A. LES RETOURS D'EXPERIENCES DES BANQUIERS DU CAMEROUN
Ce paragraphe entend rapporter l'évaluation qui a
été faite de la mise en oeuvre de l'externalisation par les
managers des banques commerciales de notre échantillon. Globalement,
nous pouvons dire que, quoiqu'ils ne soient pas de nature à amenuiser
pas les nombreux avantages citées par les banquiers (2.) du Cameroun,
l'outsourcing présente des inconvénients (1).
1. Les inconvénients du choix de
l'externalisation
« Quels inconvénients présentent la
stratégie d'externalisation ? » (Voir graphique 3 du chapitre
IV)
GRAPHIQUE 6: LES INCONVÉNIENTS DE
L'EXTERNALISATION
gociatin
Pour les banquiers, les revers de la stratégie
d'externalisation ont été jusque-là :
2
- La perte de compétence, dans la mesure où lors
des transferts de ressources humaines, il
af 1
arrive que l'on se défasse des ressources
stratégiques ;
77
-- L'apparition du risque négatif (nous y reviendrons)
;
- La nécessité de renégociation qui est due
au fait qu'une des mesures de prévention de
risques est la conclusion de contrats « annuels
renouvelables » ;
- - La durée de transition et de mise
en oeuvre : elle peut s'étendre sur plus de six (06) mois, ce qui est
assez long car « quand on arrive juste sur un marché on a
tellement de paramètres à gérer que passer autant de temps
à mettre quelque chose sur pied est un handicap
»69.
- - La difficulté de coordination en
temps réel : « il y a des blocages au niveau de la supervision
directe. Tiens par exemple, nous avons communiqué à notre
prestataire en informatique une liste des nouvelles recrues il y a quelques
semaines. Jusqu'à ce jour nous attendons toujours qu'il nous
envoie leurs `habilitations- système''. C'est peut ~tre une question de
temps de réponse. N'emprche que devoir revenir sur cette instruction en
les relançant constitue un désagrément dans la poursuite
des tâches et instructions entre les uns et les
autres.»70
La réponse quelque inattendue a cependant
été celle « Aucun de majeur ».
Expliquée par exemple en ces termes : « Pour ma part, je pense
que rien ne peut être parfait. Et les hics de cette option relève
des détails qui ne peuvent rtre maitrisés et qui de toute
façon n'empiètent pas vraiment sur les résultats
»71. Il faut dire que ce sont les banques qui ont plus de
cinq (05) ans d'expérience en matière d'externalisation qui
trouvent que l'outsourcing ne présente aucun
inconvénient majeur.
Mais observons les résultats obtenus.
2. Des évaluations de satisfactions
Nous avons demandé aux interviewés à
quoi il mesurait le succès d'une externalisation. Et à la
question : « les cas d'externalisation de votre banque présentent-
elles ces caractéristiques ? » Nous sommes, pendant la construction
du verbatim arrivés à formuler deux (02)
modalités de réponses : « pas exactement » ; «
tout à fait » (voir graphique 4 du chapitre IV).
69
Manager B03
70
Manager B05
71
Manager B09
GRAPHIQUE 7:SATISFACTION APRES L'EXPÉRIENCE
78
On n'a « pas exactement » été
satisfait par le choix de l'outsourcing parce la performance attendue
du prestataire n'a pas été atteinte.« Le prestataire n'a
pas fait preuve de la technicité et de la compétence qu'il nous
avait annoncé et que son dossier laissait
présumer»72.
D'un autre côté, on a été «
tout à fait » satisfait principalement parce que tout en
étant transférable, le contrat a permis de :
- Libérer des ressources qui ont été
réaffectées au développement de l'activité
principale, ce qui a amélioré la qualité de l'offre de la
banque et par ricochet accru la valeur de la 3 banque ;
- - Faire des économies de coûts
;
- Performer des activités que l'on ne maitrisait pas et
qui pourtant participaient à créer de la valeur.
En somme, des expériences particulièrement
satisfaisantes, des témoignages tels qu'on en a entendu
déjà (voir introduction et Section II-chapitre II) et qui se
justifient d'ailleurs par le fait que les banques ne comptent pas en rester aux
contrats mis sur pied jusqu'ici, que des réflexions sur ce qu'elles
devraient également faire- faire se poursuivent.
