Credo
commun ; Dans l'amour et de même coeur et d'une seule voix
confessons la foi chrétienne de l'Église en tout temps et en tous
lieu [...].
2.2.2.5.4 Les chants de
recueils et la Confession de foi
Comme nous avons eu à l'affirmer plus
haut, la Confession de foi est un texte concis résumant
l'essentiel de la foi chrétienne ; elle est lue par l'officiant ou
récitée par toute l'assemblée au cours du culte. Elle est
aussi appelée credo (du latin «je crois ») ou
symbole (du grec « résumé »). Elle
désigne également, sous forme beaucoup plus
développée, un ouvrage contenant l'ensemble des points de
doctrine auxquels adhèrent les croyants de telle ou telle
Église.
Nous affirmions à la suite de nombreux
auteurs de l'histoire de l'Église que les protestants, en
général, souscrivent dans leur majorité aux grandes
confessions de foi de la tradition chrétienne représentées
par le Symbole de Nicée-Constantinople, dont la version actuelle remonte
au IVe siècle, et le Symbole des Apôtres, dont la version
définitive remonte au VIIIe siècle. Si les catholiques, pour leur
credo, lisent ou répètent le Symbole de
Nicée-Constantinople dans la messe, les protestants, à
titre exceptionnel, et surtout dans des célébrations
oecuméniques, utilisent plus souvent le Symbole des Apôtres.
Quand le credo de l'Église
chrétienne est confessé dans un culte avant ou surtout
après la prédication, cela se fait dans plusieurs buts. The
Worship Sourcebook en propose six. Par elle524(*) :
1. La communauté rassemblée dans la
prière donne son adhésion à la Parole de Dieu qui vient
d'être proclamée.
2. L'expression de l'unité dans l'Église dans le
temps et dans l'espace est proclamée.
3. Le témoignage individuel de chaque chrétien
participe à quelque chose de beaucoup plus grand.
4. L'Église proclame que le message suivi n'est qu'une
portion du plein Évangile rendu dans un contexte particulier.
5. Les chrétiens se rappellent leur baptême et
l'engagement de la foi pour laquelle ils avaient reçu l'eau de
baptême.
6. L'Église exprime, partout où elle se trouve,
sa foi commune et l'unité qu'ont les fidèles à la Table du
Seigneur.
Il conviendra de relever un fait. Quand bien
même les buts repris ici seraient fondamentaux, les protestants de
manière générale n'accueillent pas tous ces confessions de
foi historiques. Et, s'ils arrivent à le faire, ils ne les
considèrent pas toujours dans leur lettre, mais au moins dans leur
esprit. C'est pour autrement affirmer que tous les protestants n'ont pas la
même disposition vis-à vis de ces textes de foi.525(*) Car le protestantisme dans
l'unanimité ne se définit pas dans sa foi avec de nouveaux dogmes
mais plutôt avec des principes spécifiques.
Il est remarquable de constater parfois
l'unanimité positionnelle des chrétiens protestants (comme
catholiques ou orthodoxes) qui s'accordent pour reconnaître que les
grandes confessions de foi héritées du passé sont
quelquefois un peu dépassées de nos réalités
d'aujourd'hui. Car elles seraient beaucoup plus marquées par une
conception du monde et des catégories philosophiques et scientifiques
qui ne sont plus ni celles de la Bible ni celles de notre temps. Ils donnent ce
point de vue par rapport au Symbole de Nicée-Constantinople qui n'est
plus celui de nos combats de l'heure. C'est pour cette raison que les
protestants, tenant compte de leurs combats de l'heure, rédigent pour
leurs contemporains de nouvelles confessions adaptées à leur
propre situation et cela dans la diversité de défis que la
société présente à l'Église d'un coin monde
à l'autre à travers les siècles. De ce fait, sans trop
vouloir nous répéter, nous nous appuyons sur le fait qu'il n'y a
pas de forme imposée ni aucun ordre stéréotypé et
figé qui soit commun à tous les protestants en matière de
confession foi526(*). Le
triomphe de la pluralité dans le domaine des textes et paroles de credo
est manifeste chez les protestants. En fait, si comme à la
Pentecôte, le Saint-Esprit avait signé l'acte de naissance des
églises et de l'Église527(*), chaque église dans son ecclésiologie
ne devrait pas s'empêcher de rédiger son propre credo et le
répéter avec musique ou non chaque fois qu'elle voudrait bien le
faire. Les traditions, en cette matière, sont aussi variées, bien
que la Bible soit la même.
Si en dehors de la Bible, les
prédications, les thèmes du calendrier liturgique, pour ne citer
que ceux-là, puisent aussi clairement leurs affirmations du contenu de
credo, les chants de recueils le font aussi d'une manière ou d'une
autre. Toutefois, rares sont les titres que les recueils de chants disponibles
au Congo retiennent dans cette partie de la liturgie qui est aussi rarement
répétée. Quelques Églises, comme celles des
Disciples du Christ au Congo et surtout les Méthodistes qui ont le
privilège d'actualiser souvent leur credo, peuvent faire l'exception.
Après ce survol de la liturgie de la
Parole, examinons celle des offrandes pour dégager les liens que cette
liturgie aurait avec les chants de recueils.
2.2.2.6 Les chants de
recueils et les offrandes
Le moment des offrandes dans un culte est
aussi précieux que celui de la louange à Dieu que lui font monter
des transgresseurs pardonnés. Ici, il faudra qu'on mette en valeur ce
que nous pouvons appeler la théologie des offrandes. En effet, le moment
des offrandes est un temps liturgique privilégié qu'ont les
chrétiens dans un culte. C'est le moment où les orants d'un culte
viennent humblement mais avec joie offrir à Dieu en réponse de sa
Parole prêchée. Ce moment établit une connexion entre notre
adoration à Dieu et notre vie des disciples du Christ. Pour la plupart
des cas, l'argent que nous donnons est beaucoup plus un symbole de notre
désir ardent de nous offrir nous-mêmes à Dieu dans son
oeuvre dans l'Église et dans le monde comme des sacrifices vivants. Les
offrandes symbolisent beaucoup de dons que nous devrions retourner à
Dieu, en l'occurrence : la vie, le temps, le talent et tous les biens
obtenus sur cette terre. Car tout ce que nous avons est un don de Dieu. Nous
lui devons tout sans rien lui refuser. L'offrande traduit l'idée de
donner dans la liberté par dévotion et consécration.
Ainsi, par l'offrande, le chrétien fait un geste de reconnaissance que
c'est Dieu qui lui a donné ce qu'il a.528(*) L'offrande n'est pas qu'une affaire d'argent. Elle
peut aussi bien s'offrir en d'autres biens en nature. Elle se fait par la
présentation à Dieu des prémices qui lui rendent des
actions de grâces et le sacrifice de louange. Elle est différente
d'une collecte, qui est souvent faite pour subvenir à besoin
précis de l'Église.529(*) En principe, comme une réponse à
l'amour de Dieu manifesté en la mort du Christ, l'offrande devrait
être une oeuvre d'amour et surtout un acte qui nous lie au sacrifice de
la Cène.
Pendant les offrandes, pour la plupart des cultes
qu'organisent les protestants, le chant est à son point culminant. On y
rencontre plusieurs types. Ceux des recueils comme ceux des chorales ou groupes
musicaux sont au service de cette liturgie. Les recueils utilisés au
Congo ne nous proposent pas très clairement les titres des chants pour
ce moment. Mais si l'offrande est une réponse de l'homme et de la femme
à la Parole prêchée, les chants de louanges peuvent
être entonnés. Au Congo, le fait est frappant dans les paroisses
suivies dans cette étude. L'animation est grande pendant le moment des
offrandes, et cela même si les offrandes elles-mêmes ne sont
toujours pas à la hauteur de ces animations. Mais le chant, lui, semble
toujours stimuler les fidèles à donner par la danse et les cris.
Il ne faudra pas que nous occultions la
solennité de ce moment liturgique. C'est l'officiant qui l'introduit. Il
le fait en invitant le peuple de Dieu à donner avec les paroles
d'hospitalité. Il l'invite à venir mais bien plus à donner
avec joie et actions de grâces. Il est important qu'il s'adresse aussi
aux visiteurs du jour. C'est pour que ces derniers sachent pourquoi ils sont
eux aussi appelés à soutenir l'Église et ses
ministères. La prière des offrandes peut venir avant comme
après la récolte selon le cas. Quelques passages bibliques, en
dehors des paroles libres, peuvent servir l'officiant dans la formulation des
paroles d'invitation. Retenons les suivants530(*) : Ps 24, 1 ; Ps 50, 14 ; Ps 96,
8-9 ; Ps 111,1 ; Ps 116, 12, 14 ; Mt 6,19-20 ; Mt
10,8 ; Ac 20, 35 ; Rm 12,1 ; 2Co 9, 6- 8 ; 2Co 9,7 ;
Ep 5, 1-2 ; Hb 13,16 ; 1 Jn 3, 17-18.
Il est un fait sur lequel nous devons aussi
insister. C'est de la place de choix qui revient à la prière des
offrandes pendant ce moment liturgique. L'offrande est beaucoup plus que
l'argent que l'on apporte à l'Église. C'est la prière dite
sur l'offrande qui lui confère la qualité d'un acte de
libéralité comme signe d'engagement à servir Dieu dans le
monde. C'est cette prière qui reconnaît que Dieu est le Seul
dispensateur des dons et des biens que nous avons ici bas et l'argent seul ne
peut accomplir la volonté de Dieu sans sa bénédiction. La
prière précède aussi l'exécution des oeuvres que
cette offrande est destinée à faire. Le pasteur, un diacre ou
quelqu'un d'autre de la congrégation peut dire librement cette
prière531(*).
2.2.2.7 Les chants de
recueils et la prière d'intercession
La prière d'intercession est
l'un des actes majeurs d'un culte. Même si l'appellation de ce moment
liturgique est variée, prière pastorale chez les uns et
prière congrégationnelle voire prière de peuple pour les
autres, cette prière est dite au nom de toute la communauté
ecclésiastique. Pendant ce moment, le peuple rassemblé en
prière adresse à Dieu ses intentions, ses supplications, ses
pétitions par rapport au travail de l'Église et à sa
mission dans le monde. C'est le but principal.
Il est important de souligner qu'on ne prie
pas seulement pour son Église et pour les personnes qu'on connaît,
mais on dit cette prière aussi à l'intention des autres. C'est
le cas des autorités, des opprimés, des pauvres, des
affamés, des prisonniers, des malades, des leaders d'opinion, des pays
en conflits, des problèmes de l'environnement, et les intentions
spécifiques des personnes, de l'Église et des nations ...
Indiquons que ce moment est une partie
intégrante de la liturgie du culte. Elle vient naturellement
après l'adoration, la confession et les actions de grâces.
L'intercession ne se fait pas sans inclure des moments de silence et des
chants. Elle peut exiger que les orants prient debout mains levées (Ps
141), à genou ou assis tête inclinée.
Si l'intercession de l'Église peut
inclure entre autres les chants, ceux des recueils sont hautement significatifs
pour cette cause. On peut retenir à titre indicatif les chants
ci-après : Entre tes mains j'abandonne (C.V 172a) ; Je
m'approche de Toi (C.V 173) ; Priez toujours priez sans cesse (C.V
153) ; C'est mon joyeux service(C.V 167) ; Quel ami fidèle et
tendre (C.V 234) ; Mon Dieu plus de Toi (A.F 182) ; Frères,
prions (A.F 454) ; J'ai soif de ta présence (A.F 184) ;
Jésus est au milieu de nous (A.F 77) ; Yesu ndeko na bolingo
532(*) (NN 160) ;
Yesu ajali na bolingo 533(*)(NN 277) ; Tata Njambe na likolo 534(*)(NN 278) ; Ntongo na
ntongo nalingi koya535(*) (NN 279) ; E, Yesu nakobondela536(*) (NN 280) ; Toyei na yo
nsomo te 537(*)(NN
282) ; Nayoki na mapamboli538(*) (NN 283) ; Kamata bomoi na ngai539(*) (NN 284)...
En bouclant ce point, il sied d'épingler
cette ouverture que la prière d'intercession offre aux acteurs de la
liturgie du culte les paroles qui leur servent d'attirer l'attention et
d'inviter le peuple rassemblé en prière à porter les
fardeaux des autres. Ainsi, l'officiant peut, entre autres, prononcer les
paroles qui suivent en ce moment540(*):
Rejoignez-moi dans la prière ; Offrons
à présent nos prières d'actions de grâces et
d'intercession ; Unissons nos coeurs et nos voix et offrons à Dieu
nos prières ; Prions maintenant ensemble au nom de Jésus-
Christ ; Unissons nos voix à celle du Christ qui parfait nos
prières et prions tous ensemble ; Rassemblons nos actions de
grâces et nos intentions devant Dieu dans la prière ; Prions
pour l'expansion du Royaume de Dieu dans notre monde aujourd'hui.
Quelques passages bibliques, en dehors des
paroles libres, peuvent servir l'officiant dans la formulation des paroles
d'invitation à la prière d'intercession. Retenons à titre
indicatif les passages suivants541(*) : Ps 124, 8 ; Ps 32, 6 ; Rm 8,
26-27 ; Ep 6,18 ; Phil 4,6-7; 1 Tm 2, 1-4.
Après le moment d'intercession, c'est la
liturgie de clôture qui intervient. Mais, quid de cette liturgie ?
Quel est son rôle dans une célébration cultuelle ?
Essayons d'examiner le contenu de cette rubrique du culte.
2.2.2.8 Les chants de
recueils et la clôture
Il est vrai que le moment de la
clôture est beaucoup connu par la bénédiction finale
qui intervient à la fin du culte. D'ailleurs, il ne peut pas en
être autrement. D'après la tradition dans beaucoup
congrégations protestantes, les acteurs de la liturgie, pendant ce temps
s'apprêtent à quitter solennellement le temple les premiers
après la bénédiction que le pasteur prononcera de la part
du Seigneur et aller serrer la main des fidèles à la porte du
temple en les exhortant aux bonnes oeuvres et à garder le message de
l'Évangile suivi. En fait, c'est comme cela que les choses se passent.
Or il y a certaines recommandations qu'il va
falloir rappeler en vue d'obtenir des fins plus heureuses à nos cultes.
On ne devrait pas perdre de vue que tous les cultes n'ont pas la même
formule de clôture. Si la clôture des uns se fait avec faste, celle
des autres se fait dans une pieuse contemplation542(*). C'est le premier cas.
Et si la clôture des uns se fait avec une exhortation conviant
à une vie digne de disciple du Christ, d'autres encore se fait sous une
prière silencieuse implorant la consolation de Dieu sur les orants.
C'est le second.
La clôture d'un culte, c'est aussi toute
une liturgie et celle-ci contient la bénédiction finale. Mais
elle n'a pas que cela. Car cette liturgie ou mieux cette sous-liturgie a dans
son contenu un nombre de rubriques à observer. On y compte les paroles
d'exhortation, celles de prière de bénédiction, et aussi
celles de l'acclamation de louange pour les bénédictions
reçues. Ainsi, cette liturgie se présente de la manière
ci-après :
1. Envoi
2. Bénédiction
Examinons-en le contenu.
2.2.2.8.1 Les chants de
recueils et l'envoi
Le moment liturgique
d'envoi est celui de l'appel au service, l'appel aux bonnes oeuvres
dans la vie de tous les jours après qu'on ait été au
culte. Si les chrétiens passent peu de temps dans l'Église lors
d'un rassemblement cultuel, ils passent plus leur vie dans leurs milieux de
travail, de famille pour ne citer que ceux-là. En effet, une question
pertinente pouvait se poser par rapport à la fin du culte : Quand
est-ce qu'elle a lieu?
Les acteurs de la liturgie pensent que le culte
ne prend nullement fin quand nous quittons le temple ou le lieu de
rassemblement cultuel. Car un appel clair ou une exhortation à la vie
de disciple, à la suite de notre Seigneur et notre Maître
Jésus-Christ, qui intervient après les offrandes et
l'intercession mais avant la bénédiction, nous rappelle sans
cesse que notre culte continue au travers de notre vie de chaque jour et cela
dans la crainte du Seigneur. Comme une offrande, cet appel nous rappelle que
notre culte de vie doit porter des fruits dans le témoignage quotidien.
Ayant été ensemble rencontrer Dieu comme ses enfants, cet appel
nous charge d'un mandat de la promotion de la vision et la volonté dans
notre monde immédiat. C'est ainsi que ce moment liturgique est aussi
considéré comme celui d'un défi à relever. Car il
nous soumet à l'application quotidienne de la Parole de Dieu. Faisons
remarquer que nous ne le faisons pas parce que nous voulons aimer Dieu, mais
nous le faisons car Dieu nous a aimés le premier.
Cette sous-liturgie comprend, entre autres,
l'acclamation qui s'appuie sur les doxologies et la prière de
clôture. Ainsi, l'officiant peut, entre autres, prononcer les paroles qui
suivent en ce moment543(*): Alors que vous vous apprêtez à
quitter ce lieu, écoutez maintenant l'appel de Dieu pour une vie
chrétienne qui lui plaise ; Au moment où nous voulons
quitter ce lieu, écoutons la recommandation du Seigneur pour notre
conduite de tous les jours dans nos milieux ...
Quelques textes bibliques, en dehors des
paroles libres, ont été la base de la formulation de ces
exhortations à l'engagement d'une vie chrétienne qui plaise
à Dieu. Retenons les suivants 544(*) : Mi 6, 8 ; Mt 22, 36-40 ; Mt 22,
37-40 ; Mt 28, 19-20 ; 1 Co 16, 13-14 ; Ep 4,
1-6 ; Col 3, 12-14 ; Col 3, 17; 1 Jn 3, 23 ...
Comme affirmé
ci-dessus, l'envoi a pour point de chute l'acclamation de louange ou
encore mieux la doxologie. La doxologie, on s'en souviendra, est un mot grec
qui traduit l'idée de mots de louange à la gloire et la
bonté éternelle de Dieu. En principe, la doxologie est ce que
tout le culte devrait être du début à la fin545(*). Ce qui est important par
rapport aux chants est que ce moment met aussi facilement les paroles de chants
dans la bouche des orants ; et cela c'est pour les préparer
à recevoir la bénédiction dite par le pasteur de la part
du Seigneur.
Quelques textes bibliques, en dehors des paroles
libres, ont été la base de la formulation de l'introduction de
ces acclamations et doxologies qui peuvent être lues ou chantées.
Retenons les passages ci-après :
Ps 41,13 ; Ps 72, 18-19 ; Ps 106, 48 ; Rm
11, 33-36 ; Ep 3, 20-21 ; 1Tm 1, 17, Jude 24, 25; Ap 1, 5-6; Ap
7, 12.
Mais avant que l'officiant ne dise la
prière de clôture du culte, les recueils de chants disponibles
pour le culte à Kinshasa peuvent bien faire entonner pendant ce moment
les chants suivants : Gloire à Dieu notre Créateur (A.F
5) ; A celui qui nous a lavés (C.V 17) ; Vers toi monte notre
hommage (C.V 18) ; Grand Dieu nous te bénissons (C.V 1) ;
Gloire, gloire à l'Eternel (C.V3) ; A Dieu soit la gloire (C.V
6) ; Pour cet immense bonheur (Ens.) ; Gloire soit au Père, au
Fils (A.F 528), E Njambe apesi bato nse546(*)(NN 1) ; Yesu yaka awa547(*) (NN 5).
