§4. La formation intellectuelle.
Les universitaires apparaissent, à la tête des
doyennés, dès le premier tiers du XIIIe siècle. Premier
maître à remplir les fonctions décanales, Simon de
Libertange84 sera bientôt rejoint par d'autres : Nicolas, doyen de
Thuin,85 Gérard, doyen de Fleurus,86 Herbrand d'Affremont, doyen de
Jodoigne87 et Jean Crassawe, que nous avons déjà cité
antérieurement.88 Le XIVe siècle est pauvre en doyens
diplômés. Deux seulement sont connus pour la fin de ce
siècle : maître Jean Bye89 et maître Jean Poncelet.90 Quant
à Pierre de la Meuse,91 nul ne sait s'il a réussi ses
études à Cologne. Les universitaires réapparaissent en un
nombre beaucoup plus significatif durant les XVe et XVIe siècles, sans
toutefois marquer l'évolution du décanat rural de leur empreinte.
Ils se sont généralement spécialisés en droit
canon. Tel est le cas, au XVe siècle, d'Arnold Buck, doyen de Chimay92
puis, au siècle suivant, de Pierre Boels93 et de Barthélemy
Nicolas,94 tous deux doyens de Bastogne, de Henri Van der Scaeft, doyen de
Beringen,95 Christian
84. A.G.R., cartulaire du prieuré de Mellemont,
f° 159. RENARDY, Ch., Ibid., pp. 443-444.
85. PONCELET, E., Chartes du prieuré d'Oignies, dans
A.S.A.N., t. 31, Namur, 1912, p. 148. RENARDY, Ch., Ibid., p. 397.
86. PONCELET, E., Ibid., p. 90. BARBIER, J., Nécrologe de
Floreffe, p. 203. RENARDY, Ch., Ibid., p. 234.
87. BARBIER, V., Cartulaire de l'abbaye de Malonne, dans
A.H.E.B., t. 20, Louvain-Bruxelles, 1886, p. 28.
88. WAUTERS, A., Ibid., pp. 185-186. RENARDY, Ch., Ibid., pp.
338-339.
89. GASTOUT, M., Suppliques et lettres d'Urbain VI et de
Boniface IX, dans A.V.B., t. 29, Rome, 1976, p. 236.
90. BRIEGLEB, P. et LARET-KAYSER, A., Ibid., pp. 36 et 182.
91. HEINRICHS, H. et BROICH, J., Kirchengeschichte des
Wassenberges Räumes, Geilenkirchen, 1958, p. 238.
92. DE THEUX DE MONTJARDIN, J., le Chapitre de Saint-Lambert,
à Liège, t. 2, Bruxelles, 1871, p. 179. BAIX, F., les Doyens de
Chimay, pp. 12-13.
93. GUILLEAUME, D., la Publication des décrets du concile
de Trente à Bastogne, dans Leod., t. 8, Liège, 1909, p. 141.
94. A.E.A., fonds Wirion
95. Registrum I, f° 68-69. Registrum II,
f° 35. SLECHTEN, G., Ibid., p. 290-291. GOVAERTS, L.,
Ecrivains, artistes et savants de l'ordre des Prémontrés.
Dictionnaire biobibliographique, t. 2, Bruxelles, 1902, pp. 285-286. ROBYNS,
O., Ibid., pp. 51-52.
d'Havelange, doyen d'Ouffet96 et de Charles Nicquet, doyen de
Fleurus.97 Leur présence à la tête des doyennés
ruraux est clairement exprimée par le vingtième canon du concile
de Cologne de 1536 : Ad has functiones uiros tantum assumant cum doctrina
praestantes, tum uitae innocentis inculpataeque qui nullius criminis labe
notabiles, officium suum irreprehensilibiter exsequantur.98
Comme nous l'avons vu, la présence des chapitres de la
cité de Liège s'affermit à partir du XVe siècle.
Or, la formation intellectuelle de ces chanoines est souvent fort
élevée. Béatrice Leduc a récemment
démontré que, dès 1423, le chapitre collégial de
Sainte-Croix oblige les jeunes chanoines à recevoir une formation de
base en grammaire et en logique dans un établissement extérieur
à la cité de Liège. A partir de dix-huit ans, ceux-ci
étudieront pendant quatre ans dans un studium. Si, durant le XIVe
siècle, deux années passées dans une université
suffisent à l'émancipation canoniale, trois seront exigées
tout au long du siècle suivant.99 Le chapitre de Saint-Lambert a
largement contribué à l'éclat de la vie intellectuelle
liégeoise. L'école cathédrale, où les chanoines
reçoivent leur formation de base, jouit d'une réputation
considérable. Les laïcs et les clercs sont formés
séparément. Selon Godefroid Kurth, l'instruction dispensée
par cet institut à ces derniers est comparable à celle d'un grand
séminaire actuel.100
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