6.3. Action du pâturage
La pénétration des ZIC par le cheptel domestique
est l'une des principales activités notées. Cette pression
perturbe considérablement une faune ayant déjà subi les
effets d'une recrudescence du braconnage dans un passé récent
selon plusieurs observateurs (Hassan, 1998 ; Bene et al, 2007)
En outre, les espaces sylvo-pastoraux au Nord ne sont pas
soumis à un système de gestion. Les éleveurs sont pour la
plupart des sédentaires ou pratiquent un système
intermédiaire. Il s'en suit une dégradation avec parfois
disparition d'espèces importantes (PNGE, 1995). Les espèces
inventoriées par Yonkeu (1993) et Onana (1995) dans la zone telles que :
Acacia polyacantha, Annona senegalensis, Vitex doniana, Ficus sychomorus,
Afzélia african, Anogeissus leocarpus et Ximenia americana
sont très appréciées par les bovins. Les mêmes
ressources sont appétées par la faune sauvage en
générale et par les bovidés en particulier. Cela suppose
un sur émondage et par conséquent la disparition du couvert
végétal. Dans les zones les plus fréquentées par
les éleveurs, on a noté une fréquence très faible
de la faune sauvage. La cohabitation entre la faune sauvage et domestique
entraine des risques de contamination de la faune par la peste bovine
(Dépierre et Vivien, 1992).
En général, au Nord-Cameroun la pression
pastorale a considérablement diminué les espaces
pâturables. Le rapport publié par PNGE (1995) montre que la
superficie pâturable dans la région s'élevait en 1974
à sept millions d'hectares pour 160 000 têtes de bovins, en 1995
cette superficie était réduite à 3,5 millions d'hectares
et abritait paradoxalement un effectif 8 fois plus important qu'en 1974. Ce
chiffre peut sans doute expliquer l'envahissement des aires
protégées par les éleveurs. Dans leur course à la
recherche de l'herbe fraiche en saison sèche, certains éleveurs
font paître leur troupeau à l'intérieur des parcs pendant
la nuit et campent en journée dans les ZICs (Mahamat, 1991).
L'envahissement parait généralisé dans la
région. Les campements d'éleveurs on été
observés dans d'autres zone lors des inventaires pédestre et
aérien de 2006 et 2008 (Béné, 2006, Tchamba, 2008). Les
éleveurs pratiquent l'émondage, une technique qui consiste
à rabattre les branches hautes d'arbres ayant une bonne valeur
fourragère (par exemple les acacias) pour les mettre à
portée de leur bétail.
Pratiquée trop intensément, cela peut tuer les
arbres et initier le phénomène de diminution du couvert
végétal. Le passage du bétail ne cause donc pas seulement
un dérangement pour la faune sauvage, mais aussi une dégradation
de son espace (UICN, 2009).
Il semble que les éleveurs sont les grands utilisateurs
des feux pour favoriser les jeunes pousses appréciées par leur
bétail. Ainsi, l'abattage des arbres et l'usage du feu peuvent favoriser
la création de nouvelles zones agricoles.
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