2.2.2.8.2 Les chants de
recueils et la bénédiction finale
La salutation que donne l'officiant
de la part du Seigneur à l'ouverture du culte et la
bénédiction à la fin du service cultuel encadrent
les limites de la liturgie dans le temps. Autant nous commençons le
culte avec l'invitation gracieuse du Seigneur, autant nous clôturons avec
la cette promesse du Seigneur d'être toujours avec nous. Les mots de
bénédiction- d'après l'étymologie latine de ce
terme devenu liturgique et qui se traduit par « parler bien ou
dire un mot agréable pour quelqu'un » - ont intention
d'apporter une faveur, une bénédiction548(*).
Dans la liturgie de l'envoi mieux de
clôture, la bénédiction finale est l'acte le plus important
mais le moins en moins compris par les orants. Elle est importante car elle
renvoie les fidèles avec les mots de la grâce et de la faveur de
Dieu sur leurs vies. Elle vient après l'exhortation pour un but majeur.
Il ne faut pas que la vie chrétienne soit comprise comme celle de durs
labeurs pour les chrétiens chaque fois que l'on voudrait obtenir une
faveur de Dieu ou celle de bonnes intentions qui réduise nos efforts
à la contemplation ou aux rêves de la beauté et la
puissance de promesse de Dieu549(*).
La liturgie de bénédiction, dans
la plupart des communautés chrétiennes, est souvent la
tâche dévolue au pasteur qui le fait en levant les mains vers le
trône de Dieu. Mais quand celui-ci n'est pas dans le culte, le texte de
bénédiction est lu par une autre personne,
généralement un pasteur non encore ordonné. Dans ce cas,
c'est l'intelligence dans le changement du pronom qui fait l'affaire : la
première personne doit partout remplacer la deuxième personne
dans l'acte pastoral. Ainsi, au lieu par ex. de « Que le Dieu
d'espérance vous remplisse de... », un
pasteur non encore ordonné dira par exemple « Que le Dieu
d'espérance nous remplisse
de ... ». Mais au cas où aucun pasteur n'est
disponible, dans la tradition des protestants, un leader parmi les diacres ou
un ancien selon le cas, peut introduire les paroles de
bénédiction en les puisant à partir des
Saintes-Écritures550(*).
Il est à propos d'indiquer que pendant cet
acte liturgique, les fidèles peuvent répondre par les Amen
audibles et le geste de mains ouvertes qui expriment leur acceptation de la
bénédiction de Dieu.
Au cours de cette liturgie, l'officiant ou mieux
le pasteur qui fait l'acte peut introduire la bénédiction finale
par des formules liturgiques comme celles de : Peuple de Dieu,
écoutez maintenant ces paroles de bénédiction du
Seigneur ; Alors que vous vous apprêtez de rentrer chez vous et
affrontez la vie de chaque jour, écoutez humblement mais avec confiance
et joie les paroles de bénédiction du Seigneur notre
Dieu ...
En principe, ces paroles de
bénédiction se terminent par des expressions où
l'officiant dialogue avec l'assemblée comme celle de :
Alleluia ! Alleluia ! Amen ! Ou
encore Béni le Seigneur. Le nom du Seigneur soit
loué.
Quelques textes bibliques, en dehors des paroles
libres, ont été la base de la formulation des paroles de
bénédiction. Retenons les passages ci-après : Nb 6,
24-26 ; Rm 15, 5-3; Rm 15, 13 ; Rm 15, 33; 1Co 1,3; 2 Co 13,
13-14 ; Phil 4,7 ; 4,9; 2 Th 3, 18 ; 1 Th 5, 23 ; 1 Th
5, 23-24 ; 2 Th 2, 16 ; Hb 13, 20-21; Gn 31, 49; Nb 6, 24-26; Ps 121,
7-8; Ep 3, 17- 19; 3, 20-21; 6, 23; 6, 24; 2Tm 4,22; Hb 13, 20-21; 1 P 5,
10-11; Jude 25; Ap 1, 4-6 ...
Il faut avouer une faiblesse dans les recueils
de chants. C'est par rapport aux poèmes des répons après
les paroles de bénédiction. Nos recueils n'en disposent pas
assez. Il y a un effort à faire. Toutefois, après que le pasteur
ait dit les paroles de bénédiction, ces recueils peuvent bien
s'offrir à la communauté réunie en proposant ces rares
chants liturgiques comme ceux de : Demeure par ta grâce avec
nous (A.F 130) ; Reste avec nous Seigneur le jour décline551(*) (C.V 214a); Yesu yaka
awa552(*) (NN
5).
2.2.2.9 Les chants de
recueils et le postlude
Si le prélude est un moment important dans
le déroulement d'un culte, en ce sens qu'il offre à tout le monde
le temps d'entrer et de prendre place dans la maison du Seigneur, le
postlude est celui de son contraire. Le postlude est un moment qui vient
dans le culte après la sortie des acteurs de la liturgie. Le peuple de
Dieu qui était venu l'adorer et l'écouter est en train de quitter
la maison du Seigneur dans l'ordre. Si nous avions donné au terme
« prélude » beaucoup plus une connotation
musicale, en ce sens qu'il est la suite de notes qu'on joue pour se mettre dans
le ton ou pour introduire une autre pièce, ou encore dans son sens
figuré pour indiquer ce qui précède, annonce, le postlude
vient après la liturgie du culte comme pour constituer l'après
culte.
Il succède à la
bénédiction et matérialise la fin du culte. Pendant ce
moment, les acteurs de la liturgie ne sont plus là. Ils ont
déjà clôturé le culte. Ils sont à
l'entrée ou à la porte de sortie pour embrasser les
fidèles, et convier d'autres à des entretiens pastoraux. C'est
lui, le postlude, en fait qui prononce la parole d'au revoir. L'accueil qui se
prononçait par la salutation apostolique est ici remplacé par les
expressions comme celles de : Que le Seigneur vous bénisse,
à la prochaine ; Que le Dieu tout-puissant veille sur vous en ce
début de la semaine ; Bonne journée dominicale ...
Le temps de postlude est aussi celui des chants de
recueils protestants d'animation ou non. Les chorales et les groupes musicaux
s'expriment librement pendant ce moment, alors que les acteurs de la liturgie
se détendent dans les sourires et échanges entre frères et
soeurs après un service agréablement rendu à Dieu, aux
fidèles et à eux-mêmes.
Relevons un fait important. Si on peut,
heureusement, trouver à Kinshasa un service de culte protestant qui
puisse garder encore la tradition des chants de recueils, ayons aussi le
courage d'affirmer qu'il n'existe peut-être plus de paroisse où
les chants populaires et ceux de la musique commerciale de
variétés n'envahissent pas nos cultes pendant le postlude comme
pendant la louange des transgresseurs pardonnés. C'est ici que les
conducteurs des chants d'ensemble du culte, et ceux qui particulièrement
s'occupent des chants au niveau des chorales, trouvent mieux que trouver dans
les recueils de chants protestants.
Comme on peut le remarquer, aujourd'hui les chants
populaires et ceux de la musique commerciale de variétés
chrétiennes deviennent incontournables. Peut-être devrions-nous
nous y résigner !
2.3 Chants de recueils et liturgie, quid de la
complicité ?
Les chants de recueils et la
liturgie du culte protestant font preuve historique d'une complicité.
Ils se complètent dans le travail du culte. Nous venons de parcourir la
liturgie du culte protestant dans son contenu. Si, à la limite, nous
n'avons pas pu passer tout en revue, d'aucuns trouveront que nous sommes quand
même allé plus loin dans la quête des liens qui
rapprocheraient les chants de recueils à la liturgie du culte protestant
dans l'ensemble.
Les chants de recueils missionnaires,
depuis la Réforme, sont complices dans l'adéquation
hymnologique et liturgique. Ceci est manifeste dans ses thèmes
variés par rapport au calendrier et aux moments liturgiques. Le survol
des éléments liturgiques du culte que nous venons de
réaliser dans les points qui précèdent, témoigne
d'une grande convergence entre les deux. Cette convergence trouve, à
notre sens, son fondement sur l'un des grands principes protestants. Nous
faisons ici allusion au sola scriptura. Ainsi, tantôt cette
convergence transparaît dans les poèmes, par rapport aux chants et
ses questions hymnologiques d'une part, tantôt elle transparaît
dans les paroles liturgiques qui passent au crible des Saintes-Écritures
par rapport à la liturgie du culte.
Gardant une distance vis-à-vis de
l'adéquation et de la convergence entre les chants de recueils et la
liturgie du culte, il peut se soulever quelques préoccupations.
Retenons-en une majeure. Que les fonctions liturgiques soient
étroitement liées entre les deux, c'est presque
l'évidence. Mais en réalité, qu'il y ait la
non-utilisation, tacite ou manifeste, des recueils de chants missionnaires ou
la production voire une simple révision adaptée de ceux qui
existent encore, aux fins de sauvegarder la différence ou l'exception
protestante de cet héritage, aucun vrai protestant ne le comprendrait.
Avant de nous lancer dans l'appréciation
de l'héritage missionnaire, retenons que la liturgie est le moniteur du
culte. Les chants de recueils se constituent en un partenaire sûr de la
liturgie. Dans cette modeste étude, nous avons tenté de
démontrer leur efficience sur le plan liturgique. Faut-il encore qu'ils
soient connus par la majorité des fidèles rassemblés au
culte pour produire des effets. Mais une question par rapport à la
liturgie peut se poser en ces termes: conviendrait-il de soutenir
l'idée selon laquelle seule la liturgie offrirait au culte sa
solennité et sa sacralité ? Est-ce pour autant que Dieu
n'agit ni n'agrée un culte qui se célèbre sans
liturgie ? C'est là un chemin sûr vers de nouvelles
interrogations que nous lancent les prochaines études.
2.4 Quelques appréciations de l'héritage
missionnaire
S'il est vrai que l'héritage hymnologique
missionnaire a pu jouer un rôle très important dans l'oeuvre de
l'évangélisation au Congo, il n'en est pas moins vrai que son
impact a été manifeste sur plusieurs plans. Dans cette partie de
notre étude, nous tenterons d'examiner succinctement ce que cet
héritage a pu avoir comme impact sur les plans historique,
socioculturel, psychologique et théologique au Congo.
2.4.1 Appréciation
historique et psychologique
L'appréciation historique et
psychologique de l'héritage hymnologique missionnaire n'est pas
aisée à faire. Car s'il fait déjà plus d'un
siècle que l'oeuvre d'évangélisation a eu lieu
après l'arrivée des premières Missions dont la B.M.S., la
L.I.M., la S.M.F. et la C.M.A., la production des recueils de chants et ses
typologies sous l'oeil de la Mission au Congo ne date pas d'un siècle.
Si la naissance du protestantisme congolais peut se relater aisément,
cela ne peut pas occulter le fait qu'il n'a pas manqué à
affronter plusieurs difficultés et survivre à des conflits
possibles autour des répartitions des stations missionnaires lors de ses
premiers pas. Ses grands moments à l'implantation peuvent aussi
être ceux de mutations pour les Congolais qui entraient en contact avec
les premiers missionnaires. On sait que cela se passe en 1878, alors que
même si quelques chants étaient déjà traduits ou
composés, aucun recueil n'était encore élaboré. Il
a fallu trouver les points saillants de cette entreprise dont le contexte
historique mais aussi psychologique de ce temps indique l'état
d'indigence et d'analphabétisme impressionnants dans lequel se trouvait
le peuple congolais à évangéliser. N'étant pas
parvenu à les trouver, nous nous sommes dit qu'il était
nécessaire de nous appuyer sur les travaux de Mengi Kilandamoko dans ses
études sur le peuple Kongo, et de relever avec lui quelques faits
importants de ce contexte553(*) :
7. La réussite de l'implantation de la Mission pour
nourrir spirituellement les nouveaux convertis au christianisme, qui passait
par des contacts et la pénétration du peuple pour
l'écouter et parler avec lui, s'est beaucoup appuyée sur
l'évangélisation par la Parole de Dieu en créant d'abord
des écoles où la Bible était l'enseignement principal.
8. La traduction de la Bible en Kikongo, d'un dictionnaire
Kikongo-anglais avec plus de dix mille mots et une grammaire kikongo en 1887
par Bentley aidé par Nlemvo son domestique indigène, dans une
période où les langues indigènes n'étaient pas
encore écrites.
9. La traduction des ouvrages comme ceux de The Congo
Primer, More About Jesus, A Bible History, The peep of
Day et un livre d'arithmétique sont des prémices dans
la lecture et l'écriture en Kikongo sans oublier la traduction des
psaumes et de livres pour les écoles élémentaires par
Weeks. Mais plus grand encore, c'est la parution d'un premier recueil de
cantiques de l'école du dimanche. C'est le point de départ de nos
recueils.554(*)
10. Bentley termine en mars 1893, la traduction de tout le
Nouveau Testament en Kikongo. Cet ouvrage est publié
intégralement par la British and Foreign Bible Society.
11. La formation des prédicateurs indigènes qui
devraient prêcher en Kikongo par Nils Westlind, missionnaire de la S.M.F.
entre 1888 et 1891 comme la meilleure technique d'évangéliser le
peuple en présence. C'est cette école, avec les missionnaires
aidés par des Congolais, qui influencera la vision de l'avènement
d'un recueil de chants protestants et tentera de l'élaborer et de le
mettre à la disposition des chrétiens autochtones pour la
première fois au Congo. Les chants traduits en Kikongo sont surtout ceux
de l'anglais et du suédois. C'est le premier recueil Kintwadi
dont le gros du contenu est encore utilisé à nos jours.
12. La théologie de ce recueil est purement
missionnaire. Elle traduit le souci de l'évangélisation des
âmes du peuple congolais et s'appuie sur la langue des autochtones.
13. Le type mélodique qui apparaît ici est celui
qui exclut tout accompagnement des instruments traditionnels du peuple Kongo.
C'est la musique étrangère qui s'implante avec son rythme et son
calme. Il faut indiquer que par ce type de mélodie, il s'est beaucoup
plus développé chez le chrétien Kongo une sorte de
résignation, si pas de l'abandon de leurs propres mélodies, pour
se livrer peut-être, de manière désemparée, à
un profond sentiment de piété à apprendre.
14. Le chant de l'Église de l'oeuvre missionnaire
fera presque table rase des instruments de la musique congolaise qui
sont non seulement écartés du culte mais aussi du milieu
chrétien. A la place, l'orgue, l'harmonium, le piano, la fanfare, la
guitare font leur entrée.
15. Les premières chorales à quatre voix et
à un nombre réduit des gens vont voir le jour et devraient
chanter au culte à un moment indiqué en dehors de
l'assemblée. Comme le soulignera Mengi, cela ne manquera pas de
susciter des mécontentements même tacites au milieu d'un peuple
qui était habitué à chanter ensemble depuis la nuit des
temps.
16. L'avènement du recueil de chants contribuera
à l'amélioration du culte, à l'édification de la
foi et renforcera l'impact de l'oeuvre missionnaire. De plus, il forgera une
relation personnelle vis-à-vis de Jésus qu'on lit dans la Bible
et qu'on chante dans le recueil de chants. En 1887, Nils Westlind de la S.M.F.,
publiera aussi un autre recueil de cantiques intitulé Minkunga
Miayenge et Karl Laman aidé par David Malangidila et Tito Makandu,
mettra à la disposition du peuple Kongo la première Bible
complète traduite de suédois en Kikongo fiote en 1905.
Ces dix points saillants retenus ne sont nullement
exhaustifs. Toutefois, ils présentent l'essentiel de l'impact historique
et psychologique que l'oeuvre missionnaire a influé sur peuple Kongo
qui, le premier, a été évangélisé au Congo.
Pour comprendre le contexte historique et psychologique, ainsi que le
rôle joué par le chant et la musique missionnaires, le
répertoire des recueils actuels ne nous présente aucune
amélioration, aucune augmentation. C'est comme si nous étions
encore aux temps de Bentley et de Nils. C'est le même contenu. L'ensemble
des recueils est donc destiné à la mission toujours nouvelle de
l'Église. Toutefois, ce qui est vrai est que Dieu nous
écoute aussi avec ces chants qui arrivent à ses oreilles quand
nous sommes réunis en prière collective ou individuelle.
Mais qu'en est-il de l'impact sociologique et culturel ?
2.4.2 Appréciation socioculturelle
L'exercice de
l'appréciation socioculturelle de l'impact de l'héritage
missionnaire va certainement nous plonger dans la quête des implications.
En effet, le sens que nous donnons au mot impact n'est pas loin de celui qui
essaie de relever les signes des conséquences éventuelles que les
chants missionnaires auraient eu sur l'environnement religieux, en
général et protestant congolais en particulier.
Or d'un point de vue social, on sait que dans toute
société d'hommes le chant a joué et joue encore un
rôle important et varié. Il est présent dans le domaine
religieux, culturel, et même politique des peuples. Il communique un
message en termes clairs ou imagés selon le cas. Et comme Grawitz
pouvait l'écrire, dans l'étude des chansons, bien avant
l'existence de la presse, celle-ci a constitué un moyen d'expression de
l'opposition politique et sociale des peuples.555(*)
Relevons que pour l'Africain en
général et pour le Congolais en particulier, l'histoire des
griots dans nos sociétés la retrace clairement. Le chant
accompagne l'homme dans la vie, de la naissance à la mort. Il faut dire
que l'Africain y croit fermement. Mengi Kilandamoko, s'appuyant sur Senghor,
affirme que pour l'Africain, « rien ne se fait sans
musique : elle est associé à toutes les fêtes
religieuses ou sociales, aux cérémonies, de même qu'aux
activités journalières. Le charpentier taille ses planches au
rythme d'un chant improvisé. Les filles vont à la rivière
en jouant du tam-tam sur le seau de plastique appuyé sur leur hanche.
Tout le monde naît, vit et meurt avec de la
musique ».556(*)
On comprend dès lors avec cet auteur
qu' « en Afrique, l'art majeur est celui de la parole, qui
devient poème dès qu'elle est rythmée. Si on l'accompagne
d'un instrument elle devient alors musique. Les langues africaines étant
des langues toniques, elles dictent plus ou moins les mélodies à
ses compositeurs ».557(*) Voyons entre les lignes de ces affirmations, le
trait caractéristique de l'unité des peuples que la parole
chantée crée. C'est ici que nous rencontrons la fonction sociale
de la musique.
Il est avantageux de mettre en valeur la
prédisposition congolaise au chant, à la musique et à la
danse qui n'a pas manqué de faciliter mieux de préparer le
terrain pour l'oeuvre missionnaire de l'hymnologie protestante. Si l'histoire
retient que l'oeuvre missionnaire est partie d'abord du peuple Kongo pour
atteindre tout le Congo plus tard, il est aussi vrai que les premiers efforts
de la traduction et ceux de la production des chants missionnaires soient
liés à cette contrée. Mais, qu'est-ce qu'il faudra bien
retenir de l'impact socioculturel de l'héritage missionnaire ?