B. LES PERSPECTIVES
Dans ce dernier paragraphe, nous présentons la
«vision» que les banquiers ont de la pratique de l'externalisation
ces prochaines années (1.) et leurs avis quant à une
généralisation de la pratique au Cameroun (2.).
72
Manager B04
1. Prévisions/ projections au sein des banques
commerciales 79
A la question : « pensez- vous que des sous- fonctions
seront externalisées dans les deux (02)
années avenir ? », nous avons obtenu trois
types de réponses (voir tableau 3 du chapitre IV).
TABLEAU 4 : TABLEAU DES RÉPONSES
«PRÉVISIONS/ PROJETS D'OUTSOURCING»
Prévisions
|
eff.
|
Fréq.
|
Peut-être pas dans les deux (02) ans, mais plus
tard certainement
|
2/7
|
28.6%
|
Des projets sont en cours
|
3/7
|
42.8%
|
C'est en réflexion
|
2/7
|
28.6%
|
|
-- « Je serais pour l'externalisation de
certains traitements comptables si des questions organisationnelles se posaient
à nouveau, c'est-à-dire, la centralisation des enregistrements,
la préparation des comptes annuels. Et je sais que nous
arriverons à cela »73. Telle est une des assertions
qui soutient la réponse « peut-être pas dans les deux
(02) ans, mais plus tard oui »
- - Les projets en cours sont ceux qui sont entre
l'étape de la soumission de l'idée d'externaliser au CODI et
celle du choix du prestataire. Les activités concernées sont : le
« payroll »74, l'achat de fournitures, Rapport
COBAC (voir graphique 5 du chapitre IV).
GRAPHIQUE 8: LES OUTSOURCING EN COURS
-- Enfin, « sECous poXvions avoir
quelqu'un qXM'occupe de ITchCaCUt m' r me lP XgestioCHe nos stocks de
fourniture de bureau ou encore de nos archives, ce serait un
réel
73
Manager B03
74 C'est le vocable que nos banquiers
préfèrent parlant des bulletins de paie
80
soulagement »75 est un exemple des
citations que nous avons mis dans la modalité « en réflexion
».
De telles confidences nous sont apparues importantes dans la
mesure où elles expriment un besoin non satisfait et pas tout à
fait envisagé à cause d'un marché de prestataire qui reste
« sournois », qui n'est pas assez connu. Plus encore, elles semblent
indirectement rappeler la nécessité pour les potentiels
d'insister sur la prospection commerciale, et même suggérer des
idées de projet d'entreprise, particulièrement pour les PME.
2. Point de vue sur une globalisation de
l'outsourcing
Abordant la question de l'outsourcing de
manière globale, nous nous sommes intéressés aux parties
prenantes de la mise en oeuvre d'un outsourcing d'une part, et aux
intuitions/hypothèses qu'on pouvait formuler concernant d'autres
sous-secteurs ,d'autre part.
En premier lieu, nous avons demandé à nos
interviewés de nous parler de leurs prestataires (leurs
catégories -au sens du MINPMESSA et du MINEFI-, leurs lieux
d'implantation-offshore, nearshore...- leurs
nationalités etc.) ceci en vue d'avoir une idée de ce que
pourrait etre la conjoncture économique globale si la pratique se
généralisait.
La réponse que nous avons obtenue était : «
cela dépend de l'activité ».
Les entreprises du Cameroun, pour l'essentiel des PME,
semblent etre tantôt spécialistes de fonctions
périphériques ou peu risquées, tantôt absentes du
processus. Certes, parfois pour des raisons de courbe
d'expérience/compétences, mais aussi pour les diverses raisons
sus -- citées (communication, coeur de métier de
ces opérateurs...).
Une dernière question enfin, interrogeait les
interviewés sur le fait que l'externalisation soit une option applicable
et à appliquer dans tout le secteur d'activité. Tous sont
unanimes : ce n'est pas qu'une question de banques ou de filiales c'est une
question de concentration (par opposition à la dispersion). «
Toute entreprise à un coeur de métier il ne sert à
rien de vouloir tout faire soi- même. Je dirai même que c'est
irrationnel de vouloir s'encombrer de ce que sait faire un autre et qui plus le
fait mieux que nous »76.
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