ii. Une politique d'investissement flexible
Les gestionnaires de hedge funds ont une multitude
d'options d'investissement et peuvent adopter des stratégies et des
positions variées et flexibles. Dans leur quête de rendement, ces
gérants ont donc la possibilité de profiter d'une large gamme
d'instruments et de techniques financières qui ne sont pas permis aux
fonds traditionnels.
Les hedge funds ne sont donc pas contraints de
détenir des titres (actions, obligations) constituant l'indice de
référence comme c'est le cas dans la gestion traditionnelle mais
peuvent adopter des stratégies alternatives présentant un niveau
de risque plus élevé telles que:
- La vente à découvert
- « L'active trading »
- L'arbitrage : l'exploitation des inefficacités dans
l'établissement des prix entre des titres apparentés.
- Utilisation de produits structurés
- Utilisation de fort levier d'endettement
- Investissement dans des titres sous-évalués qui
ont perdu la cote ou sont méconnus
Ainsi, afin de bénéficier de la
flexibilité des hedge funds, CalPERS, (California Public
Employees' Retirement System) le plus grand fonds de pension aux Etats-Unis a,
pour son fonds obligataire de $ 6,7 milliards, abandonné la gestion
traditionnelle qui investit à long terme dans des obligations, pour
s'orienter vers de nouvelles stratégies alternatives comme la
stratégie 130/30 dans laquelle le tiers de la valeur du fonds est vendu
à découvert et le levier financier est de 1/3.
Revenons sur trois caractéristiques principales des
hedge funds que sont l'usage du levier d'endettement, la vente
à découvert et « l'active trading »
Endettement
Le levier est utilisé par les gestionnaires de
hedge funds quand ils pensent que le coût d'emprunts des fonds
sera minime par rapport aux rendements de leurs investissements. Cela peut
être un point clé de la gestion d'un hedge funds puisque
il donne aux gestionnaires la possibilité d'améliorer
significativement le rendement (mais aussi perdre potentiellement plus)
grâce aux fonds empruntés.
Le levier type des hedge funds dépend du type
d'instruments financiers utilisés :
- Les stratégies obligataires ont les niveaux de risques
plus faibles (mais aussi
des rendements espérés plus faibles) de tel sorte
qu'il est commun d'avoir un levier de 4 ou 5 fois la valeur des fonds.
- Les stratégies « actions » présentent
un profil de risque plus important et ainsi
le levier typique est de 1,5 à 2. Cependant, même
si les stratégies « actions » sont plus volatiles, un bon
équilibre des positions profitables et perdantes dans le portefeuille
limitera significativement les impacts d'une forte hausse ou baisse du
marché.
Les hedge funds réalisent leurs emprunts
auprès de banques (« prime broker ») et utilisent les titres
qu'ils ont acquis et déposés sur leur compte chez leur «
prime broker » comme collatéral. Si le hedge fund ne peut
rembourser l'emprunt, l'institution financière créancière
peut alors vendre le collatéral pour rembourser l'emprunt.
Le graphique, ci-dessus, nous montre dans un premier temps que
le niveau d'actifs sous gestion des hedge funds a augmenté de
manière significative depuis 1994 mais surtout que les gestionnaires de
hedge funds ont, surtout depuis fin 2003, massivement recours à
l'endettement pour générer du rendement. Selon les recherches et
calculs de Bridgewater Associates, les hedge funds ont, pour
générer leur niveau de rendement dans un environnement faiblement
volatil, augmenté leur niveau d'endettement de 70% au cours des trois
dernières années; ils ont atteint un niveau d'endettement qui
n'avait pas été atteint depuis 1998 et la faillite de LTCM.
La vente à découvert (short
selling)
C'est un procédé qui consiste à vendre un
titre que l'on ne possède pas en portefeuille. On emprunte un titre, que
l'on revend ensuite. On rachète le titre à un moment futur afin
de le rendre au propriétaire qui a prêté le titre.
La vente à découvert a cependant un coût.
En effet, il faut rémunérer le prêteur. Il faut aussi payer
au propriétaire les dividendes du titre que l'on emprunte. Mais le
gérant qui vend le titre place en général le cash
reçu et perçoit un intérêt sur cette somme, ce qui
diminue le coût d'emprunt (voir l'annule).
Il est surtout indispensable de comprendre les contraintes de
liquidités auxquelles celui qui pratique la vente à
découvert est soumis. C'est en effet le risque principal.
Le coût d'emprunt est d'ailleurs d'autant plus
élevé que le titre est peu liquide. Le gérant doit
déposer un collatéral lorsqu'il emprunte le titre, en
général 10% du montant. Les ajustements journaliers de la valeur
du titre s'effectuent sur cette somme ; Si cette somme tombe sous un certain
seuil), il y a un appel de marge et le gérant doit remettre un nouveau
collatéral. S'il ne peut pas, la position est dénouée, le
gérant doit racheter le titre au prix du marché, donc
potentiellement plus cher qu'à l'origine, et subit ainsi une perte
sèche sans avoir pu garder sa position jusqu'à la maturité
prévue. C'est en partie ce qui a conduit le fonds LTCM à la
faillite en 1998.
L' « Active Trading »
Il s'agit de faire tourner massivement le portefeuille, de
manière à profiter d'un maximum d'opportunités
d'arbitrage. Il faut cependant que les gains de cette rotation accrue soient
supérieurs aux coûts de transaction (frais de courtage, etc.).
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