L'héritage hymnologique missionnaire au
Congo, avons-nous avoué dans les lignes précèdentes, est
à rechercher dans les recueils de chants produits par les missionnaires
au Congo. Il est vrai que le Congo est un pays vaste avec plus de 450 tribus et
langues parlées. Il est aussi vrai que ces recueils produits par les
missionnaires n'ont pas été élaborés dans toutes
les langues des tribus congolaises. Mais, l'important est ailleurs. Par ces
recueils de chants communs, les protestants se sentent membres d'une même
Église voire d'une seule et même famille. Il suffit que la
mélodie d'un air entonné rencontre dans le fond culturel de celui
qui l'entend, même dans langue étrangère, les traces de
souvenir missionnaire, il l'entonne lui aussi dans sa langue. Celui-ci se
reconnaît dans l'autre comme dans les autres. Ainsi, le complexe de
l'étrangeté tombe, la confiance mutuelle naît, les liens
sociaux et spirituels y sont édifiés et l'intention
communicationnelle entre eux est établie. Est-ce une perpétuelle
pentecôte ? Laissons cette question ouverte et passons à
l'impact culturel.
Sur le plan culturel, le contenu de
l'héritage hymnologique des missionnaires est un véhicule
culturel efficient et varié car élaboré en plusieurs
langues. Dans cette variété des langues, il atteint l'oreille et
la connaissance des autres. Ce faisant, le rapprochement des textes des chants
et l'apprentissage des autres langues sont devenus possibles, mais la
connaissance et l'enrichissement du vocabulaire aussi.
2.4.3 Appréciation théologique et spirituelle
Les musiciens, les hymnologues
comme les théologiens qui s'intéressent au chant savent que le
chant est un aide-mémoire de confiance. Il comporte des tonalités
plus colorées qu'une parole ordinaire. Ses facultés de
facilitateur dans la rétention sont légendaires. Dans le travail
que fait l'Église dans le coeur des humains, il est connu que par le
chant, comme le dit Decorvet que cite Nsumbu, le fidèle entre
spirituellement dans la méditation et retient aussi facilement que
possible le message de la foi parce qu'il peut le répéter
plusieurs fois même tout seul. La mélodie et le rythme aident
à retenir les paroles et les laissent en quelque sorte couler jusqu'au
fond du coeur.558(*)
L'impact théologique et spirituel de
l'héritage missionnaire peut se dégager clairement dans le
contenu des recueils que dispose encore notre Église protestante au
Congo. Les chants qu'on entonne dans nos cultes véhiculent une
théologie, une foi, une manière de comprendre et de faire
comprendre cette foi, bref de communiquer une manière d'être. Dans
le questionnement de la manière d'être par rapport à la
foi, d'aucuns savent que cela va de paire avec le questionnement de la
convergence des faits autour de la participation ou non de la culture du peuple
sur la terre de la Mission. C'est la problématique de la prise en compte
ou non de la culture des peuples dans l'oeuvre missionnaire. Le problème
ici est celui de toujours réfléchir sur les possibilités
qui permettent un partenariat adéquat entre la Mission et la culture.
Car, ce faisant, la conceptualisation claire de termes contextualisation ou
inculturation théologique pourra aussi facilement se dégager.
Qu'en est-il de l'hymnologie missionnaire ?
Si les missionnaires ont réussi à
produire un travail remarquable dans l'élaboration des recueils de
chants et même en nos langues congolaises ; si les recueils de
chants sont encore protégés et utilisés bien qu'à
degrés différents dans nos cultes ; si ces chants sont
compris dans leur locution et même reproduits mentalement dans nos
milieux les plus reculés là où les recueils ont disparu,
nous pouvons nous permettre d'affirmer que c'est la vision théologique
de l'inculturation qui a fait réussir cette entreprise missionnaire. En
effet, Martin Luther sous les menaces de la hiérarchie catholique au
XVIe siècle, se retira dans son milieu natal, et oeuvra pour le chant
liturgique de l'assemblée en prière en allemand, sa langue
maternelle et les allemands lui ont emboîté le pas durant toute la
période de la Réforme. Oui, les peuples français et suisse
avec Calvin et ses adjuvants, en produisant les recueils, l'ont fait en
français, leur langue. Oui, c'est le même cas avec les
néerlandais et les anglais qui ont suivi le pas de la Réforme.
Il faut relever le fait que le problème que
nous tentons d'examiner ici, pour dégager l'impact théologique et
spirituel de l'héritage hymnologique, n'est pas seulement celui de
l'influence de la langue dans la création des chants mais aussi celui de
l'influence du milieu et ses réalités dans le temps et dans
l'espace, par rapport à la composition des chants missionnaires et
pourquoi pas par rapport aux compositeurs eux-mêmes.
De la vérité historique qui indique
qu'à chaque époque ses moeurs, nous pouvons déduire en
rapport avec le domaine de l'évangélisation, qu'à chaque
époque sa théologie. Plus haut, avec James Lyon et Edith Weber,
nous avons pu traverser les siècles du protestantisme et retenu en gros
ce qui suit :
1. Au XVIe siècle avec Luther et ceux qui l'ont suivi,
c'est connu que c'était la théologie de la Réforme qui
véhiculait et appelait au retour aux Saintes-Écritures. Toutes
les compositions hymnologiques étaient à la solde de cette
théologie de l'heure.
2. Après la disparition de Luther, c'était
l'époque où la théologie transpirait sur les
questionnements sur l'orthodoxie et de la mystique (1562-1618) avec la nouvelle
expression de la piété (Frömmigkeitsbewegung). Ici
encore l'apport de l'hymnologie en rapport avec cette théologie est
très considérable. Nous sommes à la fin du XVIe
siècle et au début du XVIIe siècle.
3. Au XVIIe siècle, deux faits marquants retiennent
l'histoire théologique. Il s'agit de la guerre de Trente Ans (1618-1648)
et de Temps des mutations (1648-1685). De la guerre de Trente Ans, la
théologie, dans ces temps d'incertitudes et d'angoisses, forgera son
discours sur la reconstruction morale et matérielle des populations
touchées au plus profond d'elles-mêmes. Le Piétisme comme
mouvement de la foi naît. Ici, on remarque une production extraordinaire
des chants liturgiques que les auteurs, les poètes, les
mélodistes, les compositeurs ont développé en
réactions de ces temps sombres de l'histoire. C'est une sorte de sursaut
qui tenait à garantir « la paix
éternelle ». Du Temps des mutations, la
théologie, au lendemain de la signature des Traités de Westphalie
qui marquaient la fin de la guerre de Trente Ans, est celle de
l'émergence de la Raison (Vernunft) face à la
théologie abstraite qui préparera déjà
l'Aufklärung. Le répertoire des cantiques subira des
transformations théologiques et poétiques significatives pour
accompagner ce combat théologique.
4. Au XVIIIe siècle, le fait marquant en
théologie est celui d'un effort appuyé sur un biblicisme sobre
qui réconcilie, à la fois, le réveil et l'éclosion
de la raison, d'où la confrontation positive entre Aufklärung
et Piétisme. La recherche de cet accord produira le
répertoire des cantiques qui se basera sur une pédagogie sur le
respect de la vie qui passe par la pratique chrétienne de l'amour
agapé.
On peut ajouter sans le concours de l'ouvrage de James Lyon ce
qui suit:
5. Au XIXe siècle, le fait marquant en théologie
est que les théologiens sont unanimes pour le nommer siècle de la
Mission. Les mouvements de réveil (baptiste, piétiste et
méthodiste), les Églises issues de la Réforme saisiront
l'importance de la Mission, et des milliers de chrétiens quitteront
leurs familles, leurs Églises et leurs pays (en Europe et en
Amérique) pour apporter la Bonne Nouvelle dans le monde. Le
répertoire des chants accompagnant cette théologie est aussi
celui de la Mission. Et les missionnaires l'ont démontré dans
leur agir.
Il nous faut, à ce niveau, trouver un point
de chute dans ce point de l'impact théologique et spirituel de
l'héritage hymnologique missionnaire. Nous venons de faire en quelque
sorte le survol des siècles. Nous y avons relevé les rapports
incontournables qui lient la théologie de chaque époque à
l'hymnologie de son temps. Fort de cela, nous pouvons indiquer en rapport de
l'impact théologique et spirituel de l'héritage missionnaire au
Congo ce qui suit :
1. Cet héritage a gardé une influence positive
dans nos cultes qui se veulent encore protestants au Congo et à
Kinshasa jusqu'aujourd'hui;
2. Son contenu est riche en typologies et remplit bien le
rôle de la musique servante de la liturgie ;
3. La théologie de ce recueil est purement
missionnaire ;
4. Ce recueil traduit le souci de
l'évangélisation des âmes du peuple congolais et s'appuie
sur la langue des autochtones ;
5. Les questions théologiques de la
contextualisation559(*)
ont été prises en compte car cela se traduit entre autres dans la
traduction en langues congolaises des chants du protestantisme universel et on
peut allonger la liste.
L'impact théologique et spirituel de
l'oeuvre missionnaire dans l'hymnologie au Congo est certainement positif. Le
chant liturgique occupe toujours une place importante dans le culte et garde
valablement ses liens avec les autres éléments du culte,
grâce à la théologie missionnaire et notre étude l'a
démontré. Toutefois, si à côté de la Bible,
les chants de recueils, comme langage théologique au temps de la
Mission, ont véhiculé avec succès la théologie
missionnaire qui oeuvrait pour l'expansion du Royaume de Dieu sur la terre et
dans les coeurs des humains au Congo, il est aussi vrai qu'ils portent en eux
quelques faiblesses. Ces faiblesses, il faut les trouver dans l'ignorance des
contextes réels qui ont milité à leur création par
leurs vrais auteurs, poètes, mélodistes et compositeurs. Si le
peuple congolais qui a entonné ces chants dans le culte depuis plus d'un
siècle a connu quelques traducteurs de ces chants de recueils, par
contre il ne connaît pas assez sur les vrais auteurs de ces chants
traduits dans nos langues. Aussi, si les facteurs théologiques à
l'origine de la production cantiques peuvent effleurer sa préhension,
par contre les facteurs historico-psychologiques et socioculturels pour
beaucoup de Congolais demeurent un mystère.
2.4.4 Face à l'histoire des sensibilités et
mentalités culturelles aujourd'hui
L'examen de l'histoire des sensibilités et
des mentalités culturelles aujourd'hui face aux chants de recueils
protestants, est un exercice difficile. Car il faudra remonter l'histoire de la
création des premiers recueils de chants protestants. Mais, avant de
nous engager dans cette tâche, quelques indications importantes sont
à relever:
1. Cette étude se fait dans un milieu
déterminé qui est la ville de Kinshasa. Bien que cette ville soit
cosmopolite, elle est d'abord celle du peuple Kongo en général,
ceux du Bandundu y compris. Et, ce peuple n'a pas manqué d'influencer
les habitants de la ville par ses coutumes et ses manières de vie par la
culture kongo. Les cas de mariages et des funérailles sont
éloquents.
2. Kinshasa de notre période de recherche est celui de
1987 à 2007 où la multiplication des églises dans les
quartiers après les pillages de 1991 et 1993 est celle d'une progression
géométrique. Mais aussi les différentes guerres politiques
de 1996 à 2002 qui ont provoqué vers Kinshasa l'exode des
populations nombreuses. Le peuple Congolais habitant la ville, et se trouvant
au coeur de la désolation de la crise politique, économique et
sociale d'après pillages, cherchera en la prière et les
prophéties dans les églises le refuge.
3. Kinshasa de notre étude est la ville de beaucoup
d'Églises charismatiques et de celles de Réveil qui accordent
beaucoup d'importance à la louange et l'adoration mais aussi au
« prier à haute voix ».
4. Kinshasa est la ville où la majorité des
jeunes parmi les chrétiens aiment prier là où la danse,
les cris, les miracles, les conversions sont spectaculaires comme le jour de la
Pentecôte.
5. Kinshasa est la ville où les chants de recueils
s'effacent carrément dans la liturgie de la majorité des
Églises urbaines membres de l'E.C.C
A présent que nous avons situé l'espace
de notre étude, revenons aux sensibilités et mentalités.
Comme nous l'avons relevé avec Mengi, c'est à partir de
l'école des prédicateurs indigènes entre 1888 et 1891,
qu'est partie l'idée de l'élaboration d'un recueil des chants
pour le culte. C'est cette école, avons-nous dit, avec les missionnaires
aidés par des Congolais, qui influencera la vision de l'avènement
effectif de ce recueil qu'on mettra à la disposition des
chrétiens autochtones pour la première fois au Congo aux
années 1891.
L'histoire retiendra que les chants traduits en
Kikongo dans le tout premier recueil Kintwadi étaient surtout
ceux de la traduction des cantiques suédois mais surtout anglais. C'est
comme si on pouvait déjà voir là un dessin d'une
géographie hymnologique anglo-saxonne au Congo. Mais ce recueil non
seulement qu'il a ignoré la culture du Kongo dans le domaine du chant
où il est prolifique, mais par sa parution et son entrée dans le
temple, il a fait qu'on avoue à l'interdit tout ce qui se chantait en
l'honneur de l'Être suprême dans ce milieu qui n'était pas
du tout sans Dieu. Peut-être, c'est là l'un des points de
départ du mécontentement ! Aussi, le fait que le type
mélodique qu'ont apporté les chants missionnaires avec son rythme
et son calme, bien que traduits dans la langue du peuple Kongo, soit celui qui
excluait tout accompagnement d'instruments traditionnels de ce peuple, privant
ainsi la danse et des cris à un peuple qui aime chanter et danser
librement, n'allait pas tout le temps se produire sans provoquer, même
plus tard, quelques modifications des rapports entre les chants missionnaires
et le peuple Congolais. C'est là peut-être un autre point de
départ du mécontentement.
Il est nécessaire de mettre en valeur un fait
important. C'est peut-être le syndrome « chasser le
naturel » qui se manifeste depuis près de vingt ans dans
l'Église protestante à Kinshasa. Dieu est dans l'adoration et
la louange dansante et criante de son peuple. La résignation d'un
peuple devant l'abandon obligé de sa manière d'être, de ses
propres mélodies, de ses danses pour se livrer, de manière
désemparée, à un profond sentiment de piété
à apprendre, n'a pas manqué d'amener le Congolais aujourd'hui
à une sorte de terrain du caractère brutal de
« conflit » ou de
« crise » des cultures. La culture d'importation
de l'étranger, fût-elle missionnaire, et celle des autochtones,
fût-elle celle de l'indigène.
Cette crise se manifeste par une ouverture à
la rupture, et l'effort pour l'effondrement de cette musique
d'étrangeté par la production d'une autre musique d'Église
qui soit capable de faire danser et faire pousser librement les cris dans le
temple.
Ainsi, le tableau des
sensibilités et mentalités culturelles d'aujourd'hui
montre que le conflit est déjà là. Les Querelles des
anciens et des modernes560(*), l'expression est de Bernard Lauret, vivent
avec l'Église protestante de notre temps. La crise est non seulement
présente ; mais bien plus, elle est aujourd'hui permanente. Au
lieu de la considérer comme une peste dans l'Église, il serait
sage de la prendre comme l'émergence de comportements nouveaux mais
longuement couvés dans les entrailles de mécontentements de
l'histoire religieuse d'un peuple qui n'attendait que le temps pour
l'accoucher. C'est peut-être aussi la quête d'un possible droit
à l'expression561(*) d'un peuple qui a toujours eu des choses
à dire, des cris à pousser vers Dieu qui motiverait ce
comportement. Le but serait-il de ne plus continuer à se soumettre
à l'autorité liturgique des chants missionnaires ? Il est
difficile de se prononcer là-dessus. Car aujourd'hui encore, il nous
semble qu'on assiste à un retour aux chants missionnaires. Et cela passe
par les ténors de la musique commerciale de variété qui
tantôt la modifient tantôt la déforment carrément.
C'est l'essentiel du point suivant.
2.4.5 Les quelques chants qui résistent à
l'effacement
Il nous parait utile d'aborder les problèmes
de la pratique de chants liturgiques aujourd'hui dans la vie de l'Église
en parlant de quelques chants de recueils qui résistent à
l'effacement. Il est étonnant qu'après avoir brossé le
tableau des sensibilités et mentalités
culturelles d'aujourd'hui qui nous montre l'existence d'un conflit, on arrive
à une manifestation qui semble soulever une contradiction heureuse. Il
est évident que les fameuses querelles des anciens et des modernes dans
le monde de la musique chrétienne d'aujourd'hui à
Kinshasa soient réelles et vivent avec l'Église protestante de
notre temps. S'il est aussi vrai que ces querelles entre les ténors de
deux musiques, celle de recueils protestants et celle de la
variété moderne, sont vérifiables dans la cour de
l'Église, les causes seraient à chercher ailleurs. Il nous semble
que c'est dans la méfiance mutuelle des ténors et dans
l'ignorance certaine des chants de recueils protestants de pasteurs
eux-mêmes sans oublier les chanteurs qu'il faille trouver les raisons de
ces attitudes.
Nous avions raison de ne pas considérer comme
une peste dans l'Église chrétienne à Kinshasa, les
manifestations hostiles des sensibilités et mentalités qui se
levaient contre les chants de recueils protestants dans la liturgie des cultes
organisés. Car si cela pouvait trouver des raisons communes de leur
existence dans l'émergence de comportements nouveaux mais longuement
couvés dans les entrailles des mécontentements de l'histoire
religieuse à la fois politique, socio-économique, et
environnementale du Congo à cause de l'indigence d'un peuple qui
n'attendait que le temps pour l'accoucher, un fait s'observe
déjà. Les ténors de la musique commerciale de
variétés, qui ne trouvaient rien à puiser dans la musique
missionnaire, au profit de celle qui n'amenait le peuple qu'à danser,
à pousser des cris vers Dieu dans les campagnes au stade et dans les
amphithéâtres, reviennent aujourd'hui aux chants de recueils
protestants. Ils cherchent et trouvent dans cette musique son calme, sa
faculté de conduire à la méditation. Ce retour aux chants
missionnaires se fait autour d'un nombre de chants qui résistent
à l'effacement. La plupart de ces chants sont d'origine
anglo-saxonne,562(*)
qui sont chantés à Kinshasa aussi bien dans les cultes
protestants que dans les temples des Églises de Réveil.
Nous avons retenu quelques titres de
chants protestants qui sont tantôt modifiés tantôt
déformés par les ténors de la musique de la
variété chrétienne. Ainsi, l'Église
chrétienne à Kinshasa, toutes tendances confondues, se souvient
et entonne aussi facilement les refrains des chants de recueils protestants
ci-après :
1. Dieu Tout puissant (How Great Thou Art, Swedish melody,
NCH 10, HWC, aut. Stuart K. Hine, 1953)
2. Entre tes mains, j'abandonne (I surrender all, HWC 365,
TB 283, C.V172, SSS 601, aut. Judson W. VanDeVenter, Comp. Winfield S. Weeden
)
3. Yesu ndeko na bolingo( What a friend We have in Jesus,
BCHR 591, SSH 528, SSS 319, HWC 435,C.V 234, aut., Joseph Medlicot
Scriven)
4. Cherchez d'abord le Royaume de Dieu (Seek ye first, J.P
215, aut. Karen Lafferty)
5. Nasepeli kosalela (Qu'il fait bon à ton
service, C.V 166, CS 100)
6. Nzambe tata ye bolingo (Praise, my soul Triumph, SSS 1,
BCH 560)
7. Nzambe batelaka ngai (Jesus keep me near the
Cross, SSS 134, HWC 385, aut. Fanny J. Crosby, Comp. William H. Doane)
8. Nzambe malamu (God is so good, NHC 127, aut:
Unknown)
9. C'est mon joyeux service ( My all is on the altar, TB 194,
SSS 637)
10. Il a le monde entier dans sa main (He's got the world,
J.P 78, aut. Marshall Morgan and Scott)
11. Père, je t'adore (Father I adore You, HWC 265,
aut. Terry Coelho, 1972)
12. Blanc plus blanc que la neige (Mélodie anglaise,
C.V 120)
13. O vous qui n'avez pas la paix (The great Physician, SSS
89,
auth. J.H Stockton, C.V 60)
14. Esengo mingi Yesu mobikisi (Rejoice and Be Glad, SSS
224)
15. Amazing grace (NCH 391, aut. Du texte, John
Newton)
16. Yesu ye alingi ngai (Jesus loves me, HWC 579, NN 314,
aut. Anna B. Warner, Comp. William B. Bradbury)
17. Tel que je suis, sans rien à moi (Just As I am,
NCH 478, aut. Charlotte Elliott, Comp. Joseph Barnaby, 1838-1896)
18. O jour heureux, jour de bonheur (O happy day, SSS 866,
C.V 123, aut. Phil Doddridge, Comp. Edward F. Rimbault)
19. J'aime mieux avoir Christ (I rather Have Jesus, HWC 517,
aut. Rhea F. Miller, Comp. George Beverly Shea, 1922)
20. Miséricorde insondable (Mélodie anglaise,
A.du Salut)
21. La force est en Christ (Mélodie anglaise,
C.V 135, aut., G. Guillod)
22. Oh ! que ton joug est facile (Mélodie
anglaise, aut., n.i,)
23. Fraiches rosées (There shall be showers of
blessing, SSS 306, C.V 143, HWC 289, aut. Daniel W. Whittle, Comp. James Mc
Granaham)
24. Jésus est au milieu de nous (Jesus my Lord, SSS
476)
25. La voix du Seigneur m'appelle (Mélodie anglaise,
aut., A. Humbert, C.V 180)
26. J'entends ta douce voix ( I hear Thy welcome voice, SSS
475)
27. Ne crains rien je t'aime (Mélodie anglaise, aut.,
E. Schurer, C.V 226)
28. Un chrétien je croyais être (Mélodie
anglaise, aut., n.i)
29. Quel repos céleste (When a peace like a river,
NCH 381, HWC 493, aut. Horatio G. Spafford, Comp. Philip P. Bliss)
30. Mon Dieu plus près de toi (Nearer my God to Thee,
SSS 581, C.V 245, HWC 393, aut. Bob Kilpatrick)
31. J'ai soif de ta présence (Mélodie anglaise,
C.V 249, aut. R. Lowry)
32. Tout joyeux bénissons (Sweet by and by, SSS 964,
C.V 293)
33. Jésus tu m'as aimé (Mélodie
anglaise, aut., anonyme Cf. RebE.C.Ca Malope)
34. Le grand jour s'est levé (Mélodie anglaise,
aut., W.J Kirkpatrick)
35. Tika tokosanjola Nkolo na boboto be( Let us with a
gladsome mind, SSH 169, BCH 14, SSS 765, H 64)
36. Quel bonheur de marcher avec lui (Mélodie
anglaise, n.i Cf. R.E)
37. Je ne sais pourquoi dans sa grâce (Mélodie
anglaise, auteur G. Guillod, aut. J. Mac Granahan)
38. Sachez que je suis l'Eternel Dieu (Be still and know, HWC
343, aut. n.i)
39. Na masumu nasalaki Nkolo (Mélodie congolaise,
aut., NSUMBU Pezo)
40. Dieu est fidèle, je le crois...(Ens.7)
41. Vers toi monte notre hommage (Mélodie anglaise,
aut. E.L. Budry)
42. J'ai l'assurance de mon salut (Blessed assurance, NCH
144, aut. Fanny J. Crosby)
43. A Dieu soit la gloire (To God be the glory, NCH 298, HWC
66, aut. Fanny J. Crosby, Comp. William H. Doane)
44. Seigneur nous arrivons des quatre coins (Melodie
francaise ? aut., n.i)
45. Merci, merci, Jésus (Mélodie anglaise,
aut., n.i)
46. Alléluia, alléluia (Aleluya, mélodie
anglaise, n.i)
47. Jésus revient alléluia (Mélodie
francaise ? aut. n.i)
48. Béni soit le nom de Jésus (Mélodie
anglaise, auteur W.J Kirkpatrick)
49. O Dieu relève-nous (Great is thy faithfulness,
NCH196, HWC 43, aut. Thomas O. Chisholm, Comp. William M. Runyan)
50. En mon coeur, j'ai choisi (I Have decided to follow
Jesus, NCH 351, aut. Thomas Chisholm, 1923)
51. Nzambe osungaka afrika(Bantu National Anthem, NN273 aut.,
n.i)
52. Si vous croyez et que je crois (A little ship,
Mélodie anglaise, CB 50 n.i)
53. Nzambe aponi yo (Mélodie congolaise, aut.,
n.i)
54. Soki tokolingana (Mélodie congolaise, aut.,
n.i)
55. Voici le jour que le Seigneur a fait (This is the day,
HWC 590, aut., Les Garrett, 1967)
Nous venons de retenir quelque cinquante-cinq chants de
recueils protestants. Partout au monde, dès que l'un des airs est
entonné, dans n'importe quelle langue, un Congolais peut joindre sa voix
aux autres. C'est ici que l'on rencontre et l'on vit aussi l'appartenance
à l'unité du protestantisme dans le monde. Ces chants ont
traversé les siècles et n'ont rien perdu de leur émotion,
de leur sens profond de méditation, de leur beauté
poétique, de leur texte dont on peut se souvenir, bien que la traduction
généralement de l'anglais en lingala, kikongo, tshiluba, swahili
ou en français n'a pas toujours été près des
premiers textes des auteurs et compositeurs.
Il faut mettre en valeur le fait qu'à Kinshasa
d'aujourd'hui, tous ces chants ne sont plus connus du début à la
fin. Néanmoins, une fois entonné dans le milieu
oecuménique, le peuple de Dieu des Églises Catholique,
Réveil ou Charismatique, Kimbanguiste, Protestante peut encore
répondre dans un refrain ou dans un autre temps le long de
l'exécution du cantique. Pour cette raison, nous soutenons qu'à
travers ces chants retenus, les barrières du temps, des
sensibilités et des mentalités culturelles ont été
franchies. La balle est peut-être dans notre camp de protestants. Nous
avons le devoir de trouver les voies et moyens pour revaloriser
nous-mêmes cet héritage, l'augmenter et produire d'autres chants
qui seront teintés de la théologie de notre temps. Et si
quelqu'un doit mettre le premier la main dans cette entreprise, c'est le
pasteur protestant qui, dans sa paroisse, doit se sentir concerné le
premier. Car comme dans un bateau qui prend l'eau, si l'on ne fait rien, on est
tous condamnés à mourir. Mais encore faut-il que le pasteur ait
quelques notions de la musique. D'où la nécessité pour lui
de suivre un cursus cohérent sur la musique pendant sa formation
théologique.
2.5 Conclusion partielle
Nous avions voulu, dans ce dernier chapitre de notre modeste
travail, faire une évaluation critique de l'héritage hymnologique
missionnaire et sa complicité au temps liturgique. Trois points majeurs
ont été au centre de cet exercice qui consistait en un
examen approfondi du contenu de l'héritage missionnaire. Nous l'avons
fait en rapport avec les recueils édités au Congo. L'effort ici
était de relever les thèmes centraux de recueils protestants, et
chercher à établir les rapports de complicité liturgique
entre l'héritage hymnologique missionnaire au Congo et le calendrier
liturgique mais aussi les différents moments du culte. C'est le premier
exercice que nous avons fait.
En effet, il est établi que les liens sont très
forts entre les chants de cet héritage et le calendrier liturgique de
l'Église, liens qui se manifestent aussi facilement dans les moments des
cultes organisés. Le deuxième temps fort de ce chapitre
était celui de l'essai de quelques appréciations de cet
héritage missionnaire. Autrement dit, c'était
essayer de situer leurs paroles dans leurs contextes historique, psychologique,
sociologique et culturel, théologique, et spirituel en les
rebondissant dans l'histoire des sensibilités et des mentalités
du peuple de Dieu en prière à Kinshasa. Ici, l'objet était
aussi celui de voir si les paroles de ces cantiques protestants, vieux de
quelques siècles - car conservés grâce à la
codification - ne pouvaient rien apporter aujourd'hui dans l'Église par
rapport aux chants de louange et adoration populaires qui explosent dans les
rassemblements cultuels de la capitale congolaise. Nous nous sommes rendu
compte que si les chants de recueils protestants se portent mal dans les cultes
organisés à Kinshasa, il est aussi vrai qu'ils se portent
très bien dans ses mélodies et son contenu hymnographique.
D'ailleurs, nombreux de ceux qui la contestaient oeuvrent pour son retour dans
l'Église même si c'est encore timidement. Ce sont les
ténors de la musique commerciale de variété qui sont
à l'oeuvre. Cela se passe par l'utilisation aujourd'hui de quelques
chants historiques de recueils protestants qui ont traversé les
barrières du temps, des sensibilités et des mentalités
culturelles.
CONCLUSION GENERALE
Notre tradition liturgique, qui forme une partie de
notre histoire et de notre identité de protestants congolais, est
menacée par la musique commerciale de variétés. Plusieurs
études ont été menées sur cette
problématique du culte protestant tant sur le plan liturgique
qu'hymnologique. Nous n'avons pas la prétention d'avoir
réalisé un travail qui contiendrait tous les aspects
soulevés par les autres chercheurs. Toutefois, après avoir
essayé de faire nôtres leurs différents résultats et
tenté de comprendre leurs présupposés théologiques,
nous sommes parvenu à l'évidence que les considérations
d'ordre identitaire comme expression d'un droit à la différence
du culte protestant n'y étaient pas toujours clairement
soulevées. Les éléments indicateurs de l'identité
peuvent être de plusieurs ordres. Mais nous nous sommes
intéressé à ceux des chants de recueils dans le culte.
Voici ce que nous avons observé ici depuis
2000 : Le culte protestant qui s'organise à Kinshasa en
particulier, est, si pas dominé mais marqué par son
intérêt pour la chanson populaire. Aussi, suite à la
poussée du mouvement de Réveil et du pentecôtisme
« kinois » qui influence son hymnologie, les chants
traditionnels des recueils protestants se voient menacés d'effacement
dans le culte de leur propre maison, où ils sont presque rejetés
au profit de la chanson de la musique commerciale de variétés
de « sitôt chantées, sitôt
jetées et oubliées».
Les chants de recueils ont-ils encore ou non de
valeurs liturgiques à offrir au culte qui s'organise à
Kinshasa ? L'objet de notre étude était d'abord de faire
constater l'effacement des chants de recueils dans le culte protestant
aujourd'hui ; ensuite appeler à une synergie d'efforts en vue de la
revalorisation de ces chants traditionnels ou missionnaires. Le culte qui
s'organise à Kinshasa depuis la fin des années 80 n'a pas
réussi à garder l'expression de droit à la
différence hymnologique voire liturgique de protestants. C'est pour
affirmer un engouement vers un conformisme pervers en matière de
l'organisation hymnologique et liturgique du culte.
Pour s'en convaincre, il faut considérer le
fait que si hier le culte protestant était toujours facilement reconnu,
dans sa liturgie ou ses liturgies, par ses chants de recueils et cela, dans
toutes les communautés protestantes au Congo, aujourd'hui il est
très difficile de se prononcer sur cet aspect. Dans de nombreuses
paroisses, la liturgie du culte et les chants de recueils n'ont plus rien de
commun avec celles qui veulent encore demeurer protestants. Les chants de
recueils, peut-être à cause de leur ancienneté, sont
aujourd'hui en train de passer un temps de souffrance dans la liturgie du culte
de nombreuses églises protestantes à Kinshasa. Leur utilisation
dans le culte dit protestant aujourd'hui est de moins en moins significative.
La marche vers l'effacement identitaire en rapport surtout avec les chants de
recueils a pris une très grande distance dans le temps.
L'identité hymnologique s'effondre. Face à l'hymnologie
missionnaire, deux tendances s'érigent : celle de la
continuité d'une part et celle de la discontinuité ou rupture
d'avec les chants des vieux recueils missionnaires dans le culte d'aujourd'hui,
de l'autre. Les églises protestantes à Kinshasa semblent se
trouver entre le désir de sauvegarder les chants de recueils pour
l'Église rassemblée en prière et celui de s'ouvrir
carrément, chaque jour qui passe, à une autre musique
d'Église.
Ce phénomène inquiétant dans
l'âme du culte protestant d'aujourd'hui à Kinshasa s'est
constitué depuis en une interrogation pour nous sur l'engagement
hymnologique et liturgique des Églises membres de l'Église du
Christ au Congo qui, comme la tête du protestantisme, serait
tiraillée entre d'une part ce qui semblerait être d'inattention,
d'autre part d'immobilisme sans pour autant s'engager dans une action critique
et salvatrice de l'organisation de son culte en vue de la sauvegarde de
l'identité protestante.
Tout au long de cette étude, nous avons fait
remarquer que l'identité protestante en matière du culte
était aussi liée aux chants de recueils. Car ces chants
historiques qui ont su traverser les barrières du temps et qui situent
encore aujourd'hui leurs paroles, retracent encore aussi facilement l'oeuvre
missionnaire au Congo et cela dans les contextes tant historique,
théologique, psychologique, sociologique que spirituel. Ils le font en
rebondissant leurs paroles dans l'histoire des sensibilités, des
mentalités du peuple de Dieu, en prière, à Kinshasa.
C'est pour cette raison qu'il a été
souhaité que l'E.C.C, par ses Églises membres, soit sensible
à ce phénomène qui lui fait perdre « une
autre d'elle-même » et la fait devenir « une
autre qu'elle-même » dans son hymnologie liturgique qui
offre bien plus le calme et parfois le silence en lieu et place des cris dans
la célébration liturgique563(*). Encore faut-il que l'E.C.C. puisse urgemment
analyser froidement la situation du culte protestant de notre temps à
Kinshasa en vue de provoquer si possible la réinvention de sa conscience
ou simplement l'éveil de la conscience protestante dans le chef des
leaders, des pasteurs et des acteurs de la liturgie de ses communautés
membres. Ce faisant, l'arrêt de la marche vers l'effacement des chants de
recueils dans le culte protestant, d'une part, et la libération, sous le
conformisme pervers de l'heure, de l'héritage hymnologique de la
Réforme et des temps de Missions pourra être possible.
La prise en compte par les Églises membres de
l'E.C.C. du problème que pose la marche silencieuse vers le conformisme
pervers pour l'effacement de l'identité et de la différence
hymnologiques protestantes dans nos cultes est aujourd'hui une exigence de
l'histoire du protestantisme congolais de la période post-missionnaire.
Car ce problème se manifeste en une crise de la conscience hymnologique
protestante et de l'identité cultuelle tout court. Donc il faut agir en
faveur de la revalorisation du chant traditionnel.563(*) C'est pourquoi, au nom de
l'identité protestante, les Églises membres de l'E.C.C sont
invitées à repenser l'organisation liturgique et hymnologique de
leurs cultes. Elles pourront déployer leurs efforts pour faire revenir
dans leurs cultes les chants protestants de recueils. Car, s'il existe depuis
toujours un lien entre le protestantisme et la musique, il y a une qui soit
propre aux protestants. Ce faisant, dans le déroulement du culte,
l'explosion des chants de recueils redeviendra comme preuve d'un langage
constitutif d'appartenance à la grande famille protestante du monde. Il
faudra réfléchir sur les voies et moyens pour éradiquer
les causes de cette sorte d'acculturation hymnologique dans le culte protestant
à Kinshasa. Car le protestantisme est aussi toute une culture.
Le voeu, dans ce travail, est de voir les paroisses
des Églises membres de l'E.C.C. à Kinshasa ainsi que celles de
l'intérieur du pays prendre de nouvelles orientations pour la
revalorisation des chants traditionnels. Elles ne le feront que tout en
revenant à ces chants dans leurs cultes organisés. Il ne faut pas
qu'on oublie qu'au Congo, ils sont présents aux côtés de la
Bible depuis les temps des Missions. Ils sont témoins et porteurs de
l'histoire du protestantisme au Congo. Aujourd'hui, ils sont encore
entonnés même en des langues vernaculaires sinon en dialectes des
peuples en prière. D'un point de vue qualitatif, ces chants couvrent
mieux le calendrier liturgique de l'Église que ceux de la musique
commerciale de variétés. Oui, les chants de recueils offrent
encore et toujours au culte protestant une symbolisation jouant là un
rôle identitaire non négligeable.
Enfin, faudra-t-il appeler à une sorte
d'isolement qui enfermerait l'hymnologie du culte protestant pendant ces
temps de mutations au Congo? Bien sûr que non. La réalisation du
rêve d'un retour aux chants de recueils protestants par la conscience
pouvant protéger l'identité hymnologique protestante en vue de sa
sauvegarde et de sa revalorisation ne devra pas fermer la porte au besoin
exigeant de l'ouverture à la spontanéité créative
qui se vit dans ce domaine à Kinshasa. Et parce que nous parlons du
rêve, paraphrasons pour conclure avec ces paroles de Kä Mana que
rapporte N'Kwim Bibi-bikan : « Et si nous sommes dans
l'impasse qui est nôtre aujourd'hui, c'est par ce que le cadre même
de notre pensée pose problème. L'imaginaire de l'identité
est ce dont il nous faut pour oser une autre direction de pensée. [...]
Il convient [...] de sortir de l'ère du rêve, de l'illusion et de
l'action sans complexe [...]. Le rêve est le mode sur lequel,
essentiellement, nous avons pensé notre rapport au monde ces
dernières années ».563(*)
NOTES DE LA CONCLUSION
GENERALE
1. L. GAGNEBIN., Le culte à choeur ouvert,
op.cit, p. 123. Il convient de relever que GAGNEBIN fait allusion
à l'étude d'Adolf ADAM « la liturgie de
demain ».
2. Charles MOMBAYA Masani, interviewé le 9 mars 2006
sur la question de la revalorisation des chants traditionnels dans les cultes
protestants organisés à Kinshasa.
3. Cf. KÄ MANA cité par N'KWIM Bibi-Bikan,
thèse citée, p. 390.
TABLE DES MATIERES
DEDICACE.................................................................................................................................I
AVANT-PROPOS......................................................................................................................II
LISTE DES ABREVIATIONS
...............................................................................................IV
INTRODUCTION GENERALE
1
0.1 Problématique et objectifs
1
0.2 Hypothèses du travail
8
0.3 Intérêt et justification du
choix du sujet
10
0.4 Méthodes et techniques du
travail
12
0.5 Délimitation spatiale et temporelle
de la recherche
13
6. Subdivision du travail
13
CHAPITRE PREMIER : QUIDDITE ET
CARACTERISTIQUES DE L' HYMNOLOGIE PROTESTANTE
20
1.1 Quiddité des termes Chants de
recueils
20
1.1.1 Définition et bref parcours historique
de l'hymnologie protestante
20
1.1.1.1 Le chant tel que vu dans nos études
antérieures
20
1.1.1.2 Le chant dans la vision hymnologique de
James Lyon
21
1.1.1.3 Le chant dans la pensée
hymnologique d'Edith Weber
22
1.1.1.3.1 Choral
23
1.1.1.3.2 Hymne
24
1.1.1.3.3 Proverbe
25
1.1.1.3.4 Psaume monodique (Liturgique)
26
1.1.1.3.5 Psautier
27
1.1.1.3.6 Psautier Huguenot
29
1.1.1.3.7 Répons
30
1.2 Recueils protestants
30
1.2.1 Chants de recueils protestants,
quid ?
31
1.2.1.1 Le parcours des chants de recueils vu par
James Lyon
32
1.2.1.2 Généalogie hymnologique des
chants de recueils
32
1.2.1.3 Les chants de recueils et les typologies
exploitées
54
1.2.1.4 Répertoire hymnologique
protestant
57
1.2.1.5 Répertoire hymnologique de langue
française
58
1.2.1.6 Répertoire hymnologique de langue
allemande
63
1.2.1.7 Structure et contenu thématique
66
1.2.1.8 Ses pionniers
67
1.3 Conclusion partielle
68
CHAPITRE DEUXIEME : QUIDDITE ET
CARACTERISTIQUES DU CULTE PROTESTANT
77
2.1 Survol sur le protestantisme
77
2.1.1 Les précurseurs
80
2.1.2 La Réforme
80
2.1.2.1 Martin Luther
83
2.1.2.1.1 Début de sa Réforme
84
2.1.2.1.2 La faiblesse de sa Réforme :
Guerre des paysans
85
2.1.2.1.3 Ses écrits-réformateurs
85
2.1.2.1.4 Ses dernières années
86
2.1.2.1.5 Sa théologie
86
2.1.2.1.5.1 La place de la Loi et
l'Évangile
86
2.1.2.1.5.2 Son discours sur le
péché
87
2.1.2.1.5.3 Son discours sur la manière dont
Dieu se fait connaître
87
2.1.2.1.5.4 Sa théologie de la croix
87
2.1.2.1.5.5 Ses écrits
réformateurs
88
2.1.2.1.5.6 Sa vision de la musique
d'Église
88
2.1.2.2 Huldrych Zwingli
89
2.1.2.2.1 Début de sa Réforme
90
2.1.2.2.2 La faiblesse de sa Réforme :
Révolte des anabaptistes
91
2.1.2.2.3 Sa mort tragique
91
2.1.2.2.4 Un mot sur sa vie musicale
92
2.1.2.2.5 Zwingli et Luther : divergences
92
2.1.3 Jean Calvin
93
2.1.3.1 Début de sa Réforme
93
2.1.3.2 Les querelles protestantes et l'exil de
Strasbourg
94
2.1.3.3 Retour à Genève
94
2.1.3.4 La faiblesse de sa réforme :
contestations et bûcher de Servet
94
2.1.3.5 Ses dernières années
95
2.1.3.6 Sa théologie
95
2.1.3.6.1 La place du Père dans sa
théologie
95
2.1.3.6.2 La place du Fils dans sa
théologie
96
2.1.3.6.3 La place du Saint-Esprit dans sa
théologie
96
2.1.3.6.4 La place de l'Église dans sa
théologie
96
2.1.3.6.5 Calvin et le calvinisme tardif
97
2.1.3.6.6 Sa vision de la musique
d'église
97
2.1.4 Schisme anglican
99
2.1.5 Sectes radicales
99
2.1.6 Réactions à la
Réforme
100
2.1.6.1 Guerre de religion et scolastique
protestante
100
2.1.6.2 Le piétisme
100
2.1.6.3 Courants rationalistes
100
2.1.6.4 Méthodisme et revitalisme
101
2.1.6.5 Le protestantisme au XIXe siècle
102
2.1.6.5.1 Le mouvement d'Oxford
102
2.1.6.5.2 Le revitalisme
102
2.1.6.5.3 Problèmes de
société
102
2.1.6.5.4 Le protestantisme au XXe
siècle
103
2.2 Culte protestant : Quiddité et
caractéristiques identitaires
104
2.2.1 Compréhension du thème
105
2.2.1.1 Ce qu'on entend par le culte
105
2.2.1.2 Quiddité du culte protestant
109
2.2.1.3 Traits caractéristiques du culte
protestant
111
2.2.1.4 Le culte protestant et son but
112
2.2.1.5 Quid, l'élément central du
culte protestant ?
114
2.2.1.6 Le culte comme lieu et moment de rendre
gloire à Dieu seul
115
2.3 Grands traits caractéristiques de
l'identité protestante
116
2.3.1 Sa notion en histoire de la
théologie
117
2.3.2 Son essence
118
2.3.3 Sa manière d'être
125
2.3.3.1 La pluralité
125
2.3.3.2 La liberté
126
2.3.3.3 La simplicité
126
2.3.4 Ses confessions
127
2.3.5 Ses principes fondamentaux
129
2.4 Conclusion partielle
131
SECTION II : REGARD SUR LES CHANTS DE
RECUEILS AUJOURD'HUI DANS L'ÉGLISE
143
CHAPITRE PREMIER : DU CULTE PROTESTANT
D'AUJOURD'HUI A KINSHASA ET LA PLACE RESERVEE AUX CHANTS DE RECUEILS
144
1.2 Présentation des paroisses choisies
à Kinshasa
146
1.2.1 La Paroisse protestante CBCO/Kintambo
146
1.3 Cultes organisés et chants de
recueils
167
1.3.1 Bref rappel sur la liturgie
168
1.4 Cultes de la semaine comme lieu du
conformisme
196
1.5 Essai d'appréciation critique de la
place réservée aux chants de recueils
198
1.6 Conclusion partielle
200
CHAPITRE DEUXIEME : DE L'APPRECIATION DE
L'HERITAGE HYMNOLOGIQUE MISSIONNAIRE ET SA COMPLICITE AU TEMPS
LITURGIQUE
201
2.1 Héritage hymnologique missionnaire au
Congo
201
2.1.1 Le contenu de l'héritage
201
2.1.2 Les recueils édités au
Congo
201
2.1.3 Les thèmes centraux des recueils du
Congo
201
2.2 Complicité liturgique de
l'Héritage missionnaire
201
2.2.1 Chants de recueils et le calendrier
liturgique
201
2.2.2 Chants de recueils et les moments liturgiques
du culte
201
2.2.2.1 Les chants de recueils et le
prélude
201
2.3 Chants de recueils et liturgie, quid de la
complicité ?
201
2.4 Quelques appréciations de
l'héritage missionnaire
201
2.4.2 Appréciation socioculturelle
201
2.4.3 Appréciation théologique et
spirituelle
201
2.4.4 Face à l'histoire des
sensibilités et mentalités culturelles aujourd'hui
201
2.4.5 Les quelques chants qui résistent
à l'effacement
201
2.5 Conclusion partielle
201
CONCLUSION GENERALE
201
NOTES DE LA CONCLUSION GENERALE
201
BIBLIOGRAPHIE..................................................................................................................281
TABLE DES MATIERES 289
* NOTES DU PREMIER CHAPITRE
1 Nous faisons allusion ici à notre Travail
de Fin d'Etudes qui a porté sur la problématique du chant
à l'Ecole du dimanche. Pour une culture de compétences
psychosociales chez les enfants, Faculté de Théologie, UPC,
2000. C'est dans ce travail que, pour la première fois, nous
tentions de comprendre la quiddité du chant.
* 2 Dictionnaire Robert
Méthodique, Paris XIe, 1983, p. 218.
* 3 Ibid., p. 218.
* 4 Nouveau Dictionnaire
Biblique révisé et augmenté, Saint Légier,
Emmaüs, 1992, p. 20.
* 5 Ibid., p. 210.
* 6 J. LYON, Cours
d'Introduction à l'Hymnologie, source électronique, Internet
www.hymnologie.com .
* 7 Cf. E. WEBER, La
recherche hymnologique, Paris, Beauchesne, 2001, p.112.
* 8 Ibid.
* 9 Nous faisons allusion
à notre article sur « le chant et la
joie » où nous nous sommes beaucoup appuyé sur la
compréhension et l'utilisation biblique de cantiques que nous livre G.
BELLING. Il faut indiquer cet auteur a fait une étude importante sur ce
concept biblique de cantique. Cet Article est repris dans l'ouvrage de G.W.
Bromiley que nous avons pris comme le principal pour l'étude de
différents termes bibliques qui nous concernent dans ce travail. Ses
analyses sont reprises entre les pages 1225-1227. C'est ici que A. VERCHALY.,
traite de ce point dans son article, sur "Le cantique" publié
dans l'Encyclopoche Larousse sous le titre « La musique
à travers ses formes », Paris, Ed. Larousse, p. 34.
* 10 Ibid., p.114.
* 11 Ibid.
* 12 Ibid., p.115.
* 13 Ibid.
* 14 Ibid.
* 15 Ibid., p. 117.
* 16 Ibid.
* 17 Ibid., pp.119-120.
* 18 Ibid.
* 19 Ibid.
* 20 Ibid.
* 21 Ibid., p.120.
* 22 Ibid.
* 23 Ibid.
* 24 Ibid.
* 25 Ibid., p. 121.
* 26 Ibid.
* 27 Ibid.
* 28 Ibid., p. 122.
* 29 Ibid., pp.122-123.
* 30 Ibid.
* 31 Ibid.
* 32 Ibid.
* 33 Ibid.
* 34 Ibid.
* 35 Ibid.
* 36 Ibid., p. 124.
* 37 Cf. Petit ROBERT, la
nouvelle édition, Paris, Dictionnaires Le Robert, 1993, p. 2124,
col.2.
* 38 WEBER atteste que
certains textes bibliques en prose étaient repris et versifiés en
latin par les Pères de l'Eglise, sous forme d'hymnes structurées
en strophes de 4 vers, chants de louange destinés aux grands moments de
l'année ecclésiastique et aux prières pour le
déroulement de la journée. La liste de Pères musiciens,
mélodistes ou poètes est longue. Ici, on peut mentionner, entre
autres, Saint Ambroise de Milan qui créa le rite ambrosien en
s'inspirant de la liturgie orientale, saint Ephrem auteur de nombreux hymnes de
l'Antiquité, Saint Augustin avec son important traité De
Musica et ses commentaires de l'Alleluia et du Jubilus,
ses écrits, Confessions, Enarrrationes in Psalmos qui
résumant sa doctrine mystique, donnent des renseignements sur la
situation du chant chrétien au IVè siècle. Mais il faut
aussi citer saint Grégoire, Grégoire Ier le Grand, pape de 590
à 604 avec l'expression « chant grégorien »
créée deux siècles après sa mort.
* 39 Ibid.
* 40Cf. J.LYON, Johann
Sebastian Bach, Chorals, Paris, Beauchesne, col. «Guides
musicologiques », 2005. Pour approfondir la lecture sur ces index
typologiques qu'exploitent les chants de recueils protestants, depuis la
Réforme jusqu'à nos jours, les pages 297 à 309 les
exposent de manière générale.
* 41 Ibid., p. 3.
* 42 Ibid., p.4.
* 43 Ibid.
* 44 Ibid., pp. 5-6.
* 45 Ibid., p. 16.
* 46 Ibid., p. 18.
* 47 Ibid., p. 21.
* 48 Ibid., p. 31.
* 49 Ibid., p.34.
* 50 Ibid., p. 36.
* 51 Ibid., p. 38.
* 52 Ibid., pp. 16-44.
* 53 Ibid., pp. 46-47.
* 54 Ibid., p. 49.
* 55 Ibid., p. 50
* 56 Ibid.
* 57 Ibid.
* 58 Ibid.
* 59 Ibid.
* 60 Ibid.
* 61 Ibid.
* 62 Ibid.
* 63 Ibid.
* 64 Ibid.
* 65 Ibid.
* 66 Ibid.
* 67 Ibid.
* 68 Ibid., p. 51.
* 69 Ibid., p. 52.
* 70 Ibid.
* 71 Ibid.
* 72 Ibid., p. 53.
* 73 Ibid., p. 64.
* 74 Ibid.
* 75 Ibid., p. 66.
* 76 Ibid., p. 73.
* 77 Ibid., p. 74.
* 78 Ibid., p. 75.
* 79 Ibid., p. 76.
* 80 Ibid., pp. 76 -78.
* 81 Ibid., p.86.
* 82 Ibid.
* 83 Ibid.
* 84 Ibid.
* 85 Ibid.
* 86 Ibid., p.87.
* 87 Ibid., p.87.
* 88 Ibid.
* 89 Ibid., pp. 87-91
* 90 Ibid.
* 91 Ibid., p. 92.
* 92 Ibid.
* 93 Ibid.
* 94 Ibid.
* 95 Ibid., p.101.
* 96 Ibid., p.105.
* 97 Ibid., pp. 109-113.
* 98 Ibid., pp. 109-115.
* 99 Ibid., pp. 115-120.
* 100 Ibid., p. 120.
* 101 Selon J. LYON, les
théologiens descendaient de leurs chaires universitaires et
exerçaient leur mission auprès des affligés.
* 102 Ibid., p. 121.
* 103 Ibid., p.124.
* 104 Ibid.
* 105 Ibid.
* 106 Ibid.
* 107 Ibid.
* 108 Ibid., p. 138.
* 109 Ibid., pp. 138- 140.
* 110 Ibid., p. 140.
* 111 Ibid., p. 144.
* 112 Ibid.
* 113 Ibid., p. 146.
* 114 Ibid.
* 115 Ibid., p.148.
* 116 Ibid., p. 150.
* 117 Ibid., p.150.
* 118 Ibid., p. 153.
* 119 Ibid., p. 163.
* 120 Ibid., p. 164.
* 121 Ibid., p. 171.
* 122 Ibid.
* 123 Ibid., p. 174.
* 124 Ibid.
* 125 Ibid.
* 126 Ibid.
* 127 Ibid.
* 128 Ibid., p.174.
* 129 Ibid., p. 179.
* 130 Ibid., p.184.
* 131 Ibid.
* 132 Ibid., pp. 184-185.
* 133 Ibid., p. 185.
* 134 Ibid., p. 193.
* 135 Ibid.
* 136 Ibid.
* 137 Ibid., p. 305.
* 138 Ibid., p. 306.
* 139 Ibid., p.307.
* 140 Ibid., pp. 308 -
309.
* 141 E.WEBER, op.
cit., p. 13.
* 142 Ibid.
* 143 Ibid.
* 144 Ibid.
* 145 Ibid.
* 146 Ibid., p. 14.
* 147 Ibid.
* 148 Ibid., pp. 14 -15.
* 149 Ibid., p.15.
* 150 Ibid.
* 151 Ibid.
* 152 E. WEBER qui, pour
nous, milite pour un renforcement des capacités et connaissances
hymnologiques, mieux musicologiques montre combien l'histoire, mais surtout
l'usage cultuel des recueils doit préoccuper les pasteurs,
prédicateurs, organistes, maîtres de chapelle et cantors ainsi que
les fidèles. Pour WEBER, il serait même indispensable qu'aux pays
de langue française les futurs théologiens
bénéficient (comme en Allemagne) de cours portant sur le bon
usage, le contenu et les finalités des divers chants, afin que les
pasteurs en exercice choisissent avec discernement textes et mélodies (
en fonction des lecteurs bibliques et du thème de leur
prédication), avec l'organiste ( chef de choeur ou maître de
chapelle), et s'assurent que le temps de l'année ecclésiastique
soit respecté, de même que les critères esthétiques
et fonctionnels.
* 153 Ibid., op.
cit., p.96.
* 154 Ibid., p. 97.
* 155 Ibid., p.18
* 156 Ibid.
* 157 Ibid.
* 158 Ibid., p. 19.
* 159 Ibid.
* 160 Ibid.
* 161 Ibid.
* 162 Ibid., p. 99.
* 163 E. WEBER affirme que
compte tenu de l'énorme production de chorals et cantiques allemands
depuis la Réforme, les Psaumes sont quantitativement minoritaires chez
les luthériens.
* 164 Ibid., p. 101.
* 165 Ibid.
* 166 Cf. Lire l'ouvrage
déjà cité de J. LYON sur les chorals de Bach pour en
savoir plus.
* 167 E. WEBER, Même
Ouvrage, pp. 49-51.
* 168 L. EMERY, L.
EMERY, Histoire du christianisme, Bruxelles, Imprimerie Mathieu, 1954,
p. 158.
* 169 R. de CANDE, La
musique, histoire, dictionnaire, discographie, Paris, Seuil, 1969, p.
35.
* 170 A. VERCHALY traite de
ce point dans son article, sur "le cantique" publié dans
l'Encyclopédie Larousse sous le titre" la musique à travers
ses formes, Paris, Ed. Larousse, pp. 35-36.
* 171 Cf. J.LYON., Cours de
l'introduction à l'Hymnologie déjà cité, voir
www.hymnologie.com
* NOTES DU DEUXIEME CHAPITRE
172 L'histoire du protestantisme dont nous faisons
allusion à celle qui décrit le parcours de son hymnologie depuis
la Réforme du XVIe siècle telle que nous l'avons
présenté dans notre premier chapitre de cette étude.
* 173 N'KWIM Bibi-Bikan,
R., « Protestantisme et démocratie : Une interpellation
de l'Eglise congolaise », in RCTP, n° 18-19, 2005-2006,
pp. 137-149.
* 174Lire J. COURVOISIER
., Brève histoire du Protestantisme, Neuchâtel, Delachaux
et Niestlé, 1952, p. 5. et E. G. WHITE, La tragédie des
siècles, Idaho, Pacific press, 1990, p. 207. Pour ces deux auteurs,
la protestation des princes avait un sens double : un sens politique et
un sens religieux. Mais aussi un aspect double : un aspect négatif
et un aspect positif. Par « protestari », les
princes entendaient en même temps défendre leurs droits et
témoigner de leur nouvelle foi vis-à-vis du catholicisme
romain.
* 175Après que la
majorité catholique eut aboli la tolérance reconnue trois ans
plus tôt aux luthériens, lors d'une précédente
diète, six princes luthériens, suivis par les
municipalités de 14 villes libres allemandes,
rédigèrent une protestation, à la suite de laquelle les
luthériens furent habituellement désignés comme les
protestants. Lire « Le protestantisme » sur
Encyclopédie Encarta, Collection Microsoft ® Encarta
® 2005.
* 176 Ibid.
* 177 A. BIRMELE,
« Le Protestantisme », Dictionnaire critique
de théologie, Paris, PUF, 1998, p. 944.
* 178 Ibid.
* 179 Ibid.
* 180 Ibid.
* 181 Ibid.
* 182 Ibid.
* 183 Ibid.
* 184 Ibid.
* 185 Ibid.
* 186 Ibid.
* 187 Ibid.
* 188 MUNAYI Muntu-Monji,
dans son article sur « Le nationalisme allemand : l'une des
causes de la naissance et du succès du luthéranisme »,
fait remarquer que derrière la Réforme de Martin Luther, mieux
dans la solidarité allemande, il y existait un sentiment
général anti-romain chez les allemands. L'appel de Luther
à la noblesse chrétienne de la nation allemande
où il y écrit entre autres : « Comment, nous
Allemands, souffrons de la part du pape ? Si la France a su s'en
défendre, pourquoi nous laissons-nous ainsi jouer et
berner ? » est une pièce à conviction d'une
invitation au soulèvement contre Rome, adressée, pas à
n'importe quel peuple, mais au peuple allemand, le sien. ». Pour cet
auteur, Luther était « sur certains points »
d'accord avec Jean Huss, ce réformateur bohémien du XVe
siècle brûlé au bûcher et dont le souvenir formait
l'une des bases du patrimoine tchèque. Les 4 questions profondes qui
soutiennent la position de cet auteur sont les suivantes : 1. Luther
aurait-il pris cette position contre Rome s'il avait été
lui-même Romain ? 2. Quel aurait été le succès
de la Réforme si le climat général en Allemagne
n'était pas anti-romain ? 3. Que serait devenue la Réforme
en Allemagne si au lieu de Luther, elle avait été initiée
par un non-Allemand, vivant dans ce pays, mais ne défendant pas les
intérêts allemands ? 4. Que serait devenue la Réforme
si Luther n'avait pas joui de la protection du prince-électeur du
Saxe ? Lire cet article « Le nationalisme
allemand », in Bulletin de Théologie Africaine, BTA, Vol
VI, n°11, 1984, pp. 41-47.
* 189 Ibid., p. 42.
* 190 Ibid.
* 191 Ibid.
* 192 Ibid.
* 193 L'auteur cite le cas
de la France qui en 1438 à Bourges déjà, le roi Charles
VII conclut le « Pragmatique Sanction ». Cette
convention consacrait, sous réserve de la confirmation pontificale, le
principe électif pour les bénéfices et dignités
ecclésiastiques ; elle interdisait les Annates, supprimait les
expectatives ou promesses de bénéfices faites par le pape. Bien
que Louis XI abrogeait en 1461 « la Pragmatique
Sanction » pour ménager le Saint-Siège, cette
convention ressuscitera en quelque sorte sous forme de concordat signé
par François Ier en 1516. Ressuscitée, elle conférera,
plus qu'avant, une autonomie à l'Eglise de France vis-à-vis de
Rome. Cette autonomie s'appelait le gallicanisme.
* 194 Ibid., p. 43.
* 195 En plus de MUNAYI
Muntu-Monji, on peut aussi lire G.E. LEONARD, Histoire
générale du protestantisme, t.1, Paris, P.U.F., 1961 ;
E. (de) MOREAU, P. JOURDA et P. JANELLE, Histoire de l'Eglise, t.
XVI, La crise religieuse du XVIe siècle, Tournai, Bloud et Gay,
1956.
* 196 J. LORTZ., La
Réforme de Luther, Paris, Ed. du Cerf, 1970, pp. 35-36.
* 197 Cf. MUNAYI
Muntu-Monji., op. cit., p. 44.
* 198 Cf.
Encyclopédie Encarta, Collection Microsoft ® Encarta
® 2006 déjà cité.
* 199 Ibid.
* 200 Ibid.
* 201 Ibid.
* 202 Ibid.
* 203 Ibid.
* 204 Ibid.
* 205 Ibid.
* 206 Ibid.
* 207 Ibid.
* 208 Ibid.
* 209 Ibid.
* 210 Ibid.
* 211 Dictionnaire de
la musique allemande et autrichienne, Références-Larousse,
Paris, 1988, pp. 186-187.
* 212 Ibid.
* 213 Ibid
* 214
Encyclopédie Universalis, t. 16, Paris, 1980, p. 1090.
* 215 Lire P.STADLER.,
« Huldrych Zwingli : réformateur suisse (1484-
1531) », in Bulletin de Théologie Africaine, BTA, Vol VI,
n°11, 1984, pp. 87-102.
* 216 Zwingli (1484-1531)
est de la même génération que Luther (1483-1546).
* 217 Cf.
Encyclopédie Encarta, Collection Microsoft ® Encarta
® 2006 déjà cité.
* 218 Ibid.
* 219 Ibid.
* 220 Ibid.
* 221 Ibid.
* 222 Ibid.
* 223 Ibid.
* 224 Ibid.
* 225 Ibid.
* 226 P. STADLER, op.
cit., 102
* 227 Ibid., p.
90.
* 228Ibid., p. 91.
* 229 L'auteur puise les
articulations sur ce réformateur dans le classique de W. KOHLER sur
Zwingli.
* 230 Ibid., pp. 94-95.
* 231 P. STADLER
précise qu'en 1524 et 1525, le Nouveau Testament traduit par Luther
(publié en septembre 1522) est réimprimé chez Froschauer
à Zürich. Deux ans plus tard, suivis par deux tomes des autres
écrits (historiques et sapientiels) de l'Ancien Testament. Entre-temps,
Zwingli est ses collègues, avant tout Leo Jud, se mettent à la
traduction des Livres prophétiques (pas encore traduits par Luther) qui
paraîtront en 1529. Une année plus tard, en 1530, tous les livres
de l'Ancien et du Nouveau Testament sont publiés, réunis en un
seul tome in-octavo composé de 688 feuilles. En fin, en 1531, sort une
nouvelle édition de la Bible dite Bible de Froschauer, un produit
magnifique de l'art typographique, en grandes lettres distinctes pour permettre
une lecture facile, même aux vielles gens. Elle contient 199
illustrations qui représentent pour une bonne partie des gravures sur
les bois des dessins de Hans Holbein le Jeune (1497/1543). Ibid., p. 101.
* 232 Ibid., p. 102.
* 233 Cf.
Encyclopédie Encarta, Collection Microsoft ® Encarta
® 2006 déjà cité.
* 234 Ibid.
* 235 Ibid.
* 236 Ibid.
* 237Cf. On peut lire sur
L'Encarta que Michel Servet fut médecin et théologien
espagnol, exécute pour ses convictions religieuses. Né à
Tuleda (Navarre). Il étudia le droit et la médecine à
Toulouse, Paris et Montpellier. Il exerça la médecine à
Vienne et donna vers 1537, la première description de la double
circulation du sang dans les poumons. Ses ouvrages De Trinitatis
erroribus (Des erreurs du dogme trinitaire, 1531), dans le quel il rejette
le dogme de la Trinité, et Christianismi restitutio (De la
restitution chrétienne, 1553), qui s'oppose violemment à
l'Institution de la religion chrétienne que Calvin avait publié
en 1536, avançaient des opinions contre lesquelles catholiques et
protestants s'élevèrent avec force. Dès 1545, Servet avait
entretenu une correspondance avec Calvin. Dénoncé à
l'Inquisition à Vienne, il réussit à fuir à
Genève mais fut aussitôt reconnu et arrêté. Son
procès donna lieu à un tel affrontement entre calvinistes et
anticalvinistes que Calvin, qui assumait l'accusation, ne put atténuer
la peine demandée par les anticalvinistes : Servet fut
brûlé vif comme hérétique, à Champel, le 27
octobre 1553.
* 238 Ibid.
* 239 Ibid.
* 240 Ibid.
* 241 Ibid.
* 242 Ibid.
* 243 Ibid.
* 244 Ibid.
* 245 Ibid.
* 246 Ibid.
* 247 J. CALVIN.,
L'institution chrétienne, Livre troisième, Editions
Kerygma-Editions Farel, 1978, p. 365.
* 248 Ibid.
* 249 Ibid.
* 250 Ibid.
* 251 Ibid
* 252 Cf.
Encyclopédie Encarta, Collection Microsoft ® Encarta
® 2006 déjà cité.
* 253 Ibid.
* 254 Ibid.
* 255 Ibid.
* 256 Cf.
Encyclopédie Encarta, Collection Microsoft ® Encarta
® 2006 déjà cité.
* 257 Ibid.
* 258 Ibid.
* 259 Ibid.
* 260 Ibid.
* 261 Ibid.
* 262 Ibid.
* 263 Ibid
* 264 Ibid.
* 265 Ibid.
* 266 Ibid.
* 267 Ibid.
* 268 Le Petit
Robert, Dictionnaire de la langue française, Nlle
éd., Paris, Dictionnaires Le Robert, 1993, p. 588. Col. 2.
* 269 Ibid.
* 270 Il va falloir
indiquer que les confessions ou les religions ayant en commun la croyance
à une divinité ou à des divinités. Ainsi, elles
peuvent être mono ou polythéistes, initiatiques,
révélées ou primitives (animisme, chamanisme,
fétichisme, totémisme). Les religions grecque, romaine
(mythologie) ; religion celtique (druidisme), les religions d'Orient
(Bouddhisme, brahmanisme, hindouisme, jainisme, tantrisme, védisme,
manichéisme, mazdéisme, confucianisme, shintoïsme,
taoïsme), la religion chrétienne avec le christianisme ; la
religion juive avec le judaïsme ; la religion musulmane avec
l'islamisme ou islam.
* 271 Ibid.
* 272 Ibid.
* 273 Ibid.
* 274 Nouveau
Dictionnaire Biblique révisé et augmenté, Saint-
Légier, Emmaüs, 2004, p. 307.
* 275 Ibid.
* 276 Ibid.
* 277 Ibid., p. 308.
* 278 Ibid.
* 279 Ibid.
* 280 L. GAGNEBIN, Le
Protestantisme, un exposé pour comprendre, un essai pour
réfléchir, Evreux, Dominos Flammarion, 1997, p. 9.
* 281 Ibid.
* 282 L'auteur examine la
quiddité de l'Eglise dans l'essence du protestantisme entre les pages
36- 49.
* 283 Lire L. GAGNEBIN.,
op. cit., p. 36.
* 284 Ibid., p. 38.
* 285 Ibid., pp. 41-44.
* 286 Lire L. GAGNEBIN.,
op. cit., pp. 41-44.
* 287 Ibid., p. 45.
* 288 Mais il faut indiquer
que la neutralité conciliatrice de l'auteur ne se maintient plus quand
il lui arrive, dans son deuxième chapitre, de parler de la
manière d'être du protestantisme et cela particulièrement
par rapport au catholicisme. Il met en évidence des
caractéristiques, des marques typiquement protestantes qu'il fait
siennes sans verser dans la subjectivité.
* 289 H. BOST et J.
BAUBÉROT, (dossier de l'Encyclopédie du Protestantisme N°
9), Genève, Labor et Fides, 2000, p. 24.
* 290 Ibid
* 291 F. DURRLEMAN,
Initiation protestante, Lausanne, édition de l'Eglise Nationale
Vaudoise, 1945, p. 148-149.
* 292 R. DE PURY,
Qu'est-ce que le Protestantisme ? Préface de Pierre
Bourguet, Paris, « Les Bergers et les Mages », 1961, pp.
94-95.
* 293 F. DURRLEMAN, op.
cit., pp. 94-95.
* 294 M. LUTHER cité
par H. BOST et J. BAUBÉROT, op. cit., pp. 20-21.
* 295 L. GAGNEBIN,
op.cit., p. 38.
* 296 Ibid.
* 297 Ibid.
* 298 Ibid.
* 299 F. DURRLEMAN, op.
cit., pp. 148-149.
* 300 R. DE PURY, op.
cit., p. 92.
* 301 L. GAGNEBIN, op.
cit., pp. 28-29.
* 302 R. DE PURY, op.
cit., p. 26.
* 303 L. BOUYER, Du
Protestantisme à l'Eglise, Paris, Cerf, 1954, p. 64.
* 304 L. GAGNEBIN, op.
cit., pp. 80-81.
* 305 J. BAUBÉROT et
H. BOST., Protestantisme, Dossiers de l'Encyclopédie du
Protestantisme, Paris, Labor et Fides, 2000.
* 306 Lire H. BOST à
la p. 7 dans l'introduction de leur ouvrage commun pour plus
compréhension. Car comme il l'écrit, au cours des siècles,
lest termes « protestant » et
« protestantisme » ne furent pas limités qu'aux
Églises directement issues de la Réforme (luthériens,
zwingliens, calvinistes, etc), mais ils servirent aussi à
désigner des communautés pré-réformatrices
(vaudois, hussites) et des formations ecclésiales ultérieures
(baptistes, congrégationalistes, méthodistes,
pentecôtistes, etc.). L'anglicanisme appartient également à
ce courant, même s'il se comprend comme une forme médiane entre
catholicisme et Réforme et éprouve quelques réticences
envers l'adjectif « protestant ».
* 307 E. FOUQUET (Sous
dir.), Dictionnaire hachette, Paris, Hachette libre, 1988, p. 662.
* 308 J. BAUBÉROT et
H. BOST, « Le principe protestant » in P. GISEL
(dir.), Encyclopédie du protestantisme, Paris/Genève,
Edition du Cerf/Labor et Fides, 1995, p. 1215.
* 309 Ibid.
* 310 Ibid.
* 311 Ibid.
* 312 L. GAGNEBIN., p.
26.
* 313 Ibid.
* 314 J. BAUBÉROT et
H. BOST, op. cit., p. 1218.
* 315 C. SERFASS et J.
ROCHE, Qu'est-ce que le protestantisme, Paris, Berger-Levrault
éditeurs, 1930, pp. 99-100.
* 316 J. BAUBÉROT et
H. Bost, op.cit, p. 1218.
* 317 P. GISEL (dir.),
op.cit., p. 1217.
* 318 Cf.
Encyclopédie Encarta., Collection Microsoft ® Encarta
® 2006. (c) 1993-2004 Microsoft Corporation.
* 319 P.GISEL (dir),
op. cit., p. 1217.
* 320 L. GAGNEBIN, op.
cit., p. 14.
* 321 Ibid.
* 322 J. BAUBÉROT et
H. BOST., op. cit., p. 18.
* 323 L. GAGNEBIN., op.
cit., p. 26.
* 324 Ibid.
* 325 F. DÜRRLEMAN.,
op. cit., p.194.
* 326 Comme l'écrit
MUSHILA Nyamankank, déjà en 1520, dans son Von der Freiheit
eines Christenmenschen adressé au Pape Léon X, Luther situe
verticalement la liberté chrétienne qu'il fonde sur la doctrine
de la justice. Par contre, horizontalement, le chrétien est
appelé a demeurer esclave. « Le libre arbitre et les
élections dans la pensée sociale protestante » in
RCTP, n° 18-19, 2005-2006, pp. 79-89.
* 327 J. BAUBÉROT et
H. BOT, op.cit, p. 21.
* 328 Cf.
Encyclopédie Encarta., op.cit., Collection Microsoft ®
Encarta ® 2006 (c) 1993-2004 Microsoft Corporation.
* 329 Ibid.
* 330 L. GAGNEBIN,
op.cit., p. 27.
* 331Ibid.
* 332 Ibid., p. 106.
* 333 Ces principes sont
ceux de : Soli Deo gloria « à
Dieu seul la gloire » ; Solus Christus,
« le Christ seul » (contre l'autorité de la
Tradition, Pères, Conciles, Papes, qui viendrait s'y ajouter) ;
sola gratia, « la grâce
seule » (contre une théologie où les oeuvres humaines
contribueraient à l'obtention du salut) ; Sola
fide, « la foi seule » (contre une
théologie faisant dépendre la relation à Dieu de
l'observance des réglementations ecclésiastiques. Toutes
sensibilités confondues, les protestants partagent ces points
fondamentaux.
* 334 L. GAGNEBIN, op.
cit., p. 51.
* 335 Ibid., p. 55. Nous
pensons qu'à cette liste, on pourrait ajouter l'Eglise
pentecôtiste.
* 336 Selon l'auteur, la
Bible n'est pas pour les protestants un mausolée sacré et
intouchable, ni un tombeau vide. Elle n'est pas sacrée dans ce sens
qu'elle est simultanément ouverte à tous, croyants et non
croyants, simples lecteurs et savants et habitée par la présence
de Dieu de Jésus-Christ qui transcende nos recherches, nos lectures et
nos approches fragiles.
* 337 Ibid., p. 57. C'est
comme Oscar Cullmann pourrait bien le défendre dans son ouvrage sur
L'unité dans la diversité. Le protestantisme se comprend
dans unité qui accepte la diversité. Il rassemble toutes ses
différentes dénominations qui s'acceptent dans leur
diversité.
* 338 Ibid., p.67.
* 339 Ibid., p. 78.
* 340 Ibid.
* 341 Ibid.
* 342 Ibid., pp. 78-79.
* 343 A en croire L.
GAGNEBIN, l'esprit d'excédent de bagages traduit le goût de
l'artifice et du cliquant, de l'exagération. On préfère
être aimé pour ce qu'on n'est pas. Paraître sans
réellement être.
* 344 Ibid., p. 82.
* 345 Ibid., p. 96.
* 346 Ibid., p. 62.
* 347 Les principes
spécifiques du protestantisme peuvent aussi être
considérés des principes fondamentaux.
* 348 Ibid., p. 64. Il faut
aussi mentionner avec l'auteur le triomphe de la pluralité. C'est dans
le domaine des textes et paroles de ses différentes parties, les
cantiques et prières, le déroulement et la fréquence de la
cène...font aussi montre d'une diversité
insoupçonnée. Ce qui fait preuve d'une invention
créatrice, d'une richesse nourrie par les siècles et des usages
bien spécifiques.
* 349 Ibid., p. 64.
L'auteur nous propose là la Confession de foi utilisée
par les protestants français aujourd'hui dans leur liturgie.
* 350 Confession de foi de
l'Église du Christ au Congo.
* 351 Cf. Nous trouvons ce
résumé que nous avons récupéré sur le
site «
http://fr.wikipedia.org/
wiki/Protestantisme ». Dernière modification de cette page
le 18 juillet 2007 à 14:53.
* 352 Ibid.
* 353 Ibid.
* 354 Ibid.
* 355 Ibid.
* 356 Ibid.
* 357 Ibid.
* NOTES DU PREMIER
CHAPITRE
358 N'KWIM Bibi-Bikan insiste sur la distinction
à faire entre les termes « mission » et
« Missions » chaque fois qu'on parle de
l'évangélisation au Congo. Il faut noter que le premier se
rapporte au devoir de proclamer l'Évangile à tous les hommes. Il
désigne aussi la tâche globale que Jésus-Christ a
confiée à l'Église incluant la responsabilité
sociale, culturelle et politique. Le deuxième terme désigne les
organismes qui permettent à l'Église d'envoyer des messagers de
la Bonne Nouvelle pour l'accomplissement de l'ordre suprême du Christ
comme le rapportent les Évangiles.
* 359 Rév. MASAMBA ma
Mpolo, interviewé le 21 octobre 2006, sur l'historique de la Paroisse et
sur la vie des chants de recueils dans la liturgie des cultes.
* 360Rév. LOSSO
Ngiama, Représentant Régional de la CBFC/Kinshasa,
interviewé le 15 septembre 2007 sur les chants traditionnels dans les
cultes organisés à Kinshasa.
* 361 Rév. MOSSI
Nzimba, ancien Représentant de la CEUM à Kinshasa,
interviewé le 6 juin 2007 sur l'état de lieux des chants de
recueils dans nos cultes.
* 362 La CEUM compte 7
grandes paroisses à Kinshasa, à savoir : Paroisse de Kasa-Vubu,
Paroisse de Kinkole, Paroisse de Kinsuka, Paroisse de Livulu, Paroisse de
Kingasani, Paroisse de Mbanza-Lemba et la Paroisse de Matadi-Mayo.
* 363 Pasteur MUSUAYA
Tshimbombo, interviewé le 20 juin 2007 sur l'historique et la liturgie
du culte à la Paroisse CPK/Yolo.
* 364 Rév.
Médard MINGASHANGA, interviewé le 5 octobre 2006 sur la vie des
chants traditionnels dans les cultes organisés à la Paroisse
CPK/Yolo.
* 365 Cf. MUYILA Ikie-Ikie,
D., Paroisses universitaires protestantes du Congo-Kinshasa, Dynamique
d'une vision missionnaire, Kinshasa, Ed. P.P.U.KIN, 2005.
* 366 Ibid., p. 452.
* 367 Ibid.
* 368 Ibid.
* 369 Ibid.
* 370 Ibid.
* 371 Ibid.
* 372 Ibid.
* 373 Ibid.
* 374 Ibid.
* 375 Ibid.
* 376 Ibid.
* 377 Ibid., p. 60. Nous
réalisons ce travail en 2007 alors que l'auteur écrivait sur
cette paroisse vers 2001.
* 378 Ibid., p.61.
* 379 Ibid.
* 380 Ibid., p. 62.
* 381 Ibid.
* 382 Ibid., p. 63.
* 383 Ibid.
* 384 Ibid.
* 385 MUYILA signale
qu'après l'acceptation avec joie de l'invitation des frères
catholiques à prier dans la même cathédrale qu'eux, il
s'est posé un véritable cas de conscience pour les membres de la
PPCKIN qui ont demandé, conformément à Ex 20, 4, qu'aucune
représentation ne put subsister dans les lieux communs des cultes. Un
compromis fut trouvé de débarrasser lesdits lieux pendant le
déroulement des cultes, de tout ce qui incarnait l'idolâtrie,
selon la foi de l'Eglise Evangélique Réformée, à
savoir : la statue de la Vierge Marie, les reliques des saints, l'hostie,
le crucifix, etc.
* 386 Ibid., pp. 71-72.
* 387 NKULU Kankote Kisula,
interviewé le 12 novembre 2007.
* 388 NSUMBU Pezo Nsakala,
Mémoire déjà cité.
* 389 Cf.
http://fr.wikipedia.org/wiki/liturgie//.
* 390 Ibid.
* 391 Cf. Theo,
L'Encyclopédie catholique pour tous, Paris, Droguet-Ardant Fayard,
1992, p.905.
* 392 M. METZGER.,
Histoire de la liturgie : les grandes étapes, Paris,
Desclée, 1994, p.12.
* 393 MASAMBA ma Mpolo et
MENGI Kilandamoko, « Recueil des textes liturgiques », Kinshasa,
UPC, (Inédit), 1998, p. 8.
* 394 Lire A.N. BERTRAND.,
Protestantisme, Paris, « Je sers », 1931, p.
58.
* 395 Cf. M. THURIAN.,
Liturgie, Eucharistie de Lima, Genève, COE, 1983, p. 1.
* 396 Cf. Dictionnaire de
Liturgie., Vannes, CLD, 1982.
* 397 Ibid., p. 202.
* 398C. ANDRONIKOV., Le
sens de la liturgie, Paris, Cerf, 1988, p.3.
* 399 Ibid., p. 189.
* 400 Lire les travaux de S.
KERRIEN sur www. Google.fr/chant et liturgie/;
http://catholique-saint.brieuc.cef.fr_serge_kerrien_
* 401 Ibid.
* 402 Ibid.
* 403 Ibid.
* 404 S. KERRIEN., art.
cité.
* 405 Ibid.
* 406 Cette liturgie a
organisé le culte protestant pendant toute la période des
Missions voire après la naissance de l'Eglise du Christ au Congo. Cette
liturgie missionnaire est de plusieurs versions car
héritées presque toutes des missionnaires. Toutefois, il est rare
qu'une même Eglise utilise deux versions à la fois. Ainsi on peut
énumérer quelques-unes: « Njela na Kokamba
Losambo » (connu dans le milieu intercommunautaire de Kinshasa),
« Mokanda na Kobongisa Lingomba » (connu dans le milieu
de la CPK), « Ntwadusulu a Tukutakanu » ( connu
dans le milieu de la CBCO et autres), « Nsongi asalu biankaka
biamabund »( connu dans le milieu de la CEC et autres) Et
cela avant que les Eglises membres de l'ECC subissent la poussée du
pentecôtisme, mais bien plus la menace de la musique commerciale de
variétés qui a fait son entrée dans les Eglises.
* 407 Le lingala
est l'une des langues nationales les plus parlées de la RD Congo.
* 408 Recueil liturgique,
« Njela na kokamba losambo », Kinshasa, CEDI,
éd. 1987. Il faut toutefois mentionner que d'autres versions comme celle
en Kikongo « Ntwadusulu a Tukutakanu »
utilisée aussi par beaucoup de communautés de l'ECC existait
déjà depuis les années 1967, à l'époque de
LECO. Cette liturgie comprend trois parties principales: la
première, donne l'ordre de service d'un culte dominical ordinaire ;
la deuxième donne l'ordre d'un service de baptême et la
troisième celui d'un service de dédicace d'un temple.
* 409 Cf. Recueil Liturgique,
op. cit., p. 71.
* 410 Lire MONDENGO Iyoka
Bodiabibami, M., « Pour une hymnologie protestante congolaise
efficiente. Lecture de l'hymnographie de Noé Diawaku. »,
Mémoire cité, pp. 37-41.
* 411 Cf. LUSAKWENO Vangu.,
Mémoire cité, p. 5.
* 412Ibid.
* 413 A la suite de NSUMBU
Pezo Nsakala nous pouvons définir Les chants d'animation comme
étant ceux qui font animer le culte à Kinshasa et ailleurs. Ils
font danser et crier de joie. Ces chants sont aussi ceux d'ensemble ;
écrits sous forme de chants populaires, ils sont très faciles
à retenir et généralement très connus car
tirés de la mémoire commune du peuple. Souvent, les chants
d'animation se chantent avec une voix solo qui lance et un choeur de
l'assemblée répond, avec une cadence ponctuée par le
battement d'un tam-tam et les instruments de musique.
* 414 Cf. NKULU Kankote
Kisula., art. cité.
* 415 Ces chants, comme les
définit NKULU Kankote Kisula, sont souvent les traductions, en langues
vernaculaires congolaises, des (vieux) cantiques anglo-saxons importés
par les évangélisateurs sur le sol congolais. Ils sont faits de
la musique savante occidentale. Ils sont l'oeuvre de la Mission pour les
assemblées en prière (individuelles ou collectives) et font
l'objet de la notation.
* 416 On sait que J.
MOLTMANN est l'un de ceux qui affirment que l'Eglise ne doit pas seulement
être là où la parole est prêchée et les
sacrements correctement administrés (le Baptême et la
Sainte-Cène), mais encore et surtout là où il y a des
manifestations du Saint-Esprit. De cette affirmation, nous pouvons être
porté à croire que cet auteur s'aligne dans les
présupposés communs des théologiens de l'Eglise qui
reconnaissent en la proclamation de la Parole et l'administration de la
Cène et du baptême même s'il apporte une nuance capitale par
rapport aux manifestations du Saint-Esprit dans l'Eglise. On peut lire avec
intérêt son ouvrage intitulé L'Eglise dans la force de
l'Esprit. Une contribution à l'ecclésiologie moderne, Paris,
Cerf, 1980, p. 92.
* 417 Cf. Nous faisons
allusion ici au Livre des Actes des Apôtres chapitre 2, verset
42.
* 418 M. THURIAN.,
Baptême, Eucharistie, Ministère, Paris, Centurion, 1982,
p. 25.
* 419 Cf. Recueil
liturgique, op.cit, p. 40.
* 420 Les nouveaux
baptisés disent oui à l'Eglise du Seigneur, à la foi et
à la prière, et à proclamer l'Evangile par le
témoignage personnel. Ici, c'est souvent le texte de Rm 12, 10-12 qui
est exploité.
* 421 Devant Dieu et son
Eglise rassemblée, les nouveaux baptisés se tiennent sur leurs
genoux et reçoivent la bénédiction que prononce le pasteur
de la part du Seigneur.
* 422 The Worship,
Sourcebook est un des riches et récents recueils liturgiques au
service de l'Eglise du Seigneur. Il est co-publié en 2004 par trois
grandes institutions de l'Eglise Américaine sous la préface d'E.
R. BRINK, Editeur du Reformed Worship et de J.D.WITVLIET, Directeur de
Calvin Institute. Les trois maisons sont : The Calvin Institute of
Christian Worship, Faith Alive Christian Resources, Baker Books, Grand Rapids,
Michigan, 2004..
* 423 Ibid., p. 307.
* 424 Cf. C'est le
résumé de la traduction (française indirecte) que nous
faisons de ce passage. La version anglaise tirée du recueil est la
suivante: «Jesus took bread, gave thanks, broke it, and gave it
to the disciples. So we take bread announcing that it is God's
faithfulness to us. We break the bread, with gestures of hospitality. We offer
it to the gathered community in love.»
* 425 Ce cas, de notre
expérience, n'est pas du tout pareil à celui du temps de la
passion où le Jeudi saint offre réellement une occasion
exceptionnelle d'une célébration de la Sainte-Cène.
* 426 Faisons remarquer que
les paroisses que nous avons suivies marchent, elles aussi, à ce
même rythme d'une fois le mois l'administration de la
Sainte-Cène.
* 427 Il convient
d'indiquer que ces rassemblements peuvent prendre une semaine, dix jours ou
plus. Les Eglises Pentecôtistes et celles de Réveil à
Kinshasa organisent des rassemblements qui prennent plusieurs jours allant
même jusqu'à faire des mois de jeunes et prières.
* 428 Il convient de
relever qu'il existe aussi des périodes liturgiques qui sont :
l'Avent-Noël, l'Epiphanie qui va jusqu'au temps de la Passion, la
passion-Pâques, l'après-Pâques, la Pentecôte, et le
temps de l'Eglise qui va de la Pentecôte à l'Avent.
* 429 NSUMBU Pezo Nsakala,
« La place de la chanson dans le culte protestant : Cas de la
Communauté Evangélique du Zaïre », Mémoire
cité, p. 12.
* 430
« L'idéologie du cantique jetable : sitôt
utilisé, sitôt jeté » est une
préhension Kerrienne de la problématique des chants
mondialisés et commercialisés qui dérangent nos cultes.
* 431 B. LAURET, F. REFOULE.,
Initiation à la pratique de la théologie, Paris, Cerf,
1987, p.157.
* NOTES DU DEUXIEME
CHAPITRE
432 Nous faisons une fois de plus allusion à
la thèse déjà citée de N'KWIM Bibi-Bikan. Car les
études que cet auteur a menées constituent une banque de
données pour les grandes questions du protestantisme congolais.
* 433 J. BLANDENIER.,
Précis d'histoire des missions, Vol 2 : Du XIX e siècle
au milieu du XXe siècle. L'essor des Missions protestantes, Ed. de
l'Institut Biblique de Nogent, Ed. Emmaüs, 2003. Cet auteur est
missiologue, responsable de la formation des Assemblées
évangéliques de Suisse romande.
* 434 Ibid., p. 368.
* 435 KOMY Nsilu
Diakubikwa, L'Église du Christ au Zaïre à la recherche d'une
unité 1902-1977, thèse présentée à la
Faculté Universitaire de Théologie Protestante de Bruxelles pour
obtenir le grade scientifique de Docteur en Théologie Protestante,
thèse n° 12, Bruxelles, juin 1984.
* 436MENGI Kilandamoko,
L'évangélisation missionnaire protestante face à la
culture Kongo. L'enracinement de l'Évangile dans une culture,
Thèse de doctorat, Laval, 1981.
* 437 N'KWIM Bibi-Bikan,
Cf. Thèse citée.
* 438VIBILA Vuadi.,
Femmes et réflexion théologique. Vers une pratique
ecclésiale émancipatrice (Cas du Zaïre), Hambourg,
Verl. An der Lottbek Jensen, 1997.
* 439 L'expression est de
N'KWIM Bibi-Bikan.
* 440 J. BLANDENIER.,
op.cit, p. 233.
* 441 Cf. N'KWIM
Bibi-Bikan., op.cit, p. 51.
* 442 Ibid., p. 7. Ces
propos sont ceux du missionnaire et théologien L. NEWBIGIN.
* 443 Les Américains
comme Dr. A. SIMS, J. WEEKS sont des figures de proue de l'oeuvre missionnaires
au Congo. Sur ce, lire l'ouvrage d'E.M. BRAEKMAN, Histoire du
protestantisme au Congo, Bruxelles, Ed. Des Éclaireurs Unionistes,
1961.
* 444Cf. N'KWIM
Bibi-Bikan, thèse citée, p. 70. Cet auteur nous
présente 7 principaux critères des missionnaires pour construire
une station missionnaire : 1. Une source d'eau à boire et à
laver pour toute la communauté d'étudiants, d'enseignants, de
travailleurs et de malades ; 2. Un forêt à exploiter pour les
planches qui serviraient à la construction des bâtiments et de
meubles ; 3. L'argile pour fabriquer les briques ; 4. Un lieu assez
élevé pour éviter les moustiques ; 5. Un terrain
suffisamment bon pour les jardins de toute la communauté ; 6. La
proximité d'une rivière empruntée par les bateaux pour le
transport ; 7. Un endroit au centre des populations, mais pas dans un
village déjà habité.
* 445 Ibid., pp. 190-191.
Il faut relever avec l'auteur à la suite de KIMPIANGA Mahaniah que la
structure de l'enseignement protestant qui avait connu pourtant une
évolution rapide suivant les différentes périodes de
l'existence des missions protestantes, avait pour salles de classe la maison et
les vérandas des maisons des missionnaires voire à l'ombre des
grands arbres. Mais plus tard, cette structure se transformera et créera
vers le début des années 1900 les « écoles
centrales normales » ou « écoles
unies » et concrètement en 1908 l'A.B.F.M.S. et la B.M.S.
entreprirent la création à Kimpese d'une école
dénommée « Kongo Evangelical Training
Institution ». Cette école deviendra en 1933,
l'École des Pasteurs et d'Instituteurs (E.P.I.). La S.M.F. se joindra
aux deux premières sociétés de mission en 1937.
* 446 Ibid., pp. 192-193.
En 1922, écrit N'KWIM, la Mission Méthodiste du Congo Sud
(M.M.C.S.) fonda une école de formation à Kanene au Katanga et
celle-ci sera transférée à Mulungwishi sous le nom de
« Institut Springer » ; tandis que la
D.C.C.M. créa l'Institut chrétien congolais pour former les
Pasteurs et les instituteurs congolais en 1927 à Bolenge. En 1968, il
fut créé à Kinshasa une école théologique
évangélique (E.T.E.K.) qui deviendra en 1974, l'Institut
Supérieur de Théologie de Kinshasa (I.S.T.K.). Et dans le
souci de créer une institution supérieure dépassant le
niveau des écoles des Pasteurs, N'KWIM écrit à la suite de
MUNAYI que l'idée de créer une faculté de théologie
protestante pour le Congo Belge et Ruanda-Urundi retiendra l'attention de la
Conférence consultative de l'éducation théologique du
Congo et du Ruanda-Urundi. Mais plus tard, c'est l'Université Libre du
Congo qui naîtra le 23 novembre 1963 à Kisangani.
* 447 Ibid., pp. 218-221.
Cet auteur nous retrace les péripéties de la création et
de l'évolution des tout premiers centres médicaux protestants au
Congo avec des docteurs missionnaires qualifiés qui furent
bénéfiques non seulement aux protestants mais aussi aux
fidèles des autres groupes chrétiens ou laïcs
installés au Congo et même aux agents de l'Administration
coloniale. Car, comme le soutient N'KWIM, les missionnaires protestants
tenaient à ce que l'enseignement, la littérature et le service de
la santé fassent route ensemble avec la prédication de la parole
de Dieu. A côté de ces centres, il y avait toujours des
écoles du personnel médical, les écoles d'assistants
médicaux, en l'occurrence de l'Institut Médical
Evangélique de Kimpese, l'I.M.E.
* 448 Ibid., pp. 167-172.
N'KWIM dans ces pages nous retrace l'histoire de la première revue
protestante au Congo Belge « Congo Mission
News » (C.M.N.), lancée officiellement en 1912. Cette
revue, bien qu'aidant à maintenir le contact entre les missionnaires en
vue de l'unité et mieux s'informer sur l'oeuvre missionnaire, elle a
aussi été pour beaucoup dans la dénonciation par les
missionnaires des abus coloniaux au Congo Belge. L'auteur signale aussi le
lancement de la revue en langue française, appelée
« Évangile en Afrique » qui servait de
trait d'union entre tous les chrétiens qui habitaient les colonies de
Langue française. « Évangile en
Afrique » transmettra le flambeau à
« Envol » et à ses filiales
« Oyebi » en lingala,
« Sikama » en Kikongo,
« Sankai » en tsiluba et
« Neno la Imani » en swahili.
* 449 Ibid., p. 169. Pour
les origines de la librairie au Congo protestant, N'KWIM les situer au milieu
du 1935. A ce propos, on peut retenir ce suit : en 1935, La librairie des
Missions Evangéliques (L.M.E.) fut créée. Cette entreprise
est le produit de la coopération missionnaire dans le domaine de la
production et de la distribution de la littérature chrétienne.
C'est pour mettre en pratique l'une des résolutions prises lors de la
Conférence générale des Missions Protestantes au Congo.
Cette conférence tenait à avoir un lieu de dépôt
central pour Bibles ainsi qu'une librairie, ceci pour faciliter et rendre
meilleur l'obtention de livres et de fournitures nécessaires aux
églises et aux écoles des missions. Dix ans après,
c'est-à-dire en 1945, suite aux affres et conséquences de la
guerre de 40-45, la Librairie des Missions au Congo, la L.M.E. deviendra la
Librairie Evangélique au Congo, (LECO) et en 1972, enfin LECO devint le
Centre Protestant d'Éditions et de Diffusion, le CEDI avec objectifs
ci-après : « produire et distribuer la
littérature chrétienne et générale ; fournir
le matériel didactique ; informer, éduquer et encourager les
jeunes auteurs ». D'une manière pratique, insiste cet auteur, CEDI
fonctionne dans trois secteurs d'activités principales qui sont
l'édition, l'imprimerie et la librairie.
* 450 Nous nous referons
ici à une de nos précédentes études. Il s'agit de
notre Mémoire de Licence, déjà cité, sur
publié sur
www.musicologie.org.
* 451 Ibid.
* 452 Ibid.
* 453 Nous nous
référons aux grands thèmes des poèmes qui ont
véhiculé les idées théologiques dans les chants
que James Lyon nous a présenté dans les questions hymnologiques
à la Reforme et les siècles qui se sont suivis dans son ouvrage
cité.
* 454 Ici on n'aura pas les
mêmes raisons que celles qu'avançait E. WEBER. Car cet auteur
affirmait que compte tenu de l'énorme production de chorals et cantiques
allemands depuis la Réforme, les Psaumes étaient quantitativement
minoritaires chez les luthériens. Les raisons du quasi absence des
Psaumes dans les recueils produits au Congo se trouveraient cachées dans
le travail de la traduction. De nombreux recueils anglo-saxons ne reprennent
pas non plus les Psaumes, sauf à quelques rares raisons.
* 455 Cf. MONDENGO Iyoka
Bodiabibami, mémoire cité, pp. 33-35. Il convient de souligner
que la compréhension des caractéristiques générales
que nous nous faisons des recueils des chants protestants est celle qui peut
s'afficher en les éléments fondamentaux suivant: 1. Basée
sur le texte biblique magnifiant les hauts faits de Dieu, son amour
manifesté en Jésus Christ. Aussi sur l'amour de Christ et
l'oeuvre du Saint-Esprit ; 2. Généralement réunie en
recueils de chants traditionnels traduits en langues vernaculaires ; 3.
Forgée de textes intelligibles, pour tous les fidèles et souvent
les hymnographies sont des prédications à part
entière ; 4. Composée pour la communauté en
prière et arrangée pour un accompagnement à trois ou
quatre voix créant une sorte de polyphonie dans
l'exécution ; 5. Écrite en vers mesurés autour de
psaumes et autres types, mais souvent et malheureusement sans musique ; 6.
Faite de mélodies, souvent empruntées à des
mélodies populaires occidentales (anglo-saxonnes très souvent),
récupérées pour le temple ; 7.
Présentée, dans son contenu, suivant un ordre de thèmes :
les chants pour louanges à Dieu, personne et oeuvre de
Jésus-Christ, personne et oeuvre du Saint-Esprit,
évangélisation, vie chrétienne et le miroir de tous ses
moments : prière, parole de Dieu, épreuves et consolations,
confiance, combats et victoires, consécrations (...) espérance
chrétienne, chants de circonstances, chants pour enfants de
l'école du dimanche. En plus de ces thèmes, on y trouve les noms
de compositeurs et/ou traducteurs ou hymnographes ... Souvent une table des
matières y est présentée ; 8. Pour beaucoup, la
traduction ou l'hymnographie des chants de recueils au Congo s'est faite
à partir de la musique des auteurs compositeurs occidentaux. C'est pour
cela que la plupart de ses recueils de cantiques reprennent les sources
ci-après selon que le recueil est produit par telle ou telle mission :
AA pour African Airs, AH pour Alexander's Hymns, AS pour Andliger Singer,
BCH pour Baptist Church Hymnal (1900 Ed.), BCHR pour Baptist Church Hymnal
(Revised. Ed.), BK pour Blandade Koren, CC pour Christian Choir, CED pour
Cantiques des Ecoles de Dimanche, CSSM pour Children's Special Service Mission,
CV pour Chants de Victoire, ES pour Evangeliska Sanger, H pour Hymnarium, HCF
pour Hymns of Consecration and Faith, HCL pour Hymns of Christian Life, HT pour
Hymns for Today, JS pour Jubilee Songs, MH pour Methodist Hymnal, MM pour
Minkunga Miayenge, MMM pour Minkunga Miayenge Miamona, MSH pour Methodist
School Hymnal, NS pour Nya Sanger, OBC pour Oxford Book of Carols, RFSN pour
Religious Folk Songs of the Negro, S pour Segertoner, SAHB Salvation Army Hymn
Book, SATB pour Salvation Army Tune Book, SMF pour SMF Songbok, SO pour
Solsskenssanger, SOP pour Song Och Psalmer, SP pour Song of Praise, SSS pour
Sacred Songs and Solos (Sunday's 1200), SSH pour Sunday School Hymnary, U pour
Ungdomssanger.
* 456 L.H. DALMAIS.,
Initiation à la Liturgie, Paris, Desclée de Brouwer,
1958, p. 54.
* 457 Cf. The Worship
Sourcebook, op. cit., p. 7.
* 458 Une remarque toujours
nouvelle de M. THURIAN rappelle les acteurs de la liturgie sur le
déroulement d'un rassemblement cultuel. En effet, « tous
les éléments d'un culte forment un tout »
459 nous indique cette remarque. C'est ainsi qu'à la suite de
Nsumbu, nous pouvons renchérir que ces éléments
liturgiques sont toujours placés dans la liturgie suivant un certain
ordre qui établit, aisément, l'enchaînement des faits et
actes.
* 460 Dans nos
précédentes études, Auboyer cite Chouraqui qui le dit si
bien dans un de ses commentaires sur les psaumes, quand il
écrit: « Lentement l'âme du psalmiste devient
notre âme, son combat notre combat, sa douleur notre douleur, son agonie
notre agonie, celle de tous les hommes qui, dans les siècles des
siècles donnèrent leur vie en cette vive flamme. Lentement notre
âme se pénètre et se nourrit de l'âme
éternelle du chantre d'Israël, l'éclat qui le bouleverse,
nous transperce, la lumière qu'il requiert nous éblouit, elle
transfigure nos ténèbres en ineffable joie. Une voix nous
habite et nous ravit: elle nous arrache à nos limites, nous fait
traverser les murs de nos prisons, nous marie aux splendeurs soudain plus
proches de nous que nous mêmes : un visage nous éclaire, une
présence nous féconde, et sur la voie de la vraie connaissance
un chant nous porte tout au bout de la nuit, dans ta lumière,
Jérusalem. ». Lire J. AUBOYER et all, Histoire
générale des religions, Paris, Librairie Aristide Quillet,
1960.
* 461 J.D. WITVLIET.,
The Biblical Psalms in Christian Worship. A Brief Introduction & Guide
to Resources, Grand Rapids, Eerdmans, 2007.
* 462 J.D. WITVLIET.,
op. cit, p. 14.
* 463 Ibid.
* 464 Ibid.
* 465Il est vrai que dans
quelques-unes de nos études déjà citées, nous
évoquions cette question de l'utilisation des psaumes dans la vie des
chrétiens. Nous faisons allusion à notre réflexion
sur « Le chant et la joie. Question de préséance
jacobine », et surtout notre « Pour une hymnologie
protestante congolaise efficiente. Lecture de l'hymnographie de Noé
DIAWAKU, Mémoire de Licence, Faculté de Théologie,
UPC, 2000.
www.musicologie.org/publirem/mondengo_
theologie_efficiente_fin.html - 32 k. C'est à l'exemple du Christ qui
chantait, priait, répétait et lisait les psaumes bibliques que
nous encouragions cette pratique. Chouraqui ne trouvait-il pas en psaumes le
miroir de la vie sur terre quand il écrit :
« 150 miroirs de nos révoltes et de nos
fidélités, de nos agonies et de nos
résurrections? »
* 466 J.D. WITVLIET.,
op. cit., 17.
* 467 Nous n'allons pas,
dans cette étude, approfondir la réflexion sur les liens entre
psaumes et la métaphore comme le fait J.D WITVLIET dans cet ouvrage
cité, pp. 17-22. On sait que les questions sur les psaumes et la
métaphore voire la théologie de métaphore ont
intéressé et intéressent encore nombre des
théologiens à nos jours. WITVLIET nous propose les études
de W. BRUEGGMANN, « The Psalms as Prayer », in The
Psalms and the Life of Faith; W.P BROWN, Seeing the Psalms: A
Theology of Metaphor (Louisville: Westminster John Knox Press, 2002); L.
RYKEN, «Metaphor in the Psalms», in Christianity and Literature 31(
1982): 9-30; B. P. GREEN, O.P., Like a tree Planted: An Exploration of
Psalms and Parables Through Metaphor (Collegeville, MN: Liturgical Press,
1997). Dans ce rang, il faut aussi compter les travaux de: M. SEARLE,
«Liturgy as Metaphor» in « Language and Metaphor», a theme
issue of Liturgy: Journal of the Liturgical Conference 4, no.
4(1985); G. RAMSHAW, Christ in Sacred Speech (Philadelphia:
Fortress Press, 1986), and Liturgical Language: Keeping It Metaphoric,
Making Inclusive (Collegeville, MN: Clarendon Press, 1965); J. Soskice,
Metaphor and Religious Language (Oxford: Clarendon Press, 1965) et
WITVLIET, lui-même dans son «Metaphor in Liturgical Studies: Lessons
from Philosophical and Theological Theories of Language, «Liturgy
Digest» 4, no. 1 (1997): 7-45.
* 468 J. RATZINGER, op.
cit.
* 469 Le Petit
ROBERT LAROUSSE, op. cit., p. 1976, Col 2.
* 470 Cf. The Worship
Sourcebook, op. cit., p. 45.
* 471Ce chant est d'origine
anglo-saxon. Son titre connu en Anglais est « This is the
day that the Lord has made », de Fiji Island Melody, in Junior
Praise, (JP). 255 London, Music Edition, 1986.
* 472Entendons par
là le sens anglo-saxon du culte qu'on célèbre en l'honneur
de l'Eternel et non le sens d'un élément du culte comme cela se
conçoit aujourd'hui dans les rassemblements cultuels à Kinshasa.
* 473 Cf. The Worship
Sourcebook, op. cit., p. 48.
* 474 Ibid., p. 56.
* 475 Ce chant est
d'origine anglo-saxonne. Son titre connu en anglais
est « This is the day that the Lord hath
made ».
* 476 Les Psaumes qui
servent des paroles au prélude sont aussi valables pour l'accueil. Au
fait, les deux moments ont des traits communs.
* 477 L'idée ici est
celle du Psaume 133 où il est agréable pour des frères et
soeurs de demeurer ensemble.
* 478 Cf. The Worship
Sourcebook, op. cit., p. 68.
* 479 Ibid.
* 480 Ce cantique est une
traduction anglaise de « Jesus stand among us »,
BCHR no.586,
* 481 Cantique traduit de
l'anglais « Holy, holy, holy », SSS no. 22, BCH
no.25.
* 482 Cantique traduit de
l'anglais « Praise my soul » SSS no.1, BCH no.
560.
* 483 Cantique traduit de
l'anglais « All people that on earth », SSS no.
9.
* 484 Cantique traduit de
l'anglais « All hail the power Miles Lane », SSS
no.203. En français voir C.V no.17.
* 485 Il faut compter ici
les théologiens protestants des Églises Réformée
des USA, spécialement ceux de Calvin Institute of Christian
Worship et Faith Alive Christian Resources de Reformed Worship,
Grand Rapids, Michigan qui ont co-publié ce recueil en 2004. Ce groupe
a travaillé de 1999 à 2003.
* 486 Il sied de
préciser que nous faisons allusion aux religions du Livre. Mais
particulièrement au Torah des juifs et à la Bible de
chrétiens.
* 487 Cf. The Worship
Sourcebook, op.cit., p. 82.
* 488 Ibid.
* 489 Ibid., pp. 82-85.
* 490 Ibid.
* 491 Ibid.
* 492 Ibid., pp.
104-107.
* 493 Ce cantique est une
traduction anglaise de « Come to the Saviour
now », SSS 399, H. 226.
* 494 Ce cantique est une
traduction anglaise de « Come to the Saviour, make no
delay », SSS 1165, C.V 86.
* 495 Ce cantique est une
traduction anglaise de « Hark my soul it is the
Lord », SSS 365.
* 496 Ce cantique est une
traduction anglaise de « Even me » TB 265, SSS
485.
* 497 Ibid., p.111.
* 498 Ibid., pp.
112-113.
* 499 Ibid., p. 115.
* 500 Ibid.
* 501 Ibid., p.115.
* 502 Ibid.
* 503 Ibid., p. 125.
* 504 B. LAURET., op.
cit, p. 175.
* 505 Ibid., p. 126.
* 506 Sauf si les
conditions ne le permettent nullement. C'est le cas dans la prison,
hôpital où le culte est entièrement parlé.
* 507 Ibid., pp.
127-128.
* 508 Ibid., p.138.
* 509 Ibid., p.113.
* 510 Cf. The Worship
Sourcebook, op. cit., p. 139.
* 511 Cf. The Worship
Sourcebook, op. cit., p. 139.
* 512 Ibid.
* 513 Ibid.
* 514 Cf. The Worship
Sourcebook, op. cit., pp. 140-141.
* 515 Ibid., p. 146.
* 516 R. PICON.,
« La prédication », in Revue de l'Eglise
Reformée de France, 3e trimestre, Paris, 1990, pp.
1-2.
* 517 Ibid.
* 518 Ibid.
* 519 Ibid.
* 520 Lire D. GRASSO.,
L'annonce du salut, Paris, Apostolat, 1969, pp. 204-206.
* 521 Cf. The Worship
Sourcebook, op. cit., pp. 148-150.
* 522 J. LYON., Cours
déjà cité.
* 523 Cf. The Worship
Sourcebook, op. cit., pp. 150-151.
* 524 Cf. The Worship
Sourcebook, op. cit., p.151.
* 525 Rappelons que
certains protestants (progressistes comme conservateurs) refusent de se
reconnaître dans ces pages, dont ils critiquent soit une certaine
mythologie, soit une terminologie qu'ils jugent trop éloignée des
termes et des concepts bibliques.
* 526 Ibid., p. 64. Il faut
aussi mentionner avec l'auteur le triomphe de la pluralité. C'est dans
le domaine des textes et paroles de ses différentes parties, les
cantiques et prières, le déroulement et la fréquence de la
cène...font aussi montre d'une diversité
insoupçonnée. Ce qui fait preuve d'une invention
créatrice, d'une richesse nourrie par les siècles et des usages
bien spécifiques.
* 527 Cf. B. LAURET,
op. cit., p. 228.
* 528 Cf. The Worship
Sourcebook, op. cit., p.235.
* 529 Ibid.
* 530 Cf. The Worship
Sourcebook, op. cit., pp. 236-238.
* 531 Ibid., p. 240.
* 532 Ce cantique est une
traduction de « What a friend I have in Jesus »,
SSS 319, C.V 234.
* 533 Ibid.
* 534 Ce cantique est une
traduction de « Father, in high heaven dwelling »,
SSH 433, BCH 671, SSS 288.
* 535 Ce cantique est une
traduction de «Jesus Shall Reign. Duke Street », SSS
1084.
* 536 Ce cantique est une
traduction de «Jesus my Lord», SSS 476.
* 537 Ce cantique est une
traduction de « Tallis'Canon »,
BCHR 620. CW 148, H 86.
* 538 Ce cantique est une
traduction de « Even me », TB 265. SSS
485.
* 539 Ce cantique est une
traduction de « Take my life. Nottingham. », TB
160.
* 540 Cf. The Worship
Sourcebook, op. cit., pp. 174-176.
* 541 Ibid.
* 542 On peut se
référer ici aux cultes de jeudi saint, culte de funèbre de
suffrage ....
* 543 Cf. The Worship
Sourcebook, op. cit., p. 352.
* 544 Ibid., pp.
352-353.
* 545 Ibid., p. 355.
* 546 Ce cantique est une
traduction anglaise de »Doxology », Old 100th. SSS
9.
* 547 Ce cantique est une
traduction anglaise de» Jesus, stand among us», HCF 372.
BCHR 586.
* 548 Cf. The Worship
Sourcebook, op. cit., pp. 360-361.
* 549 Ibid.
* 550 Ibid.
* 551 Ce cantique peut se
chanter quand le culte a eu lieu le soir.
* 552 C'est souvent sa
quatrième strophe qui est entonnée à la fin de la
bénédiction finale.
* 553 MENGI Kilandamoko,
Thèse citée, pp. 83-101.
* 554 Selon MENGI, WEEKS a
traduit seul l'Évangile de Matthieu, Cameron celui de Marc, Bentley ceux
de Luc et de Jean.
* 555Cf. M. GRAVITZ,
op. cit., p. 543.
* 556 MENGI KILANDAMOKO K.,
op. cit., pp. 46-47.
* 557 Ibid.
* 558 Cf. NSUMBU Pezo N.,
Mémoire cité, p. 73.
* 559 N'KWIM, à la
suite de nombreux auteurs, trouve en la contextualisation et inculturation
l'une des stratégies de l'évangélisation missionnaire la
mieux réussie. Car les missionnaires, soutient-il, ont trouvé en
l'échec de la première évangélisation beaucoup de
failles dont celles de la stratégie de l'acculturation ou
d'accom-modation). Lire sa thèse citée, p. 72.
* 560 Cf. B. LAURET.,
op. cit, pp. 208-209.
* 561 Ibid.
* 562 Il faut indiquer que
l'influence anglo-saxonne dans l'hymnologie protestante congolaise n'est plus
à démontrer. Les raisons historiques y sont très profondes
depuis l'arrivée des missionnaires et la production des premiers
recueils protestants avec Bentley et Nils en 1891.
* BIBLIOGRAPHIE
I. OUVRAGES DE REFERENCE
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autrichienne, Paris, Références Larousse, 1988.
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Faculté de Théologie, FPZ, 1979.
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protestante congolaise efficiente. Lecture de l'hymnographie de Noé
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2002.
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chant à l'Ecole de dimanche. Pour une culture de compétences
psychosociales chez les enfants, TFC, Faculté de Théologie, UPC,
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culte protestant, Mémoire, Faculté de Théologie, FPZ,
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liturgie : Réflexion sur les chants liturgiques dans les Eglises
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présentée à la Faculté Universitaire de
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Docteur en Théologie Protestante, thèse no 12, Bruxelles, juin
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2. MENGI Kilandamoko K., L'évangélisation
missionnaire protestante face à la culture Kongo. L'enracinement de
l'Évangile dans une culture, Thèse de doctorat, Laval,
1981.
3. N'KWIM Bibi-Bikan, Le protestantisme congolais en
quête d'une pensée sociale (1878-2002), thèse doctorale
présentée et défendue en vue de l'obtention du grade de
Docteur en Théologie Protestante, UPC, Kinshasa, Juillet 2002.
4. VIBILA Vuadi., Femmes et réflexion
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d. Documents
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publié sur
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1. Rév. MOSSI Nzimba, ancien Représentant de la
CEUM à Kinshasa, interviewé le 6 juin 2007 sur l'état de
lieux des chants de recueils dans nos cultes.
2. Prof. NKULU Kankote Kisula, Aumônier de la PPUKIN,
interviewé le 12 novembre 2007 sur la place réservée aux
chants de recueils dans la liturgie du culte protestant dans les
aumôneries universitaires aujourd'hui à Kinshasa.
3. Rév. LOSSO Ngiama, Représentant
Régional de la CBFC/Kinshasa, interviewé le 15 septembre 2007 sur
les chants traditionnels dans les cultes organisés à Kinshasa.
4. Rév. MASAMBA ma Mpolo, interviewé le 21
octobre 2006 sur l'historique de la Paroisse CBCO/Bandal et la vie des chants
de recueils dans la liturgie des cultes.
5. Charles MOMBAYA Masani, musicien chrétien,
interviewé le 9 mars 2006 sur la question de la revalorisation des
chants traditionnels.
6. Pasteur MUSUAYA Tshimbombo, interviewé le 20 juin
2007 sur l'historique de la Paroisse CPK/Yolo.
7. Rév. Médard MINGASHANGA, interviewé le
5 octobre 2006 sur la vie des chants traditionnels dans les cultes
organisés à la Paroisse CPK/Yolo.